THE UNIVERFSITY OF YAOUNDE I
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UNIVERSITE DE YAOUNDE I
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POST COORDINATE SCHOOL FOR SOCIAL AND EDUCATIONAL
SCIENCES
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DOCTORAL RESEARCH UNIT FOR SOCIAL SCIENCES
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CENTRE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN
SCIENCES HUMAINES, SOCIALES ET EDUCATIVES
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UNITE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN
SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
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CULTURE ET FOOTBALL AU CAMEROUN ; LE CAS
DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE DANS LA REGION DU CENTRE: UNE CONTRIBUTION A
L'ANTHROPOLOGIE DU FOOTBALL
Mémoire présenté et soutenu
publiquement en vue de l'obtention d'un diplôme de Master en
Anthropologie
Spécialisation : Anthropologie du
Développement
Par
Arnoux MOUAFO NOPI
Licencié en Anthropologie
Sous la direction de
Antoine SOCPA (Ph.D)
Maître de Conférences
Janvier 2014
DEDICACE
A mes Parents
Joseph TAMBA et Cathérine MAFOWA
REMERCIEMENTS
Cette recherche s'est réalisée grâce aux
efforts de plusieurs personnes. Nous tenons à leur témoigner
notre profond sentiment de reconnaissance.
Nous disons merci à notre encadreur, Pr. Antoine SOCPA,
constamment disposé à nous donner des conseils et à
corriger les imperfections de notre travail. Qu'il trouve ici l'expression de
nos sincères remerciements.
Nous remercions le chef du département d'anthropologie,
Pr. MBONJI EDJENGUÈLÈ, pour ses enseignements. Notre gratitude
s'adresse à tous les enseignants du département d'anthropologie
qui ont assuré notre formation : Pr. Paul NCHOJI NKWI, Pr. Godefroy
NGIMA MAWOUNG, Pr. Luc MEBENGA TAMBA, Dr. Pierre François EDONGO NTEDE,
Dr. David NKWETI, Dr. Paschal KUM AWAH, Dr. Paul ABOUNA, Dr. Marguerite ESSO,
Dr. Deli T.. TERI et Dr. Célestin NGOURA
Nous disons merci au Dr. Paul Ulrich OTYE ELOM, Dr. Bertrand
NDZANA, Dr. Gilbert FOKOU et à Mlle Antoinette Marcelle EWOLO.
Nous témoignons notre gratitude à tous nos
informateurs qui ont bien voulu se prêter à notre étude
particulièrement M. Dieudonné Victor EFFA qui nous a accueilli
à Nkolndongo, à l'ex-coach du Canon Sportif de Yaoundé et
son adjoint, M. Souleymanou ABOUBAKAR et M. Jean Michel KUITCHE qui ont
facilité notre contact avec les joueurs ; à Richard DOMWA,
Pierre NDZIE, NGUIJOL. Aussi, nous tenons à remercier M. Destin ENGAMA
pour nous avoir aidé à traduire les mots et expressions en langue
ewondo.
Que tous ceux qui ont contribué de près ou de
loin à la réalisation de ce mémoire et dont nous n'avons
pu citer les noms ici, reçoivent nos sincères remerciements.
RESUME
Le présent Mémoire de Master est
intitulé « Culture et football au Cameroun ;
le cas du Canon Sportif de Yaoundé dans la région du
Centre : Une contribution à l'anthropologie du football».
Le problème que soulève cette recherche est celui de
comprendre l'inadéquation entre les pratiques endogènes ewondo de
Nkolndongo du football et les normes de la FIFA. La question centrale de cette
recherche est de savoir : Comment les Ewondo de Nkolndongo se sont
appropriés la pratique du football ? Ses questions secondaires
sont : Comment se déroule le quotidien des actants du football au
sein du Canon sportif de Yaoundé ? Quels sont les
éléments culturels que les Ewondo utilisent dans la pratique du
football ? Quelle est la perception du football par les Ewondo de
Nkolndongo ? L'hypothèse générale que nous avons
formulée stipulait que les Ewondo de Nkolndongo se sont
appropriés le football en créant le Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda
Y'ongola. Pour les hypothèses secondaires : le quotidien des
actants du football au sein du Canon Sportif de Yaoundé est régi
par les entrainements collectifs, individuels, les matchs de
compétition et les matchs amicaux ; la distraction avec les paires et la
famille. Les pratiques magico-religieuses, les danses, les chants et les
instruments de musique sont les éléments culturels que les Ewondo
associent à l'activité footballistique. Le football est
perçu par les Ewondo comme une activité sportive où tous
les moyens doivent être mise en oeuvre pour vaincre et convaincre divers
adversaires. De Mars 2012 à Septembre 2013, nous avons abordé
à Yaoundé les perceptions et la pratique du football au sein du
CSY, l'influence de la logique que se donnent les Ewondo de Nkolndongo dans la
pratique de l'activité footballistique, ainsi que les rapports entre les
différents actants. Notre échantillon incluait les joueurs, les
supporteurs, les encadreurs, les arbitres et la population
générale. La collecte des données s'est faite à
partir des entretiens et des observations. Les actants, leurs
intérêts, la zone d'incertitude entre ceux-ci, les
stratégies de gestions et leurs personnalités de base nous ont
servi de cadre théorique. Les résultats sont les suivants :
les pratiques magico-religieuses font entièrement partie du football
chez les Ewondo de Nkolndongo. Les entrainements ne sont pas efficaces à
cause de l'insuffisance du matériel et la vétusté de
certains équipements. Les conflits de leadership et
d'intérêts dans le CSY dérivent des pratiques rituelles,
de la popularité et du prestige social des individus. Le football,
appelé ndamba meko est perçu par les Ewondo comme une
passion, une activité de promotion sociale et de positionnement.
Mots-clés : ndamba meko, conflits, pratiques
magico-religieuses, Mekok-Me-Ngonda
ABSTRACT
This Master dissertation is entitled
« Culture and football in Cameroon; the case study of
Canon Sportif of Yaounde in the Centre region: A contribution to anthropology
of football». The problem this research raise is to
understand the inadequacy between the Ewondo's endogenous practices of football
and FIFA's norms. The main question of this research is How Ewondo of
Nkolndongo has appropriated football? The subsidiaries questions are as
follows: How the day-to-day of football actors unfold in Canon Sportif de
Yaoundé? What are the cultural items Ewondo of Nkolndongo used in
football practices? What is the perception of football according to Ewondo? The
general hypothesis we have formulated show that Ewondo of Nkolndongo has
appropriated football by creating the Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda
Y'ongola. Secondary hypothesis prove that: the day-to-day of football
actors in Canon Sportif de Yaoundé is ruled by collective and individual
trainings; event and friendly matches. Religious and magic practices, dances,
songs and musical instruments are cultural items Nkolndongo associated to
football's activity. The football is perceived by Nkolndongo as an athletical
activity where all the resources ought to be put in place in order to vanquish
and convince opponent. From March 2012 to September 2013, we have reached in
Yaounde, perceptions and the practices of football at the bosom of CSY, the
effect of the Ewondo's logic of Nkolndongo devoted theirselves into football
practices, thus those relations between different people. Our samples included
players, supporters, managers, referees, spectators or the population. Data
collection was done through interviews and observations. Actors, their
interest, the uncertainty area between them, strategies of management and their
basic personality, help us to construct our theoretical framework. The results
of this research are as follows: trainings are not effective because of the
shortcomings of material and decay of equipment. Leadership and interest
conflicts in Canon Sportif de Yaoundé derived of ritual practices,
populatity and social glamour. Religious and magic practices are part of
football in Ewondo's culture. Football, calls ndamba meko is perceived
by Ewondo as a passion, an activity of social advancement and positioning.
Keys words: ndamba meko, conflicts, religious and
magic practices, Mekok-Me-Ngonda
SOMMAIRE
DEDICACE.....................................................................................................i
REMERCIEMENTS
ii
RESUME
iii
ABSTRACT
iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS
vi
LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET DES SIGLES
viii
INTRODUCTION
1
CHAPITRE I : PRESENTATION PHYSIQUE ET HUMAINE
DU MILIEU DE L'ETUDE
14
CHAPITRE II : DEBAT EN ANTHROPOLOGIE DU SPORT
SUR LE FOOTBALL
35
CHAPITRE III : PRATIQUE DU FOOTBALL CHEZ LES
EWONDO DE NKOLNDONGO
53
CHAPITRE IV : PRATIQUES MAGICO-RELIGIEUSES,
ANIMATION DE MATCH, GUERRE DE LEADERSHIP ET FOOTBALL AU SEIN DU CSY
74
CHAPITRE V : PERCEPTION DU FOOTBALL CHEZ LES
EWONDO DE NKOLNDONGO
93
CONCLUSION
117
SOURCES
125
ANNEXES
i
TABLES DES MATIERES
ix
LISTE DES ILLUSTRATIONS
a- Liste des cartes
Carte 1 : La carte générale du
Cameroun
16
Carte 2 : La localisation du
département du Mfoundi
17
Carte 3 : La localisation de l'arrondissement
de Yaoundé IVe
17
b- Liste des planches
Planche 1: La carapace de tortue sur un mur
peint aux couleurs du CSY à Mvog-Mbi
31
Planche 2: Les onze entrants du Canon Sportif
de Yaoundé ainsi que le kinésithérapeute lors du match
Canon-Renaissance à Yaoundé
32
Planche3 : Les emblèmes du Canon
Sportif de Yaoundé au siège social à Nkolndongo
57
Planche 4: L'ecock'le kulu à
Mvog-Mbi
58
Planche 5: Le siège de Canon Sportif de
Yaoundé à Nkolndongo
66
Planche 6: Le coach Aboubakar supervisant une
séance d'entrainement au stade malien
67
Planche 7: Le coach, les onze entrants et
l'intendant du club au stade Omnisport
71
Planche 8: Le nyas : un des
instruments musicaux du club Oyili à Mvog-Mbi
82
Planche 9: Le nnom nkul en bas, le
ngal nkul au milieu et le mwan nkul au dessus à
Mvog-Mbi
83
Planche 10: Le
nkàn ou sonnerie a double cloche à Mvog-Mbi
83
Planche 11: Le mbè ou le
tam-tam à Mvog-Mbi
83
Planche 12: Les tenues de scène d'Oyili
club de Nkolndongo au stade annexe omnisport
85
Planche 13: Le président du club
Oyili de Nkolndongo en tenue rouge, d'autres membres et le chercheur
au stade annexe Omnisport
86
Planche 14: Les danseurs de Oyili
club en mouvement au stade Ominsport de yaoundé
87
c- Liste de schéma
Schéma 1: Le schéma explicatif
de la zone d'incertitude au CSY 113
d- Liste des tableaux
Tableau 1 : La classification des coupes
et titres du Canon Sportif de Yaoundé
61
Tableau 2: Le tableau récapitulatif des
préparations collectives et individuelles.
70
Tableau 3 : Le tableau comparatif du
choix de l'entraineur du CSY en 2012
90
LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET DES SIGLES
a- Liste des abréviations
Al. : Alinéa
Art. : Article
b- Liste des acronymes
CAF : Confédération Africaine de
Football
CAN : Coupe d'Afrique des Nations
FECAFOOT : Fédération Camerounaise de
Football
GMI : Groupement Mobile d'Intervention
FIFA : Fédération Internationale du
Football Association
MINSEP : Ministère des Sport et de l'Education
Physique
c- Liste des sigles
AVC : Accident Vasculaire et Cardiaque
CA : Conseil d'Administration
CDD : Contrat à Durée
Déterminée
CRTV : Cameroon Radio and Television
CS : Conseil des Sages
CSY : Canon Sportif de Yaoundé
LFPC : Ligue de Football professionnel du Cameroun
MTN : Mobile Telephone Network
NMR : Nouveaux Mouvements Religieux
PCA : Présidente du Conseil d'Administration
PMU : Pari Mutuel Urbain
PGM : Première Guerre Mondiale
PS : Play Station
S.A.O.S. : Société Anonyme à Objet
Sportif
SDN : Société des Nations
UTC: Universal Time Coordinated
INTRODUCTION
Le présent mémoire est intitulé :
Culture et football au Cameroun ; le cas du Canon Sportif de
Yaoundé dans la région du Centre : Une contribution à
l'anthropologie du football. L'être humain dans sa lutte
pour le bien être a besoin de jouir d'une bonne santé physique et
morale. Ceci passe inéluctablement par la pratique voulue ou non d'un
exercice physique à travers les mouvements du corps tels que la marche
à pied, le handball et le football pour ne citer que ceux là.
Pour cela, la nécessité de développer ces exercices
physiques a donné lieu à l'institutionnalisation, qui rendra
réglementaire la pratique de ces sports en fonction des organisations
socioculturelles.
Le football en tant qu'objet de notre recherche a connu
plusieurs mutations notamment sur la constitution des équipes, les
équipements, les lois, les noms et symboles et l'identité
culturelle. Le football est d'emblée un sport collectif et sa pratique
implique la création des équipes. Ainsi, les clubs de football
émanent généralement des ethnies où plusieurs
facteurs naturels et culturels entrent en vigueur. Intégré comme
élément culturel, le football est à la fois un jeu et un
sport donc, est un fait social. Selon Emile DURKHEIM (1895), le fait social se
caractérise par « l'indépendance du groupe par
rapport aux hommes et, la non réductibilité à la somme des
caractéristiques et des comportements individuels et pouvant donc,
à ce titre, imposer une contrainte à l'individu ».
Contrairement à Emile DURKHEIM, Max WEBER (1904) s'intéresse au
caractère individuel et compréhensif du fait social.
1. LE CONTEXTE DE L'ETUDE
Le sport en général et le football
en particulier, connaissent des enjeux majeurs depuis quelques décennies
au Cameroun. Le sport est une activité qui non seulement maintient
l'organisme humain en bonne santé mais, permet aussi de se divertir et
d'améliorer les conditions de vie des praticiens. Ceci à travers
le recrutement et la formation des jeunes dans les écoles de football
à l'instar de la Kadji Sport Académie, l'école des
brasseries .... Il existe la vente, l'achat et le transfèrement des
joueurs d'un club à l'autre. Plus loin, des structures comme le
Ministère des sports et de l'éducation physique, la
Fédération Camerounaise de Football et la toute nouvelle Ligue
Professionnelle du Football Camerounais, dirigée par un
général de l'armée ainsi que le Syndicat National des
Footballeurs Camerounais s'occupent administrativement, techniquement et
socialement de ce domaine footballistique, afin de mieux gérer les
clubs, le championnat et la coupe du Cameroun. Lors des états
généraux du sport et de l'éduction physique, le
gouvernement a décidé de créer une école
supérieure de football afin d'encadrer les jeunes footballers du pays
mais qui tarde à naître. Cela montre que le football semble
être la clé du succès et de lutte contre le chômage
en milieu jeune et, un instrument de maintien de la paix et de la
stabilité nationale à travers le discours des leaders
politiques.
Lors du lancement des saisons sportives, chaque club de
football en ce qui le concerne se serait servi des échecs passés
pour mieux préparer et affronter la nouvelle saison. Avec la
professionnalisation du football, plusieurs individus en ont fait de cela un
métier porteur. Ainsi, les joueurs peuvent se déplacer d'une
équipe à l'autre, à travers le monde, jouer dans des clubs
nantis et se faire beaucoup d'argent au même titre que d'autres acteurs
économiques. Les médias via des débats, ne cessent tous
les jours d'analyser la situation que vit le football camerounais notamment
celui pratiqué au niveau de la « MTN Elite One ».
En outre, l'aspect des pratiques culturelles en milieu sportif
n'est pas en reste, ajouté à cela les discours politiques, qui
font du football un symbole de réussite, de stabilité et de
puissance. Dans un secteur où l'approche genre n'est pas
respectée pour la simple raison qu'il n'existe pas de « MTN
Elite One » au féminin, laisse croire à la
négligence du sexe féminin au profit du sexe masculin.
Les joueurs, subissant les conséquences d'une
planification paternaliste, sont pris d'assaut comme un appât pour
l'atteinte des objectifs financiers de quelques dirigeants. C'est peut
être ce qui expliquerait la corruption et les détournements en
milieu footballistique. C'est dire que leur point de vue n'est pas souvent pris
en considération ainsi que leur personnalité. L'on parle
également de la formation des journalistes sportifs, le nombre
limité des clubs, du logo de la LPFC, de la transformation des clubs en
société coopérative, du développement des
infrastructures et du management du sport.
2. LA JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Deux raisons justifient le choix de ce sujet. L'une est
personnelle et l'autre scientifique.
2.1 La justification personnelle
Pendant notre formation académique, nous avons
participé aux compétitions scolaires en jouant au football. De
plus, nous organisons des championnats de vacances et dans nos associations
culturelles respectives, afin de sceller la cohésion sociale et
renforcer l'identité culturelle ; ce qui n'a toujours pas
été facile pour la simple raison de l'égoïsme des
co-équipiers, le manque de joueurs disponibles, de la limitation des
moyens de motivations, de l'inefficacité dans l'encadrement des joueurs,
de l'insuffisance des infrastructures et des pratiques occultes, qui
démotivent certains joueurs et rendent invivable le tournoi. Dans le cas
des clubs de division d'élite, cette remarque est également
visible car lors des championnats, la majorité des formations souffrent
d'une réelle préparation faute des moyens d'accomplissement et
d'une certaine rivalité.
2.1 La justification scientifique
Les clubs de football en tant qu'objet de notre
étude, connaissent une pléiade d'ouvrages mais peu en
anthropologie. Du fait de la recrudescence des débats de presse et
radiotélévisés de Canal 2, de STV et de la CRTV Poste
National (diaspo-foot, la nuit du sport, sport et société, sport
attitude), qui font ressortir l'influence de certains membres de l'élite
politique, économique et culturelle sur la sélection des joueurs.
Le retard dans la motivation des joueurs, la toute puissance des dirigeants et
leur résistance au changement rendent mitigés la gestion du
football dans les clubs. Dans un contexte où les populations se
révoltent contre la gestion du football, dénoncent les rituels
faits au stade avant les matchs, s'insurgent contre le recrutement de certains
joueurs, font valoir le sentiment ethnocentrique, constituent de façon
globale un enjeu national, qui nous pousse à mener une réflexion
approfondie sur la place de la culture au sein du football. Ainsi, le football
tel que pratiqué par le Canon Sportif de Yaoundé en particulier
et des formations sportives de la « MTN Elite One » en
général, nous intéressera tout au long de notre recherche.
Le Canon Sportif de Yaoundé en tant que club mythique et plus ancien en
terme d'âge, constitue notre véritable objet de recherche.
3. LE PROBLEME
Le football est une activité sportive qui est
basée sur une série d'entrainements physico techniques,
collectifs et individuels. Il prend aussi sa source dans la compétence,
le talent et la performance. Le football est marqué par le travail ardu
et régulier. L'état psychologique, l'environnement et la
préparation spirituelle sont autant d'éléments qui
motivent les actants du football. La pratique de ce sport a connu depuis des
décennies l'usage du phénomène religieux lors des
compétitions. Les organisations à caractère
footballistique comme la FIFA, la CAF souhaiteraient que certaines pratiques
magico-religieuses puissent disparaître dans le football afin de le
rendre plus praticable. C'est pour cette raison que l'accent est mis sur le
régime alimentaire des joueurs, les heures d'entrainements et les types
de préparation collective. Outre cela, les experts en sport recommandent
le passage par les écoles de football où les futurs footballeurs
non seulement bénéficieraient d'une formation de qualité
mais aussi et surtout connaitraient un suivi nécessaire pour produire
des résultats probants. C'est le cas avec des grands clubs de football
tels que FC Barcelone, Real de Madrid, Manchester United, Bayern, Milan AC,
Paris Saint Germain... Ces clubs qui se consacrent à l'activité
footballistique estiment par ailleurs que c'est en recrutant les joueurs
talentueux et en mettant un système de jeu qui se fonde sur un collectif
régulièrement entrainé par un coach compétent et
expérimenté qu'on multiplie ses chances de gagner les
compétitions.
Dans ce sillage, plusieurs joueurs se façonnent au
quotidien dans les écoles de formation. Par conséquent, ils
constituent au niveau du football camerounais une offre abondante par rapport
à la faible demande. C'est ce qui justifie les différents tests
de sélection dans les clubs plus ou moins prestigieux. Cependant, bon
nombre de praticiens du football au Cameroun font recours aux forces
magico-religieuses comme source de motivation, de protection et de domination.
A juste titre, les actants en dehors de leur talent et leur réseau
relationnel, font usage des pratiques magico-religieuses pour se faire une
place dans ces clubs afin de développer leur capacité technique,
tactique et physique pour demeurer au dessus de tous les autres
co-équipiers. Tout ceci engendre un certain nombre de conflits
catégorisés entre joueurs d'une part et entre joueurs et
encadreurs d'autre part. C'est ce qui s'observe dans le Canon Sportif de
Yaoundé. Officiellement interdites par la FIFA, les pratiques
magico-religieuses s'opèrent au sein du CSY. Dans cette association, il
y'a des personnes qui servent de maître spirituel pour les joueurs.
Aussi, des messes sont dites en direction du club ; des talismans et
gris-gris sont monnaie courante chez des acteurs.
4. LA PROBLEMATIQUE
Le fait religieux a toujours existé dans la
pratique du sport en général et celle du football en particulier
tant au niveau amateur que professionnel. A ce titre, un témoignage de
DIBOUE Dieudonné, affichage n° 3269 dans Consommons
camerounais le 20 Octobre 2013, révèle le caractère
magico-sataniques du football lors de la signature des contrats avec les
managers par l'attribution des maîtres spirituels. Il mentionne en ses
termes que « Le maître spirituel de Marc Vivien Foé
m'avait donné un totem ». Aussi ajoute t-il,
« Mon maître spirituel m'avait emmené dans certaines
loges lorsqu'elle voulait me donner plus de pouvoir. C'est là-bas que
j'ai vu de mes propres yeux, tous les footballeurs qui ont pactisé avec
le diable ». Les pratiques magico-religieuses selon une
pré-enquête réalisée en Mars 2102 dans quelques
clubs de l'Elite One au Cameroun, sont existantes et concernent un bon nombre
d'actants au sein des Mekok-Me-Ngonda. Généralement
celles faites par des individus ont pour but de se protéger, vaincre et
convaincre. Au sein du club, il ressort après quelques entretiens
informels auprès de certains membres, que le premier adversaire est
très souvent le coéquipier avec qui on partage le même
poste au sein de l'équipe. S'il est plus talentueux ou plus performant,
plus discipliné alors il sera toujours sélectionné et
jouera tous les matchs les plus importants alors que vous seriez sur les bancs
de touche pour attendre de le remplacer en cas de méforme ou de
blessure. Ce qui amène les moins talentueux à en vouloir au plus
talentueux. En retour, ceux-ci n'ont pas aussi l'intention de jouer les
remplaçants. La méfiance s'installe pourtant le club a besoin
d'unanimité pour former un climat clément de groupe.
Les conflits observés ça et là entre les
actants sont la résultante de telle méfiance. Le Canon Sportif de
Yaoundé présage un certain imbroglio fonctionnel en dépit
des efforts mis en place par la FECAFOOT pour professionnaliser le football
camerounais. La recherche sur la pratique du football en tant que
phénomène social peut s'offrir à plusieurs orientations
théoriques. Dans le cadre de notre travail, nous allons nous appesantir
sur le culturalisme et l'analyse stratégique pour mettre en exergue la
structuration et le fonctionnement du Canon Sportif de Yaoundé en tant
qu'institution sociale. Il sera question pour nous de montrer comment
l'organisation sociale du football au sein du Canon Sportif de Yaoundé a
généré certains conflits, pratiques et croyances propres
aux individus qui en dépendent.
Ø Les concepts d'acteur stratégique, de
stratégie, de pouvoir et de zone d'incertitude nous ont
été utiles dans la compréhension du système de
gestion dans le CSY et ses conséquences. Les membres ou tout simplement
les acteurs, recourent à certaines pratiques magico-religieuses comme
stratégie de défense et d'attaque afin de rayonner, de se
maintenir au pouvoir, d'assurer l'autorité sur le confrère et
surtout sur l'équipe adversaire. Ces différentes
stratégies individuelles et collectives forment ce qu'il convient
d'appeler une zone d'incertitude.
Ø Le culturalisme par les concepts tels que
patterns et personnalité de base nous ont aidé
d'appréhender les valeurs culturelles acquises constituant
l'équipement mental comme socle des façons de voir, de penser et
d'agir des membres du CSY. Les spécificités culturelles, servent
de fondement pour les pratiques magico-religieuses puisque dans cette
association, il existe une diversité d'acteurs (autochtones et
allogènes), chacun avec la personnalité dont il reflète et
où il transpose son savoir-faire, sa façon d'agir et de penser
différent de celle de la structure d'accueil.
5. LES QUESTIONS DE RECHERCHE
Cette recherche soulève une question centrale
et des questions secondaires
5.1 La question centrale
Comment les Ewondo de Nkolndongo se sont
appropriés la pratique du football ?
5.2 Les questions secondaires
-Comment se déroule le quotidien des actants du
football au sein du Canon sportif de Yaoundé ?
-Quels sont les éléments culturels que
les Ewondo utilisent dans la pratique du football ?
-Quelle est la perception du football par les Ewondo de
Nkolndongo ?
6. LES HYPOTHESES DE RECHERCHE
Les hypothèses qui sous tendent cette recherche
sont de deux ordres : l'une d'ordre central et d'autres d'ordre
secondaires.
6.1 L'hypothèse centrale
Les Ewondo de Nkolndongo se sont appropriés le
football en créant le Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda Y'ongola comme
moyen de participation au jeu sportif et mode d'expression culturelle.
6.2 Les hypothèses secondaires
-Le quotidien des actants du football au sein du Canon
Sportif de Yaoundé est régi par les entrainements collectifs,
individuels, les matchs de compétition et les matchs amicaux ; la
distraction avec les paires et la famille, les conflits d'intérêts
entre joueurs, dirigeants, joueurs et dirigeants, joueurs et supporteurs ;
les partisans et les opposants des pratiques magico-religieuses.
-Les pratiques magico religieuses, les danses, les
chants et les instruments de musique sont les éléments culturels
que les Ewondo associent à l'activité footballistique.
-Le football est perçu par les Ewondo de
Nkolndongo comme une activité sportive où tous les moyens doivent
être mise en oeuvre pour vaincre et convaincre.
7. LES OBJECTIFS DE RECHERCHE
Les objectifs de cette recherche sont de deux types :
l'un principal et d'autres spécifiques.
7. 1 L'objectif principal
Montrer comment les Ewondo de Nkolndongo se sont
appropriés le football.
7.2 Les objectifs spécifiques
- décrire le quotidien des actants du football au
sein du Canon Sportif de Yaoundé.
-identifier les vecteurs culturels qui influencent la
pratique du football au sein du Canon sportif de Yaoundé.
-comprendre la perception du football tel que
pratiqué au sein du Canon Sportif de Yaoundé par les Ewondo.
8. LA METHODOLOGIE
Il est question dans ce cadre de présenter les
outils qui nous ont aidés à vérifier nos
hypothèses. En plus d'une recherche documentaire sur le sujet, il s'agit
pour nous de décrire la localisation géographique,
l'échantillonnage, les techniques et les instruments de collecte et des
données, l'analyse et l'interprétation des données
ethnographiques.
8.1 La recherche documentaire
Nous avons consulté un certain nombre de
livres sur le football en général et celui sur le Canon Sportif
en particulier. Cela nous permis d'examiner les enjeux majeurs sur la pratique
du football d'une époque à une autre, d'un club à l'autre
et d'une culture à une autre. Nous avons mis plus de quatre mois
à fouiller des documents parce que non disponibles. Dans chaque ouvrage,
nous ne recherchions que des informations qui cadraient avec notre sujet. Cela
nous a permis d'avoir une période d'enquête allant du
1er Mars 2012 au 30 Septembre 2013.
8.2 L'enquête de terrain
Les travaux ethnographiques nous ont permis de tester
nos outils afin de collecter les données nécessaires pour la
vérification de nos hypothèses.
8.2.1 Le choix du site de l'étude
Cette recherche a été menée au
Cameroun dans la région du Centre, département du Mfoundi et
précisément dans l'arrondissement de Yaoundé IV, au
quartier Nkolndongo. Nous avons eu à rencontrer les informateurs au
stade malien, au siège du Canon et parfois à domicile et lors des
compétitions au stade annexe sis au quartier omnisport.
8.2.2 L'échantillonnage
Le type d'échantillonnage mis en exergue
dans ce travail est l'échantillonnage aléatoire simple ou
représentatif. Comme échantillon, nous avons
pris un seul club de division d'élite one dans le grand groupe ethnique
Béti notamment le Canon Sportif de Yaoundé que nous
appellerons tour à tour Kpa-Kum, Mekok-Me-Ngonda
ou Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda Y'Ongola dans notre
travail. En ce qui concerne les informateurs, nous avons porté notre
choix sur six joueurs en fonction des postes occupés sur le stade, cinq
encadreurs, deux arbitres, quatre supporteurs, quatre spectateurs et un
tradipraticen.
8.3 La collecte des données
Elle comprend l'observation directe, les entretiens
individuels et les récits de vie. Cette collecte de données a
été faite de Mars 2012 à Septembre 2013 et ce à
cause de l'indisponibilité de certains informateurs clés et le
souci de réorienter notre problématique.
8.3.1 L'observation directe
Celle-ci à travers un appareil photo
numérique et une grille d'observation, nous a permis d'observer le
comportement des joueurs, des encadreurs et des supporters pendant la
préparation des matches ; de voir l'ensemble des personnes qui
interviennent dans la pratique quotidienne du football au sein du CSY. Aussi,
d'assister à quelques matchs afin d'observer le comportement
général et le style jeu des acteurs dudit club sur le stade,
après la fin du match et dans les terroirs respectifs.
8.3.2 Les entretiens individuels
Afin de ressortir des différents discours, des
avis recueillis ou des impressions qui influencent l'activité
footballistique en général et celui du CSY en particulier, les
perceptions que les Ewondo de Nkolndongo ont du football nous avons
utilisé les guides d'entretiens. Un guide d'entretien
préalablement constitué nous a permis d'introduire dans nos
conversations avec les informateurs de nouvelles orientations. Ayant
opté pour les entretiens semi-structurés, ils ont permis à
nos interlocuteurs de s'exprimer sur les grandes articulations se rapportant
à l'objet étudié. Cependant, nous avons
procédé à une sélection des informateurs
clés dans notre site de recherche, les guides d'entretien
préalablement élaborés au départ, n'étaient
pas uniformes, mais spécifiques à chaque catégorie
d'informateur. Les entretiens se sont déroulés dans les bureaux
du siège du CSY, au stade malien et omnisport mais aussi dans les
domiciles privés de nos informateurs et autres lieux de services selon
la conviction et la disponibilité des informateurs. Nous avons
opté pour des entretiens semi-structurés au vue des objectifs de
notre recherche.
8.3.3 Le récit de vie
En plus de la production d'une des données
sur le sujet via les entretiens, nous avons utilisé les récits de
vie, qui nous ont fourni des éclaircissements sur la stratégie
qu'utilise certains acteurs du CSY pour se maintenir en division d'élite
one ; pour maintenir leur place (poste) dans l'équipe et pour
éviter les sanctions de l'arbitre. Nous nous sommes entretenu avec deux
informateurs de notre échantillon par ailleurs membre du club les 19 et
20 Septembre 2013 afin de comprendre les actions qu'ils mènent envers le
CSY.
8.4 L'analyse et le traitement des
données
Au vu des techniques de collectes de données
dont nous avons fait usage dans ce travail, cette enquête se veut
qualitative eu égard à l'aspect culturel influençant le
football. Dans le cadre de ce travail, l'analyse s'est imposée
dès la phase initiale avec celle du contenu des données
préétablies. Elle s'est perpétuée sur le terrain
pendant la collecte des données. L'étude a
privilégié l'exploitation manuelle par la transcription des
enregistrements sonores et l'analyse de contenu. L'objectif étant de
décrire systématiquement et objectivement le contenu des messages
devant aboutir à des indicateurs d'une part et de procéder
à la déduction d'autre part.
Nous avons retenu les méthodes
logico-sémantiques de MUCCHIELLI (1984) qui consiste à s'attaquer
directement sur l'aspect sémantique du discours sans prendre en compte
l'aspect formel. Elles s'attaquent directement au contenu sans passer
nécessairement par le contenant et peuvent elles même se limiter
à l'aspect sémantique explicite sans se poser des questions sur
le contenu implicite.
Quotidiennement, nous avons regroupé les informations
en sous thèmes afin d'ajuster de nouveaux informateurs, pour
l'enrichissement de l'étude au moyen de la reformulation de nouvelles
hypothèses. Afin de limiter une analyse trop poussée qui
risquerait de trahir la logique des informateurs, nous avons introduit des
citations émanant du discours des informateurs dans l'optique de
restituer les dires voire l'expérience des informateurs. Nous nous
sommes servi des crayons de couleurs, chacun représentant un
thème précis pour souligner les réponses obtenues. Elles
étaient ensuite analysées, interprétées et
classées dans le but de constituer les paragraphes et les
ébauches des chapitres.
8.5 Les outils d'interprétation
des données
Les données collectées et
analysées seront interprétées sous le prisme des
théories courantes en anthropologie. Ainsi, nous nous sommes servis de
l'analyse stratégique de Michel Crozier, qui présente le jeu de
pouvoir et d'intérêt des membres dans une structure. Ensuite, nous
avons fait appel au culturalisme dans le but de mettre en exergue la place de
la culture dans le comportement et la formation de la personnalité des
individus.
9. L'INTERET DE L'ETUDE
Cette recherche présente un double
intérêt : l'un théorique et l'autre pratique.
9.1 L'intérêt
théorique
L'étude sur la pratique du football au sein du
Canon Sportif de Yaoundé contribue à produire des connaissances
locales liées à l'influence de la culture sur le football,
notamment sur les méthodes de préparation, sur le comportement et
les mentalités des populations vis-à-vis des co-équipiers,
de l'adversaire et lors de l'échec ou de la victoire. De plus, il s'agit
également de comprendre la véritable place de la dynamique
sociale en rapport avec les pratiques culturelles sur la performance des
joueurs. Cela enrichit la documentation en anthropologie du
développement.
9.2 L'intérêt pratique
Les résultats de cette recherche permettront au
ministère des sports et de l'éducation physique, à la
Fédération Camerounaise de Football et surtout à la Ligue
Professionnelle de Football Camerounais de disposer d'un système viable
de gestion du football, d'augmenter les infrastructures sportives dans tous les
départements afin de promouvoir le football, d'aménager les aires
de jeu existants afin d'améliorer les conditions de vie des joueurs. A
l'équipe dirigeante de chaque club d'assainir le management du club afin
d'éviter des conflits de positionnement et de pouvoir.
Aux joueurs d'intégrer le maximum de démocratie
et de responsabilité via le « fair play »
dans leur prestation. Cet intérêt va aussi à l'endroit des
supporteurs qui doivent effectivement remplir leur fonction de douzième
joueur, et servir de police, afin de protéger les personnes et biens
pendant et après les matchs : ceci dans l'optique d'éviter
tout désastre et intégrer le sentiment identitaire, patriotique
et conciliateur. Parlant des arbitres, il leur est souvent reproché de
jouer le rôle de juge et partie, pour cela, il convient de renforcer leur
capacité en matière d'arbitrage.
Les populations de Nkolndongo créatrices du
Kpa-Kum devraient quant à elles au sortir de ce travail,
refaire un diagnostic afin de trouver des solutions aux verrous ayant
causé la stagnation du CSY durant ces dernières années
écoulées (depuis 2002). Elles pourront par ailleurs faire de la
gestion axée sur les résultats leur leit motiv. Le football en ce
qui le concerne, constituerait un enjeu de développement dans la mesure
où les conditions de sa pratique sont homologuées et
appliquées par l'ensemble des acteurs.
De plus, il serait dit facteur de changement social ou de
transformation sociale dès lors que les pratiques culturelles seront
relativement acceptées et surtout bénéfiques pour le bon
déroulement du championnat. Ainsi, le taux d'émigration des
joueurs fléchira ; les MTN Elite One et Two connaitront des enjeux
au niveau du flux des joueurs talentueux ; le championnat pourra faire
l'objet d'une curiosité des populations comme la Champions League
européenne. Ajoutons aussi que l'environnement socioculturel ne permet
pas de transposer les gadgets du football tel que prône la FIFA. Par
conséquent, il pourra constituer un frein au développement
authentique du football dans les différentes ligues en lice.
10. LA DELIMITATION DU TRAVAIL ET DIFFICULTES
RENCONTREES
Cette recherche est menée au Cameroun,
dans la région du centre, département du Mfoundi et
précisément dans la tanière du Canon sportif de
Yaoundé, en compétition de la MTN Elite One. Ce qui nous permet
de vivre véritablement la préparation dudit club ainsi que la
pratique de cette activité footballistique dans cette équipe. De
plus nous n'avons utilisé que quelques théories en anthropologie
et les techniques qualitatives. Nous n'avons interviewé que quelques
informateurs sur l'ensemble de la population. Cependant, il nous a
été parfois difficile de rencontrer les joueurs aux vestiaires
compte tenu de leur emploi de temps et de la fatigue après les
entrainements. Pour cela, nous avons observé indirectement par l'un de
nos informateurs qui nous a fourni les informations sur le comportement de ses
coéquipiers aux vestiaires. De plus, quelques informateurs ont
été un peu réticents quant aux questions sur les pratiques
culturelles faites lors de la préparation des matchs. Nous n'avons pas
eu l'opportunité d'assister à tous les types les
préparations individuelles et groupales. Cette recherche menée
sur les Ewondo de Nkolndongo dans la région du centre, s'est le plus
focalisée sur le CSY en tant que fruit de leur effort.
11. LA DIMENSION ETHIQUE DE L'ETUDE
Parlant de la dimension éthique, ce
travail n'a pas été suivi par une commission d'éthique au
départ. Par conséquent, nous avons abordé les informateurs
en plusieurs étapes. D'abord, nous nous sommes rendu à la
sous-préfecture, à la gendarmerie, au commissariat spécial
de sécurité publique, au commissariat du IVème
et à la chefferie de Nkolndongo, tous dans l'arrondissement de
Yaoundé IV afin de signaler notre présence sur le terrain aux
autorités de la localité. Ensuite, nous nous sommes
présenté au siège du Kpa- Kum afin d'expliquer
notre raison d'être et nos attentes. Nous avons rencontré un
responsable du club en poste, qui nous a conduit au stade malien où se
déroulent les entrainements du club. Il nous a aussi
présenté aux encadreurs en leur disant de nous aider dans notre
travail et en expliquant aux joueurs l'objet de notre présence. C'est
ainsi que nous nous sommes présenté et avons pris des rendez-vous
progressivement avec ces derniers afin de recueillir des informations relatives
à nos hypothèses. Enfin, il est important de signaler que la
tâche n'étant pas aisée, plusieurs informateurs ont
été abordés à domicile, au stade, au siège
de l'équipe et dans des restaurants. C'est ainsi que nous avons pu
recueillir toutes nos informations.
Nous avons protégé l'identité de
certains de nos informateurs non seulement parce qu'ils l'ont demandé
mais aussi et surtout pour des raisons éthiques puisque le sujet touche
à la sensibilité de ces informateurs.
12. LE PLAN DU TRAVAIL
Ce travail comporte 5 chapitres
intercalés par une introduction et une conclusion. Le 1er chapitre
intitulé présentation physique et humain du milieu
d'étude qui décrit l'environnement dans lequel baigne la
recherche ainsi que l'impact de celui-ci dans la pratique du football. Il fait
le point sur la situation géographique, l'histoire du groupe humain
étudié, les activités liées à la pratique du
football dans cette socio-culture. Le 2ème chapitre baptisé
débat en Anthropologie sur le football, fait le point sur les
différents débats scientifiques sur le football avec
l'évolution des connaissances d'une part, ses représentations
occidentales et par certains groupes humains d'autre part. Le chapitre 3 est
consacré à la description de la pratique du football chez les
Ewondo à travers le CSY. Ce chapitre est articulé sur la
description des Mekok-Me-Ngonda de sa création à sa
transformation comme club de football moderne. Sa classification dans la
pratique du football chez les Ewondo de Nkolndongo, sa structuration et sa
gestion. Le 4ème chapitre nommé pratiques magico-religieuses,
animation de match, guerre de leadership et football au sein du CSY, est un
exposé dont le leitmotiv est de répertorier les facteurs et
éléments de la socioculture ewondo qui sont utilisés dans
l'activité footballistique. Le 5ème et le dernier chapitre, porte
sur la perception du football par les Ewondo. L'accent sera mis sur les
systèmes de croyances liées au football chez les Ewondo de
Nkolndongo en faisant des comparaisons avec les résultats de quelques
recherches sur le football dans d'autres univers culturels.
