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Culture et football au Cameroun. le cas du canon sportif de Yaoundé dans la région du centre; une contribution à  l'anthropologie du football

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par Mouafo Nopi ARNOUX
Université de Yaoundé I - Master en Anthropologie 2014
  

Disponible en mode multipage

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THE UNIVERFSITY OF YAOUNDE I

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UNIVERSITE DE YAOUNDE I

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POST COORDINATE SCHOOL FOR SOCIAL AND EDUCATIONAL SCIENCES

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DOCTORAL RESEARCH UNIT FOR SOCIAL SCIENCES

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CENTRE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES HUMAINES, SOCIALES ET EDUCATIVES

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UNITE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES

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CULTURE ET FOOTBALL AU CAMEROUN ; LE CAS DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE DANS LA REGION DU CENTRE: UNE CONTRIBUTION A L'ANTHROPOLOGIE DU FOOTBALL

Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention d'un diplôme de Master en Anthropologie

Spécialisation : Anthropologie du Développement

Par

Arnoux MOUAFO NOPI

Licencié en Anthropologie

Sous la direction de

Antoine SOCPA (Ph.D)

Maître de Conférences

Janvier 2014

DEDICACE

A mes Parents

Joseph TAMBA et Cathérine MAFOWA

REMERCIEMENTS

Cette recherche s'est réalisée grâce aux efforts de plusieurs personnes. Nous tenons à leur témoigner notre profond sentiment de reconnaissance.

Nous disons merci à notre encadreur, Pr. Antoine SOCPA, constamment disposé à nous donner des conseils et à corriger les imperfections de notre travail. Qu'il trouve ici l'expression de nos sincères remerciements.

Nous remercions le chef du département d'anthropologie, Pr. MBONJI EDJENGUÈLÈ, pour ses enseignements. Notre gratitude s'adresse à tous les enseignants du département d'anthropologie qui ont assuré notre formation : Pr. Paul NCHOJI NKWI, Pr. Godefroy NGIMA MAWOUNG, Pr. Luc MEBENGA TAMBA, Dr. Pierre François EDONGO NTEDE, Dr. David NKWETI, Dr. Paschal KUM AWAH, Dr. Paul ABOUNA, Dr. Marguerite ESSO, Dr. Deli T.. TERI et Dr. Célestin NGOURA

Nous disons merci au Dr. Paul Ulrich OTYE ELOM, Dr. Bertrand NDZANA, Dr. Gilbert FOKOU et à Mlle Antoinette Marcelle EWOLO.

Nous témoignons notre gratitude à tous nos informateurs qui ont bien voulu se prêter à notre étude particulièrement M. Dieudonné Victor EFFA qui nous a accueilli à Nkolndongo, à l'ex-coach du Canon Sportif de Yaoundé et son adjoint, M. Souleymanou ABOUBAKAR et M. Jean Michel KUITCHE qui ont facilité notre contact avec les joueurs ; à Richard DOMWA, Pierre NDZIE, NGUIJOL. Aussi, nous tenons à remercier M. Destin ENGAMA pour nous avoir aidé à traduire les mots et expressions en langue ewondo.

Que tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire et dont nous n'avons pu citer les noms ici, reçoivent nos sincères remerciements.

RESUME

Le présent Mémoire de Master est intitulé « Culture et football au Cameroun ; le cas du Canon Sportif de Yaoundé dans la région du Centre : Une contribution à l'anthropologie du football». Le problème que soulève cette recherche est celui de comprendre l'inadéquation entre les pratiques endogènes ewondo de Nkolndongo du football et les normes de la FIFA. La question centrale de cette recherche est de savoir : Comment les Ewondo de Nkolndongo se sont appropriés la pratique du football ? Ses questions secondaires sont : Comment se déroule le quotidien des actants du football au sein du Canon sportif de Yaoundé ? Quels sont les éléments culturels que les Ewondo utilisent dans la pratique du football ? Quelle est la perception du football par les Ewondo de Nkolndongo ? L'hypothèse générale que nous avons formulée stipulait que les Ewondo de Nkolndongo se sont appropriés le football en créant le Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda Y'ongola. Pour les hypothèses secondaires : le quotidien des actants du football au sein du Canon Sportif de Yaoundé est régi par les entrainements collectifs, individuels, les matchs de compétition et les matchs amicaux ; la distraction avec les paires et la famille. Les pratiques magico-religieuses, les danses, les chants et les instruments de musique sont les éléments culturels que les Ewondo associent à l'activité footballistique. Le football est perçu par les Ewondo comme une activité sportive où tous les moyens doivent être mise en oeuvre pour vaincre et convaincre divers adversaires. De Mars 2012 à Septembre 2013, nous avons abordé à Yaoundé les perceptions et la pratique du football au sein du CSY, l'influence de la logique que se donnent les Ewondo de Nkolndongo dans la pratique de l'activité footballistique, ainsi que les rapports entre les différents actants. Notre échantillon incluait les joueurs, les supporteurs, les encadreurs, les arbitres et la population générale. La collecte des données s'est faite à partir des entretiens et des observations. Les actants, leurs intérêts, la zone d'incertitude entre ceux-ci, les stratégies de gestions et leurs personnalités de base nous ont servi de cadre théorique. Les résultats sont les suivants : les pratiques magico-religieuses font entièrement partie du football chez les Ewondo de Nkolndongo. Les entrainements ne sont pas efficaces à cause de l'insuffisance du matériel et la vétusté de certains équipements. Les conflits de leadership et d'intérêts dans le CSY dérivent des pratiques rituelles, de la popularité et du prestige social des individus. Le football, appelé ndamba meko est perçu par les Ewondo comme une passion, une activité de promotion sociale et de positionnement.

Mots-clés : ndamba meko, conflits, pratiques magico-religieuses, Mekok-Me-Ngonda 

ABSTRACT

This Master dissertation is entitled « Culture and football in Cameroon; the case study of Canon Sportif of Yaounde in the Centre region: A contribution to anthropology of football». The problem this research raise is to understand the inadequacy between the Ewondo's endogenous practices of football and FIFA's norms. The main question of this research is How Ewondo of Nkolndongo has appropriated football? The subsidiaries questions are as follows: How the day-to-day of football actors unfold in Canon Sportif de Yaoundé? What are the cultural items Ewondo of Nkolndongo used in football practices? What is the perception of football according to Ewondo? The general hypothesis we have formulated show that Ewondo of Nkolndongo has appropriated football by creating the Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda Y'ongola. Secondary hypothesis prove that: the day-to-day of football actors in Canon Sportif de Yaoundé is ruled by collective and individual trainings; event and friendly matches. Religious and magic practices, dances, songs and musical instruments are cultural items Nkolndongo associated to football's activity. The football is perceived by Nkolndongo as an athletical activity where all the resources ought to be put in place in order to vanquish and convince opponent. From March 2012 to September 2013, we have reached in Yaounde, perceptions and the practices of football at the bosom of CSY, the effect of the Ewondo's logic of Nkolndongo devoted theirselves into football practices, thus those relations between different people. Our samples included players, supporters, managers, referees, spectators or the population. Data collection was done through interviews and observations. Actors, their interest, the uncertainty area between them, strategies of management and their basic personality, help us to construct our theoretical framework. The results of this research are as follows: trainings are not effective because of the shortcomings of material and decay of equipment. Leadership and interest conflicts in Canon Sportif de Yaoundé derived of ritual practices, populatity and social glamour. Religious and magic practices are part of football in Ewondo's culture. Football, calls ndamba meko is perceived by Ewondo as a passion, an activity of social advancement and positioning.

Keys words: ndamba meko, conflicts, religious and magic practices, Mekok-Me-Ngonda

SOMMAIRE

DEDICACE.....................................................................................................i

REMERCIEMENTS ii

RESUME iii

ABSTRACT iv

LISTE DES ILLUSTRATIONS vi

LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET DES SIGLES viii

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I : PRESENTATION PHYSIQUE ET HUMAINE DU MILIEU DE L'ETUDE 14

CHAPITRE II : DEBAT EN ANTHROPOLOGIE DU SPORT SUR LE FOOTBALL 35

CHAPITRE III : PRATIQUE DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO DE NKOLNDONGO 53

CHAPITRE IV : PRATIQUES MAGICO-RELIGIEUSES, ANIMATION DE MATCH, GUERRE DE LEADERSHIP ET FOOTBALL AU SEIN DU CSY 74

CHAPITRE V : PERCEPTION DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO DE NKOLNDONGO 93

CONCLUSION 117

SOURCES 125

ANNEXES i

TABLES DES MATIERES ix

LISTE DES ILLUSTRATIONS

a- Liste des cartes

Carte 1 : La carte générale du Cameroun 16

Carte 2 : La localisation du département du Mfoundi 17

Carte 3 : La localisation de l'arrondissement de Yaoundé IVe 17

b- Liste des planches

Planche 1: La carapace de tortue sur un mur peint aux couleurs du CSY à Mvog-Mbi 31

Planche 2: Les onze entrants du Canon Sportif de Yaoundé ainsi que le kinésithérapeute lors du match Canon-Renaissance à Yaoundé 32

Planche3 : Les emblèmes du Canon Sportif de Yaoundé au siège social à Nkolndongo 57

Planche 4: L'ecock'le kulu à Mvog-Mbi 58

Planche 5: Le siège de Canon Sportif de Yaoundé à Nkolndongo 66

Planche 6: Le coach Aboubakar supervisant une séance d'entrainement au stade malien 67

Planche 7: Le coach, les onze entrants et l'intendant du club au stade Omnisport 71

Planche 8: Le nyas : un des instruments musicaux du club Oyili à Mvog-Mbi 82

Planche 9: Le nnom nkul en bas, le ngal nkul au milieu et le mwan nkul au dessus à Mvog-Mbi 83

Planche 10: Le nkàn ou sonnerie a double cloche à Mvog-Mbi 83

Planche 11: Le mbè ou le tam-tam à Mvog-Mbi 83

Planche 12: Les tenues de scène d'Oyili club de Nkolndongo au stade annexe omnisport 85

Planche 13: Le président du club Oyili de Nkolndongo en tenue rouge, d'autres membres et le chercheur au stade annexe Omnisport 86

Planche 14: Les danseurs de Oyili club en mouvement au stade Ominsport de yaoundé 87

c- Liste de schéma

Schéma 1: Le schéma explicatif de la zone d'incertitude au CSY 113

d- Liste des tableaux

Tableau 1 : La classification des coupes et titres du Canon Sportif de Yaoundé 61

Tableau 2: Le tableau récapitulatif des préparations collectives et individuelles. 70

Tableau 3 : Le tableau comparatif du choix de l'entraineur du CSY en 2012 90

LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET DES SIGLES

a- Liste des abréviations

Al. : Alinéa

Art. : Article

b- Liste des acronymes

CAF : Confédération Africaine de Football

CAN : Coupe d'Afrique des Nations

FECAFOOT : Fédération Camerounaise de Football

GMI : Groupement Mobile d'Intervention

FIFA : Fédération Internationale du Football Association

MINSEP : Ministère des Sport et de l'Education Physique

c- Liste des sigles

AVC : Accident Vasculaire et Cardiaque

CA : Conseil d'Administration

CDD : Contrat à Durée Déterminée

CRTV : Cameroon Radio and Television

CS : Conseil des Sages

CSY : Canon Sportif de Yaoundé

LFPC : Ligue de Football professionnel du Cameroun

MTN : Mobile Telephone Network

NMR : Nouveaux Mouvements Religieux

PCA : Présidente du Conseil d'Administration

PMU : Pari Mutuel Urbain

PGM : Première Guerre Mondiale

PS : Play Station

S.A.O.S. : Société Anonyme à Objet Sportif

SDN : Société des Nations

UTC: Universal Time Coordinated

INTRODUCTION

Le présent mémoire est intitulé : Culture et football au Cameroun ; le cas du Canon Sportif de Yaoundé dans la région du Centre : Une contribution à l'anthropologie du football. L'être humain dans sa lutte pour le bien être a besoin de jouir d'une bonne santé physique et morale. Ceci passe inéluctablement par la pratique voulue ou non d'un exercice physique à travers les mouvements du corps tels que la marche à pied, le handball et le football pour ne citer que ceux là. Pour cela, la nécessité de développer ces exercices physiques a donné lieu à l'institutionnalisation, qui rendra réglementaire la pratique de ces sports en fonction des organisations socioculturelles.

Le football en tant qu'objet de notre recherche a connu plusieurs mutations notamment sur la constitution des équipes, les équipements, les lois, les noms et symboles et l'identité culturelle. Le football est d'emblée un sport collectif et sa pratique implique la création des équipes. Ainsi, les clubs de football émanent généralement des ethnies où plusieurs facteurs naturels et culturels entrent en vigueur. Intégré comme élément culturel, le football est à la fois un jeu et un sport donc, est un fait social. Selon Emile DURKHEIM (1895), le fait social se caractérise par « l'indépendance du groupe par rapport aux hommes et, la non réductibilité à la somme des caractéristiques et des comportements individuels et pouvant donc, à ce titre, imposer une contrainte à l'individu ». Contrairement à Emile DURKHEIM, Max WEBER (1904) s'intéresse au caractère individuel et compréhensif du fait social.

1. LE CONTEXTE DE L'ETUDE

Le sport en général et le football en particulier, connaissent des enjeux majeurs depuis quelques décennies au Cameroun. Le sport est une activité qui non seulement maintient l'organisme humain en bonne santé mais, permet aussi de se divertir et d'améliorer les conditions de vie des praticiens. Ceci à travers le recrutement et la formation des jeunes dans les écoles de football à l'instar de la Kadji Sport Académie, l'école des brasseries .... Il existe la vente, l'achat et le transfèrement des joueurs d'un club à l'autre. Plus loin, des structures comme le Ministère des sports et de l'éducation physique, la Fédération Camerounaise de Football et la toute nouvelle Ligue Professionnelle du Football Camerounais, dirigée par un général de l'armée ainsi que le Syndicat National des Footballeurs Camerounais s'occupent administrativement, techniquement et socialement de ce domaine footballistique, afin de mieux gérer les clubs, le championnat et la coupe du Cameroun. Lors des états généraux du sport et de l'éduction physique, le gouvernement a décidé de créer une école supérieure de football afin d'encadrer les jeunes footballers du pays mais qui tarde à naître. Cela montre que le football semble être la clé du succès et de lutte contre le chômage en milieu jeune et, un instrument de maintien de la paix et de la stabilité nationale à travers le discours des leaders politiques.

Lors du lancement des saisons sportives, chaque club de football en ce qui le concerne se serait servi des échecs passés pour mieux préparer et affronter la nouvelle saison. Avec la professionnalisation du football, plusieurs individus en ont fait de cela un métier porteur. Ainsi, les joueurs peuvent se déplacer d'une équipe à l'autre, à travers le monde, jouer dans des clubs nantis et se faire beaucoup d'argent au même titre que d'autres acteurs économiques. Les médias via des débats, ne cessent tous les jours d'analyser la situation que vit le football camerounais notamment celui pratiqué au niveau de la « MTN Elite One ».

En outre, l'aspect des pratiques culturelles en milieu sportif n'est pas en reste, ajouté à cela les discours politiques, qui font du football un symbole de réussite, de stabilité et de puissance. Dans un secteur où l'approche genre n'est pas respectée pour la simple raison qu'il n'existe pas de « MTN Elite One » au féminin, laisse croire à la négligence du sexe féminin au profit du sexe masculin.

Les joueurs, subissant les conséquences d'une planification paternaliste, sont pris d'assaut comme un appât pour l'atteinte des objectifs financiers de quelques dirigeants. C'est peut être ce qui expliquerait la corruption et les détournements en milieu footballistique. C'est dire que leur point de vue n'est pas souvent pris en considération ainsi que leur personnalité. L'on parle également de la formation des journalistes sportifs, le nombre limité des clubs, du logo de la LPFC, de la transformation des clubs en société coopérative, du développement des infrastructures et du management du sport.

2. LA JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Deux raisons justifient le choix de ce sujet. L'une est personnelle et l'autre scientifique.

2.1 La justification personnelle

Pendant notre formation académique, nous avons participé aux compétitions scolaires en jouant au football. De plus, nous organisons des championnats de vacances et dans nos associations culturelles respectives, afin de sceller la cohésion sociale et renforcer l'identité culturelle ; ce qui n'a toujours pas été facile pour la simple raison de l'égoïsme des co-équipiers, le manque de joueurs disponibles, de la limitation des moyens de motivations, de l'inefficacité dans l'encadrement des joueurs, de l'insuffisance des infrastructures et des pratiques occultes, qui démotivent certains joueurs et rendent invivable le tournoi. Dans le cas des clubs de division d'élite, cette remarque est également visible car lors des championnats, la majorité des formations souffrent d'une réelle préparation faute des moyens d'accomplissement et d'une certaine rivalité.

2.1 La justification scientifique

Les clubs de football en tant qu'objet de notre étude, connaissent une pléiade d'ouvrages mais peu en anthropologie. Du fait de la recrudescence des débats de presse et radiotélévisés de Canal 2, de STV et de la CRTV Poste National (diaspo-foot, la nuit du sport, sport et société, sport attitude), qui font ressortir l'influence de certains membres de l'élite politique, économique et culturelle sur la sélection des joueurs. Le retard dans la motivation des joueurs, la toute puissance des dirigeants et leur résistance au changement rendent mitigés la gestion du football dans les clubs. Dans un contexte où les populations se révoltent contre la gestion du football, dénoncent les rituels faits au stade avant les matchs, s'insurgent contre le recrutement de certains joueurs, font valoir le sentiment ethnocentrique, constituent de façon globale un enjeu national, qui nous pousse à mener une réflexion approfondie sur la place de la culture au sein du football. Ainsi, le football tel que pratiqué par le Canon Sportif de Yaoundé en particulier et des formations sportives de la « MTN Elite One » en général, nous intéressera tout au long de notre recherche. Le Canon Sportif de Yaoundé en tant que club mythique et plus ancien en terme d'âge, constitue notre véritable objet de recherche.

3. LE PROBLEME

Le football est une activité sportive qui est basée sur une série d'entrainements physico techniques, collectifs et individuels. Il prend aussi sa source dans la compétence, le talent et la performance. Le football est marqué par le travail ardu et régulier. L'état psychologique, l'environnement et la préparation spirituelle sont autant d'éléments qui motivent les actants du football. La pratique de ce sport a connu depuis des décennies l'usage du phénomène religieux lors des compétitions. Les organisations à caractère footballistique comme la FIFA, la CAF souhaiteraient que certaines pratiques magico-religieuses puissent disparaître dans le football afin de le rendre plus praticable. C'est pour cette raison que l'accent est mis sur le régime alimentaire des joueurs, les heures d'entrainements et les types de préparation collective. Outre cela, les experts en sport recommandent le passage par les écoles de football où les futurs footballeurs non seulement bénéficieraient d'une formation de qualité mais aussi et surtout connaitraient un suivi nécessaire pour produire des résultats probants. C'est le cas avec des grands clubs de football tels que FC Barcelone, Real de Madrid, Manchester United, Bayern, Milan AC, Paris Saint Germain... Ces clubs qui se consacrent à l'activité footballistique estiment par ailleurs que c'est en recrutant les joueurs talentueux et en mettant un système de jeu qui se fonde sur un collectif régulièrement entrainé par un coach compétent et expérimenté qu'on multiplie ses chances de gagner les compétitions.

Dans ce sillage, plusieurs joueurs se façonnent au quotidien dans les écoles de formation. Par conséquent, ils constituent au niveau du football camerounais une offre abondante par rapport à la faible demande. C'est ce qui justifie les différents tests de sélection dans les clubs plus ou moins prestigieux. Cependant, bon nombre de praticiens du football au Cameroun font recours aux forces magico-religieuses comme source de motivation, de protection et de domination. A juste titre, les actants en dehors de leur talent et leur réseau relationnel, font usage des pratiques magico-religieuses pour se faire une place dans ces clubs afin de développer leur capacité technique, tactique et physique pour demeurer au dessus de tous les autres co-équipiers. Tout ceci engendre un certain nombre de conflits catégorisés entre joueurs d'une part et entre joueurs et encadreurs d'autre part. C'est ce qui s'observe dans le Canon Sportif de Yaoundé. Officiellement interdites par la FIFA, les pratiques magico-religieuses s'opèrent au sein du CSY. Dans cette association, il y'a des personnes qui servent de maître spirituel pour les joueurs. Aussi, des messes sont dites en direction du club ; des talismans et gris-gris sont monnaie courante chez des acteurs.

4. LA PROBLEMATIQUE

Le fait religieux a toujours existé dans la pratique du sport en général et celle du football en particulier tant au niveau amateur que professionnel. A ce titre, un témoignage de DIBOUE Dieudonné, affichage n° 3269 dans Consommons camerounais le 20 Octobre 2013, révèle le caractère magico-sataniques du football lors de la signature des contrats avec les managers par l'attribution des maîtres spirituels. Il mentionne en ses termes que « Le maître spirituel de Marc Vivien Foé m'avait donné un totem ». Aussi ajoute t-il, « Mon maître spirituel m'avait emmené dans certaines loges lorsqu'elle voulait me donner plus de pouvoir. C'est là-bas que j'ai vu de mes propres yeux, tous les footballeurs qui ont pactisé avec le diable ». Les pratiques magico-religieuses selon une pré-enquête réalisée en Mars 2102 dans quelques clubs de l'Elite One au Cameroun, sont existantes et concernent un bon nombre d'actants au sein des Mekok-Me-Ngonda. Généralement celles faites par des individus ont pour but de se protéger, vaincre et convaincre. Au sein du club, il ressort après quelques entretiens informels auprès de certains membres, que le premier adversaire est très souvent le coéquipier avec qui on partage le même poste au sein de l'équipe. S'il est plus talentueux ou plus performant, plus discipliné alors il sera toujours sélectionné et jouera tous les matchs les plus importants alors que vous seriez sur les bancs de touche pour attendre de le remplacer en cas de méforme ou de blessure. Ce qui amène les moins talentueux à en vouloir au plus talentueux. En retour, ceux-ci n'ont pas aussi l'intention de jouer les remplaçants. La méfiance s'installe pourtant le club a besoin d'unanimité pour former un climat clément de groupe.

Les conflits observés ça et là entre les actants sont la résultante de telle méfiance. Le Canon Sportif de Yaoundé présage un certain imbroglio fonctionnel en dépit des efforts mis en place par la FECAFOOT pour professionnaliser le football camerounais. La recherche sur la pratique du football en tant que phénomène social peut s'offrir à plusieurs orientations théoriques. Dans le cadre de notre travail, nous allons nous appesantir sur le culturalisme et l'analyse stratégique pour mettre en exergue la structuration et le fonctionnement du Canon Sportif de Yaoundé en tant qu'institution sociale. Il sera question pour nous de montrer comment l'organisation sociale du football au sein du Canon Sportif de Yaoundé a généré certains conflits, pratiques et croyances propres aux individus qui en dépendent.

Ø Les concepts d'acteur stratégique, de stratégie, de pouvoir et de zone d'incertitude nous ont été utiles dans la compréhension du système de gestion dans le CSY et ses conséquences. Les membres ou tout simplement les acteurs, recourent à certaines pratiques magico-religieuses comme stratégie de défense et d'attaque afin de rayonner, de se maintenir au pouvoir, d'assurer l'autorité sur le confrère et surtout sur l'équipe adversaire. Ces différentes stratégies individuelles et collectives forment ce qu'il convient d'appeler une zone d'incertitude.

Ø Le culturalisme par les concepts tels que patterns et personnalité de base nous ont aidé d'appréhender les valeurs culturelles acquises constituant l'équipement mental comme socle des façons de voir, de penser et d'agir des membres du CSY. Les spécificités culturelles, servent de fondement pour les pratiques magico-religieuses puisque dans cette association, il existe une diversité d'acteurs (autochtones et allogènes), chacun avec la personnalité dont il reflète et où il transpose son savoir-faire, sa façon d'agir et de penser différent de celle de la structure d'accueil.

5. LES QUESTIONS DE RECHERCHE

Cette recherche soulève une question centrale et des questions secondaires

5.1 La question centrale

Comment les Ewondo de Nkolndongo se sont appropriés la pratique du football ?

5.2 Les questions secondaires

-Comment se déroule le quotidien des actants du football au sein du Canon sportif de Yaoundé ?

-Quels sont les éléments culturels que les Ewondo utilisent dans la pratique du football ?

-Quelle est la perception du football par les Ewondo de Nkolndongo ?

6. LES HYPOTHESES DE RECHERCHE

Les hypothèses qui sous tendent cette recherche sont de deux ordres : l'une d'ordre central et d'autres d'ordre secondaires.

6.1 L'hypothèse centrale

Les Ewondo de Nkolndongo se sont appropriés le football en créant le Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda Y'ongola comme moyen de participation au jeu sportif et mode d'expression culturelle.

6.2 Les hypothèses secondaires

-Le quotidien des actants du football au sein du Canon Sportif de Yaoundé est régi par les entrainements collectifs, individuels, les matchs de compétition et les matchs amicaux ; la distraction avec les paires et la famille, les conflits d'intérêts entre joueurs, dirigeants, joueurs et dirigeants, joueurs et supporteurs ; les partisans et les opposants des pratiques magico-religieuses.

-Les pratiques magico religieuses, les danses, les chants et les instruments de musique sont les éléments culturels que les Ewondo associent à l'activité footballistique.

-Le football est perçu par les Ewondo de Nkolndongo comme une activité sportive où tous les moyens doivent être mise en oeuvre pour vaincre et convaincre. 

7. LES OBJECTIFS DE RECHERCHE

Les objectifs de cette recherche sont de deux types : l'un principal et d'autres spécifiques.

7. 1 L'objectif principal

Montrer comment les Ewondo de Nkolndongo se sont appropriés le football.

7.2 Les objectifs spécifiques

- décrire le quotidien des actants du football au sein du Canon Sportif de Yaoundé.

-identifier les vecteurs culturels qui influencent la pratique du football au sein du Canon sportif de Yaoundé.

-comprendre la perception du football tel que pratiqué au sein du Canon Sportif de Yaoundé par les Ewondo.

8. LA METHODOLOGIE

Il est question dans ce cadre de présenter les outils qui nous ont aidés à vérifier nos hypothèses. En plus d'une recherche documentaire sur le sujet, il s'agit pour nous de décrire la localisation géographique, l'échantillonnage, les techniques et les instruments de collecte et des données, l'analyse et l'interprétation des données ethnographiques.

8.1 La recherche documentaire

Nous avons consulté un certain nombre de livres sur le football en général et celui sur le Canon Sportif en particulier. Cela nous permis d'examiner les enjeux majeurs sur la pratique du football d'une époque à une autre, d'un club à l'autre et d'une culture à une autre. Nous avons mis plus de quatre mois à fouiller des documents parce que non disponibles. Dans chaque ouvrage, nous ne recherchions que des informations qui cadraient avec notre sujet. Cela nous a permis d'avoir une période d'enquête allant du 1er Mars 2012 au 30 Septembre 2013.

8.2 L'enquête de terrain

Les travaux ethnographiques nous ont permis de tester nos outils afin de collecter les données nécessaires pour la vérification de nos hypothèses.

8.2.1 Le choix du site de l'étude

Cette recherche a été menée au Cameroun dans la région du Centre, département du Mfoundi et précisément dans l'arrondissement de Yaoundé IV, au quartier Nkolndongo. Nous avons eu à rencontrer les informateurs au stade malien, au siège du Canon et parfois à domicile et lors des compétitions au stade annexe sis au quartier omnisport.

8.2.2 L'échantillonnage

Le type d'échantillonnage mis en exergue dans ce travail est l'échantillonnage aléatoire simple ou représentatif. Comme échantillon, nous avons pris un seul club de division d'élite one dans le grand groupe ethnique Béti notamment le Canon Sportif de Yaoundé que nous appellerons tour à tour Kpa-Kum,  Mekok-Me-Ngonda ou Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda Y'Ongola dans notre travail. En ce qui concerne les informateurs, nous avons porté notre choix sur six joueurs en fonction des postes occupés sur le stade, cinq encadreurs, deux arbitres, quatre supporteurs, quatre spectateurs et un tradipraticen.

8.3 La collecte des données

Elle comprend l'observation directe, les entretiens individuels et les récits de vie. Cette collecte de données a été faite de Mars 2012 à Septembre 2013 et ce à cause de l'indisponibilité de certains informateurs clés et le souci de réorienter notre problématique.

8.3.1 L'observation directe

Celle-ci à travers un appareil photo numérique et une grille d'observation, nous a permis d'observer le comportement des joueurs, des encadreurs et des supporters pendant la préparation des matches ; de voir l'ensemble des personnes qui interviennent dans la pratique quotidienne du football au sein du CSY. Aussi, d'assister à quelques matchs afin d'observer le comportement général et le style jeu des acteurs dudit club sur le stade, après la fin du match et dans les terroirs respectifs.

8.3.2 Les entretiens individuels

Afin de ressortir des différents discours, des avis recueillis ou des impressions qui influencent l'activité footballistique en général et celui du CSY en particulier, les perceptions que les Ewondo de Nkolndongo ont du football nous avons utilisé les guides d'entretiens. Un guide d'entretien préalablement constitué nous a permis d'introduire dans nos conversations avec les informateurs de nouvelles orientations. Ayant opté pour les entretiens semi-structurés, ils ont permis à nos interlocuteurs de s'exprimer sur les grandes articulations se rapportant à l'objet étudié. Cependant, nous avons procédé à une sélection des informateurs clés dans notre site de recherche, les guides d'entretien préalablement élaborés au départ, n'étaient pas uniformes, mais spécifiques à chaque catégorie d'informateur. Les entretiens se sont déroulés dans les bureaux du siège du CSY, au stade malien et omnisport mais aussi dans les domiciles privés de nos informateurs et autres lieux de services selon la conviction et la disponibilité des informateurs. Nous avons opté pour des entretiens semi-structurés au vue des objectifs de notre recherche.

8.3.3 Le récit de vie

En plus de la production d'une des données sur le sujet via les entretiens, nous avons utilisé les récits de vie, qui nous ont fourni des éclaircissements sur la stratégie qu'utilise certains acteurs du CSY pour se maintenir en division d'élite one ; pour maintenir leur place (poste) dans l'équipe et pour éviter les sanctions de l'arbitre. Nous nous sommes entretenu avec deux informateurs de notre échantillon par ailleurs membre du club les 19 et 20 Septembre 2013 afin de comprendre les actions qu'ils mènent envers le CSY.

8.4 L'analyse et le traitement des données

Au vu des techniques de collectes de données dont nous avons fait usage dans ce travail, cette enquête se veut qualitative eu égard à l'aspect culturel influençant le football. Dans le cadre de ce travail, l'analyse s'est imposée dès la phase initiale avec celle du contenu des données préétablies. Elle s'est perpétuée sur le terrain pendant la collecte des données. L'étude a privilégié l'exploitation manuelle par la transcription des enregistrements sonores et l'analyse de contenu. L'objectif étant de décrire systématiquement et objectivement le contenu des messages devant aboutir à des indicateurs d'une part et de procéder à la déduction d'autre part.

Nous avons retenu les méthodes logico-sémantiques de MUCCHIELLI (1984) qui consiste à s'attaquer directement sur l'aspect sémantique du discours sans prendre en compte l'aspect formel. Elles s'attaquent directement au contenu sans passer nécessairement par le contenant et peuvent elles même se limiter à l'aspect sémantique explicite sans se poser des questions sur le contenu implicite.

Quotidiennement, nous avons regroupé les informations en sous thèmes afin d'ajuster de nouveaux informateurs, pour l'enrichissement de l'étude au moyen de la reformulation de nouvelles hypothèses. Afin de limiter une analyse trop poussée qui risquerait de trahir la logique des informateurs, nous avons introduit des citations émanant du discours des informateurs dans l'optique de restituer les dires voire l'expérience des informateurs. Nous nous sommes servi des crayons de couleurs, chacun représentant un thème précis pour souligner les réponses obtenues. Elles étaient ensuite analysées, interprétées et classées dans le but de constituer les paragraphes et les ébauches des chapitres.

8.5 Les outils d'interprétation des données

Les données collectées et analysées seront interprétées sous le prisme des théories courantes en anthropologie. Ainsi, nous nous sommes servis de l'analyse stratégique de Michel Crozier, qui présente le jeu de pouvoir et d'intérêt des membres dans une structure. Ensuite, nous avons fait appel au culturalisme dans le but de mettre en exergue la place de la culture dans le comportement et la formation de la personnalité des individus.

9. L'INTERET DE L'ETUDE

Cette recherche présente un double intérêt : l'un théorique et l'autre pratique.

9.1 L'intérêt théorique

L'étude sur la pratique du football au sein du Canon Sportif de Yaoundé contribue à produire des connaissances locales liées à l'influence de la culture sur le football, notamment sur les méthodes de préparation, sur le comportement et les mentalités des populations vis-à-vis des co-équipiers, de l'adversaire et lors de l'échec ou de la victoire. De plus, il s'agit également de comprendre la véritable place de la dynamique sociale en rapport avec les pratiques culturelles sur la performance des joueurs. Cela enrichit la documentation en anthropologie du développement.

9.2 L'intérêt pratique

Les résultats de cette recherche permettront au ministère des sports et de l'éducation physique, à la Fédération Camerounaise de Football et surtout à la Ligue Professionnelle de Football Camerounais de disposer d'un système viable de gestion du football, d'augmenter les infrastructures sportives dans tous les départements afin de promouvoir le football, d'aménager les aires de jeu existants afin d'améliorer les conditions de vie des joueurs. A l'équipe dirigeante de chaque club d'assainir le management du club afin d'éviter des conflits de positionnement et de pouvoir.

Aux joueurs d'intégrer le maximum de démocratie et de responsabilité via le « fair play » dans leur prestation. Cet intérêt va aussi à l'endroit des supporteurs qui doivent effectivement remplir leur fonction de douzième joueur, et servir de police, afin de protéger les personnes et biens pendant et après les matchs : ceci dans l'optique d'éviter tout désastre et intégrer le sentiment identitaire, patriotique et conciliateur. Parlant des arbitres, il leur est souvent reproché de jouer le rôle de juge et partie, pour cela, il convient de renforcer leur capacité en matière d'arbitrage.

Les populations de Nkolndongo créatrices du Kpa-Kum devraient quant à elles au sortir de ce travail, refaire un diagnostic afin de trouver des solutions aux verrous ayant causé la stagnation du CSY durant ces dernières années écoulées (depuis 2002). Elles pourront par ailleurs faire de la gestion axée sur les résultats leur leit motiv. Le football en ce qui le concerne, constituerait un enjeu de développement dans la mesure où les conditions de sa pratique sont homologuées et appliquées par l'ensemble des acteurs.

De plus, il serait dit facteur de changement social ou de transformation sociale dès lors que les pratiques culturelles seront relativement acceptées et surtout bénéfiques pour le bon déroulement du championnat. Ainsi, le taux d'émigration des joueurs fléchira ; les MTN Elite One et Two connaitront des enjeux au niveau du flux des joueurs talentueux ; le championnat pourra faire l'objet d'une curiosité des populations comme la Champions League européenne. Ajoutons aussi que l'environnement socioculturel ne permet pas de transposer les gadgets du football tel que prône la FIFA. Par conséquent, il pourra constituer un frein au développement authentique du football dans les différentes ligues en lice.

10. LA DELIMITATION DU TRAVAIL ET DIFFICULTES RENCONTREES

Cette recherche est menée au Cameroun, dans la région du centre, département du Mfoundi et précisément dans la tanière du Canon sportif de Yaoundé, en compétition de la MTN Elite One. Ce qui nous permet de vivre véritablement la préparation dudit club ainsi que la pratique de cette activité footballistique dans cette équipe. De plus nous n'avons utilisé que quelques théories en anthropologie et les techniques qualitatives. Nous n'avons interviewé que quelques informateurs sur l'ensemble de la population. Cependant, il nous a été parfois difficile de rencontrer les joueurs aux vestiaires compte tenu de leur emploi de temps et de la fatigue après les entrainements. Pour cela, nous avons observé indirectement par l'un de nos informateurs qui nous a fourni les informations sur le comportement de ses coéquipiers aux vestiaires. De plus, quelques informateurs ont été un peu réticents quant aux questions sur les pratiques culturelles faites lors de la préparation des matchs. Nous n'avons pas eu l'opportunité d'assister à tous les types les préparations individuelles et groupales. Cette recherche menée sur les Ewondo de Nkolndongo dans la région du centre, s'est le plus focalisée sur le CSY en tant que fruit de leur effort.

11. LA DIMENSION ETHIQUE DE L'ETUDE

Parlant de la dimension éthique, ce travail n'a pas été suivi par une commission d'éthique au départ. Par conséquent, nous avons abordé les informateurs en plusieurs étapes. D'abord, nous nous sommes rendu à la sous-préfecture, à la gendarmerie, au commissariat spécial de sécurité publique, au commissariat du IVème et à la chefferie de Nkolndongo, tous dans l'arrondissement de Yaoundé IV afin de signaler notre présence sur le terrain aux autorités de la localité. Ensuite, nous nous sommes présenté au siège du Kpa- Kum afin d'expliquer notre raison d'être et nos attentes. Nous avons rencontré un responsable du club en poste, qui nous a conduit au stade malien où se déroulent les entrainements du club. Il nous a aussi présenté aux encadreurs en leur disant de nous aider dans notre travail et en expliquant aux joueurs l'objet de notre présence. C'est ainsi que nous nous sommes présenté et avons pris des rendez-vous progressivement avec ces derniers afin de recueillir des informations relatives à nos hypothèses. Enfin, il est important de signaler que la tâche n'étant pas aisée, plusieurs informateurs ont été abordés à domicile, au stade, au siège de l'équipe et dans des restaurants. C'est ainsi que nous avons pu recueillir toutes nos informations.

