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Cadre institutionnel, aide publique au développement et développement socioéconomique et politique en Haïti de 2000 à  2011.


par Smith PAUL
Université d'état d'Haïti - Licence en Administration Publique  2020
  

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CHAPITRE V

GOUVERNANCE ET DEVELOPPEMENT SOCIOECONOMIQUE ET POLITIQUE
EN HAÏTI DE 2000 à 2011

Comme nous l'avons mentionné dans notre introduction (voir page), le développement qui se définit pour B. Billaudot (2004) comme étant l'ensemble des changements économiques, sociaux, techniques, et institutionnels liés à l'augmentation du niveau de vie résultant des mutations techniques et organisationnelles issues de la révolution industrielle du 18ème siècle est le cheval de Troie du monde occidental. Toutes les activités de progrès socio-économiques, technologiques, culturels et scientifiques s'inscrivent dans ce paradigme développementiste. Si dans les années d'après la guerre (de 1945) le développement était corrélé directement avec la croissance économique, après 1980, la gouvernance se range au coeur du processus, si bien que la communauté internationale a fait d'elle une condition sine qua non avec l'octroi de l'aide car pour eux, « une bonne gouvernance et des institutions solides et responsables sont des conditions essentielles pour réduire la pauvreté et influer sur le développement » (Banque Mondiale, Juin 2016).

C'est dans ce même sens que nous allons analyser le développement d'Haïti au cours de la période 2000 à 2011, après avoir vu dans le chapitre précèdent que l'aide publique au développement allouée à Haïti au cours de la période 2000 à 2011 a été l'objet d'une mauvaise gestion. Comme l'aide est accordée pour favoriser le développement, nous allons analyser dans quelle mesure ce développement a-t-il été réalisé. Pour ce faire, nous allons utiliser les six (6) indicateurs émis par la BM (voir D. Bakkour, 2013) pour tester la bonne gouvernance ainsi que les indicateurs de développement (émis par les institutions de développement des Nations Unies) comme le PIB, le PNB, l'IDH, ISDH et l' indicateur de la participation des femmes (IPF), l'Indice de Pauvreté Humaine (IPH), L' indicateur synthétique des libertés politiques (ILP). Nous allons regrouper ces indicateurs autour de trois catégories : d'abord social, ensuite économique et enfin politique. Nous aimerions aussi passer à pied joint sur l'environnement.

5.1 Le développement social

Afin d'analyser le dé2veloppement social en Haïti au cours de la période 2000 à 2011, nous allons tenir compte des facteurs de l'IDH ainsi que l'IPF, la santé et le logement social. L'Indicateur de développement humain (IDH), bien que rudimentaire, est certainement le plus célèbre. Il est constitué de la moyenne de trois indicateurs permettant chacun de classer les pays sur une échelle de 0 à 1 : l'indice du PIB par habitant (exprimé en parités de pouvoir d'achat), l'indice de l'espérance de vie à la naissance, et l'indice du niveau d'instruction (mesuré par un

Source : Perspective monde [online], université de Sherbrooke, consultée le 2 décembre 2018.

91

indicateur alliant pour deux tiers le taux d'alphabétisation des adultes et pour un tiers le taux de scolarisation)

5.1.1 Situation sanitaire et Esperance de vie

Les données disponibles pour la situation de la santé en Haïti au cours de la période étudiée ne nous permettent pas de peindre un tableau intéressant. En effet, si on considère les paramètres tels nutrition, la santé de la mère pendant la grossesse, les épidémies, le paludisme ou encore une endémie comme le Sida, nous constatons que la situation est lamentable. L'accès aux services sanitaires améliorés est réservé à une très faible portion de la population haïtienne, soit 16% en milieu rural et 50% en milieu urbain alors qu'en Amérique Centrale et dans la Caraïbe ces pourcentages s'élèvent en moyenne à 49% et 86% respectivement (CCI, 2004). Si l'on compare même le taux de prévalence du pays à celui de la République dominicaine, ou la Trinidad on constaterait une énorme différence.

Tableau 13 : Taux de prévalence du SIDA en Haïti de 2000 à 2011

 

Haïti

Rep Dominicaine

Trinidad

Années

Valeur

2000

2,90

2,30

1,00

2001

2,80

2,30

1,00

2002

2,60

2,20

1,00

2003

2,50

2,00

1,10

2004

2.40

1,90

1,10

2005

2,40

1,80

1,10

2006

2,30

1,70

1,20

2007

2,30

1,50

1,20

2008

2,30

1,40

1,20

2009

2,30

1,40

1,20

2010

2,20

1,30

1,20

2011

2,20

1,20

1,20

92

Haïti est certes, comme on peut le lire dans le Cadre du développement durable (2017), le pays le plus touché par l'épidémie du VIH dans les Caraïbes, avec une prévalence de 2,2 % chez les adultes de 15-49 ans.

