INTRODUCTION
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Le phénomène de participation qui a pour raison
de donner la possibilité aux acteurs d'un
projet d'y participer, mais surtout d'y avoir un rôle
dans son élaboration, est vu comme un idéal à atteindre et
peut correspondre à un idéal de fonctionnement et d'écoute
entre les acteurs d'un projet de territoire. Le référendum local,
le droit de pétition, les conseils de quartier, les commissions du
débat public, les chartes de concertation et les enquêtes
publiques permettent aux citoyens de s'exprimer en dehors des élections
sur des sujets importants qui les concernent directement. Ces initiatives sont
les outils donnés aux individus afin de pouvoir comprendre, dialoguer et
influencer les projets des territoires sur lesquelles ils vivent, travaillent
et consomment.
De nombreuses recherches ont été faites sur ces
questions de participation par la sphère universitaire mais aussi
professionnelle. De nombreux sociologues ont comparé la participation
que l'on pouvait atteindre auprès d'autres sociétés afin
de mieux comprendre celle de la France tout en rêvant de toujours plus,
d'une co-construction de nos projets entre les investigateurs et les
bénéficiaires. Prôner une démocratie plus
participative et plus représentative n'est autre qu'un pléonasme
apporté par la société, sur un modèle reposant
principalement sur le rôle que joue la société civile par
ses habitants, associations et institutions publiques. Il me semble important
de montrer l'incohérence que porte la définition d'une
démocratie plus participative en sachant que celle-ci repose sur une
citoyenneté politique à la source de notre démocratie,
mais soulignant comme un manque de participation de ses mêmes
citoyens.
« La démocratie participative ne s'oppose pas
à la démocratie représentative, elle la complète.
Elle n'a pas été instituée par la loi de 1999. Elle
signifie simplement que la citoyenneté ne saurait se réduire
à déposer occasionnellement un bulletin dans une urne mais
qu'elle s'exprime par la participation du peuple aux affaires publiques. On
peut la décliner à différents niveaux : on parle de
citoyenneté régionale, nationale, européenne voire
mondiale. C'est pourtant au niveau des territoires qu'elle prend tout son sens,
par la proximité qu'elle implique entre les habitants et les politiques
qui leurs sont proposées (en termes de droits à l'emploi, au
logement, à la santé, la justice, l'éducation, les
services publiques, etc).
Comme l'implication des habitants n'est pas naturelle, la
loi a défini un certain nombre d'instruments et d'obligations
destinés à la faciliter : référendum local, droit
de pétition, conseils de quartier, commissions du débat public,
chartes de concertation, enquêtes publiques, commissions consultatives
des services publics locaux permettent aux citoyens de
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s'exprimer en dehors des élections sur des sujets
importants qui les concernent directement. »1
Nous nous retrouvons dans un brouhaha d'amalgames et de faux
dialogues critiquant un modèle politique qui se veut participatif sans
l'être réellement. Non loin de vouloir revenir sur les fondements
et les différentes approches d'une telle question je me suis
attaché à comprendre davantage le fonctionnement de la notion
« d'empowerment » se trouvant au centre des démarches
populistes et de population marginalisée à l'étranger et
arrivant comme un modèle de réussite de la participation que l'on
pourrait importer dans notre société. Les débats qui
animent les politiques publiques mais aussi le monde privé à
importer, un pouvoir d'émancipation des populations, que
représente l'empowerment et à se l'appliquer comme si notre
modèle était touché par un manque d'appartenance et de
représentation. Pouvant être perçu comme le déni
d'une société n'acceptant pas totalement de confier du pouvoir et
de la liberté d'expression aux plus grands nombres.
Dans ce travail universitaire il sera question de
définir cette notion fondamentale concernant la construction de
mouvement social à travers le monde et à travers les
époques grâce aux travaux portés par
Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener de
manière majoritaire mais aussi d'autres auteurs comme Marc
Zimmerman, Mary Parker Follett, Deepa Narayan Parker sur la
construction de l'empowerment mais aussi sur celle de la démocratie
participative faite par Simon Wuhl. Il me semble important de
pouvoir revenir sur l'étymologie ce ces termes afin d'en définir
un modèle avant d'en faire une critique par mon cas d'étude.
Concernant mes recherches sur le fonctionnement des conseils de
développement, j'ai pu trouver de nombreux écrit par
Philippe Langevin, traitant la question de la participation
dans ces instances de participation. Ce travail universitaire a pu naître
suite à l'expérience acquise durant la fin de ma première
année de master.
J'ai eu la chance de pouvoir réaliser cette
expérience au sein de deux instances de participation de la
société civile et des institutions politiques, j'ai voulu mieux
comprendre la logique de leurs créations et comprendre leurs
degrés d'implication au sein des projets. Ce qui pouvait définir
l'organisation d'une instance telle que les conseils de développement de
Pays ou bien d'agglomération mais aussi comprendre comment une instance
peut porter par ses membres la création d'une seconde instance que sont
les conseils citoyens. De nombreuses interrogations me sont venues à la
fin de mon stage, sur le rôle qui est donné et qui est attendu par
le conseil citoyen, tout en sachant que je faisais déjà partie
d'un conseil de développement, d'un tout autre fonctionnement mais ayant
comme rôle la participation sur son territoire. Dans une suite logique,
il m'a semblé important, dans un travail universitaire, de pouvoir faire
une critique pas de la réalité, mais des théories
proposées par d'autres universitaires, à l'instar de
l'empowerment.
1 Source : Philippe LANGEVIN, Conseils de
développement de Pays et d'agglomération p.89-90
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La problématique, me permettant de répondre
à cette interrogation, est « Quels sont les
différents impacts possibles des processus de participation, tels que
les conseils de développement dans les structures de participation ?
».
Pour répondre à mon questionnement, j'ai
défini 3 hypothèses de travail que sont :
- Hypothése1 les processus institutionnels
participatifs se détachent de participation. - Hypothèse 2 : les
conseils de développement impliquent la société civile et
les
habitants dans les projets urbains de manière
différente, comparé à d'autres
gouvernances territoriales.
- Hypothèse 3 : Les conseils de développement ne
jouent pas un rôle d'empowerment dans la mise en oeuvre de projet
urbain.
Ces hypothèses permettront d'affirmer, ou bien d'infirmer,
mes propos.
La première partie de mon analyse s'efforcera de
fournir un corpus des plus complets, par une recherche documentaire sur les
mouvements forts ayant construit une certaine identité du pouvoir aux
habitants, avant de montrer comment les structures participatives se
détachent de participation comme l'entendent les chercheurs.
Dans une seconde partie, nous verrons, à partir
d'une brève analyse, les différentes instances existantes et
étudierons deux conseils de développement, dans un cas
d'étude, dont l'objectif est de montrer comment les conseils de
développement impliquent la société civile et les
habitants dans les projets urbains de manières différentes,
comparée à d'autres dispositifs participatifs.
La dernière partie permettra de formuler une
critique et de pouvoir dresser des propositions, que pourra comporter une
structure telle que le conseil de développement, avec une gouvernance
tournée autour du concept « d'empowerment » et de piste de
réflexion. Elle constituera notre partie critique nous permettant de
montrer comment les conseils de développement ne jouent pas un
rôle d'empowerment dans la mise en oeuvre de projets urbains comme on
pourrait le voir dans sa notion mais cherche tout de même à s'en
rapprocher.
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