Nous avons protégé l'identité de certains de nos informateurs non seulement parce qu'ils l'ont demandé mais aussi et surtout pour des raisons éthiques puisque le sujet touche à la sensibilité de ces informateurs.

12. LE PLAN DU TRAVAIL

Ce travail comporte 5 chapitres intercalés par une introduction et une conclusion. Le 1er chapitre intitulé  présentation physique et humain du milieu d'étude qui décrit l'environnement dans lequel baigne la recherche ainsi que l'impact de celui-ci dans la pratique du football. Il fait le point sur la situation géographique, l'histoire du groupe humain étudié, les activités liées à la pratique du football dans cette socio-culture. Le 2ème chapitre baptisé débat en Anthropologie sur le football, fait le point sur les différents débats scientifiques sur le football avec l'évolution des connaissances d'une part, ses représentations occidentales et par certains groupes humains d'autre part. Le chapitre 3 est consacré à la description de la pratique du football chez les Ewondo à travers le CSY. Ce chapitre est articulé sur la description des Mekok-Me-Ngonda de sa création à sa transformation comme club de football moderne. Sa classification dans la pratique du football chez les Ewondo de Nkolndongo, sa structuration et sa gestion. Le 4ème chapitre nommé pratiques magico-religieuses, animation de match, guerre de leadership et football au sein du CSY, est un exposé dont le leitmotiv est de répertorier les facteurs et éléments de la socioculture ewondo qui sont utilisés dans l'activité footballistique. Le 5ème et le dernier chapitre, porte sur la perception du football par les Ewondo. L'accent sera mis sur les systèmes de croyances liées au football chez les Ewondo de Nkolndongo en faisant des comparaisons avec les résultats de quelques recherches sur le football dans d'autres univers culturels.

CHAPITRE I :

PRESENTATION PHYSIQUE ET HUMAINE DU MILIEU DE L'ETUDE

Notre étude a été menée dans une zone urbaine camerounaise plus précisément dans la région du Centre au coeur du pays Béti. Ce peuple est reconnu pour leur hospitalité et leur appréciation des activités sportives et même récréatives. Les Béti connaissent bien le football qui est l'objet de notre étude, si l'on s'en tient à l'existence de son nom dans leur langue. La région du centre est influencée par de grands ensembles climatiques, et aussi par l'activité quotidienne des Hommes qui cherchent à s'adapter aux variations et aux changements climatiques. L'adoption et la pratique du football par ce groupe a développé un certain nombre de comportements qui sans doute influenceraient leur organisation politique, économique et sociale progressivement. Dans le présent chapitre, nous présenterons le milieu physique et humain de notre étude avec l'accent mis sur l'arrondissement de Yaoundé 4e qui est le fief de notre équipe expérimentale.

I.1 LA PRESENTATION DU MILIEU PHYSIQUE DE L'ETUDE

Il est question de présenter géographiquement l'arrondissement de Yaoundé 4e à travers les différentes composantes notamment la topographie, le climat, le relief, la végétation, la faune, l'architecture, le sol et l'hydrographie.

Carte 1 : carte générale du Cameroun

 Source: http://www.lecameroun.net/carte-villes.htm du 12 Septembre 2012

Carte 2 : Localisation du département du Mfoundi

Source : UNIVERSAL TRANSFERSE MERCATOR WGS 84 ZONE 32N (NDEUHELA Nelly) du 15 Juillet 2010

Carte 3 : Localisation de l'arrondissement de Yaoundé IVe

Source : UNIVERSAL TRANSFERSE MERCATOR WGS 84 ZONE 32N (NDEUHELA Nelly) du 15 Juillet 2010

I.1.1 La topographie de l'arrondissement de Yaoundé IVe

Le Cameroun étant situé au dessus de l'équateur, son décalage par rapport à l'Universal Time Coordinated (UTC) est de +1, troisième zone la plus peuplée du monde après l'UTC +8 et +5 :30. Ce décalage est utilisé pendant toute l'année. L'UTC+1 correspond en théorie à une zone dont les longitudes sont comprises entre 7,5° N et 22,5° E et l'heure initialement utilisée correspond à l' heure solaire moyenne ou temps fictif du 15e méridien. Ce méridien au niveau de l' équateur est distant du méridien de Greenwich (premier méridien où la longitude est de 0°) de 1 670 km. Les coordonnées géographiques de Yaoundé sont de 4° 45' au Nord et 12° 00' à Est : c'est dire que l'arrondissement de Yaoundé 4e est situé dans la même zone.

Si l'on s'en tient au découpage administratif du Cameroun que l'on observe sur la carte ci après, Yaoundé 4e est l'un des arrondissements qui constitue le département du Mfoundi qui abrite la capitale politique du Cameroun. Au nord, cet arrondissement est limitrophe à celui de Yaoundé 7e ; au sud par le département de la Mefou-et-Akono ; à l'est, il est limitrophe plutôt au département de la Mefou-et-Afamba et à l'ouest, il partage une même frontière avec l'arrondissement de Yaoundé 3e.

I.1.2 Le climat

Dans la région du Centre et particulièrement à Yaoundé, il règne un type de climat dit guinéen qui donne à la région une humidité et des précipitations élevées, estimées à une moyenne de 1000 à 2000 mm chaque année. Les précipitations sont élevées au sud et diminuent en allant vers le nord. La température moyenne est de 24°C dans tous les départements excepté le Mbam où elle est de 23°C. Dans cette localité, il règne aussi un climat équatorial, qui alterne entre la saison de pluie et la saison sèche. D'abord, la grande saison sèche va de Décembre à Avril. Etant donné que la saison sportive avait débuté en Mars 2012, le mois d'Avril, situé en fin de saison sèche voire en transition avec la saison pluvieuse, constitue une période d'intense travail et d'engouement pour les nouvelles recrues et une confirmation des anciens joueurs. Après cette saison, vient une courte saison pluvieuse qui va de Mai à Juillet. Celle-ci plein de froid, coïncide avec les matches du championnat, qui se sont rendus déjà à la deuxième phase (vers la 18ème journée) et la coupe du Cameroun, qui suit son cours normal. Ce climat qui règne permet aux clubs et surtout aux joueurs de redoubler d'efforts pour non seulement être champion et jouer la finale de la coupe du Cameroun mais aussi et surtout d'éviter la défaite afin d'échapper la zone de relégation en division d'élite two. Ensuite, vient la courte saison sèche de Juillet à Août, qui redonne l'occasion aux joueurs d'effectuer des entrainements intensifs. Enfin, arrive une forte saison de pluie allant de Septembre à Novembre. Celle-ci avec des pluies torrentielles, a souvent empêchée la tenue de certains matches et prolongée la saison sportive, qui devrait être à sa fin au plus tard en Octobre. Cette période définie également le sort de chaque équipe. Pour le Canon Sportif de Yaoundé, les précipitations ont une très grande influence sur les entrainements car au stade malien sis à Nkolndongo. Ces pluies engendrent les flaques d'eau et surtout la boue sur l'air de jeu : ce qui amenuise les heures et le degré d'entrainement et, chasse les fans du football tel que pratiqué par le Canon. En résumé, il existe une saison sèche qui s'étend sur quatre mois et une saison de pluie couvrant les huit autres mois, qui s'avèrent plus ou moins favorables au Canon Sportif de Yaoundé.

En ce qui concerne le relief, Yaoundé regorge des espaces variant entre 500 et 1000 mètres au dessus du niveau de la mer, excepté la vallée du fleuve Sanaga et ses affluents, qui sont en dessous de 200 mètres. Cet espace augmente avec un escarpement de la plaine côtière du Sud-ouest avant de joindre le plateau de l'Adamaoua. Ce relief permet aux joueurs d'effectuer des courses de fond sur les collines du Mont Fébé.

I.1.3 La végétation

La végétation dans la région du centre est régie par deux formations suivantes :

- la forêt sempervirente caractérisée par Césalpiniacée (plante légumineuse) permettant de définir un type particulier appelé « forêt biafreénne » (LETOUZE, 1968 ; 1985) ;

- la forêt semi caducifoliée caractérisée par les Sterculiacée (cacaoyers) et les Ulmacée formant une bande plus ou moins large vers le nord du massif forestier.

La flore de la région du Centre a été étudiée en détail par ACHOUNDONG (1985) et des prélèvements de litière y ont été effectués en mars 1987. La situation de ces forêts sur le sommet des collines est assez remarquable car les flancs sont recouverts par la forêt semi-caducifoliée, qui est la formation dominante de tous les départements. Cette répartition s'explique par le fait que les sommets de toutes ces collines sont couverts d'une manière quasi-permanente durant une grande partie de l'année par des capuchons de nuages et de brouillard. Ces nuages induisent à partir de 950 m d'altitude un climat caractérisé par les paramètres tels que des précipitations supérieures à celles de la plaine environnante, en particulier par les apports des "précipitations occultes" liées à la présence des nuages (HOWARD : 1970). De plus, cette présence d'une part diminue le déficit de saturation de l'atmosphère, favorisant une humidité quasi-permanente caractéristique des milieux sempervirents, et d'autre part abaisse un peu la température, ce qui permet le développement de taxons montagnards, soit végétaux (LETOUZEY :1985), soit animaux (AMIET, 1985). Il faut dire qu'il s'agit de "forêts de nuages" ou "cloud forests" (GRUBB, 1971 ; HOWARD, 1970). Selon LETOUZEY (1983), ces forêts de nuages se retrouvent en d'autres points du sud-ouest du Cameroun (région de Ngambé, etc.).

Spécifiquement dans l'arrondissement de Yaoundé 4e, les espaces verts naturels sont rares encore moins des espaces verts créés, où sont plantées des fleurs. Il n'existe pas de grands arbres. Ceci par les constructions diverses. Par ailleurs, il existe des cultures maraîchères et des cultures de contre-saison dans les bas-fonds notamment le manioc, le maïs, le légume et la tomate.

I.1.4 La faune

L'arrondissement de Yaoundé 4e en terme de faune regorge en majorité des animaux domestiques tels que chiens, canards, poules, lapins. En outre, des petites zones non anthropisées aux alentours des cases et certains endroits abandonnés abritent des animaux en l'occurrence les serpents noirs (cobra), les souris. Dans les marigots, on retrouve des poissons tels que les silures. Dans l'air ou sur le branchage, on retrouve des petits rongeurs tels que l'écureuil, le rat palmiste et des oiseaux comme le moineau, l'hirondelle, l'épervier etc.

I.1.5 Le sol

Dans l'arrondissement de Yaoundé 4e, il existe des pentes et collines entre les quartiers Essos-Kondengui-Sous manguier- Ekounou- Ekié-Mvog-Mbi et Awaï. Le sol est ferralitique c'est-à-dire de couleur rouge, qui découle de la décomposition des roches. Ce qui salie les maillots des joueurs et rend difficile le lavage desdits équipements. La route est bitumée et certains espaces sont boueux notamment l'air de jeu de stade malien. Ces collines contribuent non seulement à pratiquer la courses de résistance afin de se mettre en forme, mais aussi permet selon les propos d'un joueur du Canon, d' « économiser l'argent de taxi au retour ».

I.1.6 L'hydrographie

Les cours d'eau traversant l'arrondissement de Yaoundé 4e sont d'une importance mineure parce que ne servant pas à une exploitation quelconque. Néanmoins, il faut dire que ces cours permettent d'irriguer les cultures de contre saison par les riverains. Cependant, ils servent malheureusement de dépotoir de déchets ménagers.

I.1.7 L'architecture

L'architecture de Yaoundé 4e tout comme celle de la ville toute entière, est régie par des constructions peu ordonnées du fait du traçage et du bitumage tardif des routes, qui ont engendré ces constructions anarchiques. Parlant du matériau de construction, nous avons observé des maisons en matériaux provisoires majoritaires, faits en terre battue, crépies et parfois peintes ; et des maisons en matériaux définitifs minoritaires forgées avec des parpaings et du béton, crépies et peintes.il n'existe presque pas l'architecture climatique, ni évolutive encore moins vernaculaire. Ce manque d'organisation architecturale a réduit les espaces de divertissement. Ceci est visible au niveau du stade malien où juste aux alentours (deux à trois mètres) dudit stade, on retrouve une école, une Eglise, un marché de planche, des bars et maisons d'habitations et surtout le tronçon Mvog-Mbi - Nkolndongo - Mvog-Ada. Les joueurs à travers des tirs et frappes de balles, détruisent la toiture des ces infrastructures, troublent le déroulement des cours et du culte et, consomme le temps consacré au jeu plutôt à la recherche du ballon.

I.2 LA PRESENTATION HUMAINE DU MILIEU DE L'ETUDE

Le peuple Ewondo de Nkolndongo comme tout peuple, à une ethnogenèse qui est plus ou moins semblable à celle des autres.

I.2.1 L'origine des Ewondo

Le peuple Ewondo est un sous-groupe des Béti, venant du grand groupe Pahouin. Les traditions historiques assez précises des Béti permettent en réalité de situer leur origine au nord de leur habitat actuel. Ce peuple selon certains textes serait venu de l'Egypte ancienne. Suite à la décadence de l'Egypte, ajouté à cela l'assèchement total du Sahara, les Béti (Seigneurs, Hommes libres) descendent au niveau de l'Adamaoua. Où ils seront repoussés par la pression de l'Islam à travers les conquêtes d'Ousmane Dan FODIO. Ainsi que celle des autres groupes humains en déplacement perpétuel à cette époque. Pour cela, ils se sont dirigés vers le Sud et ont rencontré le Yom ou la Sanaga comme un obstacle infranchissable. C'est vers les années 1790 que cette traversée est rendue possible et selon la tradition orale, elle se serait déroulée sur le dos d'un Ngân Medza, «  mythique serpent ». Devenue historique, cette traversée a eu lieu à plusieurs endroits du Yom. On a cet effet Ebebda pour les Eton, les Ewondo et les Manguisa ; les chutes de Nachtigal pour les Bene ; le voisinage de Mbandjock pour les Emveng et le côté de Nanga Eboko pour les Bulu et les Yebekolo.

 

Les Ewondo occupent les départements du Mfoundi (Kondengui, Nkolndongo...) et de la Mefou Akono, dans la région du Centre. Ils se retrouvent aussi dans le département de l'Océan, région du Sud. En tant qu'occupants de Yaoundé, capitale du Cameroun, ils sont contraints à la cohabitation avec d'autres groupes ethniques tels que les Bamiléké, les Foulbés, les Duala... et des ressortissants d'autres pays d'Afrique et du monde. Ils sont limitrophes dans la région du Centre d'avec les Eton, les Bassa, les Bene, les Mvele, les Mbida Mbani. Au sud, ils sont limitrophes d'avec les Bene, les pygmées Bakola, les Mvae, les Boulou et les Ntumu. 

Le peuple Ewondo est aussi un peuple dont l'origine ethnonymique a connu plusieurs variantes : on a eu lors du protectorat allemand (1895) dirigé par les pères Pallotins les appellations suivantes : Enwondo, Ewonde, Ewondos, Ewundu, qui serait l'ancêtre de la population. D'autres auteurs estiment que ce nom signifierait arachides du fait de leur surpopulation. Avec l'arrivée de la capitale, ce peuple Ewondo était appelé les Jaunde ou Yaunde. C'est dire que ce nom serait semblable à un pseudonyme. Descendants du grand groupe Béti dont l'ancêtre éponyme fut Béti be Nanga, ils sont aussi appelé les kóló d'où le nom Béti be kóló  ou kóló-Béti  parce que ne voulant pas être confondus aux Ewundu, « arachides ».

Les Ewondo seraient selon les textes de Christophe Bertrand MESSINA (1998) issus de l'union d'un Betsinga et d'une Mangissa dont les aïeux seraient Manguissa et Eton. S'étant sédentarisés d'abord à Yaoundé, ils ont occupé tour à tour par la migration Yaoundé par Nkong, Abok, Nlong, voie longeant vers les Bassa empruntée par les Mvog-Name, Les Mvog-Fuda Mballa et Yaoundé par Oveng, Ngoumou, Akono, Olama, itinéraire central suivi par les Mvog Atangana Mballa. 

La population Kóló ou Ewondo est estimée à environ 1 000 000 de personnes. En 1990, elle était de 250 000 âmes, comprenant les clans Mvog-Fuda Mballa ; Mvog Tsungui Mballa ; Mvog Atangana Mballa ; Mvog Nama et Mvog Esom Ndana. Plusieurs autres groupes sont aujourd'hui considérés comme les Ewondo : c'est le cas des Kombe, des Esom, des Osa, des Yanda et des Etudi, qui ont été des Beloa, « esclaves » ou Mintobo, « allogènes » acceptés par adoption.

Les Ewondo de Mvog-Mbi ou de Nkolndongo entendu par là les descendants ou le clan ou lignage Mbi, serait selon Henri NGOA (35) les descendants de MBI MENGUE qui a pour ancêtre TSUNGUI MBALLA. Le quartier Nkolndongo, situé à Awae, est limité à l'Est par Kondengui, au Nord par Mvog-Ada et par le centre-ville, au Sud par Mvog -Atangana Mballa. Par ailleurs, dans notre sujet, les joueurs venant d'ailleurs seraient considérés comme des Mintobo, « allochtones » ou Nnen, « étrangers » ou encore Belobolobo, « qui ne parle pas l'ewondo » parce que ne maîtrisant pas la culture d'où une absence de cohésion dans la transmission de certains items culturels et une enculturation voire acculturation du sujet entrant.

I.2.2 La société Ewondo de Nkolndongo

Comme toute société, les Ewondo sont aussi organisés sur le plan familial, sociopolitique et économique.

I.2.2.1 L'organisation familiale

Au niveau de l'union entre les familles, la polygynie n'est pas obligatoire et les épouses du chef n'ont pas de noms honorifiques. Certains chefs de familles comme nous le signalions plus haut sont très respectés que les chefs de village. Le nom d'un individu chez les Ewondo est très important. Il est composé en premier du patronyme, en second du nom du père (ou de la mère dans les foyers polygyniques), et enfin du nom d'appel, tiré de la nature car ceux-ci ont été de grands guerriers. Le mariage selon la tradition est très complexe. Aujourd'hui, il est pratiqué avant le mariage civil et le mariage religieux. L'union n'est pas valide tant que le mariage coutumier n'a pas été fait. Parfois, le marié se verra contraint de subir des épreuves prouvant sa maturité, son intelligence, son courage, tel manger une papaye verte. Le troc était institutionnalisé dans le cadre des alliances matrimoniales qui étaient l'occasion d'échanges de biens dans les mariages endogamiques et exogamiques.

I.2.2.2 L'organisation politique

Les Ewondo sont un groupe qui vivait majoritairement en milieu forestier. Leur organisation sociopolitique diffère plus ou moins de celle d'autres groupes.

Sur le plan politique, toutes les sociétés que l'on retrouve dans cet espace géographique sont dites sociétés acéphales. Du latin « acephalus », qui n'a pas de tête, cela signifie plus clairement « qui n'a pas de chef ». Ce type de société serait donc une société qui ignorerait toute forme d'organisation politique. Cependant, concevoir le problème sous cet angle, serait ignorer l'existence même de l'humanité car toutes les sociétés ont leur forme spécifique d'organisation. Ainsi, il faut comprendre par sociétés acéphales, suite aux travaux de Pierre CLASTRES (1934) dans la Société contre l'Etat, non pas une société qui ignore une quelconque organisation politique mais plutôt une société qui ignore et combat même toute forme centralisée du pouvoir. C'est dire que l'organisation politique ici est dualiste.

Premièrement, on a les chefs de villages, dont l'institution est solidaire de la colonisation et sont de ce fait les courroies de transmission du pouvoir central au niveau des villages. De plus, ils vendent les impôts, transmettent les informations des autorités légales auprès de leurs administrés et surtout règlent les différends. Ces institutions étant récentes et surtout du fait que les populations ne leurs reconnaissent pas souvent l'autorité qu'ils exercent sur elles, ces chefs ne sont pas toujours les personnes nobles et respectées comme les chefs de famille. Il est donc courant d'y voir des discussions et des conflits ouverts ces chefs.

Deuxièmement, on a un autre type de Chef, que J. BARBIER (2009) nomme « Capita ». Celui-ci règle toute sorte de conflit à caractère social, effectue des rites de toutes sortes. Son autorité lui est ouvertement reconnue et les populations font souvent un lien entre l'autorité qu'il exerce et la possession de certains pouvoirs mystiques que lui ont légués les ancêtres lors de l'initiation ante-intronisation. Compte tenu de cette légitimité, ils entourent le plus souvent les chefs de villages comme notables et dirigent des hameaux (quartiers) dans l'exercice de leur pouvoir. Dans l'un et l'autre cas, le titre de chef ici est un titre purement honorifique. Il est important de signaler ici que la société Béti en général est subdivisée en clan portant le nom de « Mvog ». Ainsi, on a les Mvog-Béti, les Mvog-Atemengue à Obili, les Mvog-Atangana Mballa etc. L'autorité d'un chef ne doit cependant pas nuire à l'honneur, à la dignité et à l'estime des populations car il est un homme public donc égal à ses sujets. Chez les Ewondo, des paroles du genre «  je ne suis pas ton esclave » ou «  je ne vis pas chez toi » ou encore « je ne mange pas chez toi », authentifient ou témoignent de l'autonomie des individus face aux autres. Il n'existe pas de symbole autre que le drapeau identifiant la chefferie. Cela pourrait aussi justifier le fait que l'on qualifie ces sociétés de sociétés égalitaires. Ainsi, certains comportements de joueurs et des dirigeants du Canon Sportif de Yaoundé pourraient être tributaires de ce type de société donc ignorant l'autorité du coach et le pouvoir des responsables.

1.2.2.3 L'organisation sociale

Sur le plan social, les sociétés de la forêt en général et les Ewondo de Nkolndongo qui nous préoccupent en particulier, sont des sociétés lignagères. En dépit des variantes dialectales de leur langue commune qui permettent de distinguer les différentes ethnies entre elles, le clan ou le lignage constitue un critère de reconnaissance et d'identification des individus à l'intérieur d'une même ethnie. Ainsi, à l'intérieur de chaque tribu, pour essayer de définir le lignage d'un individu, on pose par exemple la question suivante: esoa ane dzoe ya? qui signifie littéralement ton père s'appeler comment? Et, de façon littéraire pour demander comment s'appelle ton père? Puis ton grand-père et si possible ton arrière grand-père? Parfois, c'est plutôt la question suivante: one man dze?, qui signifie littéralement tu es fils de quoi?, c'est-à-dire, tu es descendant de quel groupe? Toutes ces questions sont identiques car elles cherchent à découvrir le groupe d'hommes revendiquant une parenté ou un ancêtre éponyme auquel chaque individu appartiendrait. Dans le cadre de l'alog, « pêche à l'écope », les femmes allaient chercher du poisson en saison sèche alors que les hommes pratiquaient du piégeage.

I.2.2.3 L'organisation économique

Le grand groupe Pahouin au sein duquel se trouve l'ethnie Ewondo, est essentiellement fait d'agriculteurs. Deux principaux types d'agriculture y sont pratiqués: l'agriculture vivrière et l'agriculture de rente. 

I.2.2.3.1 Les cultures vivrières 

En ce qui est de la culture vivrière, dans le grand sud forestier où se trouve localisée les Ewondo et d'autres ethnies, le climat équatorial et la faible densité démographique font prédominer la culture des tubercules tels que le manioc, le macabo, l'igname et la banane plantain, avec des nuances régionales. Certaines cultures ont localement une importance particulière: ces le cas des arachides et surtout du manioc  chez les Ewondo.  Notons qu'il existe de nouvelles cultures telles que le maïs et l'exploitation des produits forestiers non ligneux comme le « djansan », l' okok  et le mango . En terme de boisson, le vin de palme et l'odontol sont prisés. Dans cette boisson fermentée d'une semaine, on y ajoute de l'écorce essok  et du ndong  pour le traitement de plusieurs maladies vénériennes telles que la syphilis et le chlamydia. Il sert aussi de potion de nettoyage de l'appareil génital pour les femmes désirant concevoir.

I.2.2.3.2 Les cultures de rente 

En ce qui est des cultures de rente ou celles à commercialiser, les populations ewondo cultivent surtout le cacao. Le maïs et l'arachide y sont ajoutés comme produits destinés aussi à la commercialisation. De nos jours, l'exploitation forestière est aussi un important facteur de développement. La transformation des tubercules de manioc en bâton de manioc. L'exploitation et la commercialisation de l' okok . Par ailleurs, les contraintes de la famille, la parenté et bien d'autres pratiques sont autant de mécanismes égalisateurs qui annulent les possibilités d'accumulation. Certes, des initiatives à caractère économique apparaissent de plus en plus dans cet univers culturel.

I.2.2.3.3 L'élevage

L'élevage dans les familles est le plus lié au animaux domestiques tels que le chien, le chat, le poulet destinés pour les uns à garder la maison et pour les autres à consommer. L'apiculture y est pratiquée ainsi que la pêche du mâchoiron et des silûres dans les eaux douces et lacs.

I.2.2.3.4 L'artisanat

Nous avons remarqué les corbeilles, pose-fleurs, pots réalisés avec du poto-poto et du rotin à Mvog-Mbi. La poterie est aussi l'apanage des femmes car elle constitue une activité génératrice de revenus.

Avec l'arrivée de la colonisation, l'arme à feu a vu le jour et elle vient supplanter l'arc et la flèche. Au niveau des échanges, le troc permettait de se pourvoir en denrées et objets non disponibles, avec la colonisation qui a banni le bilabi, de lab qui signifie battre,  le marché est institué ; ce qui perdure jusqu'à nos jours et constitue un carrefour commun du donner et du recevoir pour l'approvisionnement en denrées alimentaires des joueurs.

I.2.3 La culture Ewondo

La culture Ewondo est basée sur un ensemble des pratiques ancestrales et contemporaines qui régissent leur mode de vie globale.

I.2.3.1 La langue

Le grand groupe Pahouins représente de nos jours un ensemble de plus de quatre (4) millions d'individus inégalement repartis dans la région du Centre. Le terme « Béti » paraît commode lorsqu'on parle des populations. Cependant, il serait impropre de dire que la langue des principales ethnies qui la composent est identique car celle-ci présente des variantes d'un groupe à un autre. Néanmoins, ces variantes n'empêchent pas toutefois l'intercompréhension. Ainsi, les autres langues (dialectes) qui composent la langue béti sont assez nombreuses. On : l'Eton, le Bulu, le Ntumu, le Mvele, l'Ewondo ou le Kóló, le Yebekolo... Ces langues tirent leur racine de « l'ati », qui est une langue parlée sur toute la rive droite de la Sanaga, dans le Département du Mbam. Sous la colonisation allemande comme nous l'avons signalé plus haut, l'ewondo a servi pendant longtemps comme langue d'enseignement dans les écoles de la région. Par conséquent, elle a été choisie comme langue d'adoption par les missionnaires catholiques, dans le dessein d'évangélisation des différentes tribus camerounaises.

L'ewondo devint donc la langue véhiculaire et voit son influence aller au-delà de ses frontières naturelles pour couvrir non seulement les départements des régions du Centre et du Sud, mais également de la région de l'Est. L'ewondo constitue aujourd'hui une sorte de Lingua Franca1(*) dans presque toute la partie sud du pays. La langue est le premier identifiant de l'appartenance à un groupe ou de l'identité culturelle. Dans le CSY, plusieurs joueurs sont issus des ethnies qui constituent le grand groupe Béti ainsi que d'autres ethnies des régions de l'Ouest, du grand Nord ... Malgré cela, la cohésion au niveau du jeu y est mais, la communication ante et post-match est parfois difficile pour la simple raison que le « nous » ewondo est différent du « vous » allogène. Ce qui met à nu le palier officieux d'une relation d'exclusion dans cette équipe. Il en est de même pour le recrutement des encadreurs.

I.2.3.2 Les systèmes de croyance

Etant donné que les Ewondo se sont très rapidement convertis à la religion chrétienne, il n'en demeure pas moins vrai que bien avant cette conversion, ils pratiquaient leurs cultes. Certaines formes anciennes de ces cultes religieux ont resurgi dans la pratique religieuse actuelle. Les Ewondo, en effet, croyaient en un Dieu unique, créateur, omnipotent et omniscient qu'ils appellent, Ntondobe, «  celui qui soutient le globe terrestre », Zamba elo fege, « Dieu, siège de la sagesse », Zamba esia ngul mese, «  Dieu, le Père tout Puissant », Zamba Nkom Bod, « Dieu, le Créateur des hommes ». Mais, au delà de ce Dieu unique, les anciens Ewondo croyaient que les minkug, « ancêtres défunts » jouaient le rôle d'intermédiaires entre Dieu et les hommes. C'est pour cette raison qu'on y effectue des cultes sur les tombes des parents défunts.

Ces cultes se justifient ici par un parent qui meurt mécontent de son enfant ou après l'avoir maudit. Cela mérite à cet effet un culte pour voir sa colère apaisée et pour que ledit enfant puisse prospérer. Ce culte participe de plein pied à la philosophie africaine qui selon Birago DIOP (1960), stipule que les morts ne sont pas morts. C'est pour cela que des clans, des lignages, des familles, invoquent l'esprit de leurs ancêtres défunts en cas de manifestation importante, pour les assister tout au long de la cérémonie. La cosmologie Ewondo présente le monde sous trois instances en interaction dont le monde macrocosmique, monde de Dieu et de l'univers ; le monde mésocosmique, le monde des vivants ou de la société et le monde microcosmique, qui est le monde de l'homme et des esprits des ancêtres défunts.

 De nombreuses pratiques mystiques sont inscrites dans les représentations des populations. Il Le phénomène de la sorcellerie est très répandu. Il désigne la croyance d'après laquelle certaines personnes possèdent certains pouvoirs mystiques qu'ils utilisent pour nuire aux autres et empêcher leur développement. Dans ce contexte, la mort chez les Ewondo est souvent très associée aux pratiques de sorcellerie. De nombreux scientifiques ont qualifié ces pratiques d'imaginaires ou archaïques. Cependant, de plus en plus, on se rend compte que ce phénomène se reproduit et se réinvente aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural. Chez les Ewondo, l'expertise des sorciers est de plus en plus utilisée pour lutter et combattre d'autres sorciers (P. GESCHIERE et C. FISIY: 1993). Ces sorciers se dédoubleraient en animaux tels que l'akun, «  le hibou » ; nyoe, « le serpent » ; Ze, «  la panthère » pour nuire aux autres. Ces animaux ont des représentations très négatives dans cette ethnie. Une autre forme de sorcellerie, a fait irruption dans cette société : il s'agit du kong qui serait empruntée à la région côtière du Cameroun (ekong dans le Sud-Ouest). Il s'agit d'une pratique d'après laquelle les uns causeraient la mort des autres pour les utiliser comme esclaves dans le monde de l'au delà. 

I.2.3.3 Les rites

Il existe plusieurs rites chez les Ewondo. On a : le tso  qui est un rite de la purification, pratiqué  publiquement pour se laver d'une faute morale, d'une mort tragique afin d'éloigner de soi, la maladie ou la punition des ancêtres ; le mevungu, qui est le plus grand rite d'initiation féminine consistant à écarter toute force contraire et effacer une faute grave telle que meurtre et l'adultère. Ce rite rend les femmes égales aux hommes. C'est dire que femmes comme hommes peuvent gouverner dans la culture Ewondo. De façon générale, il existe d'autres rites qui se sont pratiqués il y a longtemps dans cette socioculture : c'est le cas du rite Evodo et du rite Ngas. C'est rites contribuent en ce qui concernent les joueurs Ewondo du Canon de rester fidèle à leur culture et d'éviter toutes défaillance allant à l'encontre de la norme culturelle.

I.2.3.4 L'alimentation

Les Ewondo avant l'arrivée des colons, vivaient de la cueillette, du ramassage et du piégeage ; ce qui leur permettait d'assurer la subsistance. Avec l'arrivée des colons, la culture de l'igname à cédé place à la culture du cacao pour la simple raison que les impôts devraient être payés. Le plat typique des Ewondo est l'okok généralement accompagné de tubercules de manioc et des bâtons de manioc. L'okok est fait à base de feuilles Gnetum (nom scientifique) découpées très finement, bouillies avec du jus de noix de palme ou encore avec de la pâte l'arachide. Selon les travaux d'Eileen NCHANJI (2012), le bâton de manioc et l'okok représenteraient respectivement le sexe mal et le sexe féminin. Un autre plat typique est le Kpem, fait à base de feuille de manioc, qui se mange aussi avec des tubercules de manioc. Aussi, un autre plat typique est le Sangha chez les Ewondo qui est un met préparé à base de feuilles, de maïs et de jus de noix de palme. Le manioc constitue l'aliment de base de la gastronomie Ewondo et dans la culture Béti en général. Il est consommé sous toutes ses formes: feuilles, tubercule bouilli, farine pour en faire des beignets. Les noix de palme, font aussi partie de l'alimentation de base.

Les aliments comme la viande, le poisson sont moins consommés sur le plan traditionnel. La banane plantain, le macabo (plante de la famille du manioc dont on consomme les jeunes feuilles, et les tubercules), les ignames, le maïs, le safou, les goyaves, la papaye, les avocats ainsi que d'autres plantes et fruits font partie de l'alimentation des Ewondo. Celle-ci a été enrichie par les plantes importées par le contact entre ethnies et tribus voisines. Cependant, plusieurs plats tendent à disparaître donnant lieu aux plats dits nationaux où l'on mange tout et par conséquent, ces mets perdent leur origine. On trouve comme boisson, le vin de palme surtout, ainsi que l'odontol. Toutes ces boissons ne sont évidemment pas spécifiques aux Ewondo, ce sont simplement des produits du terroir. Cela s'expliquerait aussi par la présence dans le Canon sportif de Yaoundé d'un certains nombre de joueurs venus d'ailleurs avec des modes alimentaires divers, qui forgeraient différemment la personne et personnalité des joueurs en terme d'interdits et de vertus de chaque aliment. Certains joueurs parfois avant une intense activité musculaire, consomment du bâton de manioc accompagné de l'okok ; ce qui leur rend moins leste.

Plusieurs interdits sont à l'ordre du jour chez les Ewondo. Pour les jeunes garçons, il est interdit de manger avec une spatule de peur de devenir impuissant. Cette impuissance transformerait l`homme en un être neutre ; celui-ci perdra certaines valeurs pour n'avoir pas enfanté. De plus, il ne devra pas aimer une parenté de peur de contracter une malédiction. Aussi, il ne devra pas manger dans une marmite de peur de demeurer célibataire. Il existe des tabous aussi pour le jeune homme que pour la jeune fille. Ces interdits pourront avoir des conséquences néfastes sur la prestation des joueurs Ewondo, qui bafoueraient ce principe. Cela pourrait se manifester comme le sort d'un certain EVOU, joueur du Canon à l'époque, accusé de tous les maux par le public parce qu'il marquait contre son camp et ratait des buts même les plus évidents.

I.2.3.5 Les pratiques culturelles

La littérature Ewondo est essentiellement orale et compte plusieurs genres dont les contes, les chantefables, les poèmes et chants lyriques (berceuses, chants de danse, chant de labeur, chant de pêche, chant de chasse, poèmes rituels...), les récits légendaires et épiques (mémorables), récitatifs d'enfants, poésie tambourinée et proverbes, chroniques et généalogies. Tous ces genres peuvent s'accompagner au célèbre instrument appelé Mvet2(*). A coté de cela, il existe le Nnom nkul, Ngal nkul et Mwan nkul, munis des bigan bi nkul «  tam-tam homme femme et fils», bâtons pour tam-tam ; Mbè, « tambour », nkàn, « cloche à double sonnerie », Mezegle, « fibre de feuilles de bambous  tissés» que l'on attache autour des reins pour danser ; élon, « le sifflet » qui permet de rythmer la danse. Notons que dans le Canon Sportif, Il existe aussi la sirène mécanique qui permet de jubiler lorsqu'il y a but de Yaoundé, ces instruments sont présents et permettent aux supporters de donner de la force aux joueurs sur terrain et d'affirmer leur place de douzième joueur.

Les joueurs du Mvet Ewondo qui abondent dans la région de Yaoundé sont pour la plupart des amateurs qui jouent ce que les connaisseurs appellent le Mvet bibôn : le Mvet des concubinages. Leurs chants abordent beaucoup plus des thèmes érotiques et bachiques. Ils chantent soit pour la fille qu'ils veulent conquérir soit pour célébrer les bienfaits du vin qu'ils en réclament à leurs auditeurs. Ils jouent pour égayer aussi le public lors des fêtes du baptême, de première communication, de décoration ou de mariage. Ils animent aussi dans les cabarets de Nkolndongo et de Kondengui. A coté de cela, s'est ajouté un genre littéraire qui se distingue par le recours aux contes : le cas de Ndem Bodo, cette araignée qui s'en va accuser Dieu d'être à l'origine de la souffrance et de la mort.

I.2.3.6 Les activités sportives pratiquées

Les activités sportives pratiquées dans l'ethnie Ewondo ont un lien avec la période coloniale notamment vers 1920 après la Deuxième Guerre Mondiale. Il existe le ndamba meko, « ballon pied », ou ballon qui se joue avec les pieds ou tout simplement le football. C'est ainsi que motivé par ce jeu et appréciant la force française lors de cette guerre, un club fut créé et porta le nom de Canon Sportif de Yaoundé qui vit le jour en 1930. Ce nom viendrait du fusil qui mit l'armée allemande en déroute à Yaoundé en 1916 dont le cliquetis était Kpa et la détonation Kum. Le canon étant une arme à cartouches chimiques, on ne saurait l'utiliser au football. C'est la raison pour laquelle c'est cartouches seront remplacés par des pierres. Ainsi, on aura en langue ewondo Mekok-Me-Ngonda, « cailloux qui brulent » ou tous les cailloux brulant comme illustre la photo ci-dessous. Plus simplement, il s'agit des ballons qui sortiraient de cette arme et bombarderaient les adversaires ou encore des buts, d'un score lourd qu'administrerait ce club aux autres.