Toujours selon le document de la stratégie intérimaire (2004), la mortalité des enfants infantile est de 76 pour 1000 ; la mortalité maternelle, de 523 pour 100,000 ; seulement 28% de la population ont accès aux installations sanitaires. Moins de la moitié de la population a accès aux services de santé et la qualité est généralement mauvaise. Trente pour cent seulement des institutions de santé sont publiques et la majorité de ces institutions se trouvent en milieu urbain. Les ONG fournissent 70% des soins de santé en milieu rural et la capacité de supervision et de coordination du MSPP est faible.

La prestation de services est souvent entravée par la rareté des médicaments et des équipements essentiels. Cette situation traduit l'état de dénuement du système de santé assuré à la fois par les secteurs public et privé. Globalement, les établissements du secteur public assurent 30% des services ; le secteur privé à but non lucratif (ONG), 30% ; les institutions à but lucratif ,10%. Les autres 30% sont fournis par un secteur hybride (exploité par le secteur privé, mais partiellement financé par des fonds publics).

Ces insuffisances en matière de santé et de nutrition font gravement obstacles aux efforts de développement et de croissance. Or, seule une population saine et bien nourrie peut se montrer à la hauteur des défis du développement économique et social d'Haïti. Une bonne santé exige une bonne nutrition et un régime alimentaire approprié a des effets positifs directs sur la capacité intellectuelle.

En en corollaire, l'Esperance de vie est loin de révéler satisfaisante compte tenu des autres pays voisins, comme le montre le tableau suivant :

93

Tableau 14 : espérance de Vie en Haïti de 2000 à 2011

Années

Valeurs

2000

57,72

2001

57,97

2002

58,24

2003

58,53

2004

58,86

2005

59,22

2006

59,61

2007

60,02

2008

60,45

2009

60,88

2010

61,30

2011

61,70

Source : Perspective Monde/ http : www.perspective.usherbrooke.ca , consultée le 2-12-18. 5.1.2 le niveau d'instruction

Dans la constitution de 1987, il est écrit très clairement que l'enseignement primaire est gratuit et obligatoire98. D'autre part l'engagement de l'Etat Haïtien à la prise en Charge éducative des enfants d'Age scolarisable fait partie d'un ensemble de mesures relatives aux OMD, élaborée en 1990 et ratifie en 2000 par l'assemblée générale des Nations Unies (François P. E., 2010). Pourtant dans les faits, ils sont nombreux les enfants qui atteignent l'âge d'aller à l'école et n'ont pas d'accès. Et le taux d'analphabétisme s'accroit : 49 %, en 2003, selon IHSI. « La situation de l'éducation en Haïti, confrontée à de nombreux problèmes sociaux, politiques, économiques et techniques, est dominée par un taux élevé d'analphabétisme et un nombre

98 En effet, les Article 32.1 et 32 se lisent respectivement : « L'éducation est une charge de l'Etat et des collectivités territoriales. Ils doivent mettre l'école gratuitement à la portée de tous, veiller au niveau de formation des Enseignements des secteurs public et privé. » « Article 32.3 L'enseignement primaire est obligatoire sous peine de sanctions à déterminer par la loi. Les fournitures classiques et le matériel didactique seront mis gratuitement par l'Etat à la disposition des élèves au niveau de l'enseignement primaire. »

94

important de déperdition scolaire. Il est de bon ton d'imputer cette situation non seulement à la pauvreté économique et au rachitisme des conditions matérielles et physiques de l'école haïtienne, mais aussi à un ensemble d'autres facteurs internes au système99 ».

Si depuis l'adoption de l'éducation pour tous comme base de l'égalité des chances et pour combattre la pauvreté est une politique mondiale, en Haïti, cette politique n'est pas atterrie. Dans les faits, le système d'éducation haïtien souffre d'une double carence : plus de 40% des enfants ne sont pas scolarisés et la qualité de l'enseignement est médiocre. En outre, plus de 75% des enfants scolarisés le sont dans le privé (ibid., p.31)

Dans l'absence ou la faiblesse de l'Etat en matière de politique éducative, la population qui n'a pas de moyens se conformément dans le privé. Et on assiste à une multiplication d'écoles dites « borlettes » dans le système. Le MENFP a écrit : « L'enseignement fondamental 1er et 2eme cycles compte 2, 210,221 élèves dont 1, 090,027 filles et 1, 120,193 garçons. Le secteur public accueille 22.02% de ces élèves (soit 486,620 élèves) contre 77.98% (soit 1, 723,601)100 » pour le secteur non public. Pour d'autres auteurs comme A. Joint (2008), 83% des écoles du pays sont privées et seulement 17% sont publiques. Et ces écoles répondent notamment à la réalité socio-économique de la population. Et une distinction s'est alors vite fait remarquée entre les types d'écoles et la qualité de formation donnée tenant compte des ressources disponibles.

