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Déterminants de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans en république démocratique du Congo. Modélisation d’une réponse polytomique (régression logistique multinomiale).


par Antoine DIKOKE OLEKO DJAMBA
ISTM/Kinshasa - Master en bio-statistique 2020
  

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I.5.2 Aperçu sur la malnutrition

I.5.2.1 Connaissance biomédicale de la malnutrition

L'approche des problèmes concernant l'aspect médical et nutritionnel de la malnutrition a évolué fortement au cours de ces dernières années. En réalité, la compréhension et les connaissances dans le domaine de la malnutrition varient souvent d'une spécialité médicale à l'autre. Parallèlement, les solutions proposées pour éradiquer la malnutrition diffèrent d'un groupe social à l'autre et évoluent au cours du temps (P. Tanang Tchouala, 2009).

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1. Évolution des concepts sur la malnutrition de l'enfant

Connaître l'histoire de la malnutrition est utile pour comprendre les stratégies actuelles : beaucoup de programmes de prévention sont basés sur des visions anciennes de la malnutrition et les décalages entre les recommandations récentes et les pratiques de terrain s'expliquent par cette dimension historique. Par ailleurs, la connaissance de la malnutrition va certainement continuer à évoluer dans les années futures. L'évaluation d'idées nouvelles est facilitée par la connaissance des perceptions anciennes dans ce domaine.

1.1 Les premières observations

La malnutrition a vraisemblablement existé sous toutes les latitudes depuis des décennies. Une des premières descriptions complètes d'un tableau clinique correspondant à ce qu'on appelle le "kwashiorkor" remonte à 1865. Elle est divulguée par deux médecins (les Drs Hinojosa et Coindet, 1865) qui travaillaient dans un village au Mexique (Briend, 1997).

Ces auteurs avaient observé la présence fréquente d'oedèmes chez des enfants dénutris à la période du sevrage. Ils avaient aussi remarqué la présence fréquemment de la malnutrition associée de diarrhées et le rôle déclenchant de la rougeole. Ces médecins avaient encore noté que ce tableau clinique différait nettement de celui de la pellagre déjà bien connu à l'époque, même si les enfants oedémateux suivaient un régime à base de maïs. Le diagnostic de pellagre avait été catégoriquement rejeté.

Au début du XXième siècle, la malnutrition de l'enfant devint plus rare en Europe et ce sont surtout des médecins travaillant dans des colonies qui décrivirent en détail des cas de malnutrition grave. Une des plus anciennes observations vient de l'Annam12. On la doit à un médecin militaire français, Normet (1926), qui avait constaté des oedèmes chez des enfants dénutris et ayant une alimentation à base de riz. Il appela cette maladie qui correspond au kwashiorkor dans la terminologie moderne, «la bouffissure d'Annam». Il publie en 1926 la première photo connue. Il soupçonna d'emblée qu'une origine nutritionnelle en était la cause, ayant remarqué qu'elle ne survenait pas le long des rivières poissonneuses. Ce qui est remarquable est que le niveau sanguin et l'excrétion urinaire d'urée étaient abaissés chez ces enfants bouffis et attira ainsi l'attention sur le rôle des protéines dans le développement de cette affection.

Entre 1933 et 1935, les premières observations d'oedèmes associés à la malnutrition tombèrent dans l'oubli. Entre les deux guerres mondiales, les communications entre les différentes parties du monde étaient extrêmement limitées et les techniques de recherche bibliographique

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rudimentaires. Williams ignorait les publications de Normet relatives à la "malnutrition oedémateuse" quand elle débuta sa carrière de pédiatre en Côte d'Or (actuel Ghana) dans les années 30. Elle aussi vit des cas d'oedèmes associés à une malnutrition et elle les décrivit dans les "Archives of Diseases in Childhood", dans un article publié en 1933 et intitulé : "A nutritional disease of childhood associated with a maize diet". Cette première publication insiste sur les lésions cutanées observées et la description clinique met tout aussi bien en relief les différences entre cette "maladie nutritionnelle" et la pellagre. Peu de temps après sa création, juste après la fin de la seconde guerre mondiale, la FAO envoya deux experts, les Drs Brock et Autret, faire le tour de l'Afrique pour faire le point de la situation alimentaire de ce continent. Leur expédition dura deux mois et ils rédigèrent, à leur retour, un rapport intitulé «Le kwashiorkor en Afrique» (Brock et Autret, 1952). Cette publication eut un grand retentissement dans le monde scientifique. Le rapport tendait à démontrer d'une part que le kwashiorkor était très répandu en Afrique, surtout si l'on tenait compte de ses formes mineures, et d'autre part que la maladie était essentiellement imputable à un régime pauvre en protéines. Ce rapport concluait que les carences en protéines représentaient le problème nutritionnel le plus préoccupant en Afrique. Le terme de "malnutrition protéique" devint alors un terme général appliqué très largement à tous les états de malnutrition observés dans les pays pauvres (P. Tanang Tchouala, 2009).

1.2 Des carences en protéines aux carences en énergie

Les années passant, un certain scepticisme s'installa quant au rôle véritable des carences en protéines comme cause de malnutrition infantile dans les pays pauvres. On comprit dès lors que les programmes d'aide visant à augmenter les apports alimentaires protéiques avaient un impact faible, voire négligeable. Cette conviction devait se renforcer quelques années plus tard à la suite d'une étude portant sur plus de deux cents programmes de supplémentation à l'aide d'aliments riches en protéines et montrant que leur effet était généralement faible, s'il n'était inexistant (Beaton et Ghassemi, 1982). Aussi une remise en cause de ces programmes s'imposait.

En 1968, l'équipe d'Hyderabad travaillant en Inde avait démontré qu'il n'existait pas de différence de régime entre les enfants qui allaient développer ultérieurement un kwashiorkor et ceux évoluant vers une malnutrition de type marasme (Gopalan, 1968). Cette même équipe avait également constaté qu'une augmentation de la ration alimentaire des enfants vivant dans des villages, pouvait permettre d'améliorer leur croissance. Cette modification diététique de

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nature purement quantitative serait en même d'exercer ses effets sans toucher à la composition du régime (Gopalan et al, 1973).

