CHAPITRE 1 : REVUE THEORIQUE DES FACTEURS DU
COTE DE L'OFFRE DE SERVICES BANCAIRES
INTRODUCTION
Le secteur bancaire fait l'objet d'une réglementation
élaborée dans la perspective d'encadrer l'activité des
établissements de crédit et d'éviter l'occurrence des
crises. Toutefois, si ces normes visent à assurer sa stabilité,
elles peuvent également avoir des effets pervers, lesquels sont
susceptibles de favoriser l'exclusion bancaire.
Par ailleurs, soumises à des contraintes de
rentabilité, les banques se doivent d'élaborer et de mettre en
oeuvre des stratégies commerciales visant à maximiser leur profit
tout en minimisant les risques. Aussi, se livrent-elles à des pratiques
commerciales qui peuvent leur paraitre légitimes, mais qui sont par
ailleurs susceptibles d'engendrer ou d'exacerber les difficultés
bancaires des particuliers.
L'objet de ce chapitre est de mettre en lumière le
rôle néfaste de la réglementation et des politiques
commerciales des établissements de crédit sur l'exclusion
bancaire. Dans cet ordre d'idées, il comprend deux sections dont la
première est consacrée à l'impact de la
règlementation du secteur bancaire et la seconde met en lumière
les effets pervers des politiques commerciales des banques.
SECTION I : L'INCIDENCE DE LA REGLEMENTATION DU SECTEUR
BANCAIRE
Il est admis dans la littérature économique que
la règlementation exerce une influence certaine sur l'exclusion
bancaire. A titre illustratif, c'est le législateur qui, en imposant des
mesures telles que l'obligation de recourir à la domiciliation des
salaires dans un établissement de crédit ou interdisant le
règlement de certaines transactions en espèces, donne de
l'importance aux services bancaires.
Il revient également à la loi d'encadrer, aussi
bien les exigences documentaires auxquelles les banques soumettent les clients
pour bénéficier d'un service, que les
15
Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
procédures bancaires relatives aux délais
d'ouverture d'un compte, d'obtention d'un instrument de paiement etc.
La présente section porte précisément sur
deux aspects réglementaires qui engendrent l'exclusion bancaire au
Cameroun : les exigences documentaires et la détermination quelque peu
arbitraire des taux d'intérêt débiteurs.
I.1. Le poids des exigences documentaires
L'accès des particuliers aux services bancaires est
conditionné par la satisfaction d'un certain nombre d'exigences
documentaires. En effet, l'ouverture d'un compte au sein d'une institution
bancaire nécessite du requérant qu'il fournisse des pièces
telles qu'une carte d'identité, un bulletin de solde etc.
Dans les pays riches, ces exigences documentaires sont
généralement faibles et ne sauraient donc constituer une entrave
à l'accès aux services bancaires. A contrario, le Cameroun fait
partie des pays dans lesquels les exigences documentaires sont très
élevées (Beck, Demirgüc-kunt et Peria, 2008). A ce sujet,
Allen et Al.(2012), indique que le client est souvent sommé de fournir
à la banque plusieurs documents, notamment une pièce
d'identité officielle (carte nationale ou passeport en cours de
validité), des preuves de domicile (factures
d'électricité, d'eau ou de téléphone, titre
foncier), des justificatifs d'emploi et de salaire (bulletins de paie).
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