Planche 1: La carapace de tortue sur un mur peint aux couleurs du CSY à Mvog-Mbi

Cliché MOUAFO (21 Septembre 2012)

Ce cliché au domicile d'un informateur à Mvog-Mbi présente l'image d'un canon à ballon dont la détente est déclenchée. En dessous du bout du canon, on aperçoit des ballons, qui sont en fait des cartouches visant à atomiser tout adversaire. En haut, il s'agit de la carapace d'une tortue juste en dessous du plafond. Nous reviendrons sur cette carapace dans nos prochains chapitres.

En plus du football chez les hommes, les filles le pratiquent aussi car il existe l'équipe féminine du Canon Sportif. D'autres jeux y sont pratiqués à l'instar du songo. Disons à ce sujet qu'il existe un championnat national de songo dont certains experts voudraient créer le « songoscope », qui est un miroir couvrant les joueurs et l'outil « songo » dans l'optique d'empêcher aux spectateurs de livrer les secrets du jeu à leurs candidats.

Planche 2: Les onze entrants du Canon Sportif de Yaoundé ainsi que le kinésithérapeute lors du match Canon-Renaissance à Yaoundé

Cliché MOUAFO (20 Septembre 2012)

Le Canon Sportif de Yaoundé au stade Omnisport de Yaoundé. Sur cette photo, l'on retrouve les onze entrants de la rencontre Canon-Renaissance de Ngoumou où l'on aperçoit le capitaine de l'équipe Pierre WOME à l'extrême gauche en position debout et ses coéquipiers ; à l'extrême droite et en chaussettes vertes, l'intendant dudit club.

I.2.3.7 Les nouveaux mouvements religieux

Il existe dans l'arrondissement de Yaoundé IV une multitude d'Eglises portant le nom de nouveaux mouvements religieux. En effet, ces Eglises dites révélées jonchent les rues de Nkolndongo où nous avons noté l'existence de la vraie Eglise de Dieu, la Baptist Church of Cameroon, l'Eglise évangélique du septième jour. Nous avons surtout noté l'Eglise située à quelques mètres du stade malien où les joueurs du Kpa-Kum font leurs préparations physiques. Des anciens joueurs du club adhèrent à ces nouveaux mouvements religieux car disent-ils le chemin du salut s'y trouve.

I.2.4 Les infrastructures et les institutions

Dans l'arrondissement de Yaoundé 4; plusieurs institutions sont présentes. On a la prison centrale de Kondengui, un centre de santé, une pharmacie, une caisse de prévoyance sociale et le siège proprement dit du Canon sportif ; parlant des lieux de divertissements, il existe toute une panoplie de cabarets dont le plus célèbre est El Pachenco. De plus, un stade de football, des boulangeries, un marché à Ekounou etc. qui permettent aux populations notamment les joueurs de se soigner, de s'approvisionner en denrées alimentaires pour ceux qui vivent seul, de s'entrainer à tout moment et de divertir.

I.2.5 La situation sanitaire et les modes de traitement des maladies

La maladie se trouve dans l'eau, dans l'air et dans la nourriture en ce qui concerne les maladies liées à la nature. En outre, certaines maladies émanent aussi de la société et de la rupture d'avec un lien divin. Dans la région du Centre, chaque maladie à son mode de traitement et c'est la raison pour laquelle cette localité présente des atouts en matière d'ethnobotanique, d'ethnomédecine, de médecine conventionnelle.

I.2.5.1 La situation sanitaire

Dans l'arrondissement de Yaoundé 4e, les maladies récurrentes on trait à l'insécurité alimentaire. Nous avons constaté dans des centres de santé, des cas de paludisme en majorité, de fièvre typhoïde, l'hépatite A et de dysenterie amibienne selon la période. Aussi, certaines familles préfèrent l'ethnomédecine car disent elles « elle est très efficace et ne comporte pas trop de risques ». Ceci est le plus visible dans les zones rurales et périurbaines. Il faut tout aussi noter que le traitement des maladies est inadéquat avec les infrastructures hospitalières et le personnel qualifié et spécialisé. Ceci joue un rôle important dans la santé des joueurs car ceux-ci en ont besoin lors des chocs plus ou moins sur le stade et lors des entrainements.

Les populations quant à elles utilisent l'eau du puits, du robinet et des sources aménagées ou non. Le véritable problème au niveau de l'eau des sources et celle du robinet de la Camerounaise des Eaux est que : les eaux de sources sont souillées parce que les uns l'utilisent en amont et les autres consomment en avale. Parlant de l'eau de robinet, non seulement elle est jaunâtre, elle est aussi et surtout rare. Les eaux de pluie entrainent les moustiques et ceux-ci propagent le plasmodium dans l'organisme humain. Bien que le projet Knock Out malaria (KO Palu) ai été lancé et les moustiquaires distribuées, plusieurs ménages ne les utilisent pas.

En ce qui concerne la médecine des fractures, les travaux de Alexandre NDJALLA (2012) ont montré que les Yanda du Centre sont spécialistes de la réparation des os brisés et que ce don est héréditaire et/ou acquis dans certaines familles. Cela constituerait une aubaine pour les joueurs victimes des fractures.

I.2.5.2 Les modes de traitement des maladies

Plusieurs modes de traitement des maladies sont à l'ordre du jour dans les deux régions et en fonction du type de maladies. Il s'agit de la médecine conventionnelle ou médecine dite moderne, de la télémédecine, de l'ethnomédecine ou médecine africaine. Chaque mode de traitement comprend des méthodes spécifiques qui se regroupent dans le diagnostic, le dosage et l'administration des médicaments, le suivi et le contrôle.

Il a été important de signaler dans ce chapitre le milieu physique et le milieu humain tels qu'ils ont été présentés et leurs influences sur la pratique du football du Canon Sportif de Yaoundé. Le climat via les intempéries permet plus ou moins aux joueurs de s'entrainer ; l'architecture des constructions ne permet pas aux joueurs de mieux préparer car le torrent traverse le stade et le rend boueux. Le relief accidenté par la présence des collines, donne l'opportunité à ceux-ci de renforcer la résistance par le footing fait en allant ou en rentrant du stade. En ce qui concerne le milieu humain, il faut noter que l'alimentation joue un grand rôle dans la formation des individus. De plus, les éléments culturels, l'organisation politique, économique et sociale permettent également de comprendre les façons d'agir et de penser des joueurs vis-à-vis de leurs coéquipiers et de la structuration du Canon à proprement parler. Le football est un sport de prédilection dans le département du Mfoundi car il existe plusieurs clubs en MTN Elite One et Two, raison pour la quelle il serait important dans le chapitre suivant, de faire une revue littéraire sur ledit sport dans l'espace et dans le temps.

CHAPITRE II :

DEBAT EN ANTHROPOLOGIE SUR LE FOOTBALL

Le précédent chapitre a consisté à faire la monographie des populations de Yaoundé 4e dans leur milieu physique. Le chapitre présent fait état du débat sur le football d'élite au Cameroun. Il comporte la revue de la littérature, le cadre théorique de la présente recherche et la définition des concepts chers à la compréhension de ce mémoire.

II.1 LA REVUE DE LA LITTERATURE

Il s'agit dans cette partie de regrouper en thématique les ouvrages que nous avons consulté, portant sur le football tel qu'il est pratiqué dans le contexte camerounais afin de comprendre la pertinence de notre sujet. Notons à cet effet que plusieurs auteurs y ont contribué notamment les anciennes gloires du football, les hommes de média, les politologues, les anthropologues et les pouvoirs publics etc. Il est donc question de faire un résumé des connaissances sur le football, la culture, l'ethnicité pour enfin mieux appréhender la problématique de la gestion du football dans les clubs de division d'élite au Cameroun.

II.1.1 Le football, une activité historique

En Europe vers 1848, les représentants de plusieurs établissements scolaires anglais se réunissent et rédigent la première tentative d'unification des règles de ce jeu : les Cambridge rules3(*) et le 26 Octobre 1863, la Fédération d'Angleterre de Football est née avec onze clubs. Depuis lors, la pratique du football à travers le monde a connu une progression continue. Le professionnalisme est autorisé en 1885 et le premier championnat se dispute en 1888-1889. La Fédération anglaise tient un rôle prépondérant dans cette évolution, imposant notamment un règlement unique. Une fédération internationale, la FIFA, est fondée en 1904 ; elle organise en 1930 la première édition de la Coupe du monde, devenue au XXIe siècle un événement planétaire.

Au Cameroun, Théodore ATEBA YENE (1994) dans son ouvrage intitulé Les dessous scandaleux du football au Cameroun de 1934 à 1989, écrit que l'idée du football émerge au Cameroun et particulièrement à Douala en 1923, avec l'arrivée de Georges GOETHE et de sa famille ainsi que son cousin ROMAIN tous originaires de Sierra Léone. Munis de deux ballons dans leurs bagages, ROMAIN et Georges GOETHE avaient déjà appris à taper sur le ballon comme tous les petits écoliers de Sierra Léone. Pour cela, ils s'entrainaient sur un terrain vague et nu à Douala, et, par curiosité, la population venait les voir jouer et surtout les admirer mais à force de les regarder, quelques uns voulaient immédiatement en faire autant, qu'ils le firent pieds nus et criaient sésé, sésé ! ce qui veut dire en langue Douala «  ça fait mal  ». Ainsi, ces deux étrangers commencèrent à apprendre aux jeunes l'art de taper sur le ballon sans se faire mal (Soter TSANGA). Malgré l'absence du ballon dans le commerce et la rareté des bicyclettes, les joueurs pompaient celui-ci avec la bouche, tapaient parfois sur des oranges et des vessies de boeufs gonflées. Ces choses pas très morales mais pratiques, réjouissaient les petits garçons passionnés du ballon, ce qui amena Georges GOETHE à créer la première formation de football qui prit l'appellation de Club Athlétique du Cameroun (C.A.C), club dont la première équipe fut autochtone et formée à Douala sous le nom de « Lune ». Soudain, un foisonnement de formations voient le jour avec la naissance du « Lion Sportif », club Manguissa ; du « Requin » ; de « Lumière Sportive » pour ce qui est de Douala dont les matchs se jouaient face à la Cathédrale, devenu l'actuel célèbre stade Akwa.

Dans la région du Centre, Yaoundé emboîta immédiatement le pas avec trois formations à savoir l'Ecole Supérieure, l'Etoile Européenne et l'Etoile Indigène, une équipe composée d'indigènes ainsi que d'autres régions. Le tout premier tournoi fut organisé grâce à l'arrivée 11 Novembre 1930 à Douala d'un sous-officier français où l'Etoile Européenne et l'Ecole Supérieure furent conviées à participer. A cette occasion, il fallait à tous prix former une équipe composée d'autochtones afin de croiser le fer avec l'Etoile Indigène. Pour cela, Herman YENE, président de l'Association Fraternelle Béti (Ekuan Afan), grâce à sa capacité de rassembler les hommes forma un équipe dont il à fallu donner le nom. Ainsi, après une discussion houleuse, Mvogo MELINGUI, patriarche du village, demanda la parole et dit « Quel est le nom du fameux fusil qui mit l'armée allemande en déroute à Yaoundé en 1916, dont le cliquetis était « kpa», suivi de la détonation « kum » ? L'assistance répondit « Canon ! Canon ! Canon !». C'est ainsi que le nom du Canon Sportif était retenu et Herman YENE comme président.

Malgré le problème d'équipement des joueurs tous Béti et de la lenteur dans l'expédition, le Canon livra son premier match et domina 1 but à 0 l'Etoile Indigène. Tout comme le caïman club de Douala avec son cri d'alarme donné par le capitaine, « caïman » les co-équipiers répondaient « à six heures » et à lui d'ajouter « ndindé ! » aux autres de répondre « Dekarago », nom de leur sorcier ; le Canon Sportif pour sa part lançait par le biais de son capitaine « Canon », les joueurs répondaient « Bombarde !» et de nouveau « Arme ! », répondaient une fois de plus « Défense !». Le capitaine Omgba ZING du Canon fut accusé pour détournement des fonds du club et par conséquent, ce dernier réussit à déstabiliser le Canon et à former un nouveau club : le Tonnerre de Yaoundé qui justifie la venue des scandales divers dans le football ayant trait au social, au politique, au culturel, au phénomène de corruption et aux pratiques magico-religieuses (Théodore ATEBA YENE). C'est à ce niveau que les camerounais avaient compris l'impact sociologique et anthropologique du football qui est plus ou moins un facteur de rapprochement des peuples.

Charles NGUINI (1996) va dans le même sillage en parlant du « footoir Camerounais » pour faire allusion au système de gestion à l'envers et non à l'endroit du football, évoluant dans un amalgame et qui n'archive rien, concernant l'histoire de cette discipline sportive au Cameroun. A cela, il ajoute les litiges circonstanciels, d'affinités et d'humeurs qui sont au coeur de ce  « footoir ».

II.1.2 Une activité légale en pleine reforme

L'acte réglementaire sur la gestion du sport et de l'éducation physique au Cameroun date du 21 Octobre 1949. Le Haut Commissariat de la République Française crée un comité consultatif de l'éducation physique et des sports. Pour François DIKOUME cité par Charles ATEBA EYENE (2011) dans son ouvrage intitulé Le mouvement sportif pris en otage par les braconniers : l'urgence de la mise en oeuvre des reformes, la période coloniale en matière de sport au Cameroun est marquée par une « organisation analogue à celle de la puissance tutrice, bien que ne cadrant pas avec les structures de l'environnement socioculturel et les moyens tant humains que matériels de notre pays ».

L'organisation du sport au Cameroun a connu plusieurs reformes à travers moult décrets et lois  :

-Décret n° 65/DF/220 du 26 Mai 1965 portant suppression du commissariat général de la jeunesse, au sport et à l'éducation populaire  ;

-Décret n° 65/DF/350 du 5 Août 1965 portant création de la direction de la jeunesse et des sports  ;

-Décret n°65 /DF/374 du 28 Août 1965 portant réorganisation du Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et de la Culture  ;

-Décret n° 600/72 du 31 Octobre 1972 organisant l'équipe nationale de football  ;

-Loi n° 2011/015 du 15 Juillet 2011 relative à la promotion des activités physiques et sportives.

En plus de ces décrets et lois, plusieurs autres forums et états généraux du football ont été faits dans l'optique de rendre transparent la pratique du sport. En Mai 2010, un rapport général du forum national sur le football a été fait et portait sur les disciplines sportives olympiques et para-olympique ; le football ; le financement et le partenariat ; la formation en sport et en éducation physique. L'objectif visé était d'élaborer des stratégies et des modalités opérationnelles du développement du sport et de l'éducation physique dans le but d'optimiser les performances dans leurs pratiques au Cameroun.

En Novembre de la même année, les états généraux du sport et de l'éducation physique voient le jour puisque « les performances insuffisantes enregistrées tant dans les sports collectifs qu'individuels ainsi que la récurrence de multiples crises entre les différentes instances de gestion des activités physiques et sportives constituent une préoccupation » et l'« égal accès à tous, tout au long de la vie, à la culture, à la pratique sportive constitue un objectif national ». C'est dire qu'il faut dynamiser de nouveaux lesdites activités.

II.1.3 Un exercice physique

Le football tout comme d'autres disciplines sportives est basé sur l'aspect physique. Il est généralement présenté comme la clef ou la solution pour fortifier le corps et le caractère. Selon Pierre de COUBERTIN (1972) dans La pédagogie sportive, il soutient que « le sport est le culte volontaire et inhabituel de l'effort musculaire intensif, appuyé sur le désir du progrès, et pouvant aller jusqu'au risque  ». Ceci sera par la  suite mis à jour dans un contexte institutionnel autre avec Maxime BOUET, (1968) pour qui, le football est : « une activité institutionnalisée de loisirs, à participation corporelle primordiale, et à structures motrices rigoureusement spécialisées, s'exerçant pour elle-même, sur le mode compétitif avec le souci essentiel d'accomplir une performance ». Ainsi, il ne se limite pas seulement à la transformation physique et du caractère de celui qui le pratique, mais met plus l'accent sur le volet compétitif car il est structuré autour de la performance, du résultat et du record de la compétition. Le football est donc une activité ou un genre d'exercice physique, qui possède un but dans la préparation et la réalisation des performances. Lesdites performances doivent se faire dans le respect des règles établies et de l'esprit sportif.

Nejmeddine BELAYACHI (1989) dans son ouvrage intitulé Style et identité du sport africain, déclare que la préparation physique ou encore la « technique du corps » occupe une place capitale dans le programme d'entraînement. Il influe énormément sur l'aspect physique fait de souplesse, de vitesse et de force; l'aspect tactique régi par les mouvements, gestes individuels... Tout ceci dépendant de la volonté et de la motivation, qui préjugent la qualité du match de compétition et même le résultat.

II.1.4 Les facteurs naturels affectant le football

Plusieurs facteurs naturels tels que la pluie, la chaleur, le vent, l'éclair, la boue, la poussière, sont à l'origine de la victoire ou de la défaite des clubs. C'est ce qui selon Béa VIDACS (2010) dans Visions of a Better World : Football in a Cameroonian social imagination, explique que parfois, la victoire d'un club moins technique et moins préparé mais expérimenté sur la maîtrise du stade sur un autre plus technique et tactique, ignorant les coins et recoins du même stade est possible. Pour elle, les bosses constituent un douzième joueur de terrain, qui favorise chaque équipe en fonction de la position sur le stade et du côté. Plus loin, cela pourrait justifier aussi le fait que le but marqué à l'extérieur compte pour deux, puisque l'équipe qui visite n'a pas la culture du stade de l'équipe qui reçoit à domicile. En ce qui concerne l'orage, plusieurs joueurs se sont écroulés pendant les matchs. La pluie quant à elle à favorisé la formation de la boue et des flaques d'eaux. Le soleil, a souvent réduit les performances physiques des joueurs. Chaque facteur constitue pour chaque équipe une force du dedans ou une force du dehors Georges BALANDIER  (1971), comportant chacun des avantages et des inconvénients.

II.1.5 Le football ; une activité culturelle, rituelle et magico-religieuse

Le football Africain est un football psycho-théorique, magico-religieux et technico-tactico-physique. Pour Pierre LAFRANCHI et al. (2002) dans Le football, il signale qu'« il est pur, naïf et infantile ». Il est tributaire du style de jeu, qu'il soit défensif (antijeu) ou offensif, décrit l'ensemble des expressions caractéristiques d'un collectif à même de conférer un cachet  ou une identité à l'équipe. Alain EHRENBERG (1985) voit en le football « une représentation symbolique des valeurs fondamentales de la société moderne ». Il ajoute aussi que

Le football n'est pas un agent de manipulation, mais un enjeu entre des forces qui, dans certaines conjonctures, se l'arrachent et tentent d'imposer leur légitimité sur la scène publique. Il ne s'agit évidemment pas de défendre ici une quelconque " pureté '' du sport .Elle fait elle-même partie de l'enjeu, mais de mieux situer le problème. Si les rapports entre sport et politique sont étroits, ils sont contradictoires et ambigus, pour le moins complexes.

Pour renchérir, Béa VIDACS4(*) souligne que le football favorise la formation de l'identité et l'identification des niveaux d'exclusion, de la culture à la région, de la région à la nation, de la nation au continent et du continent au monde, selon les conditions économiques, politiques, raciales et les circonstances historiques. C'est dire que le football uni et divise les peuples en ceci que les matchs entre vétérans et jeunes, publics et privés, armées et civils, employeurs et employés renforcent le lien entre les peuples et les cultures malgré l'ethnicité en tant que danger, qui abdique la méritocratie, détruit l'objectif de l'équipe et réduit le rendu lors des matchs. Cette ethnicité selon elle peut être manipulée par le « nous » contre le « vous », le « soi » et l'« autre » selon les termes de MBONJI EDJENGUELE (2000). Au niveau local, cette ethnicité abonde, par contre au niveau national, il est réduit. Pour Théodore ATEBA YENE (1990) et Béa VIDACS (2010), le football comprend à la fois une partie cachée (dessous) et visible (dessus) et est régi parce que Béa VIDACS appelle  « le principe de la parenté » gouvernant le football. Comme celui d'autres continents, il possède son propre style et ses propres conceptions du jeu.

Le football dans chaque société a ses spécificités et ses réalités et les joueurs, leur propre manière de penser, de s'exprimer. Ce football repose sur la conservation du ballon afin de mieux construire le jeu. Proposant une inauguration de la tradition totémique des fauves et rapaces, lieux sacrés, le club Manguissa appelé « Lion Sportif » répandu la nouvelle et c'est ainsi que la dénomination des clubs de football, est tributaire des éléments culturels ou naturels de l'environnement. C'est le cas des clubs tels que « Caïman » de Douala relatif à l'élément « eau » ; « Bamboutos » de Mbouda en rapport avec les Monts Mangwa, lieux sacrés ; « Tonnerre Kalara Club » de Yaoundé relatif à un phénomène naturel culturalisé ; « Coton Sport » de Garoua en rapport avec la culture prédominante ; « Fôvù » de Baham relatif au Dieu de la grotte; « Aigle » de Dschang ; « Scorpion » de Mbe etc. Ces dénominations montrent la relativité ethnique et le retour à la terre mère. Pendant les préparations des matchs et les compétitions, les clubs, en fonction de leurs ethnonymes, veulent faire régner à jamais leur suprématie sur les autres or pour qu'il y ait domination, il faudrait qu'un club soit plus combatif et mieux préparer, ceci avec l'exclusion du paramètre des officiels. Une fois celui mis en exergue, tout devient spéculation.

Notons aussi les ancêtres, qui jouent un rôle dans la victoire ou la défaite des clubs sur le stade, par le fait de n'avoir pas été consulté lors de l'aménagement du stade Omnisport de Yaoundé en 1972 car dit-on le squelette des morts a été exhumés et mis à nu  troublant ainsi leur tranquillité; c'est ce dont signalait déjà MBONJI EDJENGUELE (1998) dans Les cultures de développement en Afrique : essai sur l'impossible développement sans révolution culturelle qu' « en négro-culture, les morts ne sont pas morts puisqu'ils vivent à travers les vivants, leurs progénitures ». Pour cela, ils formulent une malédiction sous forme de magie contre des individus et des formations.

Les mystères de la culture africaine paraissent difficiles à comprendre pour les allogènes pourtant ils constituent le cosmos des peuples noirs d'Afrique. Dans l'équipe nationale tout comme dans les clubs, les camerounais n'ont pas la même tradition historique et culturelle encore moins les même intérêts économiques, pratiques et religieuses. Les pratiques « maraboutiques » illustrent la logique des jeux au hasard car la « mentalité magique » selon Jean MFOULOU cité par Charles ATEBA EYENE (2011) fragilise tout effort pouvant contribuer au développement du sport. Joseph OWONA cité par Charles ATEBA EYENE (2011), renchérit en présentant cela comme les « ruses et pièges à éviter pour la qualité du mouvement sportif car pour lui, ce système de prédiction des marabouts à plusieurs fois montré ses limites sinon le Vaudou béninois et la Magie indienne auront fait de leurs pays des champions du monde

Pourtant si le sport migre d'une activité physique vers une activité sociale codifiée, cela fait partie intégrante du concept de culture ou de civilisation dont Edward Burnett TYLOR (1871) dans Primitive culture, résume en un « tout complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l'art, les lois, la morale, la coutume et toutes autres capacités ou aptitudes acquises par l'homme en tant que membre de la société ». C'est dire que toute activité est culturelle et holiste, totale et doit selon MBONJI EDJENGUELE (2000) dans les Cultures-vérités en Afrique. Le soi et l'autre. Ethnologie d'une relation d'exclusion, sortir de l'art de vivre pour la science ou la vérité de vivre. Le football en tant que production culturelle puisant dans les valeurs du passé en effectuant un va et vient permanent avec le présent, représente la sensibilité, le mode de vie d'un peuple afin qu'il ne participe à la civilisation universelle.

Marc AUGE (1982 ; 1998) et Christian BROMBERGER (1995) apportent une approche entre sport et religion bien distincte de celle de Jean-Marie BROHM (1983) qui pour lui, voit des métaphores religieuses du discours sportif à travers las pratiquants, les cathédrales etc., la dimension sacrée des maillots, des trophées et des médailles ; en ceci que le sport-spectacle football devient pour certaines personnes ou groupes de personnes une religion de substitution c'est-à-dire qui fonctionne comme une « religion sans Dieux » . Cette discipline sportive entretient d'étroite relation avec le sacré car il pallie le recul de la religion traditionnelle dans les sociétés modernes. La cérémonie sportive constitue un rite qui rassure les participants contre l'angoisse et canalise les émotions. Marc AUGE (1982) évoque la conception zoulou du football est influencée par la soumission des guerriers au roi Shaka, organisateur de la nation zoulou au début du XIXème siècle. Pour cela, autour d'un grand feu, le guérisseur anti-sorcier responsable blessures sur le corps, faisait absorber aux joueurs des potions afin de donner force et vaillance ; blindait les chaussures et maillots comme armes de combat et l'abstinence sexuelle comme manifestants de l'organisation guerrière et sportive. Il écrit à cet effet :

Peut-on, par exemple, aimer le football, regarder la télévision, et rendre compte du fait que pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, à intervalles réguliers et à heure fixe, des millions d'individus s'installent devant leur autel domestique pour assister et, au sens plein du terme, participer à la célébration d'un même rituel ?

L'espace sportif ou le stade quant à lui, devient un milieu d'enculturation, d'intégration et d'échange à travers des chorégraphies et autres prestations et à partir d'un ensemble d'idées et de sentiments et de pratiques.

II.1.5 Le football comme un système économique

On distingue trois postulats dans le système économique : les substantialistes, les formalistes et les marxistes. Il est important de noter que ces trois postulats sont présents au Cameroun. Le football s'érige en une entreprise, un business pour les pratiquants, pour les dirigeants et pour les supporteurs. Selon Evariste TSHIMANGA (2001), la vente des joueurs est due au déficit des moyens financiers pour les besoins de fonds de roulement. A cet effet ils prennent directement attache avec les clubs d'accueil et négocient les prix et les conditions de transfert, ou, préfèrent passer par les managers ou recruteurs qui connaissent mieux le marché. Tandis que les clubs affiliés sont soumis à la réglementation, ceux non affiliés ou associations sportives n'ayant pas de licence ni répertoires, font l'objet d'une corruption et pillage systématique des jeunes joueurs. Ce sont les présidents, coachs, joueurs et leurs familles qui eux-mêmes se constituent en vendeurs et prennent contact avec d'autres clubs. C'est la raison pour laquelle les jeunes footballeurs préfèrent la clandestinité, à l'insu des dirigeants sportifs. Les principales motivations ont trait à:

- l'argent, qui détruit les valeurs humaines et culturelles voire la suprématie sportive ;

- la libéralisation des marchés d'achats (prêt, vente et revente) ;

- l'insertion des hommes d'affaires dans le football ;

- la priorité au niveau qualitatif et à la plus-value.

Cela a comme incidences positives l'image des joueurs dans le club d'accueil, son intégration sociale (bonheur familial), les retombées financières et matérielles. Quant aux incidences négatives, on note l'affaiblissement de la qualité et de la quantité de joueurs, le non paiement des indemnités de formation par les clubs acheteurs et l'insuffisance des retombées financières. En clair, Evariste TSHIMANGA (2001) veut faire ressortir les différentes phases d'un système économique : la production ou la formation des joueurs ; la distribution ou la vente ou encore le prêt, l'emprunt ou le transfèrement des joueurs ; et la consommation ou utilisation de ces derniers. Le club qui produit ou achète les joueurs n'est pas forcément celui qui utilise. L'argent du football tel que vu par Patrick MIGNON (2002) dans L'argent du football, mérite d'être dichotomisé selon l'évolution du temps :

- avant 1920, l'argent du football était destiné aux propriétaires des grandes sociétés (Peugeot), et aux hommes nantis, buveurs de grands vins, pour les dépenses au profit du club afin de recherché la paix, le prestige.

- de nos jours, de Guy ROUX à Alex FERGUSON en passant par Nicolas ANELKA, le football n'a rien à voir avec l'affectif, ce n'est plus un passe-temps pour les hommes fortunés car l'argent du football est aussi professionnalisé. C'est dire que la logique rationaliste de la rentabilisation a pris le pas sur celle du prestige et de la dépense. C'est devenu le « foot business » ou « foot mafia » (Charles NGUINI : 1996). Dans ce foot-commerce, plusieurs couches de la population y trouvent leurs comptes car lorsqu'il y a rencontre entre deux équipes, les caves réalisent d'énormes revenus par les fans actifs et passifs et l'on constate que le match se joue non plus au stade ou sous le petit écran, mais autour d'une table couverte de bière.

Aussi, ce jeu présente une relation patrons-clients, identique à celle du parent à l'enfant en ce sens que plus le revenu du président du club augmente, plus la situation du joueur se stabilise. Ce système capitaliste fait penser aux joueurs, dont la paie serait sous forme de salaire ou d'aumône. Force est aussi de constater que l'activité footballistique favorise le développement des infrastructures telles que les routes, les stades et hôtels, ainsi que la multiplication dans la fabrication des gadgets pour joueurs et supporteurs. L'intensification de l'activité touristique, de transport, culinaire et surtout des relations interculturelles n'est pas en reste. (Charles ATEBA EYENE : 2011).

D'après Nkou MVONDO (2009) «  le sport au Cameroun est en péril parce que l'argent à lui destiné est détourné y compris celui des clubs ». Il met en scène selon MANIRAKISA (2002) des rapports de force entre aînés et cadets, patrons et clients, parrains et protégés, puissants et faibles. C'est ce qui pourrait aussi expliquer les contres performances des formations sportives. Le fait de l'imprécision du jour de la finale du championnat au Cameroun, amenuise la rentrée des devises en matière de tourisme. Pour Evariste TSHIMANGA (2001) agit dans son ouvrage intitulé Le commerce et la traite des footballeurs africains et sud-américains en Europe que « les officiels commettent souvent des erreurs lors de l'exercice de leur fonction, ce à cause de l'ethnocentrisme et de l'atmosphère du jeu ». Le club d'accueil a souvent développé climat peu clément, défavorable à l'intégration des joueurs allochtones, qui ne savent ni mentalités, ni moeurs et coutumes, ni langues du milieu. Cela suscite aussi un enjeu local lié aux rapports territoriaux car d'après Olivier Le NOE (2002), «  le sport le instrumentalisé aux fins économiques et politiques.  »

La force de la croyance dans ce support d'images et d'identités, conclut à l'acceptation de l'utilité sociale du football au plan local, l'impact sur la propriété culturelle du football (animation des spectateurs et groupes de danse) et la responsabilisation des collectivités locales (rencontre entre les communautés locales dont les socles peuvent être socioculturels, religieux ou ethniques) qui entretiennent des relations de concurrence et d'incertitude liées aux statuts individuels et collectifs. Ce sport devient dans de nombreuses cultures un symbole de modernité et l'expression idéale d'un sentiment ethnocentrique. Dans les bars arborant les effigies des joueurs, leurs noms (clubs et joueurs) ou numéros sur la muraille, montrent un certain repli sur l'identité culturelle.

II.1.6 Les supporteurs dans le football

Le match de football en dehors des adversaires, a pour juge les arbitres et pour adjuvants-force les supporteurs. L'objet-valeur ici est le but par l'envoi du ballon au fond des filets adverses ou tout simplement la victoire. Un match n'est jamais gagné à l'avance puisque pour Jérôme BUREAU (2002) dans Le football, « il n'y a plus de petites équipes » car il existe des rivalités entre supporteurs via des comportements agressifs et machistes. Ce « supportérisme » de Nicolas HOURCADE (2002) se présente sous quatre types :

- le consommateur (public): celui-ci indique si le produit lui convient ou non. Il boycotte les matchs s'il n'est pas satisfait ;

- l'associé au club (chercheur): il est très proche des joueurs et des dirigeants et conçoit le club de manière consensuelle ;

- le défendeur d'une vision conflictuelle du club (élite et décideur) : il se positionne comme un des acteurs du club, ayant un point de vue propre ;

- le hooligan (supporteur engagé) : il se met délibérément hors jeu et c'est ce qui amène Christian BROMBERGER (1998) dans La bagatelle la plus sérieuse  du monde, à dire au supporteur « Paie !-Assieds-toi ! Tais-toi ». Par conséquent, il demande à ce public fanatisé et considéré comme douzième homme de l'équipe, de fixer des limites et de rester fair-play. Pour Marc AUGE5(*)

Ils observeraient aisément que ces rassemblements populaires s'accompagnent paradoxalement d'une intensification du culte domestique, et découvriraient avec intérêt que le drame célébré en un lieu central par vingt-trois officiants et quelques comparses devant une foule de fidèles d'importance variable mais pouvant atteindre cinquante mille individus est suivi avec la même foi à domicile par des millions de pratiquants si au fait des détails de la liturgie que, sans apparemment s'être donné le mot, ils se lèvent, s'exclament, rugissent ou se rassoient au même rythme que la foule rassemblée.

On constate donc que la professionnalisation du football au Cameroun creuse une distance entre eux, les dirigeants et les joueurs. De diverses manières, ces supporters tentent de se construire une nouvelle place mais compte tenue de l'attitude des dirigeants, qui les relèguent à la seule fonction de soutien au stade, ils se peinent à se reconstruire en acteurs à part entière.

II.1.7 Le football : le revers d'une médaille

Le football pour certains auteurs est un facteur unificateur mais pour d'autres en l'occurrence Nkou MVONDO, c'est une médaille à deux face dont la première, faite de victoires, cache la seconde, jouxtée des réalités négatives vécues. C'est ce qu'il appelle l'« arbre qui cache la forêt ». Jean Lambert NANG (2009) dans Desperate football house. Six mois dans l'enfer de la Fécafoot, voit en le football, un désespoir due au cercle vicieux des « prédateurs » et de l' « impunité » des membres. Le refus de débat au sein des organisations et le poids de l'argent en milieu sportif rendent hypnagogique le succès du football (Jean Bruno TAGNE, 2010). C'est fort de cela qu'il parle de « planification de l'échec » où il prend pour cadre événementiel le cas des « Lions Indomptables » en 2010. Pour abonder dans le même sens, Charles ATEBA EYENE signale que le football est une « menace pour la paix et l'unité nationale » car d'après l'illustre auteur, « les hommes politiques pour maintenir la paix et la stabilité du Cameroun, font feu de tout bois ». Franz FANON (1961) avait déjà mentionné dans Les damnés de la terre que

L'homme politique africain ne doit pas se préoccuper de faire des sportifs mais des hommes conscients qui, par ailleurs, sont sportifs. Si le sport n'est pas intégré dans la vie nationale, c'est-à-dire dans la construction nationale, si l'on construit des sportifs nationaux et non des hommes conscients alors rapidement on assistera au pourrissement du sport par le professionnalisme, le commercialisme.

Le football est devenu le socle et l'instrument de l'unité et de l'intégration nationale dont le revers est encore mal conçu. Charles ATEBA EYENE (2011) prend pour référence, le penalty raté de Samuel ETO'O et son opposition au remplacement de Choupo MOTING, la défaite du Cameroun en Juin 2011 au quartier Nfandena, terre mère, synonyme d'élimination à la CAN 2012. En additif, les joueurs évoluant dans les championnats locaux sont méprisés à l'exception de quelques joueurs tels que Roger MILLA, Thomas NKONO et Théophile ABEGA (de regretté mémoire) du Canon, Abouna NDJANA des Astres de Douala, au profit de ceux livrant leurs talents à l'étranger. C'est dire qu'il existe un hiatus dans la crédibilité non seulement des joueurs, mais aussi dans la pertinence et l'efficacité du championnat, et dans la technique de placement de ces derniers.

Cependant, les clubs qui ont réussi localement et au niveau national constituent un renforcement de l'identité. Selon Charles ATEBA EYENE (2011), ils sont peu nombreux et sont des clubs tels que Coton Sport de Garoua (Cameroun), Al Ahly (Egypte), Tout Puissant Mazembe (RDC) qui pour ce dernier, a disputé un match avec le club italien Inter de Milan en 2010.

II.1.8 Les arbitres dans le football

Les arbitres sont dans un match de football considérés comme des personnes désignées pour veiller à la régularité d'une compétition, d'une épreuve sportive. Ils se doivent d'accomplir leur mission respective de médiateur. Cependant, ces officiels sont des personnes humaines dont douées de sentiments affectifs. Leur flexibilité et leur désir les poussent parfois à faillir face à des propositions.

II.1.9 Le coach dans le football

Le coach, encore appelé entraîneur est une personne qui a pour mission de défricher les âmes des joueurs, de catalyser le jeu, de développer les talents, d'éclairer et de façonner les joueurs afin de les rendre plus performant. Le coaching est ainsi dire l'accompagnement en miroir d'un individu ou d'un groupe dans l'atteinte de ses objectifs. Ce par la maïeutique ou les résultats orientés et des modèles tels que le model-oignon ou le model-étoile de performance. Pour cela les coachés doivent d'abord manifester la volonté d'être coaché. Par ailleurs, le choix des coachs est un exercice difficile car pour Bea VIDACS (2010), l'histoire, le sexe, l'ethnie, la race et la personnalité d'un coach influencent positivement ou négativement l'équipe à coacher. C'est la raison pour laquelle les coachés et leurs fans voient en ce dernier le symbole de l'évolution ou de la retro-évolution. Contrairement au coach expatrié qui met à l'abri le tribalisme au niveau national, celui local est source de haine lorsqu'il connaît l'échec. A ce niveau, c'est toute son ethnie qui est fustigée et huée. Ce qui pourrait dégénérer en un homicide et un ethnocide.

Le football en tant que jeu collectif est devenu un facteur de rassemblement du peuple en général et des cultures en particulier. Cette activité sportive bien qu'ayant changé de finalité, reste liée à l'objectif de départ, qui n'est rien d'autre que le patriotisme. Cela s'explique par le fait que le footballer met en évidence ses capacités théoriques et pratiques pour servir d'abord son club via les supporteurs dont l'influence est considérable ; ensuite servir son ethnie et son pays via le nombre de sélections ; et enfin se servir par la vente de son expertise. C'est dire que cet individu-joueur a été moulé dans son environnement au départ et a gagné la confiance du peuple en prouvant par des actions concrètes ses compétences.

