_TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES TABLEAUX
II
LISTE DES FIGURES
II
INTRODUCTION
3
Chapitre 1 :
CONTEXTE DE L'ÉTUDE
7
1.1. Situation géographique,
administrative et démographique du pays
7
1.1.1. Situation géographique et
administrative
7
1.1.2. Situation démographique
8
1.2. Le système éducatif
guinéen
8
1.2.1. Historique de l'éducation
8
1.2.2. Organisation du système
éducatif guinéen
14
1.3. Quelques faiblesses et distorsions du
système éducatif guinéen
18
Chapitre 2 :
CADRE THÉORIQUE ET HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
22
2.1. Revue de la littérature
22
2.1.1. Les facteurs historiques
22
2.1.2. Les facteurs géographiques
23
2.1.3. Les facteurs socioculturels
23
2.1.4. Les facteurs socio-économiques
26
2.1.5. Les facteurs liés à l'offre
scolaire
30
2.1.6. Les facteurs socio-démographiques
31
2.2. Hypothèses et schéma
conceptuel
39
2.2.1. Hypothèses
39
2.2.2. Schéma conceptuel :
40
2.2.3. Définition des concepts
41
Chapitre 3 :
CADRE D'ANALYSE ET ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES
43
3.1. Source des données
43
3.1.1. Objectifs de l'EDSGII, 1999
43
3.1.2. L'échantillonnage
43
3.1.3. Questionnaires
44
3.2. Variables et indicateurs
44
3.2.1. Variable dépendante
45
3.2.2. Variables indépendantes
45
3.3. Évaluation de la qualité des
données
47
3.3.1. Les limites de l'EDSG-II
47
3.3.2. L'évaluation numérique
48
3.3.3. L'évaluation graphique
50
3.4. Schéma d'Analyse :
52
3.5. Méthodes d'Analyses
52
3.5.1. L'analyse descriptive
53
3.5.2. L'Analyse explicative
53
Chapitre 4 : ANALYSE DIFFÉRENTIELLE
DE LA SCOLARISATION SELON CERTAINES CARACTÉRISTIQUES
57
4.1. Variation de la scolarisation selon la
région
57
4.2. Variation de la scolarisation selon les
caractéristiques démographiques
59
4.2.1. Le sexe de l'enfant
59
4.2.2. L'âge de l'enfant
60
4.2.3. Le sexe du chef de ménage
60
4.3. Variation de la scolarisation selon les
caractéristiques socio-économiques
61
4.3.1. Le milieu de résidence
61
4.3.2. Le niveau d'instruction de la
mère
61
4.4. Variation de la scolarisation selon les
caractéristiques socioculturelles
62
4.4.1. L'ethnie de la mère
62
4.4.2. La religion de la mère
63
Chapitre 5 : ESSAI D'EXPLICATION DES
DISPARITÉS RÉGIONALES EN MATIÈRE DE SCOLARISATION EN
GUINÉE
64
5.1. Présentations et interprétations
des résultats
65
5.1.1. Effet brut de la région sur la mise
à l'école des enfants
65
5.1.2. Effets nets des variables
indépendantes sur la mise à l'école des enfants
65
5.1.3. Analyse des effets nets par milieu de
résidence
69
5.2. Quid des raisons de la non-scolarisation des
enfants avancées par les mères ?
75
SYNTHÈSE ET CONCLUSION
80
REFERENCES BI
BLIOGRAPHIQUE
85
LISTE
DES TABLEAUX
Tableau I : Évolution des effectifs des
élèves et des étudiants de 1958 à 2002.
2
Tableau II : Évolution des
infrastructures de 1958 à 2002.
18
Tableau III : Évolution du personnel
enseignant de 1958 à 2002
18
Tableau IV : Taille et couverture des
effectifs des ménages et des femmes, identifiés et
enquêtés, et taux de couverture selon le milieu de
résidence, EDSG-II, 1999
49
Tableau V : Taux de non-réponse des
variables de l'étude
49
Tableau VI : Distribution des individus par
région et selon quelques variables de l'étude.
50
Tableau VII : Répartition des enfants
selon la région et la fréquentation
57
Tableau VIII : Indice de parité des
taux de non-scolarisation des différentes régions de la
Guinée
58
Tableau IX : Répartition des enfants
selon le sexe et la fréquentation scolaire
59
Tableau X : Répartition des enfants
selon le sexe du chef de ménage et la fréquentation scolaire
60
Tableau XI : Répartition des enfants
selon le milieu de résidence et la fréquentation scolaire
61
Tableau XII : Répartition des enfants
selon et le niveau d'instruction de la mère la fréquentation
scolaire
62
Tableau XIII : Répartition des enfants
selon l'ethnie de la mère et la fréquentation scolaire
63
Tableau XIV : Répartition des enfants
selon la religion et la fréquentation scolarisation
63
Tableau XV : Effet brut de la région
sur la mise à l'école des enfants
65
Tableau XVI : Effets nets des
caractéristiques des enfants, des ménages, des
caractéristiques socio-économiques de la mère et de la
religion de la mère sur les disparités régionales
68
Tableau XVII : Effets nets des
caractéristiques des enfants, des ménages, des
caractéristiques socio-économiques de la mère, et de la
religion de la mère sur les disparités régionales, milieu
urbain
71
Tableau XVIII : Effets nets des
caractéristiques des enfants, des ménages, des
caractéristiques socio-économiques de la mère et de la
religion de la mère, milieu rural
74
Tableau XIX : Distribution des réponses
fournies par les mères
75
Tableau XX : Distribution des réponses
fournies par les mères.
78
Tableau XXI : Distribution des réponses
fournies par les mères par milieu de résidence.
78
Tableau XXII : Distribution des
réponses fournies par les mères par région.
79
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Évolution des effectifs
scolaires : 1900 - 2000
2
Figure 2 : Courbe des effectifs par
âge
51
Figure 3 : Proportions d'enfants n'ayant
jamais été scolarisés par région
58
Figure 4 : Indices de parité des taux
de non-scolarisation par région
59
Figure 5 : Courbe des proportions d'enfants
scolarisés par âge.
60
Figure 6 : Chances relatives de
fréquentation scolaire avant (brutes) et après (nettes)
69
Figure 7 : Premier plan factoriel de l'analyse
des correspondances multiples.
77
INTRODUCTION
« Faire un enfant est un plaisir mais
l'éduquer est un devoir » Sagesse bambara
Plus de quarante ans après l'accession à
l'indépendance de la quasi-totalité des États africains,
les priorités définies alors pour l'amélioration des
conditions de vie des populations africaines restent toujours
d'actualité. Parmi ces priorités, on peut citer : une bonne
alimentation, la santé pour tous, l'éducation et la scolarisation
de tous les enfants.
Au début des années 1960, tous les dirigeants
africains avaient assigné à leur système éducatif,
le devoir de procurer à l'État et à l'économie des
cadres qualifiés mais aussi de dispenser une éducation de base
considérée comme un droit élémentaire de l'homme,
de réduire les disparités régionales et sociales, de
consolider l'identité nationale et culturelle, etc. (KI-ZERBO, 1990).
Ainsi, la conférence internationale d'Addis-Abeba tenue en mai 1961,
recommandait la révision des contenus de l'enseignement et fixait des
objectifs quantitatifs ambitieux comme la scolarisation universelle en
1980.
Entre 1960 et 1975, les taux de scolarisation ont
augmenté de façon remarquable dans tous les pays d'Afrique. Mais
la crise économique provoquée par la détérioration
des termes de l'échange et les différents chocs pétroliers
ont vite freiné cet élan. En effet, le taux de croissance des
effectifs scolaires qui était de 8,4% par an entre 1970 et1980 est
tombé à 2,9% par an entre 1980 et 1989. Non seulement le taux
d'inscription au cycle primaire diminuait mais aussi l'effectif des enfants qui
abandonnaient leurs études avant la fin de ce cycle allait croissant
dans de nombreux pays africains au sud du Sahara. Et ce, d'autant plus que
l'offre scolaire ne suivait pas dans bien des cas l'accroissement rapide de la
population.
Or, l'un des outils indispensables au bien-être des
personnes et au développement socioéconomique et culturel d'un
pays est la scolarisation de sa population (WAKAM, 2000). La scolarisation
forme la personnalité de l'individu, ses idées et son
comportement ; elle élargit ses contacts avec son environnement
proche et avec le monde extérieur(LAMLENN, 1993). Pour (THORIN, 2002)
« Savoir lire et écrire est la seconde conquête de
l'humanité, après le langage. Echouer dans
l'alphabétisation, baisser les bras devant l'ampleur des efforts
à faire pour rendre l'éducation accessible à tous, serait
dénier aux individus leur qualité d'être
humain ».
Le premier engagement de la communauté internationale
à assurer l'instruction primaire universelle remonte à 1990, lors
de la Conférence mondiale sur l'éducation tenue à Jomtien
(Thaïlande) et organisée conjointement par l'UNESCO, l'UNICEF, le
PNUD et la Banque Mondiale. En juin 1996 à Amman (Jordanie), lors de la
Conférence pour le suivi de la conférence de Jomtien, on a pu
constater une augmentation sensible du nombre d'enfants scolarisés,
cette augmentation restait cependant insuffisante compte tenu de
l'accroissement du nombre d'enfants en âge d'aller à
l'école. Dans certaines régions, telles que l'Asie du sud et
l'Afrique subsaharienne, les progrès constatés ont
été très insuffisants.
Dix ans après la conférence de Jomtien, la
communauté internationale a réaffirmé à Dakar
(Sénégal) sa volonté de faire en sorte que tous les
enfants bénéficient d'un enseignement primaire complet gratuit et
de qualité. Malgré l'adhésion des pays et des instances
internationales à ce programme, les progrès n'ont pas
été à la hauteur des attentes. Aussi, l'objectif principal
de cette conférence (à savoir l'éducation pour tous en
l'an 2000) a-t-il été finalement repoussé en l'an 2015 vu
l'ampleur des tâches à accomplir en Afrique Subsaharienne.
Selon l' (UNESCO, 2002), en Afrique, quatre enfants sur dix
ayant atteint l'âge d'aller à l'école n'y vont pas et ce,
bien que l'éducation primaire soit une priorité pour ce
continent. Pour assurer la scolarisation totale dans bon nombre des pays
(africains) sur la base actuelle, le professeur (KI-ZERBO, 1990), affirme qu'il
faudrait que ces pays consacrent la totalité de leur budget au secteur
de l'éducation du fait que dans bon nombre de pays, le taux de
scolarisation est surestimé. Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance
(UNICEF, 1999), estime que l'Afrique Subsaharienne devra dépenser 1,9
milliards de dollars supplémentaires par an pour assurer une
scolarisation primaire pour tous d'ici 2010 (à noter que cette
région consacre actuellement près de 9 milliards de dollars par
an à l'éducation). Un effort que les dirigeants africains doivent
impérativement consentir car il est désormais admis que pour
échapper à la pauvreté, les gouvernements doivent faire
d'importants investissements dans les services sociaux de base.
« L'accès universel aux services sociaux de base de
qualité, et en particulier, à l'éducation, la
santé, l'eau et l'assainissement donne aux gouvernements des bases
solides pour le développement. Et ce qui est tout aussi important, il
garantit la réalisation des droits de l'enfant » (UNICEF,
1999). Pour la Banque Mondiale, l'éducation est un droit fondamental,
une fin en soi, indissociable de la vie et du développement.
« Quand on en considère tous les avantages,
l'intérêt d'une revitalisation et du développement de
l'enseignement et de la formation en Afrique ne saurait faire de doute,
même en cette période d'extrême
pénurie »(BANQUE MONDIALE, 1988).
La Guinée est l'un de ces pays d'Afrique Subsaharienne
où les taux de scolarisation sont les plus bas du monde notamment en ce
qui concerne les filles. Le taux brut de scolarisation (TBS) c'est à
dire le rapport de la population scolaire sur la population scolarisable
correspondante était estimé en 2000 à 61 % pour
l'ensemble des deux sexes et seulement 50 % pour les filles. Quant au taux net
de scolarisation qui représente le rapport de l'effectif de la
population scolaire ayant l'âge requis sur la population scolarisable
correspondante, il était de 48 % pour l'ensemble des deux sexes et 41 %
pour les filles. Au niveau régional, le TBS varie entre 45 % dans la
région de Labé à 100 % dans la Capitale Conakry. Tandis
que le TNS, lui varie entre 35 % à Labé et 81 % à Conakry.
La population guinéenne sans aucune instruction avoisine les 80 % pour
les femmes et 55 % pour les hommes (EDSG-II, 2001).
En dépit des efforts nationaux et internationaux
entrepris pour développer l'offre scolaire et améliorer la
qualité des enseignements, la mise à l'école est encore
loin de concerner tous les enfants en âge d'être scolarisés
en Guinée aussi. Au-delà du constat général d'une
sous-scolarisation rurale et féminine, on sait encore peu de choses sur
les pratiques scolaires des familles voir des sociétés toutes
entières (PILON M. , 1995, 1999 et 2000). Comme le dit(WAKAM, 1999), si
l'on peut à juste titre évoquer le manque ou l'insuffisance
d'infrastructures et des maîtres ou encore le manque des moyens
financiers des parents, il y a tout lieu de penser qu'il ne suffit pas à
expliquer cette situation.
Qu'est-ce qui expliqueraient les différences de
scolarisation constatées entre les Régions en
Guinée ? Les caractéristiques
socio-économiques, culturelles et démographiques des
ménages agissent-elles différemment d'une région à
une autre ? Voilà deux questions auxquelles nous tenterons de
répondre dans ce travail de recherche.
Plus concrètement, nous souhaitons contribuer à
une meilleure connaissance des facteurs influents sur la scolarisation des
enfants et suggérer des solutions afin de rehausser le niveau de
scolarisation des enfants de 6-14 ans et de réduire les
disparités entre les régions et les sexes en République de
Guinée.
Ce travail a ainsi pour objectif de :
OS1 - identifier la part de chacun des
facteurs socio-économiques, culturels et démographiques dans
l'explication des différences régionales.
OS2 - identifier la part des
caractéristiques des enfants (sexe et âge) dans l'explication des
disparités régionales en matière de scolarisation en
Guinée.
Pour ce faire, ce travail s'articulera sur cinq (5) chapitres.
Le premier présente le contexte de l'étude. Le deuxième
est consacré à la synthèse de la littérature,
à l'élaboration du cadre conceptuel et à la formulation
des hypothèses. Le troisième chapitre est consacré aux
aspects méthodologiques. Le quatrième chapitre décrit les
variations différentielles de la scolarisation selon les
différents facteurs susceptibles de l'influencer. Dans le chapitre 5
nous essayons d'expliquer les disparités régionales de la
scolarisation en Guinée. En fin, dans la conclusion, nous
présentons la synthèse de nos résultats et leurs
discussions.
CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE L'ÉTUDE
Il est question dans cette partie de présenter le cadre
de notre étude. Après un bref aperçu de la situation
géographique, administrative et démographique du pays, nous
présenterons l'historique du système éducatif
guinéen, son organisation actuelle et ses faiblesses.
1.1. Situation géographique,
administrative et démographique du pays
1.1.1. Situation
géographique et administrative
La République de Guinée est un pays côtier
située en Afrique Occidentale. Elle couvre une superficie de 245 857
km² et est limitée à l'Est par la Côte-d'Ivoire, au
Nord par le Mali et le Sénégal, à l'Ouest par la
Guinée Bissau et l'Océan Atlantique et au Sud par la Sierra
Léone et le Libéria.
La Guinée est subdivisée en quatre
régions naturelles assez bien distinctes et intérieurement
homogènes. Ces quatre régions naturelles sont : la Basse
Guinée, la Moyenne Guinée, la Haute Guinée et la
Guinée Forestière. Le pays doit cette originalité à
son milieu naturel qui se caractérise par des contrastes climatiques,
des barrières montagneuses et l'orientation des reliefs qui se combinent
pour donner à chaque région des particularités du point de
vue climat, sols, végétation et mode de vie des populations
(DIALLO, 1999).
La Basse Guinée ou Guinée Maritime est
située dans la partie ouest du pays. Elle couvre une superficie de 44
000 km² (18 % du territoire national).La Moyenne Guinée ou
FoutaDjallon est une région de montagnes et de plateaux. Elle couvre 20
% du territoire national. La Haute Guinée est une région de
savanes et de plateaux. Avec 40 % de la superficie du pays elle est la
région la plus vaste de la Guinée.La Guinée
Forestière, constitue la quatrième région de la
Guinée. Elle doit son nom à la forêt humide qui couvre la
majeure partie de son territoire. Sa superficie est de 54088 km², soit 22
% du territoire national.
Sur le plan administratif, la République de
Guinée est découpée depuis 1994 en huit régions
dont Conakry, la capitale, trente-trois préfectures et trente-huit
communes dont cinq à Conakry. Les préfectures sont
composées de 341 sous-préfectures ou communautés rurales
de développement (CRD). À chacune de ces structures
administratives correspond une structure de l'éducation. C'est ainsi
qu'il y a la direction de l'éducation de la ville de Conakry (DEV-C) et
au niveau de chaque région, une Inspection Régionale de
l'éducation (IRE). Au niveau préfectoral, une Direction
Préfectorale de l'Éducation (DPE) et à Conakry des
Directions Communales de l'Éducation (DCE). Au niveau
sous-préfectoral, il y a la Délégation Pédagogique
Sous-préfectorale (DPSP). Au niveau de chaque école, il y a une
Association des Parents d'Élèves et Amis de l'École
(APEAE).
1.1.2. Situation
démographique
Jusqu'en 1983, les informations disponibles sur la population
guinéenne provenaient essentiellement de l'enquête
démographique par sondage, réalisée en 1954-55 par
l'administration coloniale française. Après
l'indépendance, des recensements administratifs ont été
organisés à des fins de vote et de planification du
développement en 1962, 1967, 1972 et 1977. Le premier Recensement
Général de la Population et de l'Habitat a été
organisé en 1983 afin d'obtenir une base de données
démographiques et socio-économiques fiables. Et le
deuxième Recensement Général de la Population et de
l'Habitat a été organisé en décembre 1996.
En 2001, le Bureau National du Recensement (BNR)
évaluait la population guinéenne à 8 107 000 habitants. La
population scolarisable au primaire c'est à dire celle âgée
de 7-12 ans s'élevait à 1 397 064 enfants dont 696 571 filles
(soit 49,9 %). La population guinéenne vit essentiellement en milieu
rural (70 %) et plus de la moitié de la population urbaine (51 %)
réside dans la Capitale Conakry.
1.2. Le système éducatif
guinéen
1.2.1. Historique de
l'éducation
1.2.1.1. Historique de
l'éducation en Afrique
Selon F. RATH cité par (WAKAM, 2002) on distingue trois
types d'éducation : l'éducation formelle (ou scolaire),
l'éducation non-formelle (ou périscolaire) et l'éducation
informelle (ou non scolaire).
Dans son rapport annuel de 1988 intitulé
« l'éducation en Afrique subsaharienne », la Banque
Mondiale décrivait en ces termes ce qu'était l'éducation
en Afrique traditionnelle :
« Les sociétés africaines ont une
longue et riche tradition éducative. Dispensée de tout temps par
tous les groupes ethniques et linguistiques ; l'éducation
traditionnelle demeure un important moyen de transmission d'identité
culturelle. Elle vise à inculquer aux enfants les comportements et les
connaissances qu'exigera le rôle qu'ils sont appelés à
jouer au sein de la société, mettant l'accent sur les devoirs et
les prérogatives qui ont leur source dans les valeurs culturelles.
Véhiculée par la parole et l'exemple au foyer, ainsi que par les
leçons et le rituel hors du foyer, l'éducation traditionnelle
vise à résoudre les problèmes concrets de la vie courante.
Elle forme des dirigeants politiques aussi bien que des simples agriculteurs et
elle inculque le sens civique aux membres de la
collectivité».
Plongeant ses racines bien au-delà de la période
coloniale, l'héritage chrétien représente le
deuxième apport important à l'éducation en Afrique. Vers
l'an 450, l'église chrétienne d'Éthiopie avait mis en
place tout un système d'éducation qui allait devenir le support
principal de la vie culturelle, spirituelle, littéraire, scientifique et
artistique de ce pays.
L'islam représente la troisième influence
majeure sur l'éducation africaine d'avant la période coloniale.
Des structures de type scolaire et autre dont un petit nombre comme à
Tombouctou au Mali, et à Lanus sur la côte EST de l'Afrique
allaient connaître un grand rayonnement, furent créées pour
enseigner la morale et la théologie de
l'islam ».L'éducation du type formelle ne débutera en
Afrique qu'avec l'arrivée des missionnaires européens.
1.2.1.2. Historique du
système éducatif guinéen
Suivant la nature des régimes socio-politiques qui se
sont succédé en Guinée, le système éducatif
guinéen a connu plusieurs mutations.
a) L'époque précoloniale :
période avant 1895
Jusqu'en 1875, la Guinée était structurée
en des Sociétés-Etats dont les chefs étaient responsables
de la gestion politique, économique et militaire du territoire.
L'écriture en caractère latin était inconnue.
L'éducation de cette époque visait la préparation de
l'enfant à la vie collective par le développement de ses
aptitudes morales, intellectuelles et physiques. (FEINDOUNO, 1998).
En 1878, la première école des missionnaires fut
implantée à Boffa (sur le littoral guinéen) et dix
ans plus tard une école laïque française à l'ancien
port négrier de Benty(préfecture de Forécariah).
b) L'époque coloniale (1895--1958)
En 1895, la Guinée devient colonie française
rattachée à l'Afrique Occidentale Française (AOF).
L'éducation qui était jusque-là informelle devient
formelle et structurée. Neuf (9) écoles sont créées
à Conakry, Boffa, Boké, Kindia, Mamou, Labé, Faranah,
Kankan et Siguiri ayant un effectif total de 500 élèves.
Entre 1903 et 1911, l'administration coloniale définit
un système éducatif spécial pour les colonies et
crée des nouvelles écoles pour la formation des maîtres
indigènes, des interprètes et des commis d'administration. A
partir de 1920, la métropole procède à l'ouverture de
l'école technique professionnelle Georges Poiret de Conakry et des
centres d'apprentissages d'Agriculture et d'Élevage de Kindia et de
Mamou.
