Cadre institutionnel, aide publique au développement et développement socioéconomique et politique en Haïti de 2000 à 2011.par Smith PAUL Université d'état d'Haïti - Licence en Administration Publique 2020 |
CHAPITRE VGOUVERNANCE ET DEVELOPPEMENT SOCIOECONOMIQUE ET
POLITIQUE
|
Haïti |
Rep Dominicaine |
Trinidad |
|
Années |
Valeur |
||
2000 |
2,90 |
2,30 |
1,00 |
2001 |
2,80 |
2,30 |
1,00 |
2002 |
2,60 |
2,20 |
1,00 |
2003 |
2,50 |
2,00 |
1,10 |
2004 |
2.40 |
1,90 |
1,10 |
2005 |
2,40 |
1,80 |
1,10 |
2006 |
2,30 |
1,70 |
1,20 |
2007 |
2,30 |
1,50 |
1,20 |
2008 |
2,30 |
1,40 |
1,20 |
2009 |
2,30 |
1,40 |
1,20 |
2010 |
2,20 |
1,30 |
1,20 |
2011 |
2,20 |
1,20 |
1,20 |
92
Haïti est certes, comme on peut le lire dans le Cadre du développement durable (2017), le pays le plus touché par l'épidémie du VIH dans les Caraïbes, avec une prévalence de 2,2 % chez les adultes de 15-49 ans.
Toujours selon le document de la stratégie intérimaire (2004), la mortalité des enfants infantile est de 76 pour 1000 ; la mortalité maternelle, de 523 pour 100,000 ; seulement 28% de la population ont accès aux installations sanitaires. Moins de la moitié de la population a accès aux services de santé et la qualité est généralement mauvaise. Trente pour cent seulement des institutions de santé sont publiques et la majorité de ces institutions se trouvent en milieu urbain. Les ONG fournissent 70% des soins de santé en milieu rural et la capacité de supervision et de coordination du MSPP est faible.
La prestation de services est souvent entravée par la rareté des médicaments et des équipements essentiels. Cette situation traduit l'état de dénuement du système de santé assuré à la fois par les secteurs public et privé. Globalement, les établissements du secteur public assurent 30% des services ; le secteur privé à but non lucratif (ONG), 30% ; les institutions à but lucratif ,10%. Les autres 30% sont fournis par un secteur hybride (exploité par le secteur privé, mais partiellement financé par des fonds publics).
Ces insuffisances en matière de santé et de nutrition font gravement obstacles aux efforts de développement et de croissance. Or, seule une population saine et bien nourrie peut se montrer à la hauteur des défis du développement économique et social d'Haïti. Une bonne santé exige une bonne nutrition et un régime alimentaire approprié a des effets positifs directs sur la capacité intellectuelle.
En en corollaire, l'Esperance de vie est loin de révéler satisfaisante compte tenu des autres pays voisins, comme le montre le tableau suivant :
93
Tableau 14 : espérance de Vie en Haïti de 2000 à 2011
Années |
Valeurs |
2000 |
57,72 |
2001 |
57,97 |
2002 |
58,24 |
2003 |
58,53 |
2004 |
58,86 |
2005 |
59,22 |
2006 |
59,61 |
2007 |
60,02 |
2008 |
60,45 |
2009 |
60,88 |
2010 |
61,30 |
2011 |
61,70 |
Source : Perspective Monde/ http : www.perspective.usherbrooke.ca , consultée le 2-12-18. 5.1.2 le niveau d'instruction
Dans la constitution de 1987, il est écrit très clairement que l'enseignement primaire est gratuit et obligatoire98. D'autre part l'engagement de l'Etat Haïtien à la prise en Charge éducative des enfants d'Age scolarisable fait partie d'un ensemble de mesures relatives aux OMD, élaborée en 1990 et ratifie en 2000 par l'assemblée générale des Nations Unies (François P. E., 2010). Pourtant dans les faits, ils sont nombreux les enfants qui atteignent l'âge d'aller à l'école et n'ont pas d'accès. Et le taux d'analphabétisme s'accroit : 49 %, en 2003, selon IHSI. « La situation de l'éducation en Haïti, confrontée à de nombreux problèmes sociaux, politiques, économiques et techniques, est dominée par un taux élevé d'analphabétisme et un nombre
98 En effet, les Article 32.1 et 32 se lisent respectivement : « L'éducation est une charge de l'Etat et des collectivités territoriales. Ils doivent mettre l'école gratuitement à la portée de tous, veiller au niveau de formation des Enseignements des secteurs public et privé. » « Article 32.3 L'enseignement primaire est obligatoire sous peine de sanctions à déterminer par la loi. Les fournitures classiques et le matériel didactique seront mis gratuitement par l'Etat à la disposition des élèves au niveau de l'enseignement primaire. »
94
important de déperdition scolaire. Il est de bon ton d'imputer cette situation non seulement à la pauvreté économique et au rachitisme des conditions matérielles et physiques de l'école haïtienne, mais aussi à un ensemble d'autres facteurs internes au système99 ».
