3.2.2 Les contraintes
Dans la composante Qualité des produits et du
terroir, l'indicateur « démarche
qualité » est la principale cause de la mauvaise note
de la composante. La faiblesse de l'indicateur peut être expliquée
par le manque d'information par rapport aux caractéristiques
génétiques des produits et à leur qualité
nutritionnelle ou agroalimentaire. L'autre indicateur faible est «
gestion des plastiques ». Dans la zone
d'étude, les activités contre la prolifération des sachets
plastiques sont rares. Cependant avant le début de chaque hivernage, les
habitants organisent des activités de ramassage des déchets
plastiques pour rendre propre le territoire. C'est en effet la seule
activité menée pour la gestion des plastiques dans la zone. Et
La
37
massification des déchets plastiques et surtout des
sacs et sachets en plastiques est source de différents problèmes
:
? impacts sur la santé humaine
Les déchets comme les sachets contiennent
déjà de la matière recyclée et ne devraient donc
pas être utilisés comme emballages alimentaires surtout avec des
aliments chauds qui font fondre la matière plastique et la
mélange à l'aliment. Il peut se produire alors une intoxication
alimentaire. Dans d'autres mesures, la pratique de l'incinération des
déchets plastiques source d'émissions toxiques comme la dioxine
provoque des maladies cardiovasculaires, respiratoires et des cancers.
? impacts sur le cadre de vie
Les déchets plastiques dégradent
l'esthétique du cadre de vie avec la prolifération des sachets
plastiques généralement noir et blanc dans la nature. Ce qui peut
contribuer à donner une mauvaise image de la salubrité du
territoire aux yeux des étrangers.
Ils peuvent se fixer sur les fils électriques ou encore
engendrer l'obstruction des caniveaux facilitant la prolifération des
moustiques et des odeurs et provoquant ainsi des inondations.
Les sachets plastiques disséminés en milieu
rural et urbain peuvent facilement s'envoler et être projetés sur
les parebrises des véhicules réduisant ainsi la visibilité
des conducteurs ou conduire les automobilistes à une perte du
contrôle.
? impacts sur l'élevage
Les animaux les plus exposés aux plastiques sont
surtout des animaux domestiques qui sont généralement en
divagation et rencontrent des plastiques de tout genre (sachets, mèches
etc.). Les sachets plastiques sont spécifiquement dangereux pour les
ruminants, une fois avalé, le plastique reste dans la panse, bouchant la
digestion. L'animal maigrit et devient anémié et présente
un ventre gonflé signe de constipation. Cet état provoque chez
les ruminants une diminution de la production de lait et de viande entrainant
une baisse de sa valeur marchande.
? impacts sur l'agriculture
- la pollution visuelle des sols ;
- la diminution des espaces agricoles ;
- la réduction du taux d'infiltration et une augmentation
du ruissellement ;
- la baisse de rendement agricole ;
- la production de Polluants Organiques Persistants (dioxines
et furanes) lors d'un brûlage rapproché des espaces
cultivables;
- l'inhibition possible de la photosynthèse qui est
essentielle pour la production de matières
38
organiques utiles pour tous les êtres vivants (UEMOA,
2013).
La composante Emploi et services à
elle aussi obtenu une mauvaise note de durabilité. Cette faiblesse est
essentiellement due aux indicateurs « valorisation par
filières courtes », « service et
pluriactivités » et surtout «
contribution à l'emploi ». Pour le
premier, C'est la vente en circuit court qui rapproche producteurs et
consommateurs. Cela est très positif dans le sens où elle
favorise le dialogue et la solidarité, et renforce aussi
l'indépendance des producteurs vis-à-vis des grands
marchés. Mais dans le contexte local, la vente même de productions
agricoles est très rare voire même inexistante. La production est
essentiellement destinée à l'alimentation dans le ménage.