Tous ces éléments ont fait que soit progressivement tombé en désuétude, le terme malnutrition protéique au profit de "malnutrition protéino-calorique" puis de "malnutrition protéino-énergétique". En 1974, Mc Laren publia un article dans le Lancet, intitulé «The Great Protein Fiasco», dans lequel il retrace l'évolution des idées sur le sujet. Cet article répandit l'idée selon laquelle le problème nutritionnel le plus commun à travers le monde n'est pas une carence en protéines mais un déficit d'apports en énergie.

2. De la malnutrition pluri-carentielle

L'approche pluri-carencielle appréhende la malnutrition comme une maladie qui apparaît lorsque la nourriture disponible n'a pas la qualité nécessaire pour assurer le développement du corps humain. Elle est donc liée à un manque d'éléments nutritifs essentiels comme les vitamines et les sels minéraux. Elle affecte particulièrement les enfants en bas âge et se rencontre même dans des régions où l'on connaît une sécurité alimentaire. La malnutrition est principalement causée par cette absence d'éléments nutritifs essentiels au développement de l'organisme (MSF, 2007).

Un enfant qui ne reçoit pas suffisamment de nutriments dans son alimentation quotidienne est exposé aux différentes formes de malnutrition. Si le déficit porte principalement sur les apports en énergie et en protéines, on parle de "malnutrition protéinoenergétique" (MPE) ou protéino-calorifique. Si le déficit porte surtout sur le fer, on parle d' "anémie nutritionnelle". Par contre, si ce déficit constaté porte principalement sur la vitamine A, les manifestations de la carence portent le nom de xérophtalmie (J. C. Dillon, 2000). Il n'est, cependant pas rare que l'enfant porte à la fois et à des degrés divers les traces de ces trois formes de malnutrition.

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I.4.2.2 Malnutrition dans le monde

La malnutrition est la cause sous-jacente de plus d'un tiers de tous les décès d'enfants de moins de cinq ans au niveau mondial (Unicef, 2017). En outre, dans 53 pays du monde, 113 millions de personnes ont été en situation d'insécurité alimentaire aiguë en 2018, dans 53 pays (Yadav et al, 2016).

Les facteurs liés à la malnutrition dans le monde sont les suivants : le niveau d'études bas de la mère est associé à une prévalence plus élevée du retard de croissance de l'enfant. L'absence d'un robinet d'eau potable fonctionnel à domicile est associée à une prévalence plus élevée de la malnutrition, la durée de la maladie, la diminution de l'appétit, l'âge de l'enfant est associé significativement au retard de croissance avec un risque accru chez les enfants de 12 mois et plus, l'introduction d'une alimentation de complément inappropriée ou contaminée, à partir de 6 mois, l'anorexie de l'enfant constitue un prédicteur significatif de l'émaciation, (Yadav et al, 2016).

I.4.2.3 Malnutrition en Afrique

En Afrique, la proportion d'enfants souffrant d'un retard de croissance a diminué, passant de 41,6% (en 1990) à 32% (en 2014). Néanmoins, pour cette période, le nombre d'enfants d'un retard de croissance est de 44,7 millions à 58,1 millions ; ce qui atteste que les efforts plus soutenus doivent être entrepris afin d'avoir un impact significatif (Jana Daher et al, 2016).

En Ethiopie, en RDC, en Somalie, au Zimbabwe, ou au Malawi, moins de 10 % des enfants âgés de six à 23 mois bénéficient d'un régime nutritionnel leur permettant une croissance et un développement adaptés, selon le FSIN. Le rapport s'alarme du fait que l'allaitement maternel exclusif pour les nouveau-nés âgés de moins de six mois est très faible dans les pays en proie à des conflits (10 %, au Yémen, 11 % dans la région des lacs du Tchad, 21 % dans le nord-est du Nigeria et 24 %, en Syrie). Pourtant, dans les régions aux faibles conditions d'hygiène, les risques d'infection et de maladie sont accrus pour les enfants non allaités (Akombi, Agho, Merom, Renzaho et Hall, 2017).

En Ethiopie, une étude réalisé par Gashu Workneh Kassie et Demeke Lakew Workie (2020), atteste des déterminants de la malnutrition suivants : Un enfant dont l'indice de masse corporelle de la mère est inférieur à 18,5 kg, de la famille la plus pauvre et d'un mari sans instruction, et un homme en état de sous-nutrition grave était 1,4, 1,8 1,2 et 1,2 fois plus

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susceptible d'être dans un état de sous-nutrition pire que son groupe de référence respectivement.

I.4.2.4 Situation de la nutrition en ROC

En RDC, 43% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique ou du retard de croissance, soit presque un enfant sur deux. Six provinces sur les 26 ont des prévalences qui dépassant 50% (seuil d'urgence). Les 26 provinces comptent plus de 40% d'enfants malnutris. Par ailleurs, la situation de la malnutrition chronique a stagné ces 15 dernières années: la prévalence a évolué de 38% des enfants de moins de cinq ans en 2001, à 47% en 2007 et 43% en 2013-2014 (MINI Plan et Santé, 2014).

De même des enfants de moins de cinq ans souffrent aussi de malnutrition aiguë; 8% en sont affectés dans le pays. Certaines zones de santé sont plus affectées que d'autres. En 2017, la situation d'insécurité alimentaire s'est aggravée et le statut nutritionnel des enfants s'est affaibli. D'après les données du système d'alerte et de surveillance nutritionnelle, 104 des 516 zones de santé (20%) étaient en alerte nutritionnelle de janvier à octobre 2017. La situation nutritionnelle de la population dans les provinces de grand Kasaï demeure inquiétante. Le pays devrait fournir davantage d'efforts pour atteindre l'objectif de 40% de réduction des taux de malnutrition chronique d'ici 2025. Un scénario de réduction de 15% du taux de malnutrition chronique permettrait de prévenir la malnutrition chez deux millions d'enfants de moins de cinq ans. Les crises aiguës récentes et la détérioration de la situation nutritionnelle pourront compromettre d'avantage les opportunités d'épanouissement et de développement des enfants congolais (Unicef, 2018).

Le Gouvernement congolais a pris très tôt des initiatives pour lutter contre la malnutrition avec, notamment, la mise en place du PRONANUT en 2000. Malgré la volonté politique affichée, la situation de la malnutrition reste préoccupante et les tendances à la baisse sont en deçà des objectifs nationaux et internationaux.

Les données fournies par différentes enquêtes nationales attestent une légère baisse tendancielle du retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans, passant de 50,39 % en 1990 à 42,6 % en 2014, soit un taux de réduction moyen annuel de 0,5 %. Au cours de la période 1994 à 2000, une réduction légèrement plus importante du retard de croissance a été observée, avec un taux moyen annuel de 0,76%. L'insuffisance pondérale, quant à elle, a diminué de manière tendancielle entre 1990 et 2014, passant de 38% à 23%, soit une réduction moyenne annuelle de 1%. Toutefois, le niveau de l'insuffisance pondérale reste très élevé par rapport au seuil de

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10% considéré comme tolérable par les normes sanitaires internationales. Le taux de faible poids à la naissance a été estimé en 2014 à 12% des naissances vivantes, soit 347803 enfants. La malnutrition touche particulièrement les enfants de 24 à 59 mois parmi lesquels 52,1% souffrent de retard de croissance et 26,6% sont atteints d'insuffisance pondérale. Au niveau international, une très grande disparité de situation est observée par rapport à la malnutrition des enfants de moins de cinq ans dans les provinces du pays.

En tenant compte des 26 provinces actuelles du pays, le niveau de retard de croissance observé selon l'EDS-RDC 2013- 2014 varie de 17,3% dans la Ville province de Kinshasa à 57,9 % dans la Province du Kasaï, avec une moyenne nationale de 42,7%. On constate que 21 provinces présentent des taux supérieurs à 40% et 5 seulement ont des taux inférieurs à 40%. Mais si on se réfère aux 11 anciennes provinces, la moyenne nationale reste la même (42,7%), le taux le plus élevé est de 53% au Sud Kivu contre 17,3% à Kinshasa. Si on compare la situation de l'EDS 2013-2014 par rapport à celle de MICS 2010, où le pays comptait encore11 provinces, deux Provinces seulement (la Ville Province de Kinshasa et la Province Nord-Kivu) ont connu une réduction de retard de croissance, soit respectivement 1,6 % et 1,4 %. Neuf autres ont connu une augmentation, allant de 2,2 % à 11,2 %. La moyenne nationale est passée de 38,1 % à 42,7 %, soit 4,6 % d'augmentation. Cette disparité, voire l'aggravation de la situation nutritionnelle dans bon nombre de provinces, montre à quel point le problème de la faim et de la sous-nutrition constitue un défi permanent pour l'Etat congolais (WFP, 2019).

Si on va de 1990, on constate que le nombre d'enfants affectés va croissant au vu de l'augmentation de la population dans la tranche d'âge de 0 à 59 mois. On estime que le nombre d'enfants souffrant de retard de croissance a augmenté de 18% par rapport à la situation de 1990. Cette situation nécessite encore beaucoup plus d'efforts pour limiter l'impact de la malnutrition sur la santé et la survie des enfants (Unicef, 2018).

Bien que les initiatives prises par le Gouvernement de la RDC, la situation alimentaire des enfants de moins de 5 ans reste précaire par les déterminants de la malnutrition suivants : depuis 1996, la RDC est frappée par le conflit, qui a dévasté et déstabilisé le pays et a coûté la vie à environ six millions de civils. Les gens continuent de vivre dans des conditions de crise dans de nombreux certaines parties du pays.

Malgré les nombreux accords politiques signés depuis le début du conflit, il y a peu d'attentes et de perspectives pour la paix en tant que vies de groupes vulnérables tels que les femmes et

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les enfants continuent d'être brisés à mesure que le conflit resurgit dans la partie orientale du pays et un nouveau front de violence s'est ouvert dans la province de l'Equateur.

Ces conflits ont continué d'entraver à la RDC dans sa capacité à faire avancer les efforts de développement, la population continue d'en subir les conséquences. Cette situation est le manque de leadership, la mauvaise gestion, corruption, détérioration rapide des conditions socio-économiques et la baisse des prix des ressources minérales sur lesquelles repose l'économie nationale en raison de la crise financière mondiale, qui a forte baisse des revenus et perte massive d'emplois. Ainsi, les besoins humanitaires dans le pays demeurent colossaux. Selon le Central Emergency Respond Rapport du Fonds en 2008, le conflit a généré jusqu'à 1,35 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) dans seulement trois provinces, les mécanismes d'adaptation de millions des personnes. Avec la poursuite du conflit et les actions des groupes armés abusifs ont augmenté le prix de nourriture et ont exacerbé l'incapacité de ces zones pour nourrir les populations en raison de contraintes logistiques et ont généré des taux de malnutrition allant jusqu'à 20% dans certaines zones de santé (N-B Kandala, et al, 2011).

