INTRODUCTION
1. Etat de la
question
L'état de la question permet d'évoquer la
littérature empirique qui a été menée dans ce
domaine. En effet, pour faire une investigation scientifique, il est
impératif à l'investigateur de savoir la théorie du
moment, de connaitre ce qui se fait actuellement dans ce domaine (MUANASAKA,
2014).
En effet, pour la réalisation de ce travail, nous avons
survolé certains travaux scientifiques et les recherchesmenées
dans ce domaine, ou dans les domaines semblables. Car, des telles recherches
permettent d'avoir un aperçugénéral sur les solutions que
les autres chercheurs ont proposées dans le domaine, ainsi que les
difficultésrencontrées lors de cet exercice. Nous citons quelques
travaux précédents des auteurs ci-après:
Ø TUDJA : (2011) a traité de la
« Problématiquede la mécanisationen chefferie des
BABOA-BOKOE, cas de SENAMA ».Son étude était
orientée vers la gestion de la mécanisation agricole en chefferie
des Baboa-Bokoe. Cette recherche a abouti aux résultats selon lesquels,
les agriculteurs en chefferie des Baboa-bokoe n'ont pas un accès facile
au tracteur, suite à un coût de location élevé,et
nécessitant des revenusconsistants.Ila souligné que le nombre de
ceux qui ont déjà utilisé les tracteurs est très
minime, ou moindre et les superficies labourées,hersées et
semées sont négligeables par rapport à la croissance
démographique ou, au nombre de la population de la chefferie de
Baboa-bakoe.
Ø LEMBENE :(2014) a mené ses études
sur l'« Impact de la mécanisation agricole sur les produits
vivriers dans la Cité de Bunia : cas de haricot et de manioc, de
2009 à 2012 ». Cette recherche s'étaitproposée
de vérifier si la mécanisation agricole avait un impact sur les
quantités et les prix des produits vivriers, le haricot et le manioc
vendus sur le marché central de Bunia. Car, cette production
était censée augmenter d'une façon exponentielle sur les
marchés, et les prix en baisse, étant donné que lorsque
l'offre augmente, alors que la demande reste la même, les prix baissent.
L'auteur indique que l'hypothèse est confirmée pour les prix
de haricot et manioc, car, ses prix ont connu un accroissement du 38,52% durant
l'année 2010 ; de 117,78% en 2011 et 102.97% en 2012, par rapport
à 2009. Quant au produit vivrier, manioc, la croissance a
été respectivement durant les années 2010, 2011 et 2012 de
l'ordre de 62.35% ; 139.67% et 163%.
Ø KATANABO : (2012) a traité de
l'«Impact de la mécanisation agricole sur l'agriculture dans le
territoire d'Irumu, de 2010-2012 ». Pour cette recherche, le but
était de déterminer l'influence des tracteurs octroyés par
le gouvernement central sur la production agricole en chefferie de Baboa-bokoe.
L'auteur avait abouti aux résultats selon lesquels, plupart des
enquêtés, soit 93% d'effectifs travaillaient manuellement et
seulement 7% avaient déjà recouru aux services
mécanisés. Et aussi, d'après toujours les
résultats, la production obtenue avant l'acquisition des tracteurs
était supérieure à celle obtenue après
l'acquisition des tracteurs.
Cependant, la particularité de notre recherche
réside dans le fait qu'elle vérifie si la mécanisation
agricole a une incidencesur les quantités et les prix des denrées
alimentaires, que sont notamment : le haricot, le maïs, le manioc et
la patate douce. Et cela, sur le marché centrale, depuis 2009,
l'année d'octroi des tracteurs agricoles, jusqu'à 2014.
2.
Problématique
La mécanisation a joué un grand rôle dans
l'évolution des agricultures du monde.Pour l'Afrique subsaharienne,
elles se caractérisent en effet au sein de la famille par une
mobilisation très forte du travail manuel, par une progression lente de
l'utilisation des animaux de trait, et par un très faible recours
à la motorisation. La mécanisation agricole a été
une révolution agricole importante pour les agriculteurs des pays
développés.En Afrique subsaharienne,
l'énergienécessaireà la production agricole est fournie
par les hommes (65%), les animaux (25%) et les moteurs (10%). L'agriculture
familiale, plus de 75% desexploitations agricoles procurent l'essentiel des
revenus des populations rurales. Cependant, elle a un accès restreint
à la motorisation agricole(BALLUT, 2004 :21).
Dans les pays du tiers monde en général,
l'accroissement de la production agricole semble totalement tributaire de
l'augmentation de superficiesemblavées. Accroitre la superficie
cultivablesignifie,disposer des quantitésénergétiques
suffisantes pour la mise en oeuvre de
différentesopérationscultivables.
L'énergie humaine est de plus en plus utilisée
pour la production agricole dans plusieurs pays subsahariens. Mais, cette
énergie semble limitée à l'accroissement
dessuperficiescultivables, et par ricochet, à l'augmentation de la
production agricole, et favorise la variation de prix sur le marché
(MONDE, 2013).
Le développement de la mécanisation est une
composante du développement agricole, indissociable d'une dynamique de
croissance économique de monétarisation et accroissement des
échanges des ménages agricoles (BORDET, 2009 : 38)
Cependant, l'investissement productif dans l'agriculture
dépend de la bonne santé des filières agricoles nationales
et de leur compétitivité sur les marchés mondiaux. Plus la
demande locale des produits agricoles (demande formulée par les
commerçants locaux et les exportateurs, les transformateurs locaux ou
les consommateurs finaux) est importante et diversifiée, meilleures sont
les chances des agriculteurs de tirer un bon revenu de leurs productions. Donc,
cela fait appel à la mécanisation solvable.
Pour résoudre le problème de la famine et de
l'emploi de la population Congolaise, la croissance agricole s'avère
indispensable par une augmentation des superficies et de la quantité
produite, qui peut résulter d'une extension des superficies ou d'une
amélioration de la production agricole (OKUNGO, 2012).
En effet, sur le marché, le prix des biens
reflète l'équilibre entre l'offre et la demande.
L'équilibre tend à se fixer autour de la valeur de travail
incorporé. L'évolution des prix n'est pas l'inflation qui ne
mesure le prix que de la monnaie, alors que l'évolution des prix en
général, dépend du fonctionnement de l'économie,
qui modifie le prix relatif de biens. Cependant, la mesure du prix de la
monnaie ne peut être faite qu'indirectement par une mesure du prix d'un
panier représentatif de biens. Si les prix de ce panier augmentent,
c'est la Valeur relative de la monnaie qui diminue (JEAN DE SEL, 2012 :
43).
Ainsi, la mécanisation agricole peut concourir à
la stabilisation des prix en équilibrant l'offre et la demande, et en
améliorant les conditions d'emploi dans le secteur agricole, car les
actifs agricoles sont souvent sous-employés en Afrique Subsaharienne.
La République Démocratique du Congo dispose de
80 millions d'hectares de terres arables, dont à peine 10% sont mises en
valeur. Deuxième pays de la planète en terme des terres arables
utilisables disponibles après le Brésil, grâce à la
diversité des climats et à la densité du réseau
hydrographique. La RDC, complètement aménagée, serait
capable de nourrir près de deux milliards de personnes, ce qui constitue
un atout maître dans le contexte de la crise alimentaire mondiale qui se
profite déjà dans la durée (ANONYME, 2009 :6).
A cet effet, l'administration publique congolaise, par le
billet du ministère de l'agriculture,avaitdoté les agriculteurs
de l'Ituri de 78 tracteurs repartis sur les 5 territoires qui composent la
province de l'Ituri. La quelle répartition devrait soulager la
population,quantà ce qui concerne l'amélioration du facteur
travail et l'augmentation de l'offre des produits agricolessur les
différents marchés.
La ville de Bunia et ses environs ont été
dotés de 25 tracteurs, ayant comme bénéficiairesles
commerçants, la population de la classe moyenne et certaines structures
de la société civile, les associations.
Partant de cette réalité, nous avons
orienté notre recherche sur la mécanisationet son incidence
sur les prix de certaines denrées alimentaires, d'origine agricole, dans
la ville de Bunia. Car, l'utilisation de ces tracteurs s'effectue dans les
environs immédiats de Bunia, et les conséquences relatives
à la modification de l'offre des produits agricoles devraient se faire
sentir sur le marché de consommation, qui est celui de la ville de
Bunia.