Ce type de footballeur tend à se sédentariser dans son club d'origine et cela rend stérile la dynamique sociale. En ce qui concerne les réformes dans le football, force est de constater que plusieurs lois et textes ont été publiés mais ne sont pas encore entrés en application. A titre d'exemple, en 2011, il était question d'affilier tous les joueurs, coaches reconnus à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale et qu'après leur retraite, qu'une pension leur soit versé. Ce sport n'est pas toujours comme le pense Pierre de COUBERTIN (1972) une activité physique car l'esprit qui amine le corps humain est le centre de toute action dont la manifestation est orientée sur les différents organes. C'est dire que l'objet, vu ici comme un exercice physique est d'abord pensé puis agit voire orienté afin d'adoucir ou d'amplifier un geste. Cette recherche veut débusquer les insuffisances dans le système de gestion du Canon Sportif de Yaoundé en mettant en évidence les rapports entre différents acteurs, leurs façons d'agir et surtout, l'influence de la culture sur leur personnalité.

Le football tel que pratiqué au Cameroun par l'équipe nationale et les clubs de division d'élite a connu plusieurs ouvrages au fil du temps. Des dessous scandaleux du football au Cameroun de Theodore ATEBA YENE (1990) au mouvement sportif pris en otage par les braconniers de Charles ATEBA EYENE (2011) en passant par l'intellectuel et le football de Marc PERELMAN (2002) dans son ouvrage intitulé Les Intellectuels et le football. Montée de tous les maux et recul de la pensée, force est de constater que cette activité ludique est crispée dans sa conception à travers les textes et dans sa mise en pratique par une gestion intéressée. Cependant, lorsque Jean Bruno TAGNE (2010) parle dans Programmés pour échouer de «  la planification de l'échec » d'une équipe, il tait le fait que pendant un championnat ou une compétition voire un match, la loi du football est celle soit d'un vainqueur et d'un vaincu, soit d`un match nul ; pour cela, l'échec d'une équipe ne saurait être planifié à l'avance car comme le stipule Jérôme BUREAU (2002), « il n'y a plus de petites équipes ». Si la paix et la stabilité nationale sont menacées par le football, c'est parce qu'il est pour la population ce que Jean-Marie BROHM et Marc PERELMAN (2002), et Bea VIDACS (2010), ont appelé respectivement la « peste émotionnelle » et l' « opium du peuple ». C'est sur cette base que les politiciens ont utilisé ce sport pour en faire l'objet de leurs batailles et de leurs discours. Pourtant, il existe toute une panoplie de disciplines sportives notamment handball et le volleyball qui attirent aussi l'attention d'une bonne tranche de la population.

Ces disciplines ont par conséquent une importance sur la paix nonobstant les appareils de l'Etat dont les organes de maintien de l'ordre et de la paix ; l'eau et l'assainissement ; l'éducation et la santé qui sont des points focaux pouvant constituer l'objet d'une réelle menace politique voire d'un véritable discours politique. En ce qui concerne les officiels de match, notons qu'ils sont des êtres humains doués d'intelligence, de compétence mais sont également faillibles car la perfection n'étant qu'une idéologie, il est difficile de l'atteindre. C'est dire que les erreurs commises par ces arbitres ne sont pas toujours dues à leur volonté, ni leur ethnocentrisme encore moins à la corruption. Les supporteurs quant à eux ne sont pas toujours au prorata de l'équipe d'origine, ils peuvent changer de cible pour l'appréciation du beau football et du fair play.

Les ouvrages dont nous nous sommes servi pour cette revue de la littérature sur le football, sont l'oeuvre de journalistes (radio-télé et presse), d'anciens joueurs, d'anciens coaches, de politologues et de sociologues dont vu sous différents angles. La présente recherche à la particularité d'être le résultat d'un travail ethnographique respectant les étapes de la recherche scientifique. De plus, elle est la première recherche anthropologique menée sur les clubs de la MTN Elite One au Cameroun en général et sur le Canon de Yaoundé en particulier en matière de stratégie de gestion en rapport avec la culture des personnalités ou des acteurs.

II.2 LE CADRE THEORIQUE

Dans l'optique de vérifier les hypothèses afin d'atteindre les objectifs préalablement fixés, il est judicieux de soutenir notre recherche avec des théories. La théorie est un ensemble cohérent de mots, de groupe de mots, de pensées logiques ou de chiffres servant à expliquer un phénomène, un fait et des données. C'est encore l'outil scientifique d'interprétation des données. Selon MBONJI EDJENGUELE (2005) dans son ouvrage intitulé L'Ethno-Perspective ou la Méthode du discours de l'Ethno-Anthropologie culturelle, « la théorie se veut un corps explicatif global et synthétique établissant des liens de relation causale entre les faits observés, analysés et généralisant lesdits liens à toutes sortes de situations ». D'après Madeleine GRAWITZ (1990) dans Méthodes de recherche en sciences sociales, la théorie est « un schéma simplifié et symbolique destiné à fournir un cadre de raisonnement rigoureux pour expliquer une réalité quelconque ». Nous proposant des pistes d'ouverture, d'analyse et d'interprétation des données de terrain de façon spéciale, la théorie est une construction purement intellectuelle, donnant sens et signification aux faits. Nos données sont interprétées avec quelques principes de trois théories anthropologiques dont l'analyse stratégique et le culturalisme.

II.2.1 L'analyse stratégique

Cette théorie intervient dans les sociétés, les organisations impersonnelles comme les bureaucraties, qui se présentent d'après Michel CROZIER (1977) en systèmes uniques, spécifiques dont différents des organisations humaines qui ont des objectifs définis et tournés vers les besoins et les résultats précis et immédiats. Ce modèle théorique a été utilisé dans des domaines aussi variés que le champ artistique, le domaine politique, pénal, policier ; le secteur de la santé ; le milieu carcéral. Il peut donc être utilisé dès lors qu'un système d'action est mis en évidence dans la vie publique ou privée. Pour Michel CROZIER (1977) les organisations impersonnelles sont sources de conflits, qui engendrent des stratégies individuelles subjectives et intéressées, dont la confrontation aboutit au blocage du système c'est-à-dire des résistances au changement, et par là, la non-réalisation des objectifs collectifs à cause de la divergence des intérêts. L'analyse stratégique va donc monter que les conflits d'intérêts et d'autorité poussent les individus à développer des stratégies gagnantes afin de satisfaire leurs besoins personnels dont l'interface peut s'avérer nuisible au bon fonctionnement de la structure d'ensemble pourtant au service de l'homme. Selon l'auteur, c'est sur la base de ces postulats qu'il faut analyser le fonctionnement des organisations et en l'occurrence celle du Canon Sportif de Yaoundé.

L'analyse stratégique étudie donc les relations de pouvoir et les effets des stratégies des acteurs dans l'organisation sous forme de « zones d'incertitudes » et de « cercles vicieux bureaucratiques » à cause de la multiplication des règles. Elle cherche à mettre au jour les logiques sous-jacentes des systèmes contingents nés de cette interdépendance. Elle est devenue une méthode de diagnostic organisationnel et d'accompagnement du changement de plus en plus usitée, par des chercheurs mais aussi par des professionnels du management. C'est un système centralisé, rigide et cloisonné qui imprègne l'ensemble des organisations et empêche tout changement social. Pour lui, « un mauvais acteur est un danger pour tout le système ».

L'analyse stratégique en offrant des concepts théoriques, permet une utilisation dans notre recherche. Elle constitue un cadre d'interprétation du changement et une démarche théorique de recherche. Pour cela, nous nous sommes focalisé sur quelques concepts et groupe de mots tels l'acteur stratégique ; la stratégie ; le pouvoir et la zone d'incertitude. Ces concepts nous ont été utiles dans la compréhension du système de gestion dans le CSY et ses conséquences au niveau des du club en général et des membres en particulier. Ainsi, les membres actifs et passifs ou tout simplement les acteurs, recourent à certaines pratiques magico-religieuses comme stratégie de défense et d'attaque afin de rayonner, de se maintenir au pouvoir, d'assurer l'autorité sur le confrère et surtout sur l'équipe adversaire. Ces différentes stratégies individuelles et collectives forment ce qu'il convient d'appeler une zone d'incertitude.

II.2.3 Le culturalisme

Le culturalisme est un courant de pensée qui met en exergue la prédominance de la culture dans la formation de l'individu et du groupe ainsi que leur organisation ; ceci par l'éducation, le mimétisme et le conditionnement (enculturation). C'est vers les années 1940 que cette théorie vit le jour avec des auteurs comme Ruth BENEDICT, Ralph LINTON, Margaret MEAD et Abraham KARDINER, tous formés par Franz BOAS. Pour eux, la culture est « la configuration des comportements appris et de leurs résultats dont les éléments composants sont partagés et transmis par les membres d'une société donnée ». C'est dire que nous agissons et réagissons par la vertu de la culture dont nous en reflétons les patterns (spécificités) ou mieux, l'homme est le reflet de sa culture et constitue la personnalité de base ou le caractère naturel qui est semblable à la sève qui coule dans ses veines. Etant donné que le CSY, club des Ewondo de Nkolndongo regorge dans son équipe moult joueurs venus d'ici et d'ailleurs, chacun de ces joueurs a été formaté d'avance par sa culture pour les autochtones et par la suite intègre les éléments de la culture d'accueil en ce qui concerne les allochtones. Ceci est à l'origine de certains conflits observés quelques jours, entre les joueurs pendant et après les entrainements au sujet non seulement de l'acquisition de la confiance du coach, mais aussi de la sélection des onze entrants.

En nous renfermant sur les concepts ou groupes de mots tels que personnalité de base de Abraham KARDINER (1966) et patterns of culture de Ruth BENEDICT (1934), nous montrons que chaque culture a une originalité, une spécificité qui confère une unité significative et générale au groupe car le comportement dudit groupe est provoqué par la transmission des valeurs au sein de la famille, par l'éducation et les groupes de paires. Les valeurs culturelles acquises constituent l'équipement mental des individus dès l'enfance. Cet équipement mental serait le socle des façons de voir, de penser et d'agir des membres du CSY. Les patterns ou spécificités culturelles, servent de fondement pour les pratiques magico-religieuses puisque dans cette association, il existe une diversité d'acteurs (autochtones et allogènes), chacun avec la personnalité dont il reflète et où il transpose son savoir-faire, sa façon d'agir et de penser différent de celle de la structure d'accueil. Ce qui créé un choc de pratiques internes (coéquipiers) et externes (adversaires). C'est aussi pour cette raison que Michel CROZIER (1979) affirmait qu' « on ne change pas la société par décret ».

En résumé, il s'est agit dans cette partie de faire un état des lieux sur la littérature du sport notamment celui du football dans le contexte actuel de la structuration du Kpa-Kum. De plus, de présenter de façon critique les courants majeurs et les concepts chers, qui nous ont aidé à interpréter nos données sur les stratégies qu'adoptent les individus en matière de gestion du football en rapport avec leur personnalité de base et l'intérêt auquel ils devraient être fixés.

CHAPITRE III :

PRATIQUE DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO DE NKOLNDONGO

Le chapitre précédent a présenté le milieu de cette recherche, notamment l'environnement physique et humain. Il est question dans cette partie de notre recherche de décrire le CSY tel qu'il se présente depuis sa création jusqu'à nos jours avec son identité, son évolution, ses icônes et des moments de gloires qu'il a connu. Il s'agira ensuite de présenter comment se structure ce club d'Elite One de la LPFC. Enfin, le cap sera mis sur le patrimoine infrastructurel du CSY. Egalement, nous allons présenter ce dont nous observions lors des entrainements, avant, pendant et après les matchs au sein de cette équipe.

III.1 LE CSY DE LA CREATION A NOS JOURS

Le CSY est un club de football qui a été créé au sein de la culture ewondo. Il a évolué dans le temps et dans l'espace en intégrant plus ou moins de nouveaux aspects liés aux contraintes sociales. Le CSY est une association sportive pluridisciplinaire régie par la loi N°90/053 du 19 Décembre 1990 et celle N ° 96/09 du 05 Août 19966(*).

III.1.1 La création du Canon Sportif de Yaoundé

La création du CSY est la conséquence immédiate de l'arrivée du commerçant Sierra Léonais Georges GOETHE et de sa famille au Cameroun en 1923. Ainsi, celles-ci ont rapidement fait recourt aux substituts tels que vessies de boeuf gonflées, oranges et tout autre objet ayant la forme d'un ballon. Deuxièmement, Georges GOETHE créé et préside le Club Athlétique du Cameroun (C.A.C), la toute première formation sportive. Sur ce, la toute première équipe de football locale formée à Douala eut le nom de « Lune »7(*). C'est suite à cela que Yaoundé emboîta immédiatement le pas avec trois formations8(*) qui avaient été conviées à participer au tournoi de football.

De façon immédiate, le CSY est aussi le résultat d'une kyrielle de proposition car, comme le signalait déjà ETIENNE, les formations sportives devraient portées le nom des totems, rapaces et fauves. De plus, il fallait trouver illico un club autochtone qui devait croiser le fer avec l'Etoile Indigène. Des propositions Guépards, Panthère, Musaraigne, Epervier, Cobra, Zèbre etc., rien ne fut adopté. C'est Mvogo MELINGUI9(*) qui pris la parole et demanda : « quel est le nom du fameux fusil qui mis l'armée allemande en déroute à Yaoundé en 1916 dont le cliquetis était « Kpa » suivi de la détonation « Kum » ? » l'assistance répondit comme un seul homme : « Canon ! Canon ! Canon ! ». Ainsi, naquît 26 ans après la création de la FIFA à Mvog-Mbi, précisément le 9 Novembre 1930 le CSY avec pour président unanimement élu Herman YENE, aux fins de disputer le match du 11 Novembre 1930, remporté par ce dernier. Entre 1989 et 2009 déclare Théophile ABEGA MBIDA10(*), ancien du CSY 

Le Canon a perdu de son illustre d'antan et s'est détrône de son piédestal de club le plus titré d'Afrique par ceux maghrébins plus riches et mieux structurés.  Ce club a besoin de tous pour reprendre la course aux lauriers nationaux et continentaux bref à la course de l'esprit canon

Le Club de Nkolndongo a conservé son nom de CSY mais, a connu plusieurs autres appellations. Il a aussi connu moult changements dans sa structuration, sa gestion et sa pratique du jeu, son ouverture à d'autres cultures et sa modernisation. La création du CSY fut donc processuelle et a connu l'intervention de plusieurs acteurs autochtones (clan Mvog-Mbi) et allochtones (Alexandre KOLLE). L'équipe ainsi créée, doit s'identifier par un certain nombre d'éléments propres à la culture.

III.1.2 Identité du Canon Sportif de Yaoundé

La formation du CSY est une formation qui lors de sa création, était presque autochtone du président aux joueurs. Son identité est actualisée par l'hymne, les emblèmes, la devise, le drapeau, les couleurs et une carapace de tortue potentialisée.

III.1.2.1 L'hymne du Canon Sportif de Yaoundé

Le tout premier hymne du CSY a été créé par improvisation par Martin FOUDA en 1930. Il a été majoritairement modifié. Voilà présenté ci-dessous la première version en langue ewondo et la deuxième en français vers les années 1990.

Hymne du CSY version d'origine en Ewondo Traduction littérale

Canon ane bia ya tiga ya nnam me wam Canon est nous ici héritage ici (village de nous)

Canon ane bia ya tiga ya nnam me wam Canon est nous ici héritage ici (village de nous)

Canon a til ne na bivogle mben Canon il signifie que écoutez bien

a til ne na, Il signifie que

Nnam Ewondo, nnam Cameroun Village Ewondo, Pays Cameroun

Nnam Cameroun, nnam Ewondo Pays Cameroun, village Ewondo

Olouga abo ye wa Canon Gloire soit à toi canon

Olouga abo ye wa Gloire soit à toi

A Canon ekip be nnam Le Canon équipe du village

A Canon kele o su Le Canon allez avant

A Canon bia fidi wa Le Canon nous compter toi

A Canon kele o su Le Canon allez avant

Traduction littéraire

Canon est pour nous un héritage dans ce village

Canon est pour nous un héritage dans ce village

Canon signifie écoutez bien 

Le peuple Ewondo, le pays Cameroun

Le pays Cameroun, le peuple Ewondo

Gloire soit à toi canon

Gloire à toi

Canon équipe du village

Canon va de l'avant

Canon, nous comptons sur toi

Canon va de l'avant

A travers cet hymne, le mot canon revient huit fois ; les mots gloire, village, peuple, Ewondo reviennent deux fois. Autrement dit, l'activité footballistique est au centre de la vie sociale chez les Ewondo. Ceci s'expliquerait par les mots tels que peuple, pays et village. Par ailleurs, le mot Canon prononcé en début de texte est une interpellation du club afin qu'il soit toujours aussi une référence, un emblème.

III.1.2.2 Les emblèmes du Canon Sportif de Yaoundé

Les emblèmes du CSY sont constitués d'un bouclier sous forme d'une carapace avec en fond d'image deux couleurs dont l'un verte (prospérité) et l'autre rouge vif (rigueur).

Planche3 : Les emblèmes du Canon Sportif de Yaoundé

Cliché CSY (12 Août 2012)

Sur ces couleurs, on observe un canon roulant de marque française tirant un ballon et en dessous de cet arsenal la date 1930. A droite de cela, est portée la mention CANON SPORTIF DE YAOUNDE et en dessous de celle-ci, d'autres mentions suivantes KPA KUM-MEKOK-ME-NGONDA ; CHAMPION D'AFRIQUE, 1971, 1978, 1979, 1980 et Commandeur de l'ordre de la valeur en italique. La devise de la SAOS11(*) est « ETRE !-VAINCRE !-CONVAINCRE ! ». Certains ajoutent à cette devise le verbe « MOURIR ». Son drapeau est une pièce d'étoffe divisée en deux parties égales sur lesquelles on retrouve respectivement la couleur verte et la couleur rouge vif. Le slogan des Mekok-Me-Ngonda est « A nous la victoire » et son cri de guerre  « Canon bombarde ! Canon bombarde ! Canon bombarde ! » Par ailleurs, en 1930, son cri de guerre était lancé par le capitaine et les joueurs répondaient au fur et en mesure cet appel suivant :

Capitaine : « Canon !» Joueurs : « Bombarde »

Capitaine: « Armes ! » Joueurs « Défenses »

III.1.2.3 La carapace de la tortue

La carapace de la tortue fait partie des éléments identifiant du CSY. Il s'agit d'une très grosse carapace accrochée sur le mûr d'un membre dudit club. Elle est posée sur un fond peint aux couleurs du club, jouxtée en surbrillance et sous forme de dessin un canon tirant un ballon et des ballons au sol. Cette carapace n'est pas marquée sur le logo de peur que l'ennemi ou l'adversaire ne sache le secret12(*). Pour cet informateur, la carapace de cette tortue est l'objet autour duquel tournent la vie et la survie du CSY car il l'a accrochée chez lui vers les années 1980 lorsqu'il était « porteur du sac » du CSY. Jusqu'en 2012, il était intendant du club et assumait aussi le rôle de kinésithérapeute, rôle qu'il assume jusqu'à nos jours.

Planche 4: Ecock'le kulu sur un mur à Mvog-Mbi

Cliché MOUAFO (21 Septembre 2012)

Le CSY dès sa création n'est pas resté en autarcie. Pour son évolution, il s'est ouvert à l'alter et par conséquent au Cameroun comme l'indique cette partie de l'hymne.

Canon a til ne na bivogle mben, a til ne na

Nnam Ewondo, nnam Cameroun

Nnam Cameroun, nnam Ewondo

Ce club se fait aussi identifié par les appellations Mekok-Me-Ngonda et Kpa-Kum. Aussi, par les gadgets des supporteurs tels que la tenue vestimentaire, la sirène mécanique, les casques portant le nom du club, les différents tambours au nom de nnom nkul, ngal nkul, nwan nkul, bigan bi nkul, nkan, mbè, mezegle, elon, nyas etc. Il existe des chants et danses en ewondo accompagnant les rencontres. A titre d'exemple, ce champ de victoire qui célèbre la toute puissance du CSY.

III.1.3 Le Kpa-Kum : une équipe moderne

Le kpa-kum club de Yaoundé était une équipe faite d'indigènes, qui parlaient la même langue et avaient les mêmes allants de soi. Au fil du temps, ce club a rendu concrète sa modernisation en vue de tourner le dos à l'amateurisme et embrasser le professionnalisme par l'intégration d'un certain nombre de faits notamment l'ouverture du club aux ethnies voisines et lointaines12(*) à travers le recrutement des joueurs originaires de Aghem (Nord-ouest), Moundang (Extrême-nord), Homala (Ouest)... ; la création du conseil des sages, du comité d'administration au détriment de la présidence du club en 2011 ainsi que la prise en charge des clubs par MTN Cameroon et la LPFC qui rend salarié les joueurs.

III.1.4 Les icônes du Canon Sportif de Yaoundé

Les Mekok-Me-Ngonda de la création jusqu'aux années 2000 a connu une pléthore de joueurs dont le talent ne souffre d'aucune contestation. Ceux-là ont également fait l'objet des palmarès nationaux et continentaux et ont à cet effet, intégré l'équipe fanion des Lions Indomptables du Cameroun et les grands clubs occidentaux. Il est important de signaler que le joueur LAWAL (1992) de nationalité nigériane et les coaches tels que Jean BAUDOIN (1967-1970)  et Ivan RIDANOVIC (1978-1979), respectivement de nationalité française et de nationalité yougoslave, venus d'autres pays d'Afrique et du monde, ont marqué leur passage dans le CSY. Les icônes dudit se distinguent à plusieurs niveaux dont les présidents les plus charismatiques, les joueurs emblématiques, les ballons d'or camerounais et africains, les entraineurs les plus prolifiques.

III.1.4.1 Les présidents charismatiques

Les présidents qui ont eu une certaine aura13(*) dans le Kpa-Kum sont ceux ayant parfois joué dans ledit club ou ayant été entraineur pendant une certaine période. Nous avons à titre d'illustration et par ordre chronologique Rudolph NTONE (1953-1969) ; Benoît BINDZI (1969-1970) ; François SEMBE (1971-1972) ; Ferdinand KOUNGOU (1972-1976) ; Jenner OLINGA (1976-1977, 1982-1985) ; Théodore ETEME (1977-1979) ; Alega NDONGO (1979-1981) ; AVA AVA (1985-1987) ; Mbarga ABEGA (1987-1993) ; EYEBE LEBOGO (1993-1997) ; Théophile ABEGA (1997-2009) ; Céline EKO (en poste depuis 2011).

III.1.4.2 Les joueurs emblématiques

Le choix des joueurs de renom est fait suite au critère de leadership que ces derniers ont exercé sur leurs co-équipiers. Il s'agit Oscar de EYOUM (1965-1970), Emmanuel MVE (1970-1974) ; Jean Paul AKONO (1974-1976) ; Jean MANGA ONGUENE (1976-1978) ; Théophile ABEGA (1978-1984) ; Emmanuel KUNDE (1984-1987) et Pierre WOME de 2011 jusqu'aujourd'hui.

III.1.4.3 Les ballons d'or Camerounais et africains du Canon Sportif de Yaoundé

Le CSY a connu plusieurs meilleurs joueurs encore appelé « Ballon d'Or » au niveau national et continental.

Les meilleurs joueurs camerounais du CSY sont Daniel EBOUE (1974) ; Thomas NKONO (1978) ; Grégoire MBIDA (1980) ; Théophile ABEGA (1982 et 1983) ; Emmanuel KUNDE (1985) ; Omam BIYICK (1986) ; Jacques SONGO (1987) ; Louis Paul MFEDE de regretté mémoire (1989) ; LAWAL de nationalité nigériane (1992)

Parlant des « Ballons d'Or » africains, ceci est donné en fonction de leurs prouesses individuelles sur les stades continentaux. Thomas NKONO (1978 et 1980) ; Jean MANGA ONGUENE (1980) et Théophile ABEGA (1984) sont ceux qui ont porté plus la flamme du Kpa Kum.

III.1.4.4 Les entraineurs prolifiques

Les entraineurs ayant fait l'objet d'une icône sont ceux qui ont fait preuve d'une performance individuelle (technique) et collective (joueurs compétents). Grégoire ABENA (1960-1967) ; le français Jean BAUDOIN (1967-1970) ; Laurent BENGONO (1972-1978) ; Pierre ZEMBA (1978) ; Oscar EYOUM (1978-1981) ; le yougoslave Ivan RIDANOVIC (1978-1979) ; Georges ASSAKO (1982-1983) ; Jean Paul AKONO (1985-1987) ; Pie ESSONO (1987-1988) ; Jean MANGA ONGUENE (1988-1993). Selon certains responsables, ont ne peut plus parler d'entraineurs prolifiques de nos jours car le CSY n'a plus eu de titre après l'an 2002.

III.1.5 Les gloires du Canon Sportif de Yaoundé

Les gloires du CSY se justifient par le nombre de coupes et titres de champion du Cameroun, les titres continentaux et distinctions honorifiques.

III.1.5.1 Les coupes et titres de champion du Cameroun

Les Mekok-Me-Ngonda demeurent jusqu'en 2013 le club qui a le nombre le plus élevé de titres du Cameroun. Ces titres remportés sont au nombre de 10, de même pour le nombre de coupes remportées. Le tableau ci-dessous montre qu'en 1977 et en 1986, le CSY a été a la fois champion du Cameroun et vainqueur de la coupe du Cameroun.

Tableau 1 : Classification des coupes et titres du Canon Sportif de Yaoundé

Titres

 

Champion du Cameroun

Vainqueur de la coupe du Cameroun

Différentes années

 

1967

1970 

 
 

1973

1974

 
 

1975

 

1976

1977 

1977

 

1978

1979

 

1980

 

1982

 

1985

 

1986

1986 

1991

 
 

1993

 

1995

 

1999

2002

 

Source : Rapport du congrès ordinaire du CSY (17 Octobre 2009)

En dehors de ces titres nationaux, le CSY détient plusieurs autres titres continentaux et honorifiques. En 2013, il est meilleur perdant de la coupe du Cameroun.

III.1.5.2 Les titres continentaux et honorifiques

Le CSY a remporté quatre titres continentaux dont trois coupes d'Afrique des clubs de champions en 1971, 1978 et 1980. Ce club remporte au niveau local en même temps la coupe du Cameroun (1978) et le titre de champion du Cameroun (1980). Il remporte ensuite au niveau continental une coupe d'Afrique des vainqueurs de coupes en 1979 date à laquelle il est aussi champion du Cameroun. Les distinctions honorifiques quant à elles ont été adressées aux joueurs de façon individuelle, allant de jusqu'au grade d'officier de l'ordre et de la valeur entre 1970 et 1980. Celle décernée au CSY en tant que association ou club en 1980, porte le nom de commandeur de l'ordre de la valeur. C'est d'ailleurs le seul club qui est jusqu'aujourd'hui détenteur d'une telle distinction honorifique. De plus, en Octobre 2009, le CSY a été malgré son absence sur la scène sportive continentale depuis environ vingt ans, sacré 4ème meilleur club africain du 20ème siècle par la fédération internationale de l'histoire du football et des statistiques. De nombreux joueurs de cette équipe ont connu un transfèrement vers les grands clubs internationaux étrangers tels que Thomas NKONO, Louis Paul MFEDE et Grégoire MBIDA (1982) ; Théophile ABEGA (1984) ; Emmanuel KUNDE et Omam BIYICK (1987) ; Jacques SONGO (1988) ; MISSE (1989) ; Marc Vivien FOE (1995) ; Pierre WOME (1997) ; Joseph KALLA (1998) ; Alioum BOUKAR(1999) ; Joël MOKAKE (2002-2003)

III.2 LA STRUCTURATION DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE

Le club de football qu'est le CSY est une association dont l'organigramme se structure selon l'article14(*) 12 des statuts en plusieurs organes dont une Assemblée générale, les organes administratifs et consultatifs.

III.2.1 L'Assemblée Générale

L'assemblée générale du CSY est l'instance suprême et l'organe législatif du club. Elle siège en assemblée ordinaire et extraordinaire et, oriente la politique générale du développement du club. L'assemblée générale a lieu pendant chaque intersaison sportive et convoquée 15 jours avant les assises par le PCA. Par ailleurs elle peut être convoquée à tout moment sur la demande des 2/3 des membres. Elle est composée des membres représentatifs selon l'article 14 des statuts du club.

III.2.2 Les organes de gestion

Les organes de gestion du CSY dit « Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda Y'ongola Ewondo » sont : un conseil d'administration et une direction générale.

III.2.2.1 Le Conseil d'Administration

Le conseil d'administration est l'organe d'administration du CSY. Il compte 33 membres au maximum qui détiennent les pouvoirs de direction et assurent l'administration du club mais seuls 16 sont en poste. Selon le petit « c » de l'alinéa 1 de l'article 26 et l'alinéa 1 de l'article 27 sur les compétences dudit conseil et de son président, il nomme et révoque le Directeur Général et autres responsables de cette direction sur proposition du PCA et du conseil des sages ; le PCA recrute les encadreurs et joueurs sous propositions du conseil des sages et de l'encadrement technique respectivement ; contrôle les activités de la Direction générale. Le conseil d'administration doit cotiser une somme de 1.500.000 F CFA/an et par membre pour le fonctionnement du club et comprend aussi des commissions spécialisées. Lors de la saison sportive 2012, le conseil des sages a signé une circulaire démettant Aboubabkar SOULEYMANOU dans ses fonctions d'entraineur du canon proposant Louis Paul MFEDE. Pourtant cet organe est consultatif ou arbitraire et par conséquent, n'est pas habileté à signer des circulaires, usurpant les fonctions du conseil d'administration. Le tableau ci-dessous montre les raisons du choix et la côte de popularité de chaque coach.

Lors d'un entretien15(*) avec un informateur clé, il déclara que « le transfèrement d'un joueur donne du « blé » et c'est la présidente du conseil d'administration qui s'en charge vous voyez un peu ce que je veux dire ». Pour un autre encadreur16(*), la PCA veut que le Directeur Général donne aussi de l'argent pourtant il est un employé et par conséquent est un salarié. Il est vrai seule la PCA peut suspendre et reléguer un membre sportif mais c'est l'A.G. qui est compétent pour la démission des autres membres.

III.2.2.2 La Direction Générale

La Direction générale est l'organe chargé de l'exécution des taches administratives du CSY. En 2012, elle était gérée par Louis ONDOUA, qui fut révoqué au prorata de Jean ESSOMBA en 2013 (Soleil NYASSA en 2014), qui a également été démis de ses fonctions. La Direction générale comprend plusieurs services tels que  le département financier, administratif, la direction technique et la direction sportive sans oublier la cellule de communication, les coordinations régionales et les comités de soutien. De tous ces services, seule la direction technique et le département financier sont opérationnels.

La première est composée de joueurs, d'entraineurs. Les joueurs comme nous l'avons déjà signalé, sont recrutés par l'entraineur et validés par le conseil d'administration. Nous avons observé lors des entrainements au « stade malien », un joueur qui est venu voir le coach Aboubakar SOULEYMANOU et lui a dit ceci : « je viens m'entrainer c'est la présidente qui m'a envoyé » ; le coach, étonné, n'a mot dit. Au sein du CSY, il existe deux types de joueurs :

-Les joueurs titulaires ou les cadres de l'équipe qui constituent l'ossature du classement lors d'un match. Ceux-ci sont plus privilégiés que les autres car ils ont la possibilité de rencontrer la présidente du conseil d'administration afin de résoudre certains problèmes financiers instantanés tels que cas de maladie, usures d'équipements etc.

-Les joueurs non titulaires sont ceux-là qui peuvent ne pas être présents parmi les onze entrants lors des matches mais sont comptés parmi les effectifs parce que détenteurs d'une licence. De plus, cette catégorie de joueurs a un traitement normal selon les conditions du contrat (2013).

La rémunération des joueurs diffère d'un joueur à l'autre. En 2012, il faut déjà noter que le type de contrat signé par les joueurs est un CDD, valable pour un an. Cette année là, la rémunération se faisait de gré à gré entre le joueur et le Président. Elle variait donc de = 50 000 FCFA 200 000 FCFA en fonction de la qualité du produit (joueur). Depuis la saison 2013, selon le texte de la LPFC changeant la dénomination des clubs en Société, le salaire ont vu le jour et est de 100 000 FCFA/ mois pour chaque joueur ayant une licence. Pour ceux n'ayant pas de licence mais qui s'entrainent avec les joueurs titulaires, une faveur leur est accordée par le club dans l'optique de les former, de les maintenir et de les recruter quand le besoin se fait ressentir en fin de saison.

Les joueurs du CSY ne sont pas logés parce que le club n'a pas d'immobiliers. Cependant, une somme leur est versée, représentant les frais de signature, marquant ainsi leur entrée définitive au sein du club et parmi les effectifs de l'équipe. Elle est varie également en fonction de la valeur du joueur et est estimée entre 500 000 FCFA/an et 1 000 000 FCFA/an pour chaque joueur. Elle permet à ce dernier de s'installer ou donc de se loger, de se nourrir en attendant le salaire, qui arrive souvent deux à trois mois après le lancement du championnat. Néanmoins, il n'existe pas de rappel en ce qui concerne ces mois de salaires écoulés.

Les conditions d'engagement des joueurs au CSY sont fixées par le règlement intérieur et les statuts du club et, obligent ces derniers à s'entrainer tous les jours ouvrés, a être discipliné et respectueux envers l'administration, les encadreurs et eux-mêmes. En outre, ceux-ci ne peuvent pas se libérer pendant la saison sportive quelque soit l'ampleur et le sort de l'équipe.

Le second par le biais du trésorier est aussi fonctionnel. Le secrétariat ou département administratif est vacant depuis 2012. La direction générale pour sa part a été accusée de manipuler le conseil des sages pour s'opposer aux décisions du conseil d'administration au sujet du transfèrement de certains joueurs.

III.2.3 Les organes consultatifs

Les organes consultatifs du CSY sont le conseil des sages et le comité d'audit.

III.2.3.1 Le conseil des sages

Selon l'article 17 du statut du club, le conseil des sages est le gardien des valeurs et des traditions du CSY. Il est par l'alinéa 4 l'instance de recours en dernier ressort en cas de crises et de menace grave à la bonne marche et à la vie du club. Ses décisions sont sans appel et souveraines. Elles s'imposent à tous les organes de fonctionnement. Après la signature de sa circulaire révoquant l'entraineur Aboubakar SOULEYMANOU en début de saison, celui-ci a pourtant terminé la saison sportive avec le club.

III.2.3.2 Le comité d'audit

Cet organe est chargé de l'audit interne du club et rend compte à l'Assemblée générale ; au conseil des sages et au conseil d'administration. Cet audit doit s'effectuer par trimestre de l'année civile.

III.2.3.3 Le comité de bienfaiteurs

Il est constitué des membres d'honneurs et des bienfaiteurs. Ceux-ci sont des personnes physiques ou morales, qui apportent un soutien financier ou matériel au club sous forme de don ou de legs. Ils participent aux cotisations annuelles à leur appréciation.

Il faut relever que tous les organes constituants le CSY ne pas fonctionnels et qui plus ne concordent pas aux normes de structuration des clubs selon la FIFA. Selon l'organigramme du CSY, il existe des services non fonctionnels à l'instar de la cellule de communication. Il existe néanmoins d'autres services au sein de ce club qui ne figurent pas sur la liste réglementée par la FIFA. C'est le cas du conseil des sages, du comité des bienfaiteurs, des coordinations régionales et comité de soutien. Pour la FIFA, selon la restructuration de 2004, un club doit avoir un Conseil d'administration, un Directeur général, un service technique, un service administratif, un service marketing, un service de communication et un service de gestion et de manifestation.

III.3 LES INFRASTRUCTURES DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE

Le fonctionnement de toute structure nécessite un certain nombre de ressources, qui peuvent être immobiles et/ou mobiles justifiant d'une manière ou d'une autre l'effectivité ou l'existence réel du club.

III.3.1 Les immobiliers

Le Kpa-Kum ou Mekok-Me-Ngonda depuis sa création jusqu'à nos jours ne possède aucun immobilier. Il loue le siège qui abrite ses bureaux à la pharmacie de Nkolndongo.

Planche 5: Le siège du Canon Sportif de Yaoundé à Nkolndongo

Cliché MOUAFO (22 Août 2013)

Au premier niveau de cet immeuble, le CSY a établie ses bureaux depuis 2011. L'intendant assure la permanence au siège du Kpa-Kum. Dans les bureaux du Canon de Yaoundé, on observe des photos des anciennes gloires et icônes du club. Selon un informateur, le patriarche Théodore ATEBA YENE a voulu faire des Mekok-Me-Ngonda sa propriété car l'espace terrien qu'il voulait céder pour la construction du siège de CSY a été contesté pour la simple raison qu'il voulait en être l'actionnaire principal.

Le stade où se font les entrainements tous les après midi appartient à la famille d'Adolph MBIDA, qui depuis 2012, porte son nom. Bien avant cela, ce stade fut le lieu cédé pour les entrainements du Mali lors de la CAN 1972 organisé par le Cameroun. Il prit dès lors le nom de stade malien sis au quartier Anguissa. Il est important de noter que le premier stade où se déroulaient les matches de CSY était l'Ecole Publique de Nkolndongo avant 1972. La photo ci-après présente l'actuel stade où se font les entrainements du club. Il est situé au coeur du quartier Anguissa et entouré non seulement des maisons d'habitations, mais aussi des institutions scolaires. Au centre de cette photo, le coach Aboubakar SOULEYMANOU supervisant une séance d'entrainement.