Pour Abdon W.M. et al (2010), à Lubumbashi les facteurs prédictifs de la malnutrition se rapportant à l'enfant comprenaient l'âge, le sexe, la durée de séjour dans le quartier, la classe sociale du foyer, le niveau d'étude atteint par la mère (ou tutrice), l'existence et le type d'eau potable dans la parcelle de l'enfant et la « morbidité » de l'enfant durant les deux semaines précédent l'interview. La durée de séjour dans la parcelle a été catégorisée en deux : l'une inférieure à trois mois et l'autre égale ou supérieure à trois mois. La durée de trois mois est considérée comme seuil minimum associé à une influence effective du milieu sur l'état nutritionnel. La classe sociale a été estimée sur base de la profession, du niveau d'études des parents et de leur revenu. Pour estimer ce dernier, les enquêteurs recouraient aux indicateurs de substitution suivants : propriétaire du domicile, coût du loyer, coût des études des enfants, type d'habitation (dimension, matériaux, toilettes, courant électrique), équipements, moyens de transport, personnes à charge du foyer, eau potable dans la maison ou dans la parcelle. Un indice avec des valeurs ordonnées a été déterminé puis la classe sociale a été définie au niveau bas et au niveau élevé

I.4.3 Synthèse des études antérieures

Une étude réalisée à Nairobi, désignant le mariage des mères, le statut matrimonial comme étant indépendamment associés au retard de croissance de l'enfant. Les chances de retard de

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croissance chez les enfants nés de mères jamais mariés sont 56% plus élevés que ceux qui sont actuellement en union (p <0,05). Le retard de croissance est plus fréquent chez les enfants nés de mères célibataires et de mères plus âgées, avec respectivement 45% et 46% (Eliyas Musbah et al, 2016).

Une étude réalisée en RDC, a montré qu'il n'y avait pas une association statistiquement significative observée entre la prévalence du retard de croissance et le sexe du chef de ménage, état matrimonial de la mère et intervalle de naissance précédent de l'enfant (Klasen S: Poverty, 2008). Alors pour (Abdon et al, 2010), l'eau impropre peut provoquer, par exemple, la diarrhée qui altère l'état nutritionnel. Dans cette étude, la diarrhée (émission de selles très molles ou liquides, trois fois par jour et au moins pendant un jour), est associée significativement à l'émaciation chez les enfants âgés d'un an ou plus.

Une étude réalisée en République Dominicaine a révélé que les enfants étaient beaucoup moins en retard de croissance dans les ménages dirigés par une femme ou par un homme. La prévalence du retard de croissance était plus élevée chez les femmes (55,6%) par rapport aux ménages dirigés par des hommes (43,2%) (Eliyas Musbah, Amare Worku, 2016). Concernant l'IMC maternel: l'IMC de la mère s'est avéré être l'un des déterminants les plus importants liés à l'état nutritionnel des enfants. Une étude réalisée sur les écoliers colombiens atteste que le retard de croissance était plus de deux fois supérieur chez les enfants dont les mères avaient un IMC <18,5 que chez celles dont l'IMC de la mère était adéquate (p = 0,001), alors que la prévalence du retard de croissance était de 46% plus faible chez les enfants de mères obèses (p = 0,05) IMC maternel inversement associé au retard de croissance chez l'enfant, la taille maternelle: la stature maternelle diminuée est également associée à un risque accru de retard de croissance chez les enfants (Louise H et al, 2010).

Dans l'analyse de l'EDS dans 54 pays, on a constaté que la diminution d'un cm de la taille était associé à un risque accru de l'insuffisance pondérale et du retard de croissance. Par rapport aux mères les plus grandes (160 cm), chaque catégorie de taille inférieure avait un risque plus élevé d'insuffisance pondérale et de retard de croissance chez les enfants, avec le risque le plus élevé pour les mères de moins de 145 cm. L'association entre la taille maternelle et le retard de croissance était statistiquement significative dans 52 des 54 pays (96%) analysés (Ozaltin E., Hill K., Subramanian S. V, 2010). Une étude similaire a été menée auprès des enfants mexicains. L'état nutritionnel de l'enfant n'était pas associé à la taille de la mère, avec un OR de 0,92 IC95%: [0,91 #177; 0,94] (Andez-Do Aaz, 1999).

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Une autre étude réalisée en 2016, dans 26 provinces de la RDC, sur le retard de croissance a révélé qu'il y a nombre de facteurs distaux pouvant être liés à la chance du retard de croissance. La province du Sankuru avait les cotes les plus élevées de retard de croissance. C'est une province enclavée et avec des réseaux routiers et pas de chemin de fer, la zone est extrêmement difficile à atteindre. Les produits manufacturés, y compris les produits alimentaires sont vendus à des prix de plus en plus élevés, alors que des cultures commerciales sont difficiles à développer. Le Kasaï est une autre province avec une probabilité plus élevée de retard de croissance. Le principal moyen de subsistance dans la province est l'exploitation minière artisanale, en particulier l'extraction de diamant. Au cours des 15 dernières années, le secteur du diamant a été influencé par la baisse des marchés internationaux. En outre, les gens ont tendance à négliger la production agricole et la province doit importer une grande partie de sa nourriture. Les provinces qui sont touchées par la guerre, y compris le Sud-Kivu, ont également des risques élevés de retard de croissance. Les terres du Sud-Kivu sont fertiles, mais la pénurie de terres et celle de sans terre sont des problèmes qui sont étroitement liés à l'insécurité alimentaire et à la malnutrition chronique. Plusieurs provinces où le retard de croissance est légion sont confrontées aux problèmes liés au retard de croissance en raison de l'afflux des réfugiés des pays voisins. La RDC est caractérisée par une insécurité alimentaire généralisée et une insécurité alimentaire dans les provinces ci-dessus. Les résultats d'autres études ont également mis en évidence la variabilité intra-pays en termes de prévalence de la malnutrition et de l'importance d'identifier les zones avec prévalence particulièrement élevée de la malnutrition (Simler KR, 2006, Mohsena M, Goto R, NCG M-T, 2015).

