3.5 L'héritage institutionnel haïtien
Historiquement, la lutte pour le pouvoir, la lutte entre les
classes sociales, les conflits terriens et les conflits pour l'accaparement des
postes lucratifs ont contribué au délabrement de l'ancienne
« Perle des Antilles ». [...] En effet, sur le plan
politique, ce pays a connu des périodes d'instabilité. Depuis la
fin du régime dictatorial des Duvalier (1957-1986), Haïti fait face
à une interminable transition démocratique. De 1986 à
2000, il y a eu 7 coups d'État ou démissions forcées des
chefs de l'exécutif. Il s'ensuit également la répression
politique et la terreur qui maintient le peuple, déjà sous
l'emprise de la misère, dans la peur.
3.5.1 Les institutions politiques
« Le coup d'état de septembre 1991 ayant
constitué un frein au processus démocratique, il a fallu
atteindre le retour de l'ordre constitutionnel, en 1994, pour espérer
voir se réaliser enfin de bonnes élections en Haïti. Plus
que jamais, s'était présentée le moment de faire le bon
choix : la création d'une nouvelle institution électorale pouvant
assurer une certaine neutralité entre les postulants aux postes
électifs du pays65. Pourtant, « [...] loin de suivre la
voie tracée par la constitution pour la formation du CE Provisoire, ou,
à défaut, de faire appel à tous les partis politique pour
trouver des compromis acceptables a la majorité, une approche arbitraire
a été adoptée par le pouvoir exécutif66.
Il n'est pas différent pour le parlement, qui veut de temps à
autres confirmer leur soumission à l'exécutif dans leurs choix
politiques.
64 James BOYARD, « La mauvaise gestion de l'aide
internationale à Haïti : les mécanismes et facteurs en
cause, première partie, Le nouvelliste, 25 aout 2017.
65 Avril PROSPERE, Le livre noir de
l'insécurité, Page 71
66 Idem.
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3.5.2 La justice, l'armée et la
sécurité
La première élection post-duvaliériste en
novembre 1987 a été baignée par le sang. L'armée
met en selle Leslie Manigat, en janvier 1988 ». Tel fut le bilan d'une
première élection réalisée suite à une
dictature constatée et constable. Avec une armée
omniprésente, aucune institution n'est censée autonome,
même pour la rotation du pouvoir. Or, les élections sont le
baromètre de la démocratie contemporaine.
L'armée, loin d'être une institution
professionnelle assurant la sécurité du territoire et la
population, elle est une institution au service, maintes fois, des hommes
politiques, des présidents. Ce qui justifie bien souvent les coups
d'état perpétrés au cours de l'histoire politique
haïtienne. Et la justice, de son côté s'est fait montre d'un
laxisme sans pareille. Comme preuve, malgré les crimes commis par les
partisans de Duvalier, au jugement n'a été rendu ; il en est de
même pour les autres gouvernements ayant commis de graves crimes contre
la population
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