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Connaissances, attitudes et pratiques des étudiants de la ville de Bukavu en matière d'interruption volontaire de la grossesse. Cas des institutions d'enseignements supérieurs du secteur public.


par Elysée Kabundi Sango
Institut Superieur de Management/Bukavu  - Licence en Sciences et Techniques de Développement 2020
  

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Abstract

In the majority of African countries, voluntary interruption of pregnancy (abortion) is subject to such strict conditions that clandestine abortion remains the rule, with all the dramatic public health consequences that this implies. This is why we wanted to conduct a study on the knowledge, attitudes and practices of abortion among students in public sector higher education institutions in the city of Bukavu in South Kivu, DRC.

The objective of this study was to contribute to the improvement of sexual and reproductive health among students by assessing their level of knowledge, attitudes and practices regarding abortion.

As a cross-cutting project, it included 384 students from public sector higher education institutions in the city of Bukavu for a period of one calendar year.

Generally most of the students included in the study were from UOB (32.3%), followed by those from ISP (20.1%), ISTM (19.3%), ISDR (14.6%), ISC (11.5%), ISAM (1.8%) and ISPT (0.5%). They were mostly from the graduation cycle, (more than 60%) with a single marital status (94.53%). Girls represent 53.39% and boys 46.61%. Most of them were between 20 and 25 years old (72.1%).

Next, it should be noted that, on average, 24,93% of students have a good knowledge of abortion; 31,81% have a good attitude toward abortion and 19,77% have a good practice in abortion. However, these results are less than < 50%, which means that students in public sector higher education institutions in Bukavu have a poor knowledge, attitude and practice with regard to abortion. Finally, certain factors were significantly associated with young people's knowledge, attitude and practice regarding abortion:

Students' knowledge of abortion was significantly related to age, level of education, marital status, parents' level of education, mother's profession, parents' religion, the availability of sex education in institutions, the level of SRH dialogue between parents and children, the knowledge of a teacher trained in abortion and the involvement of the authorities in abortion (p<0.05). Students' attitudes about abortion depend significantly on age, level of education, marital status, father's level of education, parents' religion, the fact that abortion is spoken about openly in churches, the popularization of sex education in institutions, knowledge of a teacher trained in abortion and the involvement of the authorities in abortion (p<0.05). The practice of abortion depends on age, sex, religion, mother's education level, father's profession, parents' religion, whether abortions are spoken about openly in churches, knowledge of risk behaviour, poor knowledge and practice (p<0.05).

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I. INTRODUCTION

I.1. Problématique

La santé de la reproduction est une priorité aussi bien dans les pays du Sud que dans les pays du Nord. Le souci de la santé maternelle a été l'objet de plusieurs assises internationales et a donné naissance à de nombreux programmes et Organisation Non Gouvernementale (ONG) dans le monde entier. C'est dans ce cadre que l'Initiative mondiale pour une maternité sans risque a été lancée en 1987 lors de la conférence internationale de Nairobi. Assurer la santé maternelle est le cinquième des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et le troisième des Objectifs de Développement Durables (ODD) des Nations Unies.

Nombreux sont les chercheurs qui ont travaillé sur la thématique de la santé de la reproduction. Les résultats des différents travaux menés sur le sujet, ont montré que la santé maternelle dépend de plusieurs facteurs, dont la qualité des soins de santé, le suivi des femmes en grossesse, l'intervalle inter génésique, l'avortement, etc. Parlant de ces facteurs, « l'avortement est sans aucun doute considéré comme un sujet d'importance mineur dans le débat concernant la façon de réduire le taux de décès suite à des causes liées à la grossesse, même si les complications d'avortement représentent environ 15 % de tous les décès maternels et s'élèvent même à 30 % dans certains pays ». (Thonneau, 2001).

Depuis que le monde est monde, la femme tombe enceinte, mais elle tombe aussi enceinte quand elle ne le souhaite pas. Les progrès de la contraception ont réduit le nombre de grossesses non désirés, mais ils ne l'ont pas supprimé. En République Démocratique du Congo (RDC) 19% des femmes utilisaient au moment du Deuxième Enquête sur la Démographie et de Santé (EDS-RDC II 2013-2014) une méthode contraceptive ; Mais on peut tomber enceinte avec une contraception fiable et utiliser correctement. Aucune contraception n'est fiable à 100% ! Il y a même des échecs de stérilisation par ligature des trompes. Aussi, selon (EDS-RDC II 2013-2014) pour les femmes âgées de 25-49 ans, l'âge médian aux premiers rapports sexuels est estimé à 16,8 ans, soit 1,2 ans avant l'âge majeur (18 ans). Ainsi, chez les femmes congolaises, l'âge médian aux premiers rapports sexuels est antérieur à l'âge d'accès à l'université, cela quel que soit la caractéristique sociodémographique considérée (MPSMRM, 2014). Ceci augmente le risque d'une grossesse pendant la période pré-universitaire. « À l'échelle mondiale, environ 41 % des grossesses ne sont pas désirées. Cela signifie que chaque année, près de 85 millions de femmes sont enceinte alors qu'elles ne le désirent pas » (Gold, 2015). En RDC la violence sexuelle augmente encore plus le risque d'une grossesse non désiré, Selon la revue annuelle 2019 du programme de la santé de la reproduction 7076 femmes ont été victime de la violence sexuelle dans la province du Sud Kivu dont 2596 ont eu accès au Kit PEP soit 36,69% des victimes.