À la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945
on assiste à l'émergence des leaders syndicaux et politiques qui
réclament l'émancipation des peuples africains par le biais de
l'instruction. Le cycle de formation fut ainsi élargi du primaire au
secondaire dans de nombreuses régions du pays. Les lycées
techniques de Conakry (Donka) et classique de Labé (Popodara) ouvrent
leurs portes. Mais l'accès à ces écoles était
très limité. Jusqu'en 1957 l'effectif des élèves du
secondaire n'était que de 807 élèves.
c) L'époque postcoloniale (à partir de
1958)
c-1. Le système éducatif guinéen sous
la 1ère République (1958-1984)
A la faveur du référendum du 28 septembre 1958
la Guinée accède à la souveraineté nationale. Les
nouvelles autorités engagent un vaste programme de réforme du
système éducatif. C'est ainsi que l'ordonnance numéro 42
/MEN du 5 août 1959 portant réforme de l'enseignement fut
adopté. Cette ordonnance stipule que :
Article 1 : la réforme de l'enseignement
a pour but :
de rénover les valeurs culturelles africaines ;
de rendre effectif le droit à l'instruction reconnu
à tout citoyen de la République de Guinée par la loi
constitutionnelle du 10 novembre 1958 ;
de permettre au peuple de Guinée d'accéder
pleinement à la culture scientifique et à des techniques
répondant aux besoins réels du pays.
Article 2 : l'enseignement est obligatoire pour
tous les enfants et adolescents de 7 à 15 ans.
Article 3 : l'enseignement est dispensé
gratuitement à tous les degrés. Cette gratuité
s'étend pour la durée de l'enseignement obligatoire aux
fournitures scolaires.
Article 4 : des bourses sont accordées
à tous les élèves dont les familles ne peuvent pas assurer
l'entretien.
Article 5 : l'éducation des enfants
inaptes ou déficients intellectuels est assurée par un personnel
spécialisé.
Le « NON » de la Guinée au
référendum du Général de Gaule en août 1958
eut pour conséquence le départ de la quasi-totalité des
enseignants français. Jusqu'en 1958, il n'existait en Guinée que
trois cours normaux à Kindia, Kankan et Macenta pour la formation
des moniteurs d'enseignement général. La formation des
instituteurs était assurée dans les écoles
fédérales du Sénégal (Sebikotane et Rufisque), du
Mali (Katibougou) et de Côte d'Ivoire (Dabou). Le personnel sortant de
ces écoles était loin de satisfaire les besoins du fait du
départ des étrangers. Pour pallier ces difficultés, l'Etat
fit appel à tous les citoyens jugés capables d'exercer la
fonction d'enseignement. Parallèlement à cette action, des
nouveaux centres de formation furent créés. C'est le cas de
l'école normale primaire de Kankan, l'école des sages-femmes de
Kindia, l'école nationale des techniques administratives de Conakry,
l'école nationale d'agriculture de Foulaya, etc.).
En 1961, suite à la grève des enseignants, les
écoles privées sont supprimées et la gratuité de
l'enseignement et son caractère obligatoire jusqu'au baccalauréat
proclamé.En 1962, l'Institut Polytechnique Gamal Abdel Nasser de
Conakry, première école d'enseignement supérieur en
Afrique francophone, fut créé. Elle comprenait deux
facultés : Génie civil et Mines et Géologie.
Les réformes de l'enseignement intervenues à
partir de la moitié des années 60 sont marquées par la
proclamation de la révolution culturelle socialiste et l'enseignement
dans les langues nationales (huit au total) dans les écoles.
Les différents cycles d'enseignement en
République de Guinée étaient : le Collège
d'enseignement révolutionnaire premier cycle (CER 1er cycle)
équivalent actuel au cycle primaire, le Collège d'enseignement
révolutionnaire deuxième et troisième cycles (CER
2ème et 3ème cycle) équivalent au
collège et au lycée et le CER 4ème
équivalent de l'enseignement supérieur.
Le conseil national de la révolution (CNR) tenu
à Conakry du 19 au 24 janvier 1970 décida de la création
dans chaque unité de base du Parti-État (district ou quartier)
d'un Collège d'enseignement révolutionnaire (CER 1er
cycle) et chaque CER 2ème& 3ème
cycle en était une unité de production et devrait «disposer
d'un domaine cultivable de 120 ha et entretenir un cheptel de 60 têtes de
bovins au moins ».
Dès 1972, le CNR élargi au conseil
supérieur de l'éducation décida de l'introduction pour un
quart dans le calcul de la moyenne de composition et des examens, de
l'utilisation effective par les CER de 40 % de leur temps aux activités
productives ; de l'alphabétisation systématique de tout le
peuple ; de la création de l'académie des langues
nationales.
Ces années sont aussi marquées par la
création de l'école des agents techniques d'exploitations des
postes et télécommunications de Conakry, le transfert de la
faculté de Mines Géologie près du centre minier de Kamsar,
de la création de l'Institut de recherche Agronomique et
fruitière de Foulaya et de l'École nationale de zootechnie de
Famoila (Beyla), de l'école nationale vétérinaire de
Mamou, de l'école des eaux et forêts de Séredou, du
transfert de l'école nationale d'agriculture de Foulaya à
Faranah.
La 36ème session du CNR tenue à
Conakry décida de l'introduction de l'enseignement des langues
nationales au secondaire. La charte du 16 février 1975 proclama la
création des facultés agronomiques dans toutes les régions
administratives du pays. La Guinée comptait à cette date trente
facultés d'agronomies du 1er degré et six du
2ème degré.
c-2. Le système éducatif sous la
2ème République (1984 à nos
jours)
La prise du pouvoir par l'armée le 3 avril 1984 marque
un autre tournant dans l'histoire de la guinée. Des changements
importants furent opérés dans le système éducatif
à la suite de la conférence nationale de l'éducation tenue
en mai-juin 1984 à Conakry. Les changements concernaient non seulement
la restructuration du système éducatif mais aussi les
stratégies et les finalités du système. Ainsi dès
1984, le français devient la langue d'enseignement à tous les
niveaux. Les activités artistiques et théâtrales sont
supprimées des programmes des écoles. Les programmes furent
réaménagés, certaines matières telles que
l'Agriculture et la Zootechnie supprimées. La quasi-totalité des
CER 2ème et 3ème cycles sont fermées
dans les PRL (Pouvoir Révolutionnaire Local) et les Arrondissements.
L'amélioration de la qualité de l'enseignement a
aussi consisté en un vaste programme de perfectionnement et de recyclage
des enseignants. Le contrôle des connaissances est renforcé par
l'institutionnalisation de trois compositions annuelles au lieu de deux, la
création de la classe de Terminale et l'institutionnalisation du
concours d'accès à l'université. Au niveau du
lycée, l'option agronomie est supprimée et deux nouvelles
options sciences expérimentales et sciences sociales se sont
ajoutées à l'option sciences mathématiques. Le brevet qui
se passait en 9ème est ramené en
10ème, les baccalauréats premiers et deuxième
parties institués en 12ème et en terminales. En 1987,
les écoles privées qui avaient été suspendues
à la suite de la grève des enseignants de 1961 sont
autorisées à reprendre du service.
En 1990, le gouvernement lance un vaste programme d'ajustement
structurel du secteur de l'éducation (PASE) et se fixent deux objectifs
majeurs :
Sur le plan quantitatif, relever le taux de scolarisation de
27 à 60 % avant l'an 2000 et former 500 enseignants par an et 1400 par
an après l'an 2000.Sur le plan qualitatif,
· construire et entretenir les locaux scolaires
· qualifier le personnel enseignant et
d'encadrement ;
· le redéploiement des enseignants non
qualifiés dans leur formation d'origine ;
· fournir des manuels scolaires à tous les
établissements du pays ;
· réduire des disparités entre les sexes et
les zones en matière de scolarisation
· promouvoir l'enseignement privé
· doter l'administration scolaire en matériels
informatiques.
La réussite de ce premier programme valut à la
Guinée son échelonnement par les bailleurs de fonds. Le nouveau
programme appelé PASE-II et qui est entré en vigueur en 1996
avait pour objectif de préserver et développer les acquis du
PASE-I. Sur le plan quantitatif, il se devait de porter le taux de
scolarisation de 34 à 53 % en l'an 2000 et accroître le taux
d'accès à l'école à 70 % du taux brut d'inscription
en 1ère année en l'an 2000. Le PASE-II avait aussi
pour but d'accroître la participation communautaire dans la
définition des finalités de l'école et de sa gestion.En
l'an 2000 un nouveau programme dénommé Enseignement de base pour
tous d'ici l'an 2010 (EPT) fut lancé. L'EPT doit permettre de
scolariser tous les enfants en âge d'être scolarisés d'ici
l'an 2010.
Au niveau de l'enseignement supérieur, d'importants
changements ont été également enregistrés depuis
1984. Dès 1986, les Instituts Polytechniques de Conakry et de
Kankan sont érigés en Universités. L'École Normale
Supérieure de Manéah est restructurée et rebaptisée
Institut Supérieur des Sciences de l'Éducation de Guinée.
En 2001, les Centres Universitaires Régionaux de Labé et de
Nzérékoré ont été ouverts et
rattachés respectivement à l'Université de Conakry et de
Kankan.
1.2.2. Organisation du
système éducatif guinéen
1.2.2.1. Les niveaux
et structures d'enseignements
La structure du système éducatif guinéen
est semblable à celle qu'on retrouve dans les pays francophones
d'Afrique. Il comprend les niveaux suivants: l'enseignement préscolaire,
l'enseignement primaire, l'enseignement secondaire, l'enseignement technique et
professionnel et l'enseignement supérieur.
a- L'Enseignement Préscolaire
Il prépare les tous petits à la vie scolaire par
des méthodes appropriées d'éducation. En Guinée,
l'enseignement préscolaire relève du Ministère des
Affaires Sociales de la Promotion Féminine et de l'Enfance. Le secteur
de l'enseignement préscolaire comptait environ 800 centres
gérés dans leur quasi-totalité par des opérateurs
privés, communautaires et des ONG spécialisées. Seulement
3 centres à Conakry, la Capitale relèvent du secteur public. Les
effectifs enregistrés dans ce sous-secteur se chiffraient en 2002
à 75 000 élèves dont 42 % de filles (soit 31 624 enfants).
Plus de la moitié des élèves du préscolaire
fréquentent les centres se trouvant à Conakry.
b- L'Enseignement Primaire
Il a pour but :
ü d'éveiller l'esprit de l'enfant ;
ü d'assurer sa formation physique, intellectuelle,
morale, civique et esthétique;
ü de préparer son intégration propre et
harmonieuse dans son environnement.
L'enseignement primaire dure 6 ans et est sanctionné
par un Certificat d'Études Primaire Élémentaire - CEPE
(classe de 6ème Année). L'âge officiel de
recrutement en 1ère Année est de 7 ans.
En 2002, les effectifs scolarisés au primaire
étaient de 997 645 élèves dont 41,8% de filles. Le taux
brut de scolarisation (TBS) au primaire était estimé en 2002
à 72 % (63 % pour les filles et 79 % pour les garçons). Tandis
que le taux net de scolarisation (TNS) lui valait 56 % (52 % pour les filles et
62 % pour les garçons).
c- L'Enseignement Secondaire
L'enseignement secondaire a la double vocation de former les
agents du niveau moyen pour les secteurs économiques et administratifs
d'une part et d'autre part de les préparer à l'enseignement
supérieur. Il comporte deux cycles: le premier d'une durée de
quatre ans (7ème - 10ème) est sanctionné par le Brevet
d'Études du Premier Cycle - BEPC et le second cycle, d'une durée
de trois ans (11ème - Terminale) est sanctionné par le
baccalauréat (1ère partie en 12ème et 2ème partie
en Terminale) dans trois profils, sciences sociales, sciences
expérimentales et sciences mathématiques.
d- L'Enseignement Technique et Formation
Professionnelle
Il est destiné à développer les
compétences professionnelles par la formation de la main d'oeuvre
qualifiée pour le marché de l'emploi. Le recrutement se fait par
voie de concours et la durée du cycle de formation est de trois ans. La
fin des études est sanctionnée par le Brevet d'Études
Professionnelles (BEP) et le Brevet de Technicien Supérieur (BTS)
respectivement pour les établissements de type A et B.
e- L'Enseignement Supérieur
Il a pour mission la transmission du savoir à niveau
plus élevé et le développement de la recherche
scientifique et technique. L'Enseignement Supérieur recrute par voie de
concours les élèves titulaires du Baccalauréat complet
dans les Universités et les Instituts Supérieurs. La durée
des études varie de 2 à 6 ans selon les facultés. Il
existe 5 types de diplômes de l'Enseignement Supérieur à
des niveaux différents: le DEUG, la Licence, la Maîtrise, le DEA,
le Doctorat en Médecine et Pharmacie. En outre, 5 centres de formation,
7 institutions de recherche et 4 centres de documentation délivrent
également des diplômes de niveau supérieur.
1.2.2.2. Évolution des effectifs des
élèves, des infrastructures et du personnel enseignant
a- Évolution des effectifs scolaires : 1900 -
2000
Les effectifs des élèves ont
évolué de façon significative (mais non linéaire)
depuisl'implantation de la première école d'expression
française par les missionnaires catholiques en1878. Ces effectifs sont
passés au niveau du primaire d'environ 500 élèves en 1900,
à42 543 en 1958, à 144394 en 1968, à 271 318 en 1978,
à 346 807 en 1990 et 853 623 en 2000.
Source : Annuaires Statistiques-MEEPU.
Figure 1 :
Évolution des effectifs scolaires : 1900 - 2000
Toutefois, cette évolution masque d'énormes
disparités à la fois entre les sexes, les milieux de
résidence, les régions, etc. En effet, sur les 853 623 enfants
recensés dans les écoles au cours de l'année scolaire
2000-2001, seulement 41% étaient des filles (350446). Les
disparités sont tout aussi importantes entre les milieux de
résidence. Le TBS était estimé pendant la même
période à 97 % en zone urbaine et 43 % en zone rurale. Au niveau
régional, la Capitale Conakry reste de loin la plus scolarisée
avec un TBS de 100 %. Les régions qui enregistrent les taux de
scolarisation les plus faibles sont celles de la Moyenne Guinée et de la
Haute Guinée. Dans ces régions, moins d'un enfant sur deux ne
fréquente pas l'école. Et, c'est dans ces régions que la
discrimination à l'égard des filles est plus prononcée.
Il faut noter que l'évolution des effectifs a
même enregistré des chutes durant certaines périodes. Entre
1984 et 1987 le TBS est passé de 33 % à 27 %, soit une diminution
de 6 points. Le taux brut d'admission (TBA) est tombé pendant cette
même période de 50 % à 35 % dont 54 % dans les zones
urbaines et 17 % seulement en zones rurales (KI-ZERBO, 1990).
Tableau I :
Évolution des effectifs des élèves et des étudiants
de 1958 à 2002.
Cycles
|
Genre
|
Année
|
|
|
1958
|
1968
|
978
|
1990
|
1998
|
2002
|
Primaire
|
Total
Fille
% Fille
|
42 543
9 522
22,38
|
14 4394
44 211
30.61
|
271 318
92 005
33,90
|
346 807
109 351
19,6
|
674 732
249 088
36,9
|
997 645
417 556
41,85
|
Secondaire
|
Total
Fille
% Fille
|
2 547
360
14,13
|
29 118
4 797
16,47
|
105 550
28 200
26,71
|
75 674
17 739
23,44
|
153 661
39 449
25,67
|
271 089
789 063
29,1
|
Supérieur
|
Total
Fille
% Fille
|
-
-
-
|
644
42
6,5
|
2 3691
4 465
18,84
|
-
-
-
|
-
-
-
|
15 593
2 240
14,36
|
Source : archives du MEPU, Annuaires
statistiques du SSP 1998 et Rapport Annuel du Programme EPT 2002.
b- Évolution des infrastructures
La première école d'expression française
fût installée en Guinée (Boffa) en 1878 par les
missionnaires catholiques. La deuxième l'a été dix ans
plus tard à Benty (Forécariah). Jusqu'en 1900, la guinée
ne disposait que de neuf (9) écoles. Elle en comptait 287 en 1958, 2370
en 1978, 3723 en 1998 et 4602 en 2002. Toutefois, ce parc d'écoles
renferme un nombre important d'écoles à cycles incomplets.
À l'exception de la Capitale Conakry, toutes les autres régions
présentent une part importante d'écoles à structure
incomplètes (EPT, 2002)
Tableau II :
Évolution des infrastructures de 1958 à 2002.
Cycles
|
Année
|
1958
|
1968
|
1978
|
1990
|
1998
|
2002
|
Primaire
|
287
|
1560
|
2370
|
2476
|
3723
|
4602
|
Secondaire
|
9
|
252
|
346
|
230
|
329
|
-
|
Supérieur
|
0
|
2
|
5
|
5
|
5
|
5
|
Source : archives du MEPU, Annuaires
statistiques du SSP 1998 et Rapport Annuel EPT 2002.
c - Évolution du personnel enseignant
Les effectifs du personnel enseignant ont augmenté de
façon substantielle depuis 1958, passant de 925 à plus de 20 000
pour l'ensemble du système éducatif. Mais il faut remarquer que
sur 61 enseignants qui officiaient au niveau de l'enseignement secondaire en
1958, 59 étaient des étrangers.
Tableau III :
Évolution du personnel enseignant de 1958 à 2002
Cycles
|
Genre
|
Année
|
1958
|
1968
|
1978
|
1990
|
1998
|
2002
|
Primaire
|
Total
Femmes
|
843
21
|
3 894
194
|
6 413
794
|
8 699
1 957
|
13 883
3 405
|
|
Secondaire
|
Nationaux
-Total
-Femmes
Étrangers
|
3
0
59
|
704
34
382
|
3654
244
78
|
4846
622
-
|
5099
573
-
|
-
-
-
|
Supérieur
|
Nationaux
-Total
-Femmes
Étrangers
|
0
0
0
|
16
0
54
|
420
44
225
|
-
-
-
|
-
-
-
|
983
-
98
|
Source : archives du MEPU, Annuaires
statistiques du SSP 1998 et Rapport Annuel EPT 2002.
1.3. Quelques faiblesses et distorsions du
système éducatif guinéen
Il faut remonter aux origines de l'école en
Guinée pour cerner tous les problèmes qui bloquent sa
généralisation à tous les enfants d'âges scolaires.
Implantée en Afrique pour les besoins des colonisateurs, l'école
moderne était limitée au début à une toute petite
minorité d'individus : fils d'administrateurs coloniaux,
d'employés des comptoirs commerciaux, de chefs de cantons,...
Le gouverneur général de l'Afrique occidentale
française PONTY(1908) déclarait en ces termes les objectifs de
l'école coloniale : « rassurez-vous qu'il n'entre pas
dans ma pensée de multiplier les établissements donnant autre
chose qu'une instruction primaire très simple, il faut en effet
prendre nos populations au stade ou elles sont dans leur évolution.
Apprendre à l'indigène à parler notre langue, lui
inculquer quelques notions de morale, c'est suffisant pour le moment. Ces
données [...], une fois qu'ils les possèdent, l'enseignement doit
être pour nos jeunes indigènes et en dehors d'une petite
élite dotée d'une culture plus élevée qu'il sera de
notre devoir d'encourager, devenir et rester pratique ». Son
successeur ROUME(1924) continuera la même politique en affirmant :
« [...] considérons l'instruction comme une chose
précieuse qu'on ne distribue qu'à bon escient et limitons en les
bienfaits à des bénéficiaires
qualifiés » (cité par (KOSSOVI, 1993).
Au-delà de ces objectifs plus que restrictifs, la lutte de
libération que menait les populations africaines empêchaient
nombre d'entre elles à scolariser leurs enfants.
Dans les sociétés fortement islamisées
comme la Guinée, les parents assimilaient la scolarisation au
christianisme. Pour attirer les musulmans dans les écoles, le gouverneur
général FAIDHERBE dû instituer des cours du soir pour les
enfants fréquentant les écoles coraniques.
Selon (MARTY, 1921) : « le gouvernement
guinéen avait créé dans chaque escale une place de
moniteur arabe confiée à un Karamoko intelligent. Les cours
étaient combinés de façon à permettre aux enfants
de faire leurs études dans les deux langues. De :
ü sept heures et demie à dix heures,
l'école française
ü dix heures à onze heures et demie,
école arabe
ü quatre heures à cinq heures et demie,
école arabe
L'expérience ne fut pas sans succès et les
indigènes y prenaient goût. Ils devenaient même plus forts
en arabe qu'en français et se perfectionnaient dans le coran, le Borhan,
la Rissala et le Miyara, avant d'avoir pénétré les secrets
du système métrique. Le moniteur calquait d'ailleurs ses
leçons sur les leçons de l'instituteur, et profitait de ses bons
conseils. On en était arrivé à avoir dans tout le Fouta
des sortes de petites médersas, où l'arabe florissait aux
dépens de l'instruction moderne. Il est démontré
aujourd'hui que cette fusion des deux écoles se fait la plupart du temps
au détriment de l'école française. Au surplus, nous
n'avons pas à travailler à l'extension de la langue arabe et de
la religion du Prophète. C'est pourquoi la dissociation a
été opérée, et la plus entière
liberté laissée aux parents et aux enfants. On veille seulement
à ce que les écoles maraboutiques, qui fleurissent dans le
voisinage de l'établissement français lui fournissent, autant que
possible, quelques élèves ».
La suppression de ces dispositions et l'application d'une
nouvelle législation à partir de 1903 « eurent
pour résultat de freiner durablement dans certaines régions
l'expansion de l'enseignement. C'est surtout du côté de
l'éducation des filles que l'effet retardataire de la laïcisation
fut plus sensible, car les soeurs avaient su acquérir, auprès des
familles, mêmes musulmanes, un capital de confiance que celles-ci ne
reportèrent pas avec la même ampleur sur les instituteurs
laïcs » (CAPELLE, 1990).
C'est dans ce contexte que la Guinée accède
à l'indépendance en votant « NON » au
référendum du général de Gaulle. En
représailles, l'administration coloniale rapatria vers les autres
colonies tous les fonctionnaires et cadres français qui servaient en
Guinée. La plupart des écoles se retrouvent alors sans
maîtres. Malgré l'ambition des nouvelles autorités, la
scolarisation marquera le pas, faute d'écoles et de maîtres. Suite
à la répression brutale de la grève des enseignants en
1961, la plupart des nationalistes africains qui étaient venus
prêter main forte à la jeune république quittèrent
le pays.
L'introduction hâtive et improvisée de la
pratique des langues nationales dans les écoles sans supports
didactiques adaptés à la place du français provoqua la
baisse de l'enthousiasme des parents. A ces problèmes institutionnels
s'ajoute un manque criard des infrastructures. Pour six mille classes
existantes dans les années 80, deux mille seulement répondaient
à un minimum de normes. Les classes en banco étaient les plus
nombreuses dans les zones rurales. La fermeture à partir de 1984 de la
quasi-totalité des collèges d'enseignements ruraux (CER) dans les
districts et certains arrondissements provoqua une baisse considérable
des effectifs scolaires. En effet, des nombreux élèves
étaient obligés d'abandonner leurs études faute de tuteurs
dans les villes. Entre 1984 et 1988, le taux de scolarisation est passé
de 30,8 % à 23,3 % (KI-ZERBO, 1990).