CHAPITRE I :
PRESENTATION PHYSIQUE ET HUMAINE DU MILIEU DE
L'ETUDE
Notre étude a été menée dans une
zone urbaine camerounaise plus précisément dans la région
du Centre au coeur du pays Béti. Ce peuple est reconnu pour leur
hospitalité et leur appréciation des activités sportives
et même récréatives. Les Béti connaissent bien le
football qui est l'objet de notre étude, si l'on s'en tient à
l'existence de son nom dans leur langue. La région du centre est
influencée par de grands ensembles climatiques, et aussi par
l'activité quotidienne des Hommes qui cherchent à s'adapter aux
variations et aux changements climatiques. L'adoption et la pratique du
football par ce groupe a développé un certain nombre de
comportements qui sans doute influenceraient leur organisation politique,
économique et sociale progressivement. Dans le présent chapitre,
nous présenterons le milieu physique et humain de notre étude
avec l'accent mis sur l'arrondissement de Yaoundé 4e qui est
le fief de notre équipe expérimentale.
I.1
LA PRESENTATION DU MILIEU PHYSIQUE DE L'ETUDE
Il est question de présenter
géographiquement l'arrondissement de Yaoundé 4e
à travers les différentes composantes notamment la topographie,
le climat, le relief, la végétation, la faune, l'architecture, le
sol et l'hydrographie.
Carte 1 : carte
générale du Cameroun
Source:
http://www.lecameroun.net/carte-villes.htm du 12 Septembre 2012
Carte 2 : Localisation
du département du Mfoundi
Source : UNIVERSAL TRANSFERSE MERCATOR WGS 84
ZONE 32N (NDEUHELA Nelly) du 15 Juillet 2010
Carte 3 : Localisation
de l'arrondissement de Yaoundé IVe
Source : UNIVERSAL TRANSFERSE MERCATOR WGS 84
ZONE 32N (NDEUHELA Nelly) du 15 Juillet 2010
I.1.1 La topographie de l'arrondissement de Yaoundé
IVe
Le Cameroun étant situé au dessus de
l'équateur, son décalage par rapport à l'Universal Time
Coordinated (UTC) est de +1, troisième zone la plus peuplée du
monde après l'UTC +8 et +5 :30. Ce décalage est
utilisé pendant toute l'année. L'UTC+1 correspond en
théorie à une zone dont les
longitudes sont comprises
entre 7,5° N et 22,5° E et l'heure initialement utilisée
correspond à l'
heure solaire
moyenne ou temps fictif du
15e
méridien. Ce méridien au niveau de l'
équateur
est distant du
méridien
de Greenwich (premier méridien où la longitude est de
0°) de 1 670 km. Les
coordonnées
géographiques de Yaoundé sont de
4° 45' au
Nord et 12° 00' à Est : c'est dire que
l'arrondissement de Yaoundé 4e est situé dans la
même zone.
Si l'on s'en tient au découpage administratif du
Cameroun que l'on observe sur la carte ci après, Yaoundé
4e est l'un des arrondissements qui constitue le département
du Mfoundi qui abrite la capitale politique du Cameroun. Au nord, cet
arrondissement est limitrophe à celui de Yaoundé
7e ; au sud par le département de la Mefou-et-Akono ;
à l'est, il est limitrophe plutôt au département de la
Mefou-et-Afamba et à l'ouest, il partage une même frontière
avec l'arrondissement de Yaoundé 3e.
I.1.2 Le climat
Dans la région du Centre et
particulièrement à Yaoundé, il règne un type de
climat dit guinéen qui donne à la région une
humidité et des précipitations élevées,
estimées à une moyenne de 1000 à 2000 mm chaque
année. Les précipitations sont élevées au sud et
diminuent en allant vers le nord. La température moyenne est de
24°C dans tous les départements excepté le Mbam
où elle est de 23°C. Dans cette localité, il règne
aussi un climat équatorial, qui alterne entre la saison de pluie et la
saison sèche. D'abord, la grande saison sèche va de
Décembre à Avril. Etant donné que la saison sportive avait
débuté en Mars 2012, le mois d'Avril, situé en fin de
saison sèche voire en transition avec la saison pluvieuse, constitue une
période d'intense travail et d'engouement pour les nouvelles recrues et
une confirmation des anciens joueurs. Après cette saison, vient une
courte saison pluvieuse qui va de Mai à Juillet. Celle-ci plein de
froid, coïncide avec les matches du championnat, qui se sont rendus
déjà à la deuxième phase (vers la
18ème journée) et la coupe du Cameroun, qui suit son
cours normal. Ce climat qui règne permet aux clubs et surtout aux
joueurs de redoubler d'efforts pour non seulement être champion et jouer
la finale de la coupe du Cameroun mais aussi et surtout d'éviter la
défaite afin d'échapper la zone de relégation en division
d'élite two. Ensuite, vient la courte saison sèche de Juillet
à Août, qui redonne l'occasion aux joueurs d'effectuer des
entrainements intensifs. Enfin, arrive une forte saison de pluie allant de
Septembre à Novembre. Celle-ci avec des pluies torrentielles, a souvent
empêchée la tenue de certains matches et prolongée la
saison sportive, qui devrait être à sa fin au plus tard en
Octobre. Cette période définie également le sort de chaque
équipe. Pour le Canon Sportif de Yaoundé, les
précipitations ont une très grande influence sur les
entrainements car au stade malien sis à Nkolndongo. Ces pluies
engendrent les flaques d'eau et surtout la boue sur l'air de jeu : ce qui
amenuise les heures et le degré d'entrainement et, chasse les fans du
football tel que pratiqué par le Canon. En résumé, il
existe une saison sèche qui s'étend sur quatre mois et une saison
de pluie couvrant les huit autres mois, qui s'avèrent plus ou moins
favorables au Canon Sportif de Yaoundé.
En ce qui concerne le relief, Yaoundé regorge des
espaces variant entre 500 et 1000 mètres au dessus du niveau de la mer,
excepté la vallée du fleuve Sanaga et ses affluents, qui sont en
dessous de 200 mètres. Cet espace augmente avec un escarpement de la
plaine côtière du Sud-ouest avant de joindre le plateau de
l'Adamaoua. Ce relief permet aux joueurs d'effectuer des courses de fond sur
les collines du Mont Fébé.
I.1.3 La végétation
La végétation dans la région du centre
est régie par deux formations suivantes :
- la forêt sempervirente caractérisée par
Césalpiniacée (plante légumineuse) permettant de
définir un type particulier appelé « forêt
biafreénne » (LETOUZE, 1968 ; 1985) ;
- la forêt semi caducifoliée
caractérisée par les Sterculiacée (cacaoyers) et les
Ulmacée formant une bande plus ou moins large vers le nord du massif
forestier.
La flore de la région du Centre a été
étudiée en détail par ACHOUNDONG (1985) et des
prélèvements de litière y ont été
effectués en mars 1987. La situation de ces forêts sur le sommet
des collines est assez remarquable car les flancs sont recouverts par
la forêt semi-caducifoliée, qui est la formation dominante de tous
les départements. Cette répartition s'explique par le fait que
les sommets de toutes ces collines sont couverts d'une manière
quasi-permanente durant une grande partie de l'année par des capuchons
de nuages et de brouillard. Ces nuages induisent à partir de 950 m
d'altitude un climat caractérisé par les paramètres tels
que des précipitations supérieures à celles de la plaine
environnante, en particulier par les apports des "précipitations
occultes" liées à la présence des nuages (HOWARD :
1970). De plus, cette présence d'une part diminue le déficit de
saturation de l'atmosphère, favorisant une humidité
quasi-permanente caractéristique des milieux sempervirents, et d'autre
part abaisse un peu la température, ce qui permet le
développement de taxons montagnards, soit végétaux
(LETOUZEY :1985), soit animaux (AMIET, 1985). Il faut dire qu'il s'agit de
"forêts de nuages" ou "cloud forests" (GRUBB, 1971 ; HOWARD, 1970).
Selon LETOUZEY (1983), ces forêts de nuages se retrouvent en d'autres
points du sud-ouest du Cameroun (région de Ngambé, etc.).
Spécifiquement dans l'arrondissement de Yaoundé
4e, les espaces verts naturels sont rares encore moins des espaces
verts créés, où sont plantées des fleurs. Il
n'existe pas de grands arbres. Ceci par les constructions diverses. Par
ailleurs, il existe des cultures maraîchères et des cultures de
contre-saison dans les bas-fonds notamment le manioc, le maïs, le
légume et la tomate.
I.1.4 La faune
L'arrondissement de Yaoundé 4e en
terme de faune regorge en majorité des animaux domestiques tels que
chiens, canards, poules, lapins. En outre, des petites zones non
anthropisées aux alentours des cases et certains endroits
abandonnés abritent des animaux en l'occurrence les serpents noirs
(cobra), les souris. Dans les marigots, on retrouve des poissons tels que les
silures. Dans l'air ou sur le branchage, on retrouve des petits rongeurs tels
que l'écureuil, le rat palmiste et des oiseaux comme le moineau,
l'hirondelle, l'épervier etc.
I.1.5 Le sol
Dans l'arrondissement de Yaoundé 4e,
il existe des pentes et collines entre les quartiers Essos-Kondengui-Sous
manguier- Ekounou- Ekié-Mvog-Mbi et Awaï. Le sol est ferralitique
c'est-à-dire de couleur rouge, qui découle de la
décomposition des roches. Ce qui salie les maillots des joueurs et rend
difficile le lavage desdits équipements. La route est bitumée et
certains espaces sont boueux notamment l'air de jeu de stade malien. Ces
collines contribuent non seulement à pratiquer la courses de
résistance afin de se mettre en forme, mais aussi permet selon les
propos d'un joueur du Canon, d' « économiser l'argent
de taxi au retour ».
I.1.6 L'hydrographie
Les cours d'eau traversant l'arrondissement de
Yaoundé 4e sont d'une importance mineure parce que ne servant
pas à une exploitation quelconque. Néanmoins, il faut dire que
ces cours permettent d'irriguer les cultures de contre saison par les
riverains. Cependant, ils servent malheureusement de dépotoir de
déchets ménagers.
I.1.7 L'architecture
L'architecture de Yaoundé 4e tout
comme celle de la ville toute entière, est régie par des
constructions peu ordonnées du fait du traçage et du bitumage
tardif des routes, qui ont engendré ces constructions anarchiques.
Parlant du matériau de construction, nous avons observé des
maisons en matériaux provisoires majoritaires, faits en terre battue,
crépies et parfois peintes ; et des maisons en matériaux
définitifs minoritaires forgées avec des parpaings et du
béton, crépies et peintes.il n'existe presque pas l'architecture
climatique, ni évolutive encore moins vernaculaire. Ce manque
d'organisation architecturale a réduit les espaces de divertissement.
Ceci est visible au niveau du stade malien où juste aux alentours (deux
à trois mètres) dudit stade, on retrouve une école, une
Eglise, un marché de planche, des bars et maisons d'habitations et
surtout le tronçon Mvog-Mbi - Nkolndongo - Mvog-Ada. Les joueurs
à travers des tirs et frappes de balles, détruisent la toiture
des ces infrastructures, troublent le déroulement des cours et du culte
et, consomme le temps consacré au jeu plutôt à la recherche
du ballon.
I.2
LA PRESENTATION HUMAINE DU MILIEU DE L'ETUDE
Le peuple Ewondo de Nkolndongo comme tout peuple,
à une ethnogenèse qui est plus ou moins semblable à celle
des autres.
I.2.1 L'origine des Ewondo
Le peuple Ewondo est un sous-groupe des Béti,
venant du grand groupe Pahouin. Les traditions historiques assez
précises des Béti permettent en réalité de situer
leur origine au nord de leur habitat actuel. Ce peuple selon certains textes
serait venu de l'Egypte ancienne. Suite à la décadence de
l'Egypte, ajouté à cela l'assèchement total du Sahara, les
Béti (Seigneurs, Hommes libres) descendent au niveau de l'Adamaoua.
Où ils seront repoussés par la pression de l'Islam à
travers les conquêtes d'Ousmane Dan FODIO. Ainsi que celle des autres
groupes humains en déplacement perpétuel à cette
époque. Pour cela, ils se sont dirigés vers le Sud et ont
rencontré le Yom ou la Sanaga comme un obstacle infranchissable. C'est
vers les années 1790 que cette traversée est rendue possible et
selon la tradition orale, elle se serait déroulée sur le dos d'un
Ngân Medza, « mythique serpent ». Devenue
historique, cette traversée a eu lieu à plusieurs endroits du
Yom. On a cet effet Ebebda pour les Eton, les Ewondo et les
Manguisa ; les chutes de Nachtigal pour les Bene ; le voisinage
de Mbandjock pour les Emveng et le côté de Nanga Eboko pour
les Bulu et les Yebekolo.
|
|
Les Ewondo occupent les départements du Mfoundi
(Kondengui, Nkolndongo...) et de la Mefou Akono, dans la région du
Centre. Ils se retrouvent aussi dans le département de l'Océan,
région du Sud. En tant qu'occupants de Yaoundé, capitale du
Cameroun, ils sont contraints à la cohabitation avec d'autres groupes
ethniques tels que les Bamiléké, les Foulbés, les Duala...
et des ressortissants d'autres pays d'Afrique et du monde. Ils sont limitrophes
dans la région du Centre d'avec les Eton, les Bassa, les Bene, les
Mvele, les Mbida Mbani. Au sud, ils sont limitrophes d'avec les Bene, les
pygmées Bakola, les Mvae, les Boulou et les Ntumu.
Le peuple Ewondo est aussi un peuple dont l'origine
ethnonymique a connu plusieurs variantes : on a eu lors du protectorat
allemand (1895) dirigé par les pères Pallotins les appellations
suivantes : Enwondo, Ewonde, Ewondos, Ewundu, qui serait l'ancêtre
de la population. D'autres auteurs estiment que ce nom signifierait arachides
du fait de leur surpopulation. Avec l'arrivée de la capitale, ce peuple
Ewondo était appelé les Jaunde ou Yaunde. C'est dire que ce nom
serait semblable à un pseudonyme. Descendants du grand groupe
Béti dont l'ancêtre éponyme fut Béti be
Nanga, ils sont aussi appelé les kóló
d'où le nom Béti be kóló
ou kóló-Béti parce que ne voulant pas
être confondus aux Ewundu, « arachides ».
Les Ewondo seraient selon les textes de Christophe Bertrand
MESSINA (1998) issus de l'union d'un Betsinga et d'une Mangissa dont les
aïeux seraient Manguissa et Eton. S'étant
sédentarisés d'abord à Yaoundé, ils ont
occupé tour à tour par la migration Yaoundé par
Nkong, Abok, Nlong, voie longeant vers les Bassa empruntée par les
Mvog-Name, Les Mvog-Fuda Mballa et Yaoundé par Oveng, Ngoumou,
Akono, Olama, itinéraire central suivi par les Mvog Atangana
Mballa.
La population Kóló ou Ewondo est estimée
à environ 1 000 000 de personnes. En 1990, elle était
de 250 000 âmes, comprenant les clans Mvog-Fuda Mballa ; Mvog
Tsungui Mballa ; Mvog Atangana Mballa ; Mvog Nama et Mvog Esom
Ndana. Plusieurs autres groupes sont aujourd'hui considérés comme
les Ewondo : c'est le cas des Kombe, des Esom, des Osa, des Yanda et des
Etudi, qui ont été des Beloa,
« esclaves » ou
Mintobo, « allogènes » acceptés
par adoption.
Les Ewondo de Mvog-Mbi ou de Nkolndongo entendu par là
les descendants ou le clan ou lignage Mbi, serait selon Henri NGOA (35) les
descendants de MBI MENGUE qui a pour ancêtre TSUNGUI MBALLA. Le quartier
Nkolndongo, situé à Awae, est limité à l'Est par
Kondengui, au Nord par Mvog-Ada et par le centre-ville, au Sud par
Mvog -Atangana Mballa. Par ailleurs, dans notre sujet, les joueurs venant
d'ailleurs seraient considérés comme des
Mintobo, « allochtones » ou Nnen,
« étrangers » ou encore Belobolobo,
« qui ne parle pas l'ewondo » parce que ne maîtrisant
pas la culture d'où une absence de cohésion dans la transmission
de certains items culturels et une enculturation voire acculturation du sujet
entrant.
I.2.2 La société Ewondo de Nkolndongo
Comme toute société, les Ewondo sont
aussi organisés sur le plan familial, sociopolitique et
économique.
I.2.2.1 L'organisation familiale
Au niveau de l'union entre les familles, la
polygynie n'est pas obligatoire et les épouses du chef n'ont pas de noms
honorifiques. Certains chefs de familles comme nous le signalions plus haut
sont très respectés que les chefs de village. Le nom d'un
individu chez les Ewondo est très important. Il est composé en
premier du
patronyme, en second
du nom du père (ou de la mère dans les foyers
polygyniques), et enfin du
nom d'appel, tiré de la nature car ceux-ci ont été de
grands guerriers. Le mariage selon la tradition est très complexe.
Aujourd'hui, il est pratiqué avant le mariage civil et le mariage
religieux. L'union n'est pas valide tant que le mariage coutumier n'a pas
été fait. Parfois, le marié se verra contraint de subir
des épreuves prouvant sa maturité, son intelligence, son courage,
tel manger une papaye verte. Le troc était institutionnalisé dans
le cadre des alliances matrimoniales qui étaient l'occasion
d'échanges de biens dans les mariages endogamiques et exogamiques.
I.2.2.2 L'organisation politique
Les Ewondo sont un groupe qui vivait majoritairement en milieu
forestier. Leur organisation sociopolitique diffère plus ou moins de
celle d'autres groupes.
Sur le plan politique, toutes les sociétés que
l'on retrouve dans cet espace géographique sont dites
sociétés acéphales. Du latin
« acephalus », qui n'a pas de tête, cela signifie
plus clairement « qui n'a pas de chef ». Ce type de
société serait donc une société qui ignorerait
toute forme d'organisation politique. Cependant, concevoir le problème
sous cet angle, serait ignorer l'existence même de l'humanité car
toutes les sociétés ont leur forme spécifique
d'organisation. Ainsi, il faut comprendre par sociétés
acéphales, suite aux travaux de Pierre CLASTRES (1934) dans la
Société contre l'Etat, non pas une société qui
ignore une quelconque organisation politique mais plutôt une
société qui ignore et combat même toute forme
centralisée du pouvoir. C'est dire que l'organisation politique ici est
dualiste.
Premièrement, on a les chefs de villages, dont
l'institution est solidaire de la colonisation et sont de ce fait les courroies
de transmission du pouvoir central au niveau des villages. De plus, ils vendent
les impôts, transmettent les informations des autorités
légales auprès de leurs administrés et surtout
règlent les différends. Ces institutions étant
récentes et surtout du fait que les populations ne leurs reconnaissent
pas souvent l'autorité qu'ils exercent sur elles, ces chefs ne sont pas
toujours les personnes nobles et respectées comme les chefs de famille.
Il est donc courant d'y voir des discussions et des conflits ouverts ces chefs.
Deuxièmement, on a un autre type de Chef, que J.
BARBIER (2009) nomme « Capita ». Celui-ci règle
toute sorte de conflit à caractère social, effectue des rites de
toutes sortes. Son autorité lui est ouvertement reconnue et les
populations font souvent un lien entre l'autorité qu'il exerce et la
possession de certains pouvoirs mystiques que lui ont légués les
ancêtres lors de l'initiation ante-intronisation. Compte tenu de cette
légitimité, ils entourent le plus souvent les chefs de villages
comme notables et dirigent des hameaux (quartiers) dans l'exercice de leur
pouvoir. Dans l'un et l'autre cas, le titre de chef ici est un titre purement
honorifique. Il est important de signaler ici que la société
Béti en général est subdivisée en clan portant le
nom de « Mvog ». Ainsi, on a les Mvog-Béti, les
Mvog-Atemengue à Obili, les Mvog-Atangana Mballa etc. L'autorité
d'un chef ne doit cependant pas nuire à l'honneur, à la
dignité et à l'estime des populations car il est un homme public
donc égal à ses sujets. Chez les Ewondo, des paroles du
genre « je ne suis pas ton esclave » ou
« je ne vis pas chez toi » ou encore
« je ne mange pas chez toi », authentifient ou
témoignent de l'autonomie des individus face aux autres. Il n'existe pas
de symbole autre que le drapeau identifiant la chefferie. Cela pourrait aussi
justifier le fait que l'on qualifie ces sociétés de
sociétés égalitaires. Ainsi, certains comportements de
joueurs et des dirigeants du Canon Sportif de Yaoundé pourraient
être tributaires de ce type de société donc ignorant
l'autorité du coach et le pouvoir des responsables.
1.2.2.3 L'organisation sociale
Sur le plan social, les sociétés de la
forêt en général et les Ewondo de Nkolndongo qui
nous préoccupent en particulier, sont des sociétés
lignagères. En dépit des variantes dialectales de leur langue
commune qui permettent de distinguer les différentes ethnies entre
elles, le clan ou le lignage constitue un critère de reconnaissance et
d'identification des individus à l'intérieur d'une même
ethnie. Ainsi, à l'intérieur de chaque tribu, pour essayer de
définir le lignage d'un individu, on pose par exemple la question
suivante: esoa ane dzoe ya? qui signifie littéralement ton
père s'appeler comment? Et, de façon littéraire pour
demander comment s'appelle ton père? Puis ton grand-père et si
possible ton arrière grand-père? Parfois, c'est plutôt la
question suivante: one man dze?, qui signifie littéralement tu
es fils de quoi?, c'est-à-dire, tu es descendant de quel groupe? Toutes
ces questions sont identiques car elles cherchent à découvrir le
groupe d'hommes revendiquant une parenté ou un ancêtre
éponyme auquel chaque individu appartiendrait. Dans le cadre de
l'alog, « pêche à l'écope »,
les femmes allaient chercher du poisson en saison sèche alors que les
hommes pratiquaient du piégeage.
I.2.2.3 L'organisation économique
Le grand groupe Pahouin au sein duquel se trouve
l'ethnie Ewondo, est essentiellement fait d'agriculteurs. Deux principaux types
d'agriculture y sont pratiqués: l'agriculture vivrière et
l'agriculture de rente.
I.2.2.3.1 Les cultures vivrières
En ce qui est de la culture vivrière, dans le grand
sud forestier où se trouve localisée les Ewondo et d'autres
ethnies, le climat équatorial et la faible densité
démographique font prédominer la culture des tubercules tels que
le manioc, le macabo, l'igname et la banane plantain, avec des nuances
régionales. Certaines cultures ont localement une importance
particulière: ces le cas des arachides et surtout du manioc chez
les Ewondo. Notons qu'il existe de nouvelles cultures telles que le
maïs et l'exploitation des produits forestiers non ligneux comme le
« djansan », l' okok et le mango .
En terme de boisson, le vin de palme et l'odontol sont
prisés. Dans cette boisson fermentée d'une semaine, on y ajoute
de l'écorce essok et du ndong pour le
traitement de plusieurs maladies vénériennes telles que la
syphilis et le chlamydia. Il sert aussi de potion de nettoyage de l'appareil
génital pour les femmes désirant concevoir.
I.2.2.3.2 Les cultures de rente
En ce qui est des cultures de rente ou celles à
commercialiser, les populations ewondo cultivent surtout le cacao. Le maïs
et l'arachide y sont ajoutés comme produits destinés aussi
à la commercialisation. De nos jours, l'exploitation forestière
est aussi un important facteur de développement. La transformation des
tubercules de manioc en bâton de manioc. L'exploitation et la
commercialisation de l' okok . Par ailleurs, les contraintes
de la famille, la parenté et bien d'autres pratiques sont autant de
mécanismes égalisateurs qui annulent les possibilités
d'accumulation. Certes, des initiatives à caractère
économique apparaissent de plus en plus dans cet univers culturel.
I.2.2.3.3 L'élevage
L'élevage dans les familles est le plus lié
au animaux domestiques tels que le chien, le chat, le poulet destinés
pour les uns à garder la maison et pour les autres à consommer.
L'apiculture y est pratiquée ainsi que la pêche du mâchoiron
et des silûres dans les eaux douces et lacs.
I.2.2.3.4 L'artisanat
Nous avons remarqué les corbeilles, pose-fleurs,
pots réalisés avec du poto-poto et du rotin à Mvog-Mbi. La
poterie est aussi l'apanage des femmes car elle constitue une activité
génératrice de revenus.
Avec l'arrivée de la colonisation, l'arme à feu
a vu le jour et elle vient supplanter l'arc et la flèche. Au niveau des
échanges, le troc permettait de se pourvoir en denrées et objets
non disponibles, avec la colonisation qui a banni le bilabi, de
lab qui signifie battre, le marché est
institué ; ce qui perdure jusqu'à nos jours et constitue un
carrefour commun du donner et du recevoir pour l'approvisionnement en
denrées alimentaires des joueurs.
I.2.3 La culture Ewondo
La culture Ewondo est basée sur un ensemble des
pratiques ancestrales et contemporaines qui régissent leur mode de vie
globale.
I.2.3.1 La langue
Le grand groupe Pahouins représente de nos jours un
ensemble de plus de quatre (4) millions d'individus inégalement repartis
dans la région du Centre. Le terme « Béti »
paraît commode lorsqu'on parle des populations. Cependant, il serait
impropre de dire que la langue des principales ethnies qui la composent est
identique car celle-ci présente des variantes d'un groupe à un
autre. Néanmoins, ces variantes n'empêchent pas toutefois
l'intercompréhension. Ainsi, les autres langues (dialectes) qui
composent la langue béti sont assez nombreuses. On : l'Eton, le
Bulu, le Ntumu, le Mvele, l'Ewondo ou le Kóló, le Yebekolo... Ces
langues tirent leur racine de « l'ati », qui est une langue
parlée sur toute la rive droite de la Sanaga, dans le Département
du Mbam. Sous la colonisation allemande comme nous l'avons signalé plus
haut, l'ewondo a servi pendant longtemps comme langue d'enseignement dans les
écoles de la région. Par conséquent, elle a
été choisie comme langue d'adoption par les missionnaires
catholiques, dans le dessein d'évangélisation des
différentes tribus camerounaises.
L'ewondo devint donc la langue véhiculaire et voit son
influence aller au-delà de ses frontières naturelles pour couvrir
non seulement les départements des régions du Centre et du Sud,
mais également de la région de l'Est. L'ewondo constitue
aujourd'hui une sorte de Lingua Franca1(*) dans presque toute la partie sud du pays. La langue
est le premier identifiant de l'appartenance à un groupe ou de
l'identité culturelle. Dans le CSY, plusieurs joueurs sont issus des
ethnies qui constituent le grand groupe Béti ainsi que d'autres ethnies
des régions de l'Ouest, du grand Nord ... Malgré cela, la
cohésion au niveau du jeu y est mais, la communication ante et
post-match est parfois difficile pour la simple raison que le
« nous » ewondo est différent du
« vous » allogène. Ce qui met à nu le palier
officieux d'une relation d'exclusion dans cette équipe. Il en est de
même pour le recrutement des encadreurs.
I.2.3.2 Les systèmes de croyance
Etant donné que les Ewondo se sont très
rapidement convertis à la religion chrétienne, il n'en demeure
pas moins vrai que bien avant cette conversion, ils pratiquaient leurs cultes.
Certaines formes anciennes de ces cultes religieux ont resurgi dans la
pratique religieuse actuelle. Les Ewondo, en effet, croyaient en un Dieu
unique, créateur, omnipotent et omniscient qu'ils appellent,
Ntondobe, « celui qui soutient le globe
terrestre », Zamba elo fege, « Dieu, siège
de la sagesse », Zamba esia ngul mese, «
Dieu, le Père tout Puissant », Zamba Nkom Bod,
« Dieu, le Créateur des hommes ». Mais, au
delà de ce Dieu unique, les anciens Ewondo croyaient que les
minkug, « ancêtres défunts » jouaient
le rôle d'intermédiaires entre Dieu et les hommes. C'est pour
cette raison qu'on y effectue des cultes sur les tombes des parents
défunts.
Ces cultes se justifient ici par un parent qui meurt
mécontent de son enfant ou après l'avoir maudit. Cela
mérite à cet effet un culte pour voir sa colère
apaisée et pour que ledit enfant puisse prospérer. Ce culte
participe de plein pied à la philosophie africaine qui selon Birago DIOP
(1960), stipule que les morts ne sont pas morts. C'est pour cela que des clans,
des lignages, des familles, invoquent l'esprit de leurs ancêtres
défunts en cas de manifestation importante, pour les assister tout au
long de la cérémonie. La cosmologie Ewondo présente le
monde sous trois instances en interaction dont le monde macrocosmique, monde de
Dieu et de l'univers ; le monde mésocosmique, le monde des vivants
ou de la société et le monde microcosmique, qui est le monde
de l'homme et des esprits des ancêtres défunts.
De nombreuses pratiques mystiques sont inscrites dans
les représentations des populations. Il Le phénomène de la
sorcellerie est très répandu. Il désigne la croyance
d'après laquelle certaines personnes possèdent certains pouvoirs
mystiques qu'ils utilisent pour nuire aux autres et empêcher leur
développement. Dans ce contexte, la mort chez les Ewondo est souvent
très associée aux pratiques de sorcellerie. De nombreux
scientifiques ont qualifié ces pratiques d'imaginaires ou
archaïques. Cependant, de plus en plus, on se rend compte que ce
phénomène se reproduit et se réinvente aussi bien en
milieu urbain qu'en milieu rural. Chez les Ewondo, l'expertise des sorciers est
de plus en plus utilisée pour lutter et combattre d'autres sorciers (P.
GESCHIERE et C. FISIY: 1993). Ces sorciers se dédoubleraient en animaux
tels que l'akun, « le hibou » ;
nyoe, « le serpent » ;
Ze, « la panthère » pour nuire aux
autres. Ces animaux ont des représentations très négatives
dans cette ethnie. Une autre forme de sorcellerie, a fait irruption dans cette
société : il s'agit du kong qui serait
empruntée à la région côtière du Cameroun
(ekong dans le Sud-Ouest). Il s'agit d'une pratique d'après
laquelle les uns causeraient la mort des autres pour les utiliser comme
esclaves dans le monde de l'au delà.
I.2.3.3 Les rites
Il existe plusieurs rites chez les Ewondo. On a :
le tso qui est un rite de la purification,
pratiqué publiquement pour se laver d'une faute morale, d'une mort
tragique afin d'éloigner de soi, la maladie ou la punition des
ancêtres ; le mevungu, qui est le plus grand rite
d'initiation féminine consistant à écarter toute force
contraire et effacer une faute grave telle que meurtre et l'adultère. Ce
rite rend les femmes égales aux hommes. C'est dire que femmes comme
hommes peuvent gouverner dans la culture Ewondo. De façon
générale, il existe d'autres rites qui se sont pratiqués
il y a longtemps dans cette socioculture : c'est le cas du rite
Evodo et du rite Ngas. C'est rites contribuent en ce qui
concernent les joueurs Ewondo du Canon de rester fidèle à leur
culture et d'éviter toutes défaillance allant à l'encontre
de la norme culturelle.
I.2.3.4 L'alimentation
Les Ewondo avant l'arrivée des colons, vivaient de la
cueillette, du ramassage et du piégeage ; ce qui leur permettait
d'assurer la subsistance. Avec l'arrivée des colons, la culture de
l'igname à cédé place à la culture du cacao pour la
simple raison que les impôts devraient être payés. Le plat
typique des Ewondo est l'okok généralement
accompagné de tubercules de manioc et des bâtons de manioc.
L'okok est fait à base de feuilles Gnetum (nom
scientifique) découpées très finement, bouillies avec du
jus de noix de palme ou encore avec de la pâte l'arachide. Selon les
travaux d'Eileen NCHANJI (2012), le bâton de manioc et l'okok
représenteraient respectivement le sexe mal et le sexe féminin.
Un autre plat typique est le Kpem, fait à base de feuille de
manioc, qui se mange aussi avec des tubercules de manioc. Aussi, un autre plat
typique est le Sangha chez les Ewondo qui est un met préparé
à base de feuilles, de maïs et de jus de noix de palme. Le manioc
constitue l'aliment de base de la gastronomie Ewondo et dans la culture
Béti en général. Il est consommé sous toutes ses
formes: feuilles, tubercule bouilli, farine pour en faire des beignets. Les
noix de palme, font aussi partie de l'alimentation de base.
Les aliments comme la viande, le poisson sont moins
consommés sur le plan traditionnel. La banane plantain, le macabo
(plante de la famille du manioc dont on consomme les jeunes feuilles, et les
tubercules), les ignames, le maïs, le safou, les goyaves, la papaye, les
avocats ainsi que d'autres plantes et fruits font partie de l'alimentation des
Ewondo. Celle-ci a été enrichie par les plantes importées
par le contact entre ethnies et tribus voisines. Cependant, plusieurs plats
tendent à disparaître donnant lieu aux plats dits nationaux
où l'on mange tout et par conséquent, ces mets perdent leur
origine. On trouve comme boisson, le vin de palme surtout, ainsi que
l'odontol. Toutes ces boissons ne sont évidemment pas
spécifiques aux Ewondo, ce sont simplement des produits du terroir. Cela
s'expliquerait aussi par la présence dans le Canon sportif de
Yaoundé d'un certains nombre de joueurs venus d'ailleurs avec des modes
alimentaires divers, qui forgeraient différemment la personne et
personnalité des joueurs en terme d'interdits et de vertus de chaque
aliment. Certains joueurs parfois avant une intense activité musculaire,
consomment du bâton de manioc accompagné de l'okok ;
ce qui leur rend moins leste.
Plusieurs interdits sont à l'ordre du jour chez les
Ewondo. Pour les jeunes garçons, il est interdit de manger avec une
spatule de peur de devenir impuissant. Cette impuissance transformerait l`homme
en un être neutre ; celui-ci perdra certaines valeurs pour n'avoir
pas enfanté. De plus, il ne devra pas aimer une parenté de peur
de contracter une malédiction. Aussi, il ne devra pas manger dans une
marmite de peur de demeurer célibataire. Il existe des tabous aussi pour
le jeune homme que pour la jeune fille. Ces interdits pourront avoir des
conséquences néfastes sur la prestation des joueurs Ewondo, qui
bafoueraient ce principe. Cela pourrait se manifester comme le sort d'un
certain EVOU, joueur du Canon à l'époque, accusé de tous
les maux par le public parce qu'il marquait contre son camp et ratait des buts
même les plus évidents.
I.2.3.5 Les pratiques culturelles
La littérature Ewondo est essentiellement
orale et compte plusieurs genres dont les contes, les chantefables, les
poèmes et chants lyriques (berceuses, chants de danse, chant de labeur,
chant de pêche, chant de chasse, poèmes rituels...), les
récits légendaires et épiques (mémorables),
récitatifs d'enfants, poésie tambourinée et proverbes,
chroniques et généalogies. Tous ces genres peuvent s'accompagner
au célèbre instrument appelé Mvet2(*). A coté de cela, il
existe le Nnom nkul, Ngal nkul et Mwan nkul, munis des bigan bi
nkul «
tam-tam homme
femme et fils», bâtons pour tam-tam ;
Mbè, « tambour »,
nkàn, « cloche à double sonnerie »,
Mezegle, « fibre de feuilles de bambous
tissés» que l'on attache autour des reins pour danser ;
élon, « le sifflet » qui permet de rythmer
la danse. Notons que dans le Canon Sportif, Il existe aussi la sirène
mécanique qui permet de jubiler lorsqu'il y a but de Yaoundé, ces
instruments sont présents et permettent aux supporters de donner de la
force aux joueurs sur terrain et d'affirmer leur place de douzième
joueur.
Les joueurs du Mvet Ewondo qui abondent dans la
région de Yaoundé sont pour la plupart des amateurs qui jouent ce
que les connaisseurs appellent le Mvet bibôn : le
Mvet des concubinages. Leurs chants abordent beaucoup plus des
thèmes érotiques et bachiques. Ils chantent soit pour la fille
qu'ils veulent conquérir soit pour célébrer les bienfaits
du vin qu'ils en réclament à leurs auditeurs. Ils jouent pour
égayer aussi le public lors des fêtes du baptême, de
première communication, de décoration ou de mariage. Ils animent
aussi dans les cabarets de Nkolndongo et de Kondengui. A coté de cela,
s'est ajouté un genre littéraire qui se distingue par le recours
aux contes : le cas de Ndem Bodo, cette araignée qui
s'en va accuser Dieu d'être à l'origine de la souffrance et de la
mort.
I.2.3.6 Les activités sportives pratiquées
Les activités sportives pratiquées dans l'ethnie
Ewondo ont un lien avec la période coloniale notamment vers 1920
après la Deuxième Guerre Mondiale. Il existe le ndamba meko,
« ballon pied », ou ballon qui se joue avec les pieds
ou tout simplement le football. C'est ainsi que motivé par ce jeu et
appréciant la force française lors de cette guerre, un club fut
créé et porta le nom de Canon Sportif de Yaoundé qui vit
le jour en 1930. Ce nom viendrait du fusil qui mit l'armée allemande en
déroute à Yaoundé en 1916 dont le cliquetis était
Kpa et la détonation Kum. Le canon étant une
arme à cartouches chimiques, on ne saurait l'utiliser au football. C'est
la raison pour laquelle c'est cartouches seront remplacés par des
pierres. Ainsi, on aura en langue ewondo Mekok-Me-Ngonda,
« cailloux qui brulent » ou tous les cailloux
brulant comme illustre la photo ci-dessous. Plus simplement,
il s'agit des ballons qui sortiraient de cette arme et bombarderaient les
adversaires ou encore des buts, d'un score lourd qu'administrerait ce club aux
autres.
Planche 1: La carapace
de tortue sur un mur peint aux couleurs du CSY à Mvog-Mbi
Cliché MOUAFO (21 Septembre 2012)
Ce cliché au domicile d'un informateur à
Mvog-Mbi présente l'image d'un canon à ballon dont la
détente est déclenchée. En dessous du bout du canon, on
aperçoit des ballons, qui sont en fait des cartouches visant à
atomiser tout adversaire. En haut, il s'agit de la carapace d'une tortue juste
en dessous du plafond. Nous reviendrons sur cette carapace dans nos prochains
chapitres.
En plus du football chez les hommes, les filles le pratiquent
aussi car il existe l'équipe féminine du Canon Sportif. D'autres
jeux y sont pratiqués à l'instar du songo. Disons à ce
sujet qu'il existe un championnat national de songo dont certains experts
voudraient créer le « songoscope », qui est un
miroir couvrant les joueurs et l'outil « songo » dans
l'optique d'empêcher aux spectateurs de livrer les secrets du jeu
à leurs candidats.
Planche 2: Les onze
entrants du Canon Sportif de Yaoundé ainsi que le
kinésithérapeute lors du match Canon-Renaissance à
Yaoundé
Cliché MOUAFO (20 Septembre 2012)
Le Canon Sportif de Yaoundé au stade Omnisport de
Yaoundé. Sur cette photo, l'on retrouve les onze entrants de la
rencontre Canon-Renaissance de Ngoumou où l'on aperçoit le
capitaine de l'équipe Pierre WOME à l'extrême gauche en
position debout et ses coéquipiers ; à l'extrême
droite et en chaussettes vertes, l'intendant dudit club.
