4.4 Le CIRH et la faiblesse du cadre institutionnel
haïtien
Après le fameux tremblement de terre du 12 janvier
2010, la partie la plus importante (économiquement et
financièrement) du pays a été dévasté. Une
reconstruction du pays s'imposait alors. Or, il était impossible, avec
les maigres ressources nationales, de procéder à une telle
reconstruction ou refondation (Jean-Renol Elie, 2014) ; ainsi l'aide publique
de la communauté internationale s'imposait comme seul atout.
Pour ce faire, un organisme a été mise sur pied
pour centraliser les fonds et coordonner les projets financés par les
bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, les ONG et le
secteur privé. C'est la Commission intérimaire pour la
reconstruction d'Haïti (CIRH). Cette instance est codirigée par
l'ancien président états-unien Bill Clinton et par le premier
ministre haïtien Jean-Marc Bellerive. Des 20 membres qui composent la
CIRH, 17 ont un pouvoir de vote, et de ces 17, 12 sont des représentants
de la communauté des bailleurs (Juan Lopez, Mars 2015). Même si
cette composition largement disproportionnée est revue par la suite, 27
personnes avec droit de vote, dont 14 sont des fonctionnaires
haïtiens97,les faits témoignent du poids
décisionnel des bailleurs de fonds sur la reconstruction du pays. Les
membres avec droit de vote de la communauté internationale c'est bien
parce qu'ils ont participé à hauteur de 100 millions de dollars
pour la reconstruction ou ont procédé à un
allégement de dette d'au moins 200 millions de dollars. On y retrouve un
représentant des Etats-Unis, de la BID, de la Banque mondiale, de la
France, du Brésil, du Venezuela ou encore de la CARICOM. La CIRH a un
mandat temporaire de 18 mois et doit ensuite normalement être dissoute et
laisser place à un autre organisme.
Théoriquement, un travail qui était censé
coordonné par le MPCE, le BMPAD, le MEF ainsi que la Loi d'Urgence
devient sous la responsabilité et la tutelle de la communauté
internationale. Comme résultat, les fonds alloués à la
reconstruction nationale, avoisinant plus de 1,5 milliard de dollars n'ont pas
infléchi aux attentes de la population pour produire des
résultats d'amélioration des conditions de vie.
La communauté internationale a transgressé les
principes de la déclaration de Paris (2005) en ce qui a trait à
la gestion de l'aide, et donc le renforcement institutionnel n'était pas
pris en
97 Sophie Perchellet, « Construire ou
reconstruire Haïti ? », slnd
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compte, comme le mentionne très clairement le principe
3. De la part de l'administration publique haïtienne, se dotant
d'institutions faibles et inefficaces, ou la mauvaise gouvernance est au
rendez-vous, accompagnée du phénomène de la corruption, de
la non-transparence et donc n'a pas la capacité de répondre
à sa mission, elle n'a pas pu assurer une gestion saine et efficace de
l'aide publique au développement en Haïti au cours de la
période 2000-2011. Ce qui vient à vérifier notre
hypothèse principe stipulant : Le cadre institutionnel mis en place
dans l'administration, à cause de sa faiblesse, du
phénomène de la corruption, de la non transparence et de la
mauvaise gouvernance n'a pas favorisé le développement
socioéconomique et politique d'Haïti au cours de la période
2000-2011. »
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