Les politiques d'ajustement structurel dans lesquelles le
gouvernement guinéen s'est lancé à la fin des
années 1980 et le gel des budgets sociaux qu'elles impliquent notamment
le blocage des recrutements des nouveaux enseignants continuent
d'empêcher des nombreux enfants du milieu rural d'être
scolarisé.
Pour pallier le manque des salles de classes dans les milieux
urbains, la pratique des classes à mi-temps fut instituée. Mais
que ça soit le matin ou l'après-midi, les classes
présentent un niveau d'occupation supérieur à la norme.
Les effectifs oscillent entre 100 et 150 à Conakry et dans les grandes
villes.
Cette insuffisance des salles de classes traduit à elle
seule, la faiblesse des efforts du gouvernement en faveur du secteur de
l'éducation. En effet, les dépenses pour le secteur de
l'éducation bien que représentant en 2002, 23 % des
dépenses courantes de l'État guinéen mais cet effort
consacré à l'éducation ne représente que 2,15 % du
produit intérieur brut (PIB) estimé à 6325,02 milliards de
francs guinéens. Ce qui place la Guinée parmi les pays qui
consacrent le moins de ressources publiques au secteur de l'éducation
par rapport à la richesse nationale. La moyenne en Afrique subsaharienne
s'élève à environ 4 % (EPT, 2002). Ce faible effort de la
part de l'État contrarie la demande d'éducation, car l'essentiel
des frais de scolarité est supporté par les populations dont plus
de 40 % vivent dans l'extrême pauvreté1(*).
Un autre obstacle à la scolarisation identifié
par le programme éducation de base pour tous est le
phénomène de redoublement. « Le redoublement constitue
non seulement un coût supplémentaire pour le système mais
il obstrue surtout la fluidité du système. Quand le taux de
redoublement est excessif, comme il l'est en Guinée (en moyenne 27%),
les enfants redoublants occupent la place des nouveaux candidats qui parfois
à force d'attendre leur tour risquent de voir leur âge de
scolarisation révolu. Le redoublement est surtout préjudiciable
pour la scolarisation des filles qui sont déjà
discriminées. Une période d'attente longue les pousse encore
davantage aux travaux domestiques et à l'abandon définitif
d'entreprendre des études » (EPT, 2002).
Aussi, le rapport de l'EPT, souligne une régression
sensible du taux brut d'admission en première année durant la
période 2001-2002, tant dans les zones urbaines que dans les zones
rurales. Au niveau national, le taux brut d'admission (TBA) est passé de
66 % en 2001 à 54 % en 2002. Ce recul serait dû à
l'insuffisance des enseignants. À préciser qu'en 2002, 948
seulement enseignants ont été recrutés sur un total de
2000 prévus.
CHAPITRE 2 : CADRE THÉORIQUE ET
HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
Dans ce chapitre, nous présenterons la synthèse
de la littérature sur les différents facteurs influençant
la scolarisation. Cette synthèse de la littérature nous permettra
de construire notre cadre conceptuel et de formuler nos hypothèses. Ce
chapitre s'achèvera par la définition des concepts, la
présentation des variables d'études et du schéma
conceptuel.
2.1. Revue de la
littérature
La scolarisation n'a commencé à faire l'objet
d'études par les démographes que pratiquement depuis deux
décennies. Cette partie présentera les différents facteurs
identifiés par les chercheurs comme étant un frein à la
scolarisation dans les pays en développement.
Les différentes études qui ont été
menées jusqu'à ce jour ont mis en évidence plusieurs types
de facteurs allant des facteurs historiques aux facteurs
socio-démographiques en passant par les facteurs
socio-économiques, socioculturels, géographiques et
régionales et les facteurs liés à l'offre scolaire.
2.1.1. Les facteurs
historiques
La pertinence des facteurs historiques et géographiques
dans l'étude de la scolarisation réside dans le fait qu'en
Afrique la scolarisation est intimement liée à la
colonisation. Les premières écoles implantées sur le sol
africain par les missionnaires catholiques le furent sur les côtes des
océans atlantique et indien. C'est graduellement que l'école
moderne gagna les régions de l'arrière-pays. Ce qui fonde aussi
l'examen des facteurs historiques c'est que les pratiques coloniales (former
pour les besoins de l'administration) se sont perpétuées
après les indépendances (BAKAYOKO, 2002).
La faible scolarisation des régions restées
longtemps hors de l'influence coloniale ne saurait cependant s'expliquer que
par les facteurs historiques. (YARO, 1994)fait remarquer qu'au Burkina Faso,
des régions qui ont eu leurs écoles au début des
années 1900 demeurent encore sous scolarisés. D'où la
nécessité d'examiner l'influence d'autres facteurs tels que les
facteurs géographiques.
2.1.2. Les facteurs
géographiques
De même que les facteurs historiques, les facteurs
géographiques sont aussi évoqués par certains auteurs pour
expliquer la sous scolarisation de certaines régions. C'est le cas de
(WAKAM & BENZA, 2001) qui soutiennent que la pénétration de
l'éducation formelle s'étend fait par les côtes, il va de
soi que les régions côtières soient plus scolarisées
que les régions continentales. Et, en Afrique, les régions
côtières sont plus urbanisées que les régions
continentales. Or, bon nombre d'études ont trouvé que la
proportion d'enfants scolarisés est nettement plus élevée
en milieu urbain qu'en milieu rural. Le BRUN (1971) justifie cette situation
par des considérations économiques, car la construction d'une
école dans les régions à faible densité est plus
coûteuse que dans les régions fortement peuplées.
(YARO, 1994)a montré qu'au Burkina Faso, les taux de
scolarisation oscillaient entre 10 et 15 % dans les provinces de Tapoa et 82 %
dans la province de Kadigo (abritant Ouagadougou, la Capitale). Il en est de
même au Cameroun, où (WAKAM & BENZA, 2001)ont indiqué
qu'il y avait une forte différence de scolarisation entre les
régions du Sud (Douala) et du Centre (Yaoundé) d'une part et les
régions du Nord et de l'extrême Nord (Maroua) d'autre part. Mais
les variations des niveaux de scolarisation observées entre les
régions peuvent être le résultat de l'imbrication d'autres
facteurs tels que les facteurs socioculturels dont la région est souvent
l'un des proxy.
2.1.3. Les facteurs
socioculturels
Les facteurs socioculturels sont indispensables dans toute
analyse des phénomènes socio-démographiques. Pour (KOUAME
& RWENGE, 1996)« les variables socioculturelles contribuent
à la formation des modèles culturels constituant les cadres de
pensée et de pratique connus et valorisés socialement par les
membres de la communauté. Elles sont des condensés d'un ensemble
de normes, d'images d'habitudes, d'idées, de pratiques quotidiennes, de
nécessités auxquels se réfère l'individu dans sa
vie quotidienne. Ainsi, en est-il de l'ethnie et de la religion qui
véhiculent pour l'essentiel les modèles
traditionnels ». En tant que lieu de production des
modèles socioculturels, ces deux variables affectent le comportement des
individus en matière de scolarisation, notamment en ce qui concerne
l'évolution des attitudes envers la scolarisation.
Selon (KABRE, 1999) : « en Afrique,
l'école a longtemps été considérée comme une
institution à la fois prestigieuse et exogène à la culture
héritée de nos ancêtres. L'école moderne ne
constituait pas à priori une réponse aux besoins de formation de
la population. Elle apparaissait au contraire comme une institution
importée n'ayant que peu de rapport avec les préoccupations
quotidiennes de la plupart des africains. Confrontées à des
situations précaires entre besoins et ressources, la population a eu
parfois du mal à saisir la portée d'une formation à long
terme dispensée par l'institution scolaire ». Toutefois,
les individus peuvent avoir des attitudes différentes envers la
scolarisation selon qu'ils soient de telle religion ou de telle ethnie.
2.1.3.1. L'ethnie
Le contact de l'Afrique avec l'Europe et l'Asie a
été un facteur important de bouleversement culturel. Les
sociétés négro-africaines ont été
exposées pendant longtemps aux cultures arabo-musulmane et occidentale
et les ont subies comme cultures dominantes. Ces influences ont abouti à
une acculturation plus ou moins grande selon l'ethnie le tout étant
fonction des caractéristiques propres de chaque groupe ethnique(AKOTO,
1993). Les ethnies soudano-sahéliennes ont vite adopté la culture
arabo-musulmane tandis que les bantous ont adopté plutôt la
culture occidentalo-chrétienne. Mais si certaines ethnies ont
embrassé facilement ces cultures d'autres par contre les ont
catégoriquement refusées. « Les Baganda de
l'Ouganda par exemple, ayant embrassé le christianisme, ils ont
intégré à leurs cultures certaines valeurs, normes et
pratiques occidentales véhiculées par cette religion, au nombre
desquelles, la scolarisation des enfants des deux sexes » (AKOTO,
1993). D'autres ethnies par contre ont rejeté la culture occidentale.
C'est le cas : des Coniagui et Bassari, vivant à
cheval entre la Guinée, la Guinée-Bissau et le
Sénégal ; les Guerzés de la Guinée;
les Senofou du Burkina-Faso et du Mali; les Lobi du
Burkina-Faso; les Somba du Bénin; les Kabré du
Togo (RAULIN, cité par (AKOTO, 1993)). Le refus de la colonisation
aurait amené certaines ethnies comme les Lobi de la Haute Volta
(actuel Burkina Faso) à rejeter tout ce qui émane des
« blancs », scolarisation y compris (YARO, 1995). A cette
liste s'ajoutent les ethnies : Musgun, Guiziga et Arabes Choa du
nord Cameroun « qui s'opposent à l'école comme elles
s'opposent d'ailleurs à toute forme de modernisation »(WAKAM,
1999).
Certains auteurs comme KI ZERBO expliquent la sous
scolarisation de certaines ethnies par l'insuffisance de l'offre
scolaire : « l'inégale répartition des écoles
(surtout secondaires et supérieures) font que certains groupes ethniques
ou professionnels peuvent se trouver privilégiés »
(KI-ZERBO, 1990).
2.1.3.2. La religion
La religion musulmane est souvent citée dans la
littérature comme étant l'un des freins à la scolarisation
des enfants. (CAPELLE, 1990)rapporte qu'au Soudan (actuel Mali) et en
Guinée, pendant la période coloniale, la propagande religieuse
dans les milieux islamisés avait conduit bien des familles à
penser que la fréquentation d'une école coranique rendait
superflu le recours à l'école française. L'école
des Blancs était considérée comme la voie la plus directe
pour aller en enfer ! « La majorité des chefs religieux
estimait que : ce qu'ils (les enfants) apprendront à l'école
les amènera à renier leur foi ; ils deviendront des
mécréants et des vauriens et seront mis au banc de la
société ! » (Chef traditionnel, cité par
(BÂ, 1991). Bien que cette position des érudits musulmans et des
chefs traditionnels ait évolué, des appréhensions
persistent toujours. Au FoutaDjallon, région Nord de la Guinée
les chefs religieux et les notables voient d'un très mauvais oeil un
enseignant qui ne s'acquitte pas de ses prières quotidiennes car il est
susceptible de donner le mauvais exemple.
Dans le département de Bani au Burkina Faso, fortement
islamisé, les ménages préfèrent envoyer leurs
enfants à l'école coranique, car pour eux
« l'école classique est sans valeur » ; et
« les enfants de la communauté qui sont allés à
l'école classique n'ont jamais été
récupérés par la religion musulmane. De tels
précédents font que nous ne sommes plus prêts à
assister au reniement de la communauté par nos enfants »
(extraits d'entretiens, (YARO, 1995).
Dans le département de Baya au Mali où
l'influence de l'islam, bien que relativement récente, est grandissante,
les familles se détournent de plus en plus de l'école formelle au
profit des medersas et des écoles coraniques (GERARD, 1997) cité
par (PILON & YARO, 2001). Ces auteurs affirment que si «
l'engouement pour l'école coranique et l'école franco-arabe
peut être considéré, dans certains cas, comme `une
stratégie de substitution ou d'évitement' de l'école
formelle, compte tenu des limites et contraintes qu'elle présente
(coût des études, conditions de scolarisation, etc.),
l'explication de cette `réorientation de la demande d'éducation'
se trouverait davantage dans l'islam, tel qu'il est pensé et
pratiqué et dans l'enseignement musulman lui-même »
(idem., p27).
(ALI & al, 1998) cités par (KOBIANE J. F., 2002)
expliquent aussi la sous scolarisation de certains arrondissements du Niger par
le facteur religieux. HYDE cité par (PILON & YARO, 2001)pour sa part
écrit que : « l'école occidentale est
considérée dans ces localités comme une menace aussi bien
pour les valeurs de l'islam que pour celles de l'ethnie Haoussa et à ces
titre affecte davantage les femmes ».
Mais les résultats des entretiens
réalisés par (ALI & al, 1998)cités par (KOBIANE J. F.,
2002) dans l'arrondissement de Bouza au Niger tendent à relativiser ce
conflit entre l'école formelle et l'islam. L'intérêt pour
l'école coranique répondrait davantage à une
nécessité d'intégrer l'enfant dans sa communauté,
car elle ne s'inscrit pas dans une logique d'opposition à l'école
traditionnelle formelle. Ce rôle négatif de l'islam dans la
scolarisation constatée en Afrique subsaharienne est d'autant plus
à relativiser que pour (ROBERTSON & BERGER, 1986)cités par
(KOBIANE J. F., 2002) l'islam ne devrait pas être tenu pour seul
responsable des faibles taux de scolarisation féminine en Afrique. Pour
preuve, ils citent le cas du Soudan où le Nord musulman présente
des taux de scolarisation significativement plus élevés que le
sud christianisé et traditionnel.
Même s'il est évident que c'est dans les
régions et les communautés islamisées d'Afrique
subsaharienne que les taux de scolarisations les plus bas sont
enregistrés, rien n'indique que ceux qui refusent de scolariser leurs
enfants puisent leurs arguments dans l'islam.
2.1.4. Les facteurs
socio-économiques
Parmi les facteurs socio-économiques susceptibles
d'influencer l'individu dans sa décision de scolariser ou non ses
enfants, on cite généralement le niveau d'instruction,
l'occupation, le revenu, le niveau de vie du ménage.
2.1.4.1. Le niveau d'instruction du chef de ménage
Plusieurs études ont montré l'importance du
niveau d'instruction du chef de ménage sur la scolarisation des enfants.
Plus le chef de ménage est instruit plus il y a de chance que les
enfants le soit également.
(CLEVENOT & PILON, 1996)et(LlOYD & BLANC, 1996)ont
constaté que plus le niveau d'instruction du chef de ménage est
élevé, mieux les enfants sont scolarisés. (DE-VREYER,
1993)étudiant la demande scolaire en Côte d'ivoire, trouve qu'au
niveau national, une année supplémentaire d'éducation chez
le chef de ménage se traduit par une augmentation de près d'une
année chez l'enfant. Au Sénégal, (CLEVENOT & PILON,
1996) ont trouvé que les filles qui ont les deux parents instruits ont 6
fois plus de chance d'être scolarisées que celles de parents
analphabètes. Mieux, ils affirment que l'éducation de la
mère paraît plus déterminante que celui du père pour
la scolarisation des enfants.(MONTGOMERY, KOUAME, & OLIVIER, 1995)sont
parvenus à un résultat identique dans le cas du Ghana. En
revanche, ces auteurs ont trouvé qu'en milieu rural ivoirien, le niveau
d'instruction de la mère avait des effets faibles sur la scolarisation
des enfants. (SHAPIRO, 1999) pour sa part a trouvé que dans le cas de la
ville de Kinshasa, le niveau d'instruction du père a un effet positif
sur celui de la fille. Les chefs de ménage ayant un certain niveau
d'éducation ont plus de compétence pour soutenir leurs enfants
dans leurs études et ils parviennent à insuffler à ses
enfants des ambitions scolaires et professionnelles élevées.
(WAKAM, 2002)a dans le cas du Cameroun constaté que le
niveau d'instruction du chef de ménage tend davantage à favoriser
la scolarisation des filles que celui des garçons dans les
ménages dirigés par les femmes et la scolarisation des
garçons dans les ménages dirigés par les hommes.
2.1.4.2. L'activité du chef de ménage
Certains types d'activités se prêtent beaucoup
plus au travail familial, augmentant les risques de recours à la force
de travail des enfants. En effet, les enfants appartenant à des
ménages dont l'activité du chef permet difficilement
l'intégration d'autres membres du ménage (à savoir :
les salariés des entreprises du secteur moderne ou de l'administration
publique), fréquenteraient l'école dans de plus larges
proportions. Alors que les enfants appartenant aux ménages où le
chef est un travailleur indépendant oeuvrant le plus souvent dans le
secteur informel seraient plus exposés au risque de travailler, donc de
ne pas fréquenter l'école. Pour (MARCOUX, 1994a), ceci s'explique
par le fait que le chef de ménage salarié peut difficilement
compter sur la participation d'un enfant à son activité
économique afin d'augmenter son rendement ou encore, le revenu de son
travail. Cela ne sera toutefois pas le cas du travailleur indépendant
qui pourra espérer une augmentation de ses gains monétaires en
intégrant un enfant dans la chaîne de production qu'il
contrôle. De même, il est logique qu'un commerçant tente
d'accroître ses bénéfices en vendant sur autant de
marchés qu'il a d'employés.
2.1.4.3. Le niveau de vie du ménage
Des nombreuses études ont mis en exergue, l'existence
d'une relation entre le niveau de pauvreté des ménages et la
nécessité du travail des enfants (LANGE M. F., Cent cinquante ans
de scolarisation au Togo : bilan et perspective, 1991) (UNICEF, 2000).
En Afrique subsaharienne la culture scolaire ne participe pas
toujours à une large reproduction de la société. Dans bien
des cas, la scolarisation est plutôt apparue comme un acte de
conformité par rapport à une attitude générale
(GERARD, 2001). « Le fait de ne pas scolariser ses enfants
résulte souvent d'une impossibilité (notamment financière)
ou correspond à certains paramètres sociaux comme le statut de
l'enfant, ses rôles et ses fonctions au sein du groupe d'appartenance
véritable maillon dans l'organisation de la production, des rapports
matrimoniaux (comme la fillette), il n'est simplement pas libéré
par son groupe ». Car, « il est ainsi des rôles
rituels que lui seul peut remplir » (ERNY, 1987)Mais le petit
africain est aussi appelé très tôt à participer
à la marche de la société par son travail et les
responsabilités d'ordre économiques qu'on lui demande d'assumer.
« Avec l'âge qu'on appelle ailleurs traditionnellement de
`raison', et qui correspond en gros au moment de la deuxième dentition,
on assiste à un changement important dans l'attitude des adultes
vis-à-vis des enfants et dans l'attente qu'ils entretiennent à
leur égard. On les considère désormais comme soumis
à l'ensemble des obligations coutumières, on commence à
leur demander une participation réelle et souvent plus importante au
travail commun. Ils représentent aux yeux des adultes une main-d'oeuvre
nullement négligeable » (idem). Pour J. KENYATTA,
l'enfant doit rendre service, car « la prospérité
dépend des activités de tous les membres du groupe
familial ».
Ainsi, les caractéristiques économiques des
populations jouent un rôle particulièrement important dans la
détermination du volume de la demande scolaire, de nombreuses
contraintes économiques étant en effet liées à la
scolarisation. Les dépenses financières qu'implique l'envoi et le
maintien d'un enfant à l'école sont loin d'être
négligeables surtout pour des familles disposant d'un revenu aussi
faible que celui de la Guinée, s'y ajoute le coût
d'opportunité que représente la renonciation par les familles du
travail de l'enfant. La vie quotidienne est en effet ponctuée de
nombreuses corvées dévoreuses de temps et d'énergie pour
lesquelles les enfants sont mis à contribution dès leur plus
jeune âge : recherche d'eau au puits, collecte de bois de chauffe,
surveillance des enfants en bas âge, aide aux travaux champêtres,
aide à la surveillance des troupeaux ou du petit élevage, aide au
petit commerce et autres (RWEHERA, 1998). A ce titre, « les
conditions de vie et de travail dans lesquelles évolue la
société coutumière (africaine) lui interdisent de
sécréter des institutions du type scolaire classique qui
arracheraient l'enfant à la production et le transformerait ainsi en une
charge pour sa famille » (ERNY, 1987) D'où la
nécessité selon certains économistes dont GARY BECKER
d'employer la méthodologie de la microéconomie pour analyser les
décisions familiales comme le mariage, le divorce, le nombre d'enfants
désirés, la scolarisation,.... « L'idée
sous-jacente à cette démarche est qu'il y a des
éléments de choix dans le comportement démographique de
sorte que quelques-unes des considérations utilisées par les
économistes peuvent être pertinentes dans ce
domaine » (CADIER, 1990).
Il est aujourd'hui établit que :
« l'utilisation des enfants d'âge scolaire pour des
activités économiques n'apporte que des avantages à court
terme. En règle générale, un enfant ayant reçu une
éducation adéquate fera à la longue un travailleur
beaucoup plus utile et plus productif que s'il était
analphabète »(FAROOQ & AFOSU, 1992). Les études qui
ont cherché à établir une relation de causalité
entre la scolarisation et le travail des enfants sont parvenues à la
conclusion que l'influence négative du travail des enfants sur la
scolarisation varie suivant les modes de production.
(KOBIANE J. F., 1999)dans une étude sur le milieu rural
burkinabé a trouvé que la scolarisation croît lorsqu'on
passe des ménages pratiquant les cultures extensives aux ménages
engagés dans les cultures intensives d'exportations. Cela s'expliquerait
par le fait que les premiers demandent plus de main-d'oeuvre que les
seconds.
Au Botswana, (CHERNICHOVSKY, 1985) a montré que
l'importance des ressources dont dispose un ménage influence le
comportement de celui-ci en matière de scolarisation : les
ménages disposant d'un grand cheptel auraient la possibilité
d'embaucher des ouvriers et par conséquent, ne pas recourir à la
force de travail de leurs enfants. Ce qui est tout le contraire des
ménages ne disposant pas de suffisamment de terre et de cheptel.
La scolarisation des enfants constitue un coût
immédiat non négligeable. En effet, « la fille peut
être amenée à participer davantage aux travaux domestiques,
permettant ainsi à la mère de consacrer plus de temps aux
activités productives ou à appuyer celle-ci dans ses
activités génératrices de revenus »
(BAZZI-VEIL, 2000).