I.2.3.7 Les nouveaux mouvements religieux
Il existe dans l'arrondissement de Yaoundé
IV une multitude d'Eglises portant le nom de nouveaux mouvements religieux. En
effet, ces Eglises dites révélées jonchent les rues de
Nkolndongo où nous avons noté l'existence de la vraie Eglise de
Dieu, la Baptist Church of Cameroon, l'Eglise évangélique du
septième jour. Nous avons surtout noté l'Eglise située
à quelques mètres du stade malien où les joueurs du
Kpa-Kum font leurs préparations physiques. Des anciens joueurs
du club adhèrent à ces nouveaux mouvements religieux car
disent-ils le chemin du salut s'y trouve.
I.2.4 Les infrastructures et les institutions
Dans l'arrondissement de Yaoundé
4e ; plusieurs institutions sont présentes. On a la
prison centrale de Kondengui, un centre de santé, une pharmacie, une
caisse de prévoyance sociale et le siège proprement dit du Canon
sportif ; parlant des lieux de divertissements, il existe toute une
panoplie de cabarets dont le plus célèbre est El Pachenco. De
plus, un stade de football, des boulangeries, un marché à Ekounou
etc. qui permettent aux populations notamment les joueurs de se soigner, de
s'approvisionner en denrées alimentaires pour ceux qui vivent seul, de
s'entrainer à tout moment et de divertir.
I.2.5 La situation sanitaire et les modes de traitement des
maladies
La maladie se trouve dans l'eau, dans l'air et dans
la nourriture en ce qui concerne les maladies liées à la nature.
En outre, certaines maladies émanent aussi de la société
et de la rupture d'avec un lien divin. Dans la région du Centre, chaque
maladie à son mode de traitement et c'est la raison pour laquelle cette
localité présente des atouts en matière d'ethnobotanique,
d'ethnomédecine, de médecine conventionnelle.
I.2.5.1 La situation sanitaire
Dans l'arrondissement de Yaoundé 4e, les
maladies récurrentes on trait à l'insécurité
alimentaire. Nous avons constaté dans des centres de santé, des
cas de paludisme en majorité, de fièvre typhoïde,
l'hépatite A et de dysenterie amibienne selon la période. Aussi,
certaines familles préfèrent l'ethnomédecine car disent
elles « elle est très efficace et ne comporte pas trop de
risques ». Ceci est le plus visible dans les zones rurales et
périurbaines. Il faut tout aussi noter que le traitement des maladies
est inadéquat avec les infrastructures hospitalières et le
personnel qualifié et spécialisé. Ceci joue un rôle
important dans la santé des joueurs car ceux-ci en ont besoin lors des
chocs plus ou moins sur le stade et lors des entrainements.
Les populations quant à elles utilisent l'eau du puits,
du robinet et des sources aménagées ou non. Le véritable
problème au niveau de l'eau des sources et celle du robinet de la
Camerounaise des Eaux est que : les eaux de sources sont souillées
parce que les uns l'utilisent en amont et les autres consomment en avale.
Parlant de l'eau de robinet, non seulement elle est jaunâtre, elle est
aussi et surtout rare. Les eaux de pluie entrainent les moustiques et ceux-ci
propagent le plasmodium dans l'organisme humain. Bien que le projet Knock Out
malaria (KO Palu) ai été lancé et les moustiquaires
distribuées, plusieurs ménages ne les utilisent pas.
En ce qui concerne la médecine des fractures, les
travaux de Alexandre NDJALLA (2012) ont montré que les Yanda du Centre
sont spécialistes de la réparation des os brisés et que ce
don est héréditaire et/ou acquis dans certaines familles. Cela
constituerait une aubaine pour les joueurs victimes des fractures.
I.2.5.2 Les modes de traitement des maladies
Plusieurs modes de traitement des maladies sont à
l'ordre du jour dans les deux régions et en fonction du type de
maladies. Il s'agit de la médecine conventionnelle ou médecine
dite moderne, de la télémédecine, de
l'ethnomédecine ou médecine africaine. Chaque mode de traitement
comprend des méthodes spécifiques qui se regroupent dans le
diagnostic, le dosage et l'administration des médicaments, le suivi et
le contrôle.
Il a été important de signaler dans ce
chapitre le milieu physique et le milieu humain tels qu'ils ont
été présentés et leurs influences sur la pratique
du football du Canon Sportif de Yaoundé. Le climat via les
intempéries permet plus ou moins aux joueurs de s'entrainer ;
l'architecture des constructions ne permet pas aux joueurs de mieux
préparer car le torrent traverse le stade et le rend boueux. Le relief
accidenté par la présence des collines, donne
l'opportunité à ceux-ci de renforcer la résistance par le
footing fait en allant ou en rentrant du stade. En ce qui concerne le milieu
humain, il faut noter que l'alimentation joue un grand rôle dans la
formation des individus. De plus, les éléments culturels,
l'organisation politique, économique et sociale permettent
également de comprendre les façons d'agir et de penser des
joueurs vis-à-vis de leurs coéquipiers et de la structuration du
Canon à proprement parler. Le football est un sport de
prédilection dans le département du Mfoundi car il existe
plusieurs clubs en MTN Elite One et Two, raison pour la quelle il serait
important dans le chapitre suivant, de faire une revue littéraire sur
ledit sport dans l'espace et dans le temps.
CHAPITRE II :
DEBAT EN ANTHROPOLOGIE SUR LE FOOTBALL
Le précédent chapitre a consisté à
faire la monographie des populations de Yaoundé 4e dans leur
milieu physique. Le chapitre présent fait état du débat
sur le football d'élite au Cameroun. Il comporte la revue de la
littérature, le cadre théorique de la présente recherche
et la définition des concepts chers à la compréhension de
ce mémoire.
II.1 LA REVUE DE LA LITTERATURE
Il s'agit dans cette partie de regrouper en
thématique les ouvrages que nous avons consulté, portant sur le
football tel qu'il est pratiqué dans le contexte camerounais afin de
comprendre la pertinence de notre sujet. Notons à cet effet que
plusieurs auteurs y ont contribué notamment les anciennes gloires du
football, les hommes de média, les politologues, les anthropologues et
les pouvoirs publics etc. Il est donc question de faire un résumé
des connaissances sur le football, la culture, l'ethnicité pour enfin
mieux appréhender la problématique de la gestion du football dans
les clubs de division d'élite au Cameroun.
II.1.1 Le football, une activité historique
En Europe vers
1848, les représentants
de plusieurs établissements scolaires anglais se réunissent et
rédigent la première tentative d'unification des règles de
ce jeu : les
Cambridge
rules3(*) et le 26 Octobre
1863, la
Fédération d'Angleterre de Football est née avec onze
clubs. Depuis lors, la pratique du football à travers
le monde a connu une progression continue. Le
professionnalisme
est autorisé en
1885 et le premier
championnat se dispute en
1888-1889.
La Fédération anglaise tient un rôle
prépondérant dans cette évolution, imposant notamment un
règlement unique. Une fédération internationale, la
FIFA, est fondée en
1904 ; elle
organise en
1930 la
première édition de la
Coupe du
monde, devenue au
XXIe siècle
un événement planétaire.
Au Cameroun,
Théodore ATEBA YENE (1994) dans son ouvrage intitulé
Les dessous scandaleux du football au Cameroun de 1934 à 1989,
écrit que l'idée du football émerge au Cameroun et
particulièrement à Douala en 1923, avec l'arrivée de
Georges GOETHE et de sa famille ainsi que son cousin ROMAIN tous originaires de
Sierra Léone. Munis de deux ballons dans leurs bagages, ROMAIN et
Georges GOETHE avaient déjà appris à taper sur le ballon
comme tous les petits écoliers de Sierra Léone. Pour cela, ils
s'entrainaient sur un terrain vague et nu à Douala, et, par
curiosité, la population venait les voir jouer et surtout les admirer
mais à force de les regarder, quelques uns voulaient
immédiatement en faire autant, qu'ils le firent pieds nus et
criaient sésé, sésé ! ce qui
veut dire en langue Douala « ça fait mal ». Ainsi,
ces deux étrangers commencèrent à apprendre aux jeunes
l'art de taper sur le ballon sans se faire mal (Soter TSANGA). Malgré
l'absence du ballon dans le commerce et la rareté des bicyclettes, les
joueurs pompaient celui-ci avec la bouche, tapaient parfois sur des oranges et
des vessies de boeufs gonflées. Ces choses pas très morales mais
pratiques, réjouissaient les petits garçons passionnés du
ballon, ce qui amena Georges GOETHE à créer la première
formation de football qui prit l'appellation de Club Athlétique du
Cameroun (C.A.C), club dont la première équipe fut autochtone et
formée à Douala sous le nom de « Lune ».
Soudain, un foisonnement de formations voient le jour avec la naissance du
« Lion Sportif », club Manguissa ; du
« Requin » ; de
« Lumière Sportive » pour ce qui est de Douala
dont les matchs se jouaient face à la Cathédrale, devenu l'actuel
célèbre stade Akwa.
Dans la région du Centre, Yaoundé emboîta
immédiatement le pas avec trois formations à savoir l'Ecole
Supérieure, l'Etoile Européenne et l'Etoile Indigène, une
équipe composée d'indigènes ainsi que d'autres
régions. Le tout premier tournoi fut organisé grâce
à l'arrivée 11 Novembre 1930 à Douala d'un sous-officier
français où l'Etoile Européenne et l'Ecole
Supérieure furent conviées à participer. A cette occasion,
il fallait à tous prix former une équipe composée
d'autochtones afin de croiser le fer avec l'Etoile Indigène. Pour cela,
Herman YENE, président de l'Association Fraternelle Béti (Ekuan
Afan), grâce à sa capacité de rassembler les hommes forma
un équipe dont il à fallu donner le nom. Ainsi, après une
discussion houleuse, Mvogo MELINGUI, patriarche du village, demanda la parole
et dit « Quel est le nom du fameux fusil qui mit l'armée
allemande en déroute à Yaoundé en 1916, dont le cliquetis
était « kpa», suivi de la détonation «
kum » ? L'assistance répondit
« Canon ! Canon ! Canon !». C'est ainsi que le
nom du Canon Sportif était retenu et Herman YENE comme
président.
Malgré le problème d'équipement des
joueurs tous Béti et de la lenteur dans l'expédition, le Canon
livra son premier match et domina 1 but à 0 l'Etoile Indigène.
Tout comme le caïman club de Douala avec son cri d'alarme donné par
le capitaine, « caïman » les co-équipiers
répondaient « à six heures » et à lui
d'ajouter « ndindé ! » aux autres de
répondre « Dekarago », nom de leur
sorcier ; le Canon Sportif pour sa part lançait par le biais de son
capitaine « Canon », les joueurs répondaient
« Bombarde !» et de nouveau
« Arme ! », répondaient une fois de plus
« Défense !». Le capitaine Omgba ZING du Canon fut
accusé pour détournement des fonds du club et par
conséquent, ce dernier réussit à déstabiliser le
Canon et à former un nouveau club : le Tonnerre de Yaoundé
qui justifie la venue des scandales divers dans le football ayant trait au
social, au politique, au culturel, au phénomène de corruption et
aux pratiques magico-religieuses (Théodore ATEBA YENE). C'est à
ce niveau que les camerounais avaient compris l'impact sociologique et
anthropologique du football qui est plus ou moins un facteur de rapprochement
des peuples.
Charles NGUINI (1996)
va dans le même sillage en parlant du
« footoir Camerounais » pour faire allusion au
système de gestion à l'envers et non à l'endroit du
football, évoluant dans un amalgame et qui n'archive rien, concernant
l'histoire de cette discipline sportive au Cameroun. A cela, il ajoute les
litiges circonstanciels, d'affinités et d'humeurs qui sont au coeur de
ce « footoir ».
II.1.2 Une activité légale en pleine reforme
L'acte réglementaire sur la gestion du sport et de
l'éducation physique au Cameroun date du 21 Octobre 1949. Le Haut
Commissariat de la République Française crée un
comité consultatif de l'éducation physique et des sports. Pour
François DIKOUME cité par
Charles ATEBA EYENE (2011) dans son
ouvrage intitulé Le mouvement sportif pris en otage par les
braconniers : l'urgence de la mise en oeuvre des reformes, la
période coloniale en matière de sport au Cameroun est
marquée par une « organisation analogue à celle de
la puissance tutrice, bien que ne cadrant pas avec les structures de
l'environnement socioculturel et les moyens tant humains que matériels
de notre pays ».
L'organisation du sport au Cameroun a connu plusieurs reformes
à travers moult décrets et lois :
-Décret n° 65/DF/220 du 26 Mai 1965 portant
suppression du commissariat général de la jeunesse, au sport et
à l'éducation populaire ;
-Décret n° 65/DF/350 du 5 Août 1965 portant
création de la direction de la jeunesse et des sports ;
-Décret n°65 /DF/374 du 28 Août 1965
portant réorganisation du Ministère de l'Éducation de la
Jeunesse et de la Culture ;
-Décret n° 600/72 du 31 Octobre 1972 organisant
l'équipe nationale de football ;
-Loi n° 2011/015 du 15 Juillet 2011 relative à la
promotion des activités physiques et sportives.
En plus de ces décrets et lois, plusieurs autres
forums et états généraux du football ont été
faits dans l'optique de rendre transparent la pratique du sport. En Mai 2010,
un rapport général du forum national sur le football a
été fait et portait sur les disciplines sportives olympiques et
para-olympique ; le football ; le financement et le
partenariat ; la formation en sport et en éducation physique.
L'objectif visé était d'élaborer des stratégies et
des modalités opérationnelles du développement du sport et
de l'éducation physique dans le but d'optimiser les performances dans
leurs pratiques au Cameroun.
En Novembre de la même année, les états
généraux du sport et de l'éducation physique voient le
jour puisque « les performances insuffisantes enregistrées
tant dans les sports collectifs qu'individuels ainsi que la récurrence
de multiples crises entre les différentes instances de gestion des
activités physiques et sportives constituent une
préoccupation » et l'« égal accès à
tous, tout au long de la vie, à la culture, à la pratique
sportive constitue un objectif national ». C'est dire qu'il faut
dynamiser de nouveaux lesdites activités.
II.1.3 Un exercice physique
Le football tout comme d'autres disciplines sportives est
basé sur l'aspect physique. Il est généralement
présenté comme la clef ou la solution pour fortifier le corps et
le caractère. Selon Pierre de COUBERTIN (1972) dans La
pédagogie sportive, il soutient que « le sport est le
culte volontaire et inhabituel de l'effort musculaire intensif, appuyé
sur le désir du progrès, et pouvant aller jusqu'au
risque ». Ceci sera par la suite mis à jour dans
un contexte institutionnel autre avec Maxime BOUET, (1968) pour qui, le
football est : « une activité
institutionnalisée de loisirs, à participation corporelle
primordiale, et à structures motrices rigoureusement
spécialisées, s'exerçant pour elle-même, sur le mode
compétitif avec le souci essentiel d'accomplir une
performance ». Ainsi, il ne se limite pas seulement à la
transformation physique et du caractère de celui qui le pratique, mais
met plus l'accent sur le volet compétitif car il est structuré
autour de la performance, du résultat et du record de la
compétition. Le football est donc une activité ou un genre
d'exercice physique, qui possède un but dans la préparation et la
réalisation des performances. Lesdites performances doivent se faire
dans le respect des règles établies et de l'esprit sportif.
Nejmeddine BELAYACHI (1989) dans son ouvrage intitulé
Style et identité du sport africain, déclare que la
préparation physique ou encore la « technique du
corps » occupe une place capitale dans le programme
d'entraînement. Il influe énormément sur l'aspect physique
fait de souplesse, de vitesse et de force; l'aspect tactique régi par
les mouvements, gestes individuels... Tout ceci dépendant de la
volonté et de la motivation, qui préjugent la qualité du
match de compétition et même le résultat.
II.1.4 Les facteurs naturels affectant le football
Plusieurs facteurs naturels tels que la pluie, la chaleur, le
vent, l'éclair, la boue, la poussière, sont à l'origine de
la victoire ou de la défaite des clubs. C'est ce qui selon Béa
VIDACS (2010) dans Visions of a Better World : Football in a
Cameroonian social imagination, explique que parfois, la victoire d'un club
moins technique et moins préparé mais expérimenté
sur la maîtrise du stade sur un autre plus technique et tactique,
ignorant les coins et recoins du même stade est possible. Pour elle, les
bosses constituent un douzième joueur de terrain, qui favorise chaque
équipe en fonction de la position sur le stade et du côté.
Plus loin, cela pourrait justifier aussi le fait que le but marqué
à l'extérieur compte pour deux, puisque l'équipe qui
visite n'a pas la culture du stade de l'équipe qui reçoit
à domicile. En ce qui concerne l'orage, plusieurs joueurs se sont
écroulés pendant les matchs. La pluie quant à elle
à favorisé la formation de la boue et des flaques d'eaux. Le
soleil, a souvent réduit les performances physiques des joueurs. Chaque
facteur constitue pour chaque équipe une force du dedans ou une force du
dehors Georges BALANDIER (1971), comportant chacun des avantages et des
inconvénients.
II.1.5 Le football ; une activité culturelle,
rituelle et magico-religieuse
Le football Africain est un football psycho-théorique,
magico-religieux et technico-tactico-physique. Pour Pierre LAFRANCHI et
al. (2002) dans Le football, il signale
qu'« il est pur, naïf et infantile ». Il est
tributaire du style de jeu, qu'il soit défensif (antijeu) ou offensif,
décrit l'ensemble des expressions caractéristiques d'un collectif
à même de conférer un cachet ou une identité
à l'équipe. Alain EHRENBERG (1985) voit en le football «
une représentation symbolique des valeurs fondamentales de la
société moderne ». Il ajoute aussi que
Le football n'est pas un agent de manipulation, mais un
enjeu entre des forces qui, dans certaines conjonctures, se l'arrachent et
tentent d'imposer leur légitimité sur la scène publique.
Il ne s'agit évidemment pas de défendre ici une quelconque "
pureté '' du sport .Elle fait elle-même partie de l'enjeu, mais de
mieux situer le problème. Si les rapports entre sport et politique sont
étroits, ils sont contradictoires et ambigus, pour le moins
complexes.
Pour renchérir, Béa VIDACS4(*) souligne que le football
favorise la formation de l'identité et l'identification des niveaux
d'exclusion, de la culture à la région, de la région
à la nation, de la nation au continent et du continent au monde, selon
les conditions économiques, politiques, raciales et les circonstances
historiques. C'est dire que le football uni et divise les peuples en ceci que
les matchs entre vétérans et jeunes, publics et privés,
armées et civils, employeurs et employés renforcent le lien entre
les peuples et les cultures malgré l'ethnicité en tant que
danger, qui abdique la méritocratie, détruit l'objectif de
l'équipe et réduit le rendu lors des matchs. Cette
ethnicité selon elle peut être manipulée par
le « nous » contre le « vous », le
« soi » et l'« autre » selon les termes
de MBONJI EDJENGUELE (2000). Au niveau local, cette ethnicité abonde,
par contre au niveau national, il est réduit. Pour Théodore ATEBA
YENE (1990) et Béa VIDACS (2010), le football comprend à la fois
une partie cachée (dessous) et visible (dessus) et est régi parce
que Béa VIDACS appelle « le principe de la
parenté » gouvernant le football. Comme celui d'autres
continents, il possède son propre style et ses propres conceptions du
jeu.
Le football dans chaque société a ses
spécificités et ses réalités et les joueurs, leur
propre manière de penser, de s'exprimer. Ce football repose sur la
conservation du ballon afin de mieux construire le jeu. Proposant une
inauguration de la tradition totémique des fauves et rapaces, lieux
sacrés, le club Manguissa appelé « Lion
Sportif » répandu la nouvelle et c'est ainsi que la
dénomination des clubs de football, est tributaire des
éléments culturels ou naturels de l'environnement. C'est le cas
des clubs tels que « Caïman » de Douala
relatif à l'élément « eau » ;
« Bamboutos » de Mbouda en rapport avec les Monts
Mangwa, lieux sacrés ; « Tonnerre Kalara Club
» de Yaoundé relatif à un phénomène naturel
culturalisé ; « Coton Sport » de Garoua en
rapport avec la culture prédominante ;
« Fôvù » de Baham relatif au Dieu de
la grotte; « Aigle » de Dschang ;
« Scorpion » de Mbe etc. Ces dénominations
montrent la relativité ethnique et le retour à la terre
mère. Pendant les préparations des matchs et les
compétitions, les clubs, en fonction de leurs ethnonymes, veulent faire
régner à jamais leur suprématie sur les autres or pour
qu'il y ait domination, il faudrait qu'un club soit plus combatif et mieux
préparer, ceci avec l'exclusion du paramètre des officiels. Une
fois celui mis en exergue, tout devient spéculation.
Notons aussi les ancêtres, qui jouent un rôle
dans la victoire ou la défaite des clubs sur le stade, par le fait de
n'avoir pas été consulté lors de l'aménagement du
stade Omnisport de Yaoundé en 1972 car dit-on le squelette des morts a
été exhumés et mis à nu troublant ainsi leur
tranquillité; c'est ce dont signalait déjà MBONJI
EDJENGUELE (1998) dans Les cultures de développement en
Afrique : essai sur l'impossible développement sans
révolution culturelle qu' « en négro-culture, les
morts ne sont pas morts puisqu'ils vivent à travers les vivants, leurs
progénitures ». Pour cela, ils formulent une
malédiction sous forme de magie contre des individus et des formations.
Les mystères de la culture africaine paraissent
difficiles à comprendre pour les allogènes pourtant ils
constituent le cosmos des peuples noirs d'Afrique. Dans l'équipe
nationale tout comme dans les clubs, les camerounais n'ont pas la même
tradition historique et culturelle encore moins les même
intérêts économiques, pratiques et religieuses. Les
pratiques « maraboutiques » illustrent la logique des jeux au
hasard car la « mentalité magique » selon Jean MFOULOU
cité par Charles ATEBA EYENE (2011) fragilise tout
effort pouvant contribuer au développement du sport. Joseph OWONA
cité par Charles ATEBA EYENE (2011), renchérit en
présentant cela comme les « ruses et pièges à
éviter pour la qualité du mouvement sportif car pour lui, ce
système de prédiction des marabouts à plusieurs fois
montré ses limites sinon le Vaudou béninois et la Magie indienne
auront fait de leurs pays des champions du monde.»
Pourtant si le sport migre d'une activité physique vers
une activité sociale codifiée, cela fait partie intégrante
du concept de culture ou de civilisation dont Edward Burnett TYLOR (1871) dans
Primitive culture, résume en un « tout complexe qui
comprend les connaissances, les croyances, l'art, les lois, la morale, la
coutume et toutes autres capacités ou aptitudes acquises par l'homme en
tant que membre de la société ». C'est dire que
toute activité est culturelle et holiste, totale et doit selon MBONJI
EDJENGUELE (2000) dans les Cultures-vérités en Afrique.
Le soi et l'autre. Ethnologie d'une relation d'exclusion, sortir de l'art de
vivre pour la science ou la vérité de vivre. Le football en tant
que production culturelle puisant dans les valeurs du passé en
effectuant un va et vient permanent avec le présent, représente
la sensibilité, le mode de vie d'un peuple afin qu'il ne participe
à la civilisation universelle.
Marc AUGE (1982 ; 1998) et Christian BROMBERGER (1995)
apportent une approche entre sport et religion bien distincte de celle de
Jean-Marie BROHM (1983) qui pour lui, voit des métaphores religieuses du
discours sportif à travers las pratiquants, les cathédrales etc.,
la dimension sacrée des maillots, des trophées et des
médailles ; en ceci que le sport-spectacle football devient pour
certaines personnes ou groupes de personnes une religion de substitution
c'est-à-dire qui fonctionne comme une « religion sans
Dieux » . Cette discipline sportive entretient d'étroite
relation avec le sacré car il pallie le recul de la religion
traditionnelle dans les sociétés modernes. La
cérémonie sportive constitue un rite qui rassure les participants
contre l'angoisse et canalise les émotions. Marc AUGE (1982)
évoque la conception zoulou du football est influencée par la
soumission des guerriers au roi Shaka, organisateur de la nation zoulou au
début du XIXème siècle. Pour cela, autour d'un
grand feu, le guérisseur anti-sorcier responsable blessures sur le
corps, faisait absorber aux joueurs des potions afin de donner force et
vaillance ; blindait les chaussures et maillots comme armes de combat et
l'abstinence sexuelle comme manifestants de l'organisation guerrière et
sportive. Il écrit à cet effet :
Peut-on, par exemple, aimer le football, regarder la
télévision, et rendre compte du fait que pour la première
fois dans l'histoire de l'humanité, à intervalles
réguliers et à heure fixe, des millions d'individus s'installent
devant leur autel domestique pour assister et, au sens plein du terme,
participer à la célébration d'un même rituel ?
L'espace sportif ou le stade quant à lui, devient un
milieu d'enculturation, d'intégration et d'échange à
travers des chorégraphies et autres prestations et à partir d'un
ensemble d'idées et de sentiments et de pratiques.
II.1.5 Le football comme un système
économique
On distingue trois postulats dans le système
économique : les substantialistes, les formalistes et les marxistes. Il
est important de noter que ces trois postulats sont présents au
Cameroun. Le football s'érige en une entreprise, un business pour les
pratiquants, pour les dirigeants et pour les supporteurs. Selon Evariste
TSHIMANGA (2001), la vente des joueurs est due au déficit des moyens
financiers pour les besoins de fonds de roulement. A cet effet ils prennent
directement attache avec les clubs d'accueil et négocient les prix et
les conditions de transfert, ou, préfèrent passer par les
managers ou recruteurs qui connaissent mieux le marché. Tandis que les
clubs affiliés sont soumis à la réglementation, ceux non
affiliés ou associations sportives n'ayant pas de licence ni
répertoires, font l'objet d'une corruption et pillage
systématique des jeunes joueurs. Ce sont les présidents, coachs,
joueurs et leurs familles qui eux-mêmes se constituent en vendeurs et
prennent contact avec d'autres clubs. C'est la raison pour laquelle les jeunes
footballeurs préfèrent la clandestinité, à l'insu
des dirigeants sportifs. Les principales motivations ont
trait à:
- l'argent, qui détruit les valeurs humaines et
culturelles voire la suprématie sportive ;
- la libéralisation des marchés d'achats
(prêt, vente et revente) ;
- l'insertion des hommes d'affaires dans le football ;
- la priorité au niveau qualitatif et à la
plus-value.
Cela a comme incidences positives l'image des joueurs dans le
club d'accueil, son intégration sociale (bonheur familial), les
retombées financières et matérielles. Quant aux incidences
négatives, on note l'affaiblissement de la qualité et de la
quantité de joueurs, le non paiement des indemnités de formation
par les clubs acheteurs et l'insuffisance des retombées
financières. En clair, Evariste TSHIMANGA
(2001) veut faire ressortir les différentes
phases d'un système économique : la production ou la formation
des joueurs ; la distribution ou la vente ou encore le prêt, l'emprunt
ou le transfèrement des joueurs ; et la consommation ou utilisation
de ces derniers. Le club qui produit ou achète les joueurs n'est pas
forcément celui qui utilise. L'argent du football tel que vu par Patrick
MIGNON (2002) dans L'argent du football, mérite d'être
dichotomisé selon l'évolution du temps :
- avant 1920, l'argent du football était destiné
aux propriétaires des grandes sociétés (Peugeot), et aux
hommes nantis, buveurs de grands vins, pour les dépenses au profit du
club afin de recherché la paix, le prestige.
- de nos jours, de Guy ROUX à Alex FERGUSON en passant
par Nicolas ANELKA, le football n'a rien à voir avec l'affectif, ce
n'est plus un passe-temps pour les hommes fortunés car l'argent du
football est aussi professionnalisé. C'est dire que la logique
rationaliste de la rentabilisation a pris le pas sur celle du prestige et de la
dépense. C'est devenu le « foot business »
ou « foot mafia » (Charles NGUINI : 1996).
Dans ce foot-commerce, plusieurs couches de la population y trouvent leurs
comptes car lorsqu'il y a rencontre entre deux équipes, les caves
réalisent d'énormes revenus par les fans actifs et passifs et
l'on constate que le match se joue non plus au stade ou sous le petit
écran, mais autour d'une table couverte de bière.
Aussi, ce jeu présente une relation patrons-clients,
identique à celle du parent à l'enfant en ce sens que plus le
revenu du président du club augmente, plus la situation du joueur se
stabilise. Ce système capitaliste fait penser aux joueurs, dont la paie
serait sous forme de salaire ou d'aumône. Force est aussi de constater
que l'activité footballistique favorise le développement des
infrastructures telles que les routes, les stades et hôtels, ainsi que
la multiplication dans la fabrication des gadgets pour joueurs et supporteurs.
L'intensification de l'activité touristique, de transport, culinaire et
surtout des relations interculturelles n'est pas en reste. (Charles ATEBA
EYENE : 2011).
D'après Nkou MVONDO (2009) « le sport
au Cameroun est en péril parce que l'argent à lui destiné
est détourné y compris celui des clubs ». Il met en
scène selon MANIRAKISA (2002) des rapports de force entre
aînés et cadets, patrons et clients, parrains et
protégés, puissants et faibles. C'est ce qui pourrait aussi
expliquer les contres performances des formations sportives. Le fait de
l'imprécision du jour de la finale du championnat au Cameroun, amenuise
la rentrée des devises en matière de tourisme. Pour Evariste
TSHIMANGA (2001) agit dans son ouvrage intitulé Le commerce et
la traite des footballeurs africains et sud-américains en Europe
que « les officiels commettent souvent des erreurs lors de
l'exercice de leur fonction, ce à cause de l'ethnocentrisme et de
l'atmosphère du jeu ». Le club d'accueil a souvent
développé climat peu clément, défavorable à
l'intégration des joueurs allochtones, qui ne savent ni
mentalités, ni moeurs et coutumes, ni langues du milieu. Cela suscite
aussi un enjeu local lié aux rapports territoriaux car d'après
Olivier Le NOE (2002), « le sport le instrumentalisé aux
fins économiques et politiques. »
La force de la croyance dans ce support d'images et
d'identités, conclut à l'acceptation de l'utilité sociale
du football au plan local, l'impact sur la propriété culturelle
du football (animation des spectateurs et groupes de danse) et la
responsabilisation des collectivités locales (rencontre entre les
communautés locales dont les socles peuvent être socioculturels,
religieux ou ethniques) qui entretiennent des relations de concurrence et
d'incertitude liées aux statuts individuels et collectifs. Ce sport
devient dans de nombreuses cultures un symbole de modernité et
l'expression idéale d'un sentiment ethnocentrique. Dans les bars
arborant les effigies des joueurs, leurs noms (clubs et joueurs) ou
numéros sur la muraille, montrent un certain repli sur
l'identité culturelle.
II.1.6 Les supporteurs dans le football
Le match de football en dehors des adversaires, a pour juge
les arbitres et pour adjuvants-force les supporteurs. L'objet-valeur ici est le
but par l'envoi du ballon au fond des filets adverses ou tout simplement la
victoire. Un match n'est jamais gagné à l'avance puisque pour
Jérôme BUREAU (2002) dans Le football, « il
n'y a plus de petites équipes » car il existe des
rivalités entre supporteurs via des comportements agressifs et
machistes. Ce « supportérisme » de Nicolas HOURCADE
(2002) se présente sous quatre types :
- le consommateur (public): celui-ci indique si le
produit lui convient ou non. Il boycotte les matchs s'il n'est pas
satisfait ;
- l'associé au club (chercheur): il est
très proche des joueurs et des dirigeants et conçoit le club de
manière consensuelle ;
- le défendeur d'une vision conflictuelle du club
(élite et décideur) : il se positionne comme un des acteurs du
club, ayant un point de vue propre ;
- le hooligan (supporteur engagé) : il se met
délibérément hors jeu et c'est ce qui amène
Christian BROMBERGER (1998) dans La bagatelle la plus sérieuse
du monde, à dire au supporteur
« Paie !-Assieds-toi ! Tais-toi ». Par
conséquent, il demande à ce public fanatisé et
considéré comme douzième homme de l'équipe, de
fixer des limites et de rester fair-play. Pour Marc AUGE5(*)
Ils observeraient aisément que ces rassemblements
populaires s'accompagnent paradoxalement d'une intensification du culte
domestique, et découvriraient avec intérêt que le drame
célébré en un lieu central par vingt-trois officiants et
quelques comparses devant une foule de fidèles d'importance variable
mais pouvant atteindre cinquante mille individus est suivi avec la même
foi à domicile par des millions de pratiquants si au fait des
détails de la liturgie que, sans apparemment s'être donné
le mot, ils se lèvent, s'exclament, rugissent ou se rassoient au
même rythme que la foule rassemblée.
On constate donc que la professionnalisation du football au
Cameroun creuse une distance entre eux, les dirigeants et les joueurs. De
diverses manières, ces supporters tentent de se construire une nouvelle
place mais compte tenue de l'attitude des dirigeants, qui les relèguent
à la seule fonction de soutien au stade, ils se peinent à se
reconstruire en acteurs à part entière.
II.1.7 Le football : le revers d'une médaille
Le football pour certains auteurs est un facteur unificateur
mais pour d'autres en l'occurrence Nkou MVONDO, c'est une médaille
à deux face dont la première, faite de victoires, cache la
seconde, jouxtée des réalités négatives
vécues. C'est ce qu'il appelle l'« arbre qui cache la
forêt ». Jean Lambert NANG (2009)
dans Desperate football house. Six mois dans l'enfer de la
Fécafoot, voit en le football, un désespoir due au cercle vicieux
des « prédateurs » et de l' «
impunité » des membres. Le refus de débat au sein des
organisations et le poids de l'argent en milieu sportif rendent hypnagogique le
succès du football (Jean Bruno TAGNE, 2010). C'est fort de cela qu'il
parle de « planification de l'échec » où
il prend pour cadre événementiel le cas des « Lions
Indomptables » en 2010. Pour abonder dans le même sens,
Charles ATEBA EYENE signale que le football est une « menace
pour la paix et l'unité nationale » car d'après
l'illustre auteur, « les hommes politiques pour maintenir la paix
et la stabilité du Cameroun, font feu de tout bois ».
Franz FANON (1961) avait déjà mentionné dans Les
damnés de la terre que
L'homme politique africain ne doit pas se
préoccuper de faire des sportifs mais des hommes conscients qui, par
ailleurs, sont sportifs. Si le sport n'est pas intégré dans la
vie nationale, c'est-à-dire dans la construction nationale, si l'on
construit des sportifs nationaux et non des hommes conscients alors rapidement
on assistera au pourrissement du sport par le professionnalisme, le
commercialisme.
Le football est devenu le socle et l'instrument de
l'unité et de l'intégration nationale dont le revers est encore
mal conçu. Charles ATEBA EYENE (2011) prend pour
référence, le penalty raté de Samuel ETO'O et son
opposition au remplacement de Choupo MOTING, la défaite du Cameroun en
Juin 2011 au quartier Nfandena, terre mère, synonyme
d'élimination à la CAN 2012. En additif, les joueurs
évoluant dans les championnats locaux sont méprisés
à l'exception de quelques joueurs tels que Roger MILLA, Thomas NKONO et
Théophile ABEGA (de regretté mémoire) du Canon, Abouna
NDJANA des Astres de Douala, au profit de ceux livrant leurs talents à
l'étranger. C'est dire qu'il existe un hiatus dans la
crédibilité non seulement des joueurs, mais aussi dans la
pertinence et l'efficacité du championnat, et dans la technique de
placement de ces derniers.
Cependant, les clubs qui ont réussi localement et au
niveau national constituent un renforcement de l'identité. Selon Charles
ATEBA EYENE (2011), ils sont peu nombreux et sont des clubs tels que Coton
Sport de Garoua (Cameroun), Al Ahly (Egypte), Tout Puissant Mazembe (RDC) qui
pour ce dernier, a disputé un match avec le club italien Inter de Milan
en 2010.
II.1.8 Les arbitres dans le football
Les arbitres sont dans un match de football
considérés comme des personnes désignées pour
veiller à la régularité d'une compétition, d'une
épreuve sportive. Ils se doivent d'accomplir leur mission respective de
médiateur. Cependant, ces officiels sont des personnes humaines dont
douées de sentiments affectifs. Leur flexibilité et leur
désir les poussent parfois à faillir face à des
propositions.
II.1.9 Le coach dans le football
Le coach, encore appelé entraîneur est une
personne qui a pour mission de défricher les âmes des joueurs, de
catalyser le jeu, de développer les talents, d'éclairer et de
façonner les joueurs afin de les rendre plus performant. Le coaching est
ainsi dire l'accompagnement en miroir d'un individu ou d'un groupe dans
l'atteinte de ses objectifs. Ce par la maïeutique ou les résultats
orientés et des modèles tels que le model-oignon ou le
model-étoile de performance. Pour cela les coachés doivent
d'abord manifester la volonté d'être coaché. Par ailleurs,
le choix des coachs est un exercice difficile car pour Bea VIDACS (2010),
l'histoire, le sexe, l'ethnie, la race et la personnalité d'un coach
influencent positivement ou négativement l'équipe à
coacher. C'est la raison pour laquelle les coachés et leurs fans voient
en ce dernier le symbole de l'évolution ou de la retro-évolution.
Contrairement au coach expatrié qui met à l'abri le tribalisme au
niveau national, celui local est source de haine lorsqu'il connaît
l'échec. A ce niveau, c'est toute son ethnie qui est fustigée et
huée. Ce qui pourrait dégénérer en un homicide et
un ethnocide.
Le football en tant que jeu collectif est devenu un facteur de
rassemblement du peuple en général et des cultures en
particulier. Cette activité sportive bien qu'ayant changé de
finalité, reste liée à l'objectif de départ, qui
n'est rien d'autre que le patriotisme. Cela s'explique par le fait que le
footballer met en évidence ses capacités théoriques et
pratiques pour servir d'abord son club via les supporteurs dont l'influence
est considérable ; ensuite servir son ethnie et son pays via le
nombre de sélections ; et enfin se servir par la vente de son
expertise. C'est dire que cet individu-joueur a été moulé
dans son environnement au départ et a gagné la confiance du
peuple en prouvant par des actions concrètes ses compétences.
Ce type de footballeur tend à se sédentariser
dans son club d'origine et cela rend stérile la dynamique sociale. En ce
qui concerne les réformes dans le football, force est de constater que
plusieurs lois et textes ont été publiés mais ne sont pas
encore entrés en application. A titre d'exemple, en 2011, il
était question d'affilier tous les joueurs, coaches reconnus à la
Caisse Nationale de Prévoyance Sociale et qu'après leur retraite,
qu'une pension leur soit versé. Ce sport n'est pas toujours comme le
pense Pierre de COUBERTIN (1972) une activité physique car l'esprit qui
amine le corps humain est le centre de toute action dont la manifestation est
orientée sur les différents organes. C'est dire que l'objet, vu
ici comme un exercice physique est d'abord pensé puis agit voire
orienté afin d'adoucir ou d'amplifier un geste. Cette recherche veut
débusquer les insuffisances dans le système de gestion du Canon
Sportif de Yaoundé en mettant en évidence les rapports entre
différents acteurs, leurs façons d'agir et surtout, l'influence
de la culture sur leur personnalité.
Le football tel que pratiqué au Cameroun par
l'équipe nationale et les clubs de division d'élite a connu
plusieurs ouvrages au fil du temps. Des dessous scandaleux du football au
Cameroun de Theodore ATEBA YENE (1990) au mouvement sportif pris en otage par
les braconniers de Charles ATEBA EYENE (2011) en passant par l'intellectuel et
le football de Marc PERELMAN (2002) dans son ouvrage intitulé Les
Intellectuels et le football. Montée de tous les maux et recul de
la pensée, force est de constater que cette activité ludique est
crispée dans sa conception à travers les textes et dans sa mise
en pratique par une gestion intéressée. Cependant, lorsque Jean
Bruno TAGNE (2010) parle dans Programmés pour échouer
de « la planification de l'échec » d'une
équipe, il tait le fait que pendant un championnat ou une
compétition voire un match, la loi du football est celle soit d'un
vainqueur et d'un vaincu, soit d`un match nul ; pour cela, l'échec
d'une équipe ne saurait être planifié à l'avance car
comme le stipule Jérôme BUREAU (2002), « il n'y a plus
de petites équipes ». Si la paix et la stabilité
nationale sont menacées par le football, c'est parce qu'il est pour la
population ce que Jean-Marie BROHM et Marc PERELMAN (2002), et Bea VIDACS
(2010), ont appelé respectivement la « peste
émotionnelle » et l' « opium du
peuple ». C'est sur cette base que les politiciens ont utilisé
ce sport pour en faire l'objet de leurs batailles et de leurs discours.
