INTRODUCTION GENERALE
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1. Constats
La géographie se distingue des autres disciplines par
l'importance qu'elle accorde à la dimension spatiale. Elle
intègre les différentes composantes sociales en relation directe
avec le territoire qu'elle occupe.
Lorsque l'on observe les mouvements des populations
aujourd'hui, nous pouvons affirmer que l'homme n'a de cesse d'aspirer à
l'amélioration de son bien-être et au développement de son
espace de vie.
Le développement d'une ville passe incontestablement
par une bonne maîtrise, une gestion saine et rationnelle de toutes les
composantes de l'environnement urbain. Aussi, la question de la croissance
urbaine en Afrique est une réalité et est souvent au coeur des
débats politiques de notre époque1.
C'est ainsi que les villes africaines, surtout les villes
capitales, sont le théâtre continuel de toutes sortes de
constructions en dehors d'un cadre d'organisation d'ensemble. L'urbanisation et
les évolutions qu'elle sous-tend posent des défis permanents aux
décideurs politiques, et n'ont cessé de repousser les limites de
l'action publique. En effet, les politiques urbaines en Afrique et
particulièrement au Gabon sont confrontées à un
problème central, à savoir, la distorsion entre une croissance
démographique très élevées et une croissance
très faibles des activités et des emplois2. Cette
distorsion est à l'origine de plusieurs fléaux du milieu urbain
africain qui suscitent beaucoup de réflexions, et dont quelques
interrogations portent essentiellement sur l'urbanisation anarchique, les
quartiers sous-intégrés, l'insalubrité, etc...
Ainsi, les problèmes de l'urbanisation en Afrique ont
déjà fait l'objet d'étude de toutes sortes dans le cadre
d'articles scientifiques, de mémoires, de thèses et autres
ouvrages. Mais, de nombreux problèmes se posent toujours au niveau de la
vie urbaine et au niveau de l'organisation des espaces nécessaires pour
permettre son existence et son développement harmonieux. Et sans
être exhaustif, il s'agit du droit d'installation, de la
spéculation foncière, les zones d'habitats insalubres, les
conditions insuffisantes de logements, etc.
Toutes ces réalités qui frappent l'Afrique au
sud du Sahara en général, frappent le Gabon en particulier. En
effet, encore peu urbanisé en 1960, le Gabon détient aujourd'hui
un record que
1 R, Ledrut, (1968): L'espace social de la
ville ; problème de sociologie appliquée à
l'aménagement urbain. Atropos, Paris, PP 338-354.
2 Wacheter et al., (2002)
: L'aménagement durable ; défis et politiques. Edition
de l'aube/DATAR, Paris, 195 pages.
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seule lui dispute la République du Congo, celui du pays
le plus urbanisé du continent car en 1993, 73% de la population
était considérée comme urbaine. Aujourd'hui, ce taux se
rapproche de 80%3. La croissance des villes gabonaises est
essentiellement dues à des constructions illégales,
édifiées pour la plupart sans titre foncier, ni aucun autre droit
d'occuper le sol, et sans aucun contrôle urbanistique4.
S'agissant de l'occupation et l'extension de la ville de
Tchibanga se sont faites de manière spontanée, anarchique voire
incontrôlée. Cette évolution de l'urbanisation mal
maitrisée engendre des problèmes auxquels les acteurs urbains ont
du mal à apporter des solutions faces aux différentes tentatives
des politiques urbaines dont l'objectif est la maîtrise de l'espace.
A travers cette étude intitulée: « Les
politiques d'aménagement urbain à Tchibanga : quelle place pour
les outils d'aménagement dans le contenu d'une leçon de
géographie en classe de première », il s'agit de montrer non
seulement l'importance des politiques d'aménagement mais aussi le
bien-fondé de l'utilisation des outils d'aménagement dans le
processus de construction et d'aménagement d'une ville. Il convient de
rappeler que les politiques d'aménagement se rapportent à des
interventions conjointes qui ont pour but de structurer la dynamique d'un
territoire. A cet effet, elle traite de l'organisation, du pilotage, et de
l'évaluation des équilibres sociaux, spatiaux et
économiques. Elle se rapproche souvent de la gestion d'actions urbaines,
comme les opérations ou projets d'aménagement, qui constituent
des moyens pour mettre en oeuvre les politiques5. Tant
disque la gestion et des outils sont considérés dans leurs
spécificités propres aux domaines de l'urbanisme et de
l'aménagement.
Les SDAU et les POS constituent les outils majeurs de la
planification urbaine ; tous deux sont mis en oeuvre par les
représentants du pouvoir central, tous deux sont élaborés
conjointement par les services de l'Etat et les collectivités.
Eviter l'extension anarchique des agglomérations,
lutter contre la spéculation et les spéculateurs, instaurer des
règles contraignantes en matière d'équipement, de
construction tels semblent être les objectifs assignés aux
documents d'urbanisme tels que les SDAU et les POS. De ce fait, ils constituent
des éléments indispensables à la compréhension de
l'évolution urbaine et, à ce titre, appartient à la
sphère des préoccupations des géographes. Situés
à l'aval du processus de planification, ils sont aussi les documents
prévisionnels dont doivent tenir compte les
3 Atlas de l'Afrique (Gabon), (2004) : Les
éditions J.A, Paris, p 28.
4 F. Allogho-Nkoghe, (2006): Politique de la
ville et logiques d'acteurs. A la recherche d'alternatives d'aménagement
pour les quartiers informels de Libreville (Gabon), Thèse de
doctorat, P 41.
5 S. Guelton,(2014) ; Gérer
l'aménagement urbain, Presses universitaires de Rennes, P 7.
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particularités, qu'ils soient à la tête
d'une grande entreprise ou simples propriétaires d'un terrain à
bâtir6.
Aussi est-il particulièrement important de connaitre
les justifications données par le législateur à
l'élaboration de tels documents et de s'interroger sur la
responsabilité respective de l'Etat et des collectivités locales
afin de poser clairement la question du pouvoir en matière
d'aménagement urbain. F. Allogho-Nkoghe pense la crise mondiale de
l'urbanisme repose sur les fondements culturels. Car les outils de
l'architecture ou de l'urbanisation, qu'ils relèvent de l'imaginaire ou
de la réflexion scientifique et technique, renvoient à la
problématique des modèles, car tout projet architectural ou
urbanistique est modélisation du « vécu spatial
»7.
C'est pourquoi, la présente étude émerge
des observations que nous faisons du paysage urbain peu reluisant des villes
gabonaises en générale mais surtout celle de Tchibanga en
particulier. Pour paraphraser F. Allogho-Nkoghe, nous dirons que ce sujet
émane de notre vécu spatial des deux villes gabonaises que sont
Libreville et Tchibanga.
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