En RDC, l'étude de Hallgeir Kismul (2016) a démontré comment la malnutrition est liée à la situation géographique. Une découverte majeure renseigne que les taux de retard de croissance était plus élevé dans les provinces qui s'appuient sur l'exploitation minière artisanale par rapport au niveau observé dans les provinces orientales touchées par la guerre civile. L'objectif visé sur les nouvelles provinces permet de se concentrer sur des unités géographiques, et par conséquent, nous sommes dans une bonne position pour obtenir la variété des facteurs qui contribuent aux inégalités régionales de retard de croissance. En plus de trouver une relation forte entre retard de croissance et la province, ces recherches confirment davantage la relation étroite entre le retard de croissance et l'inégalité. Cette étude a montré que les enfants vivant dans le ménage le plus pauvre avaient un risque plus élevé de retard de croissance. En revanche, la proportion la plus élevée d'enfants, le retard de croissance en RDC ont été classés au milieu de groupe en 2007 et 2010. La littérature a démontré d'importantes inégalités socio-

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économiques des ménages les plus pauvres ont probablement plus d'enfants que des ménages aisés. Le statut socio-économique supérieur, la position est susceptible de représenter une meilleure vie des conditions qui contribuent à nouveau à une meilleure garde d'enfants et les pratiques d'alimentation et un meilleur accès à la nourriture et un déclin potentiel de l'apparition de différentes formes de la malnutrition (Wu LF et al, 2015).

Maxime Ware (2010), dans une étude qu'il a intitulé « Contribution à l'étude de la malnutrition infantile» renseigne que : la malnutrition survient avant un an au cours d'une mauvaise conduite du sevrage. Les déficits pondéraux et staturo-pondéraux s'installent entre un et deux ans à la faveur des gastro-entérites, elles-mêmes responsables de dénutrition(Maxime Waré, 2010).

Quant à Mamadou Zei, dans sa thèse de doctorat d'Etat (2012), Contribution aux problèmes de malnutrition en zone tropicale atteste que les causes de la malnutrition sont multiples. On distingue les causes culturelles : l'ignorance des populations des vrais besoins en matière d'alimentation avec pour conséquences le déséquilibre nutritionnel dont les enfants sont les plus victimes, notamment cette confusion qui a lieu entre la plénitude gastrique et le fait de bien manger. Les interdits alimentaires à l'endroit des enfants qui les privent de certains nutriments essentiels.

Par ailleurs en milieu rural, les soins des enfants sont habituellement confiés à la grand-mère, à travers des pratiques de gavage et la purge. Il souligne les causes sociales et économiques sur lesquelles se fondent la pauvreté, le manque d'hygiène de l'habitat et de l'alimentation, l'absence de moyens de lutte contre la maladie et ses conséquences qui sont des données constantes dans beaucoup de familles. En outre, le modernisme vient compliquer la situation socio-économique par la relégation des produits importés qui coûtent chers en pharmacie. Et d'ajouter que, le problème de sevrage se pose lorsqu'il survient avant un an lors du décès de la mère ou de l'altération du lait. Il conduit généralement à une insuffisance calorique globale. Parfois une nouvelle grossesse ou la séparation des parents obligent au sevrage brutal entre 12-18-24 mois. Et l'enfant passe alors directement au plat familial. Les circonstances déclenchantes et les facteurs d'aggravation sont les pathologies infantiles (paludisme, rougeole, diarrhée, etc.) isolées ou associés entraînant une rupture de l'équilibre précaire préexistant. Les causes climatiques qui sont représentées par l'insuffisance pluviométrie grandissantes et l'improductivité des sols qui rendent précaire la sécurité alimentaire des ménages (Mamadou, 2012).

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En résumant les auteurs précédents qui sont Derrick et compagnie (2009), affirment que la malnutrition qui frappe les jeunes enfants est imputable à deux causes essentielles :

un régime alimentaire insuffisant lié à la pauvreté, au manque de denrées alimentaires appropriées ou à des croyances erronées à propos de l'alimentation.

les épisodes infectieux répétés surtout les maladies diarrhéiques (Jellifi, 2009).

Pour Kiemtoré, Nana M Bi Jacqueline (2013), la pauvreté est le facteur principal de la sous-alimentation, aggravée par la méconnaissance des besoins nutritionnels des enfants par les mères, leurs méconnaissances des valeurs nutritionnelles des principaux aliments et les mauvaises attitudes et pratiques alimentaires, pourtant notre environnement offre une large gamme d'aliments dont la disponibilité et la valeur nutritionnelle varient extrêmement dans l'espace et dans le temps.

Ainsi pour remédier à cette déficience, une des solutions proposée est l'éducation nutritionnelle. L'éducation nutritionnelle doit apporter des informations utiles afin de contribuer aux changements de comportements ou l'adoption de comportements favorables à la santé des enfants (Jacqueline, 2013).

Enfin pour conclure, Hallgeir Kismul et al trouvent les relations solides entre le retard de croissance et les inégalités régionales et sociales les relations entre le retard de croissance et d'autres facteurs au niveau distal ne sont pas claires. Cela concerne la relation entre retard de croissance et lieu de résidence ainsi que la relation entre retard de croissance et éducation de la mère. Nous avons constaté que la plus grande proportion d'enfants avec retard de croissance vivait dans les ménages ruraux. D'autre part, dans l'analyse multi-variée, il n'y avait aucune association statistiquement significative entre le lieu de résidence et retard de croissance. Par contre d'autres études ont montré que le lieu de la résidence peut expliquer les variations de la prévalence de l'enfant malnutri et qu'il y a des preuves que dans les pays à faible revenu, les enfants des zones rurales sont plus à risque de malnutrition que leurs homologues urbains. Ensuite, encore une fois ces résultats sont conformes aux rapports de recherche que lors que les probabilités de retard de croissance n'étaient pas significativement différents entre les enfants vivant dans des zones rurales et ceux vivant dans les zones urbaines (Hallgeir Kismul, 2016).

I.4.4 Cadre de référence

Le cadre de référence est un guide nécessaire dans toute démarche de recherche visant à explorer, à décrire ou analyser un problème qui se pose dans une communauté donnée. Il est

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une structure logique et abstraite qui permet d'investiguer sur un problème d'étude ou celui de recherche.