Planche 6: Le coach Aboubakar supervisant une séance d'entrainement au stade malien

Cliché MOUAFO (17 Juillet 2012)

Sur cette aire de jeu boueuse s'observe ballons, plots et coupelles servant à la préparation tactico-technique de l'équipe à la veille du match contre l'Union de Douala. Le CSY en dehors des immobiliers, s'est frotté quelque peu aux mobiliers.

III.3.2 Les mobiliers

En terme de mobiliers, le CSY sous l'ère Théophile ABEGA (1997-2009) a eu un bus de 70 places qui est tombé en panne jusqu'en 2012. En 2013, la grande innovation au Canon est la réparation de ce joyau afin de déployer les joueurs sur le terrain. De plus, ce club n'a pas de capital propre de fonctionnement car il gère les allocations de MTN soit 15 000 000 F CFA, de la LPFC soit 30 000 000 F CFA/club/an et des frais de transfèrement17(*) des joueurs. Signalons que la quote-part de la LPFC n'est pas souvent versée à temps. La somme que doit verser le Conseil d'administration n'est presque pas effective. Le manque à gagner s'élèverait dont à 1 500 000 FCFA x 33 (nombre de membre du CA) = 49 500 000 FCFA.

III.3.3 L'environnement de l'aire de jeu

L'environnement de l'aire de jeu du CSY est composé des infrastructures et des êtres humains.

III.3.3.1 L'environnement physique

Aux alentours du stade malien, on observe à deux mètres de l'aire de jeu venant du carrefour Anguissa au fond de la deuxième longueur de l'école privée laïc bilingue de l'espoir, l'église presbytérienne et l'école primaire de Nkolndongo. A gauche, ce sont les maisons d'habitation et la chefferie. A droite, c'est un dépôt de planche et un coin où les jeunes jouent au pari des cartes. Derrière les escaliers qui tiennent lieu de gradins, on observe une panoplie de vente à emporter, de caves et de salles de jeu vidéo. Le terrain proprement dit est accidenté, boueux en saison pluvieuse et contient des flaques d'eaux.

III.3.3.2 L'environnement humain

Dans le cadre du milieu humain, notons qu'en dehors des joueurs du Canon qui occupent le stade, plusieurs autres championnats s'y déroulent avec des équipes locales et externes. Ce qui attire les spectateurs qui viennent se divertir et/ou supporter leurs frères et amis. Nkolndongo est un quartier de Yaoundé où l'on retrouve la presque totalité des ressortissants des ethnies de Cameroun. Mais la majorité est du grand groupe ethnique Béti et surtout Ewondo soit 270 000 habitants en 2009.

III.4 LA PREPARATION DES MATCHES DE FOOTBALL AU SEIN DU CANON

Le CSY prépare ses rencontres à plusieurs niveaux tels qu'au niveau de conseil d'administration, de la direction technique et des supporters. Celle-ci se fait en fonction de l'enjeu du match et l'approche des rencontres.

III.4.1 Au niveau du Conseil d'Administration

Le conseil d'administration joue un rôle prépondérant dans la préparation des matchs. A travers sa présidente, cet organe met à la disposition du coach des moyens pour le déplacement (généralement la somme de 500 F CFA/ joueur pour le retour uniquement de ceux ayant une licence). Ceci se fait du Mardi au Vendredi si le match à lieu à l'extérieur et au Samedi s'il a lieu à domicile. Nous avons observé pendant ces entrainements l'absence d'eau à boire, et de la boîte pharmaceutique. En ce qui concerne la gestion du matériel, l'intendant du club veille à l'apport et au retour du matériel et équipement d'entrainement quotidien. En outre, les équipements de match sont remis aux joueurs un jour avant la tenue de la rencontre et récupérés à la fin du match.

Lors d'un match qui se joue au niveau local, la présidente du conseil d'administration ordonne le déblocage des fonds au chef du département financier dans le dessein de transporter les joueurs et la délégation (aller et retour). L'intendant se charge de trouver un mini bus dans une agence à cet effet. Au sein du CSY, c'est ce dernier qui joue le rôle du service d'accueil, du directeur sportif et de la cellule de communication. Aussi, une somme est prévue pour les primes de match car on distingue la prime de victoire (35 000 FCFA à l'extérieur et 25 000 FCFA à l'intérieur) et de match nul (15 000FCFA) mais, seule la prime de victoire est donnée aux joueurs et est de 25 000 FCFA en 2013, que se soit à l'intérieur ou à l'extérieur. Au cas échéant, cette somme est reversée dans les caisses du club. En dehors de ces primes, des dispositions sont prises pour la nutrition du staff convoqué à l'occasion. Il s'agit généralement du riz avec la sauce tomate et du poulet, de l'ananas comme dessert puisqu'il brule la graisse et de l'eau `'Tangui'' uniquement pour cette rencontre. Ces moyens sont élevés lorsque le match a lieu à l'extérieur parce que le mini bus loué y séjournera avec eux pendant deux jours.

III.4.2 Au niveau de la Sous-Direction Technique

La direction technique est une sous-direction de la direction générale et s'occupe en ce qui la concerne des acteurs qui font la fierté du public en général et du club en particulier.

III.4.2.1 Les entraineurs

Les entraineurs du CSY comprenaient en 2012 un entraineur principal (Aboubakar SOULEYMANOU) et un préparateur physique (Jean Michel KUITCHE). En 2013, il s'agit de Jean B. BISSECK comme entraineur principal, Bienvenu MBOYOM et Narcisse TCHINKEU, respectivement entraineur des gardiens et préparateur physique. Ceux-ci procèdent à une séance de préparation physique, tactique et technique ; puis une séance de préparation psychologique et mentale avec les joueurs. Ceci de façon collective et individuelle. Concrètement, ces préparations consistent au décrassage qui dure 45 minutes ; une séance d'échauffement de 25 minutes. De plus, une course de marathon (colline du Mt Fébé) de Mardi à Jeudi ; des microcycles de préparation avec un ou deux matches jeudi et Vendredi en fonction de l'enjeu de la rencontre. Nous avons assisté plusieurs fois aux disputes entre le préparateur physique et certains joueurs lors des entrainements en 2012. Nous avons retenu de cette dispute une sorte de bataille pour la sélection des matchs officiels et une arène pour gagner la confiance du coach.

Tableau 2: Le tableau récapitulatif des préparations collectives et individuelles.

 

Activités de type collectif

Activité de type individuel

Quelques jours avant (Mardi, Mercredi, Jeudi et Vendredi)

-distraction

-décrassage

-récupération

-physique

-technique

-tactique

-construction

-résistance

-distraction totale

-physique

-tactique

-vitesse

A la veille

-Match test entre coéquipiers,

-concentration et sommeil

-consigne technique

-prière

-motivation

-Eviter les abus de toute sorte (rapport sexuel, boisson alcoolique)

-sommeil

- prière

-technique (coups francs)

Quelques heures avant

-échauffement

-concentration

-motivation

-conseils pratiques

-gestion du stress

-concentration

-prière

Quelques minutes avant sur le stade

-Dialogue

-prière et détermination

-Donner le meilleur de soi

- prière

Source : Production de MOUAFO (28 septembre 2012)

III.4.2.2 Les joueurs du CSY

Les joueurs, acteurs principaux de tout club de football, font partie statutairement tout comme les entraineurs et le personnel médical, des membres sportifs du CSY. Ces joueurs sont au nombre de 33 dont 3 gardiens de buts, 10 défenseurs, 7 milieu de terrain et 13 attaquants qui participent régulièrement aux entrainements. Cependant, les feuilles de matches ne montrent que 18 joueurs. Ces derniers sont retenus à la veille des matches selon leur performance et suivant le choix tactique du coach. Cette photo ci-après présente les 11 entrants pour le match aller contre Union de Douala lors de la 9ème journée au stade omnisport de Yaoundé le 17 Mars 2012. A côté d'eux à l'extrême droite et légèrement courbé, on retrouve l'un de nos informateurs clés et à l'extrême gauche le coach Aboubakar SOULEYMANOU.

Planche 7: Le coach, les onze entrants et l'intendant du club au stade Omnisport

Cliché EFFA (11Mars 2012)

Les joueurs sont recrutés par le directeur technique qui a le rang d'entraineur et peut ne pas être l'entraineur principal. Leur préparation se fait de façon collective et individuelle. En dehors des préparations ci-dessus citées, ils se préparent spirituellement et religieusement en récitant les passages bibliques (voir chapitre V). Certains font un travail intellectuel en jouant aux jeux vidéo et au damier. Au stade habituel, il y a beaucoup plus de repos ; ils ont la maîtrise du stade, la confiance règne, le public est tout feu tout flamme, l'offensive est de mise mais au stade d'accueil, le stress et la pression prennent de la place, il n'y a pas de supporteurs, ils préparent la défensive en cas d'attaque physique et, le médecin du club est généralement mandaté pour les dégâts. Pendant l'intersaison, les gestionnaires font le bilan financier et matériel. Les encadreurs quant à eux postulent dans les clubs afin d'avoir un curriculum assez consistant en matière clubs coachés ; aussi, au cas où les objectifs ont été atteints, ces derniers demandent une augmentation de salaire. Du côté des joueurs, c'est la période de pointage car comme nous l'a affirmé un joueur de champ, « nous sommes sollicités par les championnats de vacances. La plupart du temps, c'est là qu'on trouve des nouveaux managers qui nous amènent dans certains clubs en début de saison. Pendant ce temps, nous avons beaucoup d'argent ». En outre, certains joueurs rendent visite à leur famille et d'autres font des formations connexes afin de développer leur capacité technique. En ce concerne les spectateurs et supporteurs, beaucoup d'entre eux attendent la nouvelle saison tout en vaquant aux occupations tels que stages, travaux champêtres etc.

III.4.2.3 Le médecin du club

Le médecin du club n'existe pas officiellement dans le CSY. Cependant il existe un substitut à la fois intendant et kinésithérapeute du club qui assure ces fonctions. La boîte pharmaceutique ne sort que lors des rencontres officielles et contient des glaçons, de la bétadine, des compresses, du coton et des gans. Les cas d'accidents les plus récurrents sont les crampes, de blessures (stades impraticables) et les claquages. Rares sont des cas de déboitements et d'entorses. Afin de lutter contre les pouvoirs de tout malfaiteur, celui-ci déclare ceci :

 Je suis toujours le premier à descendre du bus et j'asperge de l'eau bénite et du sel au sol avant que les autres ne descendent ; à l'entrée du stade, autour des vestiaires et certains joueurs la boivent même comme on me taxe de marabout du Canon et une fois à Bangangté contre Panthère, la présidente s'est opposé à mon entrée au stade 18(*)

Par le passé déclare un des nos informateurs par ailleurs ancien du club «  lorsque les joueurs étaient homogènes c'est-à-dire presque Béti, on les lavait régulièrement avec l'eau des os de chimpanzé». C'est peu être ce qui justifiait la force de ce club et qui, par le même fait, renforçait l'identité culturelle.

III.4.2.4 Les supporteurs du CSY

Les supporteurs font parties des membres du club et sont organisés en plusieurs catégories en fonction du coût des cartes de membre. Parmi les membres individuels du club, il existe les supporteurs de type `'Supporteurs: 2 000 F CFA `' ; `'Leader: 5 000 F CFA'' ; `'Sylver: 25 000 F CFA'' ; `'Gold: 50 000 F CFA'' et `'Supporteurs privilégiés: 100 000 F CFA''. Les membres collectifs ou groupaux tel qu'Ohili club, sont des supporteurs respectant une ou plusieurs classifications des cartes ci-dessus. Les supporteurs disent que leur intérêt dans le supportérisme est la passion du football, le souci de voir l'équipe et les fils de la localité évoluer, de devenir footballeur. Les supporteurs ont pour modes de préparation les épopées et danses à l'aide d'instruments tels que : tam-tam, maracas, drapeau de l'équipe, cloche à double sonnerie, le vuvuzelat  qui est un instrument originaire d'Afrique du sud et emprunté après la coupe du monde 2010. Ceci témoigne du phénomène d'emprunt et de dynamisme culturel. Aussi, des vêtements et casquettes, appareil mécanique pour sonnerie (sirène), tambours, hymne, cri de joie, mains, sifflets, etc. sont autant d'outils qui identifient les supporteurs du CSY.

Les spectateurs ayant un penchant pour le CSY, font partie des supporteurs mais sont libres et sans obligations quelconque. Pour eux, l'intérêt se situe au niveau de la satisfaction morale par le biais de la distraction.

Nous remarquons au terme de cette partie que plusieurs éléments naturels et culturels font partie de la pratique de football au sein du CSY. Ces éléments sont inhérents à l'homme parce que vivant dans une culture donnée qui est appelée à survivre et lui-même, maître de son environnement. Ces données ethnographiques feront l'objet d'une analyse de contenu dans le chapitre suivant et dégagera les méandres de la gestion du football influencée par la culture des personnalités en action.

CHAPITRE IV :

PRATIQUES MAGICO-RELIGIEUSES, ANIMATION DE MATCH, GUERRE DE LEADERSHIP ET FOOTBALL AU SEIN DU CSY

Le précédent chapitre a consisté à présenter le CSY à la fois comme une équipe attachée à un milieu culturel et moderne. Le présent chapitre a pour but de montrer l'influence de la culture sur la pratique du football au sein du CSY. La culture étant la science de vivre, elle constitue un registre de codes, de signes et d'insignes, qui ne peuvent être compris que dans leur sens endosémique et dans un contexte bien précis. Des facteurs culturels divers influencent la pratique du football ainsi que la gestion du club. Ces facteurs peuvent être liés aux pratiques magico-religieuses et même managériales.

IV.1 LES FACTEURS MAGICO-RELIGIEUX

La figure du hasard plane ainsi sur les rencontres de football, rappelant, avec brutalité, que le mérite ne suffit pas toujours, sur le terrain comme dans la vie, pour devancer les autres. De ces impondérables, joueurs et supporters tentent de se prémunir par une profusion de micro-rituels. Plusieurs acteurs au sein du CSY recourent à un certain nombre de pratiques pour garder haute la flamme du club et leur propre image avec. Ces pratiques s'opèrent à la fois au niveau individuel et collectif.

IV.1.1 Les pratiques magico-religieuses individuelles

Les pratiques magico-religieuses individuelles au sein du Kpa-Kum se font par toutes les entités qui composent le CSY. Que ce soit par le dirigeant, le joueur ou même le supporteur, tous font recours à des pratiques toujours pas connu du commun des mortels pour des raisons diverses.

IV.1.1.1 Le staff du CSY

Le staff des Mekok-Me-Ngonda mènent un certain nombre d'activités religieuses pour se stabiliser et garder la renommée du club pour lequel ils travaillent. Lors d'un entretien avec l'un de nos informateurs (16 Juillet 2013 à 9 heures à Mvog-Mbi), il déclara que : 

Le CSY va mal depuis 8 ans. Personnellement,  je prends de l'eau bénite et du sel à l'Eglise catholique à Mvog-Mbi pour asperger à l'entrée du stade et aux vestiaires. Je le fais pour détruire ce que les autres ont fait. Aussi, descends du bus en première position, j'asperge de l'eau avant que tous les joueurs ne descendent.

A cette époque, il nous dit qu'il était porteur du sac de CSY. Cet exemple nous décrit la réalité du fait religieux dans les clubs de football au Cameroun. L'objectif de ce dernier est de pouvoir chasser tout esprit ou entité pouvant apporter une issue malveillante au CSY. C'est dans la fermeté qu'ont les chrétiens catholiques de croire que l'eau bénite purifie les lieux et apporte la chance que ce membre du staff technique des Mekok-Me-Ngonda agit. Pour lui cette pratique n'est pas nouvelle et ne reste pas la particularité du CSY :

J'ai vu de nombreuses personnes lors des rencontres en championnat et surtout en coupe du Cameroun mais aussi dans les matchs internationaux verser de l'eau bénite soit à leur entrée sur le stade ou sur l'aire de jeu. Il peut arriver que nous demandons une messe pour implorer la bénédiction et la protection du canon et je sais que ce n'est pas seulement nous qui le faisons. Il en est de même pour l'équipe fanion des Lions Indomptables du Cameroun quand la FECAFOOT et le MINSPORT demandent des messes pour accompagner le Cameroun dans les compétitions internationales. Souvenez-vous de la messe dite à la Basilique mineure de Mvolyé en 2010 quelques jours avant le départ du staff en Afrique du Sud pour la Coupe du monde. Il en est de même pour les messes noires dites par les Mbock-mbock de la Haute Sanaga pour la même cause et dont la facture n'avait pas été payée et l'affaire fut portée sur la place publique.

Les dirigeants du CSY font recours à tout ce qu'ils estiment être prolifiques pour leur équipe. « Rien n'est à exclure quand il s'agit de la victoire, peu importe, seule la finalité compte.» ce même informateur. Nous remarquons que notre informateur fait recours à d'autres équipes pour justifier le recours à des pratiques magico-religieuses par le staff du CSY. L'objectif visé par ces pratiques est de deux ordres : protection et bénédiction. Il faut se protéger contre l'adversaire et se combler de bénédiction lors du match. Cette protection et ce désire d'avoir les chances inspire également les joueurs dans leur quête au succès et à la gloire.

IV.1.1.2 Les joueurs

En tant qu'acteurs principaux d'un club de football, les joueurs du CSY de façon individuelle font recours au fait religieux. Nous avons observé le comportement des joueurs entre eux quelques jours avant les matches et nous avons réalisé que les uns ont l'intention de nuire physiquement les autres par les conflits de mains et de pratiques mystiques. Un autre informateur signale que son co-équipier dont il préfère taire le nom lui avait dit une fois ceci : « je ne suis pas simple mais je le fais pour ma protection juste dont n'est pas peur [...] » car affirme-t-il « il a une chaine aux deux pieds qu'il couvre avec les chaussettes. « Quant à moi, je suis chrétien catholique. Je fais mes prières en lisant la Bible par exemple Luc 1 Verset 29-31 et verset 69-78, Psaumes 90 et 91 du nouveau testament et en buvant l'eau bénite ». « J'obtiens satisfaction quand je prie en lisant Luc». Selon ce même informateur, il existe un homme porte-malheur dans le club car quant il vient au stade, l'équipe perd toujours. Les Jeudis et Vendredis, nous avons observé un climat conflictuel entre les joueurs occupant un même poste spécifiquement ceux jouant soit en attaque soit en défense voire au goal. Ces conflits sont dus à la sélection des onze entrants de la rencontre du week-end, puisqu'il faut prouver son efficacité au sélectionneur. En ce qui concerne les gestes et cris des joueurs, nous en avons observé plusieurs aux vestiaires, lors de l'entrée au stade, au stade et lors d'une action de but concrétisée. Ces mêmes gestes se font parfois lors des entrainements au stade Adolph MBIDA.

Lors des rencontres officielles, les joueurs une fois descendus du bus se rendent aux vestiaires où ils s'habillent en équipement de match ; une prière générale est dite par joueur et les dernières consignes sont données par le coach. Peu après, une entrevue a lieu entre les officiels d'équipes (présidents et coaches des deux clubs) et les officiels de match (trio arbitral). Auparavant, le maillot de chaque jour lui a été remis à la veille du match : se fut une suggestion d'un encadreur du club qui pensait que chaque joueur doit bénir son maillot à sa guise. A l'entrée du stade, après avoir aspergé de l'eau bénite au banc de touche, les joueurs entrent dans l'air de jeu et font regroupement les deux bras de l'un sur les épaules des autres, la tête baissée et prononcent ceci : « Canon ! Bombarbe ! (3 fois) A nous la victoire ! Être ! Vaincre ! Convaincre ! ». Ainsi ces joueurs vont occuper leurs postes respectifs et là, chacun fait sa prière personnelle.

Certains joueurs font le signe de croix à l'entrée du stade, au stade ainsi qu'à la sortie du stade. Lors d'un but marqué, certains buteurs vont pointer le doigt sur le co-équipier, sur le coach au banc de touche ou à la tribune ou encore les deux doigts (index) au ciel, d'autres font le signe de croix ou poussent un cri fort « wouooooo !», « goooooaaaaallll » ; d'autres enlèvent le maillot et pointent du doigt le numéro du dossard. Egalement, un joueur a refusé de jouer avec le dossard 23 parce qu'il en a l'habitude jouer avec le n°7, utilisant pour prétexte que le dossard 23 ne lui porterait pas de chance comme c'est le cas avec le dossard 7. Il semblerait qu'il aurait établi un pacte en s'appuyant sur le numéro de son maillot.

L'envie de réussir sa carrière et le désir de la gloire amènent des joueurs à recourir à des pratiques magiques. Si pour les uns c'est pour se protéger, pour d'autres c'est sans doute pour nuire ou déstabiliser ses coéquipiers rivaux du même poste. Cet état des choses ne favorise pas toujours le climat de sérénité et l'esprit d'équipe tant visé par le staff au sein du CSY. Bien plus, tout le monde se méfie de tout le monde. Pour certains informateurs, la situation actuelle du club est peut être la conséquence de tous les conflits magico-religieuses qui en fin de compte n'attire pas toujours la gloire.

Dans la plupart des clubs ou des équipes de football, l'on parle de pratiques magico-religieuses. Au sein de l'Aigle Royal de la Menoua, il existe un certain joueur qui selon ses co-équipiers, ne lave jamais sa godas parce qu'elle a été « configurée par un tradipraticien à Bali dans le Nord-ouest ». Le CSY quant à lui regorge des joueurs qui portent des chaînes au pieds et chapelet au cou pour se protéger des coéquipiers et de l'adversaire. Dans l'équipe nationale du Cameroun, plusieurs cas de sorcelleries ont été décriés dans la tanière des Lions Indomptables lors de la CAN 2010 et lors de leur élimination le 4 Juin 2011 pour le compte de la CAN 2012. Au sein du CSY, chaque joueur à son maître spirituel qui peut être un membre de sa famille ou non. C'est alors qu'un joueur de champ du CSY déclare : « je vais passer la nuit, deux jours avant une rencontre par semaine chez ma grand-mère pour qu'elle me masse les pieds et me oigne avec une poudre rouge». Nous nous sommes rapproché du joueur en question et il nous a montré ces chaînes sur ses deux pieds, qui dit-il lui ont été offertes par un sorcier de son village afin d'éviter toutes tentatives. Ces chaînes dit-il, « je les cache avec les chaussettes pour que les officiels ne voient pas». Dans le CSY il y a quelques années, les joueurs se faisaient laver avec une décoction issue des os du chimpanzé et de l'eau de source pour solidifier le tibia de ces derniers. Cette pratique se faisait quant le club était presque homogène c'est-à-dire en majorité béti.

Les acteurs sont depuis longtemps gagnés par une sorte de contagion de la pratique magico religieuse. Ils pratiquent les gris-gris de toute sorte, ont leurs chaussures-fétiches et embrassent la pelouse après un but. Ceci n'est pas l'apanage des joueurs camerounais ou africains car Bernard LACOMBE, ancien international français poussait le fétichisme très loin. Une révélation de Dieudonné DIBOUE (2013), un ancien footballeur, affirme en des termes ci -dessous :

« Pendant le match, le match, lorsque j'avais le ballon, les joueurs de l'équipe adverse qui venaient me barrer, voyaient le serpent. En lieu et place du ballon. Ça dépend des totems, lorsque ton totem est le tigre, les joueurs adverses voient le tigre devant eux. C'est cela le football. Tu ne peux rien sans cela. Regardez mes photos que je vous ai données. J'ai toujours une chaîne autour du cou. C'était mon totem. Certains footballeurs louent les cadavres à la morgue pour faire des pratiques à la veille des matches. D'autres trempent leurs maillots dans les urines traitées par des sorciers pour jouer au football. »

La veille du match, ses chaussures trônaient au bout de son lit. Arrivé au stade, il suivait scrupuleusement un rituel compliqué, touchait plusieurs objets qu'il emportait invariablement, massait ses chaussures avant de les enfiler, et achevait ce rituel par une sorte de signe du pied au moment d'engager. Des anecdotes innombrables pourraient être citées, notamment pour le choix des chaussures. Les gardiens semblent particulièrement concernés par ces pratiques, comme s'ils pouvaient, plus que d'autres, interdire l'accès du but au ballon par une quelconque manipulation. Pour un des nos informateurs clés, les relations entre les gardiens de but du CSY ne sont pas toujours bonnes faute de gris-gris.

IV.1.1.3 Le supporteur

Le supporteur quant à lui peut recourir à une prière spéciale consacrée au nom du club dont il est fan. C'est le cas d'un informateur par ailleurs supporteur du club19(*) qui nous affirme ceci : « je récite les litanies de Saint Michel Archange pour éloigner toutes menaces obscures lors du déroulement d'un match officiel du CSY ». Il nous été reporté que par notre informateur que cette carapace de tortue a été achetée à Douala en 1980 par sa grand-mère. Il déclare qu'après l'avoir consommée, elle a fait des incantations autour de la carapace que je ne maitrise plus et elle m'a dit : hagi ecock'le di, obo dzo ntoum edzoe ecock'le dzo a nda dzoe, « arrache carapace ci, fais en bâton commandement, accroche ça a maison toi » autrement dit, arraches cette carapace, fais en ton bâton de commandement et accroches-la chez toi. Ensuite, elle dit :

 Nnon, canon a ne ahop « Va, canon toujours en haut! » C'est-à-dire Que ton équipe soit toujours victorieuse!

Des individus font recours chacun à sa manière en fonction de ses intérêts quand le CSY est victorieux. C'est ce qui expliquerait le recours à des pratiques magico-religieuses même au niveau des supporteurs. Très souvent, ces pratiques s'avèrent même être collectives.

IV.1.2 Les pratiques magico-religieuses collectives

Le fait magico-religieux dans le CSY est mis en exergue par une certaine catégorie de membres. Le staff par la présence de la quasi-totalité des membres du CSY, faisaient l'aumônerie par une messe qui était dite par un prêtre de la Paroisse Saint Kisito de Mvog-Mbi. Pour un de nos informateurs clés (16 Juillet 2013), ce prêtre utilisait de l'eau et du sel bénit en prononçant régulièrement le mot « victoire ». Et nous lui donnions le « carburant » à cet effet. Pendant cette prière obligatoire, les joueurs s'asseyaient devant avec les autres membres. Les passages de psaumes et de jean étaient régulièrement lus pour protéger les joueurs de tous maux tels que fractures, entorses, déboitement etc.

Les phénomènes magico-religieux pour ceux qui y croient concourent à protéger le joueur, le coach, l'arbitre et l'équipe toute entière des attaques internes (co-équipiers, supporteurs) et externes (adversaires). A cet effet, ils citent les magiciens, les lieux sacrés et les hommes d'Eglises. Ceux qui portent une réserve à ce phénomène pensent que lorsqu'il contribue au bonheur, il est propitiatoire et quand il contribue au malheur, il est nocif. Quant à ceux qui nient, c'est un porte-malheur qu'il convient de nommer marabout ou sorcier.

Quant aux joueurs, en dehors des préparations ci-dessus citées, ils se préparent spirituellement et religieusement. Certains font un travail intellectuel en jouant aux jeux vidéo et au damier. Les supporteurs assistent aux entrainements des joueurs en les encourageants et en ramassant les ballons perdus. En ce qui concerne les spectateurs, ils sont mi figue mi raisin ou ne supportent que le beau football.

Les arbitres parfois assistent aux préparations des équipes et constatent que ceux-ci font des stages bloqués et des rites sur le stade lors des entrainements. Cela se manifeste lors des matches par le non sifflement des fautes qui n'a rien à voir avec la partialité de ce dernier. Dans la surface de réparation déclare le 27 Septembre 2012 un des arbitres interviewés : « lorsqu'il y a penalty, je siffle mais le sifflet ne retentit pas. Cependant, au camp adverse ça retentit ; et on m'accuse d'avoir fait la combine pourtant je n'en sais rien ». Parfois affirme t-il « parfois, je ne vois pas la faute commise, ce sont les spectateurs qui criaillent en prononçant mon nom que je me rends compte après le match qu'il y avait faute ». Parlant du coach, le choix des onze entrants se fait généralement à la veille du match. A cet effet, les joueurs se bousculent pour être sélectionnés or certains sont en réel baisse de performance et sont sélectionnés par le coach malgré leur improductivité. Cet après le match que le coach se rend compte qu'il était dompté.

Les éléments utilisés tels que du sel, de l'huile rouge de palmiste, du jujube, la noix de kola, le coq, le poussin, l'acajou etc. sont à l'oeuvre dans certains clubs et leur sont bénéfiques. Lors d'un entretien informel avec un tradipraticien de l'Ouest-Cameroun vivant à Yaoundé le 22 Avril 2012, il nous a affirmé qu'il préparait les joueurs du sport collectif car disait-il, « les sports comme le football, le handball, le basketball, le volleyball...sont plus dangereux parce que c'est où jalousie et coups bas règnent ». Celui-ci nous a avoué qu'il utilisait le roi des herbes, du sel, la sève du baobab comme encens et certaines potions pour laver les joueurs voire toute autre personne très tôt le matin sous une chute et donc le bruit des eaux constituant l'adversaire n'auraient aucun effet sur eux. Sur le corps des joueurs, on retrouve et observe des potions magiques blindées, déposées entre les cheveux et posées sous forme de bague, de boucle, de bande et dans les chaussures et chaussettes. Outre la baisse des performances, le stress du public et du stade et l'enjeu du match, les manifestations des phénomènes magico-religieux sont visibles sur les performances des joueurs au le stade via le choix des 11 entrants par le coach voire les remplacements. Cela est visible selon ces informateurs quand le joueur fait régulièrement la passe à son adversaire, ne salue plus ses co-équipiers, shoote le ballon toujours hors des filets et perd le contrôle dudit ballon à tout moment.

Dans la plupart des clubs, il existe officiellement des spécialistes de santé conventionnelle mais officieusement, on en trouve aussi des spécialistes en ethnomédecine et des oracles. A ce niveau, chaque joueur à son maître spirituel qui peut être un membre de sa famille. C'est alors qu'un joueur de champ du CSY, interviewé le 16 Avril 2012 déclara : « je vais passer la nuit deux jours avant une rencontre par semaine chez ma grand-mère pour qu'elle me masse les pieds et me oigne avec une poudre rouge». Les rites pour joueurs ont trait au massage et blindage du pied et aussi à la scarification pour éviter la fracturation du pied. Certains joueurs se font laver avec de l'eau du chimpanzé pour que leurs os soient solides afin de sortir vainqueur lors d'un choc de tibia avec l'adversaire.

Les aliments gras comme haricot, eru, couscous..., du piment sont des interdits naturels pour 4 des 6 joueurs enquêtés parce qu'ils ne facilitent pas la digestion. Culturellement parlant, certains joueurs ont déclaré ne pas consommer des viandes en l'occurrence la tortue, la tête du coq car c'est avec cet animal et cette partie d'animal que des rites ont été faits chez eux. Quant aux gestes, certains ne font par le signe de croix avant de manger en groupe parce qu'appartenant à la religion musulmane vice-versa. C'est la raison pour laquelle chaque joueur a un interdit alimentaire médicale et magico-religieux qui le conduisent si respectés vers la hausse des performances. Pour les uns, il s'agit de toute sauce gluante et pour les autres, c'est du haricot et l'excès d'huile dans les repas familiaux. Ils le font de façon générale pour éviter de « peser » lors des entrainements et de ne pas être sélectionnés lors des derbies. Ainsi, un joueur de champ déclare qu' « avec ses sauces gluantes et des aliments gras, nous perdons notre vivacité et notre performance face à l'adversaire ». Pour un joueur de champ, il lui est proscrit de consommer la tortue puisqu'il est animal rituel dans son ethnie. L'anthropologie a souvent fait un lien avec l'origine de la maladie stipulant qu'elle est une rupture entre un lien naturel, culturel et divin. C'est dire que pour être en phase avec ce triptyque, il faudrait obéir aux lois de la nature, de la société et de Dieu.

Dans le CSY, le club des supporteurs s'appelle Oyili club de Nkolndongo. Pour y accéder, il faut être fidèle au club, avoir l'esprit du fair-play, être discipliné, acheter sa carte de membre, coudre sa tenue vestimentaire aux couleurs du club et être présent lors des matches. Force a été de constater que dans ce groupe, une dislocation a vu le jour et les membres se sont dispersés. Cette dispersion ne se limite pas seulement au niveau des supporteurs, elle s'étend jusqu'à l'instance dirigeante du club. Pour un des membres dudit club interrogé le 4 Septembre 2012, « tant que les dirigeants de l'association ne nous prendront pas en compte nos doléances et ne nous motiverons pas, nous ne viendront plus au stade supporter le canon ».

IV.2 L'ANIMATION DES MATCHS AU SEIN DU CSY

L'animation d'un match de football au sein du CSY met en scène des instruments, des paroles et des mouvements utilisés par les supporteurs pour accompagner leur équipe vers la victoire.

IV.2.1 Les instruments

Les instruments sont de plusieurs ordres. Nous dénombrons entre autres les instruments musicaux, des tenues de scène ou de parades.

IV.2.1.1 Les instruments musicaux

Les instruments musicaux qu'utilisent les fanatiques du CSY sont le produit de l'art musical ewondo. C'est ainsi que nous pouvons dénombrer balafons et tam-tams. Ces instruments domiciliés chez l'intendant du club, ne sortent que lorsque le CSY doit livrer un match le plus souvent à domicile. Ils apportent du rythme aux paroles prononcées lors des chants accompagnant le jeu sur le stade. Sur ces planches du haut vers le bas, on retrouve nyas sur le premier cliché, nnom nkul (balafon mâle), ngal nkul (balafon femelle) et mwan nkul (balafon fils) sur le deuxième cliché, nkàn (castagnettes) sur le troisième cliché et mbè (tam-tam) sur le dernier cliché.

Planche 8: Nyas : un des instruments musicaux du club à Mvog-Mbi

Cliché MOUAFO (20 Septembre 2012)

Planche 9: Nnom nkul en bas, ngal nkul au milieu et mwan nkul au dessus à Mvog-Mbi

Cliché MOUAFO (20 Septembre 2012)

Planche 10: Nkàn ou sonnerie a double cloche à Mvog-Mbi

Cliché MOUAFO (20 Septembre 2012)

Planche 11: Mbè ou le tam-tam à Mvog-Mbi

Cliché MOUAFO (20 Septembre 2012)

Ces instruments sont similaires à l'équaliseur d'un appareil de musique dont on peut particulariser ainsi qu'il suit : mbè et nnom nkul produisent le son boomer et d'une batterie musicale; ngal nkul et nkàn produisent le son hoomer ; mwan nkul produit le son d'une guitare rythmique ou trebble et nyas quant à lui, fait ressortir le son fin du tweeter. Généralement, c'est la guitare solo qui entonne un chant avant les autres instruments ne prennent le relais. Cela est identique avec le ngal nkul et le nkàn dans le kpa-kum. En plus de ces instruments, Oyili club tout comme le club Kassav de l'Aigle Royal de la Menoua, dispose d'une sirène mécanique avec laquelle il annonce son entrée et l'entrée des joueurs au stade. Cet objet sert aussi et surtout de célébration lors d'un but marqué par le CSY.

IV.2.1.1 Les tenues de scène

La tenue de scène des supporteurs du CSY est constituée de vêtements, survêtements, casquettes et chapeaux. Cette tenue est cousue aux couleurs des Mekok-Me-Ngonda et est arborée lors des rencontres à l'intérieur ou à l'extérieur. Selon le règlement intérieur du club, ne peut être supporteurs que celui ou celle qui remplit ses devoirs vis-à-vis du club. Par conséquent, ne pourra faire partie du convoi des supporteurs lors d'un match.

Sur les planches ci-après, nous observons à gauche de notre page un supporteur tournant le manche de la sirène pour célébrer le premier but du CSY face à Aigle Royale de la Menoua à la 37ème minute. Cette s'était achevé sur un score de parité 2 buts partout. A droite, nous voyons le président de Oyili club en tenue rouge marquée du logo du CSY, insistant que le chercheur note ce qu'il lui dit. Auprès de ce dernier le chercheur et d'autres membres du club.

Planche 12: Les tenues de scène d'Oyili club de Nkolndongo au stade annexe Omnisport

Cliché MOUAFO (7 Octobre 2012)

Planche 13: le président du club Oyili de Nkolndongo en tenue rouge, d'autres membres et le chercheur au stade annexe Omnisport

Cliché ACHE (7 Octobre 2012)

La tenue de scène pour les manifestations footballistiques est le fruit de l'organisation des supporteurs qui mettent en exergue des paroles afin de jouer pleinement leur rôle de 12ème joueur.

IV.2.2 Les paroles

Les paroles prononcées sous forme de chants par les supporteurs du Kpa-Kum, sont principalement les chants de concurrence entre les clubs de division d'élite. Ces chants sont exécutés en langue ewondo et surtout lors d'une victoire ou d'un match nul dont le résultat ne change pratiquement rien sur la position du club. Il ne se chante jamais lors d'une défaite. Nous avons comme exemple de chanson ceci :

Version ewondo Traduction littérale

O liga na wa ke lagba ai « Union » Tu laisses que tu pars mesurer a « Union »

Wa na osu lagba Canon nga me lagba Toi que viens mesurer Canon quelle me mesure

Refrain Refrain

Lag lag lag nga me lagba Audace audace audace quelle audace

O soa ya e e e nga me lagba Viens ici eih eih eih quelle audace

Traduction littéraire

Au lieu d'aller rivaliser avec « Union »

Tu oses venir rivaliser avec Canon !

Refrain

Quelle audace ! Quelle audace ! Quelle audace !

Viens ici ! Quelle audace !

Ces chants une fois entonnés, les danseurs à travers des mouvements rythmés par le son des instruments musicaux, attirent l'attention des spectateurs qui en applaudissant, ventilent les joueurs sur le stade. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils se nomment « fan club » car ils ventilent à la fois les joueurs et les spectateurs.