Dans le cas de la Côte d'Ivoire, (BAKAYOKO, 2002) trouve
que les enfants qui consacrent plus de deux heures par jours aux travaux
domestiques ont 41 % moins de chance de fréquenter une école que
ceux qui font moins de temps. Cette étude s'inscrit dans le sillage de
nombreuses autres études qui ont permis de conclure que « le
meilleur statut de l'enfant, en termes d'occupation, est la
scolarisation ».
2.1.5. Les facteurs liés
à l'offre scolaire
La proximité des infrastructures éducatives,
mais aussi leurs équipements, leur accessibilité
financière, les qualifications du corps enseignant, etc. sont autant des
facteurs qui peuvent influencer la propension des familles ou des parents
à envoyer leurs enfants à l'école. Comme le souligne
(LANGE M. F., Cent cinquante ans de scolarisation au Togo : bilan et
perspective, 1991)(LANGE, 1991), si la scolarisation est
caractérisée par la volonté que les ménages ont
d'inscrire leurs enfants à l'école, elle dépend aussi et
surtout de la capacité que l'État a d'offrir des écoles et
des maîtres.
C'est surtout au niveau de l'explication des
inégalités sexuelles d'accès à l'école
qu'intervient bien souvent la question de la distance à
l'école : de crainte de les exposer à des agressions
physiques ou morales, les parents évitent d'envoyer les filles dans des
écoles distantes du lieu d'habitation (KOBIANE J. F., 2002). « Les
filles qui ne peuvent se libérer facilement des tâches domestiques
disposent de moins de temps que les garçons à consacrer à
leur scolarité. Dès lors, le parcours d'une longue distance pour
aller à l'école par la fatigue supplémentaire ainsi que la
perte de temps qu'il constitue pour les devoirs scolaires ou le loisir,
facilite la déscolarisation quand il ne décourage pas tout
simplement la scolarisation de la fille »(BAZZI-VEIL, 2000).
ALDERMAN& al. (1996) cités par (KOBIANE J. F.,
2002) mettent également en évidence, dans le contexte du milieu
rural Pakistanais, que la disponibilité des institutions scolaires est
l'un des facteurs déterminants de l'accès des filles à
l'école et de leurs performances scolaires.
C'est à juste raison donc que l'offre
d'éducation constituait la toile de fond de la conférence de
Jomtien (1990). « La déclaration et le cadre d'action de Jomtien
partent de l'hypothèse que si l'offre est satisfaisante (sur les plans
de quantité, de la localisation et de la qualité), enfants et
adultes iront à l'école et l'objectif de l'éducation pour
tous sera atteint »(HALLAK, 1994, cité par (PILON & YARO,
2001).
2.1.6. Les facteurs
socio-démographiques
2.1.6.1. Le sexe de l'enfant
« On aime les filles pour ce qu'elles sont et
les garçons pour ce qu'ils vont être »2(*) (..., 1821).
Le fait que les filles soient moins scolarisées que les
garçons en Afrique subsaharienne est un phénomène bien
connu. Beaucoup voient dans ce phénomène l'influence des
pesanteurs socioculturelles. Selon (ORIVEL, 1994), la discrimination faite aux
filles varierait quelque peu selon les aires culturelles. Elle est plus forte
en Afrique francophone et progresse légèrement moins vite vers
l'Afrique anglophone.
Les facteurs socioculturels seraient responsables de la sous
scolarisation des filles constatée en Afrique subsaharienne; à
cause notamment de la conception traditionnelle affectant la femme aux
activités domestiques, la précocité des mariages pour les
jeunes filles, le statut « d'étrangère » de
la fille, etc. (PILON & YARO, 2001).
Pour MUNGAH (1993), cité par (WAKAM & BENZA, 2001)
la marginalisation dont sont victimes les femmes en matière de
scolarisation tire ses fondements dans le processus de socialisation et
d'éducation familiale, qui met plus l'accent sur la dépendance
que sur la réussite scolaire des filles.
Les entretiens réalisés sur ce sujet au Mali par
(GUEYE & al., 1993)sont illustratifs des perceptions quant à
l'utilité de scolariser les filles : « une fille qui a
été à l'école sera tentée d'oublier les
règles de conduite vis-à-vis de son mari auquel elle doit
respect, obéissance et soumission » (homme khassonké),
« quand tu envoies une fille à l'école, souvent elle devient
inapte pour les travaux ménagers, c'est une perte » (femme
peule).
Pierre COCO (1977), cité par(QUENUM, 1998) rapporte que
chez les Yoruba « envoyer les filles à l'école, c'est
les jeter dans les bras des instituteurs qui en feront des objets de plaisir et
déclineront toute responsabilité en cas de grossesse. Or nombre
de ces filles sont déjà promises à de braves fermiers
entièrement dévoués aux `beaux-
parents'... ».
L'étude de (BONINI, 1998) sur les stratégies
éducatives du peuple Masaï du Kenya est aussi
révélatrice de cette discrimination faite aux filles :
« si la scolarisation des garçons peut avoir certaines
retombées positives sur l'unité familiale, celle des filles est
en général considéré comme inutile, ne pouvant
profiter à la famille. En effet, chez les masaï,
patrilinéaires et à résidence virilocale, les filles sont
amenées à quitter le foyer parental pour aller vivre dans le boma
de leur mari (ou de leur beau-père) dès leur mariage.... Les
connaissances que la jeune fille aura accumulées durant sa
scolarité ne pourront donc être d'aucun profit à ses
parents mais bénéficieront en revanche à sa belle-famille
au côté de qui elle réside désormais. Les parents
perdent alors le bénéfice de la scolarisation de leur fille sans
que cette éducation ait un impact positif sur le mariage lui-même.
Par conséquent, à cause du futur mariage de leur fille et du
départ qu'il provoque, les parents qui attendent certaines
retombées du passage à l'école de leurs enfants
préfèrent généralement y envoyer les
garçons. Pour autant, ils n'opposent pas de fortes résistances
à la scolarisation des filles au primaire qui pour inutile qu'elle soit,
n'est pas considérée à ce stade du moins, comme
nuisible... ».
Aussi, « c'est sous la condition que la mise
à l'école d'une fille ne porte pas atteinte au devenir et au
statut de ses frères que les choix scolaires s'effectueront. Le temps de
la scolarité, le type d'école ou de filière doivent ainsi
être considérés comme des choix sociaux et
économiques déterminés autant par le fait d'être de
sexe féminin que d'être en concurrence au sein de la famille avec
des enfants de sexe masculin » (LANGE & al, 1998).
Cette discrimination à l'égard des filles reste
de mise même chez certaines personnes instruites et
patrilinéaires. « Si j'ai des problèmes d'argent, je
donnerai plus de chance aux garçons même si ça ne marche
pas fort par ce qu'ils sont appelés à me remplacer(...). Chez
nous en pays Adjoukourou, la femme est appelée à vivre
ailleurs, nous la considérons comme l'oiseau qui est toujours parti. Le
garçon représente le `palmier', celui qui doit vivre sur le
patrimoine des parents » (homme ivoirien, chef comptable d'une
entreprise, cité par (PROUTEAU, 1998).
Les structures familiales jouent aussi un rôle
déterminant dans la scolarisation des filles. Le type de famille
(monoparentale, monogamique, polygamique), sa taille et sa composition, de
même que la taille et la composition de la fratrie de la fille
interviennent dans les chances d'une fille de bénéficier d'une
éducation scolaire (LANGE & al, 1998).
(BOP, 1997) affirme que la détérioration des
services publics constatée en Afrique se répercute en premier
lieu sur la situation des fillettes, du fait qu'elles constituent l'essentielle
de la main d'oeuvre féminine.(LANGE & al, 1998)ont montré
qu'au lieu que l'indépendance financière et économique de
certaines femmes ne se fasse aux dépens des hommes, elle se construit en
premier lieu grâce à l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine
féminine. Ceci pour la simple raison que « les femmes sont de
plus en plus nombreuses à exercer des activités salariées
ou informelles tout en maintenant une fécondité
élevée, qui en raison des modèles idéologiques
dominants, demeure en fait la seule valeur sociale reconnue aux
femmes ».(AGBOGAN, 2003)trouve par exemple qu'au Togo : «
c'est à Lomé (région la plus scolarisée du pays)
que les disparités sexuelles sont les plus importantes. Les
garçons de 6-11 ans ont presque quatre fois plus de chance de
fréquentation scolaire que les filles ». Ce résultat
contredit le constat d'ensemble fait par (LANGE M. F., 2000). Constat selon
lequel « les régions aux taux de scolarisation les plus faibles
sont aussi souvent les régions où les inégalités
sexuelles en matière de scolarisation sont les plus
élevées ».
Au niveau global, la proportion des filles dans le total des
enfants scolarisés en Afrique se chiffrait à : 38 % en 1970,
42 % en 1980, 44 % en 1985 et 45 % en 1990. A ce rythme de croissance, il
faudra encore vingt ans pour parvenir à l'égalité totale
entre filles et garçons (ORIVEL F., 1994). Pour l'(UNESCO, 2001), si
« l'augmentation du niveau général de participation
paraît conduire à une réduction des disparités entre
filles et garçons. Mais cela n'est pas toujours le cas. En effet,
certains pays ayant pourtant des niveaux de scolarisation relativement
élevés (supérieurs à 75 %) connaissent des fortes
inégalités entre les sexes (cas de l'Angola, du Cameroun, du
Bénin, de la Côte d'Ivoire, des Comores, du Libéria et du
Togo) ».
Les années 1990 auront été celles
où les institutions internationales et les États ont
accordé plus d'attention à la scolarisation des filles. Mais
« pour nombre d'acteurs internationaux, l'augmentation de la
scolarisation des filles procède davantage d'une vision utilitariste
sachant que les filles d'aujourd'hui seront les femmes, les mères de
demain que d'une question éthique posée en termes de droit
fondamental à l'éducation qui implique la réduction des
inégalités » (PILON & YARO, 2001). (LANGE & al,
1998)pour sa part a pu écrire : « persuadés que
certaines entraves au développement de l'Afrique résident dans
une croissance démographique trop rapide due à une
très forte fécondité des femmes qui s'explique par leur
faible niveau d'éducation scolaire, certains décideurs posent
comme préalable au développement, un niveau minimum d'instruction
féminine, par ailleurs jamais clairement quantifié.... Si
certaines institutions internationales comme l'UNICEF, insistent sur le droit
fondamental des enfants à l'éducation, en y incluant celui des
filles) d'autres raisonnent plutôt selon le schéma classique de
l'utilitaire où la scolarisation des filles est une
nécessité pour assurer la baisse de la fécondité
des femmes, pour améliorer le niveau sanitaire des populations (et
réduire la mortalité infantile) et plus accessoirement, pour
permettre l'implication des femmes dans le domaine
économique ».
2.1.6.2. Taille du ménage ou de la famille
« Qui a moins d'enfants investit davantage dans
leur santé et leur éducation » (FNUAP,
1999).
La tradition dit : « épousez des
femmes aimantes et prolifiques, car je serai fier de vous parmi les Nations
(...). Néanmoins, le législateur2(*) a subordonné le mariage avec une femme
prolifique, le mariage procréateur, à la condition de disposer
des moyens matériels permettant d'assumer le coût du mariage ainsi
que l'éducation et l'instruction des enfants... » Abd
Allah Al Qalqili, grand mufti de Jordanie, The Population Council, 1974.
L'étude de la relation entre la taille du ménage
ou de la famille et la scolarisation des enfants demeure essentiellement
dominée par les théories et modèles économiques de
la fécondité. Dans ces théories et modèles (cf.
BECKER & LEWIS, 1973), les ménages et les familles sont
supposés réaliser des choix entre le nombre d'enfants (la
« quantité ») et privilégier l'investissement
moyen par enfant (la « qualité »). Dans ces
modèles, l'enfant est donc considéré comme un bien
économique dont l'utilité dépend de ses avantages et
coûts perçus par les parents.
Pour Becker, plus le nombre d'enfants est élevé,
moins grandes seront les ressources disponibles en moyenne par enfant
(ressources comprises au sens large : ressources matérielles telles
que l'argent, mais aussi non matérielles, telles que le temps).
Cette hypothèse (l'existence d'une relation
négative) entre la taille de la famille et l'éducation moyenne
reçue par enfant, a été vérifiée par les
données statistiques des pays industrialisésnotamment celles de
LINDERT (1977), BLAKE, (1981et 1989), HANUSHEK, (1992). Ainsi, partant de cette
relation BECKER (1991) et KING (1987) ont postulé que la baisse de la
fécondité s'accompagnerait d'une amélioration du
bien-être des enfants. Dans leur processus, les pays en
développement passeraient d'un stade caractérisé par des
familles de grande taille avec des faibles niveaux d'investissement dans le
capital humain des enfants vers un stade où les familles de petite
taille avec des forts niveaux d'investissement dans le capital humain seraient
la norme (BIRSDALL, 1988, cité par (KOBIANE J. F., 2002)). Cette
relation a aussi été corroborée dans certains pays en
développement notamment en Asie du sud-est. En revanche, les
études réalisées sur l'Afrique subsaharienne, aboutissent
à un tout autre résultat : la relation entre la taille de la
famille ou du ménage et la scolarisation des enfants est plus
inexistante, voire positive. C'est ce qui ressort des études de (WAKAM,
1999)sur les données du recensement du CAMEROUN (1987), de SHAPIRO
(1999) sur la ville de Kinshasa, de (MONTGOMERY, KOUAME, & OLIVIER, 1995)
dans une étude comparative sur la Cote d'Ivoire et le Ghana, de (LlOYD
& BLANC, 1996) sur sept pays d'Afrique (Kenya, Tanzanie, Cameroun, Niger,
Malawi, Namibie et Zambie), de (MARCOUX, 1994a)en Milieu urbain malien, de
(CHERNICHOVSKY, 1985) en milieu rural au Botswana, de (GOMES, 1984) au
Kenya.
Cette différence entre l'Asie du Sud-est et l'Afrique
subsaharienne quant à la relation entre la taille du ménage et le
niveau de scolarisation des enfants est généralement
expliquée par des différences dans les systèmes familiaux
(KOBIANE J. F., 2002). L'existence des réseaux de solidarités
familiales en Afrique subsaharienne, qui permettent bien souvent l'accueil de
personnes extérieures au ménage (enfants comme adultes) ou
l'envoi de certains membres du ménage vers d'autres unités
résidentielles, aurait pour effet non seulement de réduire la
pression du nombre d'enfants sur les ressources disponibles mais aussi de
scolariser ces enfants. Pour (WAKAM, 1999) : « il y a lieu de
penser que les ménages qui hébergent ces enfants ne sont pas les
seuls à en supporter les frais de scolarisation, une partie de ceux-ci
étant financés de l'extérieur par d'autres membres de la
famille étendue ». (PARISH & WALLIS, 1993), (SHAPIRO
& TAMBASHE, 1997)ont montré que les frères et soeurs
aînés payent leurs crédits en prenant en charge
l'éducation des plus jeunes.
2.1.6.3. La structure par âge et sexe des membres du
ménage
À côté des travaux domestiques tels que la
préparation des repas, l'entretien des lieux, il y a une activité
non négligeable qui est la prise en charge des plus petits, en
l'occurrence les soins à leur accorder ainsi que leur gardiennage. Du
fait de la division sexuelle des rôles dans la sphère familiale,
qui plus est dans les économies peu développées où
les institutions s'occupant de la garde des enfants sont rares, cette
responsabilité incombe aux femmes la garde des enfants revient aux
femmes et aux jeunes enfants en particulier les filles (KOBIANE J. F., 2002).
Ainsi, l'une des hypothèses que l'on a cherché à
vérifier était de savoir si le nombre d'enfant d'âge
préscolaire (enfants de moins de 6 ans) dans le ménage
contribuait à diminuer les chances de fréquentation scolaire des
filles. Cette relation négative est observée par (CHERNICHOVSKY,
1985) au Botswana, (LlOYD & BLANC, 1996)dans l'étude portant sur les
sept pays d'Afrique subsaharienne et (GLICK et SHAHN 2000) dans une
étude portant sur la ville de Conakry en Guinée. Elle est aussi
observée dans des nombreux pays en développement. Il y aurait
cependant quelques exceptions, (MARCOUX, 1994a)observe en milieu urbain malien
que la présence des enfants de 0-4 ans dans le ménage
accroît plutôt la fréquentation scolaire des 8-14 ans.
De même (LlOYD & BLANC, 1996) trouvent que pour deux
des sept pays qu'elles ont étudié (Niger et Malawi) que la
relation même si elle n'est pas statistiquement significative, est
positive. Par ailleurs (WAKAM, 1999) dans le cas du Cameroun trouve que c'est
dans les ménages n'ayant aucun enfant de 6-14 ans que la scolarisation
est élevée, alors qu'elle est faible dans les ménages
n'ayant aucun enfant en bas âge et ceux qui en ont au moins deux que la
scolarisation des enfants de 6-14 ans est élevée alors qu'elle
est faible dans les ménages ayant un seul enfant en bas âge.
Toutefois, lorsqu'il considère la fréquentation scolaire des
15-24 ans, la relation négative s'observe quel que soit le sexe, mais
est plus forte chez les filles. Ce résultat signifierait peut-être
que c'est surtout aux adolescents et non aux enfants d'âge
intermédiaire (6-14) que revient la prise en charge des plus petits.
« Tout ceci pose la question des mobiles à la base de la
présence des membres extérieurs au noyau familial du chef de
ménage, informations absente des sources de données classiques
utilisées dans ces études. Une telle information permettrait de
mieux affiner la relation entre la composition démographique du
ménage et la scolarisation des enfants » (KOBIANE J. F.,
2002).
(MARCOUX, 1994a)a montré qu'en milieu urbain malien que
les enfants appartenant à des ménages qui ont recours à
une domestique ont des taux de fréquentation scolaire plus
élevés que les autres; les écarts étant plus
importants chez les filles. Par ailleurs, (WAKAM, 1999) et (MARCOUX, 1994a),
ont observé que plus il y a d'adultes féminins dans le
ménage, plus la fréquentation scolaire des enfants est
élevée. « Une explication plausible de cette
association positive est que la présence et le nombre d'adultes femmes
libéreraient les enfants des tâches domestiques et leurs
permettraient d'aller et de se maintenir à
l'école » (WAKAM, 1999). La présence des personnes
âgées dans le ménage aurait également une influence
sur la scolarisation des enfants. Ainsi, cité par (KOBIANE J. F., 2002),
(CHERNICHOVSKY, 1985)dans le cas du Botswana trouve que plus il y a de
personnes de 60 ans ou plus dans le ménage, plus le niveau moyen
d'éducation par enfant ainsi que le temps passé à
l'école sont important. (WAKAM, 1999)analyse aussi cette relation mais
en distinguant les femmes âgées et les hommes âgés et
trouve que : le nombre d'hommes âgés de 60 ans et plus a un
effet négatif sur la fréquentation scolaire des filles quel que
soit le milieu de résidence, alors que pour les garçons la
relation est positive, mais cependant non significative, en milieu rural. Quant
au nombre de femmes âgées de 60 ans ou plus, son effet sur la
fréquentation scolaire des filles comme des garçons en milieu
rural est positif alors qu'en milieu urbain, la relation n'est pas
significative chez les filles et est curvilinéaire chez les
garçons.
2.1.6.4. Le sexe et la situation matrimoniale du chef de
ménage
Les ménages ayant à leur tête une femme
étant beaucoup plus susceptibles d'être pauvres (BARROS & al,
1997), (BUVINIC & GUPTA, 1997), (LlOYD & BLANC, 1996), on s'attend
généralement à ce que le niveau de scolarisation des
enfants y soit plus faible que dans les ménages dirigés par un
homme. Pour (GUVINIC & GUPTA, 1997) cités par (KOBIANE J. F., 2002)
les facteurs qui expliquent cette situation sont que : les ménages
dirigés par une femme sont plus dépendant, c'est à dire
ayant un rapport inactifs / actifs relativement plus élevé; ces
femmes ont en moyenne des revenus plus faibles que les hommes, moins de biens,
moins accès aux activités rémunératrices et aux
ressources et aux ressources productives telles que la terre, le capital et la
technologie, En somme, les ménages dirigés par les femmes sont
économiquement plus vulnérables.
(BARROS & al, 1997) cités par (KOBIANE J. F., 2002)
ont trouvé qu'en milieu urbain Brésilien, les enfants vivants
dans des ménages dirigés par une femme ont des niveaux de
scolarisation plus faibles que ceux vivant dans des ménages
dirigés par un homme.
Par contre, les analyses menées en Afrique
subsaharienne, à l'exception de l'étude de (LUTULALAM.,& al,
1996) cités par (KOBIANE J. F., 2002) sur la ville de Kinshasa,
aboutissent au résultat selon lequel ce sont les femmes chefs de
ménages qui scolarisent beaucoup plus les enfants. (CHERNICHOVSKY, 1985)
dans le cas du Botswana, (PILON M. , 1995) dans une étude portant sur le
Togo, (CLEVENOT & PILON, 1996) dans une analyse sur sept pays d'Afrique
subsaharienne ; (LlOYD & BLANC, 1996)également dans une
étude sur sept pays d'Afrique subsaharienne, (KABORE & al.,
1999)dans une étude sur le Burkina Faso, (WAKAM, 2000)montrent que
comparés aux ménages dirigés par un homme, les enfants
appartenant aux ménages dirigés par une femme ont plus de chances
d'être à l'école et y restent plus longtemps. Au Cameroun,
WAKAM J. trouve que c'est dans les provinces les moins scolarisées que
la différence tend à être plus prononcée en faveur
des garçons et en faveur des ménages dirigés par les
femmes.