I.4.4.1 Cadre conceptuel

Le cadre conceptuel de cette étude représente la structuration schématique de la survenue de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans et les différents facteurs déterminants. La prise en compte de ces facteurs conduit à une réduction de la survenue de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans. Nous avons pour cela deux variables principales :

I.4.4.1.1 La variable dépendante

La définition conventionnelle de la malnutrition chez les enfants, proposée par l'OMS est le poids-pour-âge, la taille-pour-âge ou le poids-pour-taille inférieurs à -2 écarts-type (-2ET). Lorsque les indices sont inférieurs à -3 écarts-type (-3ET), la malnutrition est considérée comme sévère. Les enfants sont considérés obèses lorsque l'indice poids-pour-taille est supérieur à +2 écarts-type (+2ET) (COGILL ,2003). Elle sera mesurée dans cette étude par le bon état nutritionnel, la malnutrition légère, la malnutrition modérée et la malnutrition sévère.

I.4.4.1.1 Les variables indépendantes

Les variables sociodémographique et économique suivantes ont été recueillies : le sexe qui est mesuré par le sexe masculin pour les garçons et féminin pour les filles ; l'âge de l'enfant était mesuré en mois et de la mère en année, le niveau d'instruction de la mère (exprimé en quatre classes de nombre d'années d'études) le sans niveau d'instruction, le primaire, le secondaire incomplet et secondaire complet et universitaire. Le niveau de revenu, regroupé en trois catégories : le haut niveau de revenu, le moyen niveau de revenu et le bas niveau de revenu.

Quant aux facteurs environnementaux, ont été considérés, le milieu de résidence qui était mesuré en milieu rural et urbain ; la province de résidence par la province de Kinshasa, les provinces du centre (Sankuru, Lomami, Kasaï-Oriental, Kasaï-Central et Kasaï), les provinces du nord (Mongala, Equateur, Nord-Ubangi, Sud-Ubangi, Tshuapa, Tshopo, Bas-Uélé et Haut-Uélé), les provinces de l'ouest (Kwango, Kwilu, Mai-Ndombe, Kongo-Central) et les provinces du Sud-Est (Haut Katanga, Tanganyika, Haut Lomami, Lualaba, Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema).

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I.4.4.1.2.1 Facteurs environnementaux

1. Milieu de résidence

On observe en général un niveau de malnutrition plus élevé en milieu rural qu'en milieu urbain (EDSBF-2003, EDSM-2001, EDSC-2004). Ces disparités se traduisent par des risques inégaux d'exposition entre les populations urbaines et rurales. Par ailleurs, de nombreuses études récentes sur la malnutrition des enfants montrent que l'effet de cette variable est amoindri lors qu'il y a contrôle des effets en rapport avec les caractéristiques socioéconomiques et culturelles du ménage (J. Bakenda, 2007 ; L. Camara, 2005).

L'avantage du milieu urbain sur le milieu rural provient essentiellement de la forte concentration des infrastructures socio-sanitaires en ville (Rakotondrabe, 1996). Grâce à ces infrastructures, il est plus facile de mettre en oeuvre des mesures de santé publique dans les villes que dans les campagnes (Contrôle des épidémies, programme d'éducation nutritionnelle, programme élargi de vaccination, programme de protection maternelle et infantile). C'est dans les villes en général et dans la capitale en particulier, que se concentrent les hôpitaux de référence (Ntsame, 1999). Le milieu de résidence peut ainsi influencer de façon significative la pratique alimentaire des mères et leurs comportements en matière de soins à donner aux enfants.

2. Région de résidence

La malnutrition présente d'importantes variations spatiales dans la plupart des pays en Afrique. Les indicateurs produits par les travaux descriptifs et analytiques de l'EDSBF-2003 sur l'état nutritionnel des enfants renseignent que la prévalence de la malnutrition varie très fortement selon la région de résidence. En effet, 16% des enfants de moins de cinq ans accusent un retard de croissance à Ouagadougou contre 49% au Sahel et 59% dans la région de l'Est (Bougma, 2007). Toutefois, il est difficile de déterminer les facteurs qui peuvent être à l'origine de cette variation sans prendre en compte les spécificités des différentes régions.

Ces spécificités sont observables notamment au niveau de la précarité écologique, de la culture, du développement socio-économique, des ressources naturelles. Des conditions agro-écologiques particulières différencient les cultures pratiquées ou les rendements obtenus selon les régions. Ces caractéristiques ont une incidence sur le régime alimentaire des populations résidentes, régime qui à son tour, est susceptible d'expliquer les disparités régionales de la malnutrition des enfants (DS. Agessi, 1987).

Pour Ngo Nsoa (2001), il existe des inégalités régionales de la malnutrition au Cameroun et que ce phénomène ne frappe pas avec la même acuité les enfants dans les différentes régions de ce pays.

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D'après cet auteur cette situation est consécutive à l'inégale répartition des disponibilités alimentaires, des ressources en eau potable et des centres de santé maternels et infantiles. En évoquant des raisons similaires, Camara (2005) soutient que la région naturelle discrimine fortement les enfants par rapport à leur état nutritionnel en Guinée Conakry. Selon Cornu (1980) au Nord du Cameroun, les enfants de 6 à 12 mois sont régulièrement suivis dans les centres de PMI qui disposent des mesures anthropométriques plus normales que celles des enfants du même groupe d'âges non suivis.

I.4.4.1.2.2 Facteurs socioculturels de la malnutrition

Depuis de nombreuses années, la notion de « négligence sociale » est évoquée par des chercheurs en sciences sociales (anthropologues, démographes) comme pouvant exercer une influence sur la malnutrition. Une première thèse sociodémographique (Scrimshaw, 1978) suggérait que certains enfants des pays en voie de développement seraient moins investis que d'autres au sein de familles à descendance élevée.

3. Niveau d'instruction des parents

On observe, selon l'INSAH, dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne (Mali,Tchad, Burkina Faso, Niger, Sénégal, Cap Vert, Gambie et RD Congo) une relation inverse entre chaque indicateur de malnutrition des enfants et le niveau d'instruction de la mère. Les enfants des mères de niveau supérieur ont les niveaux de malnutrition les moins élevés. Les écarts sont particulièrement importants entre les niveaux de malnutrition des enfants des mères de niveau supérieur et les enfants de leurs congénères non instruites, avec des indicateurs passant du simple au double et parfois davantage. Entre les pays, il faut noter qu'à niveau d'instruction égal, les enfants de mères maliennes ont le plus souvent des niveaux de malnutrition plus faibles, suivis par les enfants.

