1.2.1 Synthèse géologique de la
région de l'Ouest
La région de l'ouest Cameroun est constituée de
deux types de formations géologiques : le vieux socle (ou bouclier
ancien précambrien) granito-gneissique et les formations volcaniques
felsiques à basaltiques. Ces dernières se sont mises en place
à la faveur des nombreuses failles qui ont découpé le
socle lors d'épanchements qui se sont succédés du
Crétacé à nos jours.
Le socle est formé de roches métamorphiques et
de roches éruptives qui affleurent largement. Les roches
métamorphiques comprennent des gneiss, amphibolites, pyroxénites
et migmatiques
résultant d'un métamorphisme régional.
Les roches eruptives comprennent des massifs syntectoniques anciens et tardifs
et des massifs post-tectoniques.
S'agissant des formations volcaniques, Gèze (1943) a
reconnu et décrit trois séries éruptives suivantes :
- Séries noires inférieures
constituées de roches basaltiques (Crétacé) :
représentées essentiellement par des basaltes à olivine,
aphyriques ou porphyriques. Ces roches affleurent sous forme de filons et
surtout de coulées très étendues, mais relativement peu
épaisses, qui ont été fortement réduites par
l'érosion et l'altération. On estime que l'épaisseur ne
devait pas dépasser 150 à 200 m. les coulées de basaltes
paraissent être issues surtout d'appareil centraux et le volcanisme
serait de type hawaien. Les principaux appareils rencontrés sont les
monts Roumpis, le massif du Manengouba, les monts Bamboutos et le mont Oku.
Mais le volcanisme fissural existe aussi dans le recouvrement du plateau
bamiléké et peut-être dans la région de la Ring Road
(Péronne, 1969) ;
- Séries blanches moyennes formées de
roches felsiques : Elles sont constituées de roches plus
felsiques que les précédentes (trachytes très
fréquents, andésites, rhyolites, tufs divers) formant des reliefs
parfois très importants : Nganha, Djinga, Bamboutos, Manengouba,
Roumpis. Ces formations traversent et recouvrent celles des séries
inférieures mais leur extension est moins grande. Alors qu'il
était délicat de définir les directions des fractures
ayant permis la montée des basaltes de la série
inférieure, les appareils des séries moyennes jalonnent
très nettement la direction N30°E appelée ligne du Cameroun
(Passarge, 1910) qui se prolonge vers le nord jusqu'au Tchad ;
- Séries noires supérieures
composées de laves et principalement de produits pyroclastiques basiques
: sont représentées par quelques coulées de
basaltes le plus souvent aphyriques renfermant parfois des péridotites
et d'abondants dépôts de produits pyroclastiques (blocs, cendres
et lapais). Il s'agit d'un volcanisme de type strombolien qui a provoqué
la formation de nombreux puys de dimensions modestes (rarement plus d'une
centaine de mètres d'élévation). Ces formations se situent
dans les régions de Foumbot. L'âge de ces manifestations est
essentiellement quaternaire et les puys (montagnes volcaniques) qui leur sont
associés jalonnent des directions différentes suivantes :
N30°E c'est-à-dire la ligne du Cameroun et N58°E dans la
région de Foumbot.
Cette variabilité pétrographique conduit
à la différentiation tant pédologique que
géomorphologique par suite des réponses différentes des
roches à l'altération et à l'érosion.
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D'un point de vue géomorphologique, le socle
granito-gneissique s'élève en gradins successifs de 100 m
à plus de 1500 m limités par des failles ou des flexures. 57% des
superficies s'étagent de 1040 à 1520 m d'altitude et 10% de 1520
à 2500 m (Valet, 1980).
D'un point de vue pédologique, les formations les plus
anciennes (socle et basalte ancien) supportent les sols ferrallitiques (rouges
et jaunes) les plus altérés ; alors que les plus récentes
ont donné des sols plus jeunes, sols faiblement ferrallitiques
brun-rouge sur la série éruptive moyenne et sols jeunes noirs et
bruns sur la série supérieure.
Figure 4: Carte géologique de la région de
l'ouest (carte géologique de la république unie du Cameroun, 1979
; carte modifiée).
1.2.1.1 La ligne du Cameroun
Déruelle et al. (2007) déclare que le
volcanisme alcalin du Cameroun est lié à une fracture majeure de
direction N30°E environ. Ces fractures sont renfermées dans un
couloir d'environ 100 km de large et de plus de 1600 km de long connus sous le
nom de ligne du Cameroun ou ligne chaude du Cameroun. Cette ligne est
caractérisée par l'alignement des massifs volcaniques
océaniques et continentaux, et les complexes plutoniques
orogéniques s'étendant de l'île de
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Pagalu dans l'Océan Atlantique au lac Tchad. Il est
segmenté par zone centrale de cisaillement de direction N70°E le
long du volcanisme de l'Adamaoua. Le volcanisme le long de la ligne du Cameroun
semble avoir commencé pendant l'Eocène avec la mise en place du
plateau Bamoun entre 51,8 et 46,7 Ma. (Moundi et al, 2007) et Mont Bangou entre
44,7 et 43,1 Ma. (Fosso et al, 2005), et est encore actif au Mont Cameroun
(éruption 1999 et 2000). Les produits de ce volcanisme sont
principalement : les basaltes, trachytes, phonolites et des rhyolites, les
dépôts ignimbritiques sont trouvés seulement dans la partie
continentale de la ligne du Cameroun, en particulier dans le massif du Mont
Bamboutos et de Nkogam (Youmen D.,1994), et dans le Mont Oku (Dumont, 1987).
Figure 5: Localisation de la ligne du Cameroun (B) et
localisation du Mont Cameroun et d'autres centres volcaniques principaux (gris)
le long de la ligne volcanique du Cameroun (A). (Moundi et al, 2007).
1.2.1.2 Plateau Bamoun
Le Plateau Bamoun est une unité de la Ligne du
Cameroun (LVC) qui a été le siège des activités
géologiques diverses d'âges variées. Le Plateau Bamoun
couvre une surface d'environ 1800 km2 sur laquelle se sont
déposées en partie des projections pyroclastiques et des
cendres
volcaniques. Avec une altitude moyenne de 1200 m, il est
hérissé de 3 massifs volcano-plutoniques, alignés du nord
au sud (le Mbam, 2335 m ; le Nko-Gam,2268 m ; le Mbatpit, 1988 m) et d'une
quarantaine de cônes stromboliens plus récents sur la plaine du
Noun. Les basaltes de plateaux affleurent sur plus de la moitié du
plateau et leur mise en place a été favorisée par les
réactivations des structures panafricaines, marquées par la
direction de déformation principale N30°E (Moreau et al., 1987).
Les basaltes de Plateau, datées de 51 à 46 Ma, selon les travaux
de Moundi (2004) et Moundi et al. (2007), portent la signature d'une ancienne
activité volcanique comme en témoigne leur altération
profonde qui forme des sols ferralitiques. Ce sont les basaltes dits
transitionnels qui affleurent dans la partie occidentale, principalement dans
la zone de Bangourain et Foumban, ainsi que les basaltes alcalins qui
affleurent à l'est, autour de Foumban, Koutaba (Moundi et al., 1996,
2007 ; Moundi, 2004) et de Foumbot (Wandji, 1985, 1995). Ils reposent sur un
socle précambrien granito-gneissique, affleurant principalement dans le
nord du Plateau Bamoun et parsemé par endroit (Njonfang, 1998). Le Sud
du Plateau Bamoun est caractérisé par des roches volcaniques de
diverses origines qui, selon Geze (1943), constituent les phases
éruptives suivantes : une ancienne série volcanique (basaltes et
andésites), une série volcanique d'âge moyenne (rhyolites,
ignimbrites) et la jeune série volcanique (basaltes, cendres, scories et
de lapilli). L'épaisseur de ces coulées de lave varie de 10 m
(Ngouodam) à 55 m (Nkouondja, Nkouotlouom).
Figure 6: Carte géologique du plateau Bamoun (Wandji,
1995 ; Moundi et al., 2007, carte modifiée).
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1.2.1.3 Plaine du Noun
La plaine du Noun est constituée d'une vingtaine de
cônes stromboliens pyroclastiques basaltiques (semblable à ceux de
la plaine de Tombel). Dans cette plaine survint en 1984 l'éruption
gazeuse meurtrière du lac monoun. En effet, le 15 août 1984, un
nuage riche en gaz carbonique s'est épanché du lac monoun et
à causer la mort de 37 hommes et de centaines d'animaux sauvages et du
cheptel. L'émission du CO2 a été attribuée à
une exhalation volcanique à partir du cratère (Suchel,1971). Les
cônes volcaniques sont exclusivement basaltiques et dessinent des
alignements suivant les directions majeures N35°E et N140°E
probablement liées aux jeux des fractures le long de la Ligne
volcano-tectonique du Cameroun (Youmen D., 1994). Dans sa partie ouest, la
paline est recouverte de laves basaltiques au sein desquelles se sont mis en
place les massifs plutono-volcanique de Nkogam et volcaniques de Mbèpit
et du Mbam.
1.2.1.4 Géologie locale
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La zone d'étude est située dans la partie Sud du
plateau Bamoun (plaine du Noun). Les types de roches retrouvés sur les
lieux sont des projections pyroclastiques sous forme de cônes
stromboliens appartenant aux jeunes séries volcaniques d'âge
quaternaire.
Figure 7: Esquisse carte géologique de la région
de Foumbot (Wandji, 1995 ; Moundi et al. 2007, carte modifiée).
1.2.2 Caractérisation des pouzzolanes de
Foumbot
1.2.2.1 Application en cimenterie
En 2017, Aboubakar N. à mener des essais sur
l'optimisation de l'ajout de la pouzzolane dans le ciment afin d'étudier
leur comportement mécanique. Pour cela il a mis en évidence les
pouzzolanes de trois régions du Cameroun à savoir la pouzzolane
noire de Foumbot, Penja, Tombel et la pouzzolane rouge de Djoungo. Toutes
situées respectivement dans les régions de l'Ouest, du Littoral
et du Sud-Ouest. En comparant les résultats des essais à la
compression suivant les différents ajouts, il en ressort que la
pouzzolane de Foumbot présente des meilleurs résultats à
la compression par rapport aux autres pouzzolanes étudié. Par
ailleurs, d'autres travaux similaires ont été menés sur
l'utilisation de la pouzzolane en tant qu'ajout dans la fabrication du ciment,
a l'instar des travaux de Belhocine A. (2014), il montre que l'utilisation
des pouzzolanes consiste à réduire la
consommation de clinker, en contribuant de manière simple et
économique à résoudre les problèmes liés
à l'environnement. Nchourupouo M. (2016) montre non seulement que
l'ajout de la pouzzolane améliore clairement les performances
mécaniques des mortiers mais également que à long terme et
pour un taux de pouzzolane de 30% la résistance à la compression
se rapproche de la valeur normalisée pour la fabrication des ciments de
type ciment portland compose (CEM II) de grade 42,5R. Ainsi, la pouzzolane est
un élément majeur dans l'industrie du ciment.
1.2.2.2 Estimation du gisement
Le gisement de pouzzolane de Foumbot actuellement
exploité par la société Cimencam est entrée en
activité le 20 Aout 2019. Suite aux travaux d'exploration
géochimique effectué par les géologues de Cimencam en 2008
combinée aux travaux d'estimation effectués en 2011 par les
experts du groupe LafargeHolcim. Il ressort que le gisement couvre une surface
de 40 hectares. Les réserves sont estimées à 12 millions
de tonnes pour 60 mètres de profondeur (Cimencam, 2008). De plus, le
gisement pourrait être exploiter au-delà de 50 ans avec une
production maximale de ciment de 500 000 tonnes par ans via l'usine de
Nomayos.
1.2.2.3 Méthode d'exploitation
L'exploitation des pouzzolanes à la carrière de
Foumbot s'effectue à ciel ouvert. La matière première est
extraite et chargée dans des camions bennes (figure 9) et
acheminée à l'usine de Yaoundé.
En effet, les opérations d'extraction et de chargement
consistent, à extraire d'une part la matière première
(pouzzolane) et ensuite, elles sont chargées mécaniquement dans
les camions bennes pour être acheminé à l'usine de Nomayos,
situé à environ 270 km de la carrière, soit un trajet
d'environ 4h50 minutes. Par ailleurs, les opérations d'extraction et de
chargement sont effectuées essentiellement à la carrière
de Foumbot à l'aide d'une pelle chargeuse à godet
(capacité de 10 t). Quant au transport, il est effectué au moyen
de 5 camions bennes de capacité 34 tonnes chacun. La pouzzolane
étant un matériau 100% naturel, son exploitation n'a besoin
d'aucun autre traitement et n'a aucun impact sur l'environnement.
Figure 8: Process d'exploitation des pouzzolanes à la
carrière de Foumbot.
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Figure 9: Entrée de la carrière (A) ; extraction
à l'aide d'une chargeuse (B).