Et aussi aucune transformation de produits agricoles pour la vente n'est
notée. Les aléas climatiques, la pauvreté des sols et le
manque de moyens techniques, matériels et financiers sont les causes de
la baisse de la production agricole dans le terroir qui a influencé la
faiblesse de l'indicateur. Pour les services et pluriactivités, la
valorisation des activités extra agricoles connait beaucoup d'entraves
dans la zone. Il y existe peu d'activités de contre-saison et presque
aucunes initiatives pour la valorisation des produits agricoles
(multifonctionnalité de l'agriculture). Cet indicateur est très
pertinent dans le contexte local car il permet aux paysans de gagner des
revenus supplémentaires aux revenus de la production agricole. Ces
revenus peuvent leur permettre de se procurer par exemple des moyens
matériels pour faciliter le travail dans les champs et des intrants tels
que des semences et engrais de qualité favorisant ainsi une augmentation
de la production agricole. Quant au dernier, la contribution à l'emploi
qui, dans le volet social du développement durable occupe une place
importante, est l'une des principales entraves de la durabilité
socio-territoriale de la zone. Le nombre d'actifs dans les exploitations
agricoles est très faible et essentiellement composé de femmes et
d'enfants. En effet, les exploitations agricoles familiales se trouvent dans
l'incapacité de donner un niveau de vie satisfaisante à leurs
membres qui eux préfèrent partir dans les villes pour gagner leur
vie : c'est l'exode rural. Ce phénomène est aussi causé
par le fait que les élèves, une fois le CFEE obtenu, sont
obligés de quitter le village (qui n'a seulement qu'une école
élémentaire) pour continuer leurs études. Donc
améliorer cet indicateur, c'est en quelques sortes mettre un obstacle
à l'avancé de ce phénomène qui est l'un des
principaux soucis des pays sous-développés d'Afrique
occidentale.
Dans la dernière composante de l'échelle
socio-territoriale Ethique et développement humain,
trois indicateurs méritent d'être améliorés.
L'indicateur « contribution à l'équilibre
alimentaire mondial » est très pertinent dans le
contexte local car il permet de mesurer la dépendance de l'exploitation
agricole vis à vis du marché mondial et pour cela on utilise
le
39
bilan céréalier. Ainsi dans l'évaluation,
on cherche à savoir si le ménage est capable de se nourrir
seulement des produits issus de son exploitation. Cependant, l'indicateur est
très faible dans la zone d'étude pour presque toutes les
exploitations de l'échantillon. L'essentiel des produits agricoles
consommés ne figurent pas dans l'assolement des exploitations et on note
un déficit céréalier important. Par conséquent, les
ménages sont obligés d'importer ces produits et se retrouver dans
la dépendance du marché mondial. Cela est principalement dû
à la baisse de la production agricole et le changement des habitudes
alimentaires. L'indicateur « formation »
qui permet de renforcer la capacité des membres de l'exploitation
agricole, mérite également une amélioration. Ainsi dans le
contexte local, on note un manque cruel de formation principalement dans le
domaine agricole. Le renforcement des capacités permet une meilleure
gestion, une bonne adaptation et intégration des activités de
développement du territoire pour les membres du ménage. Et enfin,
l'indicateur « intensité de travail »,
autoévalué par les agricultures qui
déclarent que l'absence de moyens matériels adéquats, la
pauvreté des sols et surtout la difficulté d'accès aux
intrants ne permettent pas un épanouissement dans le travail au champ.
Ceux-là augmentent le nombre d'heures de travail et la réduction
des jours de repos.
Dans l'analyse de la durabilité des sous-groupes, les
exploitations les plus faiblement notées sont celles des sous-groupes PE
à forte main d'oeuvre et ME à forte main d'oeuvre qui
représentent dix-neuf (19) des vingt-trois
(23) exploitations de l'échantillon. Les indicateurs
responsables de cette faiblesse sont surtout « démarche
qualité », « contribution à
l'emploi » et « contribution à
l'équilibre alimentaire mondiale ». En effet, la
faiblesse de la superficie agricole des exploitations combinées à
un nombre d'actifs élevé, c'est-à-dire une population plus
importante malgré l'insuffisance de terre agricole entrainent une baisse
de la contribution à l'emploi à cause d'un faible accès
à la terre. Dans ce cas, la couverture céréalière
sera beaucoup plus grande et par conséquent les importations seront
importantes en cas de déficit. Ce qui permet de déduire que la
faiblesse de la superficie agricole par rapport à la population de
l'exploitation (pression démographique) affaiblit la durabilité
socio territoriale.
|