Tout comme pour la mère, le niveau d'instruction du partenaire est négativement lié à la malnutrition de l'enfant. Les niveaux de malnutrition des enfants sont d'autant plus bas que le niveau d'instruction du partenaire est élevé. Il joue également un grand rôle dans l'état nutritionnel des enfants. Notons que, les hommes disposant d'un haut niveau d'instruction se marient généralement avec des femmes assez instruites et, dans de tels cas, l'effet de l'instruction de l'homme passe par celui de la femme.

Généralement, le niveau d'instruction de la mère de l'enfant a plus d'influence sur la morbidité, la malnutrition et la mortalité des enfants que celui du père. Pour Akoto (op. cit) : « l'instruction de la mère apparaît toujours discriminante (notamment entre 0-3 années et 4 années et plus

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d'école), tandis que celle du père intervient surtout aux deux situations extrêmes (mère illettrée ou très instruite) ».

I.4.4.1.2.3 Facteurs socioéconomiques de la malnutrition

La pauvreté est généralement considérée comme la cause profonde de la malnutrition tant il est vrai que, dans la majorité des pays, c'est surtout chez les pauvres que l'on trouve des enfants souffrant de MPE grave ou modérée, ou présentant des signes évidents de carence en vitamine A (INSAH, 2008).

Cette approche justifie la malnutrition des enfants par le niveau de vie des ménages, lequel est lui-même corrélé à la qualité de l'habitat, au type d'activité économique des parents, à l'accès à l'électricité, à l'eau potable et à l'assainissement. L'individu est dénutri, voire mal nourri parce que le ménage n'a pas les moyens de lui procurer assez de nourriture de bonne qualité : c'est la thèse défendue par Sen (1998). Quant à Murdoch (1985), il associe la malnutrition et pauvreté, car les ménages pauvres n'ont pas suffisamment de nourriture à cause du manque des moyens financiers.

Pour les tenants de cette approche, l'explication des variations de l'état nutritionnel des enfants en Afrique trouve son fondement dans l'inégalité du niveau de vie des ménages. Toutefois, cette opinion est relativisée par Delpeuch et al (1996) qui font remarquer que malgré la crise économique (suivie de la dévaluation du Franc CFA), certains plats culturellement sollicités sont cependant restés les mêmes. Akoto (1993) ne partage pas cette vision, car pour lui, l'état nutritionnel des enfants ne s'explique qu'à travers les normes et valeurs sociales en matière d'alimentation. Cet auteur souligne ainsi l'importance de la culture et de l'organisation sociale, notamment, en ce qui concerne la compréhension de certaines habitudes alimentaires. A ce propos, il se pose la question de l'importance pour un ménage de vivre décemment si la culture, à travers ses interdits sociaux, ne permet pas à l'enfant de consommer un bien nécessaire à sa croissance. Dès lors, il est très peu indiqué de se focaliser uniquement sur les facteurs économiques pour expliquer la variation de la malnutrition.

La pauvreté se manifeste de plusieurs manières : ce sont des ménages aux revenus insuffisants, mais aussi des communautés ou des pays pauvres, qui n'ont pas de quoi construire et financer des écoles et des programmes de formation, ni améliorer les systèmes de distribution d'eau et d'assainissement et qui ne fournissent pas de services sociaux et de santé nécessaires pour réduire de façon significative la malnutrition. Le rôle particulier des femmes et des jeunes filles est mis en exergue ici. Elles sont à la fois victimes et «agents de transmission» de la

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malnutrition. Dans les milieux défavorisés, les femmes peuvent contribuer à la perpétuation d'un cercle vicieux dans la mesure où les petites filles sous-alimentées sont des futures mères susceptibles de se retrouver dans un état nutritionnel peu satisfaisant au commencement de leur vie reproductive. A cette situation de départ à risque s'ajoutent les mauvaises habitudes alimentaires et les maladies infantiles infectieuses à répétition pour générer des conditions défavorables aux processus vitaux de développement de la personne (P. Tanang, 2009).

I.4.4.1.2.4 Facteurs sociodémographiques des mères et des enfants

La quantité d'aliments disponibles par personne dans une famille, dans un district ou dans un pays est la quantité de nourriture produite ou achetée divisée par le nombre de personnes qui y ont accès. Une famille de huit personnes, qui produit et achète la même quantité de nourriture qu'une famille de quatre personnes, dispose de moins de nourriture par personne. Toutefois, dans les familles de producteurs, plus la famille est nombreuse, plus la productivité familiale peut être importante.

Dans certains pays, le problème démographique est généralement perçu comme un problème majeur. La surpopulation, la taille des familles et l'espacement des naissances sont considérés comme des facteurs déterminants de la malnutrition. Pour de nombreux pays en développement, l'espacement des naissances est une priorité au sein des structures gouvernementales responsables de la planification familiale. Mais tout comme en production, il serait naïf de croire qu'un contrôle des naissances ou une planification familiale réussie résoudront à eux seuls les problèmes de faim et de malnutrition. Les principaux facteurs mis en exergue dans cette approche et qui peuvent influencer le statut nutritionnel des enfants sont : l'âge et le sexe de l'enfant, l'âge à la maternité et la parité de la mère, le statut matrimonial et l'indicateur d'IMC de cette dernière, l'intervalle inter-génésique, les infections et maladies contractées par l'enfant et enfin les soins préventifs (L. Sangare, 2008).

