2.3 La construction financière féminine
2.3.1 La place de la finance
En matière d'égalité salariale, la France
qui n'est pas réputée pour être un bon élève
en la matière avec son écart de rémunération de 16
% entre femmes et hommes, se situe dans la moyenne européenne. Des pays
comme l'Allemagne (22 %), tout comme l'Autriche, le Royaume-Uni ou encore le
Portugal font pire. Sur le podium européen de l'égalité
salariale, nous trouvons le trio Belgique, Italie, Pologne en tête avec
un taux de différence inférieur à 8 %. Les parcours
féminins restent marqués par l'inégalité et ce pour
l'accès aux études supérieures, aux responsabilités
ou à l'emploi. Pourtant, les cursus se révèlent brillants,
un bon équilibre entre vie privée et professionnelle complexe ou
un investissement professionnel poussé.
Selon Typhaine Lebegue, un ensemble de critères
économiques rentrent en ligne de compte sur le plan de la
réussite entrepreneuriale. En effet, les entrepreneures souhaitent se
constituer une
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clientèle en mesure de leur permettre de dégager
un revenu correct du fruit de leur travail, et ce dans le but premier de
pouvoir honorer les dépenses de la vie quotidienne sans
difficulté.
Cela souligne donc une volonté d'autonomie sur
plusieurs postes de dépenses (financement de l'habitation, choix des
vacances, éducations des enfants, etc.). C'est ce que résume
parfaitement la phrase de Gabrielle, entrepreneure :
18« C'est le jour où tu vis de
ton activité, que tu vis correctement de ton activité et ce cela
va te payer tes factures, ta maison, nourrir tes enfants et partir en vacances,
là je serais super fière. Là j'aurais réussi. Pour
moi c'est à ça que je veux arriver. » Les ambitions
économiques sont évaluées du point de vue personnel et de
celui de l'entreprise.
Les femmes entrepreneurs aspirent donc à un changement
de paradigme sur la base de nouveaux critères de réussite
économique avec l'argent représenté comme un moyen
d'atteindre les objectifs fixés et non plus comme le but principal
à atteindre
2.3.2 L'usage féminin de la finance
Lorsque la croissance est évoquée, elle doit
l'être d'un point de vue responsable, comme le souligne Sylvie, une autre
entrepreneure : « Pour moi, le chiffre d'affaires d'une entreprise n'est
plus un critère d'évaluation des entreprises. Ce n'est pas le
critère de santé d'une entreprise. Il y a d'autres
critères à prendre en compte et si l'on fait encore des
modèles de performance en se basant sur celui qui fait le plus d'argent
on est encore dans la compétition. Alors que les femmes ne font pas
cela. Elles sont dans la prospérité d'elle, de leurs
salariés. [...] La réussite est à redéfinir. C'est
le bien-être au travail, la santé au travail, la
créativité, l'innovation, l'absence de stress. Tout ce qui est
très coûteux dans la société. »
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