Pourtant, il existe toute une panoplie de disciplines sportives notamment
handball et le volleyball qui attirent aussi l'attention d'une bonne tranche de
la population.
Ces disciplines ont par conséquent une importance sur
la paix nonobstant les appareils de l'Etat dont les organes de maintien de
l'ordre et de la paix ; l'eau et l'assainissement ;
l'éducation et la santé qui sont des points focaux pouvant
constituer l'objet d'une réelle menace politique voire d'un
véritable discours politique. En ce qui concerne les officiels de match,
notons qu'ils sont des êtres humains doués d'intelligence, de
compétence mais sont également faillibles car la perfection
n'étant qu'une idéologie, il est difficile de l'atteindre. C'est
dire que les erreurs commises par ces arbitres ne sont pas toujours dues
à leur volonté, ni leur ethnocentrisme encore moins à la
corruption. Les supporteurs quant à eux ne sont pas toujours au prorata
de l'équipe d'origine, ils peuvent changer de cible pour
l'appréciation du beau football et du fair play.
Les ouvrages dont nous nous sommes servi pour cette revue de
la littérature sur le football, sont l'oeuvre de journalistes
(radio-télé et presse), d'anciens joueurs, d'anciens coaches, de
politologues et de sociologues dont vu sous différents angles. La
présente recherche à la particularité d'être le
résultat d'un travail ethnographique respectant les étapes de la
recherche scientifique. De plus, elle est la première recherche
anthropologique menée sur les clubs de la MTN Elite One au Cameroun en
général et sur le Canon de Yaoundé en particulier en
matière de stratégie de gestion en rapport avec la culture des
personnalités ou des acteurs.
II.2 LE CADRE THEORIQUE
Dans l'optique de vérifier les hypothèses afin
d'atteindre les objectifs préalablement fixés, il est judicieux
de soutenir notre recherche avec des théories. La théorie est un
ensemble cohérent de mots, de groupe de mots, de pensées logiques
ou de chiffres servant à expliquer un phénomène, un fait
et des données. C'est encore l'outil scientifique
d'interprétation des données. Selon MBONJI EDJENGUELE (2005) dans
son ouvrage intitulé L'Ethno-Perspective ou la Méthode du
discours de l'Ethno-Anthropologie culturelle, « la
théorie se veut un corps explicatif global et synthétique
établissant des liens de relation causale entre les faits
observés, analysés et généralisant lesdits liens
à toutes sortes de situations ». D'après
Madeleine GRAWITZ (1990) dans Méthodes de recherche en
sciences sociales, la théorie est « un schéma
simplifié et symbolique destiné à fournir un cadre de
raisonnement rigoureux pour expliquer une réalité
quelconque ». Nous proposant des pistes d'ouverture, d'analyse
et d'interprétation des données de terrain de façon
spéciale, la théorie est une construction purement
intellectuelle, donnant sens et signification aux faits. Nos données
sont interprétées avec quelques principes de trois
théories anthropologiques dont l'analyse stratégique et le
culturalisme.
II.2.1 L'analyse stratégique
Cette théorie intervient dans les
sociétés, les organisations impersonnelles comme les
bureaucraties, qui se présentent d'après Michel CROZIER (1977) en
systèmes uniques, spécifiques dont différents des
organisations humaines qui ont des objectifs définis et tournés
vers les besoins et les résultats précis et immédiats. Ce
modèle théorique a été utilisé dans des
domaines aussi variés que le champ artistique, le domaine politique,
pénal, policier ; le secteur de la santé ; le milieu
carcéral. Il peut donc être utilisé dès lors qu'un
système d'action est mis en évidence dans la vie publique ou
privée. Pour Michel CROZIER (1977) les organisations impersonnelles sont
sources de conflits, qui engendrent des stratégies individuelles
subjectives et intéressées, dont la confrontation aboutit au
blocage du système c'est-à-dire des résistances au
changement, et par là, la non-réalisation des objectifs
collectifs à cause de la divergence des intérêts. L'analyse
stratégique va donc monter que les conflits d'intérêts et
d'autorité poussent les individus à développer des
stratégies gagnantes afin de satisfaire leurs besoins personnels dont
l'interface peut s'avérer nuisible au bon fonctionnement de la structure
d'ensemble pourtant au service de l'homme. Selon l'auteur, c'est sur la base
de ces postulats qu'il faut analyser le fonctionnement des organisations et en
l'occurrence celle du Canon Sportif de Yaoundé.
L'analyse stratégique étudie donc les relations
de pouvoir et les effets des stratégies des acteurs dans l'organisation
sous forme de « zones d'incertitudes » et de
« cercles vicieux bureaucratiques » à cause de la
multiplication des règles. Elle cherche à mettre au jour les
logiques sous-jacentes des systèmes contingents nés de cette
interdépendance. Elle est devenue une méthode de diagnostic
organisationnel et d'accompagnement du changement de plus en plus
usitée, par des chercheurs mais aussi par des professionnels du
management. C'est un système centralisé, rigide et
cloisonné qui imprègne l'ensemble des organisations et
empêche tout changement social. Pour lui, « un mauvais
acteur est un danger pour tout le système ».
L'analyse stratégique en offrant des concepts
théoriques, permet une utilisation dans notre recherche. Elle constitue
un cadre d'interprétation du changement et une démarche
théorique de recherche. Pour cela, nous nous sommes focalisé sur
quelques concepts et groupe de mots tels l'acteur stratégique ; la
stratégie ; le pouvoir et la zone d'incertitude. Ces concepts nous
ont été utiles dans la compréhension du système de
gestion dans le CSY et ses conséquences au niveau des du club en
général et des membres en particulier. Ainsi, les membres actifs
et passifs ou tout simplement les acteurs, recourent à certaines
pratiques magico-religieuses comme stratégie de défense et
d'attaque afin de rayonner, de se maintenir au pouvoir, d'assurer
l'autorité sur le confrère et surtout sur l'équipe
adversaire. Ces différentes stratégies individuelles et
collectives forment ce qu'il convient d'appeler une zone d'incertitude.
II.2.3 Le culturalisme
Le culturalisme est un courant de pensée qui
met en exergue la prédominance de la culture dans la formation de
l'individu et du groupe ainsi que leur organisation ; ceci par
l'éducation, le mimétisme et le conditionnement (enculturation).
C'est vers les années 1940 que cette théorie vit le jour avec des
auteurs comme Ruth BENEDICT, Ralph LINTON, Margaret MEAD et Abraham KARDINER,
tous formés par Franz BOAS. Pour eux, la culture est « la
configuration des comportements appris et de leurs résultats dont les
éléments composants sont partagés et transmis par les
membres d'une société donnée ». C'est dire
que nous agissons et réagissons par la vertu de la culture dont nous en
reflétons les patterns (spécificités) ou mieux,
l'homme est le reflet de sa culture et constitue la personnalité de base
ou le caractère naturel qui est semblable à la sève qui
coule dans ses veines. Etant donné que le CSY, club des Ewondo de
Nkolndongo regorge dans son équipe moult joueurs venus d'ici et
d'ailleurs, chacun de ces joueurs a été formaté d'avance
par sa culture pour les autochtones et par la suite intègre les
éléments de la culture d'accueil en ce qui concerne les
allochtones. Ceci est à l'origine de certains conflits observés
quelques jours, entre les joueurs pendant et après les entrainements au
sujet non seulement de l'acquisition de la confiance du coach, mais aussi de la
sélection des onze entrants.
En nous renfermant sur les concepts ou groupes de mots tels
que personnalité de base de Abraham KARDINER (1966) et patterns of
culture de Ruth BENEDICT (1934), nous montrons
que chaque culture a une originalité, une spécificité qui
confère une unité significative et générale au
groupe car le comportement dudit groupe est provoqué par la transmission
des valeurs au sein de la famille, par l'éducation et les groupes de
paires. Les valeurs culturelles acquises constituent l'équipement mental
des individus dès l'enfance. Cet équipement mental serait le
socle des façons de voir, de penser et d'agir des membres du CSY.
Les patterns ou spécificités culturelles, servent de
fondement pour les pratiques magico-religieuses puisque dans cette
association, il existe une diversité d'acteurs (autochtones et
allogènes), chacun avec la personnalité dont il reflète et
où il transpose son savoir-faire, sa façon d'agir et de penser
différent de celle de la structure d'accueil. Ce qui créé
un choc de pratiques internes (coéquipiers) et externes (adversaires).
C'est aussi pour cette raison que Michel CROZIER (1979) affirmait
qu' « on ne change pas la société par
décret ».
En résumé, il s'est agit dans cette partie de
faire un état des lieux sur la littérature du sport notamment
celui du football dans le contexte actuel de la structuration du
Kpa-Kum. De plus, de présenter de façon critique les
courants majeurs et les concepts chers, qui nous ont aidé à
interpréter nos données sur les stratégies qu'adoptent les
individus en matière de gestion du football en rapport avec leur
personnalité de base et l'intérêt auquel ils devraient
être fixés.
CHAPITRE III :
PRATIQUE DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO DE NKOLNDONGO
Le chapitre précédent a présenté
le milieu de cette recherche, notamment l'environnement physique et humain. Il
est question dans cette partie de notre recherche de décrire le CSY tel
qu'il se présente depuis sa création jusqu'à nos jours
avec son identité, son évolution, ses icônes et des moments
de gloires qu'il a connu. Il s'agira ensuite de présenter comment se
structure ce club d'Elite One de la LPFC. Enfin, le cap sera mis sur le
patrimoine infrastructurel du CSY. Egalement, nous allons présenter ce
dont nous observions lors des entrainements, avant, pendant et après les
matchs au sein de cette équipe.
III.1 LE CSY DE LA CREATION A NOS JOURS
Le CSY est un club de football qui a été
créé au sein de la culture ewondo. Il a évolué dans
le temps et dans l'espace en intégrant plus ou moins de nouveaux aspects
liés aux contraintes sociales. Le CSY est une association sportive
pluridisciplinaire régie par la loi N°90/053 du 19 Décembre
1990 et celle N ° 96/09 du 05 Août 19966(*).
III.1.1 La création du Canon Sportif de
Yaoundé
La création du CSY est la conséquence
immédiate de l'arrivée du commerçant Sierra Léonais
Georges GOETHE et de sa famille au Cameroun en 1923. Ainsi, celles-ci ont
rapidement fait recourt aux substituts tels que vessies de boeuf
gonflées, oranges et tout autre objet ayant la forme d'un ballon.
Deuxièmement, Georges GOETHE créé et préside le
Club Athlétique du Cameroun (C.A.C), la toute première formation
sportive. Sur ce, la toute première équipe de football locale
formée à Douala eut le nom de
« Lune »7(*). C'est suite à cela que Yaoundé
emboîta immédiatement le pas avec trois formations8(*) qui avaient été
conviées à participer au tournoi de football.
De façon immédiate, le CSY est aussi le
résultat d'une kyrielle de proposition car, comme le signalait
déjà ETIENNE, les formations sportives devraient portées
le nom des totems, rapaces et fauves. De plus, il fallait trouver illico un
club autochtone qui devait croiser le fer avec l'Etoile Indigène. Des
propositions Guépards, Panthère, Musaraigne, Epervier, Cobra,
Zèbre etc., rien ne fut adopté. C'est Mvogo MELINGUI9(*) qui pris la parole et
demanda : « quel est le nom du fameux fusil qui mis
l'armée allemande en déroute à Yaoundé en 1916 dont
le cliquetis était « Kpa » suivi de la
détonation « Kum » ? »
l'assistance répondit comme un seul homme :
« Canon ! Canon ! Canon ! ». Ainsi,
naquît 26 ans après la création de la FIFA à
Mvog-Mbi, précisément le 9 Novembre 1930 le CSY avec pour
président unanimement élu Herman YENE, aux fins de disputer le
match du 11 Novembre 1930, remporté par ce dernier. Entre 1989 et 2009
déclare Théophile ABEGA MBIDA10(*), ancien du CSY
Le Canon a perdu de son illustre d'antan et s'est
détrône de son piédestal de club le plus titré
d'Afrique par ceux maghrébins plus riches et mieux structurés.
Ce club a besoin de tous pour reprendre la course aux lauriers
nationaux et continentaux bref à la course de l'esprit canon
Le Club de Nkolndongo a conservé son nom de CSY mais, a
connu plusieurs autres appellations. Il a aussi connu moult changements dans sa
structuration, sa gestion et sa pratique du jeu, son ouverture à
d'autres cultures et sa modernisation. La création du CSY fut donc
processuelle et a connu l'intervention de plusieurs acteurs autochtones (clan
Mvog-Mbi) et allochtones (Alexandre KOLLE). L'équipe ainsi
créée, doit s'identifier par un certain nombre
d'éléments propres à la culture.
III.1.2 Identité du Canon Sportif de Yaoundé
La formation du CSY est une formation qui lors de sa
création, était presque autochtone du président aux
joueurs. Son identité est actualisée par l'hymne, les
emblèmes, la devise, le drapeau, les couleurs et une carapace de tortue
potentialisée.
III.1.2.1 L'hymne du Canon Sportif de Yaoundé
Le tout premier hymne du CSY a été
créé par improvisation par Martin FOUDA en 1930. Il a
été majoritairement modifié. Voilà
présenté ci-dessous la première version en langue
ewondo et la deuxième en français vers les
années 1990.
Hymne du CSY version d'origine en Ewondo
Traduction littérale
Canon ane bia ya tiga ya nnam me wam Canon est nous
ici héritage ici (village de nous)
Canon ane bia ya tiga ya nnam me wam Canon est nous
ici héritage ici (village de nous)
Canon a til ne na bivogle mben Canon
il signifie que écoutez bien
a til ne na, Il signifie que
Nnam Ewondo, nnam Cameroun Village
Ewondo, Pays Cameroun
Nnam Cameroun, nnam Ewondo Pays
Cameroun, village Ewondo
Olouga abo ye wa
Canon Gloire soit à toi canon
Olouga abo ye wa
Gloire soit à toi
A Canon ekip be nnam Le
Canon équipe du village
A Canon kele o su
Le Canon allez avant
A Canon bia fidi wa
Le Canon nous compter toi
A Canon kele o su
Le Canon allez avant
Traduction littéraire
Canon est pour nous un héritage dans ce village
Canon est pour nous un héritage dans ce village
Canon signifie écoutez bien
Le peuple Ewondo, le pays Cameroun
Le pays Cameroun, le peuple Ewondo
Gloire soit à toi canon
Gloire à toi
Canon équipe du village
Canon va de l'avant
Canon, nous comptons sur toi
Canon va de l'avant
A travers cet hymne, le mot canon revient huit fois ;
les mots gloire, village, peuple, Ewondo reviennent deux fois. Autrement dit,
l'activité footballistique est au centre de la vie sociale chez les
Ewondo. Ceci s'expliquerait par les mots tels que peuple, pays et village. Par
ailleurs, le mot Canon prononcé en début de texte est une
interpellation du club afin qu'il soit toujours aussi une
référence, un emblème.
III.1.2.2 Les emblèmes du Canon Sportif de
Yaoundé
Les emblèmes du CSY sont constitués d'un
bouclier sous forme d'une carapace avec en fond d'image deux couleurs dont l'un
verte (prospérité) et l'autre rouge vif (rigueur).
Planche3 : Les
emblèmes du Canon Sportif de Yaoundé
Cliché CSY (12 Août 2012)
Sur ces couleurs, on observe un canon roulant de marque
française tirant un ballon et en dessous de cet arsenal la date 1930. A
droite de cela, est portée la mention CANON SPORTIF DE YAOUNDE et en
dessous de celle-ci, d'autres mentions suivantes KPA KUM-MEKOK-ME-NGONDA ;
CHAMPION D'AFRIQUE, 1971, 1978, 1979, 1980 et Commandeur de l'ordre de la
valeur en italique. La devise de la SAOS11(*) est
« ETRE !-VAINCRE !-CONVAINCRE ! ». Certains
ajoutent à cette devise le verbe « MOURIR ». Son
drapeau est une pièce d'étoffe divisée en deux parties
égales sur lesquelles on retrouve respectivement la couleur verte et la
couleur rouge vif. Le slogan des Mekok-Me-Ngonda est « A
nous la victoire » et son cri de guerre « Canon
bombarde ! Canon bombarde ! Canon bombarde ! » Par
ailleurs, en 1930, son cri de guerre était lancé par le capitaine
et les joueurs répondaient au fur et en mesure cet appel
suivant :
Capitaine : « Canon !»
Joueurs : « Bombarde »
Capitaine: « Armes ! » Joueurs
« Défenses »
III.1.2.3 La carapace de la tortue
La carapace de la tortue fait partie des
éléments identifiant du CSY. Il s'agit d'une très grosse
carapace accrochée sur le mûr d'un membre dudit club. Elle est
posée sur un fond peint aux couleurs du club, jouxtée en
surbrillance et sous forme de dessin un canon tirant un ballon et des ballons
au sol. Cette carapace n'est pas marquée sur le logo de peur que
l'ennemi ou l'adversaire ne sache le secret12(*). Pour cet informateur, la carapace de cette tortue
est l'objet autour duquel tournent la vie et la survie du CSY car il l'a
accrochée chez lui vers les années 1980 lorsqu'il était
« porteur du sac » du CSY. Jusqu'en 2012, il était
intendant du club et assumait aussi le rôle de
kinésithérapeute, rôle qu'il assume jusqu'à nos
jours.
Planche 4: Ecock'le
kulu sur un mur à Mvog-Mbi
Cliché MOUAFO (21 Septembre 2012)
Le CSY dès sa création n'est pas resté en
autarcie. Pour son évolution, il s'est ouvert à l'alter et par
conséquent au Cameroun comme l'indique cette partie de l'hymne.
Canon a til ne na bivogle mben, a til ne na
Nnam Ewondo, nnam Cameroun
Nnam Cameroun, nnam Ewondo
Ce club se fait aussi identifié par les appellations
Mekok-Me-Ngonda et Kpa-Kum. Aussi, par les gadgets des
supporteurs tels que la tenue vestimentaire, la sirène mécanique,
les casques portant le nom du club, les différents tambours au nom de
nnom nkul, ngal nkul, nwan nkul, bigan bi nkul, nkan, mbè, mezegle,
elon, nyas etc. Il existe des chants et danses en ewondo
accompagnant les rencontres. A titre d'exemple, ce champ de victoire qui
célèbre la toute puissance du CSY.
III.1.3 Le Kpa-Kum : une équipe moderne
Le kpa-kum club de Yaoundé était une
équipe faite d'indigènes, qui parlaient la même langue et
avaient les mêmes allants de soi. Au fil du temps, ce club a rendu
concrète sa modernisation en vue de tourner le dos à
l'amateurisme et embrasser le professionnalisme par l'intégration d'un
certain nombre de faits notamment l'ouverture du club aux ethnies voisines et
lointaines12(*) à
travers le recrutement des joueurs originaires de Aghem (Nord-ouest), Moundang
(Extrême-nord), Homala (Ouest)... ; la création du conseil
des sages, du comité d'administration au détriment de la
présidence du club en 2011 ainsi que la prise en charge des clubs par
MTN Cameroon et la LPFC qui rend salarié les joueurs.
III.1.4 Les icônes du Canon Sportif de
Yaoundé
Les Mekok-Me-Ngonda de la création jusqu'aux
années 2000 a connu une pléthore de joueurs dont le talent ne
souffre d'aucune contestation. Ceux-là ont également fait l'objet
des palmarès nationaux et continentaux et ont à cet effet,
intégré l'équipe fanion des Lions Indomptables du
Cameroun et les grands clubs occidentaux. Il est important de signaler que le
joueur LAWAL (1992) de nationalité nigériane et les coaches tels
que Jean BAUDOIN (1967-1970) et Ivan RIDANOVIC (1978-1979),
respectivement de nationalité française et de nationalité
yougoslave, venus d'autres pays d'Afrique et du monde, ont marqué leur
passage dans le CSY. Les icônes dudit se distinguent à plusieurs
niveaux dont les présidents les plus charismatiques, les joueurs
emblématiques, les ballons d'or camerounais et africains, les
entraineurs les plus prolifiques.
III.1.4.1 Les présidents charismatiques
Les présidents qui ont eu une certaine aura13(*) dans le Kpa-Kum sont
ceux ayant parfois joué dans ledit club ou ayant été
entraineur pendant une certaine période. Nous avons à titre
d'illustration et par ordre chronologique Rudolph NTONE (1953-1969) ;
Benoît BINDZI (1969-1970) ; François SEMBE (1971-1972) ;
Ferdinand KOUNGOU (1972-1976) ; Jenner OLINGA (1976-1977,
1982-1985) ; Théodore ETEME (1977-1979) ; Alega NDONGO
(1979-1981) ; AVA AVA (1985-1987) ; Mbarga ABEGA (1987-1993) ;
EYEBE LEBOGO (1993-1997) ; Théophile ABEGA (1997-2009) ;
Céline EKO (en poste depuis 2011).
III.1.4.2 Les joueurs emblématiques
Le choix des joueurs de renom est fait suite au critère
de leadership que ces derniers ont exercé sur leurs co-équipiers.
Il s'agit Oscar de EYOUM (1965-1970), Emmanuel MVE (1970-1974) ; Jean Paul
AKONO (1974-1976) ; Jean MANGA ONGUENE (1976-1978) ; Théophile
ABEGA (1978-1984) ; Emmanuel KUNDE (1984-1987) et Pierre WOME de 2011
jusqu'aujourd'hui.
III.1.4.3 Les ballons d'or Camerounais et africains du Canon
Sportif de Yaoundé
Le CSY a connu plusieurs meilleurs joueurs encore
appelé « Ballon d'Or » au niveau national et
continental.
Les meilleurs joueurs camerounais du CSY sont Daniel EBOUE
(1974) ; Thomas NKONO (1978) ; Grégoire MBIDA (1980) ;
Théophile ABEGA (1982 et 1983) ; Emmanuel KUNDE (1985) ; Omam
BIYICK (1986) ; Jacques SONGO (1987) ; Louis Paul MFEDE de
regretté mémoire (1989) ; LAWAL de nationalité
nigériane (1992)
Parlant des « Ballons d'Or » africains,
ceci est donné en fonction de leurs prouesses individuelles sur les
stades continentaux. Thomas NKONO (1978 et 1980) ; Jean MANGA ONGUENE
(1980) et Théophile ABEGA (1984) sont ceux qui ont porté plus la
flamme du Kpa Kum.
III.1.4.4 Les entraineurs prolifiques
Les entraineurs ayant fait l'objet d'une icône sont ceux
qui ont fait preuve d'une performance individuelle (technique) et collective
(joueurs compétents). Grégoire ABENA (1960-1967) ; le
français Jean BAUDOIN (1967-1970) ; Laurent BENGONO
(1972-1978) ; Pierre ZEMBA (1978) ; Oscar EYOUM (1978-1981) ; le
yougoslave Ivan RIDANOVIC (1978-1979) ; Georges ASSAKO (1982-1983) ;
Jean Paul AKONO (1985-1987) ; Pie ESSONO (1987-1988) ; Jean MANGA
ONGUENE (1988-1993). Selon certains responsables, ont ne peut plus parler
d'entraineurs prolifiques de nos jours car le CSY n'a plus eu de titre
après l'an 2002.
III.1.5 Les gloires du Canon Sportif de Yaoundé
Les gloires du CSY se justifient par le nombre de coupes et
titres de champion du Cameroun, les titres continentaux et distinctions
honorifiques.
III.1.5.1 Les coupes et titres de champion du Cameroun
Les Mekok-Me-Ngonda demeurent jusqu'en 2013 le club
qui a le nombre le plus élevé de titres du Cameroun. Ces titres
remportés sont au nombre de 10, de même pour le nombre de coupes
remportées. Le tableau ci-dessous montre qu'en 1977 et en 1986, le CSY a
été a la fois champion du Cameroun et vainqueur de la coupe du
Cameroun.
Tableau 1 :
Classification des coupes et titres du Canon Sportif de Yaoundé
Titres
|
|
Champion du Cameroun
|
Vainqueur de la coupe du Cameroun
|
Différentes années
|
|
1967
|
1970
|
|
|
1973
|
1974
|
|
|
1975
|
|
1976
|
1977
|
1977
|
|
1978
|
1979
|
|
1980
|
|
1982
|
|
1985
|
|
1986
|
1986
|
1991
|
|
|
1993
|
|
1995
|
|
1999
|
2002
|
|
Source : Rapport du congrès
ordinaire du CSY (17 Octobre 2009)
En dehors de ces titres nationaux, le CSY détient
plusieurs autres titres continentaux et honorifiques. En 2013, il est meilleur
perdant de la coupe du Cameroun.
III.1.5.2 Les titres continentaux et honorifiques
Le CSY a remporté quatre titres continentaux dont trois
coupes d'Afrique des clubs de champions en 1971, 1978 et 1980. Ce club remporte
au niveau local en même temps la coupe du Cameroun (1978) et le titre de
champion du Cameroun (1980). Il remporte ensuite au niveau continental une
coupe d'Afrique des vainqueurs de coupes en 1979 date à laquelle il est
aussi champion du Cameroun. Les distinctions honorifiques quant à elles
ont été adressées aux joueurs de façon
individuelle, allant de jusqu'au grade d'officier de l'ordre et de la valeur
entre 1970 et 1980. Celle décernée au CSY en tant que association
ou club en 1980, porte le nom de commandeur de l'ordre de la valeur. C'est
d'ailleurs le seul club qui est jusqu'aujourd'hui détenteur d'une telle
distinction honorifique. De plus, en Octobre 2009, le CSY a été
malgré son absence sur la scène sportive continentale depuis
environ vingt ans, sacré 4ème meilleur club africain
du 20ème siècle par la fédération
internationale de l'histoire du football et des statistiques. De nombreux
joueurs de cette équipe ont connu un transfèrement vers les
grands clubs internationaux étrangers tels que Thomas NKONO, Louis Paul
MFEDE et Grégoire MBIDA (1982) ; Théophile ABEGA
(1984) ; Emmanuel KUNDE et Omam BIYICK (1987) ; Jacques SONGO
(1988) ; MISSE (1989) ; Marc Vivien FOE (1995) ; Pierre WOME
(1997) ; Joseph KALLA (1998) ; Alioum BOUKAR(1999) ; Joël
MOKAKE (2002-2003)
III.2 LA STRUCTURATION DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE
Le club de football qu'est le CSY est une association dont
l'organigramme se structure selon l'article14(*) 12 des statuts en plusieurs organes dont une
Assemblée générale, les organes administratifs et
consultatifs.
III.2.1 L'Assemblée Générale
L'assemblée générale du CSY est
l'instance suprême et l'organe législatif du club. Elle
siège en assemblée ordinaire et extraordinaire et, oriente la
politique générale du développement du club.
L'assemblée générale a lieu pendant chaque intersaison
sportive et convoquée 15 jours avant les assises par le PCA. Par
ailleurs elle peut être convoquée à tout moment sur la
demande des 2/3 des membres. Elle est composée des membres
représentatifs selon l'article 14 des statuts du club.
III.2.2 Les organes de gestion
Les organes de gestion du CSY dit « Kpa-Kum
Mekok-Me-Ngonda Y'ongola Ewondo » sont : un conseil
d'administration et une direction générale.
III.2.2.1 Le Conseil d'Administration
Le conseil d'administration est l'organe
d'administration du CSY. Il compte 33 membres au maximum qui détiennent
les pouvoirs de direction et assurent l'administration du club mais seuls 16
sont en poste. Selon le petit « c » de l'alinéa 1 de
l'article 26 et l'alinéa 1 de l'article 27 sur les compétences
dudit conseil et de son président, il nomme et révoque le
Directeur Général et autres responsables de cette direction sur
proposition du PCA et du conseil des sages ; le PCA recrute les encadreurs
et joueurs sous propositions du conseil des sages et de l'encadrement technique
respectivement ; contrôle les activités de la Direction
générale. Le conseil d'administration doit cotiser une somme de
1.500.000 F CFA/an et par membre pour le fonctionnement du club et comprend
aussi des commissions spécialisées. Lors de la saison sportive
2012, le conseil des sages a signé une circulaire démettant
Aboubabkar SOULEYMANOU dans ses fonctions d'entraineur du canon proposant Louis
Paul MFEDE. Pourtant cet organe est consultatif ou arbitraire et par
conséquent, n'est pas habileté à signer des circulaires,
usurpant les fonctions du conseil d'administration. Le tableau ci-dessous
montre les raisons du choix et la côte de popularité de chaque
coach.
Lors d'un entretien15(*) avec un informateur clé, il déclara que
« le transfèrement d'un joueur donne du
« blé » et c'est la présidente du conseil
d'administration qui s'en charge vous voyez un peu ce que je veux
dire ». Pour un autre encadreur16(*), la PCA veut que le Directeur Général
donne aussi de l'argent pourtant il est un employé et par
conséquent est un salarié. Il est vrai seule la PCA peut
suspendre et reléguer un membre sportif mais c'est l'A.G. qui est
compétent pour la démission des autres membres.
III.2.2.2 La Direction Générale
La Direction générale est l'organe
chargé de l'exécution des taches administratives du CSY. En 2012,
elle était gérée par Louis ONDOUA, qui fut
révoqué au prorata de Jean ESSOMBA en 2013 (Soleil NYASSA en
2014), qui a également été démis de ses fonctions.
La Direction générale comprend plusieurs services tels
que le département financier, administratif, la
direction technique et la direction sportive sans oublier la cellule de
communication, les coordinations régionales et les comités de
soutien. De tous ces services, seule la direction technique et le
département financier sont opérationnels.
La première est composée de joueurs,
d'entraineurs. Les joueurs comme nous l'avons déjà
signalé, sont recrutés par l'entraineur et validés par le
conseil d'administration. Nous avons observé lors des entrainements au
« stade malien », un joueur qui est venu voir le coach
Aboubakar SOULEYMANOU et lui a dit ceci : « je viens
m'entrainer c'est la présidente qui m'a
envoyé » ; le coach, étonné, n'a mot
dit. Au sein du CSY, il existe deux types de joueurs :
-Les joueurs titulaires ou les cadres de
l'équipe qui constituent l'ossature du classement lors d'un match.
Ceux-ci sont plus privilégiés que les autres car ils ont la
possibilité de rencontrer la présidente du conseil
d'administration afin de résoudre certains problèmes financiers
instantanés tels que cas de maladie, usures d'équipements etc.
-Les joueurs non titulaires sont ceux-là qui peuvent ne
pas être présents parmi les onze entrants lors des matches mais
sont comptés parmi les effectifs parce que détenteurs d'une
licence. De plus, cette catégorie de joueurs a un traitement normal
selon les conditions du contrat (2013).
La rémunération des joueurs diffère d'un
joueur à l'autre. En 2012, il faut déjà noter que le type
de contrat signé par les joueurs est un CDD, valable pour un an. Cette
année là, la rémunération se faisait de gré
à gré entre le joueur et le Président. Elle variait donc
de = 50 000 FCFA 200 000 FCFA en fonction de la qualité du produit
(joueur). Depuis la saison 2013, selon le texte de la LPFC changeant la
dénomination des clubs en Société, le salaire ont vu le
jour et est de 100 000 FCFA/ mois pour chaque joueur ayant une licence.
Pour ceux n'ayant pas de licence mais qui s'entrainent avec les joueurs
titulaires, une faveur leur est accordée par le club dans l'optique de
les former, de les maintenir et de les recruter quand le besoin se fait
ressentir en fin de saison.
Les joueurs du CSY ne sont pas logés parce que le club
n'a pas d'immobiliers. Cependant, une somme leur est versée,
représentant les frais de signature, marquant ainsi leur entrée
définitive au sein du club et parmi les effectifs de l'équipe.
Elle est varie également en fonction de la valeur du joueur et est
estimée entre 500 000 FCFA/an et 1 000 000 FCFA/an pour
chaque joueur. Elle permet à ce dernier de s'installer ou donc de se
loger, de se nourrir en attendant le salaire, qui arrive souvent deux à
trois mois après le lancement du championnat. Néanmoins, il
n'existe pas de rappel en ce qui concerne ces mois de salaires
écoulés.
Les conditions d'engagement des joueurs au CSY sont
fixées par le règlement intérieur et les statuts du club
et, obligent ces derniers à s'entrainer tous les jours ouvrés, a
être discipliné et respectueux envers l'administration, les
encadreurs et eux-mêmes. En outre, ceux-ci ne peuvent pas se
libérer pendant la saison sportive quelque soit l'ampleur et le sort de
l'équipe.
Le second par le biais du trésorier est aussi
fonctionnel. Le secrétariat ou département administratif est
vacant depuis 2012. La direction générale pour sa part a
été accusée de manipuler le conseil des sages pour
s'opposer aux décisions du conseil d'administration au sujet du
transfèrement de certains joueurs.
III.2.3 Les organes consultatifs
Les organes consultatifs du CSY sont le conseil des sages et
le comité d'audit.
III.2.3.1 Le conseil des sages
Selon l'article 17 du statut du club, le conseil des sages est
le gardien des valeurs et des traditions du CSY. Il est par l'alinéa 4
l'instance de recours en dernier ressort en cas de crises et de menace grave
à la bonne marche et à la vie du club. Ses décisions sont
sans appel et souveraines. Elles s'imposent à tous les organes de
fonctionnement. Après la signature de sa circulaire révoquant
l'entraineur Aboubakar SOULEYMANOU en début de saison, celui-ci a
pourtant terminé la saison sportive avec le club.
III.2.3.2 Le comité d'audit
Cet organe est chargé de l'audit interne du club et
rend compte à l'Assemblée générale ; au
conseil des sages et au conseil d'administration. Cet audit doit s'effectuer
par trimestre de l'année civile.
III.2.3.3 Le comité de bienfaiteurs
Il est constitué des membres d'honneurs et des
bienfaiteurs. Ceux-ci sont des personnes physiques ou morales, qui apportent un
soutien financier ou matériel au club sous forme de don ou de legs. Ils
participent aux cotisations annuelles à leur appréciation.
Il faut relever que tous les organes constituants le CSY ne
pas fonctionnels et qui plus ne concordent pas aux normes de structuration des
clubs selon la FIFA. Selon l'organigramme du CSY, il existe des services non
fonctionnels à l'instar de la cellule de communication. Il existe
néanmoins d'autres services au sein de ce club qui ne figurent pas sur
la liste réglementée par la FIFA. C'est le cas du conseil des
sages, du comité des bienfaiteurs, des coordinations régionales
et comité de soutien. Pour la FIFA, selon la restructuration de 2004,
un club doit avoir un Conseil d'administration, un Directeur
général, un service technique, un service administratif, un
service marketing, un service de communication et un service de gestion et de
manifestation.
III.3 LES INFRASTRUCTURES DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE
Le fonctionnement de toute structure nécessite un
certain nombre de ressources, qui peuvent être immobiles et/ou mobiles
justifiant d'une manière ou d'une autre l'effectivité ou
l'existence réel du club.
III.3.1 Les immobiliers
Le Kpa-Kum ou Mekok-Me-Ngonda depuis sa
création jusqu'à nos jours ne possède aucun immobilier. Il
loue le siège qui abrite ses bureaux à la pharmacie de
Nkolndongo.
Planche 5: Le
siège du Canon Sportif de Yaoundé à Nkolndongo
Cliché MOUAFO (22 Août 2013)
Au premier niveau de cet immeuble, le CSY a établie ses
bureaux depuis 2011. L'intendant assure la permanence au siège du
Kpa-Kum. Dans les bureaux du Canon de Yaoundé, on observe des
photos des anciennes gloires et icônes du club. Selon un informateur, le
patriarche Théodore ATEBA YENE a voulu faire des
Mekok-Me-Ngonda sa propriété car l'espace terrien qu'il
voulait céder pour la construction du siège de CSY a
été contesté pour la simple raison qu'il voulait en
être l'actionnaire principal.
Le stade où se font les entrainements tous les
après midi appartient à la famille d'Adolph MBIDA, qui depuis
2012, porte son nom. Bien avant cela, ce stade fut le lieu cédé
pour les entrainements du Mali lors de la CAN 1972 organisé par le
Cameroun. Il prit dès lors le nom de stade malien sis au quartier
Anguissa. Il est important de noter que le premier stade où se
déroulaient les matches de CSY était l'Ecole Publique de
Nkolndongo avant 1972. La photo ci-après présente l'actuel stade
où se font les entrainements du club. Il est situé au coeur du
quartier Anguissa et entouré non seulement des maisons d'habitations,
mais aussi des institutions scolaires. Au centre de cette photo, le coach
Aboubakar SOULEYMANOU supervisant une séance d'entrainement.
Planche 6: Le coach
Aboubakar supervisant une séance d'entrainement au stade malien
Cliché MOUAFO (17 Juillet 2012)
Sur cette aire de jeu boueuse s'observe ballons, plots et
coupelles servant à la préparation tactico-technique de
l'équipe à la veille du match contre l'Union de Douala.
Le CSY en dehors des immobiliers, s'est frotté quelque peu aux
mobiliers.
III.3.2 Les mobiliers
En terme de mobiliers, le CSY sous l'ère
Théophile ABEGA (1997-2009) a eu un bus de 70 places qui est
tombé en panne jusqu'en 2012. En 2013, la grande innovation au
Canon est la réparation de ce joyau afin de déployer les joueurs
sur le terrain. De plus, ce club n'a pas de capital propre de fonctionnement
car il gère les allocations de MTN soit 15 000 000 F CFA, de
la LPFC soit 30 000 000 F CFA/club/an et des frais de
transfèrement17(*)
des joueurs. Signalons que la quote-part de la LPFC n'est pas souvent
versée à temps. La somme que doit verser le Conseil
d'administration n'est presque pas effective. Le manque à gagner
s'élèverait dont à 1 500 000 FCFA x 33 (nombre
de membre du CA) = 49 500 000 FCFA.
III.3.3 L'environnement de l'aire de jeu
L'environnement de l'aire de jeu du CSY est composé des
infrastructures et des êtres humains.
III.3.3.1 L'environnement physique
Aux alentours du stade malien, on observe à deux
mètres de l'aire de jeu venant du carrefour Anguissa au fond de la
deuxième longueur de l'école privée laïc bilingue de
l'espoir, l'église presbytérienne et l'école primaire de
Nkolndongo. A gauche, ce sont les maisons d'habitation et la chefferie. A
droite, c'est un dépôt de planche et un coin où les jeunes
jouent au pari des cartes. Derrière les escaliers qui tiennent lieu de
gradins, on observe une panoplie de vente à emporter, de caves et de
salles de jeu vidéo. Le terrain proprement dit est accidenté,
boueux en saison pluvieuse et contient des flaques d'eaux.
III.3.3.2 L'environnement humain
Dans le cadre du milieu humain, notons qu'en dehors des
joueurs du Canon qui occupent le stade, plusieurs autres championnats s'y
déroulent avec des équipes locales et externes. Ce qui attire les
spectateurs qui viennent se divertir et/ou supporter leurs frères et
amis. Nkolndongo est un quartier de Yaoundé où l'on retrouve la
presque totalité des ressortissants des ethnies de Cameroun. Mais la
majorité est du grand groupe ethnique Béti et surtout Ewondo soit
270 000 habitants en 2009.
III.4 LA PREPARATION DES MATCHES DE FOOTBALL AU SEIN DU
CANON
Le CSY prépare ses rencontres à plusieurs
niveaux tels qu'au niveau de conseil d'administration, de la direction
technique et des supporters. Celle-ci se fait en fonction de l'enjeu du match
et l'approche des rencontres.
III.4.1 Au niveau du Conseil d'Administration
Le conseil d'administration joue un rôle
prépondérant dans la préparation des matchs. A travers sa
présidente, cet organe met à la disposition du coach des moyens
pour le déplacement (généralement la somme de 500 F CFA/
joueur pour le retour uniquement de ceux ayant une licence). Ceci se fait du
Mardi au Vendredi si le match à lieu à l'extérieur et au
Samedi s'il a lieu à domicile. Nous avons observé pendant ces
entrainements l'absence d'eau à boire, et de la boîte
pharmaceutique. En ce qui concerne la gestion du matériel, l'intendant
du club veille à l'apport et au retour du matériel et
équipement d'entrainement quotidien. En outre, les équipements de
match sont remis aux joueurs un jour avant la tenue de la rencontre et
récupérés à la fin du match.
Lors d'un match qui se joue au niveau local, la
présidente du conseil d'administration ordonne le déblocage des
fonds au chef du département financier dans le dessein de transporter
les joueurs et la délégation (aller et retour). L'intendant se
charge de trouver un mini bus dans une agence à cet effet. Au sein du
CSY, c'est ce dernier qui joue le rôle du service d'accueil, du
directeur sportif et de la cellule de communication. Aussi, une somme est
prévue pour les primes de match car on distingue la prime de victoire
(35 000 FCFA à l'extérieur et 25 000 FCFA à
l'intérieur) et de match nul (15 000FCFA) mais, seule la prime de
victoire est donnée aux joueurs et est de 25 000 FCFA en 2013, que
se soit à l'intérieur ou à l'extérieur. Au cas
échéant, cette somme est reversée dans les caisses du
club. En dehors de ces primes, des dispositions sont prises pour la nutrition
du staff convoqué à l'occasion. Il s'agit
généralement du riz avec la sauce tomate et du poulet, de
l'ananas comme dessert puisqu'il brule la graisse et de l'eau `'Tangui''
uniquement pour cette rencontre. Ces moyens sont élevés lorsque
le match a lieu à l'extérieur parce que le mini bus loué
y séjournera avec eux pendant deux jours.
III.4.2 Au niveau de la Sous-Direction Technique
La direction technique est une sous-direction de la direction
générale et s'occupe en ce qui la concerne des acteurs qui font
la fierté du public en général et du club en
particulier.
III.4.2.1 Les entraineurs
Les entraineurs du CSY comprenaient en 2012 un entraineur
principal (Aboubakar SOULEYMANOU) et un préparateur physique (Jean
Michel KUITCHE). En 2013, il s'agit de Jean B. BISSECK comme entraineur
principal, Bienvenu MBOYOM et Narcisse TCHINKEU, respectivement entraineur des
gardiens et préparateur physique. Ceux-ci procèdent à une
séance de préparation physique, tactique et technique ; puis
une séance de préparation psychologique et mentale avec les
joueurs. Ceci de façon collective et individuelle. Concrètement,
ces préparations consistent au décrassage qui dure 45
minutes ; une séance d'échauffement de 25 minutes. De plus,
une course de marathon (colline du Mt Fébé) de Mardi à
Jeudi ; des microcycles de préparation avec un ou deux matches
jeudi et Vendredi en fonction de l'enjeu de la rencontre. Nous avons
assisté plusieurs fois aux disputes entre le préparateur physique
et certains joueurs lors des entrainements en 2012. Nous avons retenu de cette
dispute une sorte de bataille pour la sélection des matchs officiels et
une arène pour gagner la confiance du coach.
Tableau 2: Le
tableau récapitulatif des préparations collectives et
individuelles.
|
Activités de type collectif
|
Activité de type individuel
|
Quelques jours avant (Mardi, Mercredi, Jeudi et Vendredi)
|
-distraction
-décrassage
-récupération
-physique
-technique
-tactique
-construction
-résistance
|
-distraction totale
-physique
-tactique
-vitesse
|
A la veille
|
-Match test entre coéquipiers,
-concentration et sommeil
-consigne technique
-prière
-motivation
|
-Eviter les abus de toute sorte (rapport sexuel, boisson
alcoolique)
-sommeil
- prière
-technique (coups francs)
|
Quelques heures avant
|
-échauffement
-concentration
-motivation
-conseils pratiques
|
-gestion du stress
-concentration
-prière
|
Quelques minutes avant sur le stade
|
-Dialogue
-prière et détermination
|
-Donner le meilleur de soi
- prière
|
Source : Production de MOUAFO (28
septembre 2012)
III.4.2.2 Les joueurs du CSY
Les joueurs, acteurs principaux de tout club de football, font
partie statutairement tout comme les entraineurs et le personnel
médical, des membres sportifs du CSY. Ces joueurs sont au nombre de 33
dont 3 gardiens de buts, 10 défenseurs, 7 milieu de terrain et 13
attaquants qui participent régulièrement aux entrainements.
Cependant, les feuilles de matches ne montrent que 18 joueurs. Ces derniers
sont retenus à la veille des matches selon leur performance et suivant
le choix tactique du coach. Cette photo ci-après présente les 11
entrants pour le match aller contre Union de Douala lors de la
9ème journée au stade omnisport de Yaoundé le
17 Mars 2012. A côté d'eux à l'extrême droite et
légèrement courbé, on retrouve l'un de nos informateurs
clés et à l'extrême gauche le coach Aboubakar
SOULEYMANOU.
Planche 7: Le coach,
les onze entrants et l'intendant du club au stade Omnisport
Cliché EFFA (11Mars 2012)
Les joueurs sont recrutés par le directeur technique
qui a le rang d'entraineur et peut ne pas être l'entraineur principal.
Leur préparation se fait de façon collective et individuelle. En
dehors des préparations ci-dessus citées, ils se préparent
spirituellement et religieusement en récitant les passages bibliques
(voir chapitre V). Certains font un travail intellectuel en jouant aux jeux
vidéo et au damier. Au stade habituel, il y a beaucoup plus de
repos ; ils ont la maîtrise du stade, la confiance règne, le
public est tout feu tout flamme, l'offensive est de mise mais au stade
d'accueil, le stress et la pression prennent de la place, il n'y a pas de
supporteurs, ils préparent la défensive en cas d'attaque physique
et, le médecin du club est généralement mandaté
pour les dégâts. Pendant l'intersaison, les gestionnaires font le
bilan financier et matériel. Les encadreurs quant à eux postulent
dans les clubs afin d'avoir un curriculum assez consistant en matière
clubs coachés ; aussi, au cas où les objectifs ont
été atteints, ces derniers demandent une augmentation de salaire.
Du côté des joueurs, c'est la période de pointage car comme
nous l'a affirmé un joueur de champ, « nous sommes
sollicités par les championnats de vacances. La plupart du temps, c'est
là qu'on trouve des nouveaux managers qui nous amènent dans
certains clubs en début de saison. Pendant ce temps, nous avons beaucoup
d'argent ».
En outre, certains joueurs rendent visite à leur famille et
d'autres font des formations connexes afin de développer leur
capacité technique. En ce concerne les spectateurs et supporteurs,
beaucoup d'entre eux attendent la nouvelle saison tout en vaquant aux
occupations tels que stages, travaux champêtres etc.
III.4.2.3 Le médecin du club
Le médecin du club n'existe pas officiellement dans le
CSY. Cependant il existe un substitut à la fois intendant et
kinésithérapeute du club qui assure ces fonctions. La boîte
pharmaceutique ne sort que lors des rencontres officielles et contient des
glaçons, de la bétadine, des compresses, du coton et des gans.
Les cas d'accidents les plus récurrents sont les crampes, de blessures
(stades impraticables) et les claquages. Rares sont des cas de
déboitements et d'entorses. Afin de lutter contre les pouvoirs de tout
malfaiteur, celui-ci déclare ceci :
Je suis toujours le premier à descendre du
bus et j'asperge de l'eau bénite et du sel au sol avant que les autres
ne descendent ; à l'entrée du stade, autour des vestiaires
et certains joueurs la boivent même comme on me taxe de marabout du
Canon et une fois à Bangangté contre Panthère, la
présidente s'est opposé à mon entrée au stade
18(*)
Par le passé déclare un des nos informateurs par
ailleurs ancien du club « lorsque les joueurs
étaient homogènes c'est-à-dire presque Béti, on les
lavait régulièrement avec l'eau des os de
chimpanzé». C'est peu être ce qui justifiait la force de
ce club et qui, par le même fait, renforçait l'identité
culturelle.
III.4.2.4 Les supporteurs du CSY
Les supporteurs font parties des membres du club et
sont organisés en plusieurs catégories en fonction du coût
des cartes de membre. Parmi les membres individuels du club, il existe les
supporteurs de type `'Supporteurs: 2 000 F CFA `' ; `'Leader:
5 000 F CFA'' ; `'Sylver: 25 000 F CFA'' ; `'Gold:
50 000 F CFA'' et `'Supporteurs privilégiés: 100 000 F
CFA''. Les membres collectifs ou groupaux tel qu'Ohili club, sont
des supporteurs respectant une ou plusieurs classifications des cartes
ci-dessus. Les supporteurs disent que leur intérêt dans le
supportérisme est la passion du football, le souci de voir
l'équipe et les fils de la localité évoluer, de devenir
footballeur. Les supporteurs ont pour modes de préparation les
épopées et danses à l'aide d'instruments tels que :
tam-tam, maracas, drapeau de l'équipe, cloche à double sonnerie,
le vuvuzelat qui est un instrument originaire d'Afrique du sud
et emprunté après la coupe du monde 2010. Ceci témoigne du
phénomène d'emprunt et de dynamisme culturel. Aussi, des
vêtements et casquettes, appareil mécanique pour sonnerie
(sirène), tambours, hymne, cri de joie, mains, sifflets, etc. sont
autant d'outils qui identifient les supporteurs du CSY.
Les spectateurs ayant un penchant pour le CSY, font partie des
supporteurs mais sont libres et sans obligations quelconque. Pour eux,
l'intérêt se situe au niveau de la satisfaction morale par le
biais de la distraction.
Nous remarquons au terme de cette partie que plusieurs
éléments naturels et culturels font partie de la pratique de
football au sein du CSY. Ces éléments sont inhérents
à l'homme parce que vivant dans une culture donnée qui est
appelée à survivre et lui-même, maître de son
environnement. Ces données ethnographiques feront l'objet d'une analyse
de contenu dans le chapitre suivant et dégagera les méandres de
la gestion du football influencée par la culture des
personnalités en action.
CHAPITRE IV :
PRATIQUES MAGICO-RELIGIEUSES, ANIMATION DE MATCH,
GUERRE DE LEADERSHIP ET FOOTBALL AU SEIN DU CSY
Le précédent chapitre a consisté à
présenter le CSY à la fois comme une équipe
attachée à un milieu culturel et moderne. Le présent
chapitre a pour but de montrer l'influence de la culture sur la pratique du
football au sein du CSY. La culture étant la science de vivre, elle
constitue un registre de codes, de signes et d'insignes, qui ne peuvent
être compris que dans leur sens endosémique et dans un contexte
bien précis. Des facteurs culturels divers influencent la pratique du
football ainsi que la gestion du club. Ces facteurs peuvent être
liés aux pratiques magico-religieuses et même managériales.
IV.1 LES FACTEURS MAGICO-RELIGIEUX
La figure du hasard plane ainsi sur les rencontres de
football, rappelant, avec brutalité, que le mérite ne suffit pas
toujours, sur le terrain comme dans la vie, pour devancer les autres. De ces
impondérables, joueurs et supporters tentent de se prémunir par
une profusion de micro-rituels. Plusieurs acteurs au sein du CSY recourent
à un certain nombre de pratiques pour garder haute la flamme du club et
leur propre image avec. Ces pratiques s'opèrent à la fois au
niveau individuel et collectif.
IV.1.1 Les pratiques magico-religieuses individuelles
Les pratiques magico-religieuses individuelles au sein du
Kpa-Kum se font par toutes les entités qui composent le CSY.
Que ce soit par le dirigeant, le joueur ou même le supporteur, tous font
recours à des pratiques toujours pas connu du commun des mortels pour
des raisons diverses.
IV.1.1.1 Le staff du CSY
Le staff des Mekok-Me-Ngonda mènent un certain
nombre d'activités religieuses pour se stabiliser et garder la
renommée du club pour lequel ils travaillent. Lors d'un entretien avec
l'un de nos informateurs (16 Juillet 2013 à 9 heures à Mvog-Mbi),
il déclara que :
Le CSY va mal depuis 8 ans. Personnellement, je
prends de l'eau bénite et du sel à l'Eglise catholique à
Mvog-Mbi pour asperger à l'entrée du stade et aux vestiaires. Je
le fais pour détruire ce que les autres ont fait. Aussi, descends du bus
en première position, j'asperge de l'eau avant que tous les joueurs ne
descendent.
A cette époque, il nous dit qu'il était porteur
du sac de CSY. Cet exemple nous décrit la réalité du fait
religieux dans les clubs de football au Cameroun. L'objectif de ce dernier est
de pouvoir chasser tout esprit ou entité pouvant apporter une issue
malveillante au CSY. C'est dans la fermeté qu'ont les chrétiens
catholiques de croire que l'eau bénite purifie les lieux et apporte la
chance que ce membre du staff technique des Mekok-Me-Ngonda agit. Pour
lui cette pratique n'est pas nouvelle et ne reste pas la particularité
du CSY :
J'ai vu de nombreuses personnes lors des rencontres en
championnat et surtout en coupe du Cameroun mais aussi dans les matchs
internationaux verser de l'eau bénite soit à leur entrée
sur le stade ou sur l'aire de jeu. Il peut arriver que nous demandons une messe
pour implorer la bénédiction et la protection du canon et je sais
que ce n'est pas seulement nous qui le faisons. Il en est de même pour
l'équipe fanion des Lions Indomptables du Cameroun quand la FECAFOOT et
le MINSPORT demandent des messes pour accompagner le Cameroun dans les
compétitions internationales. Souvenez-vous de la messe dite à la
Basilique mineure de Mvolyé en 2010 quelques jours avant le
départ du staff en Afrique du Sud pour la Coupe du monde. Il en est de
même pour les messes noires dites par les Mbock-mbock de la Haute Sanaga
pour la même cause et dont la facture n'avait pas été
payée et l'affaire fut portée sur la place publique.
Les dirigeants du CSY font recours à tout ce qu'ils
estiment être prolifiques pour leur équipe. « Rien
n'est à exclure quand il s'agit de la victoire, peu importe, seule la
finalité compte.» ce même informateur. Nous remarquons
que notre informateur fait recours à d'autres équipes pour
justifier le recours à des pratiques magico-religieuses par le staff du
CSY. L'objectif visé par ces pratiques est de deux ordres :
protection et bénédiction. Il faut se protéger contre
l'adversaire et se combler de bénédiction lors du match. Cette
protection et ce désire d'avoir les chances inspire également les
joueurs dans leur quête au succès et à la gloire.
IV.1.1.2 Les joueurs
En tant qu'acteurs principaux d'un club de football, les
joueurs du CSY de façon individuelle font recours au fait religieux.
Nous avons observé le comportement des joueurs entre eux quelques jours
avant les matches et nous avons réalisé que les uns ont
l'intention de nuire physiquement les autres par les conflits de mains et de
pratiques mystiques. Un autre informateur signale que son co-équipier
dont il préfère taire le nom lui avait dit une fois ceci :
« je ne suis pas simple mais je le fais pour ma protection juste
dont n'est pas peur [...] » car affirme-t-il « il
a une chaine aux deux pieds qu'il couvre avec les chaussettes.
« Quant à moi, je suis chrétien catholique. Je
fais mes prières en lisant la Bible par exemple Luc 1 Verset 29-31 et
verset 69-78, Psaumes 90 et 91 du nouveau testament et en buvant l'eau
bénite ». « J'obtiens satisfaction quand je
prie en lisant Luc». Selon ce même informateur, il existe un
homme porte-malheur dans le club car quant il vient au stade, l'équipe
perd toujours. Les Jeudis et Vendredis, nous avons observé un climat
conflictuel entre les joueurs occupant un même poste
spécifiquement ceux jouant soit en attaque soit en défense voire
au goal. Ces conflits sont dus à la sélection des onze entrants
de la rencontre du week-end, puisqu'il faut prouver son efficacité au
sélectionneur. En ce qui concerne les gestes et cris des joueurs, nous
en avons observé plusieurs aux vestiaires, lors de l'entrée au
stade, au stade et lors d'une action de but concrétisée. Ces
mêmes gestes se font parfois lors des entrainements au stade Adolph
MBIDA.
Lors des rencontres officielles, les joueurs une fois
descendus du bus se rendent aux vestiaires où ils s'habillent en
équipement de match ; une prière générale est
dite par joueur et les dernières consignes sont données par le
coach. Peu après, une entrevue a lieu entre les officiels
d'équipes (présidents et coaches des deux clubs) et les officiels
de match (trio arbitral). Auparavant, le maillot de chaque jour lui a
été remis à la veille du match : se fut une
suggestion d'un encadreur du club qui pensait que chaque joueur doit
bénir son maillot à sa guise. A l'entrée du stade,
après avoir aspergé de l'eau bénite au banc de touche, les
joueurs entrent dans l'air de jeu et font regroupement les deux bras de l'un
sur les épaules des autres, la tête baissée et prononcent
ceci : « Canon ! Bombarbe ! (3 fois) A nous
la victoire ! Être ! Vaincre !
Convaincre ! ». Ainsi ces joueurs vont occuper leurs postes
respectifs et là, chacun fait sa prière personnelle.
Certains joueurs font le signe de croix à
l'entrée du stade, au stade ainsi qu'à la sortie du stade. Lors
d'un but marqué, certains buteurs vont pointer le doigt sur le
co-équipier, sur le coach au banc de touche ou à la tribune ou
encore les deux doigts (index) au ciel, d'autres font le signe de croix ou
poussent un cri fort « wouooooo !»,
« goooooaaaaallll » ; d'autres enlèvent le
maillot et pointent du doigt le numéro du dossard. Egalement, un joueur
a refusé de jouer avec le dossard 23 parce qu'il en a l'habitude jouer
avec le n°7, utilisant pour prétexte que le dossard 23 ne lui
porterait pas de chance comme c'est le cas avec le dossard 7. Il semblerait
qu'il aurait établi un pacte en s'appuyant sur le numéro de son
maillot.
L'envie de réussir sa carrière et le
désir de la gloire amènent des joueurs à recourir à
des pratiques magiques. Si pour les uns c'est pour se protéger, pour
d'autres c'est sans doute pour nuire ou déstabiliser ses
coéquipiers rivaux du même poste. Cet état des choses ne
favorise pas toujours le climat de sérénité et l'esprit
d'équipe tant visé par le staff au sein du CSY. Bien plus, tout
le monde se méfie de tout le monde. Pour certains informateurs, la
situation actuelle du club est peut être la conséquence de tous
les conflits magico-religieuses qui en fin de compte n'attire pas toujours la
gloire.
Dans la plupart des clubs ou des équipes de football,
l'on parle de pratiques magico-religieuses. Au sein de l'Aigle Royal
de la Menoua, il existe un certain joueur qui selon ses
co-équipiers, ne lave jamais sa godas parce qu'elle a été
« configurée par un tradipraticien à Bali dans le
Nord-ouest ». Le CSY quant à lui regorge des joueurs qui
portent des chaînes au pieds et chapelet au cou pour se protéger
des coéquipiers et de l'adversaire. Dans l'équipe nationale du
Cameroun, plusieurs cas de sorcelleries ont été
décriés dans la tanière des Lions Indomptables
lors de la CAN 2010 et lors de leur élimination le 4 Juin 2011 pour le
compte de la CAN 2012. Au sein du CSY, chaque joueur à son maître
spirituel qui peut être un membre de sa famille ou non. C'est alors
qu'un joueur de champ du CSY déclare : « je vais
passer la nuit, deux jours avant une rencontre par semaine chez ma
grand-mère pour qu'elle me masse les pieds et me
oigne avec une poudre rouge». Nous nous sommes rapproché du
joueur en question et il nous a montré ces chaînes sur ses deux
pieds, qui dit-il lui ont été offertes par un sorcier de son
village afin d'éviter toutes tentatives. Ces chaînes dit-il,
« je les cache avec les chaussettes pour que les
officiels ne voient pas». Dans le CSY il y a quelques années,
les joueurs se faisaient laver avec une décoction issue des os du
chimpanzé et de l'eau de source pour solidifier le tibia de ces
derniers. Cette pratique se faisait quant le club était presque
homogène c'est-à-dire en majorité béti.
Les acteurs sont depuis longtemps gagnés par une sorte
de contagion de la pratique magico religieuse. Ils pratiquent les gris-gris de
toute sorte, ont leurs chaussures-fétiches et embrassent la pelouse
après un but. Ceci n'est pas l'apanage des joueurs camerounais ou
africains car Bernard LACOMBE, ancien international français poussait le
fétichisme très loin. Une révélation de
Dieudonné DIBOUE (2013), un ancien footballeur, affirme en des termes ci
-dessous :
« Pendant le match, le match, lorsque j'avais le
ballon, les joueurs de l'équipe adverse qui venaient me barrer, voyaient
le serpent. En lieu et place du ballon. Ça dépend des totems,
lorsque ton totem est le tigre, les joueurs adverses voient le tigre devant
eux. C'est cela le football. Tu ne peux rien sans cela. Regardez mes photos que
je vous ai données. J'ai toujours une chaîne autour du cou.
C'était mon totem. Certains footballeurs louent les cadavres à la
morgue pour faire des pratiques à la veille des matches. D'autres
trempent leurs maillots dans les urines traitées par des sorciers pour
jouer au football. »
La veille du match, ses chaussures trônaient au bout de
son lit. Arrivé au stade, il suivait scrupuleusement un rituel
compliqué, touchait plusieurs objets qu'il emportait invariablement,
massait ses chaussures avant de les enfiler, et achevait ce rituel par une
sorte de signe du pied au moment d'engager. Des anecdotes innombrables
pourraient être citées, notamment pour le choix des chaussures.
Les gardiens semblent particulièrement concernés par ces
pratiques, comme s'ils pouvaient, plus que d'autres, interdire l'accès
du but au ballon par une quelconque manipulation. Pour un des nos informateurs
clés, les relations entre les gardiens de but du CSY ne sont pas
toujours bonnes faute de gris-gris.
IV.1.1.3 Le supporteur
Le supporteur quant à lui peut recourir à une
prière spéciale consacrée au nom du club dont il est fan.
C'est le cas d'un informateur par ailleurs supporteur du club19(*) qui nous affirme ceci :
« je récite les litanies de Saint Michel Archange pour
éloigner toutes menaces obscures lors du déroulement d'un match
officiel du CSY ». Il nous été reporté que
par notre informateur que cette carapace de tortue a été
achetée à Douala en 1980 par sa grand-mère. Il
déclare qu'après l'avoir consommée, elle a fait des
incantations autour de la carapace que je ne maitrise plus et elle m'a
dit : hagi ecock'le di, obo dzo ntoum edzoe ecock'le dzo a nda
dzoe, « arrache carapace ci, fais en bâton commandement,
accroche ça a maison toi » autrement dit, arraches cette
carapace, fais en ton bâton de commandement et accroches-la chez toi.
Ensuite, elle dit :
Nnon, canon a ne ahop « Va, canon
toujours en haut! » C'est-à-dire Que ton équipe soit
toujours victorieuse!
Des individus font recours chacun à sa manière
en fonction de ses intérêts quand le CSY est victorieux. C'est ce
qui expliquerait le recours à des pratiques magico-religieuses
même au niveau des supporteurs. Très souvent, ces pratiques
s'avèrent même être collectives.
IV.1.2 Les pratiques magico-religieuses collectives
Le fait magico-religieux dans le CSY est mis en exergue par
une certaine catégorie de membres. Le staff par la présence de la
quasi-totalité des membres du CSY, faisaient l'aumônerie par une
messe qui était dite par un prêtre de la Paroisse Saint Kisito de
Mvog-Mbi. Pour un de nos informateurs clés (16 Juillet 2013), ce
prêtre utilisait de l'eau et du sel bénit en prononçant
régulièrement le mot « victoire ». Et nous
lui donnions le « carburant » à cet effet. Pendant
cette prière obligatoire, les joueurs s'asseyaient devant avec les
autres membres. Les passages de psaumes et de jean étaient
régulièrement lus pour protéger les joueurs de tous maux
tels que fractures, entorses, déboitement etc.
Les phénomènes magico-religieux pour ceux qui y
croient concourent à protéger le joueur, le coach, l'arbitre et
l'équipe toute entière des attaques internes
(co-équipiers, supporteurs) et externes (adversaires). A cet effet, ils
citent les magiciens, les lieux sacrés et les hommes d'Eglises. Ceux qui
portent une réserve à ce phénomène pensent que
lorsqu'il contribue au bonheur, il est propitiatoire et quand il contribue au
malheur, il est nocif. Quant à ceux qui nient, c'est un porte-malheur
qu'il convient de nommer marabout ou sorcier.
Quant aux joueurs, en dehors des préparations ci-dessus
citées, ils se préparent spirituellement et religieusement.
Certains font un travail intellectuel en jouant aux jeux vidéo et au
damier. Les supporteurs assistent aux entrainements des joueurs en les
encourageants et en ramassant les ballons perdus. En ce qui concerne les
spectateurs, ils sont mi figue mi raisin ou ne supportent que le beau football.
Les arbitres parfois assistent aux préparations des
équipes et constatent que ceux-ci font des stages bloqués et des
rites sur le stade lors des entrainements. Cela se manifeste lors des matches
par le non sifflement des fautes qui n'a rien à voir avec la
partialité de ce dernier. Dans la surface de
réparation déclare le 27 Septembre 2012 un des arbitres
interviewés : « lorsqu'il y a penalty, je siffle
mais le sifflet ne retentit pas. Cependant, au camp adverse ça
retentit ; et on m'accuse d'avoir fait la combine pourtant je n'en sais
rien ». Parfois affirme t-il « parfois, je ne vois
pas la faute commise, ce sont les spectateurs qui criaillent en
prononçant mon nom que je me rends compte après le match qu'il y
avait faute ». Parlant du coach, le choix des onze entrants se
fait généralement à la veille du match. A cet effet, les
joueurs se bousculent pour être sélectionnés or certains
sont en réel baisse de performance et sont sélectionnés
par le coach malgré leur improductivité. Cet après le
match que le coach se rend compte qu'il était dompté.
Les éléments utilisés tels que du sel, de
l'huile rouge de palmiste, du jujube, la noix de kola, le coq, le poussin,
l'acajou etc. sont à l'oeuvre dans certains clubs et leur sont
bénéfiques. Lors d'un entretien informel avec un tradipraticien
de l'Ouest-Cameroun vivant à Yaoundé le 22 Avril 2012, il nous a
affirmé qu'il préparait les joueurs du sport collectif car
disait-il, « les sports comme le football, le handball, le
basketball, le volleyball...sont plus dangereux parce que c'est où
jalousie et coups bas règnent ». Celui-ci nous a
avoué qu'il utilisait le roi des herbes, du sel, la sève du
baobab comme encens et certaines potions pour laver les joueurs voire toute
autre personne très tôt le matin sous une chute et donc le bruit
des eaux constituant l'adversaire n'auraient aucun effet sur eux. Sur le corps
des joueurs, on retrouve et observe des potions magiques blindées,
déposées entre les cheveux et posées sous forme de bague,
de boucle, de bande et dans les chaussures et chaussettes. Outre la baisse des
performances, le stress du public et du stade et l'enjeu du match, les
manifestations des phénomènes magico-religieux sont visibles sur
les performances des joueurs au le stade via le choix des 11 entrants par le
coach voire les remplacements. Cela est visible selon ces informateurs quand le
joueur fait régulièrement la passe à son adversaire, ne
salue plus ses co-équipiers, shoote le ballon toujours hors des filets
et perd le contrôle dudit ballon à tout moment.
Dans la plupart des clubs, il existe officiellement des
spécialistes de santé conventionnelle mais officieusement, on en
trouve aussi des spécialistes en ethnomédecine et des oracles. A
ce niveau, chaque joueur à son maître spirituel qui peut
être un membre de sa famille. C'est alors qu'un joueur de champ du CSY,
interviewé le 16 Avril 2012 déclara : « je
vais passer la nuit deux jours avant une rencontre par semaine chez ma
grand-mère pour qu'elle me masse les pieds et me
oigne avec une poudre rouge». Les rites pour joueurs ont trait au
massage et blindage du pied et aussi à la scarification pour
éviter la fracturation du pied. Certains joueurs se font laver avec de
l'eau du chimpanzé pour que leurs os soient solides afin de sortir
vainqueur lors d'un choc de tibia avec l'adversaire.
Les aliments gras comme haricot, eru, couscous..., du
piment sont des interdits naturels pour 4 des 6 joueurs enquêtés
parce qu'ils ne facilitent pas la digestion. Culturellement parlant, certains
joueurs ont déclaré ne pas consommer des viandes en l'occurrence
la tortue, la tête du coq car c'est avec cet animal et cette partie
d'animal que des rites ont été faits chez eux. Quant aux gestes,
certains ne font par le signe de croix avant de manger en groupe parce
qu'appartenant à la religion musulmane vice-versa. C'est la raison pour
laquelle chaque joueur a un interdit alimentaire médicale et
magico-religieux qui le conduisent si respectés vers la hausse des
performances. Pour les uns, il s'agit de toute sauce gluante et pour les
autres, c'est du haricot et l'excès d'huile dans les repas familiaux.
Ils le font de façon générale pour éviter de
« peser » lors des entrainements et de ne pas être
sélectionnés lors des derbies. Ainsi, un joueur de champ
déclare qu' « avec ses sauces gluantes et des
aliments gras, nous perdons notre vivacité et notre performance face
à l'adversaire ». Pour un joueur de champ, il lui est
proscrit de consommer la tortue puisqu'il est animal rituel dans son ethnie.
L'anthropologie a souvent fait un lien avec l'origine de la maladie stipulant
qu'elle est une rupture entre un lien naturel, culturel et divin. C'est dire
que pour être en phase avec ce triptyque, il faudrait obéir aux
lois de la nature, de la société et de Dieu.
Dans le CSY, le club des supporteurs
s'appelle Oyili club de Nkolndongo. Pour y accéder,
il faut être fidèle au club, avoir l'esprit du fair-play,
être discipliné, acheter sa carte de membre, coudre sa tenue
vestimentaire aux couleurs du club et être présent lors des
matches. Force a été de constater que dans ce groupe, une
dislocation a vu le jour et les membres se sont dispersés. Cette
dispersion ne se limite pas seulement au niveau des supporteurs, elle
s'étend jusqu'à l'instance dirigeante du club. Pour un des
membres dudit club interrogé le 4 Septembre 2012, « tant
que les dirigeants de l'association ne nous prendront pas en compte nos
doléances et ne nous motiverons pas, nous ne viendront plus au stade
supporter le canon ».
IV.2 L'ANIMATION DES MATCHS AU SEIN DU CSY
L'animation d'un match de football au sein du CSY
met en scène des instruments, des paroles et des mouvements
utilisés par les supporteurs pour accompagner leur équipe vers la
victoire.
IV.2.1 Les instruments
Les instruments sont de plusieurs ordres. Nous
dénombrons entre autres les instruments musicaux, des tenues de
scène ou de parades.
IV.2.1.1 Les instruments musicaux
Les instruments musicaux
qu'utilisent les fanatiques du CSY sont le produit de l'art musical ewondo.
C'est ainsi que nous pouvons dénombrer balafons et tam-tams. Ces
instruments domiciliés chez l'intendant du club, ne sortent que lorsque
le CSY doit livrer un match le plus souvent à domicile. Ils apportent du
rythme aux paroles prononcées lors des chants accompagnant le jeu sur
le stade. Sur ces planches du haut vers le bas, on retrouve nyas sur
le premier cliché, nnom nkul (balafon mâle), ngal
nkul (balafon femelle) et mwan nkul (balafon fils) sur
le deuxième cliché, nkàn (castagnettes)
sur le troisième cliché et mbè (tam-tam)
sur le dernier cliché.
Planche 8:
Nyas : un des instruments musicaux du club à Mvog-Mbi
Cliché MOUAFO (20 Septembre 2012)
Planche 9:
Nnom nkul en bas, ngal nkul au milieu et mwan nkul au dessus à
Mvog-Mbi
Cliché MOUAFO (20 Septembre 2012)
Planche 10: Nkàn ou sonnerie a double
cloche à Mvog-Mbi
Cliché MOUAFO (20 Septembre 2012)
Planche 11:
Mbè ou le tam-tam à Mvog-Mbi
Cliché MOUAFO (20 Septembre 2012)
Ces instruments sont similaires à
l'équaliseur d'un appareil de musique dont on peut particulariser ainsi
qu'il suit : mbè et nnom nkul produisent le son
boomer et d'une batterie musicale; ngal nkul et
nkàn produisent le son hoomer ; mwan nkul produit le
son d'une guitare rythmique ou trebble et nyas quant à lui,
fait ressortir le son fin du tweeter. Généralement, c'est la
guitare solo qui entonne un chant avant les autres instruments ne prennent le
relais. Cela est identique avec le ngal nkul et le nkàn
dans le kpa-kum. En plus de ces instruments, Oyili club
tout comme le club Kassav de l'Aigle Royal de la Menoua, dispose d'une
sirène mécanique avec laquelle il annonce son entrée et
l'entrée des joueurs au stade. Cet objet sert aussi et surtout de
célébration lors d'un but marqué par le CSY.
IV.2.1.1 Les tenues de scène
La tenue de scène des supporteurs du CSY
est constituée de vêtements, survêtements, casquettes et
chapeaux. Cette tenue est cousue aux couleurs des Mekok-Me-Ngonda et
est arborée lors des rencontres à l'intérieur ou à
l'extérieur. Selon le règlement intérieur du club, ne peut
être supporteurs que celui ou celle qui remplit ses devoirs
vis-à-vis du club. Par conséquent, ne pourra faire partie du
convoi des supporteurs lors d'un match.
Sur les planches ci-après, nous observons
à gauche de notre page un supporteur tournant le manche de la
sirène pour célébrer le premier but du CSY face à
Aigle Royale de la Menoua à la 37ème minute. Cette
s'était achevé sur un score de parité 2 buts partout. A
droite, nous voyons le président de Oyili club en tenue rouge
marquée du logo du CSY, insistant que le chercheur note ce qu'il lui
dit. Auprès de ce dernier le chercheur et d'autres membres du club.
Planche 12: Les tenues
de scène d'Oyili club de Nkolndongo au stade
annexe Omnisport
Cliché MOUAFO (7 Octobre 2012)
Planche 13:
le président du club Oyili de Nkolndongo en tenue rouge, d'autres
membres et le chercheur au stade annexe Omnisport
Cliché ACHE (7 Octobre 2012)
La tenue de scène pour les manifestations
footballistiques est le fruit de l'organisation des supporteurs qui mettent en
exergue des paroles afin de jouer pleinement leur rôle de
12ème joueur.
IV.2.2 Les paroles
Les paroles prononcées sous forme de chants
par les supporteurs du Kpa-Kum, sont principalement les chants de
concurrence entre les clubs de division d'élite. Ces chants sont
exécutés en langue ewondo et surtout lors d'une victoire ou d'un
match nul dont le résultat ne change pratiquement rien sur la position
du club. Il ne se chante jamais lors d'une défaite. Nous avons comme
exemple de chanson ceci :
Version ewondo
Traduction littérale
O liga na wa ke lagba ai « Union »
Tu laisses que tu pars mesurer a « Union »
Wa na osu lagba Canon nga me lagba Toi que
viens mesurer Canon quelle me mesure
Refrain
Refrain
Lag lag lag nga me lagba
Audace audace audace quelle audace
O soa ya e e e nga me lagba
Viens ici eih eih eih quelle audace
Traduction littéraire
Au lieu d'aller rivaliser avec
« Union »
Tu oses venir rivaliser avec Canon !
Refrain
Quelle audace ! Quelle audace ! Quelle
audace !
Viens ici ! Quelle audace !
Ces chants une fois entonnés, les danseurs
à travers des mouvements rythmés par le son des instruments
musicaux, attirent l'attention des spectateurs qui en applaudissant, ventilent
les joueurs sur le stade. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils se
nomment « fan club » car ils ventilent à la fois les
joueurs et les spectateurs.
IV.2.3 Les mouvements
Les clubs sportifs se comportent de fait comme des
nations en miniatures, avec ses lois (règles de jeu et règlement
intérieur), des emblèmes et bannières en lieu de drapeaux,
une citoyenneté (ses membres) et même un gouvernement
(comités exécutifs ou autres). L'anthropologie a identifié
trois niveaux de défense territoriale : clanique, familial et
individuel. Or une équipe sportive est un clan à part
entière, dont les membres (joueurs et supporteurs) arborent
fièrement les couleurs : maillots, logos, écharpes, autocollants,
chansons, etc. L'être humain, par nature, a besoin d'appartenir à
un groupe, mais la taille croissante des nations qui se comptent pour les
grands pays en dizaines de millions d'individus n'est plus à
échelle humaine. Pour beaucoup aujourd'hui, clubs, associations,
entreprises ou sectes viennent combler ce rôle, morcelant la
société par affinités communes. Le CSY venant du clan
Mvog-Mbi qui a reçu un stade de la famille Adolph Mbida dispose d'un
club de supporteur mixte, constitué d'hommes, de femmes et de jeunes.
Ces individus à travers mouvements et parades, apportent du soutien aux
acteurs principaux que sont les joueurs sur le stade. La planche ci-dessous
présente les supporters en mouvement lors du match Canon-Union qui
chantent, dansent et jouent aux balafons avec derrière eux, des
spectateurs.
Planche 14: Les
danseurs de Oyili club en mouvement stade Omnisport de Yaoundé
Cliché EFFA (11 Mars 2012)
Sur cette image, nous remarquons que la tenue de la
gente féminine est rouge pour ce qui est de la jupe et verte en ce qui
concerne le tricot. Pour le gente masculine, il s'agit du pantalon de couleur
rouge, la culotte et le tricot de couleur mixte rouge-verte ou tout simplement
un tricot vert pour ceux qui arborent des pantalons de couleur rouge. Nous
remarquons également que le chapeau est multiforme ainsi que le drapeau
et sont aussi peints aux couleurs du club. Cela exprime la volonté et
l'engagement des supporteurs.
IV.2.4 Les acteurs
Les acteurs de l'animation autrement appelés
les membres sportifs du CSY, sont majoritairement membres du club Oyili
et apportent l'aspect culturel comme éléments de
vulgarisation de la culture ewondo. Néanmoins, il existe des acteurs
individuels qui peuvent lors des manifestations, se joindre au club pour
supporteur leur équipe. Ceux-là disposant aussi des
équipements aux couleurs réglementaires, sont admis sans ambages.
Cependant, ils ne peuvent pas assister aux assises du club Oyili parce
que n'étant pas membre. Avant la fin de la saison sportive 2011-2012, ce
club ne venait plus au stade avec tous ses gadgets à cause de
l'émergence d'un certain nombre de conflits. Outres ces membres
sportifs, il existe d'autres membres qui ne sont pas concernés par
l'animation (joueurs, encadreurs) ou mieux, font l'objet de l'animation dont la
finalité est de trouver de l'énergie provenant du fan club pour
prester sur le stade d'où la notion de douzième joueur. Ces
acteurs sont importants pour le bon fonctionnement du club et ce dans la mesure
où lorsqu'un maillon se détache, c'est tout le système qui
en souffre et est appelé à disparaître.
IV.3 LES CONFLITS AU SEIN DU CSY
Comme tout phénomène social, la
pratique du football génère parfois des conflits. De nombreux
stades dans le monde ont servi de cadre de violences ayant parfois eu raison
sur de nombreuses vies humaines. Au sein du CSY, il ne règne pas
seulement l'harmonie due à l'aspiration globale qui est la gloire de
l'équipe. De temps à autres, naissent des conflits
spontanés entre dirigeants, supporteurs et joueurs. Ces écarts
peuvent être causés par une divergence de points de vue sur une
question qui engage l'avenir du club ou peuvent tenir à un quelconque
détail. Ces conflits peuvent mettre en désaccord les individus de
la même catégorie ou de différentes catégories.
IV. 3.1 Les conflits horizontaux
Nous entendons par conflits horizontaux, les conflits
dans la même catégorie d'acteurs. Il peut s'agir des conflits
entre supporteurs, joueurs et dirigeants.
IV.3.1.1 Les conflits entre supporteurs
Les supporteurs apparaissent parfois dans une
équipe de football moderne comme le maillon faible de la chaîne.
Classifié comme douzième joueur, l'ensemble des supporteurs
constitue la force vive des équipes populaires comme le CSY. Des
conflits sont récurrents au sein de la vie des Mekok-Me-Ngonda
dans la mesure où les aspirations des uns et des autres ne sont pas
toujours prises en compte dans le fonctionnement de l'équipe. Suite aux
ramifications et à des lobbyings entre les supporteurs, ceux-ci se
déchirent de temps en temps suivant les parties en présence. Des
bagarres et injures caractérisent très souvent les
débordements entre les supporteurs. C'est le cas de l'art. 8 al. 1 et 2
du règlement intérieur du CSY. Cet article stipule que
les « supporters Privilèges » participent
directement et à titre individuel à toutes les assemblées
y compris l'Assemblée générale élective. Cela
constitue un processus d'exclusion pour d'autres membres supporteurs car payant
la même somme de 100 000 FCFA, le comité de soutien devrait
également y participer. Les membres « supporters
Gold » quant à eux payant 50 000 FCFA l'an,
réclament aussi leur participation aux assemblées afin de donner
leur point de vue pour la bonne marche de l'association. C'est ainsi qu'un
« supporter Gold » ayant refusé de nos donner son
nom affirme que « nous sommes exclus parce que nous disons la
vérité et par ce nous voulons savoir comment notre argent est
géré ». Ces conflits touchent aussi bien les
supporteurs que les joueurs.
IV.3.1.2 Les conflits entre joueurs
Entre les joueurs, les conflits naissent
généralement entre ceux qui partagent le même poste. Il est
difficile parfois pour certains d'accepter de rester sur le banc de touche
pendant que leurs coéquipiers jouent. Des conflits de leaderships ne
sont pas aussi des moindres. La notion de cadre dans l'équipe entretien
très souvent les conflits latents entre joueurs car en fonction des
ramifications avec tel ou tel cadre conduisent à des rivalités
entre les joueurs. C'est ainsi que certains joueurs dits joueurs-cadres
minoritaires, ne sera pas traiter comme d'autres joueurs dits ordinaires
majoritaires. Les premiers ont des facilités comme celles de causer
directement avec la présidente du conseil d'administration et parfois
recommander le recrutement de certains joueurs. Les seconds quant à eux
ne jouent que leur rôle principal.
Il faut cependant noter que les conflits sont
aussi causés par le spectre de la pratique magico-religieuse. Certains
joueurs craignent d'autres pour leurs aventures mystiques. Il s'agit notamment
de ceux qui sont réputés dans la méforme et des maladies
à l'aube des grands matchs. Dès lors qu'un climat de
méfiance mutuelle s'installe et s'ouvre très souvent à des
conflits circonstanciels car comme l'a affirmé un joueur de champ,
« la sorcellerie existe. Je ne peux pas comprendre le fait qu'au
soir de la veille du match je suis bien portant mais quelques heures avant la
rencontre moi gardien titulaire je suis gravement malade ». Les
joueurs sont la pièce maitresse de tout club. Dès lors que la
hiérarchie est en discorde, ceux-ci se sentent directement
touchés.
IV.3.1.3 Les conflits entre dirigeants
Le CSY connaît depuis près de 4 ans
plusieurs différends. On note celui du licenciement du directeur
général Louis ONDOUA en 2012 et la démission du nouveau
directeur général Jean ESSOMBA en 2013. Pour le cas de
démission, il s'agissait d'un problème financier entre la
présidente du conseil d'administration et ce directeur parce qu'il ne
voulait pas s'acquitter de ses devoirs tel que prévoit le
règlement intérieur. Mais selon d'autre source, il était
en tant que nommé à son poste de directeur général
et devrait plutôt percevoir un salaire mensuellement. Pour
renchérir, il était très large affirme un informateur
puisqu'il, « partageait de l'argent aux joueurs et
fayotait l'administration. Cela réduisait le pouvoir et
l'autorité du conseil ». Un autre conflit entre membres
dirigeants est celui lié au choix du coach en 2012. A un certain moment
au CSY, il y avait deux entraineurs dont Aboubakar SOULEYMANOU, nommé
par la présidente du Conseil d'Administration et Louis Paul MFEDE,
envoyé par le conseil des sages. Le tableau ci-après par nous
conçu, présente les motivations des uns et des autres membres.
Tableau 3 : Le
tableau comparatif du choix de l'entraineur du CSY en 2012
Coaches
|
Aboubakar SOULEYMANOU
|
Louis Paul MFEDE
|
Raison du choix
|
Haoussa
Diplômé en sport
Universitaire
A coaché plus de 30 clubs
|
Béti
Technicien du terrain
Ancien joueur du CSY
A coaché moins de clubs
|
Présence
|
Officielle avec contrat
|
Officieuse sans contrat
|
Côte de popularité
|
PCA et DG
|
Conseil des sages
|
Source : Production de MOUAFO (23
Septembre 2013)
Les critères du choix de ces coaches montrent
que le premier est accepté par un groupe de personnes. Cependant, le
second accepté par l'autre groupe de personnes et selon les raisons du
choix est un ancien joueur maitrisant le terrain.
Lors de nos enquêtes sur le terrain, nous
avons souvent entendu dire que les membres du conseil des sages abusent de
leur autorité par le fait qu'ils s'opposent au transfèrement des
certains joueurs. Le directeur général quant à lui a
souvent monté le conseil des sages contre la présidente du
conseil d'administration au sujet de la gestion des allocations de la LPFC et
de MTN. Outres les litiges horizontaux, il existe des litiges verticaux
c'est-à-dire les conflits hiérarchiques et de catégories
diverses.
IV.3.2 Les conflits verticaux
Les conflits verticaux sont ceux qui vont
directement des supporteurs aux joueurs en passant par les dirigeants.
IV.3.1.1 Les conflits entre supporteurs et joueurs
La passion du football est incitatrice. Autant les
supporteurs et les joueurs s'y intéressent puisqu'ils sont tous des
metteurs en scène. Pour les joueurs, les supporteurs doivent actualiser
les actions réussies et les victoires en ovationnant, mais potentialiser
les actions ratées ainsi que les défaites. Par contre, pour les
supporteurs, les joueurs sont comme la garantie ou le cheval de bataille au PMU
où le turfiste investi un capital marchand afin d'en tirer des
bénéfices. Pour cela, lors de la défaite, ils sont
hués et taxés de tous les maux. C'est ainsi que dans ses propos,
un supporteur20(*)
déclare : « je pari régulièrement pour
le score du match et le joueur qui va marquer l'un des buts ».
Il ajoute « quand je perds, je suis fâché et je ne
veux pas qu'on m'énerve sinon je peux faire et
regretter ». Nous comprenons à cet effet que les
supporteurs détestent amèrement la défaite. Ils agissent
souvent en dehors des criaillements par le lancement des pierres sur les
joueurs au stade, le refus de venir au stade et la non cotisation de frais de
supporteur selon la catégorie de membre. Les joueurs lorsqu'ils sont en
conflit avec les supporteurs, les dirigeants prennent plus ou moins le pas afin
de régulariser la situation, qui n'est pas du tout aisée.
IV.3.1.2 Les conflits entre joueurs et dirigeants
La discorde entre joueurs et dirigeants au CSY comme
dans certains clubs comme Aigle Royal de la Menoua et
Sable de Batié dont nous avons eu l'occasion de visiter, est
souvent due aux finances par le non paiement des salaires vers la fin de la
saison sportive. Du fait que le sort de l'équipe soit connu, une
victoire ou une défaite n'a plus d'impact significatif. Les dirigeants
quant à eux accusent le retard de MTN et de la LPFC dans le transfert
des allocations et que les membres supporteurs ne versent pas
régulièrement leurs cotisations annuelles. Aux vus de cela, les
joueurs se démotivent et s'absentent aux entrainements enfonçant
ainsi le club vers l'élite two. Ceci pourrait prendre sa source dans ces
propos de Augustin KONTCHOU K., un politicien camerounais lors d'une
interview21(*),
« un bon joueur ne manque pas d'équipe ». C'est
dire que ces derniers pourront en fin de saison quitter le club et
évolueront ailleurs. Cela peut aussi remettre sur table la mal gestion
du côté des dirigeants et le non patriotisme du côté
de joueurs.
IV.3.1.3 Les conflits entre dirigeants et supporteurs
Les rivalités entre membres dirigeants et
membres supporteurs ont trait à l'argent. Selon ce même
article22(*) et l'art.
923(*), chaque membre
dirigeant, les membres « supporters Privilèges » et
le comité de soutien cotisent par an la même somme de 100 000
FCFA. Pour cela, le comité de soutien ne participant pas aux
réunions, rentre dans le camp d'autres membres supporteurs tels que
«supporter Silver», «supporter Leader» et
«supporter Ordinaire» pour inciter les supporteurs individuels
et le public à manifester ou à s'absenter lors des matches.
S'il est vrai que le football est un fait social et le stade
un non lieu (Marc AUGE, 1992), il n'en demeure pas moins vrai qu'ils soient des
productions culturelles. Le football est accompagné par des pratiques
rituelles, par un système de management, qui sont le fruit des
comportements individuels et ont des répercussions dans la
société des hommes. La lutte pour le positionnement est ce qu'il
y a de plus constant dan la société. Cette lutte constitue en
effet le principe du changement social et par conséquent celui du
développement par la critique que font les supporteurs aux joueurs et
aux dirigeants vice versa et entre chaque groupe de membres.
CHAPITRE V :
PERCEPTION DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO DE
NKOLNDONGO
Le football en tant qu'un tout, regroupe dans sa pratique
plusieurs éléments socioculturels, économiques et humains.
Il est un phénomène de masse, une peste émotionnelle qui
fait partie du vécu quotidien, dont les répercutions vont
au-delà du cadre même dudit sport et touche les autres aspects de
la vie sociale tels que la politique, la famille etc. La culture n'étant
que racontabilité, elle diffère d'une ethnie à l'autre
selon les éléments naturels et culturels façonnés
par les individus qui y vivent. Le football aussi n'est pas en reste car c'est
dans chaque culture les clubs de football émanent. C'est dire donc que
la perception du football diffère d'une socioculture à
l'autre.
V.1 LA DENOMINATION DU CSY
La socioculture ewondo nomme ndamba le ballon (en
français) ou ball (en anglais). Il s'agit de tout type de balle
ronde avec laquelle on peut jouer soit avec les mains soit avec les pieds.
Lorsqu'il s'agit du football, cette socioculture ajoute à
ndamba le mot meko, qui signifie pieds en français et
foot en anglais et donc, ndamda meko, se dit du ballon qui se
joue avec les pieds. Cette précision meko n'est pas sans
importance car elle se distingue de ndamba moa. De wa, au
singulier qui signifie la main et moa au pluriel qui signifie les
mains ou hand en anglais, ndamba moa est le ballon
qui se joue avec les mains donc le handball voire le rugby.
Le CSY a connu plusieurs appellations non retenues qui avaient
trait aux noms des fauves et rapaces tels que léopard, épervier
etc. Ce qui pouvait expliquer une parfaite symbiose d'avec les
éléments de la nature. Ce club de Nkolndongo est aussi connu
sous le nom de Kpa-Kum, Mekok-Me-Ngonda et plus récemment
Société Anonyme à Objet Sportif.
V.1.1 Le Kpa-Kum
Kpa-Kum est le son d'une arme française qui
avait mis en déroute l'armée allemande au Cameroun en 1916 lors
de la PGM et qui plaça le Cameroun sous tutelle de la France via la SDN.
Le cliquetis Kpa et la détonation Kum sont donc les
deux sons du canon. Le Kpa-Kum du canon ou le canon lui-même en
tant que pièce d'une artillerie, tube d'une arme à feu ou encore
arme proprement dite de par sa puissance et sa force de frappe, la
rapidité de son tir et le ciblage de son adversaire, est reconnu comme
une arme redoutable qui dévaste tout sur son chemin. Cela signifie selon
les anciens du CSY c'est-à-dire ceux dont l'ancienneté est de
trente à cinquante ans, que le club de football qui porte ce nom est
identique à cette arme. Quant aux nouveaux du CSY c'est-à-dire
ceux dont l'ancienneté est de dix à vingt ans, le
Kpa-Kum est le reflet de ses palmarès. Cela se justifie par le
nombre de coupes et de titres nationaux et continentaux qu'a remporté ce
club depuis sa création en 1930 jusqu'à nos jours soient dix
coupes du Cameroun, dix titres de champions du Cameroun, quatre coupes
continentales dont trois coupes des clubs de champions et une coupe des clubs
vainqueurs de coupe. Il a été par ailleurs sacré
4ème meilleur club du 20ème siècle.
Ainsi, le Kpa-Kum se réjouis d'être jusqu'ici le club le
plus titré de l'histoire du football au Cameroun.
Le CSY connait encore une autre appellation cette fois ci en
langue ewondo qui pourrait avoir une signification plus précise
pour la compréhension du football.
V.1.2 Les Mekok-Me-Ngonda
Mekok, cailloux ; Me,
qui ; Ngonda, brulent. Mekok-Me-Ngonda
ainsi traduit ici comme les cailloux qui brûlent sortant de l'arme
à feu (canon). Ainsi, le CSY tire à la place des pierres, des
cailloux et des cartouches le ballon rond puisqu'il s'agit du football. Pour
cela, ces balles telles que présentées sur le logo du club,
montrent que tous les adversaires du CSY recevront des coups de ballons et
seront bombardés sans regret. Cela symbolise par là la force de
frappe et la toute puissance dudit club. De même, dans le chant de
victoire du CSY, on retrouve des groupes de mots propres à la langue
ewondo tels que :
O liga na wa ke lagba ai
« Union » Au lieu d'aller rivaliser avec
« Union »
Wa na osu lagba Canon nga me lagba Tu oses
venir rivaliser avec Canon !
Refrain
Lag lag lag nga me lagba
Quelle audace ! Quelle audace ! Quelle audace !
O soa ya e e e nga me lagba
Viens ici ! Quelle audace !
Ces groupes de mots dans le contexte général du
football, font l'éloge de la France par son arme redoutable qu'est le
canon et dans le contexte particulier du football, marquent la
supériorité du CSY sur d'autres clubs de la MTN Elite One au
Cameroun. Le nom « Union » entre guillemets
signifie tout simplement qu'il est variable ; ainsi plusieurs autres noms
de clubs de football peuvent remplacées celui de l'Union club
de Douala.
Le CSY est un élément dans un tout
c'est-à-dire est un club parmi tant de clubs regroupés au sein
des institutions qui les managent. Ainsi, celles-ci ont transformé les
clubs de football en société.
V.1.3 La Société Anonyme à Objet Sportif
La LPFC a voulu donner plus de crédibilité aux
clubs de football en les transformant en société. Le CSY suite
à cette professionnalisation du football au Cameroun en 2012 a ainsi
changé de dénomination et a pris le nom de Société
Anonyme à Objet Sportif (S.A.O.S). Le changement du CSY
en S.A.O.S. aurait un effet sur l'essence même du club en terme du
rôle que joue une arme : le canon. Les Mekok-Me-Ngonda
perdraient à cet effet plusieurs aspects de leur forme originale par
l'implication de plusieurs actionnaires et de leur perception originelle
à travers la perte du sens propre du canon redoutable, des cailloux ou
des ballons brulant.
V.2 LE FOOTBALL : UNE ACTIVITE DE DEVELOPPEMENT
Plusieurs secteurs d'activités telles que le commerce,
la politique, l'industrie ont longtemps concourus au développement des
grandes nations. De plus en plus, le sport en général et football
en particulier malgré son second rang après le golf en terme de
revenu individuel, le football est le sport collectif le plus rentable mais,
qui nécessite beaucoup d'investissements, capte le plus d'attention et
fait l'objet de moult migrations de nos jours. Son rôle est multiple et
ne peut se comprendre qu'au niveau de l'individu, du groupe et des institutions
par la question pourquoi jouer au football ? Le football dans le sport
occupe une place prépondérante. Il occupe en matière
d'espace géographique une très grande surface
aménagée de gradins d'une pelouse ; de plus cette aire est
équipée de vestiaires et lampadaires qui non seulement permettent
aux joueurs d'être dans leur aise mais aussi donnent la
possibilité aux supporteurs et spectateurs de s'asseoir et de regarder
le déroulement d'une rencontre. Les stades de football ici et ailleurs
ont souvent permit le développement d'autres disciplines telles que la
course de fond, de relai, le lancé de javelot, de la masse, du disque,
du saut en hauteur etc. C'est pourquoi ce sport ou alors son espace de
prestation semble être un tout car il abrite parfois des
conférences, des concerts de musiques... Par conséquent, il
intéresse toujours les populations pour la simple raison que lors d'un
match de football, on assiste souvent aux prestations des artistes et lors des
compétitions scolaires, le football est toujours programmé en
dernière position. Ceci parce qu'il est selon Christian BROMBERGER
(1988), « la bagatelle la plus sérieuse du
monde ». C'est dire que le football retient l'attention de ses
fans sur son aspect ludique et émotif.
V.2.1 Le football : une activité
récréative
En général, les exercices physiques tels que le
handball, le basketball, le rugby, le football etc., contribuent à la
libération du cerveau, au maintien et au développement des
organes du corps humain. Le football permet tel que pratiqué par les
joueurs du CSY est un football qui va au-delà d'une activité
récréative pour intégrer la sphère d'un capital
marchand car plus le joueurs est performant, plus il se vend cher. La notion de
récréativité constitue pour ainsi dire la base de toute
carrière sportive ou footballistique. Ceci pour la simple raison que
c'est lors des entrainements que le plaisir de jouer est accentué et
l'effort est fourni. Pour 2/6 des joueurs interviewés, le football
récréatif jouent plusieurs rôles à savoir baisser
l'adrénaline, dégraisser les muscles du corps, perdre le temps
avec les connaissances. Le football n'est pas que récréatif mais
permet aussi de gagner de l'argent par les acteurs qui le pratiquent et qui le
mettent en scène.
V.2.2 Le football : une activité
économique
Le football loin d'être un sport
récréatif est aussi et surtout une activité
économique donc marchande. Dans ce mouvement footballistique, on observe
les trois étapes d'un système économique à savoir
la production, la distribution et la consommation. Au CSY, les joueurs à
former ou à produire à travers les entrainements sont
principalement ceux qui n'ont pas de licences et ce dans l'optique de recruter
uniquement les meilleurs. Le principe d'organisation de l'économie
étant basé sur la production, plusieurs amateurs viennent se
former au CSY afin d'être vu par les entraineurs d'autres clubs. Cette
production passe par un travail intense que Margaret MEAD (1973) distingue en
trois instances : l'individualisme ; la coopération et la
compétition.
-L'individualisme dans le football consiste pour un joueur
à se préparer personnellement afin de se maintenir en forme,
relever le défis sur ses coéquipiers en pratiquant des exercices
physiques tels que la course de fond, de vitesse et en jonglant le
ballon ; il y ajoute aussi des exercices intellectuels en jouant au PS
FIFA. Force à été de constater que deux jours avant une
rencontre de championnat, chaque joueur veut donner le meilleur de
lui-même afin de prétendre être sélectionné
parmi les onze entrants. Il s'agit tout aussi de la production des moyens par
divers types de cotisations et de membres, des allocations de MTN et de la LPFC
afin de poursuivre le championnat jusqu'en fin de saison. En revanche, cette
somme connait toujours un retard, ce qui sclérose le fonctionnement le
mouvement sportif de la MTN Elite One et Two.
-La coopération quant à elle a trait au jeu
collectif c'est-à-dire aux entrainements de groupes par les gestes
physiques, tactiques et techniques, plus précisément les
séances de décrassages, les microcycles de préparations,
les matchs de groupes en fonction du système de jeu à
développer. C'est ici que la concorde, la cohésion et la
complémentarité sont actualisées. Selon Julien GREIMAS
dans Du sens : Essais sémiotiques, cité par Jacques
FAME NDONGO (2005 :14) dans Medias en enjeu des pouvoirs, le
pouvoir est un texte ou un système de signes constitué de six
actants. A ce niveau, nous pouvons déjà évoquer une
distribution car les joueurs en tant que produits ou sujets héros, sont
mandatés par le coach ou destinateur et positionnés ou
répartis sur l'air de jeu en fonction des postes et, le ballon l'objet
à distribuer aux coéquipiers afin d'assurer par les actions de
buts concrétisées la victoire ou l'objet-valeur. Les supporteurs
ou adjuvants forces bénéfices, via cris et chants
apprécient les gestes des uns et des autres au détriment des
adversaires y compris supporteurs ou opposants traitres. Ainsi, tous les
membres du club ou destinataires jouiront des retombées des actions des
joueurs.
-Parlant de compétition, elle est la plus
actualisée entre coéquipiers car le stade devient un lieu
d'arène où se battent les joueurs pour une éventuelle
sélection parmi les onze du coach en vue d'une rencontre. C'est un
spectacle. Ce qui génère très souvent des conflits allant
jusqu'aux affrontements manuels entre joueurs d'une seule et même
équipe où chaque acteur ne vise que son intérêt
personnel, rendant ainsi le stade en une zone d'incertitude.
L'anthropologie ajoutera comme sémantique au football
le symbole de l'ambivalence fondamentale de l'être humain,
écartelé d'une part entre sa solitude et son besoin de
solidarité, d'autre part entre son affirmation de soi-même comme
un autre et son désir d'anéantir l'autre comme obstacle sur le
chemin de son auto-réalisation. L'accomplissement et la destruction,
l'altruisme et l'égoïsme, la création et la violence,
l'habitation et la décomposition du monde. Le football serait alors une
formidable parabole de notre destinée individuelle et collective, dans
son ambiguïté constitutive, expression d'un partage jamais
résolu entre le désir de bonheur et le retour cyclique du malheur
et des inégalités. C'est ainsi qu'en
1831 en Angleterre et dans un
ses réminiscences, un jeune leader britannique de Eton
College, une école publique Britannique pour garçon
fondée par Hernri VI, roi d'Angleterre, déclare « I
cannot consider the game of football as being gentlemany; after all, the
Yorkshire common people play it ». C'est dire
que puisque le bas-peuple y joue, il ne saurait avoir du prestige dans le
football car selon lui, il fallait que ce sport-jeu soit l'exclusivité
des gentlemen. Ce qui devrait être antithétique aux objectifs du
football par son caractère ouvert, festif et émotionnel.
La distribution se fait sous plusieurs aspects. Comme nous
l'évoquions ci-dessus, elle commence par le positionnement des joueurs
sur le stade, la répartition des salaires en non seulement en fonction
des joueurs titulaires ou irremplaçables et des joueurs non titulaires
ou remplaçables, mais aussi et surtout du montant du négoce ou du
transfèrement d'un club à l'autre d'une part et entre chaque
employé (joueur) et l'employeur (administrateur) du club d'accueil
d'autre part. Dans cette seconde étape du système
économique, il nous a été donné de constater que le
salaire des joueurs n'est pas payé du début à la fin du
championnat parce qu'en début de saison sportive, les frais de signature
représentent officieusement le salaire d'un joueur pendant deux à
trois mois. En fin de saison, si l'équipe est en pole position pour son
maintien et loin de la zone de relégation à quatre journée
de la fin du championnat, le salaire devient une selon les joueurs de champ
comme « les selles d'un enfant au la'kam24(*) ».
Au CSY, la consommation des biens ou des produits
générés par le football ne sont pas consommés de
façon ostentatoire car la structuration du club n'est pas effective,
raison pour laquelle ces revenus sont gérés approximativement. Ce
qui laisse croire qu'il existe des centres de pouvoirs et de conflits entre
dirigeants, entraineurs et joueurs en ce qui concerne aussi la
productivité d'un joueur acheté, vendu, échangé
où doit intervenir la monnaie comme moyen de paiement, mesure et
réserve de valeur.
Sur les six joueurs enquêtés, seuls trois jouent
d'abord par passion, deux par contrainte ; ensuite quatre jouent pour
gagner et enfin tous jouent pour de l'argent et pour maintenir leur place au
sein de l'équipe. Cela signifie que ceux qui jouent pour l'argent et le
maintien dans l'équipe sont des commerçants qui vendent leurs
talents aux meilleurs offrants et détruisent par là la notion de
patriotisme et de sacrifice. En ce qui concerne ceux jouant par contrainte, de
profonds entretiens avec deux informateurs25(*) nous ont montré que ces joueurs sont en
stand by parce que n'ayant pas eu de meilleurs club en terme de
salaire et jouent sous prescriptions des dirigeants pour ne pas perdre les
automatismes. Pour ceux qui jouent par passion, force a été
donnée de constater que le football est comme la sève qui coule
dans un arbre ou pour qui le football est dans le sang donc inné.
Pour faire carrière dans le Kpa-Kum, il faut
d'abord « être » par l'individualisme, ensuite
« vaincre » non seulement les coéquipiers pour
être sélectionné parmi les onze entrants mais aussi
l'adversaire afin de marquer les trois points et, enfin,
« convaincre » le coach et le public dans la qualité
de prestation du jeu. C'est cela la devise du CSY
« Etre-Vaincre-Convaincre ». Cela semblerait incomplet pour
un encadreur car en plus de ces verbes, il a souvent coutume d'y ajouter le
verbe « mourir » signifiant ainsi un sacrifice
éternel pour le club.
V.2.3 Le football : une activité
professionnelle
Le football au sein des clubs des MTN Elite One et Two
n'était pas encore un sport professionnel. La FIFA en tant qu'instance
faitière du football mondial avait instruit toutes les
fédérations du monde d'instaurer à l'horizon 2010, le
football professionnel. C'est en 2012 que ceci voit le jour au Cameroun et
donc le CSY prend le nom de S.A.O.S. Cette professionnalisation est née
du fait que les jeunes footballeurs ne nourrissaient plus qu'un seul
rêve, s'expatrier pour aller mieux vendre leurs talents et s'offrir de la
visibilité. Le football sort dont de l'amateurisme qui consistait
à le pratiquer et le gérer comme une distraction pour occuper ses
heures de loisir au professionnalisme qui pour sa part, voudrait que le
football soit considéré comme une industrie créatrice
d'emplois et génératrice de revenus pour des travailleurs qui y
consacrent l'essentiel de leur temps. Au niveau du Cameroun également,
une convention tripartite a été paraphée le 28 Juin 2011
au Palais polyvalent des sports de Yaoundé entre la CNPS (Mekoulou
MVONDO), la FECAFOOT (Francis MVENG) et le MINSEP (Michel ZOA), visant à
assurer une couverture sociale en cas de maladie, de décès,
d'invalidité, de pension de vieillesse et d'accident professionnel de
tous les footballeurs de l'équipe nationale, des clubs d'élite,
des arbitres, des officiels de matchs, des dirigeants à la CNPS ainsi
que les encadreurs et le personnel administratif rattaché aux clubs. Il
s'agissait en effet pour la FECAFOOT de transmettre la liste des clubs
affiliés auprès d'elle à la CNPS et de recruter les
acteurs ci dessus-cités sur la base d'un contrat de travail ayant pour
finalité leur immatriculation à la CNPS. Le MINSEP quant à
lui devrait veiller à l'application de cette convention. Ce qui montrait
les prémices d'une professionnalisation.
L'activité professionnelle que devient le football aura
des avantages en ceci que les joueurs pourront voir leurs salaires payés
régulièrement ainsi que leurs primes. Cela donnera une fois de
plus le goût de jouer au pays. Cependant, selon un des dirigeants du
club, cette professionnalisation amenuisera le pouvoir des présidents de
clubs par le fait que ces derniers (les clubs) seront des
sociétés et les présidents en des associés à
capitaux divers, à l'implication des actionnaires, qui partageront les
revenus du club. C'est peut être une raison de plus qui explique que le
football tel que pratiqué avant 2012 était plein de flou et
d'égoïsme par le fait que certains clubs appartenaient à un
seul individu.
V.2.4 Le football : une activité de bien
être
La pratique du football inclut nécessairement
l'activité physique. Il permet de réduire le stress,
l'anxiété et lutte contre certains états
dépressifs. Le football réduit le risque de maladies cardiaques,
de diabète et d'hypercholestérolémie. Par ailleurs, la
pratique d'une activité physique confère à l'organisme une
protection contre certains cancers dont le cancer du sein et permet d'obtenir
un os de bonne qualité et de réduire les risques
d'ostéoporose (déminéralisation des os qui leur rend
fragiles). Cette activité physique maintenant l'autonomie des personnes
âgées, contribue à meilleure intégration sociale. Il
est important pour toute être humain en général et pour le
footballeur en particulier de pratiquer le sport également
éloigner la vieillesse car l'inactivité sur l'appareil locomoteur
fragilise le squelette et les os, diminue l'élasticité musculaire
et tendineuse, provoque des lésions cartilagineuses et la
précocité de l'arthrose (maladie chronique des articulations),
amoindrit la masse musculaire et diminue le sens de l'équilibre. Sur
l'appareil cardio-vasculaire, cette l'absence du sport provoque un
vieillissement du fonctionnement du coeur avec une moindre efficacité de
celui-ci, favorise l'apparition d'hypertension artérielle et
l'apparition d'insuffisance cardiaque. Au niveau de l'appareil
respiratoire, inaptitude créée une diminution les
capacités respiratoires, diminue les capacités d'endurance ou de
résistance, favorise l'apparition de l'essoufflement. Sur le
système nerveux, son absence, diminue les réflexes
ostéo-tendineux, diminue l'équilibre, et favorise les chutes.
Pratiquer l'exercice physique par le biais du sport baisse le déclin des
capacités respiratoires, lutte contre le vieillissement cardiaque,
augmente le débit cardiaque, maintient une fréquence cardiaque
basse de repos, stabilise la tension artérielle, lutte contre
l'apparition du diabète, maintient un bon équilibre du
cholestérol, lutte contre l'ostéoporose, permet de
contrôler son poids et d'entretenir une bonne forme physique, diminue le
stress et l'anxiété et les états dépressifs. Les
activités physiques sont nécessaires pour le maintien en bonne
santé. Une pratique du sport dans un club peut être une bonne
option afin d'être suivi, conseillé et encadré
professionnellement et pratiquer une activité physique ou un sport sans
risque. C'est une des raisons de la naissance des clubs de football.
V.2.5 Le football : une activité de promotion
sociale
Le football est un sport qui au Cameroun, est connu sous le
nom de sport roi. Il propose une alliance entre émotions, sentiment
d'appartenance, dépassement de soi et met en scène la
réussite ou l'échec. Ce sport roi n'est pas une donnée
gratuite car partout dans les cantons, villages, associations, groupes
ethniques et surtout des établissements scolaires et universitaires...,
que se soit en période de classe ou lors des congés, plusieurs
familles ou groupes d'individus se mobilisent au vu d'organiser un tournoi de
vacance ou un match amical de football interne et/ou externe afin de mesurer
les capacités des joueurs, découvrir les talents et surtout
sceller le lien social. Ayant compris l'importance de ce sport, des parents
font cette promotion du football à travers l'achat des Play Stations
FIFA aux enfants, leur inscription dans les écoles de football qui en
réalité développe psychologiquement ces derniers et leur
rend assidu dans le processus d'apprentissage. Aussi, les joueurs du CSY
s'investissement dans ces PS afin de développer des automatismes lors
des rencontres. Le sport en tant qu'opium du peuple a souvent eu des
conséquences positives et négatives dans les relations amicales
et fraternelles par la passion de vaincre l'adversaire. C'est ainsi que lors
d'un match gagné, joueurs, coaches, supporteurs et dirigeants du club se
soudent les coudes et forment une famille qu'il convient de qualifier ici sous
le nom de famille sportive ou famille sociale. Nous avons par là,
observé une largesse de la part des supporteurs du CSY,
manifestée par la distribution de la bière pour ainsi
célébrer une victoire.
Par ailleurs, au bout d'un match perdu, les adjuvants d'un
club très mécontents, sont prêt à jeter leur
dévolu sur toute personne. Du côté des joueurs, il y a
perte de l'espoir, nécessité de travail avec ardeur, les primes
perdus, le calme et le climat de tension règne entre eux parce un joueur
n'a pas donné la passe au moment opportun. Chez les encadreurs et
l'équipe c'est la baisse des performances et la perte des points. Pour
les supporteurs, le calme, la consommation de l'alcool cette fois individuelle,
les bagarres entre amis et les conflits conjugaux. Par contre, le spectateur
n'a aucun souci puisque appréciant le beau jeu sans distinction de camp
et pour le parieur, de gagner son pari. De façon générale,
cette défaite peut causer des accidents de circulation, les insomnies et
AVC.
V.3 LA CULTURE DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO DE NKOLNDONGO
La culture en tant qu'un tout complexe, une
vérité de vivre, elle est une réponse organisée
face aux problèmes qui se posent à l'homme. Elle touche à
la fois l'aspect rituel, le fanatisme, la considération et
l'éducation footballistique.
V.3.1 Le football : une activité rituelle
Le football en tant que produit de l'action humaine, met en
relation plusieurs accomplissements. C'est ainsi que le football tel que
pratiqué au sein du CSY fait intervenir l'aspect rituel collectif et
l'aspect rituel individuel ante et post préparation des matches.
V.3.1.1 Au niveau collectif
Au niveau de la préparation collective des rencontres,
les membres sportifs arrivent en rang dispersé au stade et à la
fin des entrainements, ils se regroupent au milieu du stade pour dire une
prière de séparation et de rencontre le lendemain en faisant le
signe de croix. Ce signe, symbole de la croix chrétienne, exprime selon
nos informateurs qui le pratiquent le rapport entre eux et celui entre eux et
Dieu, source de toute inspiration. Ils prononcent aussi le pater
noster, symbole de la trinité (Dieu-Père-Fils) d'où
ce Dieu créateur de l'homme est incontestable ; le Père
entendu ici comme coach, est celui là qui prend des décisions sur
les Fils ou joueurs. De même, lors d'une compétition, à la
descente du bus, de l'eau bénite est aspergée par l'intendant du
Club et avant d'entrer au stade, il le fait également aux alentours du
banc de touche afin de « démystifier » ce qui aurait
été fait par les âmes de mauvaise foi. Une fois les joueurs
sur le stade, un alignement est fait dans les goals signifiant selon certains
joueurs le barrage de tout but de l'adversaire.
De plus, un rassemblement sous forme de cercle est fait dans
l'optique de prier Dieu afin que sa volonté ne soit faite sur le stade
en leur faveur. Aussi, cela ragaillardie non seulement les joueurs
eux-mêmes mais aussi les fans. Suite à un match perdu, de
parité ou gagné, tous les membres sportifs se rencontrent au
siège du CSY afin de faire le point sur les manquements observés
sur le stade par joueur. Cela se termine toujours par une courte prière
de séparation symbole de l'union et de la paix. Un patriarche du club
signale qu'avant les années 2000, les joueurs du CSY se faisaient laver
le tibia avec une décoction faite à base des os du gorille afin
de fortifier cette partie du corps et éviter toute fracture, entorse ou
déboitement et donc, symbole de la force et de la résistance. A
cette époque, la presque totalité des joueurs étaient
béti. Cela expliquerait la toute puissance du Kpa-Kum et
justifierait ainsi ses multiples titres nationaux et continentaux. Par
ailleurs, la renonciation à cette pratique pour embrasser le chemin de
l'Eglise, ajouter à cela la pluriethnicité dans ce club explique
sa défaillance parce qu'il y a rupture culturelle, non
compréhension linguistique et gestuelle. Nous pouvons dire à cet
effet que la colonisation continue à porter ses fruits au Cameroun car
selon les joueurs, il est plus facile d'apprendre le français et
l'anglais que nos langues nationales, raison pour laquelle dans le CSY, les
joueurs allogènes se sentent étrangers. La langue est le premier
élément de socialisation d'une famille et d'un peuple. C'est
à travers celle-ci qu'on nomme les productions humaines et naturelles.
Depuis les années 1980, le CSY est toujours
resté en première division selon la première appellation.
C'est en 2008 qu'on parle de MTN Elite One et Two. Ce club en tant que produit
de la socioculture Ewondo de Nkolndongo, a résisté et continue de
résister grâce aux prouesses de l'anthropisation du milieu par
l'homme. Pour cela, l'animal ecock'le kùlù ou carapace
de tortue symbolise chez les Ewondo la défense par le fait que cette
carapace est physiquement très solide mais aussi et surtout
résistante. En effet, la tortue pour eux, est comme un système de
défense des joueurs qui réunissent leurs boucliers au dessus de
leur tête pour se protéger des attaques physiques et magiques de
l'adversaire. C'est pour cette raison que le logo du CSY est sous forme de
bouclier et identique au dos d'une carapace de tortue. Plus loin, la
résistance d'ecock'le kùlu est conséquente
à sa protection elle-même par celui qui la garde. Sur la photo que
nous avons présenté au chapitre trois, nous avons vu que cette
carapace était accrochée sur un mur peint aux couleurs du club
sous le toit du domicile d'un informateur. Le fait pour cet objet d'être
à l'abri du soleil et de la pluie justifie le maintien du CSY en MTN
Elite One. Cela expliquerait la position des Mekok-Me-Ngonda dans le
classement du championnat c'est-à-dire ni dans la zone de
relégation, ni en tête et par là, justifie leur
longévité. C'est dire cette carapace est le porte-bonheur de
cette équipe car comme le détenteur de cette carapace aime
à le dire, « le jour que cette carapace tombera, le CSY
descendra en MTN Elite Two ». Il ajoute « Lorsque ma
grand-mère me l'a remis, elle a dit `'Nnon, canon a ne ahop'' ca veut
dire va, canon toujours en haut, ensuite est décédée
quelques jours après, et depuis cette période, le Kpa-Kum n'est
plus jamais descendu en deuxième division». C'est dire les
membres du CSY doivent gratitude à cette famille et c'est pour cette
raison qu'elle est la plus respectée non seulement par les joueurs, mais
aussi par tous les autres membres du club. Outre les pratiques collectives, il
y en a des pratiques individuelles car c'est la somme des parties (joueurs,
supporteurs, gestionnaires etc.) qui constitue le tout (l'équipe).
V.3.1.2 Au niveau individuel
La préparation individuelle est toute autre car les
joueurs en tant que partie dans un tout qu'est l'équipe du CSY, viennent
non seulement de diverses cultures mais appartiennent aussi à des
associations qu'ils ont intégré dans le processus d'enculturation
anticipatrice ou d'acculturation. Le CSY est composé de 39 joueurs
venant majoritairement du grand groupe ethnique béti. Il existe
néanmoins des ressortissants d'autres aires culturelles du Cameroun en
l'occurrence Bamilékés, Foulbés, Aghem... Le joueur pour
prendre le pas sur ses coéquipiers, mène un certains nombre
d'activités telles que la course de fond, les jeux vidéo PS FIFA.
Cependant, en dehors de tout ceci, des pratiques sont faites ayant plusieurs
objectifs. Nous avons rencontré un joueur, gardien de but, qui
prépare ses matches uniquement par la prière du nouveau testament
en lisant notamment les versets de Luc et les Psaumes au levé du matin
dès 5 heures ; avant, après toute rencontre et au
couché du lit vers 20 heures avec le groupe à la veille d'un
match et vers 22 heures individuellement dans la chambre d'hôtel ou
à domicile. Il arbore ainsi le chapelet du rosaire de la Sainte Marie,
boit de l'eau bénite et l'asperge dans les coins et recoins de sa
chambre. Tout ceci selon lui à pour objectif principal la protection
contre les esprits malins, les co-chambriers et co-équipiers ainsi que
toute autres contrevenants dont l'adversaire de par son poste de gardien de
but.
Un autre joueur cette fois milieu défensif, nous a
relaté qu'il allait passer des nuits avec sa grand-mère avant
toute rencontre importante et a déclaré qu'il s'agit d'une
séance de massage avec une écorce dont il ignore le nom et de la
poudre d'accajou qui a pour rôle de solidifier les os. L'objectif ici est
de ne pas ressentir la douleur pendant un choc de tibia lors d'un match. Cette
douleur ira mourir sur le tronc d'arbre qui a été utilisé
pour ledit massage. Nous ajoutons qu'il s'agit tout aussi d'une protection
parce que le sport qu'est le football se joue plus avec les pieds que d'autres
parties du corps. Un autre joueur encore officiant au milieu offensif, ne nous
a pas directement déclaré ce qui a été fait sur
lui, mais l'a plutôt dit à son co-équipier gardien de but
que les chaînes qu'il porte au niveau des chevilles son en même
temps sa protection mais aussi une sorte d'influence sur les
co-équipiers du même poste que lui afin d'être mieux
vu ; sur le coach afin d'être toujours classé parmi les onze
entrants ; sur les dirigeants afin de voir son dû
c'est-à-dire son argent et ses primes toujours payés sans
contestation et sur l'arbitre pour ne pas siffler les fautes commises. Ces
chaînes constituent un témoin de l'action métaphysique,
représentant l'effet désiré et la force ou le pouvoir du
guide spirituel qui alimente la connexion entre l'esprit du praticien et sa
cible. Il s'agit de ce que James G. FRAZER (1915) appelle « le
principe de la contagion » c'est-à-dire ce qui a
été mis en contact continue à agir à distance. Le
jeu footballistique est un jeu soit défensif soit offensif. Il se
résume en ce que Edward Evan EVANS-PRITCHARD (1976) appelle
« la magie défensive » et
«la magie offensive » c'est-à-dire celle
qui protège le joueur et celle qui provoque ou hypnotise l'adversaire
voire le co-équipier et le coach. Nous comprenons aux vus et aux sus de
toute ces pratiques que le milieu footballistique est un milieu incertain,
plein de coups-bas, de jalousie et surtout d'intérêt personnel. Ce
n'est qu'en expliquant la personnalité de base des individus qu'on
appréhende ses façons de faire, d'agir et de sentir, ainsi que
ses accomplissements vis-à-vis de ses paires. Nous rejoignons alors
Wilhelm DILTHEY (1870) dans sa citation « on explique la nature
et on comprend l'homme ». Aussi, le comportement des membres du
CSY ne serait que la résultante de leur personnalité qui elle se
caractérise par un intérêt quelconque d'où la notion
des pragmatistes est ainsi la plus partagée au sein du Kpa-Kum
en ceci : « pas d'intérêt, pas
d'action ».
V.3.1.3 La gestuelle dans le football
Dans toute forme de regroupement, il existe des gestes et
signes codifiés qui véhiculent un message, lequel message, ne
peut être compris que par les initiés ou les membres du groupe.
C'est ce que MBONJI EDJENGUELE (2005) appelle l'endosémie et
sociocentralité. L'un est le sens profond que chaque groupe donne
à ses productions et l'autre, le cadre spatiotemporel dans lequel chaque
fait culturel ou social devrait être resitué avant toute
explication. Le football est initiation car ne joue que celui qui a appris et
qui s'entraine afin de garder les automatismes. Une multitude de geste et de
signes sont performés autour de ce sport par les acteurs principaux.
Nous avons observé avant toute entrée au stade, certains joueurs
toucher le sol avec l'index et faire le signe de croix ; d'autres entrer
au stade par le dos. Une fois au stade et pendant le déroulement du jeu,
plusieurs signes se font que se soit lors d'un cours franc ; d'un
corner ou d'une remise en touche. Lors d'un cours franc, si le tireur
lève les deux bras en l'air avec le poignet fermé, cela signifie
premièrement que ses coéquipiers se regroupent dans la surface de
réparation et deuxièmement qu'il va orienter le ballon dans
cette surface où il vise un joueur précis ; s'il lève
les mains et les ouvre, dans ce cas, il tirera directement au goal. Il en est
de même pour le corner à la seule différence que le corner
ne cible pas les goals directement. Pour une remise en touche, le
joueur-lanceur peut soit se baisser en avant, soit présenter le revers
de sa main. Cela signifie soit que son coéquipier se rapproche vers lui
pour récupérer la balle, soit qu'il se rapproche avec
l'adversaire afin qu'il ne la donne à celui mieux placé en avale.
Aussi, il peut tendre sa main gauche ou droite selon celle qui porte le ballon
vers le ciel pour signifier aux joueurs de s'éloigner davantage.
Après une action de but concrétisée, chaque buteur
manifeste sa joie différemment.
En dehors des cris de joie, certains entament un marathon,
embrassent celui qui a fait la dernière passe, se déshabillent,
pointent les deux index au ciel et d'autres, pointent le doigt sur le
numéro du dorsal du maillot, vers le public, le banc de touche, font un
baiser sur leur talisman. Pendant ce temps, les coéquipiers le
célèbrent à leur manière mais pas en pointant le
doigt ni en se déshabillant. Ayant poussé notre curiosité
auprès desdits joueurs du CSY, nous retenons que le fait d'embrasser
symbolise la reconnaissance suite au l'action concrétisée et au
trois point marqués ; le marathon et le déshabillement
comme un déchainement du joueur ; les index au ciel pour rendre
gloire à Dieu miséricordieux ; le doigt sur le
numéro représente la valeur du poste et les icônes du monde
ayant porté ou qui portent encore ledit numéro à l'exemple
des numéros 7 (Cristiano RONALDO), 9 (Samuel ETO'O), 10 (Lionel MESSI )
11 (Didier DROGBA) ; le doigt vers le public exprime soit une
reconnaissance envers les fans, la famille ou les amis présents au stade
soit une façon de dire au public de faire du bruit pour lui. Mais le
même doigt au banc de touche à deux significations : la
première exprime la fierté et la reconnaissance du joueur au
coach et la seconde, un avertissement au staff technique de ne plus lui faire
« chauffer le banc de touche » car il est capable de
prouver et de confirmer sa place comme titulaire. Aussi, le baiser sur le
tatouage ou le talis masqué avec une bande à la main
représente la présence d'une force surnaturelle qui serait
à l'origine de toute action positive accomplie par le talisman. C'est
aussi un signe de reconnaissance envers le concepteur ou le tradipraticien dont
le porteur est l'unique à comprendre. C'est pour cette que Michel
ALLIOT (1983) cité par MBONJI EDJENGUELE (2005) affirme que
« S'il y a trait commun entre toutes les
sociétés, c'est bien que chacune construit son propre univers
mental, porteurs de modèles fondamentaux et dispensateurs de sens que
révèlent la vision du monde visible et invisible de chacun de ses
membres, sa vision des peuples, de la société, des groupes
auxquels il appartient ou avec lesquels il est en rapport et sa vision de
lui-même. Chaque vision partielle renvoie aux autres et les
éclaire ».
La rituelle autour du football montre que ce sport culturel
car il intègre plusieurs aspects de la vie quotidienne et ne peut
réellement se comprendre que si les acteurs sont initiés et
donnent un sens commun à leur production pour qu'il y ait concordance,
cohésion afin que le objectif qui est celui de la victoire soit atteint.
C'est ce qui amène Christian BROMBERGER (1995) à dire que
«le match de football est une sorte de rituel » car les
stades sont bien des lieux réservés, mis à part pour ces
cérémonies sportives, petites et/ou grandes. Même dans les
clubs modestes, le terrain d'entraînement est souvent distinct du terrain
"officiel". En entrant dans un stade rempli, on découvre une ambiance
très particulière et un véritable cérémonial
: échauffement des joueurs, accueil du public, présentation des
équipes, la partie elle-même, enfin la sortie du stade. Tout au
long d'une partie, on voit des attitudes, des gestes, des objets à qui
une grande partie du public confèrent une valeur quasi-religieuse. Des
supporters s'appliquent des peintures rituelles sur le visage aux couleurs du
club. Des chants montent des gradins, repris par les choeurs des
fidèles, lancés par des sortes de célébrants qui
tournent le dos à la pelouse. Ces derniers semblent même se
désintéresser de la partie qui se joue, tant ils se
préoccupent exclusivement de l'animation de la cérémonie
que devient la rencontre. Les chants, contrairement à ce que l'on
pourrait imaginer, offrent une véritable diversité semblable aux
"chants spontanés" dans les Eglises. Les convaincus, les fidèles
parmi les fidèles ou spectateurs les apprennent sans difficulté
à force de les entendre et de les répéter.
V.3.2 La notion du fanatisme chez les Ewondo de
Nkolndongo
Du mot anglais fan, qui signifie ventilateur ou de fan en
français signifiant admirateur, le fanatisme entendu ici comme une
surexcitation des sentiments de l'esprit est d'une importance capitale dans
tout sport en général et dans le football en particulier.
Constitué de personnes individuelles et groupales dont l'objectif est
d'apporter du soutien tous azimut aux admirables, le fanatisme dans le CSY est
tout de même individuel via les membres, qui s'acquittent de leur
cotisation et groupale par le même fait. C'est le cas d'Oyili
club de Nkolndongo qui par son statut de membre supporteurs, verse une somme au
club afin de jouir des droits tels que l'entrée au stade, l'assistance
au congrès et assemblée générale du club. A travers
divers objets traditionnels tels que nnom nkul, ngal nkul, mwan nkul,
mezzegle, mbè, nkàn, elon, bigan bi nkul et nyass,
ajouté à cela des vêtements au couleur du drapeau du CSY,
ce fan club chante des épopées et danse au rythme ewondo afin de
motiver, de nourrir et de renforcer l'énergie des joueurs en action sur
le stade.
Ce fan club est distinct du supporteur ordinaire qui paie son
ticket et s'assied sur les gradins pour supporter son équipe ; et
ce dernier, aussi distinct du spectateur dont la présence au stade est
essentiellement distractive. Il faudrait surtout noter que le fan club peut
bénéficier d'un sponsoring pour le renforcement de ses effectifs
et des outils. Par contre un individu ne saurait bénéficier d'un
tel don encore moins un spectateur. Fans et supporteurs sont donc
appelés douzième joueur puisqu'ils peuvent
bénéficier d'une réduction lors d'un match.
Il faut également signaler que les supporteurs du CSY
ont une influence sur le recrutement des joueurs en début d'année
car ceux-ci s'opposent au recrutement de certains joueurs, coaches en refusant
de venir au stade, par aussi le non paiement de leur carte de membre. Ils sont
aussi à l'origine de la sacralisation et de la désacralisation
des joueurs de par leur nature à bavarder. Dans la culture béti
en général, il existe un adage qui dit que l'homme béti a
cinq minutes de folie. Selon les travaux de Léopold Sédar SENGHOR
(1939 : 295), pour comprendre le nègre, il faut l'étudier
dans sa sphère culturelle. C'est pour cette raison qu'il que
« l'émotion est nègre comme la raison est
hellène ». Il voudrait ainsi montrer que la raison est
souple et n'est pas l'apanage du Blanc parce qu'en Afrique, l'on comprend avec
les organes de sens. Ces minutes de folie faisant partie du vécu
quotidien, nous permettent de dire avec fondement que la notion de fanatisme
est un sentiment tout à fait naturel non seulement parce qu'il s'agit
d'un type de solidarité mécanique ou par similitude, régi
soit par un lien de famille, de village ou de religion, mais surtout d'un lien
culturel parce qu'il est question de soutenir un club, une association et viser
un intérêt collectif voire une fin qui est celle de la victoire.
Lors d'une défaite, les supporteurs du CSY se sont
généralement éteints. Cela était le cas pendant
les saisons 2011-2012 et même la saison 2012-2013. Par contre, lors d'un
match nul n'ayant pas d'effet sur le classement entre Renaissance en 2012 et
Tonnerre en 2013, les supporteurs chantaient au même titre que lors de la
victoire des chants parmi lesquels
O liga na wa ke lagba ai
« Union »
Wa na osu lagba Canon nga me lagba
Lag lag lag nga me lagba
O soa ya e e e nga me lagba
Criant de joie, ils expriment leur suprématie sur
d'autres clubs de division d'élite one tels que Union de Douala, Sable
de Batié, Coton Sport de Garoua, Tiko United etc. C'est la raison pour
laquelle lorsqu'ils transcrivent ce chant, ils mettent le nom des clubs entre
guillemets, ce qui signifie l'interchangeabilité.
V.3.4 La socialisation footballistique : un rêve
chez les Ewondo de Nkolndongo
Dès l'arrivée du ballon au Cameroun qui a
donnée lieu à la création du CSY en 1930 en tant que club
de football appartenant à l'ethnie Ewondo, nous disons à ce sujet
que dans le contexte général camerounais, le grand rêve des
jeunes est celui de devenir footballeur. La professionnalisation de ce sport en
est la cause principale puisqu'elle exclut certains joueurs talentueux ainsi
que le taux de chômage, qui avoisine les 45%. Ces jeunes, en dehors des
jeux scolaires, universitaires et associatifs, redoublent d'efforts afin de
faire carrière dans football. Le football constitue un fait social total
(Marc AUGE,1982) parce qu'il concerne, à peu de choses près,
tous les éléments de la société mais aussi parce
qu'il se laisse envisager de différents points de vue. En lui-même
il est double : pratique et spectacle. Pratique suffisamment répandue
pour être elle-même considérée comme un
phénomène de masse. Spectacle assez attirant pour que le nombre
de spectateurs aille croissant durant l'ensemble de la période
considérée et que l'ordinaire des jours de la semaine en soit
affecté par avance ou en écho (par les conversations, les paris,
la lecture des comptes rendus. De même, le caractère passionnant,
économique voire politique de cette activité poussent non
seulement les enfants à s'y intéresser, mais constitue aussi et
surtout ce qui convient d'appeler les « push » et les
« pulls » factors au niveau des parents.
Du côté des jeunes joueurs, les
« push » factors ou facteurs motivateurs négatif
dans le football s'identifient chez les Ewondo par un espoir incertain car
nous avons observé plusieurs jeunes de moins de 20 ans passer toute leur
journée au stade ; la sous-estimation du travail : certains
jeunes ewondo non qualifiés, déclarent ne pas pouvoir travailler
pour une somme de moins de 50 000 F CFA /mois. La réussite et
la popularité de stars telles que Pierre WOME en poste (par ailleurs
meilleur joueur du championnat MTN Elite One 2013), Théophile ABEGA de
regretté mémoire, qui ont officié au CSY, constitue
positivement un facteur motivateur. Le football pour les jeunes est dès
lors un danger éminemment préjudiciable à leur goût
de solitude, du travail et de l'étude. A côté du danger
intellectuel, s'ajoute le danger physique et moral par les jambes
cassées, le vol car la main ne saurait passer où se trouvent de
l'argent et les pratiques occultes néfastes. Pour Louis Marie POUKA
(1936), « on consulte un sorcier pour obtenir telle ou telle
herbe dont l'effet immédiat est de paralyser les forces de
l'équipe adverse, telle ou telle drogue pour donner de la
diarrhée aux ennemis, etc... ». Les
« pulls » factors ou facteurs attractifs quant à eux
sont ceux liés à la migration. Le confort du stade, la prise en
charge des joueurs, la complétude dans les équipements, le suivi
et surtout l'extravagant salaire, sont déterminant pour attirer les
jeunes joueurs évoluant des les clubs des pays en développement
comme le Cameroun vers les clubs de France, d'Angleterre etc.
Du côté des parents, les facteurs motivateurs
sont soient positifs soient négatifs. Les facteurs positifs sont chez
certaines familles la disposition des moyens pour offrir aux enfants des
équipements sportifs tels que maillots, godas et ballons ;
l'inscription dans les écoles de football et plus récemment
l'achat des PS FIFA afin de leur inculquer la culture du football. Les facteurs
négatifs touchent aux éléments les plus fondamentaux au
niveau de la famille. Il s'agit de l'entêtement, du pari car jeunes et
vieux jouent à la tombola dont le plus connu est le
« parifoot ». Certains préfèrent utiliser
leur argent de ration à cet effet et mendier après. Pour les
parents, le souci de multiplier l'argent est à la une et cela influence
sur la réalisation de certains projets. Les facteurs attractifs ont
trait au système relationnel, aux moyens financiers, à
l'éducation et à la spécialisation. De nos jours,
plusieurs parents investissent sur leurs progénitures car jugeant
l'apport du football en terme de revenus, ils inscrivent ces enfants dans des
écoles en Europe afin qu'ils se spécialisent au football en
même temps et reçoivent une formation académique plus
adaptée au milieu. On parle de footballeur-mathématicien comme
l'ex défenseur du FC Barcelone Eric Sylvain ABIDAL. Pourtant, dans le
CSY, très peu de footballeurs ont un niveau scolaire post-secondaire. Ce
sont des joueurs qui pendant ou après leur carrière, se lancent
dans le monde du business afin de prospérer.
La socialisation footballistique au Cameroun semble donner
lieu aux grands maux sociaux tels la déperdition scolaire, la
délinquance juvénile etc. Elle a aussi permis à certains
jeunes de réussir dans la société avec l'appui parentale.
Cela peut justifier le fait que le passage au CSY de plusieurs fils de la
localité ainsi que la création d'un club de football
féminin portant toujours le pseudonyme de canon.
V.3.3 Le regard social sur les footballeurs chez les Ewondo
de nkolndongo
Dès le départ, Soter TSANGA (1969) signalait
déjà l'impact sociologique du football au Cameroun sur l'angle du
rapprochement des peuples et d'une contribution au processus de paix et
stabilité nationale. Chez les Ewondo, cela n'a pas du tout
changé car un rapport peut être établi entre la date de
création du CSY en 1930 et sa survie jusqu'à nos jours. Cela fait
83 ans que ce club existe en dépit de quelques descentes en
2ème division de l'époque. Ce club a formé des
icônes nationaux, continentaux et internationaux tels que Thomas NKONO,
Emmanuel, KUNDE Pierre WOME ..., sans oublier d'autres icônes à
l'instar de Joseph Antoine BELL, Géremi Sorel NJITAP ... C'est au regard
de cette réussite que le football attire et passionne la jeunesse.
Ainsi, tout jeune pensant faire carrière dans le football est vu comme
espoir pour la réduction de la pauvreté au niveau familial ;
un espoir pour la relève au niveau social et un apôtre de paix au
niveau national chez certains. D'autres perçoivent ce sport comme une
excuse pour les jeunes dans la mesure où quand ces jeunes parlent de
football, l'on dirait qu'ils sont sur le chemin de la réussite ;
par conséquent, échappent aux travaux domestiques,
désertent les établissements scolaires... Pour Atangana
MESSI26(*),
« sur cent jeunes footballeurs, seuls cinq
réussissent ». Cela signifie que la plupart des jeunes
ont choisi un métier qui n'est pas porteur et y insistent. S'agirait-il
d'une l'offre supérieure à la demande ? Cela pourrait
justifier la persistance du fait religieux dans le football où celui
joue un rôle semblable à l' « effet
placebo » ou psychologique, qui boosterait les performances des
joueurs et serait à l'origine d'une forte croyance. Déjà,
les infrastructures telles que stades, logement sociaux et management des
joueurs souffrent non seulement d'un manque de moyens mais surtout d'un manque
de volonté à travers l'égocentrisme, la lutte pour
l'intérêt individuel et la corruption. C'est ce que
Théodore ATEBA YENE (1990), Charles NGUINI (1996) et Charles ATEBA EYENE
(2011), qualifient respectivement de « dessous
scandaleux », « footoir » et
« braconniers », qui convergent vers ce que Jean Bruno
TAGNE (2010) a appellé « programmés pour
échouer ». Pour Michel CROZIER (1977), il s'agit d'une
stratégie où l'acteur (dirigeant) crée des richesses pour
en bénéficier au maximum afin d'abdiquer l'intérêt
collectif. Le football, comme d'autres sports, est porteur de principes et de
règles de vie. Il joue un rôle éducatif auprès des
jeunes, il se révèle créateur de lien social, souvent
vecteur d'intégration et dans certains pays facteur de
développement pour les individus les plus talentueux. Les rencontres de
championnat correspondent à ce que l'on appelle dans les Églises
le "temps ordinaire". Les compétitions continentales deviennent des
temps de fête, soigneusement amenés par les différents
stades de la compétition. Néanmoins, cette activité
footballistique est souvent source de multiples différends au sein des
clubs.
V.4 L'ANALYSE STRATEGIQUE ET GESTION DU FOOTBALL AU SEIN DU
CSY
La gestion du football au sein du CSY est encastrée de
plusieurs insuffisances liées aux interrelations plus ou moins
dysphoriques entre les membres.
V.4.1 Les interactions entre les dirigeants
Le climat qui règne au sein du CSY est un climat de
doute où les acteurs se heurtent aux affrontements actualisés et
potentialisés. La relation est ainsi celle de supérieur à
inférieur.
Le CSY est avant tout une association dont les membres sont
hiérarchisés. Il existe selon les statuts plusieurs types de
membres dans ce club. Lesquels membres forment différents blocs et se
soudent les coudes. D'un côté, la direction générale
fait corps avec le conseil des sages au sujet non seulement du recrutement et
le transfèrement des joueurs, mais aussi en ce qui concerne la
nomination des entraineurs. De l'autre côté, il s'agit du conseil
d'administration qui avec ses membres, prennent des décisions sans
consulter les autres membres quelques soit leurs statuts. Il nous a
été donné de constater à travers les textes dudit
club que chaque membre doit apporter un certain montant pour le fonctionnement
du club. Cependant, le directeur général est un membre
nommé et non élu. Par conséquent, ne saurait être
inscrit sur la liste des contributeurs financiers. C'est à ce niveau que
la présidente du conseil d'administration trouve des inquiétudes
car en nommant ce directeur, elle a pensé qu'il devrait apporter un peu
d'argent sur sa fortune afin de renforcer les manquements. Cela a tout
simplement occasionné la démission dudit directeur
général.
Par ailleurs, certains gestionnaires déclarent que le
coach « ne peut pas recruter tous les joueurs car le jour qu'il
sera fâché, il partira avec tous ses joueurs ».
Cela explique que le coach ne joue pas son rôle régalien car il
est influencé par les dirigeants qui au-delà de cette panique
veulent faire jouer leur proche et sauvegarder leurs intérêts.
V.4.2 Le trafic d'influence
Dans le CSY, nous avons observé des cas de trafic
d'influence. Premièrement au niveau de la direction
générale qui a fait recours au conseil des sages pour s'opposer
au choix de Aboubakar SOULEYMANOU comme coach sachant que seul le conseil
d'administration est l'organe compétent pour le recrutement d'un coach
puisque son intérêt est la progression du club. Le conseil des
sages bien que sa décision soit sans appel et souveraine, elle l'est en
cas de menace grave au sein du club. Par conséquent, le lien entre la
direction générale et le conseil des sages n'a pas eu d'effets
sur le choix de l'entraineur au début de la saison mais vers la
mi-saison, le club s'est retrouvé avec deux coaches dont Louis Paul
MFEDE de regretté mémoire. En fin de saison, Aboubakar
SOULEYMANOU lâche le manche et est immédiatement remplacé
par BISSECK, originaire du littoral, qui conduit jusqu'aujourd'hui le CSY.
C'est dire que le choix porté sur les coaches natifs du grand groupe
ethnique béti semble être brisé. Un autre cas de trafic
d'influence concerne le recrutement des joueurs et leur classement sur la liste
des onze entrants. Lors d'une séance d'observation au stade Adolph MBIDA
de Nkolndongo, nous avons vu un joueur s'entrainer au nom de la
présidente du conseil d'administration ; et ; pour certains
ayant une licence valide, jouer à la place des titulaires ou de
l'ossature du club. Ce qu'il faut remarquer dans cette section est la
plasticité avec laquelle le Kpa-Kum est géré.
Cela revient à l'incertitude dont Michel CROZIER (1977) fait allusion et
marque par là un plaidoyer pour une reconstitution et un fonctionnement
des organes du CSY.
V.4.3 Le challenge entre les actants
Les actants au CSY sont l'ensemble des membres qui ont de
près ou de loin une influence sur la conduite des activités du
club. Le schéma ci-dessus est le socle d'appréhension du mode de
fonctionnement du CSY. Le conseil des sages, le conseil d'administration, la
direction générale et les supporteurs sont les principaux actants
qui luttent d'abord pour leurs intérêts en orientant leur action
vers d'autres acteurs. Ensuite, les conséquences de leur action vont
à l'endroit de la direction technique ou des membres sportifs et enfin,
à l'intérieur même de la direction technique, il existe une
autre zone d'influence car chaque joueur par la flèche verticale donne
le meilleur de lui-même pour gagner la confiance du coach et être
sélectionné parmi les onze entrants lors d'un match.
Généralement, il s'agit des joueurs non titulaires qui lors des
entrainements, occasionnent des conflits physiques. La position du coach au
dessus montre tout simplement qu'il est comme celui qui, placé en haut,
apprécie les gestes tactico-physiques et techniques de ses poulains afin
de préparer son classement. Comme une croix religieuse, la flèche
horizontale qui va des joueurs aux joueurs explique les rapports entre eux qui
se présentent sous forme d'une arène où chacun doit se
battre non seulement pour maintenir sa place même au banc de touche mais
aussi et surtout mouiller le maillot pendant 90 minutes. C'est dire que
l'action footballistique est intelligible à travers différents
postes et enjeux que produit le football au sein du CSY ou par le sens que le
football a pour eux. Ainsi, dans le contexte du football et de la culture
Ewondo, il faudrait comprendre véritablement que les
représentations, la symbolique que cette culture donne au football est
contenue dans cette partie de l'hymne, qui fut modifié vers les
années 2000 en ces termes :
Canon a til ne na bivogle mben, a til ne na
Canon signifie écoutez bien
Nnam Ewondo, nnam Cameroun
Le peuple Ewondo, le pays Cameroun
Nnam Cameroun, nnam Ewondo
Le pays Cameroun, le peuple Ewondo
Il faudrait tout aussi insister sur les mots Canon a til
ne na bivogle mben, a til ne na pour expliquer que le
peuple Ewondo et le pays Cameroun ont selon un de nos informateurs clés
une liaison avec les Lions Indomptables à travers les couleurs
vertes et rouges de leur drapeau, l'antériorité du
Mekok-Me-Ngonda sur les Lions Indomptables
et surtout le transfèrement de la majorité des joueurs pour
l'équipe nationale ainsi que le passage des icônes du football
national dans ledit club. Aussi, l'on retrouve dans le slogan du club
ceci : Canon ! Bombarde ! c'est-à-dire les Lions
Indomptables aussi invincible que le CSY. Ceci s'explique par la position
de leader qu'occupe le CSY dans l'histoire du championnat et de la coupe du
Cameroun voire sa position continentale de 4ème meilleur club
africain. Cependant, une relation faite par un spectateur27(*), montre que bien avant 2009 au
CSY et 2010 dans la tanière de l'équipe nationale de football,
plusieurs maux tels que corruption, mal gestion, détournement et conflit
de positionnement minent de bon déroulement du football. Cela peut
laisser penser que le CSY est à l'image des Lions Indomptables
ou vice versa en terme de remous sociaux observés il y a quelques
années du côté des supporteurs mais aussi et surtout ceux
liées aux défaites récurrentes lors des matchs capitaux.
Plus loin, ce club étant à l'image des Lions
Indomptables, fait preuve d'un lieu où chacun ne protège que
ses intérêts personnels au détriment de l'objectif commun
pour lequel il est mandaté. Nous avons vu les joueurs s'entrainer sans
eau minérale ni boîte pharmaceutique constituant ainsi une des
conséquences de la lutte acharnée entre membres du CSY.
Schéma 1: Le
schéma explicatif de la zone d'incertitude au CSY
Supporteurs
Individuels et associés
Direction technique
Conseil des sages
Coach
Direction générale
Joueurs
Joueurs
Conseil d'administration
Joueurs
Source : Production de MOUAFO,
inspirée des données de terrain (20 Septembre 2013)
V.4.4 Les ambitions du football et crises sociales
liées à sa pratique
Les ambitions du football restent hypothétiques dans
les clubs de division d'élite au Cameroun. Les problèmes
liés à la pratique de celui-ci sont d'origine naturelle par
l'état dans lequel se trouvent les infrastructures
d'accompagnement ; il est aussi d'origine culturelle à travers la
volonté des parties prenantes. L'insuffisance des moyens financiers
empêchent l'évolution du CSY de nos jours. Au regard de la
position qu'il occupe depuis bon nombre d'année, un patriarche a
déclaré que « le Canon de Yaoundé ne bougera
jamais tant que la gestion ne sera pas claire et public ».
Faute de moyens financiers pouvant établir des passeports
aux joueurs, les transporter vers les pays voisins pour la coupe des vainqueurs
de coupes et la ligue des champions, le club s'arrange à éviter
la première, la deuxième et la troisième place dans le
classement général du championnat. C'est à ce niveau que
le football business commence parce que la cession des matches se fait avec
pour contrepartie de l'argent via les officiels de matches et les officiels
d'équipes. Le match est donc « vendu » et cet
arrangement se fait lors de la réunion entre ces officiels d'où
le sort douteux d'un match quelque soit la performance. Il s'agit alors de la
corruption dans le football.
Une autre crise liée à la pratique du football
est l'utilisation du football lors des discours politiques comme socle de paix
et de stabilité nationale, et des footballeurs comme modèle de
réussite sociale. Les jeunes quant à eux ont pour ambitions la
réussite spontanée via le football. Pourtant Emile DURKHEIM
(1917) Dans les sociétés contemporaines, mentionnait
déjà que « c'est le travail qui assure en grande
partie l'intégration sociale. Par conséquent, l'absence de
travail détermine aussi un risque majeur d'exclusion
sociale »
La pratique du football fait appel à plusieurs
éléments propitiatoires dans la mesure où elle permet
à certains joueurs d'accéder au haut niveau, de mettre en oeuvre
leur compétence tactico-technique et physique. Par contre, sa pratique
renferme aussi des éléments qui mal utilisés, ont des
effets sur la carrière, le physique et/ou le psychisme des joueurs.
V.5 DE L'ANALYSE STRATEGIQUE ET DU CULTURALISME A LA
COMPREHENSION DE LA PRATIQUE DU FOOTBALL AU SEIN DU CANON SPORTIF DE
YAOUNDE
« L'Homme est un être
inachevé » signalait Francis BACON (1624) dans La
nouvelle Atlantide. C'est dire cet Homme est régulièrement
insatisfait. Francis BACON (1624) rejoint ainsi Michel CROZIER (1977) dans son
analyse des institutions. Cela est visible dans le Canon Sportif de
Yaoundé. On observe la primauté des intérêts
individuels sur les intérêts collectifs ; ce qui bloque par
conséquent le système tout entier. Certains membres du staff
administratif dudit club se substituent en staff technique pour recruter les
joueurs, limoger le coach et prendre certaines décisions car il existe
une sorte de conflit de pouvoir entre le comité de sage, le conseil
d'administration et la direction générale. Le système de
gestion du football dans les clubs camerounais restant presque fermé au
public, laisse croire à l'existence des grands maux tels que la
corruption, le détournement des fonds et le conflit
d'intérêts. Pour cela, la goutte d'eau ayant débordé
le vase vient du système qui a éclaté la tare de
l'instance faitière, précisément au niveau du conseil des
sages, de la direction administrative et du staff technique. Chaque individu
développe alors une stratégie pour sauvegarder ses avoirs et ses
relations. Ces acteurs du club sont cependant issus d'ethnies diverses dont de
cultures différentes. Ces conflits seraient aussi dus au choc de
personnalité de base d'une part issu de ces cultures et d'autre part
à l'intérieur de la culture majoritairement
représentée.
Les items culturels jouent un très grand rôle
dans la configuration de chaque équipe et est porteur d'un message
sacré c'est-à-dire restreint aux populations conceptrices et
exécutrices. Par conséquent, ces mouvements influencent le staff
technique, qui n'a plus que pour rôle de subir la volonté des
forces en présence ou de démissionner s'il ne se soumet pas.
C'est la raison pour laquelle dans la culture, l'individu rencontre une
première enculturation ou socialisation dont les modèles
orientent son comportement d'acteur dans le futur système social. C'est
pour cette raison qu'un joueur qui a préféré garder
l'anonymat, déclarait
« Lors de mon passage dans un club de la MTN
Elite One, les dirigeants du club ont amené tous les joueurs et les
encadreurs dans un lieu sacré, ont ramassé des bonbons dans une
maisonnette qu'ils nous ont donné de sucer disant que celui qui refusait
devait être considéré comme frein à la
réussite de club et par conséquent, devrait être
expulsé du club. Moi j'ai fais ma prière avant de sucer ces deux
bonbons».
Les joueurs migrent et dépeuplent ainsi leur pays
d'origine. Cela est une crise très grave due à la sacralisation
de ce sport. Ajoutons également que les gestionnaires du sport ne sont
pas des sportifs de base, mais des juristes, des hommes d'affaires etc. Cela
explique aussi le mauvais management des ressources matérielles,
financières et humaines dans le football. Le côté
unificateur du football montre que ce sport est un rituel dont tous les membres
ou fidèles y sont conviés et moralement concernés. Jouer
au football est une stratégie personnelle et peut être familiale
mais une incertitude manifeste car les joueurs, constituant l'offre sont plus
nombreux que la demande. Il serait alors préférable pour certains
joueurs de recourir à la métaphysique pour se faire une place
dans un club. De même, certains dirigeants développent des
stratégies individuelles afin d'influencer d'autres et faire valoir leur
opinion au détriment de celui des autres. Le sport qu'est le football
serait une arène à travers le choc de personnalité et
d'influence ou un cercle vicieux par les différentes tares dans sa
pratique et surtout son management.
CONCLUSION
Au terme de ce travail intitulé,
« Culture et football au Cameroun ; le cas Canon Sportif de
Yaoundé dans la région du Centre : Une contribution à
l'anthropologie du football» parce qu'il y'a un
intérêt manifeste à connaître les savoirs
endogènes du football ainsi que sa pratique au sein d'une population
camerounaise partant du sens que les populations concernées donnent
à ce sport. La conception socioculturelle joue un rôle important
dans la pratique d'un art fût-il le football. Ce travail avait pour
ambition d'interroger d'un point de vue anthropologique l'inadéquation
entre les pratiques endogènes ewondo de Nkolndongo du football et les
normes de la FIFA.
La question principale était formulée ainsi
qu'il suit : Comment les Ewondo de Nkoldongo se sont appropriés la
pratique du football ? De cette question principale, trois questions
secondaires ont été formulées : Comment se
déroule le quotidien des actants du football au sein du Canon sportif de
Yaoundé ? Quels sont les éléments culturels que les
Ewondo utilisent dans la pratique du football ? Quelle est la perception
du football par les Ewondo ? Pour répondre à la question
principale, nous avons également émis une tentative de
réponse comme étant l'hypothèse centrale à
savoir : Les Ewondo de Nkolndongo se sont appropriés le football
en créant le Kpa Kum-Mekok-Me-Ngonda Y'ongola. En guise de
réponse aux questions subsidiaires : le quotidien des actants du
football au sein du Canon Sportif de Yaoundé est régi par les
entrainements collectifs, individuels, les matchs de compétition et les
matchs amicaux ; la distraction avec les paires et la famille. Les pratiques
magico-religieuses, les danses, les chants et les instruments de musique sont
les éléments culturels que les Ewondo associent à
l'activité footballistique. Le football est perçu par les Ewondo
comme une activité sportive où tous les moyens doivent être
mise en oeuvre pour vaincre et convaincre.
Pour mieux nous imprégner de cette
réalité, nous avons organisé une descente sur le site de
l'étude avec pour objectif la collecte des données auprès
des différents acteurs intervenants dans le domaine du sport et en
particulier le football au sein des Ewondo. Ceci a été rendu
possible grâce aux différentes techniques de collecte de
données que nous avons utilisées à savoir l'observation,
les entretiens (individuels), et les récits de vie. L'analyse
stratégique et le culturalisme nous ont permis d'appréhender
comment les Ewondo perçoivent le football ainsi que les
éléments de leur culture qui sont associés à ce
sport.
Les principaux résultats de notre étude sont
les suivants : les pratiques magico-religieuses font entièrement
partie du football chez les Ewondo de Nkolndongo. Les entrainements ne sont pas
efficaces à cause de l'insuffisance du matériel et la
vétusté de certains équipements. Les conflits de
leadership et d'intérêts dans le CSY dérivent des pratiques
rituelles, de la popularité et du prestige social des individus. Le
football, appelé ndamba meko est perçu par les Ewondo
comme une passion, une activité de promotion sociale et de
positionnement. Certains footballeurs pensent qu'il est impératif de se
protéger contre l'adversaire mais aussi contre les coéquipiers
car tous les coups sont permis à condition qu'on reste serein.
En ce qui concerne les perceptions du football, l'origine est
associée à la colonisation. Comme le port du costume, la
consommation du vin rouge, ou encore la culture du cacao, la pratique du
football fait partie intégrale de la culture ewondo. Appelé
Ndamba meko, les Ewondo de Nkolndongo font une
différenciation du football et les autres sport avec le ballon qui se
pratiquent avec les autres parties du corps : le ballon qui se joue avec
les pieds. Saisi à travers les règles qui le définissent,
à travers les commentaires des supporters ou encore à travers la
comparaison avec des jeux de balle qui s'épanouirent à d'autres
moments de l'histoire ou dans d'autres civilisations, le football
apparaît comme un " jeu profond " qui condense et
théâtralise les valeurs fondamentales du monde contemporain. Comme
les autres sports, il exalte le mérite, la performance, la
compétition entre égaux ; il affiche avec éclat, par le
truchement de ses vedettes, que dans nos sociétés, les statuts ne
s'acquièrent pas à la naissance mais se conquièrent au fil
de l'existence. Tout autant que la performance individuelle, il valorise le
travail d'équipe, la solidarité, la division des tâches, la
planification et l'évaluation collective à l'image du monde
industriel dont il est historiquement le produit.
Le football s'offre comme un terrain privilégié
à l'affirmation des identités collectives et des antagonismes
locaux. Sans doute est-ce dans cette capacité mobilisatrice et
démonstrative des appartenances que réside une des principales
raisons de l'extraordinaire popularité de ce sport d'équipe, de
contact et de compétition. L'adhésion à un club est
perçue par les supporters comme le signe d'une commune appartenance,
mais surtout comme le symbole d'un mode spécifique d'existence
collective incarné par le style de jeu de l'équipe, style qui
renvoie à l'image stéréotypée qu'une
collectivité se donne d'elle-même et souhaite donner aux autres.
La devise du CSY, " être, vaincre, convaincre " symbolise le "
Kpa-Kum style " fait de rigueur, à l'image de la culture de
guerre, de la liberté dont le club est l'émanation. Consacrant,
sur un mode plus ou moins virulent, les allégeances territoriales, et en
particulier les loyautés nationales, le football ne classe donc pas
seulement les appartenances, il en énonce le contenu imaginaire. Pour le
jeune supporteur ewondo, se familiariser avec le style de jeu de son
équipe (CSY) est une forme d'éducation sentimentale aux valeurs
qui façonnent sa ville et sa culture. Oscillant entre une
activité récréative, économique, de bien
être, de promotion sociale, professionnelle et rituelle, la pratique du
football s'inscrit au rang des activités ouvertes à toutes les
couches sociales. Chacun y trouve son plaisir ou son intérêt dans
les activités qui se développent autour du football. C'est
d'ailleurs l'une des raisons qui font du stade un lieu de grand public.
Le stade est un des rares espaces de débridement
toléré des émotions, contrepoint à la retenue et
aux freins qu'impose, dans les interactions sociales ordinaires, la
civilisation des moeurs. Là s'éprouve le plaisir des gestes et
des paroles à la limite de la règle. Là, les gros mots ont
droit de cité. Là, s'expriment des valeurs dont l'expression est
socialement proscrite (affirmer crûment son appartenance sexuelle, son
aversion pour l'autre, etc.). Ce langage, pétri de métaphores
viriles, guerrières, sacrificielles, d'expressions xénophobes,
est profondément ambigu. D'une part, il nous dit les peurs, les haines,
les symboles qui travaillent le corps social ; de l'autre, son caractère
outrancier participe de la confrontation : tout ce qui peut choquer l'Alter,
souligner le soutien extrême que l'on porte aux siens est mis à
profit. Les ressorts du langage du " supportérisme " sont donc à
chercher à la fois à l'intérieur et à
l'extérieur de la logique du jeu. Le stade peut être
considéré en ce sens comme un non lieu. C'est le cas avec le
stade Ahmadou AHIDJO où le CSY joue généralement ses
matchs à domicile.
Tout au long d'une partie, on voit des attitudes, des gestes,
des objets à qui une grande partie du public confèrent une valeur
quasi-religieuse. Ou serait-ce plutôt de la magie ? Des supporteurs
s'appliquent des peintures rituelles sur le visage (les couleurs du club). Des
chants montent des gradins, repris par les choeurs des fidèles,
lancés par des sortes de célébrants qui tournent le dos
à la pelouse. Ces derniers semblent même se
désintéresser de la partie qui se joue, tant ils se
préoccupent exclusivement de l'animation de la cérémonie
que devient la rencontre. Les chants, contrairement à ce que l'on
pourrait imaginer, offrent une véritable diversité, "chants
spontanés" dit-on dans les églises ! Les convaincus, les
fidèles parmi les fidèles les apprennent sans difficulté
à force de les entendre et de les répéter. Ces refrains
sont scandés par des choeurs d'hommes, parfois impressionnants de force
et de conviction. Les chanteurs prennent visiblement du plaisir. Ce sont des
encouragements, des invocations, des imprécations dirigées contre
l'équipe adverse ou les arbitres, des sortes de chants de louange
lorsque l'équipe favorite est en passe de gagner. Le vert et le rouge de
Nkonldongo sont soutenus par moult associations de supporters et sympathisants
ayant pour objectifs de le pousser à la victoire. Certains supporters
ont fait du CSY leur raison même d'existence afin de donner sens à
leur vie.
A considérer la place occupée par le football
dans la vie des supporters, on découvre que le temps de la rencontre
déborde largement dans la vie quotidienne. Un chant des supporteurs
d'origine ewondo, déjà ancien, disait à peu près
ceci : "Le football, c'est notre vie. Le roi football régente le monde."
Il faut se rendre à l'évidence que l'attachement à une
équipe favorite peut aller très loin. A Mvog-Mbi, le portrait
d'un supporteur du CSY a été réalisé par une
équipe de télévision. Les aventures de son Kpa-Kum
donnent littéralement un sens à sa vie, qui, sans cette
bouffée d'oxygène, se heurterait aux horizons bouchés de
la rue. Rien ne manque à un cadre qui petit-à-petit s'est
construit. Le jour du match, les couleurs du club sont hissées dans le
jardin du petit pavillon où il vit. "Pourvu qu'ils gagnent" est la
prière intime qu'un des informateurs clés répète
intérieurement plusieurs fois le jour du match. Un véritable
rituel domestique se déroule, avant, pendant et après la
rencontre. Une grande vitrine joue le rôle d'autel (carapace de tortue
sous la toiture). Les amis du club de supporters constituent une
communauté éminemment soudée et solidaire. Ce portrait
singulier rejoint pourtant une réalité partagée par
beaucoup. Un même sentiment d'appartenance se vérifie
auprès de tous ceux, et ils sont nombreux, qui soutiennent avec ferveur
tel ou tel club. Ceux-là s'engagent, donnent des heures de
bénévolat dans les petits clubs, ou bien lorsqu'il s'agit d'un
club professionnel, achètent la panoplie complète du parfait
supporter, investissent leurs économies dans des déplacements
pour assister aux matches "à l'extérieur". Le véritable
supporter s'identifie à son club, à son équipe. La
confiance parfois aveugle, les espoirs qu'il exprime à travers son
comportement au stade, ressemblent étrangement à des sentiments
religieux. Comme des milliers d'autres, il ne fait que croire en son
équipe, souffrir avec elle lorsqu'elle perd, mais vibrer avec elle
lorsqu'elle gagne et le fait rêver. Les supporters accompagnent leurs
fanatismes par des chants rythmés aux instruments de la culture ewondo.
Les paroles prononcées sous forme de chants par les
supporteurs du Kpa-Kum, sont principalement les chants de concurrence
entre les clubs de division d'élite. Ces chants sont
exécutés en langue ewondo et surtout lors d'une victoire
ou d'un match nul dont le résultat ne change pratiquement rien sur la
position du club. Il ne se chante jamais lors d'une défaite. Les
instruments musicaux qu'utilisent les fanatiques du CSY sont le produit de
l'art musical ewondo. Ces éléments de l'animation culturelle
ewondo font parties intégrante d'une partie de football au point
où une rencontre de football sans cet arsenal n'aura plus de sens pour
les spectateurs. Ces derniers apprécient en même temps le
spectacle des 22 acteurs que celui des fans clubs. Mais ils sont
également gagnés davantage par le spectre du
phénomène magico-religieux qui plane sur le football à
quelques niveaux, que ce soient.
Les joueurs eux-mêmes sont depuis longtemps
gagnés par une sorte de contagion de la superstition. Ils pratiquent les
gris-gris de toute sorte, ils ont leurs chaussures-fétiches, ils
embrassent la pelouse après un but. Un seul exemple du gaucher d'un club
de la ligue régionale de l'Ouest qui selon ses co-équipiers, ne
lave jamais sa godas parce qu'elle a été
« configurée » par un tradipraticien à Bali
dans le Nord-ouest puisqu' il poussait le fétichisme très loin.
La veille du match, ses chaussures trônaient au bout de son lit.
Arrivé au stade, il suivait scrupuleusement un rituel compliqué,
touchait plusieurs objets qu'il emportait invariablement, massait ses
chaussures avant de les enfiler, et achevait ce rituel par une sorte de signe
du pied au moment d'engager. Des anecdotes innombrables pourraient être
citées, notamment pour le choix des chaussures. Les gardiens semblent
particulièrement concernés par ces pratiques superstitieuses,
comme s'ils pouvaient, plus que d'autres, interdire l'accès du but au
ballon par une quelconque manipulation. Ces pratiques ne se limitent pas aux
joueurs, elles sont même parfois collectives et incluent supporteurs et
autres dirigeants du CSY. Ces pratiques sont souvent la source de conflit entre
partisans et non partisans.
Certains membres du staff administratif dudit club se
substituent en staff technique pour recruter les joueurs, limoger le coach et
prendre certaines décisions car il existe une sorte de conflit de
pouvoir entre le comité de sage, le conseil d'administration et la
direction générale. Le système de gestion du football dans
les clubs camerounais restant presque fermé au public, laisse croire
à l'existence des grands maux tels que la corruption, le
détournement des fonds et le conflit d'intérêts. Pour cela,
la goutte d'eau ayant débordé le vase vient du système qui
a éclaté la tare de l'instance faitière,
précisément au niveau du conseil des sages, de la direction
administrative et du staff technique. Chaque individu développe alors
une stratégie pour sauvegarder ses avoirs et ses relations. Ces acteurs
du club sont cependant issus d'ethnies diverses dont de cultures
différentes. Ces conflits seraient aussi dus au choc de
personnalité de base d'une part issu de ces cultures et d'autre part
à l'intérieur de la culture majoritairement
représentée.
Les items culturels jouent un très grand rôle
dans la configuration de chaque équipe et est porteur d'un message
sacré c'est-à-dire restreint aux populations conceptrices et
exécutrices. Par conséquent, ces mouvements influencent le staff
technique, qui n'a plus que pour rôle de subir la volonté des
forces en présence ou de démissionner s'il ne se soumet pas.
C'est la raison pour laquelle dans la culture, l'individu rencontre une
première enculturation ou socialisation dont les modèles
orientent son comportement d'acteur dans le futur système social.
Selon nos hypothèses de départ, Les Ewondo de
Nkolndongo se sont appropriés le football en créant le
Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda Y'ongola. La logique du football est construite
sur un certain nombre de vecteurs culturels notamment les pratiques
magico-religieuses, les danses, les chants et les instruments musicaux ewondo.
Le football est une activité de promotion sociale et de positionnement
selon les Ewondo de Nkolndongo. Le football est perçu par les Ewondo
comme une activité sportive où tous les moyens doivent être
mise en oeuvre pour vaincre et convaincre.
Il faut relever que le football entant que sport basé
sur la performance, le talent ne saurait se réduit à la pratique
magico-religieuse. Cet avis est partagé par les Ewondo de Nkolndongo,
seulement ils pensent qu'il est aussi impératif de se protéger
contre les esprits malveillants d'origine quelconque afin de rester au top
niveau. Aucun de nos informateurs n'a avoué faire du mal à Autrui
mais tous pense à se protéger. Pourquoi se protéger quand
il n'y a personne qui ne veut nuire à l'Autre ? Ne serions nous pas
rentré dans cet adage footballistique qui stipule que « la
meilleure défense c'est l'attaque ! » ? Nous osons
penser que les acteurs du football gagneraient à redescendre sur le
stade afin de pratiquer le jeu qu'est le football qui a besoin de joueurs
talentueux, performants et non des marabouts et autres prêtres.
La gestion du football chez les Ewondo est ponctuée
d'embuches si l'on s'en tient aux nombreux différends récurrents
enregistrés au sein du CSY. A ces différends, s'ajoutent les
services de l'organigramme qui ne sont pas fonctionnels ou qui ne concordent
pas avec la structuration admise par la FIFA. Le Comité de sage se
considère comme l'instance souveraine des
Mékok-Me-Ngonda et pourtant elle ne devrait pas exister et
même intervenir dans la gestion du CSY selon la FIFA.
Suite aux résultats auxquels nous sommes parvenus, les
perceptions du football et sa pratique par les Ewondo de Nkolndongo, sont
influencées par des constructions locales du sport. Ces constructions
font montre d'un certain mysticisme dans les résultats des parties de
football parfois collé sur le dos de l'arbitre. Il est
communément partagé que les marabouts peuvent changer le sort
d'un match. C'est d'ailleurs pourquoi si on a un entraineur dans le staff,
très souvent le marabout de l'équipe figure également. Ce
dernier peut être occupé un autre poste dans le staff mais son
travail consiste à prédire l'avenir, à consulter les mages
ou à faire des fétiches pour le rayonnement du CSY. Les joueurs
en font également disent-ils pour se protéger. Ces pratiques sont
fortement proscrites par la FIFA qui fonde le football sur le talent, la
performance et les entrainements réguliers. Cette action de se
protéger ou de vouloir se protéger que prônent les joueurs
pourrait faire l'objet de recherches futures.
La pratique d'un football serein au sein du CSY commencerait
par le fonctionnement effectif de son organigramme et la non ingérence
des acteurs périphériques dans les activités du club. Par
ailleurs, il est opportun pour les acteurs du football en
général et les joueurs en particulier, de comprendre que les
gris-gris et autre marabouts ne peuvent pas remplacer le talent, l'application
aux entrainements qui sont gages de performances sur le terrain. Il faudrait
aussi promouvoir des politiques de football pour les jeunes, soutenir la
responsabilité des personnes et limiter l'exclusion par des messages
poignants : le football est une activité professionnelle, l'acteur
majeur est le joueur et il doit vivre des fruits de son travail. Les hommes
d'affaires qui s'impliquent dans la gestion du football ne doivent pas se
considérer comme des vautours mais des promoteurs d'entreprises
footballistiques.
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Démocratisation et autochtonie au Cameroun.
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1991
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Anthropologie du sport, perspectives critiques, Paris
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Le mouvement sportif pris en otage par les
braconniers, l'urgence de la mise en oeuvre des reformes,
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ATEBA YENE. Th.,
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Les dessous scandaleux du football au Cameroun de
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Dopage aux Jeux olympiques. La triche
récompensée, Paris, Amphora .
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Desperate football house. Six mois dans l'enfer de la
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Economie du sport, Paris, La Découverte.
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PERELMAN, M.,
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Les Intellectuels et le football. Montée de
tous les maux et recul de la pensée, Paris, Éditions de la
Passion.
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REDEKER, R.,
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Le Sport contre les peuples, Paris, Berg
International.
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SIMO et al.,
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Normes de présentation et d'évaluation des
mémoires et thèses, Yaoundé, LGE.
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TAGNE, Jean, B.,
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Programmés pour échouer,
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THOMAS, R.,
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1991
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Préparation Psychologique du sportif, Paris,
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TSANGA, S.,
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1969
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Le football Camerounais, des origines à
l'indépendance, Yaoundé, CEPER.
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TSHIMANGA, É.,
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2001
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Le Commerce et la traite des footballeurs africains et
sud-américains en Europe, Paris, L'Harmattan.
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VIDACK, B.,
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2010
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Vision of a Better World: Football in a Cameroon social
imagination, LIT.
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III- OUVRAGES METHODOLOGIQUES
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1988
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Manuel de recherche en sciences sociales,
Paris : Dunod.
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BEAU, S., et WEBER, F.,
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2003
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Guide de l'enquête de terrain; produire et analyser
des données ethnographiques, Paris : La Découverte.
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BEAUD, M.,
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2001
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L'art de la Thèse, Paris, La
Découverte.
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CASENEUVE, J.,
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2010:
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La dynamique des groupes, Paris, PUF, Que
sais-je ?
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CROZIER, M.,
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1997
(1967)
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La société bloquée, Paris,
Seuil.
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1963
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Le phénomène bureaucratique, Paris, Ed. du
Seuil.
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CROZIER, M. et FRIEDBERG, E.,
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1977
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L'acteur et le système. Les contraintes de l'action
collective, Paris, Seuil.
|
GRAWITZ, M.,
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1983
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Méthode de recherche en sciences sociales,
Paris : 8e éd. ; Dalloz.
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MBONJI, E.,
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2005
|
L'ethno perspective ou la méthode du discours de
l'ethno-anthropologie culturelle, Yaoundé : PUY.
|
MUCCHIELLI, R.,
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1984
|
L'analyse de contenu des documents et des communications,
Paris : Ed. ESF.
|
OLIVIER DE SARDAN, Jean P.,
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1995
|
Anthropologie et développement. Essai en
anthropologie du changement social, Paris APAD /Karthala.
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QUIVY, R. et CAMPENHOUDT, Luc V.
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1995
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Manuel de recherche en sciences sociales, Paris,
Dunod.
|
IV- ARTICLES ET REVUES SCIENTIFIQUES
|
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DORAN, D.,
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2001
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"Science and Gaelic football: A review". Journal of Sports
Sciences.
|
FERRY, M.,
|
1987
|
Les cahiers d'études africaines, Vol. 27 N°10.
|
OBADIA, L.,
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|
« Le « plaisir » de
« jouer ». Présence et métamorphose du
ludisme dans le football professionnel français ».
Socio-anthropologie, 13 :27-41.
|
HAROLD, P.,
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1989
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Teaching the nations how to play: sport and society in the
British empire and commonwealth. The International Journal of the History of
Sport.
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POUKA, Louis. M.,
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1936
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Le danger du sport, Yaoundé, Gazette du
Cameroun, n° 126.
|
V- MEMOIRES ET THESES
MAURIN, S.,
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2006
|
« Pourquoi a-t-on encore recours aux
guérisseurs à l'heure actuelle? Thèse d'exercice
de médecine ». Lyon : Université Lyon 1, 2006. 135
f.
|
BANENI, S. F.,
|
2009
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« Représentations sociales et analyse des
performances sportives au sein des Lions Indomptables de football du
Cameroun de 1972 à 2002 »
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NKAKE, H. W.,
|
2008
|
« Analyse des performances des clubs de football
d'élite dans la province du centre de 2002 à 2007 »,
STAPS INJS.
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NDJALLA, A.,
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2012
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Le « mbàp mbùji »
ou médecine des fractures dans la socioculture Yanda,
Universtité de Yaoundé I.
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BELINGA, O.,
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2002
|
« Impact des relations entraîneurs et joueurs
sur la performance des athlètes d'une équipe de football :
cas du canon sportif de Yaoundé. » INJS.
|
SENGHOR, L. S.,
|
1939
|
« Ce que l'homme noir apporte » In l'homme
de couleur, Paris, Eds cardinale Verdier et al.
|
VI- DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES
Dictionnaire Ecarta 2010.
Dictionnaire des droits de l'Homme, 2008, Paris, PUF.
Dictionnaire Encyclopédie, 1997,
Hachette.
Le nouveau petit ROBERT, 1995, Paris.
PETIOT, G., 1990, Le Robert des Sports,
dictionnaire de la langue des sports, Robert, 107, Avenue Permantier,
Paris (XI).
DEBOVE, R. J., 2008 Le nouveau Petit Robert
de la Langue Française 2, SEJER.
VII- TEXTES JURIDIQUES ET PUBLICATIONS
OFFICIELLES
Article 40 du 29 Juillet 1998 sur l'accès à la
pratique du sport.
Décret n°65 /DF/374 du 28 Août 1965 portant
réorganisation du Ministère de l'Education de la Jeunesse et de
la Culture.
Décret du 6 Avril 2005 portant organisation et
missions du MINSEP.
Loi n° 2011/015 du 15 Juillet 2011 relative à la
promotion des activités physiques et sportives.
Loi n° 2011/018 du 15 Juillet 2011 portant organisation
et promotion des activités sportives.
Rapport final des 18, 19, et 20 Novembre 2010 sur les
états généraux du sport au Cameroun.
VIII- WEBOGRAPHIE
IX- SOURCES ORALES
I- ENCADREURS
Noms, prénoms et dates d'entretien
|
Lieu d'entretien
|
Situation matrimoniale
|
Groupe ethnique
|
Niveau d'étude
|
Statut
|
Kuitche Jean Michel
Le 21-04-2012
|
Stade Malien
|
Marié
|
Bamougoum
|
Secondaire
|
Préparateur Physique
|
Aboubakar soulyemanou
Le 21-04-2012
|
Stade Malien
|
Marié
|
Moudang
|
Supérieur
|
Coach
|
II- OFFICIELS DE MATCHS
Noms, prénoms et dates d'entretien
|
Lieu d'entretien
|
Situation matrimoniale
|
Groupe ethnique
|
Niveau d'étude
|
Statut
|
GUEGANG Roméo
Le 27-09-2012
|
24
|
Célibataire
|
Foto
|
Supérieur
|
Arbitre régional
|
ALIOUM Sidiki
Le 27-09-2012
|
Stade omnisport
|
Marié
|
Musgum
|
Secondaire
|
Arbitre
|
III- MEMBRES DIRIGEANTS
Noms, prénoms et dates d'entretien
|
Lieu d'entretien
|
Situation matrimoniale
|
Groupe ethnique
|
Niveau d'étude
|
Statut
|
ENGAMA Destin
30-07-2013
|
Siège CSY
|
Marié
|
Eton
|
Supérieur
|
Intendant
|
EFFA Victor
19-07-2013
|
-Mvog-Mbi
-Stade Malien
|
Marié
|
Ewondo
|
Secondaire
|
Kinésithérapeute
|
Engama Théodore
06-08-2013
|
Domicile
|
Marié
|
Eton
|
Secondaire
|
Conseil des sages
|
IV- MEMBRES SPORTIFS JOUEURS
Noms,prénoms et dates d'entretien
|
Lieu d'entretien
|
Situation matrimo-
Niale
|
Groupe ethnique
|
Niveau d'étude
|
Statut
|
ONANA Thierry
Le 18-09-2012
|
Stade Malien
|
Célibataire
|
Ewondo
|
Supérieur
|
Joueur de champ
|
DOMWA Richard
Le 17-09-2012
|
-Taxi
-Tsinga
|
Célibataire
|
Moudang
|
Secondaire
|
Joueur de champ
|
NGUIJOL
Le 16-09-2012
|
Stade Malien
|
Célibataire
|
Ewondo
|
Secondaire
|
Joueur de champ
|
NGAMALEU
Le 16-09-2012
|
Stade Malien
|
Célibataire
|
Bafang
|
Secondaire
|
joueur de champ
|
LEBONGO
Le 17-09-2012
|
Stade Malien
|
Célibataire
|
Eton
|
Secondaire
|
Joueur de champ
|
OWONA Trésor
Le 17-09-2012
|
Stade Malien
|
Célibataire
|
Ewondo
|
Secondaire
|
Joueur de champ
|
V- MEMBRES SPORTIFS SUPPORTEURS
Noms, prénoms et dates d'entretien
|
Lieu d'entretien
|
Situation matrimoniale
|
Groupe ethnique
|
Niveau d'étude
|
Statut
|
ESSOMBA Jean
Le 20-09-2012
|
Stade omnisport
|
Célibataire
|
Ewondo
|
Secondaire
|
Supporter
|
MBALLA Kolbert
Le 07-04-2012
|
Stade omnisport
|
Marié
|
Ewondo
|
Supérieur
|
Supporter
|
EDING Giresse
Le 22-04-2012
|
Stade omnisport
|
Célibataire
|
Bulu
|
Secondaire
|
Supporter
|
NDZIE Pierre
04-09-2012
|
Stade Annexe
|
Marié
|
Eton
|
Primaire
|
Supporter (Oyili club)
|
VI- SPECTATEURS
Noms, prénoms et dates d'entretien
|
Lieu d'entretien
|
Situation matrimoniale
|
Groupe ethnique
|
Niveau d'étude
|
Statut
|
ATANGANA Messi Joël
Le 20-09-2012
|
Stade Annexe
|
Célibataire
|
Ewondo
|
Secondaire
|
Spectateur
|
AYISSI
Le 17-09-2012
|
Stade omnisport
|
Célibataire
|
Ewondo
|
Secondaire
|
Spectateur
|
YONTA Germain III
Le 10-04-2012
|
Stade Annexe
|
Célibataire
|
Bafounda
|
Secondaire
|
Spectateur
|
TCHOFFO Kuété Raoul
Le 10-04-2012
|
Stade omnisport
|
Célibataire
|
Babadjou
|
Supérieur
|
Spectateur
|
I- ANNEXES
GUIDE D'ENTRETIEN
Identification
Nom :............................... ............
Date :........................... .................
Lieu :............................................
Situation Matrimonial :........................
Groupe ethnique :...............................
Niveau
d'étude :.......... ......................
Statut :...........................................
1. La pratique du football chez les Mvog-Mbi de
Yaoundé
Ø La création du Canon Sportif de Yaoundé
o L'identité
o L'hymne
o Les emblèmes
Ø Les icônes du Canon Sportif e Yaoundé
o Les présidents charismatiques
o Les joueurs emblématiques
o Les ballons d'or nationaux et continentaux
o Les entraineurs prolifiques
Ø Les gloires du Canon Sportif Yaoundé
o Les coupes et titres
o Les titres continentaux et honorifiques
Ø La structuration du Canon Sportif de Yaoundé
o Les organes consultatifs
o Les organes de gestion
Ø Les infrastructures du Canon Sportif de
Yaoundé
o Les immobiliers
o Les mobiliers
Ø La préparation des matchs au sein du Canon
Sportif de Yaoundé
o Au niveau des membres dirigeants
o Au niveau des membres sportifs
2. Les pratiques accompagnants le football au sein du
Canon Sportif de Yaoundé
Ø Les pratiques magico-religieuses
o Individuelles
o Collectives
Ø L'animation des matchs
o Les instruments
o Les paroles
o Les mouvements
o Les acteurs
Ø Les conflits dans le Canon Sportif de Yaoundé
o Les conflits horizontaux
o Les conflits verticaux
3. La perception du football chez les
Mvog-Mbi
Ø Dénomination du CSY
o Kpa Kum
o Mekok-Me-Ngonda
o S.A.O.S
Ø Le football comme activité de
développement
o Activité récréative
o Activité économique
o Activité professionnelle
o Activité de bien être
o Activité de promotion sociale
Ø La culture du football chez les Ewondo de
Nkolndongo
o Activité rituelle
o Activité fanatique
o Activité socialisatrice
Ø La gestion du football
o Interactions entre dirigeants
o Trafic d'influence
o Challenge entre actants
Ø Les crises liées à la pratique du
football
o Ambitions
o Crises
GUIDE D'OBSERVATION
I-PARCOURS DU JOUEUR
- Recrutement des joueurs
- Intégration du joueur
- Attitudes et relations des joueurs entre eux d'une part et
entre joueur et staff
- Départ du joueur
II-PREPARATION DE MATCH
- Entrainements (déroulement, heure, durée,
périodicité, pilotage)
- Matériels d'entrainements
- Infrastructures sportives (état du stade
d'entrainements)
- Comportement alimentaire
- Attitudes des joueurs et du staff technique
- Les intervenants
- Les échanges entre les membres du CSY
- Lieu de la veillée du match
III- DEROULEMENT DES MATCHS A DOMICILE ET EN
DEPLACEMENT
- Lieu de rassemblement
- Disposition de l'équipe dans le bus
- Rituel de la décente du bus
- Rituel d'entrée au stade
- Lecture de la feuille de match
- L'entrée des onze entrants sur le terrain
- L'attitude des joueurs
- Les remplacements
- L'équipement individuel et collectif
- Les supporteurs (accoutrements, attitudes, matériels
d'accompagnement)
- La fin du match (cas de victoire, de match nul et de
défaite)
IV- CADRE MANAGERIAL
- Accessibilité géographique
- Aspect physique
- Disposition de la structure
- Fonctionnement
- Congrès du CSY
ORGANIGRAMME DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE
ORGANIGRAMME DE L'UNION SPORTIVE DE LUZENAC
(France)
PRESIDENT
|
COM ITE DIRECTEUR
|
DIRECTEUR SPORTIF
|
Service comptable
|
Service sécurité Coordonnateur
|
Service Com/Marketing Accréditations
|
Service Secrétariat
|
- PRESSE
|
Logistique déplacements
|
Responsable
Billeterie
|
Accueil/ Officiels
|
Contrôleur entrées
|
Sponsoring
|
Panneau Affichage
|
SONO
|
STAFF TECHNIQUE
Equipe ou Club
Entraineur gardien
Entraineur physique
Entraineur espoir
Directeur école de sport
|
Bourriche
|
Organisation matchs
Contrôle tribune
Sécurité tribune
Accueil équipe visiteur/ délégué
police terrain
|
Internet
|
- GLOSSAIRE DES MOTS ET EXPRESSIONS UTILISES DANS LE
MEMOIRE
Canon : arme redoutable à un tir ayant
vaincu les français lors de la Première Guerre Mondiale en
1916.
Club : équipe organisée
ayant plus ou moins un même objectif à atteindre.
Conflit : mésentente entre un ou
plusieurs individus ou catégories d'individus.
Culture : selon Ralph
Linton (1959), « c'est le mode de vie global d'un
peuple ».
Derby : match, importante rencontre à
plusieurs enjeux
Enjeu : c'est l'argent qu'on met en jeu en
commençant la partie, et qui doit revenir au gagnant. Pour un joueur,
c'est l'objectif à atteindre en terme financier, identitaire et
sportif
Ecock'le : carapace.
Ecoc'le kùlù :
carapace de la tortue. Elle sert de pare-balle pour le canon sportif de
Yaoundé.
Fair play :
acceptation loyale des règles d'un jeu, d'un sport.
Football : sport d'équipe
opposant deux équipes de onze joueurs, où il faut faire
pénétrer le ballon rond dans les buts adverses, sans le toucher
de la main ni du bras.
Kpa kum :
déclenchement et bruit suite à l'appui sur la
gâchette. Ce sont les deux étapes de l'accomplissement d'un tir de
canon armé d'une seule cartouche.
Kùlù : tortue.
Leadership: c'est la position ou l'art de
dominer.
Management : système de gestion
et d'évaluation d'une activité selon la qualité, le
coût et le délai.
Match : rencontre entre deux équipes
adversaires, deux joueurs...
Mekok-Me-Ngonda : cailloux qui
brulent sortant de l'arme à feu (canon). Ainsi, le canon sportif
tire à la place des pierres le ballon rond.
Mythique : légendaire, club qui a
un rapport avec la tradition et met en scène des êtres.
Ndamba meko : « le
ballon », « les pieds » ; le ballon des
pieds ou tout simplement le football.
Phénomène de masse : fait ou
évènement qui mobilise plusieurs individus et groupes
Patterns : échantillons ou
spécificités culturelles.
Performance : selon Platonov, la
performance est le résultat d'un entrainement complexe ».
Personnalité : individu
formaté par une culture et agissant selon cette dernière.
Pratique : fait et geste
coordonnés dans le but d'atteinte un résultat.
Préparation: ensemble d'apprentissage,
d'accumulation et d'accommodation de faits et de geste.
TABLES DES MATIERES
DEDICACE....................................................................................................i
REMERCIEMENTS
ii
RESUME
iii
ABSTRACT
iv
SOMMAIRE
v
LISTE DES ILLUSTRATIONS
vi
LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET DES SIGLES
viii
INTRODUCTION
1
CHAPITRE I : PRESENTATION PHYSIQUE ET HUMAINE DU
MILIEU DE L'ETUDE
14
I.1 LA PRESENTATION DU MILIEU PHYSIQUE DE L'ETUDE
15
I.1.1 La topographie de l'arrondissement de
Yaoundé IVe
18
I.1.2 Le climat
18
I.1.3 La végétation
19
I.1.4 La faune
20
I.1.5 Le sol
20
I.1.6 L'hydrographie
20
I.1.7 L'architecture
21
I.2 LA PRESENTATION HUMAINE DU MILIEU DE L'ETUDE
21
I.2.1 L'origine des Ewondo
21
I.2.2 La société Ewondo de Nkolndongo
23
I.2.2.1 L'organisation familiale
23
I.2.2.2 L'organisation politique
23
1.2.2.3 L'organisation sociale
24
I.2.2.3 L'organisation économique
25
I.2.2.3.1 Les cultures vivrières
25
I.2.2.3.2 Les cultures de rente
25
I.2.2.3.3 L'élevage
25
I.2.2.3.4 L'artisanat
26
I.2.3 La culture Ewondo
26
I.2.3.1 La langue
26
I.2.3.2 Les systèmes de croyance
27
I.2.3.3 Les rites
28
I.2.3.4 L'alimentation
28
I.2.3.5 Les pratiques culturelles
29
I.2.3.6 Les activités sportives
pratiquées
30
I.2.3.7 Les nouveaux mouvements religieux
32
I.2.4 Les infrastructures et les institutions
33
I.2.5 La situation sanitaire et les modes de
traitement des maladies
33
I.2.5.1 La situation sanitaire
33
I.2.5.2 Les modes de traitement des maladies
34
CHAPITRE II : DEBAT EN ANTHROPOLOGIE SUR LE
FOOTBALL
35
II.1 LA REVUE DE LA LITTERATURE
36
II.1.1 Le football, une activité historique
36
II.1.2 Une activité légale en pleine
reforme
38
II.1.3 Un exercice physique
39
II.1.4 Les facteurs naturels affectant le football
40
II.1.5 Le football ; une activité
culturelle, rituelle et magico-religieuse
40
II.1.5 Le football comme un système
économique
43
II.1.6- Les supporteurs dans le football
45
II.1.7 Le football : le revers d'une médaille
46
II.1.8 Les arbitres dans le football
47
II.1.9 Le coach dans le football
47
II.2 LE CADRE THEORIQUE
49
II.2.1 L'analyse stratégique
49
II.2.3 Le culturalisme
50
CHAPITRE III : PRATIQUE DU FOOTBALL CHEZ LES
EWONDO DE YAOUNDE
53
III.1 LE CSY DE LA CREATION A NOS JOURS
54
III.1.1 La création du Canon Sportif de
Yaoundé
54
III.1.2 L'identité du Canon Sportif de
Yaoundé
55
III.1.2.1 L'hymne du Canon Sportif de Yaoundé
55
III.1.2.2 Les emblèmes du Canon Sportif de
Yaoundé
56
III.1.2.3 La carapace de la tortue
57
III.1.3 Le canon : une équipe moderne
59
III.1.4 Les icônes du Canon Sportif de
Yaoundé
59
III.1.4.1 Les présidents charismatiques
59
III.1.4.2 Les joueurs emblématiques
60
III.1.4.3 Les ballons d'or Camerounais et africains du
Canon Sportif de Yaoundé
60
III.1.4.4 Les entraineurs prolifiques
60
III.1.5 Les gloires du Canon Sportif de
Yaoundé
60
III.1.5.1 Les coupes et titres de champion du Cameroun
60
III.1.5.2 Les titres continentaux et honorifiques
61
III.2 LA STRUCTURATION DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE
62
III.2.1 L'Assemblée Générale
62
III.2.2 Les organes de gestion
62
III.2.2.1 Le Conseil d'Administration
62
III.2.2.2 La Direction Générale
63
III.2.3 Les organes consultatifs
64
III.2.3.1 Le conseil des sages
64
III.2.3.2 Le comité d'audit
65
III.2.3.3 Le comité de bienfaiteurs
65
III.3 LES INFRASTRUCTURES DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE
65
III.3.1 Les immobiliers
65
III.3.2 Les mobiliers
67
III.3.3 L'environnement de l'aire de jeu
68
III.3.3.1 L'environnement physique
68
III.3.3.2 L'environnement humain
68
III.4 LA PREPARATION DES MATCHES DE FOOTBALL AU SEIN
DU CANON
68
III.4.1 Au niveau du Conseil d'Administration
68
III.4.2 Au niveau de la Sous-Direction Technique
69
III.4.2.1 Les entraineurs
69
III.4.2.2 Les joueurs du CSY
71
III.4.2.3 Le médecin du club
72
III.4.2.4 Les supporters du CSY
72
CHAPITRE IV : PRATIQUES MAGICO-RELIGIEUSES,
ANIMATION DE MATCH, GUERRE DE LEADERSHIP ET FOOTBALL AU SEIN DU CSY
74
IV.1 LES FACTEURS MAGICO-RELIGIEUX
75
I
V.1.1 Les pratiques magico religieuses individuelles
75
IV.1.1.1 Le staff du CSY
75
IV.1.1.2 Les joueurs
76
IV.1.1.3 Le supporteur
79
IV.1.2 Les pratiques magico-religieuses collectives
79
IV.2 L'ANIMATION DES MATCH AU SEIN DU CSY
82
IV.2.1 Les instruments
82
IV.2.1.1 Les instruments musicaux
82
IV.2.1.1 Les tenues de scène
84
IV.2.2 Les paroles
86
IV.2.3 Les mouvements
87
I
V.2.4 Les acteurs
88
IV.3 LES CONFLITS AU SEIN DU CSY
88
I
V. 3.1 Les conflits horizontaux
88
I
V.3.1.1 Les conflits entre supporteurs
89
I
V.3.1.2 Les conflits entre joueurs
89
I
V.3.1.3 Les conflits entre dirigeants
90
I
V.3.2 Les conflits verticaux
91
I
V.3.1.1 Les conflits entre supporteurs et joueurs
91
I
V.3.1.2 Les conflits entre joueurs et dirigeants
91
I
V.3.1.3 Les conflits entre dirigeants et supporteurs
92
CHAPITRE V : PERCEPTION DU FOOTBALL CHEZ LES
EWONDO DE NKOLNDONGO
93
V.1 DENOMINATION DU CSY
94
V.1.1 Le kpa-kum
94
V.1.2 Les Mekok-Me-Ngonda
95
V.1.3 La Société Anonyme à Objet
Sportif
95
V.2 LE FOOTBALL : UNE ACTIVITE DE DEVELOPPEMENT
96
V.2.1 Le football : une activité
récréative
96
V.2.2 Le football : une activité
économique
97
V.2.3 Le football : une activité
professionnelle
99
V.2.4 Le football : une activité de bien
être
100
V.2.5 Le football : une activité de
promotion sociale
101
V.3 LA CULTURE DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO
102
V.3.1 Le football : une activité rituelle
102
V.3.1.1 Au niveau collectif
102
V.3.1.2 Au niveau individuel
104
V.3.1.3 La gestuelle dans le football
105
V.3.2 La notion du fanatisme chez les Ewondo de
Nkolndongo
107
V.3.4 La socialisation footballistique : un
rêve chez les Ewondo de Nkolndongo
109
V.3.3 Le regard social sur les footballeurs chez les
Ewondo
110
V.4 L'ANALYSE STRATEGIQUE ET GESTION DU FOOTBALL AU
SEIN DU CSY
111
V.4.1 Les interactions entre les dirigeants
111
V.4.2 Le trafic d'influence
112
V.4.3 Le challenge entre les actants
113
V.4.4 Les ambitions du football et crises sociales
liées à sa pratique
114
V.5 DE L'ANALYSE STRATEGIQUE ET DU CULTURALISME A LA
COMPREHENSION DE LA PRATIQUE DU FOOTBALL AU SEIN DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE
115
CONCLUSION
117
SOURCES
125
ANNEXES
i
TABLES DES MATIERES
ix
* 1 Langue mixte utilisée
pour communiquer entre les personnes de langues différentes
* 2 C'est est un instrument
de musique de fabrication délicate. Il est fait à partir d'une
tige de bambou-raphia de 1m à 1,4 m environ ; qu'il faut
sécher, détacher de 4 à 6 lamelles qui restent cependant
fixées au bambou par les extrémités. Ces lamelles sont
ensuite distendues et accrochées à un bâtonnet qui a
été fixé environ au 4/10 de la tige, lui donnant une forme
légèrement courbe. Puis trois à six (3 à 6)
demi-calebasses sont fixées sur la partie extérieure de cette
espèce d'arc pour former les caisses de résonance.
* 3 La première tentative
d'unification des différents codes en Angleterre qui donna lieu au
premier championnat professionnel où aucun club du Sud du pays n'y
participa.
* 4 Idem
* 5 Idib
* 6 Lois respectivement
relatives à la liberté d'association et fixant la charte des
activités physiques et sportives au Cameroun
* 7 Cette équipe de
« Lune » eut pour capitaine Ekambi LOBE et a
favorisé l'éclosion d'autres clubs sur tout le territoire.
* 8 Les trois formations de
Yaoundé furent Etoile Européenne, Ecole Supérieure et
Etoile Indigène
* 9 Nom du patriarche qui donna
l'appellation du Canon Sportif de Yaoundé
* 10 Déclaration faite
lors du congrès ordinaire du CSY le 17 Octobre 2009
* 11 Société
Anonyme à Objet Sportif est la nouvelle appellation du Canon Sportif de
Yaoundé. La majorité des présidents des clubs de la LPFC
contestent ce changement à travers l'Association des Clubs d'Elite du
Cameroun (ACEC) qui ont décidé de ne plus participer aux
rencontres (voir19ème journée MTN Elite 2013)
* Selon notre informateur, cette carapace
représente le CSY et tant qu'elle est accrochée, ce club demeura
en MTN Elite One. Au cas contraire, il sera relégué en MTN Elite
Two.
* 12 Voir liste
définitives révisées des joueurs
sélectionnés pour la saison 2012 en annexe
* 13 Dans ce contexte c'est
l'influence des présidents choisis en fonction du nombre de titres
nationaux ou continentaux remportés
* 14 Article 12 section 1
chapitre IV fixant la liste des organes du CSY de Février 2010
* 15 Entretien effectué
au siège du CSY le 30 Juillet 2013
* 16 Entretien effectué
au domicile de d'un informateur le 19 Juillet 2013
* 17 Le transfèrement
de MOKAKE du CSY vers le club Sedan en France en 2002-2003 a couté
200 000 Euros soit 13 100 000 F CFA à raison de 655 FCFA
pour 1 Euro, versé en trois termes. C'est le plus petit
transfèrement du Canon depuis 2009
* 18 L'eau et du sel
bénit en provenance de la Paroisse St Kisito de Mvog-Mbi.
* 19 Entretien effectué
le 20 Septembre 2012 au stade Ahmadou AHIDJO
* 20 Entretien menée du
07 Avril 2012 au stade Omnisport de Yaoundé
* 21 Intervew post-remaniement
ministériel de 1996 où il occupait le poste de Ministre des
Relations Extérieures
* 22 Idem
* 23 Ibid
* 24 Adage
bamiléké qui veut dire rareté ou le non paiement des
salaires puisqu'au la'kam ou village d'initiation des chefs, l'on ne
retrouve jamais un bébé encore moins ses selles.
* 25 Données
collectées le 17 Septembre 2012 au stade malien de Nkolndongo
* 26 Spectateur
interrogée le 20 septembre 2012
* 27 Entretien du 17 Septembre
2012 au stade Omnisport de Yaoundé
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