1. Age de l'enfant

L'âge de l'enfant est dans l'ensemble parmi les variables les plus discriminantes, car plus l'âge augmente, plus la malnutrition prévaut (INSAH, 2008). L'alimentation du nourrisson et du jeune enfant varie au fur et à mesure qu'il prend de l'âge : le nourrisson de moins de six mois nourri au lait maternel bénéficie de la protection des anticorps de sa mère. Au-delà de six mois, le sevrage l'expose aux agents pathogènes et à la malnutrition lorsque les aliments de sevrage ne sont pas assez riches pour couvrir les besoins de sa croissance.

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Il est généralement observé que la santé de l'enfant telle que mesurée par l'état nutritionnel se détériore surtout durant la première année de vie et ce jusqu'à l'âge de deux ans, pour se stabiliser plus au moins par la suite. Cette tendance a été constatée dans les pays en voie de développement dont le Guatemala (Handa, 1999).

Quel que soit l'indice anthropométrique choisi, le taux de malnutrition augmente avec l'âge de l'enfant de la naissance à 24 mois au Mali (EDS-2001), au Burkina Faso (EDS-2003), au Cameroun (EDS-2004) et au Tchad (EDS-2004). Cette tendance s'inverse très rapidement et de façon significative après 24 mois pour le poids/âge et le poids/ taille. La tendance est mitigée pour la taille/âge après 24 mois. Il apparaît clairement que la nutrition de l'enfant est fonction de son âge. Le nourrisson de moins de six mois ne devra pas être alimenté comme l'enfant de 6 à 11 mois et ce dernier ne doit pas être alimenté comme celui de 12-23 mois (INSAH, 2008). Au Gabon, un grand nombre de décès surviennent entre 1 et 3 ans des suites de rougeole et de malnutrition : maladies qui frappent rapidement après le sevrage de l'enfant (Bakenda, 2004).

L'incidence de l'âge sur l'état nutritionnel des enfants peut être prise en compte de plusieurs manières. Soit qu'on utilise des tranches d'âge (Strauss, 1990 ; Stifel et al, 1999), soit qu'on préfère une forme quadratique : solution que Morrisson et Linskens ont retenue en 2000 lors de la recherche des facteurs explicatifs de la malnutrition en Afrique Subsaharienne.

Dans presque tous les pays explorés, ils ont obtenu des coefficients très significatifs, celui de l'âge (en mois) étant négatif et celui de l'âge au carré étant positif. D'après ces coefficients, le mois à partir duquel l'âge exerce un effet positif au lieu de négatif est en moyenne à partir de 35 mois (point d'inflexion). Jusqu'à cet âge, la situation se détériore avec le temps. Ce schéma concorde avec les résultats de Stifel et al. (1999) qui considèrent seulement trois tranches d'âge de 3 à 35 mois comme avec ceux de Strauss (1990) pour la Côte d'Ivoire qui met en évidence un handicap croissant qui atteint son maximum vers 40-48 mois. Ainsi, quelle que soit la forme choisie, les épisodes temporaires de malnutrition s'accumulent pendant les trois ou quatre premières années de telle sorte que le retard de poids par rapport aux enfants du pays de référence, les États-Unis, croît d'année en année pour s'inverser avec le changement de régime alimentaire permis par l'âge (INSAH, 2008).

2. Sexe de l'enfant

Dans certaines sociétés où l'on a une préférence pour les enfants de sexe masculin, le sexe de l'enfant joue un rôle important sur son état nutritionnel (Dackam, 1990). En Afrique subsaharienne, des auteurs comme Gbenyon et Locoh (1989), ont montré l'existence d'une

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discrimination alimentaire selon le sexe, mais cette différence n'était pas toujours significative. Au Mali, aucune différence significative dans l'état nutritionnel n'a été observée, ni en milieu urbain, ni en milieu rural (Mbacké et Legrand, 1992).

Pour étudier l'incidence du sexe, le centre de développement de l'OCDE en 2000, grâce aux données de 20 pays d'Afrique subsaharienne, fait recours à une diversité de l'échantillon (du point de vue revenu, mentalités, religion...). Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, les filles sont presque toujours privilégiées. Dans deux cas sur trois, on obtient des coefficients négatifs pour un garçon, dans les autres cas, le coefficient est non significatif et il existe seulement deux coefficients positifs pour les garçons (en zone urbaine au Ghana et au Cameroun). Ces résultats confirment les conclusions de Svedberg (1998) et des tests antérieurs (un coefficient négatif pour les garçons au Brésil, en Côte d'Ivoire, aux Philippines, mais positif au Maroc). Le cas du Maroc pourrait laisser croire qu'on accorde plus d'attention aux garçons dans les pays musulmans. Pourtant, on a observé une prévalence de la malnutrition plus élevée chez les garçons dans des pays de confession musulmane.

Au Niger par exemple, il ressort des données relatives à la malnutrition que les petites filles ne souffraient pas de discrimination en matière de soins en général et d'alimentation en particulier. La proportion des enfants touchés par la malnutrition chronique y est légèrement plus élevée pour le sexe masculin (43%) que pour le sexe féminin (40%) (EDS Niger, 1998 : 154). L'attention accordée aux filles pourrait s'expliquer par des spécificités des sociétés rurales. Les filles y sont beaucoup moins scolarisées qu'en ville et aident leurs mères pour les tâches domestiques dès leur plus jeune âge. Mais on observe une prévalence plus élevée chez les garçons aussi souvent en ville qu'à la campagne. De plus, pour des raisons physiologiques, les filles supportent mieux que les garçons une alimentation pauvre et/ou insuffisante (Ntsame, 2001). Cependant, la persistance de cette dernière laisse observer le désavantage chez les filles au profit des garçons. A ce propos, l'EDS Togo (1998) a enregistré 23% de cas de bonne nutrition chez les garçons contre 20% seulement chez les filles.

L'hypothèse qu'on puisse avancer est que ce biais en faveur des filles diminue avec le développement même s'il n'apparaît pas dans des pays moins pauvres comme le Zimbabwe (Morrisson et Linskens, 2000). De façon générale, là où il n'existe pas de discrimination à l'égard des filles, la malnutrition touche de manière identique les filles comme les garçons (Ntsame, 2001).

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