IV.2.3 Les mouvements

Les clubs sportifs se comportent de fait comme des nations en miniatures, avec ses lois (règles de jeu et règlement intérieur), des emblèmes et bannières en lieu de drapeaux, une citoyenneté (ses membres) et même un gouvernement (comités exécutifs ou autres). L'anthropologie a identifié trois niveaux de défense territoriale : clanique, familial et individuel. Or une équipe sportive est un clan à part entière, dont les membres (joueurs et supporteurs) arborent fièrement les couleurs : maillots, logos, écharpes, autocollants, chansons, etc. L'être humain, par nature, a besoin d'appartenir à un groupe, mais la taille croissante des nations qui se comptent pour les grands pays en dizaines de millions d'individus n'est plus à échelle humaine. Pour beaucoup aujourd'hui, clubs, associations, entreprises ou sectes viennent combler ce rôle, morcelant la société par affinités communes. Le CSY venant du clan Mvog-Mbi qui a reçu un stade de la famille Adolph Mbida dispose d'un club de supporteur mixte, constitué d'hommes, de femmes et de jeunes. Ces individus à travers mouvements et parades, apportent du soutien aux acteurs principaux que sont les joueurs sur le stade. La planche ci-dessous présente les supporters en mouvement lors du match Canon-Union qui chantent, dansent et jouent aux balafons avec derrière eux, des spectateurs.

Planche 14: Les danseurs de Oyili club en mouvement stade Omnisport de Yaoundé

Cliché EFFA (11 Mars 2012)

Sur cette image, nous remarquons que la tenue de la gente féminine est rouge pour ce qui est de la jupe et verte en ce qui concerne le tricot. Pour le gente masculine, il s'agit du pantalon de couleur rouge, la culotte et le tricot de couleur mixte rouge-verte ou tout simplement un tricot vert pour ceux qui arborent des pantalons de couleur rouge. Nous remarquons également que le chapeau est multiforme ainsi que le drapeau et sont aussi peints aux couleurs du club. Cela exprime la volonté et l'engagement des supporteurs.

IV.2.4 Les acteurs

Les acteurs de l'animation autrement appelés les membres sportifs du CSY, sont majoritairement membres du club Oyili et apportent l'aspect culturel comme éléments de vulgarisation de la culture ewondo. Néanmoins, il existe des acteurs individuels qui peuvent lors des manifestations, se joindre au club pour supporteur leur équipe. Ceux-là disposant aussi des équipements aux couleurs réglementaires, sont admis sans ambages. Cependant, ils ne peuvent pas assister aux assises du club Oyili parce que n'étant pas membre. Avant la fin de la saison sportive 2011-2012, ce club ne venait plus au stade avec tous ses gadgets à cause de l'émergence d'un certain nombre de conflits. Outres ces membres sportifs, il existe d'autres membres qui ne sont pas concernés par l'animation (joueurs, encadreurs) ou mieux, font l'objet de l'animation dont la finalité est de trouver de l'énergie provenant du fan club pour prester sur le stade d'où la notion de douzième joueur. Ces acteurs sont importants pour le bon fonctionnement du club et ce dans la mesure où lorsqu'un maillon se détache, c'est tout le système qui en souffre et est appelé à disparaître.

IV.3 LES CONFLITS AU SEIN DU CSY

Comme tout phénomène social, la pratique du football génère parfois des conflits. De nombreux stades dans le monde ont servi de cadre de violences ayant parfois eu raison sur de nombreuses vies humaines. Au sein du CSY, il ne règne pas seulement l'harmonie due à l'aspiration globale qui est la gloire de l'équipe. De temps à autres, naissent des conflits spontanés entre dirigeants, supporteurs et joueurs. Ces écarts peuvent être causés par une divergence de points de vue sur une question qui engage l'avenir du club ou peuvent tenir à un quelconque détail. Ces conflits peuvent mettre en désaccord les individus de la même catégorie ou de différentes catégories.

IV. 3.1 Les conflits horizontaux

Nous entendons par conflits horizontaux, les conflits dans la même catégorie d'acteurs. Il peut s'agir des conflits entre supporteurs, joueurs et dirigeants.

IV.3.1.1 Les conflits entre supporteurs

Les supporteurs apparaissent parfois dans une équipe de football moderne comme le maillon faible de la chaîne. Classifié comme douzième joueur, l'ensemble des supporteurs constitue la force vive des équipes populaires comme le CSY. Des conflits sont récurrents au sein de la vie des Mekok-Me-Ngonda dans la mesure où les aspirations des uns et des autres ne sont pas toujours prises en compte dans le fonctionnement de l'équipe. Suite aux ramifications et à des lobbyings entre les supporteurs, ceux-ci se déchirent de temps en temps suivant les parties en présence. Des bagarres et injures caractérisent très souvent les débordements entre les supporteurs. C'est le cas de l'art. 8 al. 1 et 2 du règlement intérieur du CSY. Cet article stipule que les «  supporters Privilèges » participent directement et à titre individuel à toutes les assemblées y compris l'Assemblée générale élective. Cela constitue un processus d'exclusion pour d'autres membres supporteurs car payant la même somme de 100 000 FCFA, le comité de soutien devrait également y participer. Les membres « supporters Gold » quant à eux payant 50 000 FCFA l'an, réclament aussi leur participation aux assemblées afin de donner leur point de vue pour la bonne marche de l'association. C'est ainsi qu'un « supporter Gold » ayant refusé de nos donner son nom affirme que « nous sommes exclus parce que nous disons la vérité et par ce nous voulons savoir comment notre argent est géré ». Ces conflits touchent aussi bien les supporteurs que les joueurs.

IV.3.1.2 Les conflits entre joueurs

Entre les joueurs, les conflits naissent généralement entre ceux qui partagent le même poste. Il est difficile parfois pour certains d'accepter de rester sur le banc de touche pendant que leurs coéquipiers jouent. Des conflits de leaderships ne sont pas aussi des moindres. La notion de cadre dans l'équipe entretien très souvent les conflits latents entre joueurs car en fonction des ramifications avec tel ou tel cadre conduisent à des rivalités entre les joueurs. C'est ainsi que certains joueurs dits joueurs-cadres minoritaires, ne sera pas traiter comme d'autres joueurs dits ordinaires majoritaires. Les premiers ont des facilités comme celles de causer directement avec la présidente du conseil d'administration et parfois recommander le recrutement de certains joueurs. Les seconds quant à eux ne jouent que leur rôle principal.

Il faut cependant noter que les conflits sont aussi causés par le spectre de la pratique magico-religieuse. Certains joueurs craignent d'autres pour leurs aventures mystiques. Il s'agit notamment de ceux qui sont réputés dans la méforme et des maladies à l'aube des grands matchs. Dès lors qu'un climat de méfiance mutuelle s'installe et s'ouvre très souvent à des conflits circonstanciels car comme l'a affirmé un joueur de champ, « la sorcellerie existe. Je ne peux pas comprendre le fait qu'au soir de la veille du match je suis bien portant mais quelques heures avant la rencontre moi gardien titulaire je suis gravement malade ». Les joueurs sont la pièce maitresse de tout club. Dès lors que la hiérarchie est en discorde, ceux-ci se sentent directement touchés.

IV.3.1.3 Les conflits entre dirigeants

Le CSY connaît depuis près de 4 ans plusieurs différends. On note celui du licenciement du directeur général Louis ONDOUA en 2012 et la démission du nouveau directeur général Jean ESSOMBA en 2013. Pour le cas de démission, il s'agissait d'un problème financier entre la présidente du conseil d'administration et ce directeur parce qu'il ne voulait pas s'acquitter de ses devoirs tel que prévoit le règlement intérieur. Mais selon d'autre source, il était en tant que nommé à son poste de directeur général et devrait plutôt percevoir un salaire mensuellement. Pour renchérir, il était très large affirme un informateur puisqu'il, « partageait de l'argent aux joueurs et fayotait l'administration. Cela réduisait le pouvoir et l'autorité du conseil ». Un autre conflit entre membres dirigeants est celui lié au choix du coach en 2012. A un certain moment au CSY, il y avait deux entraineurs dont Aboubakar SOULEYMANOU, nommé par la présidente du Conseil d'Administration et Louis Paul MFEDE, envoyé par le conseil des sages. Le tableau ci-après par nous conçu, présente les motivations des uns et des autres membres.

Tableau 3 : Le tableau comparatif du choix de l'entraineur du CSY en 2012

Coaches

Aboubakar SOULEYMANOU

Louis Paul MFEDE

Raison du choix

Haoussa

Diplômé en sport

Universitaire

A coaché plus de 30 clubs

Béti

Technicien du terrain

Ancien joueur du CSY

A coaché moins de clubs

Présence

Officielle avec contrat

Officieuse sans contrat

Côte de popularité

PCA et DG

Conseil des sages

Source : Production de MOUAFO (23 Septembre 2013)

Les critères du choix de ces coaches montrent que le premier est accepté par un groupe de personnes. Cependant, le second accepté par l'autre groupe de personnes et selon les raisons du choix est un ancien joueur maitrisant le terrain.

Lors de nos enquêtes sur le terrain, nous avons souvent entendu dire que les membres du conseil des sages abusent de leur autorité par le fait qu'ils s'opposent au transfèrement des certains joueurs. Le directeur général quant à lui a souvent monté le conseil des sages contre la présidente du conseil d'administration au sujet de la gestion des allocations de la LPFC et de MTN. Outres les litiges horizontaux, il existe des litiges verticaux c'est-à-dire les conflits hiérarchiques et de catégories diverses.

IV.3.2 Les conflits verticaux

Les conflits verticaux sont ceux qui vont directement des supporteurs aux joueurs en passant par les dirigeants.

IV.3.1.1 Les conflits entre supporteurs et joueurs

La passion du football est incitatrice. Autant les supporteurs et les joueurs s'y intéressent puisqu'ils sont tous des metteurs en scène. Pour les joueurs, les supporteurs doivent actualiser les actions réussies et les victoires en ovationnant, mais potentialiser les actions ratées ainsi que les défaites. Par contre, pour les supporteurs, les joueurs sont comme la garantie ou le cheval de bataille au PMU où le turfiste investi un capital marchand afin d'en tirer des bénéfices. Pour cela, lors de la défaite, ils sont hués et taxés de tous les maux. C'est ainsi que dans ses propos, un supporteur20(*) déclare : « je pari régulièrement pour le score du match et le joueur qui va marquer l'un des buts ». Il ajoute « quand je perds, je suis fâché et je ne veux pas qu'on m'énerve sinon je peux faire et regretter ». Nous comprenons à cet effet que les supporteurs détestent amèrement la défaite. Ils agissent souvent en dehors des criaillements par le lancement des pierres sur les joueurs au stade, le refus de venir au stade et la non cotisation de frais de supporteur selon la catégorie de membre. Les joueurs lorsqu'ils sont en conflit avec les supporteurs, les dirigeants prennent plus ou moins le pas afin de régulariser la situation, qui n'est pas du tout aisée.

IV.3.1.2 Les conflits entre joueurs et dirigeants

La discorde entre joueurs et dirigeants au CSY comme dans certains clubs comme Aigle Royal de la Menoua et Sable de Batié dont nous avons eu l'occasion de visiter, est souvent due aux finances par le non paiement des salaires vers la fin de la saison sportive. Du fait que le sort de l'équipe soit connu, une victoire ou une défaite n'a plus d'impact significatif. Les dirigeants quant à eux accusent le retard de MTN et de la LPFC dans le transfert des allocations et que les membres supporteurs ne versent pas régulièrement leurs cotisations annuelles. Aux vus de cela, les joueurs se démotivent et s'absentent aux entrainements enfonçant ainsi le club vers l'élite two. Ceci pourrait prendre sa source dans ces propos de Augustin KONTCHOU K., un politicien camerounais lors d'une interview21(*), « un bon joueur ne manque pas d'équipe ». C'est dire que ces derniers pourront en fin de saison quitter le club et évolueront ailleurs. Cela peut aussi remettre sur table la mal gestion du côté des dirigeants et le non patriotisme du côté de joueurs.

IV.3.1.3 Les conflits entre dirigeants et supporteurs

Les rivalités entre membres dirigeants et membres supporteurs ont trait à l'argent. Selon ce même article22(*) et l'art. 923(*), chaque membre dirigeant, les membres « supporters Privilèges » et le comité de soutien cotisent par an la même somme de 100 000 FCFA. Pour cela, le comité de soutien ne participant pas aux réunions, rentre dans le camp d'autres membres supporteurs tels que «supporter Silver», «supporter Leader» et «supporter Ordinaire» pour inciter les supporteurs individuels et le public à manifester ou à s'absenter lors des matches.

S'il est vrai que le football est un fait social et le stade un non lieu (Marc AUGE, 1992), il n'en demeure pas moins vrai qu'ils soient des productions culturelles. Le football est accompagné par des pratiques rituelles, par un système de management, qui sont le fruit des comportements individuels et ont des répercussions dans la société des hommes. La lutte pour le positionnement est ce qu'il y a de plus constant dan la société. Cette lutte constitue en effet le principe du changement social et par conséquent celui du développement par la critique que font les supporteurs aux joueurs et aux dirigeants vice versa et entre chaque groupe de membres.

CHAPITRE V :

PERCEPTION DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO DE NKOLNDONGO

Le football en tant qu'un tout, regroupe dans sa pratique plusieurs éléments socioculturels, économiques et humains. Il est un phénomène de masse, une peste émotionnelle qui fait partie du vécu quotidien, dont les répercutions vont au-delà du cadre même dudit sport et touche les autres aspects de la vie sociale tels que la politique, la famille etc. La culture n'étant que racontabilité, elle diffère d'une ethnie à l'autre selon les éléments naturels et culturels façonnés par les individus qui y vivent. Le football aussi n'est pas en reste car c'est dans chaque culture les clubs de football émanent. C'est dire donc que la perception du football diffère d'une socioculture à l'autre.

V.1 LA DENOMINATION DU CSY

La socioculture ewondo nomme ndamba le ballon (en français) ou ball (en anglais). Il s'agit de tout type de balle ronde avec laquelle on peut jouer soit avec les mains soit avec les pieds. Lorsqu'il s'agit du football, cette socioculture ajoute à ndamba le mot meko, qui signifie pieds en français et foot en anglais et donc, ndamda meko, se dit du ballon qui se joue avec les pieds. Cette précision meko n'est pas sans importance car elle se distingue de ndamba moa. De wa, au singulier qui signifie la main et moa au pluriel qui signifie les mains ou hand en anglais, ndamba moa est le ballon qui se joue avec les mains donc le handball voire le rugby.

Le CSY a connu plusieurs appellations non retenues qui avaient trait aux noms des fauves et rapaces tels que léopard, épervier etc. Ce qui pouvait expliquer une parfaite symbiose d'avec les éléments de la nature. Ce club de Nkolndongo est aussi connu sous le nom de Kpa-Kum, Mekok-Me-Ngonda et plus récemment Société Anonyme à Objet Sportif.

V.1.1 Le Kpa-Kum

Kpa-Kum est le son d'une arme française qui avait mis en déroute l'armée allemande au Cameroun en 1916 lors de la PGM et qui plaça le Cameroun sous tutelle de la France via la SDN. Le cliquetis Kpa et la détonation Kum sont donc les deux sons du canon. Le Kpa-Kum du canon ou le canon lui-même en tant que pièce d'une artillerie, tube d'une arme à feu ou encore arme proprement dite de par sa puissance et sa force de frappe, la rapidité de son tir et le ciblage de son adversaire, est reconnu comme une arme redoutable qui dévaste tout sur son chemin. Cela signifie selon les anciens du CSY c'est-à-dire ceux dont l'ancienneté est de trente à cinquante ans, que le club de football qui porte ce nom est identique à cette arme. Quant aux nouveaux du CSY c'est-à-dire ceux dont l'ancienneté est de dix à vingt ans, le Kpa-Kum est le reflet de ses palmarès. Cela se justifie par le nombre de coupes et de titres nationaux et continentaux qu'a remporté ce club depuis sa création en 1930 jusqu'à nos jours soient dix coupes du Cameroun, dix titres de champions du Cameroun, quatre coupes continentales dont trois coupes des clubs de champions et une coupe des clubs vainqueurs de coupe. Il a été par ailleurs sacré 4ème meilleur club du 20ème siècle. Ainsi, le Kpa-Kum se réjouis d'être jusqu'ici le club le plus titré de l'histoire du football au Cameroun.

Le CSY connait encore une autre appellation cette fois ci en langue ewondo qui pourrait avoir une signification plus précise pour la compréhension du football.

V.1.2 Les Mekok-Me-Ngonda

Mekok, cailloux ; Me, qui ; Ngonda, brulent. Mekok-Me-Ngonda ainsi traduit ici comme les cailloux qui brûlent  sortant de l'arme à feu (canon). Ainsi, le CSY tire à la place des pierres, des cailloux et des cartouches le ballon rond puisqu'il s'agit du football. Pour cela, ces balles telles que présentées sur le logo du club, montrent que tous les adversaires du CSY recevront des coups de ballons et seront bombardés sans regret. Cela symbolise par là la force de frappe et la toute puissance dudit club. De même, dans le chant de victoire du CSY, on retrouve des groupes de mots propres à la langue ewondo tels que :

O liga na wa ke lagba ai « Union » Au lieu d'aller rivaliser avec « Union »

Wa na osu lagba Canon nga me lagba Tu oses venir rivaliser avec Canon !

Refrain

Lag lag lag nga me lagba Quelle audace ! Quelle audace ! Quelle audace !

O soa ya e e e nga me lagba Viens ici ! Quelle audace !

Ces groupes de mots dans le contexte général du football, font l'éloge de la France par son arme redoutable qu'est le canon et dans le contexte particulier du football, marquent la supériorité du CSY sur d'autres clubs de la MTN Elite One au Cameroun. Le nom « Union » entre guillemets signifie tout simplement qu'il est variable ; ainsi plusieurs autres noms de clubs de football peuvent remplacées celui de l'Union club de Douala.

Le CSY est un élément dans un tout c'est-à-dire est un club parmi tant de clubs regroupés au sein des institutions qui les managent. Ainsi, celles-ci ont transformé les clubs de football en société.

V.1.3 La Société Anonyme à Objet Sportif

La LPFC a voulu donner plus de crédibilité aux clubs de football en les transformant en société. Le CSY suite à cette professionnalisation du football au Cameroun en 2012 a ainsi changé de dénomination et a pris le nom de Société Anonyme à Objet Sportif (S.A.O.S). Le changement du CSY en S.A.O.S. aurait un effet sur l'essence même du club en terme du rôle que joue une arme : le canon. Les Mekok-Me-Ngonda perdraient à cet effet plusieurs aspects de leur forme originale par l'implication de plusieurs actionnaires et de leur perception originelle à travers la perte du sens propre du canon redoutable, des cailloux ou des ballons brulant.

V.2 LE FOOTBALL : UNE ACTIVITE DE DEVELOPPEMENT

Plusieurs secteurs d'activités telles que le commerce, la politique, l'industrie ont longtemps concourus au développement des grandes nations. De plus en plus, le sport en général et football en particulier malgré son second rang après le golf en terme de revenu individuel, le football est le sport collectif le plus rentable mais, qui nécessite beaucoup d'investissements, capte le plus d'attention et fait l'objet de moult migrations de nos jours. Son rôle est multiple et ne peut se comprendre qu'au niveau de l'individu, du groupe et des institutions par la question pourquoi jouer au football ? Le football dans le sport occupe une place prépondérante. Il occupe en matière d'espace géographique une très grande surface aménagée de gradins d'une pelouse ; de plus cette aire est équipée de vestiaires et lampadaires qui non seulement permettent aux joueurs d'être dans leur aise mais aussi donnent la possibilité aux supporteurs et spectateurs de s'asseoir et de regarder le déroulement d'une rencontre. Les stades de football ici et ailleurs ont souvent permit le développement d'autres disciplines telles que la course de fond, de relai, le lancé de javelot, de la masse, du disque, du saut en hauteur etc. C'est pourquoi ce sport ou alors son espace de prestation semble être un tout car il abrite parfois des conférences, des concerts de musiques... Par conséquent, il intéresse toujours les populations pour la simple raison que lors d'un match de football, on assiste souvent aux prestations des artistes et lors des compétitions scolaires, le football est toujours programmé en dernière position. Ceci parce qu'il est selon Christian BROMBERGER (1988), « la bagatelle la plus sérieuse du monde ». C'est dire que le football retient l'attention de ses fans sur son aspect ludique et émotif.

V.2.1 Le football : une activité récréative

En général, les exercices physiques tels que le handball, le basketball, le rugby, le football etc., contribuent à la libération du cerveau, au maintien et au développement des organes du corps humain. Le football permet tel que pratiqué par les joueurs du CSY est un football qui va au-delà d'une activité récréative pour intégrer la sphère d'un capital marchand car plus le joueurs est performant, plus il se vend cher. La notion de récréativité constitue pour ainsi dire la base de toute carrière sportive ou footballistique. Ceci pour la simple raison que c'est lors des entrainements que le plaisir de jouer est accentué et l'effort est fourni. Pour 2/6 des joueurs interviewés, le football récréatif jouent plusieurs rôles à savoir baisser l'adrénaline, dégraisser les muscles du corps, perdre le temps avec les connaissances. Le football n'est pas que récréatif mais permet aussi de gagner de l'argent par les acteurs qui le pratiquent et qui le mettent en scène.

V.2.2 Le football : une activité économique

Le football loin d'être un sport récréatif est aussi et surtout une activité économique donc marchande. Dans ce mouvement footballistique, on observe les trois étapes d'un système économique à savoir la production, la distribution et la consommation. Au CSY, les joueurs à former ou à produire à travers les entrainements sont principalement ceux qui n'ont pas de licences et ce dans l'optique de recruter uniquement les meilleurs. Le principe d'organisation de l'économie étant basé sur la production, plusieurs amateurs viennent se former au CSY afin d'être vu par les entraineurs d'autres clubs. Cette production passe par un travail intense que Margaret MEAD (1973) distingue en trois instances : l'individualisme ; la coopération et la compétition.

-L'individualisme dans le football consiste pour un joueur à se préparer personnellement afin de se maintenir en forme, relever le défis sur ses coéquipiers en pratiquant des exercices physiques tels que la course de fond, de vitesse et en jonglant le ballon ; il y ajoute aussi des exercices intellectuels en jouant au PS FIFA. Force à été de constater que deux jours avant une rencontre de championnat, chaque joueur veut donner le meilleur de lui-même afin de prétendre être sélectionné parmi les onze entrants. Il s'agit tout aussi de la production des moyens par divers types de cotisations et de membres, des allocations de MTN et de la LPFC afin de poursuivre le championnat jusqu'en fin de saison. En revanche, cette somme connait toujours un retard, ce qui sclérose le fonctionnement le mouvement sportif de la MTN Elite One et Two.

-La coopération quant à elle a trait au jeu collectif c'est-à-dire aux entrainements de groupes par les gestes physiques, tactiques et techniques, plus précisément les séances de décrassages, les microcycles de préparations, les matchs de groupes en fonction du système de jeu à développer. C'est ici que la concorde, la cohésion et la complémentarité sont actualisées. Selon Julien GREIMAS dans Du sens : Essais sémiotiques, cité par Jacques FAME NDONGO (2005 :14) dans Medias en enjeu des pouvoirs, le pouvoir est un texte ou un système de signes constitué de six actants. A ce niveau, nous pouvons déjà évoquer une distribution car les joueurs en tant que produits ou sujets héros, sont mandatés par le coach ou destinateur et positionnés ou répartis sur l'air de jeu en fonction des postes et, le ballon l'objet à distribuer aux coéquipiers afin d'assurer par les actions de buts concrétisées la victoire ou l'objet-valeur. Les supporteurs ou adjuvants forces bénéfices, via cris et chants apprécient les gestes des uns et des autres au détriment des adversaires y compris supporteurs ou opposants traitres. Ainsi, tous les membres du club ou destinataires jouiront des retombées des actions des joueurs.

-Parlant de compétition, elle est la plus actualisée entre coéquipiers car le stade devient un lieu d'arène où se battent les joueurs pour une éventuelle sélection parmi les onze du coach en vue d'une rencontre. C'est un spectacle. Ce qui génère très souvent des conflits allant jusqu'aux affrontements manuels entre joueurs d'une seule et même équipe où chaque acteur ne vise que son intérêt personnel, rendant ainsi le stade en une zone d'incertitude.

L'anthropologie ajoutera comme sémantique au football le symbole de l'ambivalence fondamentale de l'être humain, écartelé d'une part entre sa solitude et son besoin de solidarité, d'autre part entre son affirmation de soi-même comme un autre et son désir d'anéantir l'autre comme obstacle sur le chemin de son auto-réalisation. L'accomplissement et la destruction, l'altruisme et l'égoïsme, la création et la violence, l'habitation et la décomposition du monde. Le football serait alors une formidable parabole de notre destinée individuelle et collective, dans son ambiguïté constitutive, expression d'un partage jamais résolu entre le désir de bonheur et le retour cyclique du malheur et des inégalités. C'est ainsi qu'en 1831 en Angleterre et dans un ses réminiscences, un jeune leader britannique de Eton College, une école publique Britannique pour garçon fondée par Hernri VI, roi d'Angleterre, déclare « I cannot consider the game of football as being gentlemany; after all, the Yorkshire common people play it ». C'est dire que puisque le bas-peuple y joue, il ne saurait avoir du prestige dans le football car selon lui, il fallait que ce sport-jeu soit l'exclusivité des gentlemen. Ce qui devrait être antithétique aux objectifs du football par son caractère ouvert, festif et émotionnel.

La distribution se fait sous plusieurs aspects. Comme nous l'évoquions ci-dessus, elle commence par le positionnement des joueurs sur le stade, la répartition des salaires en non seulement en fonction des joueurs titulaires ou irremplaçables et des joueurs non titulaires ou remplaçables, mais aussi et surtout du montant du négoce ou du transfèrement d'un club à l'autre d'une part et entre chaque employé (joueur) et l'employeur (administrateur) du club d'accueil d'autre part. Dans cette seconde étape du système économique, il nous a été donné de constater que le salaire des joueurs n'est pas payé du début à la fin du championnat parce qu'en début de saison sportive, les frais de signature représentent officieusement le salaire d'un joueur pendant deux à trois mois. En fin de saison, si l'équipe est en pole position pour son maintien et loin de la zone de relégation à quatre journée de la fin du championnat, le salaire devient une selon les joueurs de champ comme « les selles d'un enfant au la'kam24(*) ».

Au CSY, la consommation des biens ou des produits générés par le football ne sont pas consommés de façon ostentatoire car la structuration du club n'est pas effective, raison pour laquelle ces revenus sont gérés approximativement. Ce qui laisse croire qu'il existe des centres de pouvoirs et de conflits entre dirigeants, entraineurs et joueurs en ce qui concerne aussi la productivité d'un joueur acheté, vendu, échangé où doit intervenir la monnaie comme moyen de paiement, mesure et réserve de valeur.

Sur les six joueurs enquêtés, seuls trois jouent d'abord par passion, deux par contrainte ; ensuite quatre jouent pour gagner et enfin tous jouent pour de l'argent et pour maintenir leur place au sein de l'équipe. Cela signifie que ceux qui jouent pour l'argent et le maintien dans l'équipe sont des commerçants qui vendent leurs talents aux meilleurs offrants et détruisent par là la notion de patriotisme et de sacrifice. En ce qui concerne ceux jouant par contrainte, de profonds entretiens avec deux informateurs25(*) nous ont montré que ces joueurs sont en stand by parce que n'ayant pas eu de meilleurs club en terme de salaire et jouent sous prescriptions des dirigeants pour ne pas perdre les automatismes. Pour ceux qui jouent par passion, force a été donnée de constater que le football est comme la sève qui coule dans un arbre ou pour qui le football est dans le sang donc inné.

Pour faire carrière dans le Kpa-Kum, il faut d'abord « être » par l'individualisme, ensuite « vaincre » non seulement les coéquipiers pour être sélectionné parmi les onze entrants mais aussi l'adversaire afin de marquer les trois points et, enfin, « convaincre » le coach et le public dans la qualité de prestation du jeu. C'est cela la devise du CSY « Etre-Vaincre-Convaincre ». Cela semblerait incomplet pour un encadreur car en plus de ces verbes, il a souvent coutume d'y ajouter le verbe « mourir » signifiant ainsi un sacrifice éternel pour le club.

V.2.3 Le football : une activité professionnelle

Le football au sein des clubs des MTN Elite One et Two n'était pas encore un sport professionnel. La FIFA en tant qu'instance faitière du football mondial avait instruit toutes les fédérations du monde d'instaurer à l'horizon 2010, le football professionnel. C'est en 2012 que ceci voit le jour au Cameroun et donc le CSY prend le nom de S.A.O.S. Cette professionnalisation est née du fait que les jeunes footballeurs ne nourrissaient plus qu'un seul rêve, s'expatrier pour aller mieux vendre leurs talents et s'offrir de la visibilité. Le football sort dont de l'amateurisme qui consistait à le pratiquer et le gérer comme une distraction pour occuper ses heures de loisir au professionnalisme qui pour sa part, voudrait que le football soit considéré comme une industrie créatrice d'emplois et génératrice de revenus pour des travailleurs qui y consacrent l'essentiel de leur temps. Au niveau du Cameroun également, une convention tripartite a été paraphée le 28 Juin 2011 au Palais polyvalent des sports de Yaoundé entre la CNPS (Mekoulou MVONDO), la FECAFOOT (Francis MVENG) et le MINSEP (Michel ZOA), visant à assurer une couverture sociale en cas de maladie, de décès, d'invalidité, de pension de vieillesse et d'accident professionnel de tous les footballeurs de l'équipe nationale, des clubs d'élite, des arbitres, des officiels de matchs, des dirigeants à la CNPS ainsi que les encadreurs et le personnel administratif rattaché aux clubs. Il s'agissait en effet pour la FECAFOOT de transmettre la liste des clubs affiliés auprès d'elle à la CNPS et de recruter les acteurs ci dessus-cités sur la base d'un contrat de travail ayant pour finalité leur immatriculation à la CNPS. Le MINSEP quant à lui devrait veiller à l'application de cette convention. Ce qui montrait les prémices d'une professionnalisation.

L'activité professionnelle que devient le football aura des avantages en ceci que les joueurs pourront voir leurs salaires payés régulièrement ainsi que leurs primes. Cela donnera une fois de plus le goût de jouer au pays. Cependant, selon un des dirigeants du club, cette professionnalisation amenuisera le pouvoir des présidents de clubs par le fait que ces derniers (les clubs) seront des sociétés et les présidents en des associés à capitaux divers, à l'implication des actionnaires, qui partageront les revenus du club. C'est peut être une raison de plus qui explique que le football tel que pratiqué avant 2012 était plein de flou et d'égoïsme par le fait que certains clubs appartenaient à un seul individu.

V.2.4 Le football : une activité de bien être

La pratique du football inclut nécessairement l'activité physique. Il permet de réduire le stress, l'anxiété et lutte contre certains états dépressifs. Le football réduit le risque de maladies cardiaques, de diabète et d'hypercholestérolémie. Par ailleurs, la pratique d'une activité physique confère à l'organisme une protection contre certains cancers dont le cancer du sein et permet d'obtenir un os de bonne qualité et de réduire les risques d'ostéoporose (déminéralisation des os qui leur rend fragiles). Cette activité physique maintenant l'autonomie des personnes âgées, contribue à meilleure intégration sociale. Il est important pour toute être humain en général et pour le footballeur en particulier de pratiquer le sport également éloigner la vieillesse car l'inactivité sur l'appareil locomoteur fragilise le squelette et les os, diminue l'élasticité musculaire et tendineuse, provoque des lésions cartilagineuses et la précocité de l'arthrose (maladie chronique des articulations), amoindrit la masse musculaire et diminue le sens de l'équilibre. Sur l'appareil cardio-vasculaire, cette l'absence du sport provoque un vieillissement du fonctionnement du coeur avec une moindre efficacité de celui-ci, favorise l'apparition d'hypertension artérielle et l'apparition d'insuffisance cardiaque. Au niveau de l'appareil respiratoire, inaptitude créée une diminution les capacités respiratoires, diminue les capacités d'endurance ou de résistance, favorise l'apparition de l'essoufflement. Sur le système nerveux, son absence, diminue les réflexes ostéo-tendineux, diminue l'équilibre, et favorise les chutes. Pratiquer l'exercice physique par le biais du sport baisse le déclin des capacités respiratoires, lutte contre le vieillissement cardiaque, augmente le débit cardiaque, maintient une fréquence cardiaque basse de repos, stabilise la tension artérielle, lutte contre l'apparition du diabète, maintient un bon équilibre du cholestérol, lutte contre l'ostéoporose, permet de contrôler son poids et d'entretenir une bonne forme physique, diminue le stress et l'anxiété et les états dépressifs. Les activités physiques sont nécessaires pour le maintien en bonne santé. Une pratique du sport dans un club peut être une bonne option afin d'être suivi, conseillé et encadré professionnellement et pratiquer une activité physique ou un sport sans risque. C'est une des raisons de la naissance des clubs de football.

V.2.5 Le football : une activité de promotion sociale

Le football est un sport qui au Cameroun, est connu sous le nom de sport roi. Il propose une alliance entre émotions, sentiment d'appartenance, dépassement de soi et met en scène la réussite ou l'échec. Ce sport roi n'est pas une donnée gratuite car partout dans les cantons, villages, associations, groupes ethniques et surtout des établissements scolaires et universitaires..., que se soit en période de classe ou lors des congés, plusieurs familles ou groupes d'individus se mobilisent au vu d'organiser un tournoi de vacance ou un match amical de football interne et/ou externe afin de mesurer les capacités des joueurs, découvrir les talents et surtout sceller le lien social. Ayant compris l'importance de ce sport, des parents font cette promotion du football à travers l'achat des Play Stations FIFA aux enfants, leur inscription dans les écoles de football qui en réalité développe psychologiquement ces derniers et leur rend assidu dans le processus d'apprentissage. Aussi, les joueurs du CSY s'investissement dans ces PS afin de développer des automatismes lors des rencontres. Le sport en tant qu'opium du peuple a souvent eu des conséquences positives et négatives dans les relations amicales et fraternelles par la passion de vaincre l'adversaire. C'est ainsi que lors d'un match gagné, joueurs, coaches, supporteurs et dirigeants du club se soudent les coudes et forment une famille qu'il convient de qualifier ici sous le nom de famille sportive ou famille sociale. Nous avons par là, observé une largesse de la part des supporteurs du CSY, manifestée par la distribution de la bière pour ainsi célébrer une victoire.

Par ailleurs, au bout d'un match perdu, les adjuvants d'un club très mécontents, sont prêt à jeter leur dévolu sur toute personne. Du côté des joueurs, il y a perte de l'espoir, nécessité de travail avec ardeur, les primes perdus, le calme et le climat de tension règne entre eux parce un joueur n'a pas donné la passe au moment opportun. Chez les encadreurs et l'équipe c'est la baisse des performances et la perte des points. Pour les supporteurs, le calme, la consommation de l'alcool cette fois individuelle, les bagarres entre amis et les conflits conjugaux. Par contre, le spectateur n'a aucun souci puisque appréciant le beau jeu sans distinction de camp et pour le parieur, de gagner son pari. De façon générale, cette défaite peut causer des accidents de circulation, les insomnies et AVC.

V.3 LA CULTURE DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO DE NKOLNDONGO

La culture en tant qu'un tout complexe, une vérité de vivre, elle est une réponse organisée face aux problèmes qui se posent à l'homme. Elle touche à la fois l'aspect rituel, le fanatisme, la considération et l'éducation footballistique.

V.3.1 Le football : une activité rituelle

Le football en tant que produit de l'action humaine, met en relation plusieurs accomplissements. C'est ainsi que le football tel que pratiqué au sein du CSY fait intervenir l'aspect rituel collectif et l'aspect rituel individuel ante et post préparation des matches.

V.3.1.1 Au niveau collectif

Au niveau de la préparation collective des rencontres, les membres sportifs arrivent en rang dispersé au stade et à la fin des entrainements, ils se regroupent au milieu du stade pour dire une prière de séparation et de rencontre le lendemain en faisant le signe de croix. Ce signe, symbole de la croix chrétienne, exprime selon nos informateurs qui le pratiquent le rapport entre eux et celui entre eux et Dieu, source de toute inspiration. Ils prononcent aussi le pater noster, symbole de la trinité (Dieu-Père-Fils) d'où ce Dieu créateur de l'homme est incontestable ; le Père entendu ici comme coach, est celui là qui prend des décisions sur les Fils ou joueurs. De même, lors d'une compétition, à la descente du bus, de l'eau bénite est aspergée par l'intendant du Club et avant d'entrer au stade, il le fait également aux alentours du banc de touche afin de « démystifier » ce qui aurait été fait par les âmes de mauvaise foi. Une fois les joueurs sur le stade, un alignement est fait dans les goals signifiant selon certains joueurs le barrage de tout but de l'adversaire.

De plus, un rassemblement sous forme de cercle est fait dans l'optique de prier Dieu afin que sa volonté ne soit faite sur le stade en leur faveur. Aussi, cela ragaillardie non seulement les joueurs eux-mêmes mais aussi les fans. Suite à un match perdu, de parité ou gagné, tous les membres sportifs se rencontrent au siège du CSY afin de faire le point sur les manquements observés sur le stade par joueur. Cela se termine toujours par une courte prière de séparation symbole de l'union et de la paix. Un patriarche du club signale qu'avant les années 2000, les joueurs du CSY se faisaient laver le tibia avec une décoction faite à base des os du gorille afin de fortifier cette partie du corps et éviter toute fracture, entorse ou déboitement et donc, symbole de la force et de la résistance. A cette époque, la presque totalité des joueurs étaient béti. Cela expliquerait la toute puissance du Kpa-Kum et justifierait ainsi ses multiples titres nationaux et continentaux. Par ailleurs, la renonciation à cette pratique pour embrasser le chemin de l'Eglise, ajouter à cela la pluriethnicité dans ce club explique sa défaillance parce qu'il y a rupture culturelle, non compréhension linguistique et gestuelle. Nous pouvons dire à cet effet que la colonisation continue à porter ses fruits au Cameroun car selon les joueurs, il est plus facile d'apprendre le français et l'anglais que nos langues nationales, raison pour laquelle dans le CSY, les joueurs allogènes se sentent étrangers. La langue est le premier élément de socialisation d'une famille et d'un peuple. C'est à travers celle-ci qu'on nomme les productions humaines et naturelles.