Cette différence entre le résultat trouvé
au Brésil et celui trouvé en Afrique au sud du Sahara semble
être dû à des différences de systèmes
familiaux(KOBIANE J. F., 2002). En effet, si les femmes chefs de ménages
arrivent à scolariser aussi bien leurs enfants que les hommes chefs de
ménages c'est certainement par ce qu'elles bénéficient
d'un soutien économique. Ce qui est soulignent(BUVINIC & GUPTA,
1997) cités par (KOBIANE J. F., 2002), le reflet de la persistance d'un
certain type de système familial, notamment celui qui renforce le
transfert des revenus des pères vers les enfants. Cette explication est
assez plausible dans le contexte africain mais elle reste insuffisante
comprendre pourquoi la scolarisation des enfants dans les ménages
dirigés par une femme est généralement plus
élevée que dans les ménages dirigés par un
homme (KOBIANE J. F., 2002). La raison la plus invoquée dans la
littérature est que les femmes seraient garantes d'une meilleure
allocation des ressources au sein du ménage. Pour Pilon,
« Les femmes chefs de ménage investissent davantage que
les hommes dans leurs enfants que ce soit en terme de temps, d'argent ou de
support affectif, et cela est particulièrement vrai en matière
d'éducation. Leur gestion des ressources s'avère plus rigoureuse
et plus responsable. On peut penser qu'ayant été
elles-mêmes, dans l'ensemble, victimes d'une sous scolarisation, les
femmes perçoivent mieux que les hommes l'enjeu de l'instruction pour le
devenir de leurs enfants. En outre, leur attente est forte d'un retour sur
investissement lorsque leurs enfants auront un emploi ». Mais,
« quand on sait qu'elles sont plus démunies, en moyenne,
que leurs homologues masculins, il y a lieu de penser qu'elles
bénéficieraient davantage d'appuis extérieurs (financiers
ou en nature) en provenance notamment de leurs partenaires sexuels et d'autres
membres de la famille élargie (c'est à dire en fait des hommes)
pour la prise en charge des frais de scolarisation et que beaucoup d'enfants
qu'elles accueillent le seraient précisément pour aller à
l'école » (WAKAM, 1998).
La polygamie, pratique matrimoniale courante en Afrique
subsaharienne, permet souvent des formes d'organisation de la production qui
peuvent alléger la demande de main-d'oeuvre enfantine et par
conséquent accroître les chances d'un enfant d'être
scolarisé. Les résultats trouvés par (MARCOUX, 1994a)
cité par (KOBIANE J. F., 2002) en milieu urbain au Mali
révèlent que ce lien entre la situation matrimoniale du chef de
ménages et la scolarisation des enfants dépend du sexe de
l'enfant : les garçons appartenant à des ménages dont
le chef est polygame présentent les plus forts taux de scolarisation.
Chez les filles, ce sont celles qui appartiennent à un ménage
où les coépouses cohabitent qui sont le plus
scolarisées ; ce qui suggère « que les
ménages polygames en milieu urbain présentent une structure qui
leur permet plus facilement de se dispenser du travail des enfants de 8-14 ans.
On peut penser en effet que la prise en charge par d'autres membres du
ménage des activités habituellement exécutées par
les enfants est plus difficile pour les femmes en union
monogame » MARCOUX, cité par(KOBIANE J. F., 2002).
Toutefois, dans les études de (PILON, 1993), (LUTULALA
& al, 1996), (GERARD E. , 1998), il apparaît que les chefs de
ménage monogames scolarisent plus les enfants que les polygames. Si dans
ces études, la polygamie est associée à de faibles taux de
scolarisation, elle semble tout de même « favoriser la
compétition et le plus grand succès des enfants (car la
proportion d'enfants diplômés est plus importante chez les enfants
surtout les garçons de père polygame). La rivalité entre
coépouses (...) conduit en effet nombre de femme à
déployer des stratégies pour obtenir les faveurs de leur mari. La
scolarité des enfants en est une, car le prestige associé au
succès, scolaire en l'occurrence ne manquera pas de rejaillir sur celle
qui l'a encouragé. Réciproquement, parvenir à être
l'épouse préférée de son mari accroît les
chances de ses propres enfants d'être scolarisés, être moins
aimée de lui, les prive bien souvent
del'instruction ».
2.2. Hypothèses et
schéma conceptuel
L'objectif principal que poursuivent les démographes
quand il s'agit d'étudier un phénomène est d'expliquer les
variations dans ces niveaux soit dans le temps, soit parmi différents
groupes d'une population.
L'explication implique un processus d'identification des
mécanismes causals responsables des changements dans les niveaux
observés du phénomène (STROOBANT et TABUTIN, 1982,
cité par(CAVANOS, 1994). Il s'agit donc pour nous d'identifier les
mécanismes par lesquels les facteurs socio-économiques,
sociodémographiques et socioculturels influencent (positivement ou
négativement) la scolarisation des enfants.
2.2.1. Hypothèses
En Guinée, la scolarisation varie en fonction des
Régions. Cette différence est due aux facteurs
socio-économiques, sociodémographiques et culturels.
Plus spécifiquement, nous pensons que :
H1 - la scolarisation des enfants des
différentes régions augmente avec l'urbanisation. Autrement dit,
plus la région est urbanisée, plus les enfants sont
scolarisés ;
H2 - le niveau de vie du ménage
influence les disparités régionales de la scolarisation, les
régions les moins pauvres sont les mieux scolarisées
H3 - les filles sont moins scolarisées
que les garçons et les femmes chefs de ménages scolarisent mieux
leurs enfants que les hommes chefs de ménages ;
H4 - la scolarisation des enfants est
positivement associée avec le niveau d'instruction des parents notamment
celui de la mère. Plus la mère est instruite mieux les enfants
sont scolarisés ;
H5 - les musulmans scolarisent moins les
enfants que les non musulmans.
2.2.2. Schéma
conceptuel :
Caractéristiques
Socioéconomiques des mères
Caractéristiques Socio-démographiques des
mères
Caractéristiques socioculturelles des mères
Offre scolaire
Scolarisation
des enfants
Demande de scolarisation des ménages
Contexte historique de la région
Contexte socioculturel de la région
Contexte socio économique de la région
Contexte socio-politique de la région
2.2.3. Définition des
concepts
Le contexte socio-politique régional
C'est la situation sociale et politique qui règne dans
la région.
Le contexte socio-économique : c'est la
situation socioéconomique de la région.
Le contexte socioculturel : c'est l'environnement
social et culturel dans lequel vit l'enfant caractérisé par des
coutumes et des habitudes.
Le contexte socio-historique : c'est la situation
sociale et historique qui a prévalu dans la région.
Caractéristiques socio-économiques et
culturelles
Par caractéristiques socio-économiques et
culturelles, nous entendons l'ensemble des facteurs d'ordre social,
économique et culturel situés aussi bien au niveau macro (pays,
région), que méso (Communauté, famille) et micro
(individu) et susceptibles de conditionner le comportement des mères en
matière de scolarisation. Il s'agit des caractéristiques
individuelles d'identification (niveau d'instruction, profession, milieu de
résidence, région, religion, ethnie) et des normes et valeurs
culturelles qui peuvent modifier l'attitude de l'individu et le
prédisposer à scolariser ou non ses enfants.
Caractéristiques socio-démographiques
Les caractéristiques socio-démographiques
seront comprises comme l'ensemble des caractéristiques sociales et
démographiques qui motivent les individus à scolariser les
enfants. Ce sont dans notre cas le sexe et l'âge des enfants et du chef
de ménage, la taille du ménage, l'état matrimonial de la
mère, le statut de résidence de son conjoint.
L'offre scolaire : l'est l'ensemble des structures
scolaires pour l'organisation de l'enseignement (locaux, équipements,
matériels didactiques), humaines (personnels enseignant et
d'encadrement) et institutionnelles (législation nationale).
La demande de scolarisation : c'est l'ensemble des
facteurs (scolaires, économiques, sociaux, démographiques,
culturels, religieux et politiques) que les individus et les groupes prennent
en compte directement ou indirectement, consciemment ou non, dans leurs
pratiques de scolarisation ; ces facteurs conditionnent ainsi la mise
à l'école , l'itinéraire scolaire et la durée de la
scolarité.
La scolarisation
La scolarisation se définit par rapport à la
fréquentation d'un établissement scolaire, public ou
privé, laïque ou confessionnelle, au cours d'une période
donné.
CHAPITRE 3 : CADRE D'ANALYSE ETASPECTS
MÉTHODOLOGIQUES
Ce chapitre sera consacré à la
présentation de la source des données utilisées, à
l'évaluation de leur qualité et à la présentation,
des variables retenues, du schéma d'analyse et des méthodes
statistiques d'analyse que nous utilisons dans ce travail.
3.1. Source des
données
Pour cette étude, nous avons exploité les
données de l'Enquête Démographique et de Santé
(EDS), réalisée en Guinée entre les mois de mai et juillet
1999. Nous n'avons exploité que les informations recueillies à
l'aide du questionnaire femme car les questions approfondies sur la
scolarisation ont été recueillies grâce à ce
questionnaire.
3.1.1. Objectifs de l'EDSGII,
1999
En plus des objectifs standards des Enquêtes
Démographiques et de Santé, à savoir :
connaître les niveaux et tendances de la fécondité, de la
mortalité infantile, juvénile et maternelle, déterminer le
niveau de connaissance et d'utilisation des méthodes contraceptives,
etc., l'EDSG-II s'est attachée à recueillir des informations
détaillées sur les déterminants de la scolarisation en
Guinée.
Les objectifs de l'EDSG-II concernant l'éducation
étaient les suivants :
· fournir, au niveau national, les données qui
permettent de déterminer les niveaux d'instruction et les taux de
fréquentation scolaire ;
· évaluer la demande des ménages en
matière de scolarisation en étudiant la participation scolaire
des enfants, les coûts, les bénéfices de la
scolarisation ;
· évaluer la connaissance et les comportements des
ménages et de la communauté en ce qui concerne les
problèmes de l'éducation.
3.1.2.
L'échantillonnage
L'EDSII a été réalisée par la
Direction nationale de la Statistique et s'est déroulée entre les
mois de mai et juillet 1999, Elle a couvert l'ensemble des régions
naturelles du pays (Basse Guinée, Moyenne Guinée, Haute
Guinée et Guinée Forestière) et la Capitale Conakry.
L'échantillon, représentatif au niveau national
et au niveau des milieux de résidence était stratifié
à 2 degrés. Au premier degré, 293 grappes avaient
été sélectionnées en procédant à un
tirage systématique avec probabilité proportionnelle à la
taille, la taille étant le nombre de ménages. Au second
degré, un dénombrement des ménages dans chacune de ces
grappes a fourni la liste des ménages.
Au total, 5465 ménages avaient été
sélectionnés. Parmi eux, 5216 avaient été
identifiés au moment de l'enquête et 5090 avaient
été interviewés avec succès donnant un taux de
couverture de 97,6%.
Sur l'ensemble des ménages interviewés on avait
dénombré 7117 femmes en âge de procréer (15-49ans).
Parmi ces femmes, 6753 avaient été interviewées avec
succès, soit un taux de couverture de 95 %.
3.1.3. Questionnaires
Quatre types de questionnaires avaient été
utilisés : le questionnaire ménage, le questionnaire femme,
le questionnaire homme et le questionnaire sur la disponibilité des
services communautaires.
3.1.3.1. Présentation du questionnaire
femme
A l'aide du questionnaire femme on a collecté des
informations relatives à la scolarisation des enfants d'âge
primaire (6-15ans). On demandait si l'enfant a déjà
fréquenté l'école et, si non, pourquoi il n'a jamais
fréquenté l'école. Pour chaque enfant qui a
fréquenté l'école, on a posé des questions sur
l'âge qu'il avait quand il est allé à l'école pour
la première fois, sur son assiduité et sur son niveau
d'instruction au cours de l'année actuelle et au cours de l'année
précédente. Ces questions constituent des filtres pour d'autres
questions concernant le redoublement, l'abandon, l'absentéisme, le type
d'école fréquentée et les dépenses pour les frais
de scolarité.
3.2. Variables et
indicateurs
Pour tester nos hypothèses, nous allons utiliser les
variables socioculturelles, socio-économiques,
socio-démographiques ci-dessous.
3.2.1. Variable
dépendante
Notre souhait était d'étudier la
fréquentation scolaire actuelle des enfants selon les différentes
région de la Guinée. Mais la question sur la fréquentation
actuelle contenue dans le questionnaire ne concerne que les enfants qui
fréquentaient une école primaire au moment l'Enquête ou ont
déjà eu à fréquenter l'école primaire. Ceux
qui fréquentaient le collège n'ont pas été
enquêtés. C'est pourquoi nous avons choisi comme variable
dépendante la variable qui correspond à la question s711. Elle
était libellée ainsi qu'il suit " est ce que (nom) a
déjà fréquenté l'école ? ".
Celle-ci aussi comporte des biais puisque des enfants qui ne
fréquentent plus seront comptés dans le groupe. Néanmoins
nous avons estimé qu'elle répond mieux à notre
préoccupation à savoir : déterminer les raisons de la
non scolarisation de certains enfants âgés de 6 à 14 ans en
République de Guinée. Un autre biais lié à cette
variable est que la plupart des caractéristiques individuelles de
l'enfant et de sa mère et les caractéristiques du ménage
peuvent ne pas être celles qu'avaient les individus au moment où
il fallait inscrire l'enfant à l'école.
La variable avoir fréquenté l'école prend
la valeur 1 si l'enfant a été scolarisé et 0 sinon.
3.2.2. Variables
indépendantes
Les variables que nous avons retenues ici sont :
3.2.2.1. Caractéristiques socio-économiques
Le milieu de résidence :
C'est le milieu où vit l'individu. Il a deux
modalités : urbain et rural.
Le niveau d'instruction de la mère
Le niveau d'instruction est le niveau le plus haut atteint
dans le système formel d'enseignement. Il comprend les modalités
suivantes : sans niveau, primaire, secondaire ou plus.
L'activité de la mère
C'est le secteur d'activité dans lequel exerce la
mère. La variable secteur d'activité comprend les
modalités suivantes : Sans activité, agriculture, commerce
et administration.
3.2.2.2. Caractéristiques socioculturelles
La religion de la mère:
C'est la religion déclarée par la mère au
moment de l'enquête. Pour cette variable, deux modalités ont
été retenues : musulman, non musulmans (chrétiens,
animistes et autres).
L'ethnie de la mère
Les ethnies spécifiées dans l'EDSGII, sont
soussou, peulh, malinké, kissi, toma, guerzé et autres. Nous
avons regroupé les kissi, toma, guerzé et autres dans une seule
modalité : ethnies forestières, compte tenu de leur
ressemblance sociologique.
3.2.2.3. Caractéristiques
sociodémographiques
L'âge de l'enfant
C'est l'âge qu'avait l'enfant au moment de
l'enquête. Il va de 6 à 14 ans révolus.
Le sexe de l'enfant
C'est le sexe déclaré de l'enfant. Il comprend
deux modalités : masculin et féminin.
Le sexe du chef de ménage
Le sexe du chef de ménage est le sexe de la personne de
référence dans le ménage. Elle comprend deux
modalités : masculin et féminin.
L'âge du chef de ménage
C'est l'âge individuel du chef de ménage au
moment de l'enquête. Il va de 20 à 95 ans.
La taille du ménage
La taille du ménage est le nombre d'individus habitant
le ménage. Il va de 1 à 40.
L'état matrimonial de la mère
C'est l'état matrimonial de la mère au moment de
l'enquête. Cette variable comprend deux modalités : sans
conjoint et avec conjoint. Nous n'avons pas retenue les modalités
monogames, polygames, célibataires, veuves ou divorcées compte
tenue de la multi-colinéarité supposée entre les femmes
chefs de ménages et les femmes célibataires, veuves,
divorcées ou polygames.
Le statut de résidence du conjoint
Cette variable rend compte de la corésidence de la
femme avec son conjoint. Elle comprend les modalités suivantes :
conjoint dans le ménage, conjoint hors du ménage et
résidus (les manquants et les sans objet, c'est à dire les femmes
veuves ou divorcées).
3.3. Évaluation de la
qualité des données
3.3.1. Les limites de
l'EDSG-II
La procédure de collecte utilisée par l'EDSG-II
est sujette à deux types d'erreurs : les erreurs d'observations et
les erreurs d'échantillonnage. Les erreurs d'observations sont
imputables à la collecte et à l'exploitation des données
tels que :
ü l'omission des ménages
sélectionnés ;
ü les problèmes de date des
évènements démographiques ;
ü la mauvaise interprétation des questions aussi
bien de la part de l'enquêteur que de l'enquêté
(e) ;
ü les erreurs de saisie des données.
Ces biais sont difficiles à estimer et on supposera
qu'ils ont été minimisés le plus possible.
Une partie des erreurs peuvent être liée à
l'exhaustivité de l'échantillon tiré, Les erreurs
d'échantillonnage quant à elles sont liées à la
base de sondage et à la procédure de tirage de
l'échantillon.
La base de sondage utilisée par l'EDSG-II est celle du
deuxième Recensement Général de la Population et de
l'Habitat qui a été réalisée en décembre
1996. On peut affirmer que cette base est de bonne qualité car elle est
récente. Elle peut donc rendre compte de la structure
socio-démographique actuelle du pays. Par conséquent, les
données collectées par la deuxième Enquête
Démographique et de Santé serait de bonne qualité.
Toutefois, « il faut souligner que les questions habituellement
posées au cours de ces enquêtes touchent de près à
la vie privée des individus qu'il est légitime de se demander si
l'enquêté(e) a effectivement donné la
« vraie » réponse. N'oublions pas que dans certaines
sociétés, en particulier en Afrique, toutes les questions ne se
discutent pas « au grand jour » encore moins avec une personne
extérieure à la cellule familiale » (HOUNDEKON, 1999).
En ce qui concerne les questions sur les motifs de la non
scolarisation des enfants, celles-ci sont sujettes à une multitude
d'erreurs. Le premier est lié à l'effet de mémoire. En
effet, une mère peut difficilement se rappeler sur ce qui l'avait
poussé à ne pas inscrire son enfant à l'école si
cette décision remonte à plus de 3 ans. Le deuxième biais
peut provenir de la situation des enfants qui sont confiés chez d'autres
parents. Étant donné qu'en Afrique subsaharienne l'enfant est
perçu comme étant l'enfant du groupe, il arrive souvent que ceux
qui ont « beaucoup » d'enfants les envoient vivre chez
leurs parents généralement chez les jeunes couples ou chez les
couples moins féconds. Ce sont donc ces derniers qui décident
parfois entièrement de l'éducation de l'enfant (RWENGE, 1999).
La mère biologique de l'enfant peut donc ignorer la raison pour laquelle
l'enfant qui vit chez un autre parent n'a pas été
scolarisé. La troisième raison peut être liée au
fait que c'est le mari qui prend très souvent la décision de
scolariser ou non l'enfant.
3.3.2. L'évaluation
numérique
Elle consiste à calculer les taux de couverture et de
non-réponse et les indices de préférences (attractions ou
répulsions) sur certains âges. Il s'agit : des indices de
Whipple, de Myers et de Bachi. Étant donné que notre fichier
d'analyse n'est composé que des enfants âgés de 6 à
15 ans, nous ne calculerons pas ces indices ici. En effet, le calcul de
l'indice de Whipple exige la disponibilité des effectifs de la
population âgée de 23 à 62 ans. Tandis que les indices de
Myers et de Bachi exigent la disponibilité des effectifs de la
population âgée de 10 et plus.
a) Les taux de couverture
Le taux de couverture de l'enquête rend compte des
résultats issus de la collecte relativement à ceux attendus.
Il se calcule de la manière suivante :
Tc =
Les taux de couverture ont été fournis dans le
rapport de l'EDS conformément au tableau ci-dessous.
Tableau IV : Taille et
couverture des effectifs des ménages et des femmes, identifiés et
enquêtés, et taux de couverture selon le milieu de
résidence, EDSG-II, 1999
Milieu de
résidence
|
Enquête
|
Urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
Enquête ménage
|
|
|
|
Nombre de ménages identifiés
|
1651
|
3565
|
5216
|
Nombre de ménages enquêtés
|
1584
|
3506
|
5090
|
Taux de couverture des ménages
|
95,9
|
98,3
|
97,6
|
Enquête individuelle femme
|
|
|
|
Nombre de femmes éligibles
|
2474
|
4643
|
7117
|
Nombre de femmes enquêtées
|
2344
|
4409
|
6753
|
Taux de couverture des femmes
|
94,7
|
95,0
|
94,9
|
Source : rapport, EDSG-II, 1999
b) Le taux de non-réponses
Les personnes interrogées au cours des enquêtes
peuvent refuser de répondre à une question. De même,
l'enquêteur ou l'enquêtrice peut oublier de poser une question ou
de remplir le questionnaire. Le problème réside dans le fait que
les non-répondants d'un échantillon peuvent présenter des
caractéristiques qui les distinguent systématiquement des
répondants. D'où l'importance d'examiner les taux de
non-réponse et de voir comment ces taux pourraient influencer les
résultats.
Tableau V : Taux de
non-réponse des variables de l'étude
Variables
|
Non réponse
|
Taux de non réponse
|
Région
|
0
|
0,0
|
Milieu de résidence
|
0
|
0,0
|
Sexe de l'enfant
|
0
|
0,0
|
Age de l'enfant
|
0
|
0,0
|
Niveau d'instruction de la mère
|
0
|
0,0
|
Ethnie
|
81
|
1,0
|
Religion
|
24
|
0,3
|
Sexe chef de ménage
|
0
|
0,0
|
Age du chef de ménage
|
11
|
0,1
|
Activité de la mère
|
0
|
0,0
|
Taille du ménage
|
0
|
0,0
|
Statut de résidence du conjoint
|
0
|
0,0
|
Etat matrimonial de la mère
|
0
|
0,0
|
L'enfant a déjà fréquenté
l'école
|
215
|
2,7
|
Les non réponses étant faible, nous estimerons
qu'elles n'entacheront pas nos résultats.
Tableau VI : Distribution
des individus par région et selon quelques variables de
l'étude.
Variables
|
Modalités
|
Basse Guinée
|
Moyenne Guinée
|
Haute Guinée
|
Guinée Forestière
|
Conakry
|
Milieu de résidence
|
Urbain
|
362
|
116
|
206
|
444
|
1165
|
Rural
|
1381
|
1453
|
1189
|
1328
|
0
|
Sexe du chef de ménage
|
Masculin
|
1550
|
1398
|
1352
|
1602
|
954
|
Féminin
|
193
|
171
|
43
|
170
|
211
|
Niveau de vie du ménage
|
Pauvres
|
868
|
880
|
741
|
785
|
136
|
Moyens
|
619
|
584
|
587
|
741
|
380
|
Riches
|
256
|
105
|
67
|
246
|
649
|
Niveau d'instruction de la mère
|
Sans niveau
|
1605
|
1558
|
1336
|
1582
|
646
|
Primaire
|
72
|
46
|
64
|
428
|
219
|
Secondaire+
|
87
|
48
|
22
|
99
|
335
|
Religion de la mère
|
Musulmane
|
1728
|
1639
|
1416
|
828
|
1170
|
Non musulmane
|
23
|
11
|
6
|
1072
|
30
|
Ethnie de la mère
|
Soussou
|
975
|
8
|
36
|
4
|
563
|
Peul
|
637
|
1540
|
92
|
10
|
1650
|
Malinké
|
113
|
85
|
1162
|
662
|
1056
|
Ethnies de la foret
|
37
|
11
|
18
|
1056
|
56
|
3.3.3. L'évaluation
graphique
L'évaluation graphique est un moyen
privilégié de l'étude de la qualité des
données. Dans notre cas, l'évaluation graphique portera
essentiellement sur l'âge. S'il est facile d'obtenir sur le terrain les
informations sur le sexe, il n'en est pas de même pour l'âge. En
effet, « une structure par âge enregistrée au cours d'un
recensement ou d'une enquête est la résultante de deux types de
phénomènes très différents dans leur
nature :
§ L'histoire passée des
générations : c'est à dire les variations
passées de la mortalité, de la fécondité et des
migrations-phénomènes réels pouvant entraîner des
perturbations importantes des distributions par âge ;
§ Les conditions de la collecte des âges :
notamment la nature de la question sur l'âge, le niveau et la formation
des enquêteurs, les coutumes, le niveau d'éducation, de la
population étudiée. Ces conditions ont une grande influence sur
la qualité des résultats et sont bien souvent à l'origine
de maintes distorsions observées sur les pyramides des pays
africains » (ROGER & al, 1981).
