2.1.3.3 Mensuration
Les mâles sont en moyenne plus grands et plus lourds que
les femelles (tableau 1).
Selon Brehma (1992), la longueur du corps de l'hippopotame
adulte peut atteindre 4,2-4,5 m dont 45 cm viennent à la queue. Le poids
en moyenne est 2000 à 2500 Kg (Brehma, 1992). La femelle d'hippopotame
atteint son poids maximum en moyenne à 25 ans tandis que les males
semblent ne jamais complètement stopper leur croissance.
Tableau 1: quelques mensurations de
l'hippopotame (d'après Haltenorth et al, 1985)
Paramètres
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Dimensions
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Mâles
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Femelles
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Longueur totale du corps
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320-420 cm
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280-370 cm
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Queue
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35-50 cm
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35-50 cm
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Hauteur
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poids
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140-165 m
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130-143 cm
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1500-3500 Kg
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1350-2500 Kg
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Les mensurations montrent une supériorité du
mâle par rapport à la femelle sauf à la queue qui est
identique chez les deux sexes.
2.1.3.4 Reproduction
Les hippopotames ne se reproduisent pas avant l'âge de
6-13 ans pour les mâles et avant 7-15 ans pour les femelles. Les petits
naissent toujours à la saison des pluies. Si bien qu'il n'y a qu'une
vague de naissances dans les régions où il n'y a qu'une saison
des pluies par an, comme en Afrique du Sud, et deux vagues, dans l'Est de
l'Afrique, où il y a deux saisons. Ils s'accouplent de 227 à 240
jours plus tôt, pendant la saison sèche avec
généralement 1 petit par portée, les jumeaux sont rares.
L'oestrus c'est-à-dire le moment du cycle où la femelle est en
ovulation dure environ trois jours. La mise basse se déroule à
l'écart du groupe, dans l'eau peu profonde ou à terre (dans ce
cas, la femelle fait litière d'herbes ou réseaux dans un creux de
la berge). Le poids à la naissance est de 35-55Kg, l'allaitement dure 1
an et les premiers aliments solides sont pris à 3 semaines. Elle le
défend férocement, contre les grands prédateurs, et contre
les mâles adultes de sa propre espèce. Après la naissance,
la femelle reste isolée une dizaine de jours avant de rejoindre le
groupe. Le taux de mortalité infantile est très
élevé (45 %) au cours de la
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première année ; il est de 15 % lors de la
deuxième. Au-delà, jusqu'à environ 30 ans, chaque classe
d'âge perd chaque année environ 4 % de ses effectifs (Maha,
2012).
2.1.3.5 Alimentation
L'hippopotame se nourrit d'herbes et de graminées
à proximité des berges. Il quitte l'eau après le coucher
du soleil et y retourne tôt dans la matinée, tout juste avant le
lever du soleil, ce qui lui laisse au plus 7 à 8 h pour ingérer
jusqu'à environ 2,5 % de son poids en matière
végétale, soit environ 40 kg (Owen-Smith, 1992 ; Grey &
Harper, 2002 ; Chomba, 2013 ; Chomba et al., 2014). L'animal
préfère s'alimenter à proximité du cours/plan d'eau
où il se repose durant la journée, ce qui est
généralement possible durant la saison des pluies (Oliver et
Laurie, 1974 ; O'Connor & Campbell, 1986). En effet, l'alimentation en
saison de pluies se fait généralement à moins d'un
kilomètre d'une source d'eau.
Toutefois, durant la saison sèche, l'hippopotame doit
se déplacer plus loin pour s'alimenter, parcourant parfois
jusqu'à 6-7 km en une nuit (Field, 1970 ; O'Connor et Campbell, 1986 ;
Owen-Smith, 1992).
Les hippopotames sont des brouteurs sélectifs
(grazers) (Owen-Smith, 1992) avec une préférence pour
les herbes vertes et courtes (environ 15 cm de hauteur) (Field, 1970 ; Field,
1972 ; Lock, 1972 ; Scotcher et al., 1978 ; McCarthy et al.,
1998 ; Harrison et al., 2007). Cependant, la largeur des lèvres
de l'hippopotame ne lui permet pas de sélectionner les herbes qu'il
préfère avec précision de sorte qu'il sélectionne
globalement les pâturages qui contiennent la végétation
qu'il préfère (Scotcher et al., 1978 ; Eltringham, 1999
; Noirard et al., 2004 ; Michez et al., 2013). Lorsque
l'animal doit s'éloigner considérablement pour s'alimenter, il
accélère l'ingestion des herbages et passe moins de temps
à chercher sa source de nourriture, devenant ainsi moins sélectif
(Lewison & Carter, 2004 ; Timbuka, 2012).
La diète de l'hippopotame se résume
principalement aux Graminées et aux Cyperacées, mais certaines
dicotylédones sont aussi ingérées accidentellement
lorsqu'il broute (Field, 1972 ; Eltringham, 1999 ; Michez et al.,
2013). Certains auteurs suggèrent néanmoins que les
dicotylédones peuvent représenter une part importante de
l'alimentation de l'hippopotame (Boisserie et al., 2005 ; Cerling et
al., 2008 ; Michez et al., 2013). Les genres
préférés incluent notamment Andropogon, Aristida,
Axonopus, Bothriochloa, Brachiaria, Chloris, Commelina, Cynodon, Cyperus,
Desmodium, Digitaria, Echinochloa, Eragostris, Hemarthria, Heteropogon,
Hyparrhenia, Ipomoea, Leersia, Oryza, Panicum, Paspalum, Sporobolus,
Stenotaphrum, Themeda et Urochloa (Field, 1970 ; Olivier &
Laurie, 1974 ; Scotcher et al.,
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1978 ; Owen-Smith, 1992 ; Noirard et al., 2004 ;
Amoussou et al, 2006 ; Chansa et al., 2011b ; Michez et
al., 2013) (Tableau 2).
Tableau 2:Genres végétaux
consommés fréquemment par l'hippopotame selon les auteurs et les
pays d'étude. (Scotcher et al.,1978)
Field Olivier et Scotcher et Noirard et Amoussou et Chansa et
Michez et
(1970) Laurie (1974) autres (1978) autres (2004) autres (2006)
autres (2011b) autres (2013)
Ouganda Tanzanie Afrique du Sud Niger Bénin Zambie
Gabon
Andropogon X x
Aristida x
Axonopus x
Bothriochloa X X
Brachiaria X X
Cenchrus X
Chloris x x x X
Commelina x x X
Cynodon x x x x X
Cyperus x x x X
Dactyloctenim X
Desmodium x
Digitaria x X
Echinochloa x x x X
Eragrostris x x X
Hemarthria x
Heteropogon x x
Hyparrhenia x
Ipomoea x
Leersia x
Oryza x
Paspalum x x X x
Sporobolus x x x x
Stenotaphrum x
Themeda x
Urochloa x
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La consommation des genres et des espèces
préférées varie en fonction de leur disponibilité,
mais aussi selon la saison, car celle-ci influence la palatabilité des
herbages (Field, 1970). Normalement, l'hippopotame ne s'alimente pas de
végétation aquatique (Eltringham, 1999), mais il arrive qu'il en
consomme, notamment lorsque la quantité de fourrages adéquats est
insuffisante et que l'animal subit une carence protéique, par exemple
où il y a surpopulation (Mugangu et Hunter, 1992; Grey et Harper, 2002;
Harrison et al., 2007 ) Enfin, les habitudes alimentaires de
l'hippopotame présentent beaucoup de variabilité, notamment quant
aux familles et genres consommés par l'animal, appuyant ainsi
l'hypothèse que l'hippopotame est un brouteur sélectif en terme
de pâturages et non d'espèces (area selective grazer)
(Scotcher et al., 1978). Toutefois, la préférence de
l'hippopotame pour les herbes vertes et particulièrement courtes est
indéniable et se manifeste par la formation des pâturages
très caractéristiques dits hippo lawns, parce que
l'hippopotame coupe l'herbe très près du sol et maintien des
zones de pâturage à une hauteur d'environ 15 cm (Clarke, 1953 ;
Olivier et Laurie, 1974 ; Owen-Smith, 1992)
Photo 2: Bourgoutière entre Ayorou Goungo
et Ayorou Goungokoré (M.Bassirou)
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