CONCLUSION
Ce mémoire avait pour objectif d'étudier la
place de « l'empowerment » au sein des dispositifs de participation
locaux présents dans le territoire français. Comme nous l'avons
vu tout au long de cette analyse, l'empowerment et la démocratie
participative ne sont pas deux notions complétement
détachées l'une de l'autre. La thématique de l'empowerment
renvoie, comme celle de participation ou de démocratie participative,
à une diversité d'interprétations mais surtout
d'expériences sociales et politiques. Elles s'inscrivent, depuis les
années 1960, dans des perspectives de reconnaissance d'une place
légitime aux groupes marginalisés que ce soient les femmes, les
pauvres ou bien les populations des quartiers difficiles.
La notion de l'empowerment, définissant, l'idée
d'un pouvoir, est centrale dans le terme. À la suite de ce premier
constat, il a été question de suivre son application, au sein
même d'une structure, organisée autour de cette même
participation des habitants en nous focalisant sur le fonctionnement et
l'organisation des conseils de développement. À la suite de cette
seconde analyse, nous avons pu constater un territoire ne manquant pas de
dispositifs de participation, ni de membres mais faisant défaut de
représentation égale au niveau du territoire et de ces textes
législatifs. Il existe encore un trop grand nombre de gestion et
fonctionnement différent dans un même dispositif apportant une
complexité. Il ne faut pas oublier l'essence même de ces instances
de la démocratie locale permettant aux individus de posséder un
rôle de consultation dans les problématiques urbaines,
périurbaines et rurales afin d'apporter leur voix et leur avis au plus
près des décisions politiques. Cette présence citoyenne ne
semble pas occuper sa place dans les Conseils de développement, l'une de
ces raisons est, sans aucun doute, l'insuffisance du cadre législatif
que devrait apporter les lois Voynet et NOTRe se traduisant par un manque
d'implication de l'appareil politique. Malgré la présence d'un
cadre législatif, celui-ci laisse une trop grande souplesse d'action ou
de non-action des politiques publiques complexifiant le travail de
bénévole, voulant participer et être une force de
concertation sur des questions qui les concernent. Dans cette dernière
partie, il a été question de nombreuses incohérences dans
la mise en forme de ces instances face à la participation que l'on
attend au sein de ces instances. Marquant les fortes inégalités
de participation sur le territoire et nous questionne sur
l'intérêt de définir et de poser un socle commun dans le
fonctionnement des conseils de développement en instaurant des
directives claires, mais aussi en laissant une certaine souplesse d'action dans
le choix des missions propres à l'identité des territoires.
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L'analyse que j'ai pu mener, tout au long de ce travail, m'a
permis de mieux comprendre les définitions de la participation, du
pouvoir d'agir au sein de structures qui mettent en place une multitude
d'outils afin de s'en rapprocher toujours plus. Le fait de penser que la notion
et les valeurs portées par l'empowerment qui a tant fait parler, et
questionner les professionnels et les chercheurs, nous a montrés que
celle-ci n'était pas si loin de la définition que font Simon Wuhl
et Marie-Hélène Bacqué de la démocratie
participative et comment les politiques publiques et la société
civile l'appliquent dans les méthodologies de participation dans les
projets urbains. Les territoires évoluent plus vite que les
collectivités qui les portent. Admettre que le territoire est à
« géométrie variable », dessinés à partir
du projet ou des projets portés par leurs acteurs, bouscule nos
façons de voir le rôle des bénévoles dans les
instances et de leurs animateurs pour l'avenir et remet en cause nos outils
d'animations et d'ingénierie de travaux présents. Les Pays et les
agglomérations ont initié une profonde « révolution
des territoires », dans la réorganisation territoriale mais aussi
dans la légitimité donnée, et vont rapidement poser la
question de leurs relations comme nous l'avons en exemple depuis la disparition
des Pays en janvier 2017. La disparition des Pays et la réorganisation
des périmètres administratifs aura probablement un impact fort
dans l'avenir concernant le rôle de la société civile dans
la construction de projets sur des territoires qui a pu se faire à
proximité d'eux et passera à une autre échelle, avec des
cultures différentes et des élus plus ou moins
réceptifs.
Aujourd'hui encore, la loi Voynet laisse aux élus la
responsabilité d'organiser comme ils l'entendent leur conseil de
développement. Nous sentons encore une forte institutionnalisation d'une
démocratie participative « à la carte » manquant de
contrôle et de gestion. Le choix de la disparition des Pays et l'abandant
des dispositifs de participation, à l'échelle de Pays ou
d'agglomération, me semble être le reflet de la
considération portée par les pouvoirs publics de « la valeur
» que soutiennent ces structures et ses bénévoles. Les
conséquences de cette abandant rendront le travail encore plus ardu,
pour les animateurs de conseils de développement et autres instances,
d'acquérir leur légitimité propre mais pas obligatoirement
soutenue par des bénévoles déçus.
Le questionnement que nous nous faisons sur les
différents impacts des structures de participation telles que les
Conseils de développement dans le processus de participation est assez
mitigé. Il a été d'abord question de montrer comment les
processus institutionnels participatifs étaient détachés
des processus de participation. Nous avons vu que la construction
institutionnelle de la participation avait suivi un modèle se
rapprochant de celle de l'empowerment, avant de subir un frein dans son
application et de perdre toute crédibilité dans la participation
de la société civile dans les projets urbains.
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Puis il a été question de voir l'implication de
la société civile et des habitants au sein de deux conseils de
développement. Notre analyse nous a amené à un dispositif
très hétérogène dans son fonctionnement suivant un
cadre législatif trop libre, manquant de cadrage.
Avant de se poser la question d'un rôle, ou non,
d'empowerment des conseils de développement, là encore, il s'est
avéré que notre analyse montrait de limites importantes dans la
représentativité de ces conseils et d'un outil de
démocratie participative, justifiée par un problème de
fond, reposant sur la prise sur les autres politiques publiques pour
reconnaitre la participation comme objectif transversal et non seulement propre
à la politique de la ville.
Le constat que j'ai pu faire tout au long de cette analyse est
que la participation est imparfaite au sein des instances de participation. Il
serait inexact d'oublier le rôle que joue les conseils de
développement dans la participation en sachant que celle-ci
évoluera. Je souhaite en tout cas rester optimiste sur
l'évolution de la pensée qui intéresse de plus en plus de
monde par rapport aux débats que l'on entend concernant la place de la
société civile faisant avancer la réflexion et les
initiatives populaires.
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