L'évaluation de l'âge se justifie aussi pour la
simple raison que les indicateurs de scolarisation sont le plus souvent
calculés par âge ou par groupes d'âges.
La population de l'échantillon est répartie de
façon quasi uniforme entre les deux sexes.
Pour cet échantillon, il n'y a pas eu omission sur la
déclaration de l'âge, ce qui ne signifie pas que la qualité
de la déclaration est bonne. En effet, parmi les 7929 enfants
enregistrés, 4005 (50,5%) sont de sexe masculin et 3924 (49,5%) sont de
sexe féminin.
L'évaluation graphique de l'âge
L'évaluation graphique de l'âge consistera
à porter en abscisses les âges des enfants et en ordonnées
leurs effectifs. Généralement, la courbe des âges de la
population décroît normalement régulièrement au fur
et à mesure que l'âge augmente. Car dans les pays d'Afrique
subsaharienne, la fécondité et la mortalité restent encore
élevées. Les éventuelles perturbations
refléteront : les omissions, les doubles comptes et les
déclarations erronées qui auront été faites.
Figure 2
: Courbe des effectifs par âge
Les courbes ci-dessus présentent une allure
relativement normale. Seuls les âges 10, 11 et 12 ans présentent
des situations aberrantes, On sait qu'en Afrique, les
enquêté(e)s ont une préférence pour les âges
ronds et les âges paires, Ce qui expliquerait la répulsion pour le
chiffre 11.
3.4. Schéma
d'Analyse :
Nous avons adopté le schéma d'analyse
ci-après pour tester nos hypothèses :
Age enfant
Sexe enfant
Milieu de résidence
Niv. Inst. mère
Activit. mère
Niv.vie ménage
Age CM
Sexe CM
État matrimonial
Statut conjoint
Taille ménage
Religion mère
Ethnie mère
Mise à l'école
différentielle des enfants selon la région
Les caractéristiques individuelles des enfants
(âge, sexe), de même que le milieu et la région de
résidence, l'âge des chefs de ménage, leurs sexes, leurs
religions, le niveau d'instruction de la mère, son activité, le
niveau de vie du ménage, l'état matrimonial de la mère,
le statut de résidence de son conjoint, la taille du ménage
déterminent la mise à l'école3(*) des enfants selon la
région. En effet, la probabilité de rencontrer des femmes de
niveau d'instruction secondaire et plus est plus grande en ville qu'en
campagne. De même, le type d'activité exercée par la femme
dépend de son milieu de résidence. Les ménages des villes
sont plus susceptibles d'avoir certains biens d'équipements donc un
certain confort matériel. Aussi, le type d'union de la femme et la
taille du ménage dépendent de son niveau d'instruction, de son
activité et de sa religion.
3.5. Méthodes
d'Analyses
Dans l'analyse des données. On distingue les
méthodes descriptives et les méthodes prédictives ou
explicatives.
3.5.1. L'analyse
descriptive
a) L'analyse univariée
L'analyse univariée consiste à faire un tri
à plat sur les variables afin de pouvoir recoder certaines
modalités. Nous l'avons utilisée pour regrouper certaines
modalités.
b) L'analyse bivariée :
L'analyse bivariée consiste
à croiser la variable à expliquer avec les variables
explicatives. Elle permet de mettre en relation ces deux variables en
établissant par un test de khi2, le niveau de cette relation.
Pour mieux appréhender les disparités
régionales, nous calculerons l'indice de parité des taux (IPT)
qui est le rapport logistique entre la proportion d'enfants non
scolarisés de la région de référence sur chacune
des autres régions. La formule de calcul est la suivante :
Où TRf désigne la proportion d'enfants n'ayant
jamais été scolarisée dans la région de
référence ; TRi la proportion des enfants n'ayant jamais
été scolarisés dans la région i.
Un IPT >1 indique une sous scolarisation de la
région de référence par rapport à la région
i. Un IPT <1 indique le contraire. Par contre, un IPT=1 signifie qu'il y a
égalité de chance entre les enfants des deux régions de ne
pas être scolarisés.
3.5.2. L'Analyse
explicative
Après avoir considéré les
caractéristiques individuelles, et les caractéristiques des
ménages de manière indépendante. Nous nous
intéresserons à l'analyse de leur mode d'action lorsqu'on
contrôle toutes ces variables à la fois. Compte tenu de la nature
dichotomique de la variable dépendante (a déjà
fréquenté ou non), c'est la régression logistique qui est
la méthode la plus adaptée4(*) pour notre étude. Mais son application
requiert un certain nombre d'hypothèses :
1-Le modèle doit être complètement
spécifié c'est à dire :
Aucune variable importante ne doit être omise et aucune
variable superflue ne doit être incluse dans le modèle ;
Les variables indépendantes sont mesurées sans
erreurs ;
La fonction sous tendant le modèle est une fonction
logistique ;
2- Les observations sont indépendantes entre
elles ;
3- Les variables Xi sont non corrélés entre
elles.
a) Présentation du modèle
Au moyen des modèles statistiques, les odds (ratios de
chances ou de risques) d'être scolarisés ou non peuvent être
mesurées pour les différentes modalités de chaque variable
indépendante catégorielle, l'effet des autres variables
étant contrôlé.
Pour une variable dépendante binaire, les odds sont
définis comme étant les probabilités de succès par
rapport aux risques d'échec. Les odds prennent l'expression de
proportion, telle que où p représente la proportion des enfants qui
ont été scolarisé et les valeurs des paramètres
sont calculées en utilisant la méthode de vraisemblance
maximale.
Soit Y la variable dépendante et Xi (i= 1.2.....n) n
variables indépendantes. Y prend la valeur 1 si l'enfant est
scolarisé et 0 sinon.
Puisque p est la probabilité que l'enfant soit
scolarisé alors p = Prob (Y=1) et
1-p = Prob (Y=0)
Le modèle de régression logistique permet de
transformer la grandeur sous la forme linéaire
(0+1X1+
2X2+....+nXn+ ) à l'aide du
logarithme népérien.
On pose ln
=logit (p)
Et logit (p) =
0+1X1+
2X2+....+nXn+
Alors =
e (0+1X1+ 2X2+....+nXn+ )
En définitive.
p = e ((0+1X1+ 2X2+....+nXn+ )/ [1+ e(0+1X1+
2X2+....+nXn+ )] )
1 - p = 1/ [1 + e (0+1X1+ 2X2+....+nXn+ )]
Où 0représente la constante c'est
à dire le niveaumoyen de
pour toutes les valeurs de Xi, i le vecteur de coefficient qui
mesure l'effet de la variable indépendante Xi sur p et constitue le
terme d'erreur ou variation aléatoire.
b) Test d'adéquation du modèle
Dans la régression logistique tout comme dans la
régression linéaire multiple. Il est difficile de
déterminer la contribution individuelle de chaque variable. Elle
dépend des autres variables du modèle. Ce qui cause des
problèmes quand les variables considérées comme
indépendantes sont fortement corrélées. Une mesure de la
corrélation partielle entre la variable dépendante et chacune des
variables indépendantes est la statistique du pseudo R². Cette
grandeur donne la part de la variance expliquée par le modèle. Le
pseudo R² varie entre zéro et un. Une valeur du pseudo R²
proche de zéro indique une faible contribution partielle de la variable
au modèle d'analyse. Mais en sciences sociales, la variance non
expliquée par le modèle (la variance résiduelle) est
souvent très importante. Et une variance résiduelle importante ne
signifie pas que les variables sélectionnées ne sont pas
pertinentes. Généralement, on s'attache d'abord à savoir
si la variance expliquée par le modèle est suffisante au regard
du nombre de variables que l'on a introduit dans le modèle à
l'aide d'un test appelé F-test. Ce test est souvent plus rassurant que
le pourcentage de la variance expliquée (BOCQUIER, 1996).
Une autre façon de valider le modèle logistique
est de considérer la vraisemblance (likelihood) des résultats de
l'échantillon étant donné les paramètres
estimés. C'est à dire la probabilité d'apparition des
résultats obtenus. La mesure de l'ajustement du modèle aux
données est égale à moins deux fois le logarithme de la
vraisemblance (-2 Log likelihood ou -2LL). Plus la vraisemblance est proche de
un plus le modèle est considéré comme bon. Sous
l'hypothèse nulle que le modèle est parfaitement ajusté.
-2LL a une distribution khi2 avec N-p degrés de liberté,
où N est le nombre de cas et p le nombre de paramètres
estimés.
Pour évaluer la contribution de chaque facteur à
la prédiction nette du modèle final, on utilise la
procédure « lroc ». Celle-ci permet de comparer la
sensibilité c'est à dire la proportion des réponses
positives observées qui sont correctement classées par le
modèle et la spécificité c'est à dire la proportion
des réponses négatives observées qui sont correctement
classées par le modèle.
Sur un graphique, on met en rapport le complément
à 1 de la spécificité (en abscisse) et la
sensibilité (en ordonnée). Le pouvoir prédictif
réel correspond à la surface séparant la courbe ROC
(« Receiver Operating Characteristic ») et la diagonale
principale. Il est apprécié par rapport aux limites
inférieure (50%) et supérieure (100%). Le pouvoir
prédictif réel (PPR) est donc calculé par rapport à
ces limites dans une relation avec le pouvoir prédictif total (PPT)
suivant la relation : PPR= (PPT-0,5) / 0,5 (BOCQUIER, 1996).
c) Interprétation des résultats.
L'interprétation des résultats se fait à
l'aide des coefficients i (i= 1.2. .... n). Si i est positif,
eiest supérieur à un. Cela signifie que les individus
de la modalité considérée ont ei fois plus de
chance que leurs homologues de la modalité de référence de
subir l'événement étudié (i.e. plus de chance de
réaliser l'événement Y=1) ou encore qu'ils ont
(ei - 1) % fois plus de chance de connaître
l'événement étudié. En revanche, si i est
négatif. Les individus de la modalité considérée
de la variable indépendante ont (1- ei)% moins de chance que
leurs homologues de la modalité de référence de
réaliser l'événement étudié.
Les signes (-) et (+) traduisent les influences des variables
Xi sur la variable dépendante (Y).
CHAPITRE 4 : ANALYSE DIFFÉRENTIELLE DE LA
SCOLARISATION SELON CERTAINES CARACTÉRISTIQUES
Nous rappelons que notre objectif est de déterminer les
facteurs qui freinent la scolarisation des enfants en Guinée, notamment
ceux qui pourraient expliquer les différences régionales. Pour ce
faire, nous procéderons dans un premier temps par décrire les
variations de la scolarisation en fonction des caractéristiques
socioculturelles, économiques et démographiques des individus et
des ménages, et dans un deuxième temps saisir l'intensité
des associations au moyen du test de khi2 de Pearson. Nous considérerons
que l'association entre deux variables est significative dès lors que la
probabilité associée au test de khi2 est inférieure
à 10 %.
Les analyses portent exclusivement sur les 7 644 enfants
pour lesquels on a fourni des réponses valides.
4.1. Variation de la
scolarisation selon la région
La fréquentation scolaire varie fortement avec la
région de résidence. En Basse Guinée, près de six
enfants sur dix (59,0 %) n'ont jamais fréquenté une
école. Cette proportion est de 72,7 % en Moyenne Guinée, 78,2 %
en haute guinée, 59 % en guinée Forestière et seulement
21,5 % dans la Capitale Conakry. Les deux extrêmes sont constitués
de Conakry et la Haute Guinée. La proportion d'enfants qui n'ont pas
fréquenté en Haute Guinée est quatre fois
supérieure à celle qu'on retrouve à Conakry. Les
régions de la Basse Guinée et de la Guinée
Forestière ont les mêmes proportions d'enfants scolarisés.
La statistique du khi2 montre que la région est significativement
associée avec la scolarisation.
Tableau VII :
Répartition des enfants selon la région et la
fréquentation
Région
|
Fréquentation scolaire
|
N'a jamais fréquenté
|
A déjà fréquenté
|
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Total
|
Basse Guinée
|
1015
|
59,0
|
706
|
41,0
|
1721
|
Moyenne guinée
|
1381
|
72,7
|
519
|
27,3
|
1900
|
Haute Guinée
|
1003
|
78,6
|
273
|
21,4
|
1275
|
Guinée Forestière
|
998
|
58,9
|
695
|
41,1
|
1693
|
Conakry
|
226
|
21,5
|
828
|
78,5
|
1055
|
Total
|
4623
|
59,4
|
3021
|
40,6
|
7644
|
Prob. Khi2=0.000
Figure 3 : Proportions
d'enfants n'ayant jamais été scolarisés par
région
Tableau VIII : Indice de
parité des taux de non-scolarisation des différentes
régions de la Guinée
Indice de Parité des Taux
|
Moyenne
Guinée
|
Basse
Guinée
|
Guinée Forestière
|
Conakry
|
Haute Guinée
|
1,38
|
2,55
|
2,56
|
13,4
|
Le tableau ci-dessus donne les indices de parité des
taux des régions de la Moyenne Guinée, Basse Guinée,
Guinée Forestière et Conakry par rapport à la Haute
Guinée. Les enfants de la Haute Guinée sont 13,4 fois moins
scolarisés que les enfants de Conakry, la Capitale. Ils sont 2,6 fois
moins scolarisés que leurs camarades de la Basse Guinée et de la
Guinée Forestière. Cependant ils ne sont que 1,38 fois moins
scolarisés que les enfants de la Moyenne Guinée.
Figure 4 : Indices de
parité des taux de non-scolarisation par région
4.2. Variation de la scolarisation selon les
caractéristiques démographiques
4.2.1. Le sexe de l'enfant
La répartition de la population d'étude selon le
sexe est la suivante : 50.5% garçons et 49.5% filles. Parmi ces
enfants, 60,5% n'ont jamais fréquenté l'école et 39,5 %
ont déclaré
Tableau IX :
Répartition des enfants selon le sexe et la fréquentation
scolaire
Sexe de l'enfant
|
Fréquentation scolaire
|
Total
|
N'a jamais fréquenté
|
A déjà fréquenté
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Masculin
|
2310
|
59,8
|
2313
|
40,2
|
4623
|
Féminin
|
1552
|
61,2
|
1469
|
38,8
|
3021
|
Ensemble
|
3862
|
60,5
|
3782
|
49,5
|
7644
|
Prob khi2=0,272
avoir déjà eu à fréquenter une
école même si au moment de l'enquête ils ne
fréquentaient plus. En examinant le tableau IX, on trouve que 38,8 % des
filles et 40,2 % des garçons ont été scolarisés. Ce
résultat laisse croire qu'il n'y a pas de discrimination en fonction du
sexe de l'enfant, car la probabilité du khi2 que nous avons
trouvée (0.272) est largement supérieure au seuil que nous avons
fixé (0,10). Ce résultat va à l'encontre de la
quasi-totalité des situations observées en Afrique
Subsaharienne. Car, la discrimination faite aux filles est l'un des facteurs du
faible niveau de scolarisation répertoriés en Afrique
Subsaharienne.
4.2.2. L'âge de l'enfant
L'âge d'entrée à l'école en
Guinée est de 7 ans. Mais la loi autorise de recevoir en première
année de l'école primaire, tous les enfants âgés de
6 à 15 ans.
Figure 5 : Courbe des
proportions d'enfants scolarisés par âge.
Le graphique ci-dessus représente la proportion
d'enfants scolarisés par âge. La courbe présente une forme
légèrement ascendante entre 6 et 7 ans et des dents de scie entre
10 et 13 ans. Cette courbe traduit l'entrée tardive de certains enfants
à l'école.
4.2.3. Le sexe du chef de
ménage
Dans notre échantillon, environ, dix pour cent les
ménages étaient dirigés par des femmes.
Tableau X :
Répartition des enfants selon le sexe du chef de ménage et la
fréquentation scolaire
Sexe
|
Fréquentation scolaire
|
Total
|
N'a jamais fréquenté
|
A déjà fréquenté
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Masculin
|
4246
|
62,0
|
2612
|
38,1
|
6858
|
Féminin
|
377
|
48,0
|
409
|
52,0
|
786
|
Ensemble
|
4623
|
60,5
|
3021
|
39,5
|
7644
|
Prob. Khi2=0,000
Il se dégage de ce tableau que les femmes chefs de
ménage semblent scolariser mieux les enfants que les hommes chefs de
ménage. Plus d'un enfant sur deux vivants dans un ménage
dirigé par une femme est scolarisé (52,0 %) contre quatre enfants
sur dix (38,1 %) dans les ménages dirigés par un homme.
4.3. Variation de la scolarisation selon les
caractéristiques socio-économiques
4.3.1. Le milieu de résidence
Les individus sélectionnés en milieu urbain
représentaient 30 % et ceux du milieu rural 70 % environ.Parmi les
enfants enquêtés en milieu urbain, 69, 2 % ont
fréquenté une école et 30,8 % n'ont jamais
été inscrits. Quant au milieu rural, seulement 28,4 % ont
déclaré avoir fréquenté une école et 71,6 %
n'ont jamais fréquenté une école. Pour deux enfants du
milieu rural qui ont été scolarisé, 5 enfants du milieu
urbain l'ont été pendant la même période. Les
disparités entre milieu rural et milieu urbain sont largement
répandues en Afrique et expliquent en partie le retard qu'accuse
l'Afrique par rapport aux autres continents en matière de
scolarisation.
Tableau XI :
Répartition des enfants selon le milieu de résidence et la
fréquentation scolaire
Milieu de résidence
|
Fréquentation scolaire
|
Total
|
N'a jamais fréquenté
|
A déjà fréquenté
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Urbain
|
651
|
30,8
|
1460
|
69,2
|
2111
|
Rural
|
3972
|
71,8
|
1561
|
28,2
|
5533
|
Ensemble
|
4623
|
60,5
|
3021
|
39,5
|
7644
|
Prob khi2=0,000
4.3.2. Le niveau d'instruction de la mère
La fréquentation scolaire est positivement
associée avec le niveau d'instruction de la mère. Comme attendu,
on trouve que les enfants des femmes sans éducation sont moins
scolarisés que ceux dont les mères ont fréquenté
une école. Chez les mères sans niveau, 34 % des enfants ont
été scolarisés. Ce pourcentage est de 65 % si les
mères ont atteint le niveau primaire et 84 % si elles ont un niveau
secondaire ou plus.
Tableau XII :
Répartition des enfants selon et le niveau d'instruction de la
mère la fréquentation scolaire
Niveau
d'instruction
|
Fréquentation scolaire
|
Total
|
N'a jamais fréquenté
|
A déjà fréquenté
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Sans niveau
|
4359
|
66,0
|
2247
|
34,0
|
6606
|
Primaire
|
175
|
36,0
|
317
|
64,5
|
492
|
Second. et plus
|
89
|
16,3
|
457
|
83,7
|
546
|
Ensemble
|
4623
|
60,5
|
3021
|
39,5
|
7644
|
Prob. Khi2=0.000
4.4. Variation de la scolarisation selon les
caractéristiques socioculturelles
4.4.1. L'ethnie de la mère
La pertinence de l'ethnie dans l'explication des
phénomènes sociodémographiques tels que la
fécondité, la mortalité, la scolarisation, etc. est sujet
dedébat. Certains auteurs (SALA-DIAKANDA, 1980), (AKOTO, 1993) etc.)
considèrent que l'ethnie est une variable cruciale pour l'explication
des phénomènes socio-démographiques. D'autres à
l'image de (NGWE, 1979) par contre soutiennent qu'avec l'urbanisation et la
modernisation, l'ethnie perd son rôle de caractéristique de
différenciation des comportements des populations
En guinée, il existe une variation forte de la
scolarisation selon l'ethnie (probabilité du khi2=0,000). Le taux de
scolarisation selon l'ethnie est le suivant : dans l'ethnie Soussou 55,8 %
des enfants ont fréquenté l'école, dans l'ethnie Peulh,
34,8 %, dans l'ethnie malinké 34,3 % dans les ethnies de la
Guinée forestière, (Kissi, toma, Guerzé) 44,6 %. Ces
variations corroborent celles que nous avons observées au niveau des
régions. En effet, la Basse Guinée est habitée
majoritairement par les Soussou, la Moyenne Guinée par les Peulh, la
Haute Guinée par les malinké et la Guinée
Forestière par les Kissi, les Toma et les Guerzé.
Tableau XIII :
Répartition des enfants selon l'ethnie de la mère et la
fréquentation scolaire
Ethnie de la mère
|
Fréquentation scolaire
|
Total
|
N'a jamais fréquenté
|
A déjà fréquenté
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
pourcentage
|
Soussou
|
679
|
45,4
|
817
|
54,6
|
1496
|
Peulh
|
1958
|
66,0
|
974
|
34,0
|
2966
|
Malinké
|
1376
|
65,9
|
711
|
34,1
|
2088
|
Ethnies forestières
|
610
|
54,1
|
517
|
45,9
|
1127
|
Ensemble
|
4623
|
60,5
|
3051
|
39,5
|
7644
|
Prob. Khi2=0,000
4.4.2. La religion de la mère
L'échantillon se compose de 86,3 %de musulmans, 13,7 %
de non musulmans (chrétiens, animistes et autres religions). Ainsi, le
croisement de la variable religion avec la fréquentation scolaire montre
que quatre enfants musulmans sur dix (38,6 %) ont fréquenté une
école contre deux sur neuf (45,4 %) chez les non musulmans. Des
études réalisées dans certains pays d'Afrique
subsaharienne ont mis en relief la sous scolarisation des musulmans par
rapport aux chrétiens. Ce qui mérite d'être relevé
dans le cas guinéen, c'est le fait que la proportion d'enfants
scolarisés soit aussi faible même chez les non musulmans (en
majorité des chrétiens).
Tableau XIV :
Répartition des enfants selon la religion et la fréquentation
scolarisation
Religion
|
Fréquentation scolaire
|
Total
|
N'a jamais fréquenté
|
A déjà fréquenté
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Musulmans
|
4076
|
61,4
|
2567
|
38,6
|
6643
|
Non Musulmans
|
547
|
54,6
|
454
|
45,4
|
1001
|
Ensemble
|
4623
|
60,5
|
3021
|
39,5
|
7644
|
Prob. Khi2=0,001
CHAPITRE 5 : ESSAI D'EXPLICATION DES DISPARITÉS
RÉGIONALES ENMATIÈRE DE SCOLARISATION EN GUINÉE
L'analyse descriptive (par les tableaux croisés) nous a
permis de déceler les variables liées avec la
fréquentation scolaire. Le test de khi2 de Pearson indiquait que ces
liaisons étaient parfois très fortes. Pour autant, elle ne nous
permet pas de tirer des conclusions fiables sur la nature des associations
observées. L'analyse multivariée nous permet de répondre
à ces préoccupations dans la mesure où elle confirme ou
infirme les résultats de l'analyse descriptive.
Dans ce chapitre, nous allons présenter les
résultats et les commentaires de la régression logistique entre
la scolarisation et les variables indépendantes et de contrôles
retenues.Pour ce faire, nous avons opté pour un modèle de
régression à pas croissant. L'avantage de cette méthode
est qu'elle permet d'évaluer la part de la variance expliquée par
chaque groupe de variables introduites dans l'équation de la
régression. L'ordre d'introduction des variables dans le modèle
est arbitraire. Nous avons introduit les caractéristiques des enfants
justes après la région pour la simple raison que la scolarisation
concerne en premier chef l'enfant.
Le premier (modèle 0) rend compte de la
régression entre la scolarisation et la région de
résidence. Le deuxième modèle (modèle 1)
intègre les caractéristiques de l'enfant (sexe et âge comme
variables de contrôle). Dans le troisième modèle
(modèle 2), nous contrôlons l'effet partiel des
caractéristiques démographiques de l'enfant, du ménage et
de la mère sur la scolarisation. Le quatrième modèle
(modèle 3) prend en compte l'influence des caractéristiques
sociodémographiques et des caractéristiques
socio-économiques sur les disparités régionales de
scolarisation. Dans le cinquième modèle (modèle 4) nous
essayons d'appréhender l'effet de la religion sur les différences
régionales de scolarisation. Le modèle final (modèle5)
intègre l'ensemble des variables.
Les analyses sont faites à l'aide du logiciel STATA,
version 7.0. La commande utilisée est : logistic. Un des
avantages de cette procédure (logistic) est de disposer d'une
variante permettant une estimation robuste et non biaisée des
paramètres et de rejeter automatiquement les modalités qui sont
source de multicolinéarité. Nous utiliserons aussi, la
pondération : pweight(probabilityweight). Cette
commande permet de pondérée chaque observation par l'inverse de
la probabilité de sondage. La pondération, pweight
représente le poids recherché pour l'extrapolation et non pas le
poids réel dans la population (BOCQUIER, 1998).
5.1. Présentations et interprétations des
résultats
5.1.1. Effet brut de la région sur la mise à
l'école des enfants
Conformément aux résultats obtenus dans le
chapitre précédent, on remarque que la région de
résidence exerce un effet brut significatif sur la mise à
l'école des enfants. Les enfants résidant dans les régions
de la Basse Guinée, de la Moyenne Guinée, de la Guinée
Forestière et de la Capitale Conakry ont respectivement 2,56 fois, 1,38
fois, 2,56 fois et 13,45 fois plus de chances d'être mis à
l'école que les enfants de la Haute Guinée (modalité de
référence). Mais avant de tenter toute explication, nous devons
contrôler l'effet des autres variables.
Tableau XV : Effet brut
de la région sur la mise à l'école des enfants
Variables
et modalités
|
Effectif
|
Effets bruts
|
Région
|
|
|
Basse Guinée
|
1743
|
2,56***
|
Moyenne Guinée
|
1569
|
1,38***
|
Haute Guinée (réf)
|
1395
|
(1,00)
|
Guinée Forestière
|
1772
|
2,56***
|
Conakry
|
1165
|
13,45***
|
Observations
|
7644
0,000
9,63 %
|
7644
0,000
9,63 %
|
Prob >chi2
|
Pseudo R²
|
5.1.2. Effets nets des variables indépendantes sur la
mise à l'école des enfants
A partir du modèle du deuxième modèle
(M1), nous intégrons de façon progressive les variables
indépendantes (voir tableau XVI).
Ainsi, l'introduction des variables liées à
l'enfant dans l'équation de la régression entre la scolarisation
et la région renforce légèrement les rapports de chances
des régions, hormis Conakry. Les rapports de chances de cette
région passent de 13,45 à 13,42.
Dans le troisième modèle (M2), nous avons
introduit le groupe de variables qui rendent compte des caractéristiques
de la mère et des ménages. On constate que ces variables
expliquent partiellement les disparités régionales en
matière de scolarisation en Guinée. Les rapports de chances des
différentes régions ont sensiblement baissés. Les rapports
de chances qui ont le plus baissés sont ceux des régions de
Conakry et de la Guinée Forestière. Les enfants résidant
à Conakry n'ont plus que 10,33 fois plus de chances d'être
scolarisé que leurs camarades de la Haute Guinée contre 13,42
fois dans le modèle précédent.
Le sexe du chef de ménage et le niveau de vie du
ménage sont des facteurs de différenciation en ce qui concerne la
mise à l'école des enfants. Les enfants issus des ménages
dirigés par des femmes ont 43 % plus de chances de fréquenter une
école que les enfants des ménages dirigés par des hommes.
Cette situation a été observée dans des nombreux autres
pays africains. Et, selon Marc Pilon, les femmes chefs de ménages
percevraient mieux que les hommes l'enjeu de l'instruction, car ayant
été elles-mêmes victimes dans l'ensemble d'une
sous-scolarisation. Mais pour WAKAM, quand on sait que les femmes chefs de
ménages sont plus pauvres que les hommes chefs de ménages, il y a
lieu de croire qu'elles bénéficieraient d'apports
extérieurs qui leurs permettent de s'occuper des enfants sous leurs
responsabilités.
Les enfants des ménages de niveau de vie moyen et riche
ont respectivement 20 % et 68 % plus de chances d'être mis à
l'école que les enfants des ménages pauvres.
Les variables état matrimonial de la mère,
statut de résidence du conjoint et taille du ménage ne semblent
pas différencier la mise à l'école des enfants des
différentes régions.
Dans le modèle 4 (M3) nous intégrons les
caractéristiques socio-économiques dans l'équation de la
régression. On note une forte variation des rapports de chances des
différentes régions. Les enfants vivant à Conakry n'ont
plus que 3,24 fois plus de chances d'être scolarisé que les
enfants de la Haute Guinée. Les rapports de chances des enfants de la
Basse Guinée et ceux de la Guinée Forestière ont
également diminués. Cependant, les rapports de chances des
enfants de la Moyenne Guinée ont augmentés, passant de 1,35
à 2,16.
Les régions de la Basse Guinée et de Conakry
sont les plus urbanisés de la Guinée et c'est dans ces
régions qu'on retrouve un plus grand nombre de femmes instruites et
travaillant dans le secteur non agricole. Dans ces régions, les
ménages ont un meilleur niveau de vie et les rayons d'action
scolaire5(*) sont plus
petits. Et comme l'écrit (WAKAM, 1994) « les processus
d'urbanisation et de scolarisation sont les plus susceptibles d'amener ceux qui
y sont soumis à délaisser- consciemment ou inconsciemment et de
gré ou de force-les comportements traditionnels et à devenir de
puissants vecteurs de changement dans la société ».
L'augmentation des rapports de chances des enfants de la Moyenne Guinée
par rapport à ceux de la Haute Guinée signifie que si les enfants
de ces deux régions étaient dans les mêmes conditions
(même sexe, même âge, même milieu de résidence,
des mères de même niveau d'instruction, etc.) les enfants de la
Moyenne Guinée auraient 2,16 fois plus de chances d'être mis
à l'école que leurs camarades de la Haute Guinée.
Le milieu de résidence, le niveau d'instruction de la
mère et l'activité de la mère restent des facteurs de
différenciation des enfants en matière scolarisation en
Guinée.
En fin, dans le dernier modèle, nous avons
intégré la religion de la mère. L'introduction de cette
variable dans le modèle ne fait varier que légèrement les
rapports de chances des différentes régions. Les rapports de
chances qui ont le plus variés sont ceux des régions de la
Guinée Forestière et de Conakry. Le fait que ces deux
régions soient celles où on retrouve le plus de non musulmans
pourrait expliquer la tendance à la baisse des rapports de chances de
ces régions.
En définitive, après contrôle de toutes
les variables, l'effet de la région persiste. La région est donc
une variable cruciale pour l'explication de la scolarisation en Guinée.
Le fait que les écarts subsistent entre les rapports de chances des
différentes régions laisse croire que l'impact de la
région sur la scolarisation est médiatisé par d'autres
facteurs que nous n'avons pas considérés ici. Toutefois, parmi
les facteurs que nous avons pris en compte ceux qui semblent expliquer les
différences de scolarisation entre les régions de la
Guinée sont : le milieu de résidence, le niveau
d'instruction de la mère, l'activité de la mère et le
niveau de vie du ménage et la religion. Les variables âge de
l'enfant et du chef de ménage, sexe de l'enfant et du chef de
ménage, taille du ménage, état matrimonial de la
mère, statut de résidence du conjoint sont des médiateurs
de l'effet de la région de résidence.
Tableau XVI : Effets nets
des caractéristiques des enfants, des ménages, des
caractéristiques socio-économiques de la mère et de la
religion de la mère sur les disparités régionales
Variables et modalités
|
Modèle0
|
Modèle1
|
Modèle2
|
Modèle3
|
Modèle4
|
Région
Basse Guinée
|
|
|
|
|
|
2,56***
|
2,59***
|
2,45***
|
2,40***
|
2,39***
|
Moyenne Guinée
|
1,38***
|
1,39***
|
1,35***
|
1,51***
|
1,53***
|
Haute Guinée (réf)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Guinée Forestière
|
2,56***
|
2,56***
|
2,43***
|
2,16***
|
1,64***
|
Conakry
|
13,45***
|
13,42***
|
10,33***
|
3,24***
|
3,11***
|
Caractéristiques des enfants
|
|
|
|
|
Sexe enfant
|
|
|
|
|
|
Masculin
|
1,07ns
|
1,07ns
|
1,07ns
|
1,08ns
|
1,08ns
|
Féminin
|
(1,00)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Age enfant
|
1,04***
|
1,03***
|
1,03***
|
1,03***
|
1,04***
|
Caractéristiques des ménages
|
|
|
|
|
|
Sexe du CM
|
|
|
|
|
|
Masculin
|
(1,00)
|
|
(1,00)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Féminin
|
1,76***
|
|
1,43***
|
1,17*
|
1,15ns
|
Age du CM
|
0,99ns
|
|
(1,00)
|
1,00**
|
1,00**
|
État matrimonial de la mère
|
|
|
|
|
|
sans conjoint
|
1,20ns
|
|
1,16ns
|
1,41ns
|
1,38ns
|
avec conjoint (réf.)
|
(1,00)
|
|
(1,00)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Statut de résidence conjoint
|
|
|
|
|
|
conjoint dans le ménage
|
(1,00)
|
|
(1,00)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
conjoint hors du ménage
|
1,10ns
|
|
0,98ns
|
0,94ns
|
0,94ns
|
Résidus
|
1,09ns
|
|
0,94ns
|
0,82ns
|
0,84ns
|
Taille du ménage
|
1,01***
|
|
0,99ns
|
0,99ns
|
0,98ns
|
Niveau de vie du ménage
|
|
|
|
|
|
Pauvres
|
(1,00)
|
|
(1,00)
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Moyens
|
1,37***
|
|
1,20***
|
1,05ns
|
1,05ns
|
Riches
|
3,58***
|
|
1,68***
|
1,34**
|
1,29***
|
Caractéristiques
socio-économiques
|
|
|
|
|
Milieu de
résidence
|
|
|
|
|
|
Urbain
|
5,71***
|
|
|
2,98***
|
3,20***
|
Rural
|
(1,00)
|
|
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Niveau d'instruction de la mère
|
|
|
|
|
|
sans niveau
|
(1,00)
|
|
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Primaire
|
3,51***
|
|
|
2,16***
|
2,09***
|
Secondaire
|
9,96***
|
|
|
4,48***
|
4,38***
|
Activité de la mère
|
|
|
|
|
|
sans activité
|
0,96ns
|
|
|
0,98ns
|
0,98ns
|
Agriculture
|
(1,00)
|
|
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Commerce
|
1,08ns
|
|
|
1,09ns
|
1,08ns
|
administration
|
1,51***
|
|
|
1,57***
|
1,58**
|
Religion de la mère
|
|
|
|
|
|
Musulmane
|
1,00
|
|
|
|
(1,00)
|
Non musulmane
|
1,32***
|
|
|
|
1,65***
|
Observations
|
7644
|
7644
|
7644
|
7644
|
7644
|
Pseudo R²
|
|
9,76%
|
10,43%
|
15,11%
|
15,35%
|
Figure 6
: Chances relatives de fréquentation
scolaire avant (brutes) et après (nettes)
Contrôle des effets des autres variables.
Le pouvoir prédictif réel de notre modèle
final est 51,6 %.
5.1.3. Analyse des effets nets par milieu de
résidence
Dans la section suivante, nous analysons les
disparités régionales en distinguant le milieu rural du milieu
urbain.
5.1.3.1. Milieu urbain
Le tableau XVII donne les résultats de la
régression entre la fréquentation scolaire et les variables
indépendantes uniquement pour le milieu urbain. Il apparaît dans
ce tableau que les inégalités régionales subsistent
même si on ne considère que le milieu urbain. Les enfants de
Conakry sont plus scolarisés que les enfants des autres régions.
Ils ont 2,17 fois plus chances d'être scolarisés que ceux de la
Haute Guinée. Les enfants de la Basse Guinée ont 69% plus de
chances d'être scolarisé que les enfants de la Haute
Guinée. Ceux de la Moyenne Guinée ont quant à eux, 2,11
fois ou 111 % plus de chances d'être scolarisé que leurs camarades
de la Haute Guinée. On remarque que les rapports de chances des enfants
de la Moyenne Guinée sont plus grands dans ce modèle que dans le
modèle global. A l'opposé, les rapports de chances des enfants
de la Guinée Forestière ont quant à eux diminués.
Ils ont
33 % moins de chances de fréquenter une école
que leurs camarades de la Haute Guinée. Les raisons peuvent être
liées au fait que la population de la Moyenne Guinée vit
majoritairement en milieu rural. Si les enfants de cette région
vivaient tous en ville, ils auraient céterisparibus plus de
chances de fréquenter l'école que leurs camarades de la Haute
Guinée. Pour ce qui est de la Guinée Forestière, on doit
noter que les centres urbains de cette région sont plus peuplés
par les immigrés venus de la Haute Guinée. Nous avions
remarqué au chapitre 4 que les ethnies forestières
présentaient des taux de scolarisation plus élevés que les
Malinké (majoritaire en Haute Guinée), 46 % pour les premiers et
34 % pour les seconds.
Il apparaît aussi dans ces résultats que les
variables sexe de l'enfant, sexe du chef de ménage, âge du chef de
ménage, état matrimonial de la mère, le niveau de vie du
ménage, ainsi que la religion ne permettent pas de différencier
la mise à l'école des enfants. Par contre, les variables statut
de résidence du conjoint, niveau d'instruction de la mère et
l'activité de la mère sont des variables de
différenciation de la mise à l'école des enfants pour les
enfants du milieu urbain. Les enfants dont les mères sont sans
conjoint, ou celles dont le conjoint vit hors du ménage
présentent moins de chances de fréquenter une école que
ceux dont le conjoint est dans le ménage. Les enfants dont les
mères ont leurs conjoints hors du ménage ont 27 % moins de
chances d'être scolarisé que leurs camardes dont les mères
ont leurs conjoints au sein du ménage. Tandis que ceux dont les
mères sont célibataires, veuves ou divorcées (les
résidus) ont 50 % moins de chances de fréquenter une école
que leurs camarades pris comme référence.
Le niveau d'instruction de la mère reste le facteur le
plus discriminant en ce qui concerne la mise à l'école des
enfants. Les femmes ayant un niveau d'instruction primaire scolarisent 63 %
plus leurs enfants que celles qui sont sans niveau. Et, celles qui ont un
niveau secondaire ou plus scolarisent 4 fois plus que celles qui sont sans
niveau.
Tableau XVII : Effets
nets des caractéristiques des enfants, des ménages, des
caractéristiques socio-économiques de la mère, et de la
religion de la mère sur les disparités régionales,
milieu urbain
Variables
et modalités
|
Effectif
|
Rapports de chances bruts
|
Rapports de chances nets
|
Région
|
|
|
|
Basse Guinée
|
363
|
1,64***
|
1,65***
|
Moyenne Guinée
|
140
|
1,96***
|
2,08***
|
Haute Guinée (réf)
|
189
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Guinée Forestière
|
455
|
0,74*
|
0,68**
|
Conakry
|
1146
|
2,73***
|
2,16***
|
Caractéristiques de l'enfant
|
|
|
|
Sexe enfant
|
|
|
|
Masculin
|
1152
|
0,97ns
|
1,02ns
|
Féminin
|
1141
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Age enfant
|
2293
|
1,04**
|
1,04**
|
Caractéristiques des ménages
|
|
|
Sexe du Chef ménage
|
|
|
|
Masculin
|
1898
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Féminin
|
395
|
1,01ns
|
0,91ns
|
Age du chef ménage
|
2293
|
1,00ns
|
1,00ns
|
Etat matrimonial de la mère
|
|
|
|
sans conjoint
|
84
|
0,69ns
|
1,26ns
|
avec conjoint (réf,)
|
2209
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Statut de résidence conjoint
|
|
|
|
conjoint dans le ménage
|
1936
|
(1,00)
|
(1,00)
|
conjoint hors du ménage
|
241
|
0,73**
|
0,73**
|
Résidus
|
116
|
0,64**
|
0,49**
|
Taille du ménage
|
2293
|
1,00ns
|
0,99ns
|
Niveau de vie du ménage
|
|
|
|
Pauvres
|
513
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Moyens
|
761
|
1,11ns
|
1,01ns
|
Riches
|
1019
|
1,74***
|
1,03ns
|
Caractéristiques
socio-économiques
|
|
|
Niveau d'instruction
|
|
|
|
sans niveau
|
1534
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Primaire
|
301
|
1,91***
|
1,63***
|
secondaire
|
457
|
1,59***
|
3,96***
|
Activité de la mère
|
|
|
|
sans activité
|
404
|
1,13ns
|
1,14ns
|
agriculture
|
1222
|
(1,00)
|
(1,00)
|
commerce
|
586
|
0,90ns
|
0,93ns
|
administration
|
81
|
1,38ns
|
1,46**
|
Religion de la mère
|
|
|
|
musulmane
|
2112
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Non musulmane
|
181
|
0,59***
|
1,07ns
|
observations
|
|
|
2293
|
Prob>chi2
|
|
|
0,000
|
Pseudo R²
|
|
|
8,95%
|
5.1.3.2.Milieu rural
Comme pour le milieu urbain, des disparités existent
entre les individus ruraux des différentes régions6(*). Les tendances observées
dans ce modèle sont semblables à celles que nous avons
observées au niveau global (ensemble du pays).
Les enfants résidant en milieu rural en Basse
Guinée ont, 2,74 fois plus de chances d'être envoyé
à l'école que leurs camarades de la Haute Guinée. Ceux de
la Moyenne Guinée, ont 1,64 fois plus de chances d'être
scolarisé que les enfants de la Haute Guinée. Les enfants de la
Guinée Forestière qui avaient moins de chances que ceux de la
Haute Guinée dans le modèle urbain ont 132 % plus de chances de
fréquentation scolaire que les enfants de la Haute Guinée.
Contrairement au modèle urbain, ici, le sexe de
l'enfant et celui du chef de ménage sont significatifs. Les
garçons, ont, 13 % plus de chances d'être scolarisé que
les filles. Les enfants issus des ménages dirigés par des
femmes ont 43 % plus de chances d'être scolarisé que les enfants
vivants dans les ménages dirigés par des hommes. Le fait que les
filles soient plus sollicitées pour la garde des enfants en bas
âge pourrait expliquer leur sous scolarisation par rapport aux
garçons.
Les variables socio-économiques restent comme dans le
modèle urbain, les plus significatives. Les enfants des femmes sans
niveau d'instruction ont 2,56 fois moins de chances d'être
scolarisé que ceux des femmes ayant un niveau primaire et 5 fois moins
de chances d'être scolarisé que les enfants dont les mères
ont un niveau secondaire ou plus.
Les enfants des femmes travaillant dans l'agriculture ont au,
14 % moins de chances d'être scolarisé que les enfants des femmes
commerçantes et 65 % moins de chances que ceux des femmes travaillant
dans l'administration. Les enfants des ménages pauvres ont 32 % de
chances en moins d'être scolarisé que les enfants des
ménages riches.
La religion est aussi un facteur discriminant de la
scolarisation dans ce modèle d'analyse. Les enfants de mères non
musulmanes ont 51 % plus de chances d'être scolarisé que leurs
camarades dont les mères sont musulmanes. Les individus vivant en
milieu rural seraient donc les plus conservateurs car la religion
n'était pas significative dans le modèle urbain.
Les variables âge du chef de ménage, taille du
ménage, état matrimonial de la mère et statut de
résidence du conjoint, se sont révélées non
significatives dans ce modèle d'analyse aussi.