Une autre lacune socioéducative que le système confronte c'est l'inégalité en matière d'éducation selon le sexe et le milieu de résidence. L'instruction de la population et surtout celle des femmes est un élément important pour l'amélioration des conditions de vie des ménages (EMMUS IV, 2006) et aussi un élément important pour la croissance d'une économie en démarrage (HAMZAOUI Besma et KERTOUS Macila, 2014), l'inégalité en matière d'instruction peut nous expliquer pourquoi la croissance tend plutôt à se stagner ou à se décroitre. Les résultats selon le niveau d'instruction montrent que 20 % des femmes et 16 % des hommes n'ont aucune instruction. (EMMUS III). On constate des écarts importants entre le milieu urbain et le milieu rural aussi bien pour les femmes que pour les hommes. En effet, parmi les femmes du milieu rural, 34 % n'ont aucune instruction contre 14 % en milieu urbain ; chez les hommes, ces proportions sont respectivement de 26 % et de 8 %. En outre, en urbain, les proportions de femmes ayant atteint un niveau secondaire ou plus sont de 46 % et de 54 % pour les hommes contre respectivement 20 % et 21 % en milieu rural. (EMMUS IV).

99 Voir Haïti et l'après Duvalier : continuités et ruptures, page 319, Hector et Jadote, 1991

100 Tiré dans : MENFP, DPCE, recensement scolaire 2010-2011

95

L'offre scolaire est inadéquate à tous les niveaux d'enseignement. Mais la situation est particulièrement critique en milieu rural. On compte 23 sections communales qui n'ont aucune écoles et 145 qui n'ont pas d'écoles publiques. Etant 570 sections à l'époque, 425 sections communales n'ont que d'écoles privées. D'où la privatisation de l'enseignement en Haïti.

Pour Joint, Les inégalités socio-éducatives se manifestent surtout dans les différents types d'écoles publiques et privées, dans la séparation des populations scolarisées et non scolarisées. Essayons de comprendre davantage ces inégalités101.

Tableau 15 : Analphabétisme/ Accès à l'école/ Niveau d'étude

 

Port-au-Prince

Autres villes

Milieu rural

Ensemble

Analphabétisme

18 %

28,2 %

61,8 %

45,9 %

Population de plus de 6 ans n'étant jamais allée à l'école

11 %

17,6 %

42,2 %

31,5 %

Raisons de la non-fréquentation de l'école

Prix trop élevé

24,4 %

13,3 %

21,6 %

21,2 %

Manque de motivation

9,2 %

11,3 %

11,2 %

11 %

Niveau d'étude de 6-24 ans

Aucun niveau

4,4 %

4,6 %

9,7 %

7,4 %

Primaire

47,6 %

53,5 %

70,7 %

61,1 %

Secondaire

46,4 %

40,9 %

19,5 %

30,9 %

Supérieur

1,6 %

1 %

0,1 %

0,6 %

Source : BAGGIONI-LOPEZ, Nadine, Haïti : Histoire, géographie et enseignement, p109.

En ce qui a trait à la formation supérieure, l'Etat se s'impose presque pas. Officiellement, jusqu'en juillet 2006, il n'y a eu aucune autre institution publique que l'UEH que ne pouvait même pas accueillir 10 pour cent du flux d'élevés ayant achevé leur bac. Le 30 juillet 2006, le ministre d'éducation nationale, Gabriel B.-A. fait sortir un circulaire dans lequel le ministère

101 JOINT Auguste, Système éducatif et inégalités sociales en Haïti, Recherches, 17 décembre 2008, p20.

96

créé les UPR102. Et, de 2006 à 2011, trois universités publiques ont pris naissance.103 Il faut que ces UPR qui font face à de sérieux problèmes sont loin de répondre aux besoins de la population. Non seulement en termes de financement leurs bourses sont légères, et avec un maigre financement les défis d'acquisition d'espace ainsi que de matériels sont difficile mais aussi avec ce flux d'élèves qui augment graduellement, « cette situation dramatique est en train de se transformer en duel104 ». Et comme retombées, elles enregistrent de temps à autres des moments de crises, de grèves qui ont même perduré tout au long d'une session.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle