2-2 RESULTATS DES ETUDES ANTERIEURES
Plusieurs auteurs ont mené des études empiriques
sur l'adoption des technologies de gestion des ressources environnementales, en
général, et des technologies de préparation du sol, en
particulier. De ces études, plusieurs facteurs sensés influencer
l'adoption de ces technologies ont été
répertoriés.
Knox et Meinzen-Dick (1999) ont montré qu'au moins six
facteurs à savoir :la détention des droits de
propriété, l'action collective, l'information, les risques
environnementaux et commerciaux, la richesse et le crédit
influencent le choix technologique des producteurs agricoles.
En effet, selon eux, la détention des droits
de propriété est un facteur déterminant de
l'adoption d'une technologie visant à améliorer la
productivité agricole. Les droits de propriété sont
perçus non seulement comme étant l'appropriation des ressources
conformément aux lois du pays, mais aussi une variété de
droits issus du droit coutumier et des usages locaux (Knox et Meinzen-Dick,
1999).
En effet, l'exclusion permet à ceux
qui disposent de droits d'exclure les autres de l'utilisation d'une ressource
particulière. De même, la durée permettra au
détenteur de droits de récolter les fruits de son investissement
et ce pour un horizon temporel suffisamment lointain. Enfin, les droits de
propriétés doivent être garantis par des institutions
compétentes capables de les faire appliquer en faveur d'un individu.
Southgate et al (1990) estiment que les droits de propriété
constituent un élément fondamental dans la motivation des
agriculteurs à investir dans la conservation des ressources naturelles.
Ils montrent que l'absence de ces droits décourage la conservation de
l'environnement. Enfin, Barbier (1990) montre que la détention des
droits de propriété influençait de façon
significative la décision des agriculteurs indonésiens à
investir dans le contrôle des sols perdus et en dégradation.
Knox et Meinzen-Dick (1999) ont également
souligné que l'action collective est aussi un facteur
qui intervient lorsque l'on veut aborder la question du choix de technologie.
L'action collective englobe les investissements conjoints destinés
à l'achat, la construction et l'entretien des infrastructures locales et
des équipements. Les risques environnementaux et
commerciaux influencent l'adoption des technologies agricoles.
En effet, comme l'ont montré Knox et Meinzen-Dick
(1999), les exploitants à faibles revenus sont peu motivés
à prendre des risques et hésitent souvent à adopter de
nouvelles technologies parce qu'ils ont besoin d'un revenu et des circuits de
commercialisation stables. Kebede (1993) s'accorde avec cette notion de risque
comme facteur influençant l'adoption de technologies agricoles. Ainsi,
les réactions des paysans au développement des stratégies
sont, en partie, expliquées en termes de comportement de prise de
risques. Il ajoute que dans leur sélection des méthodes
alternatives de réduction du risque, les ménages exhibent des
degrés variés de comportements de prise de risques. Il aboutit au
fait que le comportement averse face au risque des producteurs réduit la
probabilité d'adoption des nouvelles technologies dans les
régions d'étude en Ethiopie. De même, Ortiz (1980), montre
que la réticence des paysans à adopter les innovations n'est pas
due à un comportement irrationnel, mais à leur désire de
maximiser leur sécurité en minimisant leur risque. Quant à
Feder et al (1981), ils distinguent deux sortes de risques. Les risques
liés aux prix ou à l'instabilité de la pluviométrie
qui affectent la confiance des paysans dans le court terme. Et les risques
liés à l'insécurité de la détention des
terres ainsi que le risque d'appropriation du capital qui affectent la
confiance dans le long terme. Clay et al (1998) montrent qu'un grand risque
conduit les paysans à baisser l'investissement dans la conservation des
sols pour ceux qui sont averses au risque.
La richesse est aussi perçue comme un facteur
déterminant de l'adoption de nouvelle technologie. Knox et Meinzen-Dick
(1999) utilisent le terme de richesse pour désigner la possession
d'actifs du ménage. Ces auteurs informent que le revenu est
étroitement lié au pouvoir et aux droits de
propriété sur les ressources naturelles, ce qui affecte
l'adoption des technologies agricoles.
Cette dotation est relative à l'ensemble des droits de
l'individu et à la sécurité de ces droits, ajoutés
à la valeur de ses biens, à son revenu et à sa
sécurité alimentaire
Le crédit est également vu par
Knox et Meinzen-Dick (1999) comme un facteur déterminant de l'incitation
des paysans à adopter les technologies de conservation des eaux et des
sols. En effet, le crédit, pour eux, peut être un moyen pour les
pauvres d'investir. A ce propos, il est souvent argumenté que les
exploitants doivent posséder un titre foncier comme garantie de
crédit et leur donnerait accès à des services financiers
reconnus. Feder et al (1985) reconnaissent que le crédit est un facteur
déterminant de l'adoption de technologie. Ils montrent que l'une des
contraintes majeures à la rapide adoption des innovations est le manque
de crédit destiné aux producteurs agricoles.
D'autres facteurs importants ont un poids dans la motivation
des producteurs à adopter les technologies de préparation du sol.
Ainsi, Ouédraogo (2005) mesure la profitabilité des nouvelles
technologies et montre que celle-ci détermine la décision des
producteurs du Plateau central d'adopter ces techniques de conservation des
eaux et des sols. Kebede (1993) et Zoungrana (2004) quant à eux
répertorient un certain nombre de facteurs dont le prix des inputs et de
l'output, la taille du ménage, l'expérience, la superficie
emblavée, le niveau d'éducation et surtout les connaissances
traditionnelles. Le prix des inputs concerne le prix d'acquisition de
l'ensemble des éléments incorporés dans la production. Le
prix de l'output est le prix de vente du produit issu de l'exploitation. Kebede
(1993) insiste sur l'importance du rôle des connaissances traditionnelles
sur l'adoption des technologies agricoles. En définitive, plusieurs
facteurs déterminent l'adoption des technologies de gestion des
ressources naturelles en général et de préparation du sol
en particulier. De la théorie de l'adoption aux cas pratiques, on peut
regrouper tous ces facteurs en plusieurs classes à savoir les facteurs
économiques, sociaux, psychologiques, institutionnels et techniques
comme l'ont montré Jamison et Lau
(1982).
Cependant, l'expérimentation des technologies de
gestion du sol combinant la matière organique (fientes des volailles)
à la fertilisation minérale a donné de bons
résultats
Les études antérieures combinant les canards
à la riziculture menées au Japon ont donné les
résultats intéressants. Les canards sont relâchés
dans les rizières ; ils mangent les insectes parasites (les
escargots pomaceasp.) qui attaquent les plants. Ils se nourrissent
aussi des graines et des jeunes pousses des mauvaises herbes, utilisant leurs
pattes pour les déterrer. Ils oxygènent ainsi l'eau et contribue
à une croissance plus vigoureuse du riz.
Les préparations physiques du sol sur le
périmètre irrigué de la vallée de Zio au sud du
Togo comportent 4 étapes fondamentales à savoir :
- L'essouchement ;
- Les labours mécaniques ;
- Le planage ;
- Le défrichement des digues.
- L'Essouchement
L'essouchement est l'opération qui consiste à
enlever les vieilles souches de riz qui sont restées plantées
dans le sol après récolte. Bien fait, il facilite le labour en
améliorant la progression du motoculteur dans les casiers.
Le labour
Cette opération permet aux riziculteurs de bien
retourner le sol, de l'ameublir et d'y enfouir les débris
végétaux. Un bon labour assure une bonne reprise et un
développement harmonieux des plants repiqués. Lorsque le labour
est mal fait, le rendement est mauvais.
Le planage (nivellement)
C'est l'opération qui permet au riziculteur d'aplanir
le terrain, en vue d'obtenir une surface uniforme. Le planage permet une bonne
répartition d'eau d'irrigation dans les casiers.
Cette opération est l'une des plus difficiles à
réaliser parce qu'elle est entièrement manuelle. Le riziculteur
se sert des pieds et des mains pour ramollir les mottes de terre formées
à la suite des labours.
Au cours de cette opération, le riziculteur
procède à l'enfouissement de la fumure de fond, qui est chez 5
riziculteurs sur 6 (83% de riziculteurs) minérale. Seulement 17%
utilisent des engrais organiques. La fumure organique constituée
de bouse de vache mélangée à du son de riz, est
enfouie dans les casiers à raison de 3 à 4 tonnes à
l'hectare.
La fumure minérale est constituée de NPK. Elle
est enfouie à raison de 200kg/ha.
- Défrichement des digues
Cette opération non moins importante permet au
riziculteur de rendre plus propre les abords de ses casiers. Elle permet aussi
une lutte efficace contre les parasites et prédateurs qui attaquent les
jeunes pousses de riz. Il consiste à sarcler les digues qui divisent les
parcelles en casiers.
L'opération est répétée en moyenne
3 fois par cycle de production. Elle est faite par la famille du riziculteur
plus spécifiquement par le chef d'exploitation ou ses enfants qui ont
entre 12 et 15 ans.
- Préparations chimiques du
sol.
Elles se résument à l'apport d'un engrais
organique ou minéral (engrais de fond).
Il faut 4 sacs de NPK et 3 sacs d'Urée.
L'engrais est généralement fractionné en
trois et apporté aux plants en des périodes bien
déterminées. Le moment des apports est fonction des
variétés cultivées.
Pour les variétés à cycle court comme le
TGR34 qui dure 90 jours, la première tranche est apportée 45
jours après le repiquage.
La deuxième tranche est apportée 10 jours plus
tard soit au début de l'épiaison et la dernière tranche
à 25% d'épiaison du champ.
Pour les variétés à cycle long comme le
IR841 qui dure 120 jours, la première tranche est apportée 52
jours après le repiquage, la deuxième 10 jours plus tard et la
troisième à 25 % d'épiaison.
L'élevage de canards, avec la construction de
canardières sur les rizières par certains producteurs, assure
également à ces derniers, un apport additionnel en fumure
organique. Les déjections des canards forment l'essentiel de cet apport
en engrais organique.
Les canards sont élevés directement sur le
terrain, un casier leur est réservé, entouré de grillage.
Le casier occupé par les canards (canardière) est alimenté
en eau et drainé régulièrement. L'eau du drainage riche en
fiente vient alimenter les plantes pendant les 40 premiers jours à
partir du repiquage.
Après ces 40 jours, les canards
sont libérés dans les casiers. Ces derniers en nageant dans l'eau
des casiers, y laissent leur déjections et par leurs mouvements dans
l'eau permettent son oxygénation.
Les canards sont retirés des casiers au cours des
phases d'épiaison et de maturation. Les résultats sont
encourageants, 6 tonnes/ha de paddy par saison. Les canards se reproduisent
bien et sont nourris à moindre frais.
Les résultats des études
antérieures menées sur le périmètre irrigué
de la vallée de Zio montrent que la majorité des chefs
d'exploitation sont des hommes (91 %) ; la moyenne d'âge des
riziculteurs, majoritairement mariés est de 49 ans, le niveau
d'instruction des exploitants majoritairement mariés est
assez-bas ; plus de 26% des riziculteurs n'ont aucun niveau
d'instruction ; environ 32% ont fait l'école primaire. Plusieurs
variétés de riz sont cultivées au Togo, la
variété IR 841 est la plus cultivée : elle est
utilisée par près de 41% des producteurs et occupe près de
42% des superficies mises en valeur, Les parcelles exploitées sont de
petites tailles. Plus 90% des exploitations ont une superficie
inférieure à 1 hectare. La moyenne des superficies
exploitées est de 0.57 hectare. Les rendements moyens restent faibles
(2344 Kg/ha) ; la majorité des paysans s'approvisionnent en semence
dans leur propre localité. Le prix moyen des semences est de 309 F/Kg
à l'intérieur du village et 331F/Kg à l'extérieur.
Quatre types de rizicultures sont identifiés, il s'agit de la
riziculture irriguée, la riziculture pluviale stricte, la riziculture
pluviale de nappe et la riziculture de bas-fond.
La riziculture de bas-fond, la plus pratiquée occupe
61% des superficies emblavées suivie de la riziculture pluviale (10%) et
la riziculture irriguée (29%). Les rendements les plus
élevés sont identifiés dans les bas-fonds (2,614 T/ha) et
sur les périmètres irrigués (2,126T/ha).
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