Tableau XVIII : Effets
nets des caractéristiques des enfants, des ménages, des
caractéristiques socio-économiques de la mère et de la
religion de la mère, milieu rural
Variables et modalités
|
Effectif
|
Rapports de chances bruts
|
Rapports de chances nets
|
Région
|
|
|
|
Basse Guinée
|
1340
|
2,80***
|
2,71***
|
Moyenne Guinée
|
1713
|
1,69***
|
1,62***
|
Haute Guinée (réf)
|
1065
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Guinée Forestière
|
1232
|
3,3***
|
2,37**
|
Caractéristiques de l'enfant
|
|
|
Sexe enfant
|
|
|
|
masculin
|
2709
|
1,12*
|
1,13**
|
féminin
|
2642
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Age enfant
|
5351
|
1,03***
|
1,04***
|
Caractéristiques du ménage
|
|
|
Sexe du chef ménage
|
|
|
|
masculin
|
4943
|
(1,00)
|
(1,00)
|
féminin
|
408
|
1,56***
|
1,42***
|
Age du chef ménage
|
5351
|
1,00ns
|
1,00ns
|
Etat matrimonial de la mère
|
|
|
|
sans conjoint
|
210
|
1,43**
|
1,29ns
|
avec conjoint (réf,)
|
5141
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Statut de résidence conjoint
|
|
|
|
conjoint dans le ménage
|
4483
|
(1,00)
|
(1,00)
|
conjoint hors du ménage
|
605
|
1,01ns
|
1,01ns
|
résidus
|
263
|
1,37**
|
1,10ns
|
Taille du ménage
|
5351
|
0,99ns
|
1,00ns
|
Niveau de vie du ménage
|
|
|
|
pauvres
|
3126
|
(1,00)
|
(1,00)
|
moyens
|
1755
|
1,07ns
|
1,05ns
|
riches
|
470
|
1,73***
|
1,33**
|
|
|
|
|
Caractéristiques.
socio-économiques
|
|
|
Niveau d'instruction mère
|
|
|
|
sans niveau
|
5022
|
(1,00)
|
(1,00)
|
primaire
|
208
|
2,76***
|
2,56***
|
secondaire
|
121
|
5,99***
|
5,01***
|
Activité de la mère
|
|
|
|
sans activité
|
963
|
0,88ns
|
0,90ns
|
agriculture
|
2925
|
(1,00)
|
(1,00)
|
commerce
|
1298
|
1,13*ns
|
1,14*
|
administration
|
165
|
1,56***
|
1,65***
|
Religion de la mère
|
|
|
|
musulmane
|
4544
|
(1,00)
|
(1,00)
|
Non musulmane
|
807
|
2,17***
|
1,51***
|
Observations
|
|
|
5351
|
Prob>chi2
|
|
|
0,000
|
Pseudo R²
|
|
|
5,81%
|
5.2. Quid des raisons de la
non-scolarisation des enfants avancées par lesmères ?
Une des sections du questionnaire femme était
consacrée aux raisons de la non scolarisation des enfants. Il s'agissait
de demander à la mère pourquoi tel enfant n'a jamais
été inscrit à l'école. Comme l'écrit Rwehera
(1998, p208-209) la non scolarisation est l'une des manifestations les plus
explicites du défaut de demande scolaire.
Parmi les 4540 enfants n'ayant jamais été
scolarisé dans notre échantillon, 84 n'ont pas fourni de
réponses valides. Les analyses porteront donc sur les 4456
réponses valides.
Tableau XIX :
Distribution des réponses fournies par les mères
Numéro
|
Raison invoquée
|
Fréquence
|
% dans le total des réponses
|
1
|
L'enfant était malade, faible/handicapé
|
189
|
4,2
|
2
|
L'enfant est encore jeune
|
941
|
21,1
|
3
|
L'école est loin
|
1040
|
23,3
|
4
|
L'école manque d'enseignant
|
131
|
2,9
|
5
|
L'école n'a pas du niveau dont l'enfant a besoin
|
51
|
1,1
|
6
|
L'école n'était pas adéquate
|
228
|
5,1
|
7
|
L'enfant devait garder les plus jeunes
|
308
|
6,9
|
8
|
L'enfant devait faire des travaux domestiques
|
686
|
15,4
|
9
|
L'enfant devait travailler dans une affaire familiale
|
257
|
5,8
|
10
|
L'école est trop chère
|
843
|
18,9
|
11
|
L'école est un lieu de délinquance
|
40
|
0,9
|
12
|
L'école n'est pas importante
|
59
|
1,3
|
13
|
L'enfant ne s'intéressait pas l'école
|
181
|
4,1
|
14
|
La fille s'est mariée
|
35
|
0,8
|
15
|
L'école fait perdre les valeurs
|
14
|
0,3
|
16
|
La fille est tombée enceinte
|
26
|
0,6
|
17
|
A cause des coutumes et des traditions
|
20
|
0,4
|
18
|
L'école manquait de toilettes
|
0
|
0,0
|
19
|
A cause des menstrues
|
1
|
0,0
|
20
|
A cause des moqueries des camarades
|
5
|
0,1
|
21
|
Autres
|
228
|
5,1
|
22
|
Ne sait pas
|
25
|
0,6
|
Note : plus d'une réponse a été
possible.
Afin de mieux voir les raisons de la non scolarisation des
enfants invoquées par région, nous avons effectué une
analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM). Cette méthode
d'analyse permet de mettre en évidence les liaisons, les ressemblances
ou les différences. À cet effet, nous avons utilisé la
procédure CORMU du logiciel SPAD.
Nous avons retenu les deux premiers axes factoriels qui
représentent 18,97 % de l'inertie totale.
Le premier axe factoriel oppose les régions Basse
Guinée et Moyenne Guinée aux régions Haute Guinée
et Guinée Forestière.
Le deuxième axe oppose le milieu rural du milieu
urbain. On constate à cet effet une nette opposition entre Conakry et
les régions de Basse Guinée, Moyenne Guinée et Haute
Guinée.
Il apparaît sur le graphique que les raisons
avancées sont similaires d'une part entre la Basse et la Moyenne
Guinée et d'autre part entre la Haute Guinée et la Guinée
Forestière. Dans les deux premières régions citées,
les raisons invoquées semblent être : l'éloignement de
l'école, la délinquance, le manque de commodité de
l'école et autres raisons ou ne sais pas.
Dans les régions de la Haute Guinée et de la
Guinée Forestière, les raisons les plus invoquées semblent
être la garde des enfants les plus jeunes, les travaux domestiques ou
champêtres, la cherté de l'école, la perception de
l'école (l'école n'est pas importante ou l'enfant ne
s'intéresse pas), le travail de l'enfant, la jeunesse de l'enfant, le
manque d'enseignant ou de classe et les coutumes et traditions.
Figure 7 : Premier plan
factoriel de l'analyse des correspondances multiples.
Nous avons regroupé par la suite les différentes
réponses en quatre groupes:
les raisons liées au coût de l'école:
l'école est trop cher, l'enfant devait faire des travaux domestiques ou
travailler dans une affaire familiale et l'enfant devait garder les plus
jeunes.
les raisons liées à l'offre: l'école est
trop loin, l'enfant est jeune, l'école manque d'enseignant,
l'école n'offre pas le niveau dont l'enfant a besoin, à cause
de la délinquance à l'école, à cause des moqueries
des camarades, l'école n'est pas adéquate, manque de
toilettes.
les raisons liées à la tradition et aux
coutumes : l'école n'est pas importante, l'enfant ne
s'intéresse pas à l'école, l'école est une perte de
valeurs, les traditions et les coutumes, la fille s'est mariée, la fille
risque de tombée en enceinte à l'école.
autres facteurs : l'enfant était malade, la fille
avait les règles, autres raisons ou ne sais pas.
Les principales raisons pour lesquelles les parents n'ont pas
envoyé leurs enfants à l'école sont
récapitulées dans le tableau XX. On constate que les raisons
liées à l'offre scolaire sont les plus avancés 2180
cas ; viennent en seconde position les raisons liées au coût
1911 cas ; en troisième position, les raisons liées
à la tradition et aux coutumes 324 cas et enfin les autres raisons pour
443 cas.
Tableau XX : Distribution
des réponses fournies par les mères.
Raisons
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Raisons liées au coût
|
1911
|
39,3
|
Raisons liées à l'offre
|
2180
|
44,9
|
Raisons liées à tradition/ coutumes
|
324
|
6,7
|
Autres Raisons
|
443
|
9,1
|
Total
|
4858
|
100
|
Note : plus d'une réponse a été
possible
Il se dégage de ces résultats que les raisons
liées à l'insuffisance de l'offre scolaire et au coût de
l'école sont les raisons les plus invoquées, respectivement par
44,9 % et 39,3 % des répondants. L'éloignement de l'école
du domicile des parents est on le sait un facteur important dans la
décision des parents d'envoyer l'enfant à l'école en
particulier la jeune fille. L'autre principale raison avancée par les
mères concerne le dilemme que les parents ont à renoncer au
travail des enfants. « Les familles qui sont dans une situation de
pauvreté telle que le travail de leurs enfants est indispensable pour
subsister ne vont probablement pas être intéressées par
l'école » (Rwehera, 1999, p210).
Le tableau XXI donne les raisons de la non scolarisation par
milieu de résidence. On remarque que 4130 (soit 85 %) des enfants non
scolarisés vivent en milieu rural et seulement 728 (soit 15%) en milieu
urbain. Les tendances observées au niveau des milieux de
résidence sont identiques à celles observées au niveau
des régions. En milieu urbain, les raisons liées au coût
sont invoquées par 42,2% et les raisons liées à l'offre
par 35,9 % des enquêtées. En milieu rural, les raisons
liées à l'offre sont majoritairement citées 46,5 % et
les raisons liées au coût, 38,8 %.
Tableau XXI :
Distribution des réponses fournies par les mères par milieu de
résidence.
Milieu de résidence
|
Raisons liées au coût
|
Raisons liées à l'offre
|
Raisons liées aux coutumes
|
Autres Raisons
|
Total
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Urbain
|
307
|
42,2
|
261
|
35,9
|
41
|
5,6
|
119
|
16,3
|
728
|
Rural
|
1604
|
38,8
|
1919
|
46,5
|
283
|
6,9
|
324
|
7,8
|
4130
|
Ensemble
|
1911
|
39,3
|
2180
|
44,9
|
324
|
6,7
|
443
|
9,1
|
4858
|
Note : plus d'une réponse a
été possible.
L'analyse7(*) par région de résidence montre que dans
les régions de la Basse Guinée, de la Moyenne Guinée et de
Conakry, ce sont les raisons liées à l'offre de scolarisation qui
sont les plus invoquées par les mères. Tandis que dans les
régions de la Haute Guinée et de la Guinée
Forestière, ce sont les raisons liées au coût de
l'école qui sont avancées comme principales raisons.
Tableau XXII :
Distribution des réponses fournies par les mères par
région.
Région
|
Raisons liées au coût de l'école
|
Raisons liées
à l'offre scolaire
|
Raisons liées à la tradition et aux coutumes
|
Autres Raisons
|
Total
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Eff.
|
%
|
Basse Guinée
|
353
|
31,7
|
547
|
49,1
|
49
|
4,4
|
164
|
14,7
|
1113
|
Moyenne Guinée
|
358
|
28,3
|
703
|
55,6
|
94
|
7,4
|
110
|
8,7
|
1265
|
Haute Guinée
|
557
|
48,8
|
461
|
40,4
|
91
|
8,0
|
33
|
2,9
|
1142
|
Guinée Forestière
|
554
|
51,6
|
367
|
34,2
|
80
|
7,5
|
72
|
6,7
|
1073
|
Conakry
|
89
|
33,6
|
102
|
38,5
|
10
|
3,8
|
64
|
24,2
|
265
|
Ensemble
|
1911
|
39,3
|
2180
|
44,9
|
324
|
6,7
|
443
|
9,1
|
4858
|
Note : plus d'une réponse a été
possible.
Ces résultats rejoignent ceux de l'analyse explicative
(section 5.1) car on avait trouvéque les facteurs
socio-économiques sont celles qui expliquaient le plus les
disparités régionales.Ces résultats montrent que pour que
la scolarisation soit universelle en Guinée il faudrait accentuer les
efforts sur la satisfaction de l'offre scolaire.
SYNTHÈSE ET
CONCLUSION
L'objectif fondamental de cette recherche était de
connaître les facteurs qui influencent la mise à l'école
des enfants en Guinée surtout ceux qui expliqueraient les
différences de niveaux de scolarisation observés entre les
régions de la Guinée. Pour parvenir à ce but nous nous
sommes fixés deux objectifs. Le premier était d'identifier la
part de chacun des facteurs socio-économiques, socioculturels,
sociodémographiques dans l'explication des disparités
régionales de scolarisation. En deuxième lieu il s'agissait de
voir si ces inégalités ne s'expliquent pas par la discrimination
faite aux enfants de sexe féminin.
Pour ce faire, nous nous sommes servie d'un cadre
théorique et des analyses (descriptives et multi variées)
quantitatives. Au niveau du cadre théorique, nous avons fait un tour
d'horizon de la littérature sur la scolarisation. Ce qui nous a permis
de formuler nos hypothèses et de construire nos schémas
conceptuel et d'analyse. L'hypothèse principale était qu'en
Guinée, la scolarisation varie en fonction des Régions. Cette
différence est due aux facteurs socio-économiques,
sociodémographiques et socioculturels.
Pour tester la validité de nos hypothèses nous
nous sommes servis des données de l'Enquête Démographique
et de Santé (EDS) collectées en Guinée en juin 1999.
Après l'évaluation de la qualité des
Données, nous avons fait deux types d'analyses: une analyse descriptive
et une analyse prédictive. L'analyse descriptive nous a permis d'une
part de mesurer le niveau de la scolarisation des enfants selon les certaines
caractéristiques démographiques, économiques et
culturelles, d'autre part d'évaluer le degré d'association entre
la mise à l'école (variable dépendante) et les certaines
variables indépendantes retenues. Nous avons ainsi observé que
certaines de ces variables (région, milieu de résidence,
religion, ethnie, âge de l'enfant, sexe du chef de ménage)
étaient liées avec la mise à l'école. Pour
s'assurer que les liaisons observées sont stables, nous avons eu recours
à une méthode statistique plus puissante, la régression
logistique (méthode prédictive).
Il est ressortit de nos analyses qu'il y a bien des
inégalités régionales en matière de scolarisation
en Guinée.
Au niveau global, on trouve que:
Les enfants des régions de Conakry (la Capitale), de la
Basse Guinée, de la Moyenne Guinée et de la Guinée
Forestière avaient les meilleures chances de scolarisation que leurs
camarades de la Haute Guinée. Les enfants résident à
Conakry ont 3 fois plus de chances de d'être mis à l'école
que les enfants de la Haute Guinée. Ceux vivant en Basse Guinée
avaient 2,5 fois plus de chances d'être scolarisés que leurs
camarades de la Haute Guinée. De même, les enfants de la Moyenne
Guinée et ceux de la Guinée Forestière avaient
respectivement 56% et 62 % plus de chances d'être envoyés
à l'école que les enfants de la Haute Guinée.
En plus de la région de résidence, d'autres
variables sont restées significatives au cours de nos
différentes analyses. C'est le cas des variables milieu de
résidence, niveau d'instruction de la mère, activité de la
mère, niveau de vie du ménage et religion de la mère.Les
enfants du milieu urbain ont 3 fois plus de chances d'être
scolarisés que ceux du milieu rural.
Les enfants dont les mères sont sans niveau
d'instruction sont nettement moins scolarisés que les enfants dont les
mères sont instruites. Ces enfants avaient par rapport à leurs
camarades dont les mères ont le niveau primaire 2 fois moins de chances
de scolarisation et plus de 4 fois moins de chance que ceux dont les
mères ont un niveau secondaire et plus.
Du point de vue de l'activité économique de la
mère, les enfants dont les mères exercent dans l'administration
sont les seuls à se distinguer des autres enfants. Ils ont 57 % plus de
chances de fréquenter une école que les enfants dont les
mères travaillent dans l'agriculture.
Comme dans d'autres phénomènes tel que la
mortalité, le niveau de vie du ménage s'est avérée
être un facteur de discrimination des enfants en matière de
scolarisation mais à un degré moindre que le milieu de
résidence et le niveau d'instruction de la mère. Les enfants des
ménages riches ont 29 % plus de chances de subir
l'événement scolarisation que les enfants des ménages
pauvres. La différence entre les enfants des ménages pauvres et
ceux des ménages moins pauvres n'était pas significative.
Nous avons également trouvé que les enfants dont
lesmères sont de confession musulmane avaient au seuil de 1 %, 65 %
moins de chances d'être scolarisé que les enfants dont les
mèressont non musulmanes (chrétiens et animistes).
Les variables sociodémographiques (sexe de l'enfant,
sexe du chef de ménage, âge du chef de ménage, taille du
ménage, état matrimonial de la femme, statut de résidence
du conjoint) n'ont pas d'effet significatif sur la mise à l'école
des enfants.
L'analyse par milieu de résidence a montré que
les disparités régionales persistent quel que soit le milieu
considéré.
Pour le milieu urbain, on trouve que les enfants de la Basse
Guinée ont 65 % plus de chances d'être scolarisé que leurs
camarades de la Haute Guinée. Les enfants de Conakry, la Capitale ont
2,16 fois plus de chances d'être scolarisés que leurs camarades de
la Haute Guinée. Les enfants vivant en milieu urbain en Moyenne
Guinée ont quant à eux 2 fois plus de chances d'être
scolarisés que les enfants de la Haute Guinée. Cependant, les
enfants de la Guinée Forestière ont 33 % moins de chances
d'être envoyés à l'école que les enfants de la Haute
Guinée.
Pour le milieu rural, on trouve les mêmes tendances
sauf en Guinée Forestière. Les enfants vivant en milieu rural en
Guinée Forestière ont 2,32 fois plus de chances d'être mis
à l'école que ceux de la Haute Guinée. De même, les
enfants de la Basse Guinée et ceux de la Moyenne Guinée ont
respectivement 2,74 fois et 1,64 fois plus de chances d'être
scolarisés que leurs camarades de la Haute Guinée.En plus des
régions de résidence, d'autres variables se sont
avérées discriminantes en ce qui concerne la mise à
l'école des enfants.
En milieu urbain, nous avons trouvé que les enfants des
femmes sans conjoint ou celles ayant leurs conjoints hors du ménage
présentent moins de chances de fréquenter une école que
les enfants des femmes ayant leurs conjoints dans le ménage. De
même, les enfants des femmes n'ayant aucun niveau d'instruction ont
nettement moins de chances de fréquenter que les enfants des femmes
ayant un niveau primaire ou secondaire et plus.
En milieu rural, en plus du niveau d'instruction de la
mère, les variables sexe de l'enfant, sexe du chef de ménage,
activité de la mère, religion de la mère et niveau de vie
du ménage sont apparues comme étant des variables discriminantes
en matière de scolarisation en Guinée.
Toutefois, le fait que des écarts subsistent entre les
odds ratios (rapports de chances) des différentes régions
indiquent que d'autres facteurs qui n'ont pas été pris en compte
ici expliqueraient cette différence. Il s'agit par exemple des
caractéristiques des conjoints, de l'activité économique
dominant dans la région, du statut de la femme (prise de décision
en matière de scolarisation), des facteurs environnementaux, etc. Nous
entendons par facteurs environnementaux, l'environnement géographique et
culturel de la région.
Du point de vue historique, on remarquera que les
régions de Conakry, Basse Guinée, Moyenne Guinée et Haute
Guinée ont vu naître leurs premières écoles
dès 1900, alors que la Guinée Forestière elle n'a
été dotée que bien plus tard.
Notons aussi que les régions de la Haute Guinée
et de la Moyenne Guinée qui sont les région les moins
scolarisées, font partie de la bande Soudano-Sahélienne de sous
scolarisation et qui s'étend du Tchad au Sénégal en
passant par le Niger, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée. Ce groupe
de pays est le moins scolarisés d'Afrique Subsaharienne tant pour les
filles que pour les garçons. Les ethnies vivant dans ces pays sont en
majorité musulmanes et font partie des sociétés qui se
sont le plus illustrées dans la lutte contre la
pénétration coloniale. L'on peut croire comme l'a écrit
(PÈRE 1995), parlant des Lobi du Burkina Faso que le refus de
l'école serait lié aux antécédents de la
colonisation. Car la scolarisation était assimilée à
l'époque coloniale à un acte d'avilissement aux colons.
A l'opposé, la Guinée Forestière,
région sud de la Guinée fait frontière avec la Cote
d'Ivoire, le Libéria et la Sierra Leone. Trois pays qui ont des taux de
scolarisation meilleurs8(*)
que la Guinée. Les non musulmans (chrétiens, et animistes) y sont
majoritaires. Le contexte environnemental est donc plus favorable à la
scolarisation. En plus, la proportion des pauvres est plus faible dans cette
région qu'en Moyenne et en Haute Guinée. En effet, d'après
le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
(DSRP, 2001, p30-31), le pourcentage des personnes vivant avec moins de 300$ US
par an était en 1995 de 7 % à Conakry, 42 % en Basse
Guinée, 51 % en Moyenne Guinée, 62 % en Haute Guinée et 33
% en Guinée Forestière.
En conclusion, nous pouvons affirmer que cette recherche a
permis de dévoiler quelques aspects non connus de la scolarisation en
Guinée. Bien entendu, les facteurs que nous avons identifiés
comme étant responsables des disparités régionales ne sont
pas exhaustifs et nos arguments loin d'être irréfutables. Car le
fichier que nous avons exploité bien que très riche
présente quelques limites. Le premier est le taux élevé
des manquants au niveau de certaines variables que nous voulions
intégrer dans nos régressions (les caractéristiques des
conjoints par exemple). Le deuxième biais est lié à la
collecte des informations. Nous savons que les questionnaires EDS sont des
questionnaires lourds. Et, la section consacrée à la
scolarisation était à la fin du document. Il n'est pas exclu que
sous l'effet de la fatigue l'enquêtée donne des réponses
non exactes à certaines questions ou que l'enquêtrice ne pose pas
bien les questions. Les résultats que nous avons trouvénous
incite à approfondir cette étude en utilisant d'autres
données (recensement).
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Université Paris1.
* 1
Extrême pauvreté : le niveau de pauvreté du groupe
distinct des plus pauvres. Dans cette catégorie, la misère est
extrême au point que la totalité du revenu ne suffit pas à
assurer le niveau minimum de nutrition (UNICEF, 2000).
* 2citée par J. Remy
NGONON, Radio Siantou, Yaoundé (septembre 2002)
* 2 Législateur = le
prophète, Mohamet
* 3 Nous emploierons le terme
mise à l'école plutôt que fréquentation scolaire,
car il s'agit de la fréquentation scolaire passée. C'est à
dire le fait que l'enfant ait fréquenté l'école au moins
une fois.
* 4 La méthode la plus
indiquée pour notre étude était l'analyse multiniveaux,
voir annexe 2.
* 5 Le rayon d'action
scolaire est défini comme étant la moitié de la distance
moyenne séparant deux écoles
* 6 Les habitants de Conakry
étant tous considérés comme urbains, la région de
Conakry ne figure donc pas dans ce modèle.
* 7 Les analyses ont
été faites par la procédure multiple réponses de
SPSS
* 8du moins avant les Guerres
civiles qui ont ravagé ces deux derniers pays entre 1989 et 2003.
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