Si depuis l'adoption de l'éducation pour tous comme base de l'égalité des chances et pour combattre la pauvreté est une politique mondiale, en Haïti, cette politique n'est pas atterrie. Dans les faits, le système d'éducation haïtien souffre d'une double carence : plus de 40% des enfants ne sont pas scolarisés et la qualité de l'enseignement est médiocre. En outre, plus de 75% des enfants scolarisés le sont dans le privé (ibid., p.31)
Dans l'absence ou la faiblesse de l'Etat en matière de politique éducative, la population qui n'a pas de moyens se conformément dans le privé. Et on assiste à une multiplication d'écoles dites « borlettes » dans le système. Le MENFP a écrit : « L'enseignement fondamental 1er et 2eme cycles compte 2, 210,221 élèves dont 1, 090,027 filles et 1, 120,193 garçons. Le secteur public accueille 22.02% de ces élèves (soit 486,620 élèves) contre 77.98% (soit 1, 723,601)100 » pour le secteur non public. Pour d'autres auteurs comme A. Joint (2008), 83% des écoles du pays sont privées et seulement 17% sont publiques. Et ces écoles répondent notamment à la réalité socio-économique de la population. Et une distinction s'est alors vite fait remarquée entre les types d'écoles et la qualité de formation donnée tenant compte des ressources disponibles.
Une autre lacune socioéducative que le système confronte c'est l'inégalité en matière d'éducation selon le sexe et le milieu de résidence. L'instruction de la population et surtout celle des femmes est un élément important pour l'amélioration des conditions de vie des ménages (EMMUS IV, 2006) et aussi un élément important pour la croissance d'une économie en démarrage (HAMZAOUI Besma et KERTOUS Macila, 2014), l'inégalité en matière d'instruction peut nous expliquer pourquoi la croissance tend plutôt à se stagner ou à se décroitre. Les résultats selon le niveau d'instruction montrent que 20 % des femmes et 16 % des hommes n'ont aucune instruction. (EMMUS III). On constate des écarts importants entre le milieu urbain et le milieu rural aussi bien pour les femmes que pour les hommes. En effet, parmi les femmes du milieu rural, 34 % n'ont aucune instruction contre 14 % en milieu urbain ; chez les hommes, ces proportions sont respectivement de 26 % et de 8 %. En outre, en urbain, les proportions de femmes ayant atteint un niveau secondaire ou plus sont de 46 % et de 54 % pour les hommes contre respectivement 20 % et 21 % en milieu rural. (EMMUS IV).
99 Voir Haïti et l'après Duvalier : continuités et ruptures, page 319, Hector et Jadote, 1991
100 Tiré dans : MENFP, DPCE, recensement scolaire 2010-2011
95
L'offre scolaire est inadéquate à tous les niveaux d'enseignement. Mais la situation est particulièrement critique en milieu rural. On compte 23 sections communales qui n'ont aucune écoles et 145 qui n'ont pas d'écoles publiques. Etant 570 sections à l'époque, 425 sections communales n'ont que d'écoles privées. D'où la privatisation de l'enseignement en Haïti.
Pour Joint, Les inégalités socio-éducatives se manifestent surtout dans les différents types d'écoles publiques et privées, dans la séparation des populations scolarisées et non scolarisées. Essayons de comprendre davantage ces inégalités101.
Tableau 15 : Analphabétisme/ Accès à l'école/ Niveau d'étude
Port-au-Prince |
Autres villes |
Milieu rural |
Ensemble |
|
Analphabétisme |
18 % |
28,2 % |
61,8 % |
45,9 % |
Population de plus de 6 ans n'étant jamais allée à l'école |
11 % |
17,6 % |
42,2 % |
31,5 % |
Raisons de la non-fréquentation de l'école |
||||
Prix trop élevé |
24,4 % |
13,3 % |
21,6 % |
21,2 % |
Manque de motivation |
9,2 % |
11,3 % |
11,2 % |
11 % |
Niveau d'étude de 6-24 ans |
||||
Aucun niveau |
4,4 % |
4,6 % |
9,7 % |
7,4 % |
Primaire |
47,6 % |
53,5 % |
70,7 % |
61,1 % |
Secondaire |
46,4 % |
40,9 % |
19,5 % |
30,9 % |
Supérieur |
1,6 % |
1 % |
0,1 % |
0,6 % |
Source : BAGGIONI-LOPEZ, Nadine, Haïti : Histoire, géographie et enseignement, p109.
En ce qui a trait à la formation supérieure, l'Etat se s'impose presque pas. Officiellement, jusqu'en juillet 2006, il n'y a eu aucune autre institution publique que l'UEH que ne pouvait même pas accueillir 10 pour cent du flux d'élevés ayant achevé leur bac. Le 30 juillet 2006, le ministre d'éducation nationale, Gabriel B.-A. fait sortir un circulaire dans lequel le ministère
101 JOINT Auguste, Système éducatif et inégalités sociales en Haïti, Recherches, 17 décembre 2008, p20.
96
créé les UPR102. Et, de 2006 à 2011, trois universités publiques ont pris naissance.103 Il faut que ces UPR qui font face à de sérieux problèmes sont loin de répondre aux besoins de la population. Non seulement en termes de financement leurs bourses sont légères, et avec un maigre financement les défis d'acquisition d'espace ainsi que de matériels sont difficile mais aussi avec ce flux d'élèves qui augment graduellement, « cette situation dramatique est en train de se transformer en duel104 ». Et comme retombées, elles enregistrent de temps à autres des moments de crises, de grèves qui ont même perduré tout au long d'une session.