Section III. La Corée du
Nord est-elle un Etat proliférant ?
Les armes nucléaires en Corée du Nord sont un
sujet diplomatique particulièrement tendu avec la Communauté
internationale. La Corée du Nord était partie prenante du TNP
jusqu'au 10 janvier 2003 où elle se retire après avoir
été accusée de mener un programme clandestin depuis au
moins 1989. Après plusieurs cycles de négociations comprenant la
Corée du Sud, le Japon, les États-Unis, la Russie et la Chine, la
Corée du Nord a plus ou moins montré des signes d'apaisement dans
sa volonté d'acquérir l'arme nucléaire.
Pyongyang signe l'accord de sauvegarde avec l'AIEA en janvier
1992. Mais, à la suite d'une série de désaccords, elle
annonce, en juin 1994, ne plus vouloir coopérer avec l'AIEA. Un accord
est cependant trouvé entre Pyongyang et Washington : l'accord-cadre ou
Accord de Genève du 31 octobre 1994 repose sur le gel des
activités nucléaires de Pyongyang et le retrait des barres de
combustible usagé du réacteur de Yongbyon, en échange de
la mise en place de la Korean peninsula Energy Development Organization ,
chargée de fournir à la Corée du Nord l'énergie
nécessaire à ses besoins.
Le cadre agrée rappelle les responsabilités de
la Corée du Nord et son obligation de se conformer aux dispositions du
TNP, dont l'acceptation de vérifications par l'AIEA.
En octobre 2002, à la suite de la visite d'une
délégation américaine en Corée du Nord, le
régime de Pyongyang est accusé de mener un programme clandestin
d'enrichissement d'uranium, en violation de l'accord-cadre de 1994. La
Corée du Nord affirme, en retour, son droit à posséder des
armes nucléaires, expulse les inspecteurs de l'AIEA décembre 2002
et annonce son retrait du TNP 10 janvier 2003.
En février 2003, Pyongyang annonce le
redémarrage des installations nucléaires gelées en 1994,
en l'absence de tout contrôle de l'AIEA.
Un processus de règlement diplomatique de la question
nucléaire nord-coréenne est lancé en 2003, avec la
médiation de la Chine et la participation, outre de la Corée du
Sud et de la Corée du Nord, des Etats-Unis, de la Russie et du Japon
« Pourparlers à Six ». Il aboutit à une
Déclaration conjointe des six 19 septembre 2005.
La Corée du Nord s'engage à renoncer à
ses armes nucléaires et à ses programmes nucléaires
existants, et à rejoindre le Traité de non-prolifération
nucléaire TNP, ainsi que le régime de garanties de l'AIEA. Ce
texte comprend des assurances de sécurité américaines et
des perspectives de coopération dans les domaines économique et
énergétique. Le processus retombe ensuite dans l'impasse, la
Corée du Nord ayant annoncé qu'elle conditionnait la reprise des
discussions à l'abandon des sanctions financières
américaines prises à l'encontre de sociétés
nord-coréennes peu après la signature de cette déclaration
conjointe.
Le 9 octobre 2006, la Corée du Nord procède
à un premier essai nucléaire, condamné par la
résolution 1718 du Conseil de sécurité, qui exige que la
Corée du Nord démantèle ses programmes balistiques et
d'armes de destruction massive. Cette résolution instaure un
régime de sanctions. La Corée du Nord accepte alors à
nouveau de dialoguer. Les Pourparlers à Six reprennent en
décembre 2006, avant de déboucher sur un accord le 13
février 2007.
L'accord du 3 octobre 2007 précise les modalités
d'application de l'accord du 13 février et exige la remise par les
autorités nord-coréennes de la liste précise et
complète de leurs installations et programmes nucléaires avant le
31 décembre 2007, en échange d'une aide énergétique
accrue et d'une normalisation progressive avec les Etats-Unis. A partir de
l'année 2008, le processus bute sur les modalités de
vérification de la neutralisation des installations et programmes
nucléaires nord-coréens.
Le 25 mai 2009, la Corée du Nord conduit un
deuxième essai nucléaire, condamné par la
résolution 1874 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Fin mars 2010, l'agence officielle de presse nord-coréenne, l'agence
KCNA, indique que la Corée du Nord va construire un réacteur
nucléaire à eau légère, « dans un avenir
proche ». Fin novembre 2010, le professeur américain Siegfried S.
Hecker, de retour de Corée du Nord, rapporte qu'un nouveau complexe
d'enrichissement d'uranium de grande envergure environ 2000 centrifugeuses lui
a été dévoilé.
Depuis l'accession au pouvoir de Kim Jong-un en
décembre 2011, la Corée du Nord multiplie les actes de
provocation. Malgré l'annonce d'un moratoire sur ses activités
nucléaires et balistiques en février 2012, Pyongyang a
procédé, en violation de ses obligations internationales,
à Deux tirs de fusée longue-portée, le dernier datant du
12 décembre 2012. Ces tirs attestent de la maîtrise par la
Corée du Nord de capacités balistiques avancées, et
accroissent le risque que font peser les réseaux de prolifération
liens avec l'Iran sur la paix et la sécurité internationales ; un
essai nucléaire le 12 février 2013, le troisième
après ceux de 2006 et 2009, d'une capacité estimée entre 6
et 8 kilotonnes. Cet essai a été présenté par les
autorités nord-coréennes comme une réaction à
l'adoption le 22 janvier 2013 de la résolution 2087 qui répond au
tir de décembre 2012 en renforçant le régime de sanctions.
Il a été condamné par la résolution 2094,
adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies
à l'unanimité le 7 mars.
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