3. Indicateur d'IMC de la mère
L'état de santé de la mère n'est pas
moins important que l'éducation. Ainsi, l'indice de Masse Corporelle
(IMC) de la mère permet de mesurer cet état et est défini
comme étant le rapport du poids (en kilogrammes) sur la taille (en
mètres) élevée au carré. Celles dont l'IMC est
inférieur au seuil (le seuil de 18,5) sont considérées
comme malnutries. Les enfants de ces mères sont théoriquement
à risque eu regard à la théorie dite du « cycle de
vie » à laquelle il a été fait allusion
précédemment. La répartition des indicateurs de
malnutrition suivant le niveau d'IMC des mères confirme la relation
positive entre la malnutrition de l'enfant et celle de la mère dans
plusieurs études menées en Afrique subsaharienne. Les niveaux de
malnutrition sont élevés pour les mères dont l'IMC est
inférieur au seuil. En outre, les écarts entre les deux groupes
de mères sont particulièrement importants pour la malnutrition
poids pour taille : de 12 points d'indice au Tchad (EDST-2004) à
près de 6 points au Burkina Faso (EDSB-2003). Pour les autres
indicateurs, les écarts sont plus importants au Burkina Faso sauf pour
la malnutrition taille pour âge au Mali (INSAH, 2008).
4. Statut matrimonial de la mère
En Afrique subsaharienne, le mariage continue d'assurer aux
femmes un sentiment de sécurité et de soutien de la part du
groupe social, fait susceptible d'être associé à une
meilleure santé de l'enfant (Kuate Defo, 1996). L'idée
généralement avancée ici est que les enfants de femmes non
mariées sont plus susceptibles de souffrir d'une malnutrition plus
élevée du fait qu'ils appartiennent à une famille
jouissant d'une stabilité sociale plus faible.
Néanmoins, cette influence peut être inverse. Les
enquêtes DHS permettent de distinguer les trois cas : la famille
monogame, la famille polygame et la famille monoparentale (la mère vit
seule). A propos de l'impact des structures familiales : dans 12 pays d'Afrique
subsaharienne (OCDE, 2000), les enfants des mères qui vivent en union
polygame ont un retard de croissance. Un seul cas, est spécifié
dans la zone urbaine du Ghana, où l'on note l'effet opposé de la
polygamie. En effet, les pères polygames ont, en moyenne, beaucoup plus
d'enfants et d'adultes à nourrir, et même s'ils disposent de plus
de ressources que les autres, ces ressources ne croissent pas en proportion des
charges familiales. Cela explique aussi cette différence notée
par Strauss (1990) en Côte d'Ivoire où les enfants de
l'épouse la plus âgée (seule épouse au début)
sont plus grands que ceux de l'épouse la plus jeune. On peut supposer
que les femmes seules disposent également de moins de ressources. De
fait, on a obtenu un coefficient négatif dans 8 pays. Mais dans 4 pays
(Ghana, Mali, Niger et Togo), le coefficient est positif en zone
27
urbaine. Il faut toutefois rappeler que dans la plupart des
pays, les mères qui vivent seules sont peu nombreuses et dans certains
cas, elles se distinguent des autres mères par un niveau
d'éducation plus élevé ou la possession de biens durables.
Si elles sont ainsi plus « favorisées » matériellement
que les autres femmes, leur condition monoparentale n'entraîne pas
systématiquement une incidence négative sur les enfants.
I.4.4.1.2.5 Comportements de la mère en
matière de nutrition et de santé
1. Allaitement
L'allaitement maternel est généralement le mode
d'alimentation de l'enfant durant la première année de sa vie.
Pour l'ensemble de l'Afrique, la règle est encore une longue
durée moyenne d'allaitement dont les extrêmes se situent entre 12
et 36 mois, la durée 18-24 mois étant la plus courante.
Cependant, cette durée est moins longue, se situant autour de 12 mois,
dans certains pays comme l'Algérie ou encore en milieu très
urbanisé des grandes villes (Morrisson et Linskens, 2000). Cette
situation n'indique pas forcément que durant cette période le
lait maternel est le seul aliment de l'enfant reste le lait.
Les résultats d'une enquête conduite dans le
Nord-Est de la Thaïlande et relayés, en 2002, par Jacqueline Mondot
Bernard, du Centre de Développement de l'OCDE, indiquent des niveaux
caloriques très faibles pour les enfants de six mois à trois ans,
car il est probable que nombreux cas sont relevés parmi les cas dont le
régime consiste jusque, vers 18 mois uniquement, en une quantité
de lait maternel de plus en plus faible, puis en une ration inadéquate
d'aliments solides (riz principalement) (P. Tanang Tchouala, 2009).
2. Durée de l'intervalle inter
génésique précédent
La relation entre la malnutrition de l'enfant et l'intervalle
inter génésique précédent est théoriquement
appréhendée suivant deux hypothèses. La première
est l'effet dit de « compétition ». Lorsqu'un enfant est
né peu de temps après son aîné, on pense que tant
les ressources familiales que l'attention de la mère seront
partagées entre les deux jeunes enfants et que chacun d'eux en
souffrira, surtout le plus grand. La seconde hypothèse est celle de la
« carence ou déficience physiologique » de la mère. Une
mère qui tombe enceinte de nouveau avant que son corps ait eu le temps
de récupération nécessaire, accumule une déficience
physiologique qui peut affecter la croissance normale du nouveau foetus, le
prédisposant à des risques de maladie ou de mortalité, ou
encore à la malnutrition si, à son tour, cet enfant est suivi
prématurément d'un autre (P. Tanang Tchouala, 2009).
28
I.4.4.1.2.6 Schéma du cadre conceptuel
Facteurs environnementaux
Facteurs socioculturels
|
Facteurs socioéconomiques
|
|
Facteurs sociodémographiques des mères et des
enfants
Comportements de la mère en matière
de nutrition et de santé
Survenue de la Malnutrition chronique chez les enfants de
moins de 5 ans
30
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