III.3. Discussion et
interprétation des résultats
Les estimations qui viennent d'être faites
révèlent que le taux de fécondité et le taux
d'investissement entretiennent des liens significatifs avec la croissance
économique du pays aussi bien à court terme qu'à long
terme. Les indicateurs du capital humain, le niveau de la population active et
le taux d'alphabétisation des adultes, quant à eux, n'expliquent
la croissance économique que dans la longue période ;
pendant que les dépenses en recherche et développement
n'influence presque pas la variation de la production globale.
Ainsi donc, le taux de fécondité influence
négativement la croissance économique de la RD Congo. Cette
influence est forte à long terme qu'à court terme. Les
élasticités, en valeur absolue, étant de 7,3 et 2,4 dans
l'ordre respectif. Ce qui signifie que l'accroissement du taux de
fécondité d'un point de pourcentage réduit le taux de
croissance de 2,4 points (à court terme) et 7,3 points (à long
terme). Ces résultats radicalisent la trappe malthusienne et
réconfortent le point de vue des économistes orthodoxes, pour qui
la croissance de la population a des effets néfastes sur les variables
économiques quelle que soit la période.
Ces résultats ne nous suggèrent toutefois pas de
réduire encore davantage le nombre d'enfants par femme pendant toute sa
période génésique. Ils indiquent, par contre, la
propension qui existe et qui pourra s'observer dans le cas où rien ne
change tant dans le comportement du gouverneur que dans celui des habitants. Il
va sans dire que les investissements sociaux massifs pourront transformer les
effets actuellement vicieux à des impacts beaucoup plus vertueux. La
population augmentant sous l'effet de l'accroissement de la population peut
élever le niveau du capital humain, à condition que
l'éducation et la santé soient adéquatement
assurées.
Le taux d'investissement agit plus à long terme
qu'à court terme. L'élasticité de la croissance au taux
d'investissement est de 0,21 contre 0,04. Cela reste conforme avec la
théorie qui suggère l'importance des effets d'entraînement
ou de multiplication des investissements tant à court terme qu'à
long terme. Ils sont à l'instar de Harrod et Domar une composante de la
demande globale et un élément qui accroît la
capacité productive de l'économique. Sous ce double effet, ils
élèvent le taux de croissance de l'économie.
Une élasticité proche de celle relative aux
investissements à long terme est observable pour ce qui concerne la
population active. Si cette dernière s'accroît de 5%, la
croissance économique bondit de près de 1,1 point. Le niveau
relativement faible des dépenses en recherche et développement,
sans douter de leur affectation, peut expliquer cette absence de liens
statistiquement significatifs avec la croissance économique pendant la
période sous-examen.
Le résultat surprenant reste celui qui attribue un
coefficient statistiquement négatif au taux d'alphabétisation des
adultes et l'indicateur de croissance économique dans le long terme.
Ceci ne trouve pas d'explications dans l'état actuel des connaissances
et constitue une base sur laquelle pourront se fonder les recherches
ultérieures.
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