En effet, la ville de Bunia est constituée de plus de
60% de la population à faibles revenus, et possède l'agriculture
comme emploi principal. Cette population affecte plus de 80% de son revenu dans
les dépenses alimentaires (KABONGO, 2014). Et l'augmentation de la
production agricole pourrait améliorer les revenus des agriculteurs et
stabiliser les prix sur les marchés de consommation. Car, si nous
considérons la superficie emblavée par un actif agricole par
jour, comparativement à celle que peut emblaver une machine agricole, la
production agricole devrait augmenter d'une façon exponentielle.
Faisant suite à cette problématique, cette
recherche soulève les questions suivantes :
Ø La mécanisation agricole a-t-elle
contribué àl'augmentation du volume de transaction des produits
sous étude, et la baisse de prix des denrées alimentaires
d'origine agricole dans la ville de Bunia, depuis l'acquisition des tracteurs
agricoles en 2009 jusqu'en 2014 ?
Ø Les ménages agricoles de la ville de Bunia et
ses environs ont-ils accès à lamécanisationagricole,afin
d'améliorer leur facteur travail et par conséquent,
l'amélioration de leurs revenus?
3.
Hypothèse
L'hypothèse de recherche est une solution provisoire
qu'on avance, trèsexplicitée dans les indications quelle donne au
chercheur par la conduite de la recherche, qui doit êtreconfirmée
ou infirmée (MUANASAKA, 2014).
En réponse aux questions posées dans la
problématique, la présenteétude s'articule autour des
hypothèsesci-après :
Ø La mécanisation agricole n'aurait pas
contribuéà la baisse de prix de denrées alimentaires sur
le marché, ainsi qu'à l'augmentation du volume de transaction des
produits agricoles sous étudedans la ville de Bunia.
Ø Les ménages agricoles de la ville de Bunia et
ses environs n'auraient pas accès aux services de la mécanisation
agricole, et continuent à utiliser les outils rudimentaires dans la
production agricole, par conséquent, les revenus demeurent faibles.
4. Objectif du
travail
4.1. Objectif général
Le principal objectif de cette recherche est de
vérifierl'incidencedela mécanisation agricole sur les prix et le
volume de transaction de certains produits agricoles, que sont notamment :
le haricot, le maïs, le manioc et la patate douce. Cela, depuis 2009,
l'annéeoù les tracteurs agricoles ont été
octroyés, jusqu'en 2014, dans la ville de Bunia.Car, la production est
censée augmenter et les prix baisser sur le marché, si on s'en
tientà l'impulsion des machines agricoles.
4.2. Objectifs spécifiques
En entreprenant ce travail, nous visons un double objectif,
à savoir :
ü Une analyse des données en provenance d'une
enquête auprès des ménages agricoles dans la ville de Bunia
sera effectuée, en vue de vérifier le niveau d'incidence de la
mécanisation agricole sur le facteur travail en ville de Bunia ;
ü Le calcul des prix et de quantités des produits
agricoles sous étude sera effectué pour déterminer
l'évolution du coût de vie et du volume de transaction.
5. Choix et
intérêt du sujet
Dans tout travail scientifique, le choix et
l'intérêt du sujet relèvent en grande partie des
motivations profondes, qui poussent les chercheurs sur un
problèmeprécis, et la tentative de solution qui constitue une des
principales ambitions de ce dernier, en présentant le mobile qui anime
ou qui suscrite sa curiosité scientifique sur un aspect de la vie
(RUHIGWA, 2013).
L'agriculture constitue la
priorité,étantdonné que c'est d'elle que l'homme a la
facilité d'accomplir toute autre tâche, suite à
l'énergie fournie par les denrées alimentaires.Ainsi, nous avons
opté pour ce sujet, car la survie de la population de Bunia et ses
environs en dépendent.Par le fait que la frange de la population
employée dans le secteur agricole est importante à Bunia, soit
plus de 60% de la population active. La mécanisation agricole peut
être une solution, quant au facteur travail, une amélioration des
revenus des agriculteurs de Bunia, et une stabilisation des prix des produits
agricoles sur les marchés de consommation.
Le présent travail présente un
intérêt, tant sur le plan pratique que sur le plan scientifique.
Sur le plan pratique, l'intérêt estde montrer à la
population de Bunia,en particulier, et de la République
Démocratique du Congo en général, l'incidence de la
mécanisation agricole sur l'offre des denrées alimentaires, et sa
contribution sur les prix de ces denrées, depuis l'acquisition des
tracteurs agricoles.
Sur le plan scientifique, la disponibilité des
données relatives à la mécanisation et son incidence sur
les prix des denrées alimentaires à Bunia, pourra constituer une
banque des données pour les futurs chercheurs.
6. Délimitation du
travail
Notre sujet a connu une délimitation dans le temps et
dans l'espace.
Ø Dans l'espace, nos investigationssont
effectuées dans la villede Bunia, sur le marché central et
auprès des ménages agricoles de la ville Bunia.
Ø Dans le temps, cette recherche s'étant de 2009
à 2014, pour ce qui concerne les prix et les quantités, et
l'enquête auprès des ménages a été
effectuée en 2015.
7. Subdivision du
travail
Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail se
subdivise en trois chapitres : le premier traite des
généralités, le deuxième montre le milieu
d'étude et la méthodologie et, le troisième aborde
l'analyse des résultats.
Chapitre premier : GENERALITES
1.1. Mécanisation
agricole
La mécanisation d'une activité c'est
l'introduction de l'utilisation de machines à toutes les phases de cette
activité. La non mécanisation est donc l'exécution d'une
activité sans aucune machine (MONDE, 2012).
La mécanisation agricole est une solution qui peut
faire en sorte que les petits producteurs agricoles, qui du reste, constituent
la plus grande majorité de la population de l'Afrique Subsaharienne
améliorent le facteur travail ainsi que la production.
Avec l'arrivée de la crise alimentaire, les initiatives
pour mécaniser les opérations culturales, améliorer la
productivité du travail et augmenter la production ont fleuri dans tous
les pays d'Afrique subsaharienne. Il semble que le tracteur soit devenu l'outil
indispensable pour réussir le passage d'une « agriculture
africaine de subsistance, incapable de nourrir le continent »,
à une agriculture « moderne, commerciale, d'entreprise et
productive » (KABONGO, 2014).
La traction animale ou la culture attelée est une
méthode de mécanisation de l'agriculture qui est également
pratiquée par les agriculteurs. Ce modèle de mécanisation
était à la mode dans les années 1970-1980. Les projets de
développement et autres sociétés ont pu développer
des programmes importants d'accès aux équipements, qui ont permis
une augmentation significative des taux d'équipement dans certaines
régions. Aujourd'hui, la traction animale semble oubliée des
nouveaux programmes et des facilités d'investissement.
L'augmentation de la production agricole ne peut se faire
indéfiniment par extension des surfaces cultivées.
L'intensification de l'agriculture est une nécessité pour faire
face à l'accroissement démographique global, ainsi qu'à la
croissance encore plus forte de la population urbaine dans de nombreux pays.
Elle peut se faire par le développement de la motorisation, en irriguant
d'avantage, par l'emploi d'engrais minéraux, etc.
L'Afrique utilise en moyenne seulement 20 kg d'engrais
à l'hectare par an, contre une moyenne mondiale de 96 kg et elle
n'irrigue que 6 % de ses terres cultivables contre 17 % dans l'ensemble du
monde. Toute augmentation significative de ces taux d'intrants,
conjuguée à une intensification de la mécanisation, aura
un impact colossal sur la facture énergétique et sur les
pratiques agricoles (KABONGO, Op. Cit).
1.1.1. Des écarts de productivité entre
l'agriculture manuelle et celle mécanisée
La révolution agricole et la révolution verte
ont permis à un certain nombre d'agriculteurs d'accroître de
façon considérable la productivité de leur travail. Mais,
tous n'ont pas eu accès à ces progrès techniques, et
aujourd'hui, la pauvreté et les insuffisances alimentaires sont le lot
quotidien de la majorité de la paysannerie mondiale. La population
agricole active du monde, estimée à environ 43%, ne dispose en
tout et pour tout que de 250 millions d'animaux de travail, soit environ 20% du
nombre des actifs agricoles, et de 28 millions de tracteurs, soit 2% d'entre
eux. La très grande majorité des agriculteurs du monde continue
donc de travailler à la main, en particulier en Afrique subsaharienne
(KABONGO, Op Cit).
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