Depuis les années 1980, le CSY est toujours resté en première division selon la première appellation. C'est en 2008 qu'on parle de MTN Elite One et Two. Ce club en tant que produit de la socioculture Ewondo de Nkolndongo, a résisté et continue de résister grâce aux prouesses de l'anthropisation du milieu par l'homme. Pour cela, l'animal ecock'le kùlù ou carapace de tortue symbolise chez les Ewondo la défense par le fait que cette carapace est physiquement très solide mais aussi et surtout résistante. En effet, la tortue pour eux, est comme un système de défense des joueurs qui réunissent leurs boucliers au dessus de leur tête pour se protéger des attaques physiques et magiques de l'adversaire. C'est pour cette raison que le logo du CSY est sous forme de bouclier et identique au dos d'une carapace de tortue. Plus loin, la résistance d'ecock'le kùlu est conséquente à sa protection elle-même par celui qui la garde. Sur la photo que nous avons présenté au chapitre trois, nous avons vu que cette carapace était accrochée sur un mur peint aux couleurs du club sous le toit du domicile d'un informateur. Le fait pour cet objet d'être à l'abri du soleil et de la pluie justifie le maintien du CSY en MTN Elite One. Cela expliquerait la position des Mekok-Me-Ngonda dans le classement du championnat c'est-à-dire ni dans la zone de relégation, ni en tête et par là, justifie leur longévité. C'est dire cette carapace est le porte-bonheur de cette équipe car comme le détenteur de cette carapace aime à le dire, « le jour que cette carapace tombera, le CSY descendra en MTN Elite Two ». Il ajoute « Lorsque ma grand-mère me l'a remis, elle a dit `'Nnon, canon a ne ahop'' ca veut dire va, canon toujours en haut, ensuite est décédée quelques jours après, et depuis cette période, le Kpa-Kum n'est plus jamais descendu en deuxième division». C'est dire les membres du CSY doivent gratitude à cette famille et c'est pour cette raison qu'elle est la plus respectée non seulement par les joueurs, mais aussi par tous les autres membres du club. Outre les pratiques collectives, il y en a des pratiques individuelles car c'est la somme des parties (joueurs, supporteurs, gestionnaires etc.) qui constitue le tout (l'équipe).

V.3.1.2 Au niveau individuel

La préparation individuelle est toute autre car les joueurs en tant que partie dans un tout qu'est l'équipe du CSY, viennent non seulement de diverses cultures mais appartiennent aussi à des associations qu'ils ont intégré dans le processus d'enculturation anticipatrice ou d'acculturation. Le CSY est composé de 39 joueurs venant majoritairement du grand groupe ethnique béti. Il existe néanmoins des ressortissants d'autres aires culturelles du Cameroun en l'occurrence Bamilékés, Foulbés, Aghem... Le joueur pour prendre le pas sur ses coéquipiers, mène un certains nombre d'activités telles que la course de fond, les jeux vidéo PS FIFA. Cependant, en dehors de tout ceci, des pratiques sont faites ayant plusieurs objectifs. Nous avons rencontré un joueur, gardien de but, qui prépare ses matches uniquement par la prière du nouveau testament en lisant notamment les versets de Luc et les Psaumes au levé du matin dès 5 heures ; avant, après toute rencontre et au couché du lit vers 20 heures avec le groupe à la veille d'un match et vers 22 heures individuellement dans la chambre d'hôtel ou à domicile. Il arbore ainsi le chapelet du rosaire de la Sainte Marie, boit de l'eau bénite et l'asperge dans les coins et recoins de sa chambre. Tout ceci selon lui à pour objectif principal la protection contre les esprits malins, les co-chambriers et co-équipiers ainsi que toute autres contrevenants dont l'adversaire de par son poste de gardien de but.

Un autre joueur cette fois milieu défensif, nous a relaté qu'il allait passer des nuits avec sa grand-mère avant toute rencontre importante et a déclaré qu'il s'agit d'une séance de massage avec une écorce dont il ignore le nom et de la poudre d'accajou qui a pour rôle de solidifier les os. L'objectif ici est de ne pas ressentir la douleur pendant un choc de tibia lors d'un match. Cette douleur ira mourir sur le tronc d'arbre qui a été utilisé pour ledit massage. Nous ajoutons qu'il s'agit tout aussi d'une protection parce que le sport qu'est le football se joue plus avec les pieds que d'autres parties du corps. Un autre joueur encore officiant au milieu offensif, ne nous a pas directement déclaré ce qui a été fait sur lui, mais l'a plutôt dit à son co-équipier gardien de but que les chaînes qu'il porte au niveau des chevilles son en même temps sa protection mais aussi une sorte d'influence sur les co-équipiers du même poste que lui afin d'être mieux vu ; sur le coach afin d'être toujours classé parmi les onze entrants ; sur les dirigeants afin de voir son dû c'est-à-dire son argent et ses primes toujours payés sans contestation et sur l'arbitre pour ne pas siffler les fautes commises. Ces chaînes constituent un témoin de l'action métaphysique, représentant l'effet désiré et la force ou le pouvoir du guide spirituel qui alimente la connexion entre l'esprit du praticien et sa cible. Il s'agit de ce que James G. FRAZER (1915) appelle « le principe de la contagion » c'est-à-dire ce qui a été mis en contact continue à agir à distance. Le jeu footballistique est un jeu soit défensif soit offensif. Il se résume en ce que Edward Evan EVANS-PRITCHARD (1976) appelle « la magie défensive » et «la magie offensive » c'est-à-dire celle qui protège le joueur et celle qui provoque ou hypnotise l'adversaire voire le co-équipier et le coach. Nous comprenons aux vus et aux sus de toute ces pratiques que le milieu footballistique est un milieu incertain, plein de coups-bas, de jalousie et surtout d'intérêt personnel. Ce n'est qu'en expliquant la personnalité de base des individus qu'on appréhende ses façons de faire, d'agir et de sentir, ainsi que ses accomplissements vis-à-vis de ses paires. Nous rejoignons alors Wilhelm DILTHEY (1870) dans sa citation « on explique la nature et on comprend l'homme ». Aussi, le comportement des membres du CSY ne serait que la résultante de leur personnalité qui elle se caractérise par un intérêt quelconque d'où la notion des pragmatistes est ainsi la plus partagée au sein du Kpa-Kum en ceci : « pas d'intérêt, pas d'action ».

V.3.1.3 La gestuelle dans le football

Dans toute forme de regroupement, il existe des gestes et signes codifiés qui véhiculent un message, lequel message, ne peut être compris que par les initiés ou les membres du groupe. C'est ce que MBONJI EDJENGUELE (2005) appelle l'endosémie et sociocentralité. L'un est le sens profond que chaque groupe donne à ses productions et l'autre, le cadre spatiotemporel dans lequel chaque fait culturel ou social devrait être resitué avant toute explication. Le football est initiation car ne joue que celui qui a appris et qui s'entraine afin de garder les automatismes. Une multitude de geste et de signes sont performés autour de ce sport par les acteurs principaux. Nous avons observé avant toute entrée au stade, certains joueurs toucher le sol avec l'index et faire le signe de croix ; d'autres entrer au stade par le dos. Une fois au stade et pendant le déroulement du jeu, plusieurs signes se font que se soit lors d'un cours franc ; d'un corner ou d'une remise en touche. Lors d'un cours franc, si le tireur lève les deux bras en l'air avec le poignet fermé, cela signifie premièrement que ses coéquipiers se regroupent dans la surface de réparation et deuxièmement qu'il va orienter le ballon dans cette surface où il vise un joueur précis ; s'il lève les mains et les ouvre, dans ce cas, il tirera directement au goal. Il en est de même pour le corner à la seule différence que le corner ne cible pas les goals directement. Pour une remise en touche, le joueur-lanceur peut soit se baisser en avant, soit présenter le revers de sa main. Cela signifie soit que son coéquipier se rapproche vers lui pour récupérer la balle, soit qu'il se rapproche avec l'adversaire afin qu'il ne la donne à celui mieux placé en avale. Aussi, il peut tendre sa main gauche ou droite selon celle qui porte le ballon vers le ciel pour signifier aux joueurs de s'éloigner davantage. Après une action de but concrétisée, chaque buteur manifeste sa joie différemment.

En dehors des cris de joie, certains entament un marathon, embrassent celui qui a fait la dernière passe, se déshabillent, pointent les deux index au ciel et d'autres, pointent le doigt sur le numéro du dorsal du maillot, vers le public, le banc de touche, font un baiser sur leur talisman. Pendant ce temps, les coéquipiers le célèbrent à leur manière mais pas en pointant le doigt ni en se déshabillant. Ayant poussé notre curiosité auprès desdits joueurs du CSY, nous retenons que le fait d'embrasser symbolise la reconnaissance suite au l'action concrétisée et au trois point marqués ; le marathon et le déshabillement comme un déchainement du joueur ; les index au ciel pour rendre gloire à Dieu miséricordieux ; le doigt sur le numéro représente la valeur du poste et les icônes du monde ayant porté ou qui portent encore ledit numéro à l'exemple des numéros 7 (Cristiano RONALDO), 9 (Samuel ETO'O), 10 (Lionel MESSI ) 11 (Didier DROGBA) ; le doigt vers le public exprime soit une reconnaissance envers les fans, la famille ou les amis présents au stade soit une façon de dire au public de faire du bruit pour lui. Mais le même doigt au banc de touche à deux significations : la première exprime la fierté et la reconnaissance du joueur au coach et la seconde, un avertissement au staff technique de ne plus lui faire « chauffer le banc de touche » car il est capable de prouver et de confirmer sa place comme titulaire. Aussi, le baiser sur le tatouage ou le talis masqué avec une bande à la main représente la présence d'une force surnaturelle qui serait à l'origine de toute action positive accomplie par le talisman. C'est aussi un signe de reconnaissance envers le concepteur ou le tradipraticien dont le porteur est l'unique à comprendre. C'est pour cette que Michel ALLIOT (1983) cité par MBONJI EDJENGUELE (2005) affirme que

 « S'il y a trait commun entre toutes les sociétés, c'est bien que chacune construit son propre univers mental, porteurs de modèles fondamentaux et dispensateurs de sens que révèlent la vision du monde visible et invisible de chacun de ses membres, sa vision des peuples, de la société, des groupes auxquels il appartient ou avec lesquels il est en rapport et sa vision de lui-même. Chaque vision partielle renvoie aux autres et les éclaire ».

La rituelle autour du football montre que ce sport culturel car il intègre plusieurs aspects de la vie quotidienne et ne peut réellement se comprendre que si les acteurs sont initiés et donnent un sens commun à leur production pour qu'il y ait concordance, cohésion afin que le objectif qui est celui de la victoire soit atteint. C'est ce qui amène Christian BROMBERGER (1995) à dire que «le match de football est une sorte de rituel » car les stades sont bien des lieux réservés, mis à part pour ces cérémonies sportives, petites et/ou grandes. Même dans les clubs modestes, le terrain d'entraînement est souvent distinct du terrain "officiel". En entrant dans un stade rempli, on découvre une ambiance très particulière et un véritable cérémonial : échauffement des joueurs, accueil du public, présentation des équipes, la partie elle-même, enfin la sortie du stade. Tout au long d'une partie, on voit des attitudes, des gestes, des objets à qui une grande partie du public confèrent une valeur quasi-religieuse. Des supporters s'appliquent des peintures rituelles sur le visage aux couleurs du club. Des chants montent des gradins, repris par les choeurs des fidèles, lancés par des sortes de célébrants qui tournent le dos à la pelouse. Ces derniers semblent même se désintéresser de la partie qui se joue, tant ils se préoccupent exclusivement de l'animation de la cérémonie que devient la rencontre. Les chants, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, offrent une véritable diversité semblable aux "chants spontanés" dans les Eglises. Les convaincus, les fidèles parmi les fidèles ou spectateurs les apprennent sans difficulté à force de les entendre et de les répéter.

V.3.2 La notion du fanatisme chez les Ewondo de Nkolndongo

Du mot anglais fan, qui signifie ventilateur ou de fan en français signifiant admirateur, le fanatisme entendu ici comme une surexcitation des sentiments de l'esprit est d'une importance capitale dans tout sport en général et dans le football en particulier. Constitué de personnes individuelles et groupales dont l'objectif est d'apporter du soutien tous azimut aux admirables, le fanatisme dans le CSY est tout de même individuel via les membres, qui s'acquittent de leur cotisation et groupale par le même fait. C'est le cas d'Oyili club de Nkolndongo qui par son statut de membre supporteurs, verse une somme au club afin de jouir des droits tels que l'entrée au stade, l'assistance au congrès et assemblée générale du club. A travers divers objets traditionnels tels que nnom nkul, ngal nkul, mwan nkul, mezzegle, mbè, nkàn, elon, bigan bi nkul et nyass, ajouté à cela des vêtements au couleur du drapeau du CSY, ce fan club chante des épopées et danse au rythme ewondo afin de motiver, de nourrir et de renforcer l'énergie des joueurs en action sur le stade.

Ce fan club est distinct du supporteur ordinaire qui paie son ticket et s'assied sur les gradins pour supporter son équipe ; et ce dernier, aussi distinct du spectateur dont la présence au stade est essentiellement distractive. Il faudrait surtout noter que le fan club peut bénéficier d'un sponsoring pour le renforcement de ses effectifs et des outils. Par contre un individu ne saurait bénéficier d'un tel don encore moins un spectateur. Fans et supporteurs sont donc appelés douzième joueur puisqu'ils peuvent bénéficier d'une réduction lors d'un match.

Il faut également signaler que les supporteurs du CSY ont une influence sur le recrutement des joueurs en début d'année car ceux-ci s'opposent au recrutement de certains joueurs, coaches en refusant de venir au stade, par aussi le non paiement de leur carte de membre. Ils sont aussi à l'origine de la sacralisation et de la désacralisation des joueurs de par leur nature à bavarder. Dans la culture béti en général, il existe un adage qui dit que l'homme béti a cinq minutes de folie. Selon les travaux de Léopold Sédar SENGHOR (1939 : 295), pour comprendre le nègre, il faut l'étudier dans sa sphère culturelle. C'est pour cette raison qu'il que « l'émotion est nègre comme la raison est hellène ». Il voudrait ainsi montrer que la raison est souple et n'est pas l'apanage du Blanc parce qu'en Afrique, l'on comprend avec les organes de sens. Ces minutes de folie faisant partie du vécu quotidien, nous permettent de dire avec fondement que la notion de fanatisme est un sentiment tout à fait naturel non seulement parce qu'il s'agit d'un type de solidarité mécanique ou par similitude, régi soit par un lien de famille, de village ou de religion, mais surtout d'un lien culturel parce qu'il est question de soutenir un club, une association et viser un intérêt collectif voire une fin qui est celle de la victoire.

Lors d'une défaite, les supporteurs du CSY se sont généralement éteints. Cela était le cas pendant les saisons 2011-2012 et même la saison 2012-2013. Par contre, lors d'un match nul n'ayant pas d'effet sur le classement entre Renaissance en 2012 et Tonnerre en 2013, les supporteurs chantaient au même titre que lors de la victoire des chants parmi lesquels

O liga na wa ke lagba ai « Union »

Wa na osu lagba Canon nga me lagba

Lag lag lag nga me lagba

O soa ya e e e nga me lagba

Criant de joie, ils expriment leur suprématie sur d'autres clubs de division d'élite one tels que Union de Douala, Sable de Batié, Coton Sport de Garoua, Tiko United etc. C'est la raison pour laquelle lorsqu'ils transcrivent ce chant, ils mettent le nom des clubs entre guillemets, ce qui signifie l'interchangeabilité.

V.3.4 La socialisation footballistique : un rêve chez les Ewondo de Nkolndongo

Dès l'arrivée du ballon au Cameroun qui a donnée lieu à la création du CSY en 1930 en tant que club de football appartenant à l'ethnie Ewondo, nous disons à ce sujet que dans le contexte général camerounais, le grand rêve des jeunes est celui de devenir footballeur. La professionnalisation de ce sport en est la cause principale puisqu'elle exclut certains joueurs talentueux ainsi que le taux de chômage, qui avoisine les 45%. Ces jeunes, en dehors des jeux scolaires, universitaires et associatifs, redoublent d'efforts afin de faire carrière dans football. Le football constitue un fait social total (Marc AUGE,1982) parce qu'il concerne, à peu de choses près, tous les éléments de la société mais aussi parce qu'il se laisse envisager de différents points de vue. En lui-même il est double : pratique et spectacle. Pratique suffisamment répandue pour être elle-même considérée comme un phénomène de masse. Spectacle assez attirant pour que le nombre de spectateurs aille croissant durant l'ensemble de la période considérée et que l'ordinaire des jours de la semaine en soit affecté par avance ou en écho (par les conversations, les paris, la lecture des comptes rendus. De même, le caractère passionnant, économique voire politique de cette activité poussent non seulement les enfants à s'y intéresser, mais constitue aussi et surtout ce qui convient d'appeler les « push » et les « pulls » factors au niveau des parents.

Du côté des jeunes joueurs, les « push » factors ou facteurs motivateurs négatif dans le football s'identifient chez les Ewondo par un espoir incertain car nous avons observé plusieurs jeunes de moins de 20 ans passer toute leur journée au stade ; la sous-estimation du travail : certains jeunes ewondo non qualifiés, déclarent ne pas pouvoir travailler pour une somme de moins de 50 000 F CFA /mois. La réussite et la popularité de stars telles que Pierre WOME en poste (par ailleurs meilleur joueur du championnat MTN Elite One 2013), Théophile ABEGA de regretté mémoire, qui ont officié au CSY, constitue positivement un facteur motivateur. Le football pour les jeunes est dès lors un danger éminemment préjudiciable à leur goût de solitude, du travail et de l'étude. A côté du danger intellectuel, s'ajoute le danger physique et moral par les jambes cassées, le vol car la main ne saurait passer où se trouvent de l'argent et les pratiques occultes néfastes. Pour Louis Marie POUKA (1936), « on consulte un sorcier pour obtenir telle ou telle herbe dont l'effet immédiat est de paralyser les forces de l'équipe adverse, telle ou telle drogue pour donner de la diarrhée aux ennemis, etc... ». Les « pulls » factors ou facteurs attractifs quant à eux sont ceux liés à la migration. Le confort du stade, la prise en charge des joueurs, la complétude dans les équipements, le suivi et surtout l'extravagant salaire, sont déterminant pour attirer les jeunes joueurs évoluant des les clubs des pays en développement comme le Cameroun vers les clubs de France, d'Angleterre etc.

Du côté des parents, les facteurs motivateurs sont soient positifs soient négatifs. Les facteurs positifs sont chez certaines familles la disposition des moyens pour offrir aux enfants des équipements sportifs tels que maillots, godas et ballons ; l'inscription dans les écoles de football et plus récemment l'achat des PS FIFA afin de leur inculquer la culture du football. Les facteurs négatifs touchent aux éléments les plus fondamentaux au niveau de la famille. Il s'agit de l'entêtement, du pari car jeunes et vieux jouent à la tombola dont le plus connu est le « parifoot ». Certains préfèrent utiliser leur argent de ration à cet effet et mendier après. Pour les parents, le souci de multiplier l'argent est à la une et cela influence sur la réalisation de certains projets. Les facteurs attractifs ont trait au système relationnel, aux moyens financiers, à l'éducation et à la spécialisation. De nos jours, plusieurs parents investissent sur leurs progénitures car jugeant l'apport du football en terme de revenus, ils inscrivent ces enfants dans des écoles en Europe afin qu'ils se spécialisent au football en même temps et reçoivent une formation académique plus adaptée au milieu. On parle de footballeur-mathématicien comme l'ex défenseur du FC Barcelone Eric Sylvain ABIDAL. Pourtant, dans le CSY, très peu de footballeurs ont un niveau scolaire post-secondaire. Ce sont des joueurs qui pendant ou après leur carrière, se lancent dans le monde du business afin de prospérer.

La socialisation footballistique au Cameroun semble donner lieu aux grands maux sociaux tels la déperdition scolaire, la délinquance juvénile etc. Elle a aussi permis à certains jeunes de réussir dans la société avec l'appui parentale. Cela peut justifier le fait que le passage au CSY de plusieurs fils de la localité ainsi que la création d'un club de football féminin portant toujours le pseudonyme de canon.

V.3.3 Le regard social sur les footballeurs chez les Ewondo de nkolndongo

Dès le départ, Soter TSANGA (1969) signalait déjà l'impact sociologique du football au Cameroun sur l'angle du rapprochement des peuples et d'une contribution au processus de paix et stabilité nationale. Chez les Ewondo, cela n'a pas du tout changé car un rapport peut être établi entre la date de création du CSY en 1930 et sa survie jusqu'à nos jours. Cela fait 83 ans que ce club existe en dépit de quelques descentes en 2ème division de l'époque. Ce club a formé des icônes nationaux, continentaux et internationaux tels que Thomas NKONO, Emmanuel, KUNDE Pierre WOME ..., sans oublier d'autres icônes à l'instar de Joseph Antoine BELL, Géremi Sorel NJITAP ... C'est au regard de cette réussite que le football attire et passionne la jeunesse. Ainsi, tout jeune pensant faire carrière dans le football est vu comme espoir pour la réduction de la pauvreté au niveau familial ; un espoir pour la relève au niveau social et un apôtre de paix au niveau national chez certains. D'autres perçoivent ce sport comme une excuse pour les jeunes dans la mesure où quand ces jeunes parlent de football, l'on dirait qu'ils sont sur le chemin de la réussite ; par conséquent, échappent aux travaux domestiques, désertent les établissements scolaires... Pour Atangana MESSI26(*), « sur cent jeunes footballeurs, seuls cinq réussissent ». Cela signifie que la plupart des jeunes ont choisi un métier qui n'est pas porteur et y insistent. S'agirait-il d'une l'offre supérieure à la demande ? Cela pourrait justifier la persistance du fait religieux dans le football où celui joue un rôle semblable à l' « effet placebo » ou psychologique, qui boosterait les performances des joueurs et serait à l'origine d'une forte croyance. Déjà, les infrastructures telles que stades, logement sociaux et management des joueurs souffrent non seulement d'un manque de moyens mais surtout d'un manque de volonté à travers l'égocentrisme, la lutte pour l'intérêt individuel et la corruption. C'est ce que Théodore ATEBA YENE (1990), Charles NGUINI (1996) et Charles ATEBA EYENE (2011), qualifient respectivement de « dessous scandaleux », « footoir » et « braconniers », qui convergent vers ce que Jean Bruno TAGNE (2010) a appellé « programmés pour échouer ». Pour Michel CROZIER (1977), il s'agit d'une stratégie où l'acteur (dirigeant) crée des richesses pour en bénéficier au maximum afin d'abdiquer l'intérêt collectif. Le football, comme d'autres sports, est porteur de principes et de règles de vie. Il joue un rôle éducatif auprès des jeunes, il se révèle créateur de lien social, souvent vecteur d'intégration et dans certains pays facteur de développement pour les individus les plus talentueux. Les rencontres de championnat correspondent à ce que l'on appelle dans les Églises le "temps ordinaire". Les compétitions continentales deviennent des temps de fête, soigneusement amenés par les différents stades de la compétition. Néanmoins, cette activité footballistique est souvent source de multiples différends au sein des clubs.

V.4 L'ANALYSE STRATEGIQUE ET GESTION DU FOOTBALL AU SEIN DU CSY

La gestion du football au sein du CSY est encastrée de plusieurs insuffisances liées aux interrelations plus ou moins dysphoriques entre les membres.

V.4.1 Les interactions entre les dirigeants

Le climat qui règne au sein du CSY est un climat de doute où les acteurs se heurtent aux affrontements actualisés et potentialisés. La relation est ainsi celle de supérieur à inférieur.

Le CSY est avant tout une association dont les membres sont hiérarchisés. Il existe selon les statuts plusieurs types de membres dans ce club. Lesquels membres forment différents blocs et se soudent les coudes. D'un côté, la direction générale fait corps avec le conseil des sages au sujet non seulement du recrutement et le transfèrement des joueurs, mais aussi en ce qui concerne la nomination des entraineurs. De l'autre côté, il s'agit du conseil d'administration qui avec ses membres, prennent des décisions sans consulter les autres membres quelques soit leurs statuts. Il nous a été donné de constater à travers les textes dudit club que chaque membre doit apporter un certain montant pour le fonctionnement du club. Cependant, le directeur général est un membre nommé et non élu. Par conséquent, ne saurait être inscrit sur la liste des contributeurs financiers. C'est à ce niveau que la présidente du conseil d'administration trouve des inquiétudes car en nommant ce directeur, elle a pensé qu'il devrait apporter un peu d'argent sur sa fortune afin de renforcer les manquements. Cela a tout simplement occasionné la démission dudit directeur général.

Par ailleurs, certains gestionnaires déclarent que le coach « ne peut pas recruter tous les joueurs car le jour qu'il sera fâché, il partira avec tous ses joueurs ». Cela explique que le coach ne joue pas son rôle régalien car il est influencé par les dirigeants qui au-delà de cette panique veulent faire jouer leur proche et sauvegarder leurs intérêts.

V.4.2 Le trafic d'influence

Dans le CSY, nous avons observé des cas de trafic d'influence. Premièrement au niveau de la direction générale qui a fait recours au conseil des sages pour s'opposer au choix de Aboubakar SOULEYMANOU comme coach sachant que seul le conseil d'administration est l'organe compétent pour le recrutement d'un coach puisque son intérêt est la progression du club. Le conseil des sages bien que sa décision soit sans appel et souveraine, elle l'est en cas de menace grave au sein du club. Par conséquent, le lien entre la direction générale et le conseil des sages n'a pas eu d'effets sur le choix de l'entraineur au début de la saison mais vers la mi-saison, le club s'est retrouvé avec deux coaches dont Louis Paul MFEDE de regretté mémoire. En fin de saison, Aboubakar SOULEYMANOU lâche le manche et est immédiatement remplacé par BISSECK, originaire du littoral, qui conduit jusqu'aujourd'hui le CSY. C'est dire que le choix porté sur les coaches natifs du grand groupe ethnique béti semble être brisé. Un autre cas de trafic d'influence concerne le recrutement des joueurs et leur classement sur la liste des onze entrants. Lors d'une séance d'observation au stade Adolph MBIDA de Nkolndongo, nous avons vu un joueur s'entrainer au nom de la présidente du conseil d'administration ; et ; pour certains ayant une licence valide, jouer à la place des titulaires ou de l'ossature du club. Ce qu'il faut remarquer dans cette section est la plasticité avec laquelle le Kpa-Kum est géré. Cela revient à l'incertitude dont Michel CROZIER (1977) fait allusion et marque par là un plaidoyer pour une reconstitution et un fonctionnement des organes du CSY.

V.4.3 Le challenge entre les actants

Les actants au CSY sont l'ensemble des membres qui ont de près ou de loin une influence sur la conduite des activités du club. Le schéma ci-dessus est le socle d'appréhension du mode de fonctionnement du CSY. Le conseil des sages, le conseil d'administration, la direction générale et les supporteurs sont les principaux actants qui luttent d'abord pour leurs intérêts en orientant leur action vers d'autres acteurs. Ensuite, les conséquences de leur action vont à l'endroit de la direction technique ou des membres sportifs et enfin, à l'intérieur même de la direction technique, il existe une autre zone d'influence car chaque joueur par la flèche verticale donne le meilleur de lui-même pour gagner la confiance du coach et être sélectionné parmi les onze entrants lors d'un match. Généralement, il s'agit des joueurs non titulaires qui lors des entrainements, occasionnent des conflits physiques. La position du coach au dessus montre tout simplement qu'il est comme celui qui, placé en haut, apprécie les gestes tactico-physiques et techniques de ses poulains afin de préparer son classement. Comme une croix religieuse, la flèche horizontale qui va des joueurs aux joueurs explique les rapports entre eux qui se présentent sous forme d'une arène où chacun doit se battre non seulement pour maintenir sa place même au banc de touche mais aussi et surtout mouiller le maillot pendant 90 minutes. C'est dire que l'action footballistique est intelligible à travers différents postes et enjeux que produit le football au sein du CSY ou par le sens que le football a pour eux. Ainsi, dans le contexte du football et de la culture Ewondo, il faudrait comprendre véritablement que les représentations, la symbolique que cette culture donne au football est contenue dans cette partie de l'hymne, qui fut modifié vers les années 2000 en ces termes :

Canon a til ne na bivogle mben, a til ne na Canon signifie écoutez bien 

Nnam Ewondo, nnam Cameroun Le peuple Ewondo, le pays Cameroun

Nnam Cameroun, nnam Ewondo Le pays Cameroun, le peuple Ewondo

Il faudrait tout aussi insister sur les mots Canon a til ne na bivogle mben, a til ne na pour expliquer que le peuple Ewondo et le pays Cameroun ont selon un de nos informateurs clés une liaison avec les Lions Indomptables à travers les couleurs vertes et rouges de leur drapeau, l'antériorité du Mekok-Me-Ngonda sur les Lions Indomptables et surtout le transfèrement de la majorité des joueurs pour l'équipe nationale ainsi que le passage des icônes du football national dans ledit club. Aussi, l'on retrouve dans le slogan du club ceci : Canon ! Bombarde ! c'est-à-dire les Lions Indomptables aussi invincible que le CSY. Ceci s'explique par la position de leader qu'occupe le CSY dans l'histoire du championnat et de la coupe du Cameroun voire sa position continentale de 4ème meilleur club africain. Cependant, une relation faite par un spectateur27(*), montre que bien avant 2009 au CSY et 2010 dans la tanière de l'équipe nationale de football, plusieurs maux tels que corruption, mal gestion, détournement et conflit de positionnement minent de bon déroulement du football. Cela peut laisser penser que le CSY est à l'image des Lions Indomptables ou vice versa en terme de remous sociaux observés il y a quelques années du côté des supporteurs mais aussi et surtout ceux liées aux défaites récurrentes lors des matchs capitaux. Plus loin, ce club étant à l'image des Lions Indomptables, fait preuve d'un lieu où chacun ne protège que ses intérêts personnels au détriment de l'objectif commun pour lequel il est mandaté. Nous avons vu les joueurs s'entrainer sans eau minérale ni boîte pharmaceutique constituant ainsi une des conséquences de la lutte acharnée entre membres du CSY.

Schéma 1: Le schéma explicatif de la zone d'incertitude au CSY

Supporteurs

Individuels et associés

Direction technique

Conseil des sages

Coach

Direction générale

Joueurs

Joueurs

Conseil d'administration

Joueurs

Source : Production de MOUAFO, inspirée des données de terrain (20 Septembre 2013)

V.4.4 Les ambitions du football et crises sociales liées à sa pratique

Les ambitions du football restent hypothétiques dans les clubs de division d'élite au Cameroun. Les problèmes liés à la pratique de celui-ci sont d'origine naturelle par l'état dans lequel se trouvent les infrastructures d'accompagnement ; il est aussi d'origine culturelle à travers la volonté des parties prenantes. L'insuffisance des moyens financiers empêchent l'évolution du CSY de nos jours. Au regard de la position qu'il occupe depuis bon nombre d'année, un patriarche a déclaré que « le Canon de Yaoundé ne bougera jamais tant que la gestion ne sera pas claire et public ». Faute de moyens financiers pouvant établir des passeports aux joueurs, les transporter vers les pays voisins pour la coupe des vainqueurs de coupes et la ligue des champions, le club s'arrange à éviter la première, la deuxième et la troisième place dans le classement général du championnat. C'est à ce niveau que le football business commence parce que la cession des matches se fait avec pour contrepartie de l'argent via les officiels de matches et les officiels d'équipes. Le match est donc « vendu » et cet arrangement se fait lors de la réunion entre ces officiels d'où le sort douteux d'un match quelque soit la performance. Il s'agit alors de la corruption dans le football.

Une autre crise liée à la pratique du football est l'utilisation du football lors des discours politiques comme socle de paix et de stabilité nationale, et des footballeurs comme modèle de réussite sociale. Les jeunes quant à eux ont pour ambitions la réussite spontanée via le football. Pourtant Emile DURKHEIM (1917) Dans les sociétés contemporaines, mentionnait déjà que « c'est le travail qui assure en grande partie l'intégration sociale. Par conséquent, l'absence de travail détermine aussi un risque majeur d'exclusion sociale »

La pratique du football fait appel à plusieurs éléments propitiatoires dans la mesure où elle permet à certains joueurs d'accéder au haut niveau, de mettre en oeuvre leur compétence tactico-technique et physique. Par contre, sa pratique renferme aussi des éléments qui mal utilisés, ont des effets sur la carrière, le physique et/ou le psychisme des joueurs.

V.5 DE L'ANALYSE STRATEGIQUE ET DU CULTURALISME A LA COMPREHENSION DE LA PRATIQUE DU FOOTBALL AU SEIN DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE

« L'Homme est un être inachevé » signalait Francis BACON (1624) dans La nouvelle Atlantide. C'est dire cet Homme est régulièrement insatisfait. Francis BACON (1624) rejoint ainsi Michel CROZIER (1977) dans son analyse des institutions. Cela est visible dans le Canon Sportif de Yaoundé. On observe la primauté des intérêts individuels sur les intérêts collectifs ; ce qui bloque par conséquent le système tout entier. Certains membres du staff administratif dudit club se substituent en staff technique pour recruter les joueurs, limoger le coach et prendre certaines décisions car il existe une sorte de conflit de pouvoir entre le comité de sage, le conseil d'administration et la direction générale. Le système de gestion du football dans les clubs camerounais restant presque fermé au public, laisse croire à l'existence des grands maux tels que la corruption, le détournement des fonds et le conflit d'intérêts. Pour cela, la goutte d'eau ayant débordé le vase vient du système qui a éclaté la tare de l'instance faitière, précisément au niveau du conseil des sages, de la direction administrative et du staff technique. Chaque individu développe alors une stratégie pour sauvegarder ses avoirs et ses relations. Ces acteurs du club sont cependant issus d'ethnies diverses dont de cultures différentes. Ces conflits seraient aussi dus au choc de personnalité de base d'une part issu de ces cultures et d'autre part à l'intérieur de la culture majoritairement représentée.

Les items culturels jouent un très grand rôle dans la configuration de chaque équipe et est porteur d'un message sacré c'est-à-dire restreint aux populations conceptrices et exécutrices. Par conséquent, ces mouvements influencent le staff technique, qui n'a plus que pour rôle de subir la volonté des forces en présence ou de démissionner s'il ne se soumet pas. C'est la raison pour laquelle dans la culture, l'individu rencontre une première enculturation ou socialisation dont les modèles orientent son comportement d'acteur dans le futur système social. C'est pour cette raison qu'un joueur qui a préféré garder l'anonymat, déclarait

« Lors de mon passage dans un club de la MTN Elite One, les dirigeants du club ont amené tous les joueurs et les encadreurs dans un lieu sacré, ont ramassé des bonbons dans une maisonnette qu'ils nous ont donné de sucer disant que celui qui refusait devait être considéré comme frein à la réussite de club et par conséquent, devrait être expulsé du club. Moi j'ai fais ma prière avant de sucer ces deux bonbons».

Les joueurs migrent et dépeuplent ainsi leur pays d'origine. Cela est une crise très grave due à la sacralisation de ce sport. Ajoutons également que les gestionnaires du sport ne sont pas des sportifs de base, mais des juristes, des hommes d'affaires etc. Cela explique aussi le mauvais management des ressources matérielles, financières et humaines dans le football. Le côté unificateur du football montre que ce sport est un rituel dont tous les membres ou fidèles y sont conviés et moralement concernés. Jouer au football est une stratégie personnelle et peut être familiale mais une incertitude manifeste car les joueurs, constituant l'offre sont plus nombreux que la demande. Il serait alors préférable pour certains joueurs de recourir à la métaphysique pour se faire une place dans un club. De même, certains dirigeants développent des stratégies individuelles afin d'influencer d'autres et faire valoir leur opinion au détriment de celui des autres. Le sport qu'est le football serait une arène à travers le choc de personnalité et d'influence ou un cercle vicieux  par les différentes tares dans sa pratique et surtout son management.

CONCLUSION

Au terme de ce travail intitulé, « Culture et football au Cameroun ; le cas Canon Sportif de Yaoundé dans la région du Centre : Une contribution à l'anthropologie du football» parce qu'il y'a un intérêt manifeste à connaître les savoirs endogènes du football ainsi que sa pratique au sein d'une population camerounaise partant du sens que les populations concernées donnent à ce sport. La conception socioculturelle joue un rôle important dans la pratique d'un art fût-il le football. Ce travail avait pour ambition d'interroger d'un point de vue anthropologique l'inadéquation entre les pratiques endogènes ewondo de Nkolndongo du football et les normes de la FIFA.

La question principale était formulée ainsi qu'il suit : Comment les Ewondo de Nkoldongo se sont appropriés la pratique du football ? De cette question principale, trois questions secondaires ont été formulées : Comment se déroule le quotidien des actants du football au sein du Canon sportif de Yaoundé ? Quels sont les éléments culturels que les Ewondo utilisent dans la pratique du football ? Quelle est la perception du football par les Ewondo ? Pour répondre à la question principale, nous avons également émis une tentative de réponse comme étant l'hypothèse centrale à savoir : Les Ewondo de Nkolndongo se sont appropriés le football en créant le Kpa Kum-Mekok-Me-Ngonda Y'ongola. En guise de réponse aux questions subsidiaires : le quotidien des actants du football au sein du Canon Sportif de Yaoundé est régi par les entrainements collectifs, individuels, les matchs de compétition et les matchs amicaux ; la distraction avec les paires et la famille. Les pratiques magico-religieuses, les danses, les chants et les instruments de musique sont les éléments culturels que les Ewondo associent à l'activité footballistique. Le football est perçu par les Ewondo comme une activité sportive où tous les moyens doivent être mise en oeuvre pour vaincre et convaincre.

Pour mieux nous imprégner de cette réalité, nous avons organisé une descente sur le site de l'étude avec pour objectif la collecte des données auprès des différents acteurs intervenants dans le domaine du sport et en particulier le football au sein des Ewondo. Ceci a été rendu possible grâce aux différentes techniques de collecte de données que nous avons utilisées à savoir l'observation, les entretiens (individuels), et les récits de vie. L'analyse stratégique et le culturalisme nous ont permis d'appréhender comment les Ewondo perçoivent le football ainsi que les éléments de leur culture qui sont associés à ce sport.

Les principaux résultats de notre étude sont les suivants : les pratiques magico-religieuses font entièrement partie du football chez les Ewondo de Nkolndongo. Les entrainements ne sont pas efficaces à cause de l'insuffisance du matériel et la vétusté de certains équipements. Les conflits de leadership et d'intérêts dans le CSY dérivent des pratiques rituelles, de la popularité et du prestige social des individus. Le football, appelé ndamba meko est perçu par les Ewondo comme une passion, une activité de promotion sociale et de positionnement. Certains footballeurs pensent qu'il est impératif de se protéger contre l'adversaire mais aussi contre les coéquipiers car tous les coups sont permis à condition qu'on reste serein.

En ce qui concerne les perceptions du football, l'origine est associée à la colonisation. Comme le port du costume, la consommation du vin rouge, ou encore la culture du cacao, la pratique du football fait partie intégrale de la culture ewondo. Appelé Ndamba meko, les Ewondo de Nkolndongo font une différenciation du football et les autres sport avec le ballon qui se pratiquent avec les autres parties du corps : le ballon qui se joue avec les pieds. Saisi à travers les règles qui le définissent, à travers les commentaires des supporters ou encore à travers la comparaison avec des jeux de balle qui s'épanouirent à d'autres moments de l'histoire ou dans d'autres civilisations, le football apparaît comme un " jeu profond " qui condense et théâtralise les valeurs fondamentales du monde contemporain. Comme les autres sports, il exalte le mérite, la performance, la compétition entre égaux ; il affiche avec éclat, par le truchement de ses vedettes, que dans nos sociétés, les statuts ne s'acquièrent pas à la naissance mais se conquièrent au fil de l'existence. Tout autant que la performance individuelle, il valorise le travail d'équipe, la solidarité, la division des tâches, la planification et l'évaluation collective à l'image du monde industriel dont il est historiquement le produit.

Le football s'offre comme un terrain privilégié à l'affirmation des identités collectives et des antagonismes locaux. Sans doute est-ce dans cette capacité mobilisatrice et démonstrative des appartenances que réside une des principales raisons de l'extraordinaire popularité de ce sport d'équipe, de contact et de compétition. L'adhésion à un club est perçue par les supporters comme le signe d'une commune appartenance, mais surtout comme le symbole d'un mode spécifique d'existence collective incarné par le style de jeu de l'équipe, style qui renvoie à l'image stéréotypée qu'une collectivité se donne d'elle-même et souhaite donner aux autres. La devise du CSY, " être, vaincre, convaincre " symbolise le " Kpa-Kum style " fait de rigueur, à l'image de la culture de guerre, de la liberté dont le club est l'émanation. Consacrant, sur un mode plus ou moins virulent, les allégeances territoriales, et en particulier les loyautés nationales, le football ne classe donc pas seulement les appartenances, il en énonce le contenu imaginaire. Pour le jeune supporteur ewondo, se familiariser avec le style de jeu de son équipe (CSY) est une forme d'éducation sentimentale aux valeurs qui façonnent sa ville et sa culture. Oscillant entre une activité récréative, économique, de bien être, de promotion sociale, professionnelle et rituelle, la pratique du football s'inscrit au rang des activités ouvertes à toutes les couches sociales. Chacun y trouve son plaisir ou son intérêt dans les activités qui se développent autour du football. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui font du stade un lieu de grand public.

Le stade est un des rares espaces de débridement toléré des émotions, contrepoint à la retenue et aux freins qu'impose, dans les interactions sociales ordinaires, la civilisation des moeurs. Là s'éprouve le plaisir des gestes et des paroles à la limite de la règle. Là, les gros mots ont droit de cité. Là, s'expriment des valeurs dont l'expression est socialement proscrite (affirmer crûment son appartenance sexuelle, son aversion pour l'autre, etc.). Ce langage, pétri de métaphores viriles, guerrières, sacrificielles, d'expressions xénophobes, est profondément ambigu. D'une part, il nous dit les peurs, les haines, les symboles qui travaillent le corps social ; de l'autre, son caractère outrancier participe de la confrontation : tout ce qui peut choquer l'Alter, souligner le soutien extrême que l'on porte aux siens est mis à profit. Les ressorts du langage du " supportérisme " sont donc à chercher à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de la logique du jeu. Le stade peut être considéré en ce sens comme un non lieu. C'est le cas avec le stade Ahmadou AHIDJO où le CSY joue généralement ses matchs à domicile.

Tout au long d'une partie, on voit des attitudes, des gestes, des objets à qui une grande partie du public confèrent une valeur quasi-religieuse. Ou serait-ce plutôt de la magie ? Des supporteurs s'appliquent des peintures rituelles sur le visage (les couleurs du club). Des chants montent des gradins, repris par les choeurs des fidèles, lancés par des sortes de célébrants qui tournent le dos à la pelouse. Ces derniers semblent même se désintéresser de la partie qui se joue, tant ils se préoccupent exclusivement de l'animation de la cérémonie que devient la rencontre. Les chants, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, offrent une véritable diversité, "chants spontanés" dit-on dans les églises ! Les convaincus, les fidèles parmi les fidèles les apprennent sans difficulté à force de les entendre et de les répéter. Ces refrains sont scandés par des choeurs d'hommes, parfois impressionnants de force et de conviction. Les chanteurs prennent visiblement du plaisir. Ce sont des encouragements, des invocations, des imprécations dirigées contre l'équipe adverse ou les arbitres, des sortes de chants de louange lorsque l'équipe favorite est en passe de gagner. Le vert et le rouge de Nkonldongo sont soutenus par moult associations de supporters et sympathisants ayant pour objectifs de le pousser à la victoire. Certains supporters ont fait du CSY leur raison même d'existence afin de donner sens à leur vie.

A considérer la place occupée par le football dans la vie des supporters, on découvre que le temps de la rencontre déborde largement dans la vie quotidienne. Un chant des supporteurs d'origine ewondo, déjà ancien, disait à peu près ceci : "Le football, c'est notre vie. Le roi football régente le monde." Il faut se rendre à l'évidence que l'attachement à une équipe favorite peut aller très loin. A Mvog-Mbi, le portrait d'un supporteur du CSY a été réalisé par une équipe de télévision. Les aventures de son Kpa-Kum donnent littéralement un sens à sa vie, qui, sans cette bouffée d'oxygène, se heurterait aux horizons bouchés de la rue. Rien ne manque à un cadre qui petit-à-petit s'est construit. Le jour du match, les couleurs du club sont hissées dans le jardin du petit pavillon où il vit. "Pourvu qu'ils gagnent" est la prière intime qu'un des informateurs clés répète intérieurement plusieurs fois le jour du match. Un véritable rituel domestique se déroule, avant, pendant et après la rencontre. Une grande vitrine joue le rôle d'autel (carapace de tortue sous la toiture). Les amis du club de supporters constituent une communauté éminemment soudée et solidaire. Ce portrait singulier rejoint pourtant une réalité partagée par beaucoup. Un même sentiment d'appartenance se vérifie auprès de tous ceux, et ils sont nombreux, qui soutiennent avec ferveur tel ou tel club. Ceux-là s'engagent, donnent des heures de bénévolat dans les petits clubs, ou bien lorsqu'il s'agit d'un club professionnel, achètent la panoplie complète du parfait supporter, investissent leurs économies dans des déplacements pour assister aux matches "à l'extérieur". Le véritable supporter s'identifie à son club, à son équipe. La confiance parfois aveugle, les espoirs qu'il exprime à travers son comportement au stade, ressemblent étrangement à des sentiments religieux. Comme des milliers d'autres, il ne fait que croire en son équipe, souffrir avec elle lorsqu'elle perd, mais vibrer avec elle lorsqu'elle gagne et le fait rêver. Les supporters accompagnent leurs fanatismes par des chants rythmés aux instruments de la culture ewondo.

Les paroles prononcées sous forme de chants par les supporteurs du Kpa-Kum, sont principalement les chants de concurrence entre les clubs de division d'élite. Ces chants sont exécutés en langue ewondo et surtout lors d'une victoire ou d'un match nul dont le résultat ne change pratiquement rien sur la position du club. Il ne se chante jamais lors d'une défaite. Les instruments musicaux qu'utilisent les fanatiques du CSY sont le produit de l'art musical ewondo. Ces éléments de l'animation culturelle ewondo font parties intégrante d'une partie de football au point où une rencontre de football sans cet arsenal n'aura plus de sens pour les spectateurs. Ces derniers apprécient en même temps le spectacle des 22 acteurs que celui des fans clubs. Mais ils sont également gagnés davantage par le spectre du phénomène magico-religieux qui plane sur le football à quelques niveaux, que ce soient.

Les joueurs eux-mêmes sont depuis longtemps gagnés par une sorte de contagion de la superstition. Ils pratiquent les gris-gris de toute sorte, ils ont leurs chaussures-fétiches, ils embrassent la pelouse après un but. Un seul exemple du gaucher d'un club de la ligue régionale de l'Ouest qui selon ses co-équipiers, ne lave jamais sa godas parce qu'elle a été « configurée » par un tradipraticien à Bali dans le Nord-ouest puisqu' il poussait le fétichisme très loin. La veille du match, ses chaussures trônaient au bout de son lit. Arrivé au stade, il suivait scrupuleusement un rituel compliqué, touchait plusieurs objets qu'il emportait invariablement, massait ses chaussures avant de les enfiler, et achevait ce rituel par une sorte de signe du pied au moment d'engager. Des anecdotes innombrables pourraient être citées, notamment pour le choix des chaussures. Les gardiens semblent particulièrement concernés par ces pratiques superstitieuses, comme s'ils pouvaient, plus que d'autres, interdire l'accès du but au ballon par une quelconque manipulation. Ces pratiques ne se limitent pas aux joueurs, elles sont même parfois collectives et incluent supporteurs et autres dirigeants du CSY. Ces pratiques sont souvent la source de conflit entre partisans et non partisans.

Certains membres du staff administratif dudit club se substituent en staff technique pour recruter les joueurs, limoger le coach et prendre certaines décisions car il existe une sorte de conflit de pouvoir entre le comité de sage, le conseil d'administration et la direction générale. Le système de gestion du football dans les clubs camerounais restant presque fermé au public, laisse croire à l'existence des grands maux tels que la corruption, le détournement des fonds et le conflit d'intérêts. Pour cela, la goutte d'eau ayant débordé le vase vient du système qui a éclaté la tare de l'instance faitière, précisément au niveau du conseil des sages, de la direction administrative et du staff technique. Chaque individu développe alors une stratégie pour sauvegarder ses avoirs et ses relations. Ces acteurs du club sont cependant issus d'ethnies diverses dont de cultures différentes. Ces conflits seraient aussi dus au choc de personnalité de base d'une part issu de ces cultures et d'autre part à l'intérieur de la culture majoritairement représentée.

Les items culturels jouent un très grand rôle dans la configuration de chaque équipe et est porteur d'un message sacré c'est-à-dire restreint aux populations conceptrices et exécutrices. Par conséquent, ces mouvements influencent le staff technique, qui n'a plus que pour rôle de subir la volonté des forces en présence ou de démissionner s'il ne se soumet pas. C'est la raison pour laquelle dans la culture, l'individu rencontre une première enculturation ou socialisation dont les modèles orientent son comportement d'acteur dans le futur système social.

Selon nos hypothèses de départ, Les Ewondo de Nkolndongo se sont appropriés le football en créant le Kpa-Kum Mekok-Me-Ngonda Y'ongola. La logique du football est construite sur un certain nombre de vecteurs culturels notamment les pratiques magico-religieuses, les danses, les chants et les instruments musicaux ewondo. Le football est une activité de promotion sociale et de positionnement selon les Ewondo de Nkolndongo. Le football est perçu par les Ewondo comme une activité sportive où tous les moyens doivent être mise en oeuvre pour vaincre et convaincre.

Il faut relever que le football entant que sport basé sur la performance, le talent ne saurait se réduit à la pratique magico-religieuse. Cet avis est partagé par les Ewondo de Nkolndongo, seulement ils pensent qu'il est aussi impératif de se protéger contre les esprits malveillants d'origine quelconque afin de rester au top niveau. Aucun de nos informateurs n'a avoué faire du mal à Autrui mais tous pense à se protéger. Pourquoi se protéger quand il n'y a personne qui ne veut nuire à l'Autre ? Ne serions nous pas rentré dans cet adage footballistique qui stipule que « la meilleure défense c'est l'attaque ! » ? Nous osons penser que les acteurs du football gagneraient à redescendre sur le stade afin de pratiquer le jeu qu'est le football qui a besoin de joueurs talentueux, performants et non des marabouts et autres prêtres.

La gestion du football chez les Ewondo est ponctuée d'embuches si l'on s'en tient aux nombreux différends récurrents enregistrés au sein du CSY. A ces différends, s'ajoutent les services de l'organigramme qui ne sont pas fonctionnels ou qui ne concordent pas avec la structuration admise par la FIFA. Le Comité de sage se considère comme l'instance souveraine des Mékok-Me-Ngonda et pourtant elle ne devrait pas exister et même intervenir dans la gestion du CSY selon la FIFA.

Suite aux résultats auxquels nous sommes parvenus, les perceptions du football et sa pratique par les Ewondo de Nkolndongo, sont influencées par des constructions locales du sport. Ces constructions font montre d'un certain mysticisme dans les résultats des parties de football parfois collé sur le dos de l'arbitre. Il est communément partagé que les marabouts peuvent changer le sort d'un match. C'est d'ailleurs pourquoi si on a un entraineur dans le staff, très souvent le marabout de l'équipe figure également. Ce dernier peut être occupé un autre poste dans le staff mais son travail consiste à prédire l'avenir, à consulter les mages ou à faire des fétiches pour le rayonnement du CSY. Les joueurs en font également disent-ils pour se protéger. Ces pratiques sont fortement proscrites par la FIFA qui fonde le football sur le talent, la performance et les entrainements réguliers. Cette action de se protéger ou de vouloir se protéger que prônent les joueurs pourrait faire l'objet de recherches futures.

La pratique d'un football serein au sein du CSY commencerait par le fonctionnement effectif de son organigramme et la non ingérence des acteurs périphériques dans les activités du club. Par ailleurs, il est opportun pour les acteurs du football en général et les joueurs en particulier, de comprendre que les gris-gris et autre marabouts ne peuvent pas remplacer le talent, l'application aux entrainements qui sont gages de performances sur le terrain. Il faudrait aussi promouvoir des politiques de football pour les jeunes, soutenir la responsabilité des personnes et limiter l'exclusion par des messages poignants : le football est une activité professionnelle, l'acteur majeur est le joueur et il doit vivre des fruits de son travail. Les hommes d'affaires qui s'impliquent dans la gestion du football ne doivent pas se considérer comme des vautours mais des promoteurs d'entreprises footballistiques.

SOURCES

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VII- TEXTES JURIDIQUES ET PUBLICATIONS OFFICIELLES

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Décret n°65 /DF/374 du 28 Août 1965 portant réorganisation du Ministère de l'Education de la Jeunesse et de la Culture.

Décret du 6 Avril 2005 portant organisation et missions du MINSEP.

Loi n° 2011/015 du 15 Juillet 2011 relative à la promotion des activités physiques et sportives.

Loi n° 2011/018 du 15 Juillet 2011 portant organisation et promotion des activités sportives.

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IX- SOURCES ORALES

I- ENCADREURS

Noms, prénoms et dates d'entretien

Lieu d'entretien

Situation matrimoniale

Groupe ethnique

Niveau d'étude

Statut

Kuitche Jean Michel

Le 21-04-2012

Stade Malien

Marié

Bamougoum

Secondaire

Préparateur Physique

Aboubakar soulyemanou

Le 21-04-2012

Stade Malien

Marié

Moudang

Supérieur

Coach

II- OFFICIELS DE MATCHS

Noms, prénoms et dates d'entretien

Lieu d'entretien

Situation matrimoniale

Groupe ethnique

Niveau d'étude

Statut

GUEGANG Roméo

Le 27-09-2012

24

Célibataire

Foto

Supérieur

Arbitre régional

ALIOUM Sidiki

Le 27-09-2012

Stade omnisport

Marié

Musgum

Secondaire

Arbitre

III- MEMBRES DIRIGEANTS

Noms, prénoms et dates d'entretien

Lieu d'entretien

Situation matrimoniale

Groupe ethnique

Niveau d'étude

Statut

ENGAMA Destin

30-07-2013

Siège CSY

Marié

Eton

Supérieur

Intendant

EFFA Victor

19-07-2013

-Mvog-Mbi

-Stade Malien

Marié

Ewondo

Secondaire

Kinésithérapeute

Engama Théodore

06-08-2013

Domicile

Marié

Eton

Secondaire

Conseil des sages

IV- MEMBRES SPORTIFS JOUEURS

Noms,prénoms et dates d'entretien

Lieu d'entretien

Situation matrimo-

Niale

Groupe ethnique

Niveau d'étude

Statut

ONANA Thierry

Le 18-09-2012

Stade Malien

Célibataire

Ewondo

Supérieur

Joueur de champ

DOMWA Richard

Le 17-09-2012

-Taxi

-Tsinga

Célibataire

Moudang

Secondaire

Joueur de champ

NGUIJOL

Le 16-09-2012

Stade Malien

Célibataire

Ewondo

Secondaire

Joueur de champ

NGAMALEU

Le 16-09-2012

Stade Malien

Célibataire

Bafang

Secondaire

joueur de champ

LEBONGO

Le 17-09-2012

Stade Malien

Célibataire

Eton

Secondaire

Joueur de champ

OWONA Trésor

Le 17-09-2012

Stade Malien

Célibataire

Ewondo

Secondaire

Joueur de champ

V- MEMBRES SPORTIFS SUPPORTEURS

Noms, prénoms et dates d'entretien

Lieu d'entretien

Situation matrimoniale

Groupe ethnique

Niveau d'étude

Statut

ESSOMBA Jean

Le 20-09-2012

Stade omnisport

Célibataire

Ewondo

Secondaire

Supporter

MBALLA Kolbert

Le 07-04-2012

Stade omnisport

Marié

Ewondo

Supérieur

Supporter

EDING Giresse

Le 22-04-2012

Stade omnisport

Célibataire

Bulu

Secondaire

Supporter

NDZIE Pierre

04-09-2012

Stade Annexe

Marié

Eton

Primaire

Supporter (Oyili club)

VI- SPECTATEURS

Noms, prénoms et dates d'entretien

Lieu d'entretien

Situation matrimoniale

Groupe ethnique

Niveau d'étude

Statut

ATANGANA Messi Joël

Le 20-09-2012

Stade Annexe

Célibataire

Ewondo

Secondaire

Spectateur

AYISSI

Le 17-09-2012

Stade omnisport

Célibataire

Ewondo

Secondaire

Spectateur

YONTA Germain III

Le 10-04-2012

Stade Annexe

Célibataire

Bafounda

Secondaire

Spectateur

TCHOFFO Kuété Raoul

Le 10-04-2012

Stade omnisport

Célibataire

Babadjou

Supérieur

Spectateur

I- ANNEXES

GUIDE D'ENTRETIEN

Identification

Nom :............................... ............

Date :........................... .................

Lieu :............................................

Situation Matrimonial :........................

Groupe ethnique :...............................

Niveau d'étude :.......... ......................

Statut :...........................................

1. La pratique du football chez les Mvog-Mbi de Yaoundé

Ø La création du Canon Sportif de Yaoundé

o L'identité

o L'hymne

o Les emblèmes

Ø Les icônes du Canon Sportif e Yaoundé

o Les présidents charismatiques

o Les joueurs emblématiques

o Les ballons d'or nationaux et continentaux

o Les entraineurs prolifiques

Ø Les gloires du Canon Sportif Yaoundé

o Les coupes et titres

o Les titres continentaux et honorifiques

Ø La structuration du Canon Sportif de Yaoundé

o Les organes consultatifs

o Les organes de gestion

Ø Les infrastructures du Canon Sportif de Yaoundé

o Les immobiliers

o Les mobiliers

Ø La préparation des matchs au sein du Canon Sportif de Yaoundé

o Au niveau des membres dirigeants

o Au niveau des membres sportifs

2. Les pratiques accompagnants le football au sein du Canon Sportif de Yaoundé

Ø Les pratiques magico-religieuses

o Individuelles

o Collectives

Ø L'animation des matchs

o Les instruments

o Les paroles

o Les mouvements

o Les acteurs

Ø Les conflits dans le Canon Sportif de Yaoundé

o Les conflits horizontaux

o Les conflits verticaux

3. La perception du football chez les Mvog-Mbi

Ø Dénomination du CSY

o Kpa Kum

o Mekok-Me-Ngonda

o S.A.O.S

Ø Le football comme activité de développement

o Activité récréative

o Activité économique

o Activité professionnelle

o Activité de bien être

o Activité de promotion sociale

Ø La culture du football chez les Ewondo de Nkolndongo

o Activité rituelle

o Activité fanatique

o Activité socialisatrice

Ø La gestion du football

o Interactions entre dirigeants

o Trafic d'influence

o Challenge entre actants

Ø Les crises liées à la pratique du football

o Ambitions

o Crises

GUIDE D'OBSERVATION

I-PARCOURS DU JOUEUR

- Recrutement des joueurs

- Intégration du joueur

- Attitudes et relations des joueurs entre eux d'une part et entre joueur et staff

- Départ du joueur

II-PREPARATION DE MATCH

- Entrainements (déroulement, heure, durée, périodicité, pilotage)

- Matériels d'entrainements

- Infrastructures sportives (état du stade d'entrainements)

- Comportement alimentaire

- Attitudes des joueurs et du staff technique

- Les intervenants

- Les échanges entre les membres du CSY

- Lieu de la veillée du match

III- DEROULEMENT DES MATCHS A DOMICILE ET EN DEPLACEMENT

- Lieu de rassemblement

- Disposition de l'équipe dans le bus

- Rituel de la décente du bus

- Rituel d'entrée au stade

- Lecture de la feuille de match

- L'entrée des onze entrants sur le terrain

- L'attitude des joueurs

- Les remplacements

- L'équipement individuel et collectif

- Les supporteurs (accoutrements, attitudes, matériels d'accompagnement)

- La fin du match (cas de victoire, de match nul et de défaite)

IV- CADRE MANAGERIAL

- Accessibilité géographique

- Aspect physique

- Disposition de la structure

- Fonctionnement

- Congrès du CSY

ORGANIGRAMME DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE

ORGANIGRAMME DE L'UNION SPORTIVE DE LUZENAC (France)

PRESIDENT

COM ITE DIRECTEUR

DIRECTEUR SPORTIF

Service comptable

Service sécurité Coordonnateur

Service Com/Marketing Accréditations

Service Secrétariat

- PRESSE

Logistique déplacements

Responsable

Billeterie

Accueil/ Officiels

Contrôleur entrées

Sponsoring

Panneau Affichage

SONO

STAFF TECHNIQUE

Equipe ou Club

Entraineur gardien

Entraineur physique

Entraineur espoir

Directeur école de sport

Bourriche

Organisation matchs

Contrôle tribune

Sécurité tribune

Accueil équipe visiteur/ délégué police terrain

Internet

- GLOSSAIRE DES MOTS ET EXPRESSIONS UTILISES DANS LE MEMOIRE

Canon : arme redoutable à un tir ayant vaincu les français lors de la Première Guerre Mondiale en 1916.

Club : équipe organisée ayant plus ou moins un même objectif à atteindre.

Conflit : mésentente entre un ou plusieurs individus ou catégories d'individus.

Culture : selon Ralph Linton (1959), « c'est le mode de vie global d'un peuple ».

Derby : match, importante rencontre à plusieurs enjeux

Enjeu : c'est l'argent qu'on met en jeu en commençant la partie, et qui doit revenir au gagnant. Pour un joueur, c'est l'objectif à atteindre en terme financier, identitaire et sportif

Ecock'le : carapace.

Ecoc'le kùlù : carapace de la tortue. Elle sert de pare-balle pour le canon sportif de Yaoundé.

Fair play : acceptation loyale des règles d'un jeu, d'un sport.

Football : sport d'équipe opposant deux équipes de onze joueurs, où il faut faire pénétrer le ballon rond dans les buts adverses, sans le toucher de la main ni du bras.

Kpa kum : déclenchement et bruit suite à l'appui sur la gâchette. Ce sont les deux étapes de l'accomplissement d'un tir de canon armé d'une seule cartouche.

Kùlù : tortue.

Leadership: c'est la position ou l'art de dominer.

Management : système de gestion et d'évaluation d'une activité selon la qualité, le coût et le délai.

Match : rencontre entre deux équipes adversaires, deux joueurs...

Mekok-Me-Ngonda : cailloux qui brulent  sortant de l'arme à feu (canon). Ainsi, le canon sportif tire à la place des pierres le ballon rond.

Mythique : légendaire, club qui a un rapport avec la tradition et met en scène des êtres.

Ndamba meko : « le ballon », « les pieds » ; le ballon des pieds ou tout simplement le football.

Phénomène de masse : fait ou évènement qui mobilise plusieurs individus et groupes

Patterns : échantillons ou spécificités culturelles.

Performance : selon Platonov, la performance est le résultat d'un entrainement complexe ».

Personnalité : individu formaté par une culture et agissant selon cette dernière.

Pratique : fait et geste coordonnés dans le but d'atteinte un résultat.

Préparation: ensemble d'apprentissage, d'accumulation et d'accommodation de faits et de geste.

TABLES DES MATIERES

DEDICACE....................................................................................................i

REMERCIEMENTS ii

RESUME iii

ABSTRACT iv

SOMMAIRE v

LISTE DES ILLUSTRATIONS vi

LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET DES SIGLES viii

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I : PRESENTATION PHYSIQUE ET HUMAINE DU MILIEU DE L'ETUDE 14

I.1 LA PRESENTATION DU MILIEU PHYSIQUE DE L'ETUDE 15

I.1.1 La topographie de l'arrondissement de Yaoundé IVe 18

I.1.2 Le climat 18

I.1.3 La végétation 19

I.1.4 La faune 20

I.1.5 Le sol 20

I.1.6 L'hydrographie 20

I.1.7 L'architecture 21

I.2 LA PRESENTATION HUMAINE DU MILIEU DE L'ETUDE 21

I.2.1 L'origine des Ewondo 21

I.2.2 La société Ewondo de Nkolndongo 23

I.2.2.1 L'organisation familiale 23

I.2.2.2 L'organisation politique 23

1.2.2.3 L'organisation sociale 24

I.2.2.3 L'organisation économique 25

I.2.2.3.1 Les cultures vivrières 25

I.2.2.3.2 Les cultures de rente 25

I.2.2.3.3 L'élevage 25

I.2.2.3.4 L'artisanat 26

I.2.3 La culture Ewondo 26

I.2.3.1 La langue 26

I.2.3.2 Les systèmes de croyance 27

I.2.3.3 Les rites 28

I.2.3.4 L'alimentation 28

I.2.3.5 Les pratiques culturelles 29

I.2.3.6 Les activités sportives pratiquées 30

I.2.3.7 Les nouveaux mouvements religieux 32

I.2.4 Les infrastructures et les institutions 33

I.2.5 La situation sanitaire et les modes de traitement des maladies 33

I.2.5.1 La situation sanitaire 33

I.2.5.2 Les modes de traitement des maladies 34

CHAPITRE II : DEBAT EN ANTHROPOLOGIE SUR LE FOOTBALL 35

II.1 LA REVUE DE LA LITTERATURE 36

II.1.1 Le football, une activité historique 36

II.1.2 Une activité légale en pleine reforme 38

II.1.3 Un exercice physique 39

II.1.4 Les facteurs naturels affectant le football 40

II.1.5 Le football ; une activité culturelle, rituelle et magico-religieuse 40

II.1.5 Le football comme un système économique 43

II.1.6- Les supporteurs dans le football 45

II.1.7 Le football : le revers d'une médaille 46

II.1.8 Les arbitres dans le football 47

II.1.9 Le coach dans le football 47

II.2 LE CADRE THEORIQUE 49

II.2.1 L'analyse stratégique 49

II.2.3 Le culturalisme 50

CHAPITRE III : PRATIQUE DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO DE YAOUNDE  53

III.1 LE CSY DE LA CREATION A NOS JOURS 54

III.1.1 La création du Canon Sportif de Yaoundé 54

III.1.2 L'identité du Canon Sportif de Yaoundé 55

III.1.2.1 L'hymne du Canon Sportif de Yaoundé 55

III.1.2.2 Les emblèmes du Canon Sportif de Yaoundé 56

III.1.2.3 La carapace de la tortue 57

III.1.3 Le canon : une équipe moderne 59

III.1.4 Les icônes du Canon Sportif de Yaoundé 59

III.1.4.1 Les présidents charismatiques 59

III.1.4.2 Les joueurs emblématiques 60

III.1.4.3 Les ballons d'or Camerounais et africains du Canon Sportif de Yaoundé 60

III.1.4.4 Les entraineurs prolifiques 60

III.1.5 Les gloires du Canon Sportif de Yaoundé 60

III.1.5.1 Les coupes et titres de champion du Cameroun 60

III.1.5.2 Les titres continentaux et honorifiques 61

III.2 LA STRUCTURATION DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE 62

III.2.1 L'Assemblée Générale 62

III.2.2 Les organes de gestion 62

III.2.2.1 Le Conseil d'Administration 62

III.2.2.2 La Direction Générale 63

III.2.3 Les organes consultatifs 64

III.2.3.1 Le conseil des sages 64

III.2.3.2 Le comité d'audit 65

III.2.3.3 Le comité de bienfaiteurs 65

III.3 LES INFRASTRUCTURES DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE 65

III.3.1 Les immobiliers 65

III.3.2 Les mobiliers 67

III.3.3 L'environnement de l'aire de jeu 68

III.3.3.1 L'environnement physique 68

III.3.3.2 L'environnement humain 68

III.4 LA PREPARATION DES MATCHES DE FOOTBALL AU SEIN DU CANON 68

III.4.1 Au niveau du Conseil d'Administration 68

III.4.2 Au niveau de la Sous-Direction Technique 69

III.4.2.1 Les entraineurs 69

III.4.2.2 Les joueurs du CSY 71

III.4.2.3 Le médecin du club 72

III.4.2.4 Les supporters du CSY 72

CHAPITRE IV : PRATIQUES MAGICO-RELIGIEUSES, ANIMATION DE MATCH, GUERRE DE LEADERSHIP ET FOOTBALL AU SEIN DU CSY 74

IV.1 LES FACTEURS MAGICO-RELIGIEUX 75

I V.1.1 Les pratiques magico religieuses individuelles 75

IV.1.1.1 Le staff du CSY 75

IV.1.1.2 Les joueurs 76

IV.1.1.3 Le supporteur 79

IV.1.2 Les pratiques magico-religieuses collectives 79

IV.2 L'ANIMATION DES MATCH AU SEIN DU CSY 82

IV.2.1 Les instruments 82

IV.2.1.1 Les instruments musicaux 82

IV.2.1.1 Les tenues de scène 84

IV.2.2 Les paroles 86

IV.2.3 Les mouvements 87

I V.2.4 Les acteurs 88

IV.3 LES CONFLITS AU SEIN DU CSY 88

I V. 3.1 Les conflits horizontaux 88

I V.3.1.1 Les conflits entre supporteurs 89

I V.3.1.2 Les conflits entre joueurs 89

I V.3.1.3 Les conflits entre dirigeants 90

I V.3.2 Les conflits verticaux 91

I V.3.1.1 Les conflits entre supporteurs et joueurs 91

I V.3.1.2 Les conflits entre joueurs et dirigeants 91

I V.3.1.3 Les conflits entre dirigeants et supporteurs 92

CHAPITRE V : PERCEPTION DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO DE NKOLNDONGO 93

V.1 DENOMINATION DU CSY 94

V.1.1 Le kpa-kum 94

V.1.2 Les Mekok-Me-Ngonda 95

V.1.3 La Société Anonyme à Objet Sportif 95

V.2 LE FOOTBALL : UNE ACTIVITE DE DEVELOPPEMENT 96

V.2.1 Le football : une activité récréative 96

V.2.2 Le football : une activité économique 97

V.2.3 Le football : une activité professionnelle 99

V.2.4 Le football : une activité de bien être 100

V.2.5 Le football : une activité de promotion sociale 101

V.3 LA CULTURE DU FOOTBALL CHEZ LES EWONDO 102

V.3.1 Le football : une activité rituelle 102

V.3.1.1 Au niveau collectif 102

V.3.1.2 Au niveau individuel 104

V.3.1.3 La gestuelle dans le football 105

V.3.2 La notion du fanatisme chez les Ewondo de Nkolndongo 107

V.3.4 La socialisation footballistique : un rêve chez les Ewondo de Nkolndongo 109

V.3.3 Le regard social sur les footballeurs chez les Ewondo 110

V.4 L'ANALYSE STRATEGIQUE ET GESTION DU FOOTBALL AU SEIN DU CSY 111

V.4.1 Les interactions entre les dirigeants 111

V.4.2 Le trafic d'influence 112

V.4.3 Le challenge entre les actants 113

V.4.4 Les ambitions du football et crises sociales liées à sa pratique 114

V.5 DE L'ANALYSE STRATEGIQUE ET DU CULTURALISME A LA COMPREHENSION DE LA PRATIQUE DU FOOTBALL AU SEIN DU CANON SPORTIF DE YAOUNDE 115

CONCLUSION 117

SOURCES 125

ANNEXES i

TABLES DES MATIERES ix

* 1 Langue mixte utilisée pour communiquer entre les personnes de langues différentes

* 2 C'est est un instrument de musique de fabrication délicate. Il est fait à partir d'une tige de bambou-raphia de 1m à 1,4 m environ ; qu'il faut sécher, détacher de 4 à 6 lamelles qui restent cependant fixées au bambou par les extrémités. Ces lamelles sont ensuite distendues et accrochées à un bâtonnet qui a été fixé environ au 4/10 de la tige, lui donnant une forme légèrement courbe. Puis trois à six (3 à 6) demi-calebasses sont fixées sur la partie extérieure de cette espèce d'arc pour former les caisses de résonance.

* 3 La première tentative d'unification des différents codes en Angleterre qui donna lieu au premier championnat professionnel où aucun club du Sud du pays n'y participa.

* 4 Idem

* 5 Idib

* 6 Lois respectivement relatives à la liberté d'association et fixant la charte des activités physiques et sportives au Cameroun

* 7 Cette équipe de « Lune » eut pour capitaine Ekambi LOBE et a favorisé l'éclosion d'autres clubs sur tout le territoire.

* 8 Les trois formations de Yaoundé furent Etoile Européenne, Ecole Supérieure et Etoile Indigène

* 9 Nom du patriarche qui donna l'appellation du Canon Sportif de Yaoundé

* 10 Déclaration faite lors du congrès ordinaire du CSY le 17 Octobre 2009

* 11 Société Anonyme à Objet Sportif est la nouvelle appellation du Canon Sportif de Yaoundé. La majorité des présidents des clubs de la LPFC contestent ce changement à travers l'Association des Clubs d'Elite du Cameroun (ACEC) qui ont décidé de ne plus participer aux rencontres (voir19ème journée MTN Elite 2013)

* Selon notre informateur, cette carapace représente le CSY et tant qu'elle est accrochée, ce club demeura en MTN Elite One. Au cas contraire, il sera relégué en MTN Elite Two.

* 12 Voir liste définitives révisées des joueurs sélectionnés pour la saison 2012 en annexe

* 13 Dans ce contexte c'est l'influence des présidents choisis en fonction du nombre de titres nationaux ou continentaux remportés

* 14 Article 12 section 1 chapitre IV fixant la liste des organes du CSY de Février 2010

* 15 Entretien effectué au siège du CSY le 30 Juillet 2013

* 16 Entretien effectué au domicile de d'un informateur le 19 Juillet 2013

* 17 Le transfèrement de MOKAKE du CSY vers le club Sedan en France en 2002-2003 a couté 200 000 Euros soit 13 100 000 F CFA à raison de 655 FCFA pour 1 Euro, versé en trois termes. C'est le plus petit transfèrement du Canon depuis 2009

* 18 L'eau et du sel bénit en provenance de la Paroisse St Kisito de Mvog-Mbi.

* 19 Entretien effectué le 20 Septembre 2012 au stade Ahmadou AHIDJO

* 20 Entretien menée du 07 Avril 2012 au stade Omnisport de Yaoundé

* 21 Intervew post-remaniement ministériel de 1996 où il occupait le poste de Ministre des Relations Extérieures

* 22 Idem

* 23 Ibid

* 24 Adage bamiléké qui veut dire rareté ou le non paiement des salaires puisqu'au la'kam ou village d'initiation des chefs, l'on ne retrouve jamais un bébé encore moins ses selles.

* 25 Données collectées le 17 Septembre 2012 au stade malien de Nkolndongo

* 26 Spectateur interrogée le 20 septembre 2012

* 27 Entretien du 17 Septembre 2012 au stade Omnisport de Yaoundé






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote