III. LES TECHNIQUES DE PECHE TRADITIONNELLE
La CR de Madina, avec les eaux du fleuve Sénégal
et le Doué, ses marigots (Danéwol et Barangol) a toujours
été favorable au développement de la pêche.
3.1 Les anciennes techniques de pêche
Actuellement, la pêche continue à se
développé timidement et plusieurs techniques de pêche et
pratiques de gestion sont à l'origine d'une complicité entre le
« Thiouballo » et les eaux.
Ces instruments et techniques traditionnels (tableau 9),
fondés sur la connaissance de la biodiversité aquatique et du
cycle écologique de reproduction des poissons, sont toujours
d'actualité et permettent aux pécheurs de survivre et de capturer
beaucoup d'espèces de poissons. Dans les villages Soubalbés
(Souballo Madina, Arame, Siouré), la pêche occupe une bonne place
dans l'activité des ménages. Elle est une occupation
exclusivement masculine. Les femmes sont chargées de la
commercialisation et de la transformation (poisson séchés) des
ressources halieutiques.
Depuis, l'érection des deux barrages (Diama et
Manantali) la production est devenue très faible à causes des
déséquilibres écologiques du constat des riverains.
10 Les fleurs sont mangées
fraiches, ou comme condiment des sauces. Les feuilles ont une saveur
agréable et sont utilisées contre la constipation, elles ont des
propriétés vermifuges. Les écorces contiennent du tannin
efficace contre la diarrhée. Le fruit est consommé en confiture.
Les gousses et les graines écrasées sont employées comme
condiment. La racine serait aphrodisiaque. Le bois très dur et dense est
bon pour le charronnage, la construction ; il peut servir également
comme armature d'embarcation ou comme manches d'outils.
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Tableau 9 : Instruments et techniques de
pêche dans la CR de Madina Ndiathbé
Appareils de pêche
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Caractéristiques techniques
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Nombre de pécheurs
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Techniques de pêche
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Impacts écologiques
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Gubbol
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Grand filet de mailles étroites et larges
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10 à 20 personnes
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Pratiqué sur le fleuve Sénégal et le
Doué, le filet est retiré après 4 heures de mise en
eau.
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Pratique qui ravage les poissons mais interdit dans les lieux de
reproduction
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Thiambal
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Filets à mailles variables selon le type de poissons
recherché
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Une personne
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Filet fixé transversalement au cours d'eau, pendant 1
à 4 semaines, chaque jour le pécheur passe vérifier si le
piège a pris, relève le poisson et nettoie le filet.
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Ne prends pas tous les poissons. Mais peut détruire
l'habitat des poissons.
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Félé-félé
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Même
caractéristique que le Thiambal
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1 à 2 personnes
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Ce filet suit le courant d'eau que le pécheur ne perd pas
des yeux en pirogue et s'arrête aux croisements où le courant
change de direction.
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Est utilisé seulement pendant la période des hautes
eaux (crue) dans les fleuves et marigots.
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Mbaala (épervier)
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Les mailles sont variables
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1 à 2 personnes
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Une seule personne située sur la rive peut lancer
l'épervier
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Est utilisé surtout pendant la crue.
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Mbakkal
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Filet très long
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2 personnes
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Les deux personnes tiennent les extrémités de
chaque coté et survolent les eaux.
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Est pratiqué pendant la crue dans les marigots de faible
profondeur
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Dolingué
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Filet avec plusieurs hameçons 5 à 6 genres
variables
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1 personne
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L'engin est mis dans l'eau pendant plusieurs heures avant
d'être relevé.
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Utilisé en toute période
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Kotio-kotio
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Très petit filet
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1 personne
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Procédé qui consiste à émettre des
cris pour attirer les poissons, ou allumer une lumière.
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Utilisé pendant la crue mais peut déstabiliser le
milieu
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Source : Enquête de terrain, 2010
C'est pourquoi la pêche pendant l'hivernage dans les
cuvettes de décrue et les marigots est devenue le moment le plus
productif. (Encadré 2)
En outre, les eaux de crues remplies de nutriments sont plus
poissonneuses grâce au courant Est-Ouest, les poissons effectuent des
migrations latérales du lit mineur vers la plaine
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d'inondation pour y trouver des lieux propices à la
ponte (pendant le Déminaré les populations ont connaissances de
ces vents qui attirent les populations).
Encadré 2 :
Nous avons une bonne connaissance de notre milieu
hérités de nos ancêtres depuis des temps
immémoriaux. Chaque outil a ses raisons et ses spécifités.
Chaque milieu (Tiatgol, Mare, Marigots et fleuve) est favorable à une
espèce. Exemple les « Anondé » ne circulent qu'en
hiver. Et on utilise des « dolingué »dont la maille varie
entre 0 et 16 (plus le nombre est petit plus la maille est grande) en fonction
de nos besoins. Avant d'aller à la pêche on fait des incantations
et on ne revient jamais les mains vides.
Extrait de l'entretien avec Amadou Hamed Pam, chef de village
de Souballo Madina
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