Par conséquent, les grossesses non planifiées aboutissent soit à une naissance non désirée, soit à un avortement provoqué. « L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à 36 avortements pour 1000 femmes de 15-44 ans en Afrique de l'Est » (Basinga, 2012).

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Pour des raisons allant des droits humains à la religion, l'avortement entraîne plus de désaccords politiques et sociaux que presque tous les autres sujets. Cela reste un problème particulièrement complexe et émotif dans beaucoup de pays, parfois sans aucune place laissée à un débat équilibré.

Dans la majorité des pays d'Afrique, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est soumise à des conditions tellement strictes que l'avortement clandestin demeure la règle. Avec toutes les conséquences dramatiques sur la santé publique que cela implique, l'avortement provoqué a été et demeure un problème de santé publique considérable dans le monde entier ; ceci a été reconnu lors de la conférence internationale sur la population et développement du Caire en 1994.

D'Après OMS, de 2010 à 2014 les avortements à risque étaient de l'ordre de 25 millions par an, dont un tiers, soit 8 millions approximativement, étaient pratiqués dans les pires conditions de sécurité par des personnes incompétentes ayant recours à des méthodes dangereuses et invasives.

Toujours selon l'OMS, les avortements non sécurisés entraînent plus de 7 millions de complications. Dans les régions développées, on estime que pour 100 000 avortements à risque, 30 femmes meurent. Ce chiffre atteint 220 décès pour 100 000 avortements à risque dans les pays en développement et 520 décès en Afrique subsaharienne. La mortalité due aux avortements à risque pèse de manière disproportionnée sur les femmes en Afrique, alors que ce continent comptabilise 29% de tous les avortements à risque et c'est 62% des décès qui leur sont imputables.

« Un avortement provoqué illégalement est souvent à risque. Au Rwanda, on estime que 40% des avortements clandestins aboutissent aux complications nécessitant un traitement dans un établissement de santé. Malheureusement, un tiers des femmes souffrant de ces complications ne reçoivent pas de traitement, et celles-ci sont particulièrement susceptibles de subir des conséquences graves »(Basinga et al., 2012).

Parlant de l'avortement dans la pratique en RDC, « malgré l'interdiction légale de l'avortement, celui-ci est largement pratiqué. Du fait de l'illégalité, presque tous les avortements sont réalisés dans la clandestinité et les complications incluant le décès, sont courantes. Cependant, il n'existe pas de statistiques ou de données fiables (officielles) sur la fréquence de l'avortement non médicalisé dans le pays, sur la manière dont il est pratiqué et sur la gravité de ses complications. De même, il n'y a que très peu d'information sur les caractéristiques des femmes qui ont un avortement non médicalisé ». (CGND, 2018).

Il faut donc recourir à des données « indirectes » (nombre de femmes hospitalisées pour des suites d'avortement - spontané ou provoqué - et les séquelles de ces avortements) qui sont aussi difficile d'accès vu le poids de la législation en vigueur. « En RDC, les statistiques indiquent 846 décès pour 100.000 naissances vivantes, soit 3 femmes qui meurent chaque heure et les avortements à risques représentent la deuxième cause de mortalité maternelle dans le pays » (CGND, Rapport sur la conférence organisée le 28 Septembre 2018 au Pullman Hotel sur la problèmetique des grossesses nondésirées et avortements à risques, 2018). En 2019, Selon

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le rapport de présentation de la revue annuelle du programme de santé de la reproduction, la province du Sud Kivu a enregistré 284 décès maternels dont 155 dans les structures sanitaires et 129 dans la communauté ; mais les causes de décès surtout communautaires ne sont pas documentés. Néanmoins selon la même source, 5043 avortement ont été enregistrés dans la province dont 4616 avortements spontanés et 427 avortements provoqués soit 8,5% du total des avortements. Cette source renseignent aussi que 123 sur les 427 avortements provoqués été enregistrés dans les trois zones de santés de la ville de Bukavu, soit 28,8% des avortements provoqués dans la province.

Au final, le débat sur la question ne semble porté que par des ONG. "Interdire l'avortement ne l'empêche pas, explique une chercheuse pour le Centre population et développement (CEPED). Les femmes continueront d'avorter de façon clandestine. La seule différence, c'est qu'il y a celles qui ont les moyens d'aller dans des cliniques privées, et celles qui vont mettre leur vie en danger." La quasi-totalité des complications et des décès liés à un avortement à risque peuvent être évités en ayant accès à des services d'avortement sécurisé.

Parlant d'accès aux services de la santé sexuelle et de la reproduction, la revue annuelle 2019 du programme de Santé de la reproduction au Sud Kivu renseignent un taux d'utilisation par les jeunes de 10-24 ans de service d'information sur la santé sexuelle et reproductive de 10% dans la province avec un minima de 0,9% et maxima de 22,1%. Ceci montre combien les jeunes ne sont pas informées sur la santé sexuelle et reproductive.

Les informations issues de ces quelques enquêtes et études montrent clairement l'existence d'un recours à l'avortement provoqué dans le monde en général et en République Démocratique du Congo (RDC) en particulier. Il importe donc d'en évaluer le niveau de connaissance, de déterminer les pratiques et les différentes attitudes en rapport avec ce phénomène surtout en milieu estudiantin. La présente étude s'inscrit dans cette perspective. Il est aussi à constater que peu d'étude ont été réalisés sur la problématique de IVG en milieu estudiantin dans la ville de Bukavu en général et à l'Institut Supérieur de management (ISM) en particulier.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry