Les perceptions des citoyens sur les actions mises en place par la commune et la communaute urbaine de Limoges dans le cadre des adaptations au changement climatiquepar Claude GNONLONFOUN Université de Limoges - Master 1 2019 |
2-2-1. Politiques d'adaptation à l'échelle internationale, communautaire et nationaleLes changements climatiques selon le rapport général de l'ONU sont la question déterminante de notre époque et nous sommes à un moment décisif parce que les ses conséquences sont mondiales en termes d'effets et d'échelles. Les gaz à effet de serre de sources anthropiques (les activités industrielles et les choix de vie de chacun à tous les niveaux de la civilisation humaine) sont responsables de l'accélération du cycle de réchauffement, et les économies et les niveaux de vie des sociétés progressent donc en fonction du niveau cumulé des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il a été prouvé par les climatologues que la concentration de GES dans l'atmosphère est directement liée à la température globale moyenne sur la terre, le GES le plus abondant (deux tiers) est le dioxyde de carbone (CO2) et il est issu majoritairement de la combustion des énergies fossiles. Cela explique pourquoi que depuis l'époque industrielle la concentration de GES augmente de façon constante dans l'atmosphère de même que la température. ? C'est fort de ce constat que l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et la branche environnement de l'ONU a créé en 1988 le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) en vue de fournir des évaluations détaillées de l'état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économique sur les causes, les impacts et les stratégies d'adaptation et d'atténuation des changements climatiques à l'échelle internationale. Depuis lors, le GIEC à travers des rapports annuels sur l'état climatique de la planète mène aux côtés des politiques publiques des actions de plus en plus concrètes et visibles depuis des décennies dans le cadre des adaptations aux changements climatiques. Ainsi, pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C, des transitions rapides et de grandes envergures dans les domaines de l'aménagement du territoire, de l'énergie, de l'industrie, du bâtiment, du transport et de l'urbanisme doivent être opérées. 24 ? En 1992, par la complexité et la globalité du problème que représentent les changements climatiques, le traité de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) a été signé avec 197 pays en vue de réduire le réchauffement global et mettre en place un dispositif concret pour la valorisation des résultats issus des travaux du GIEC à l'échelle internationale. ? Compte tenu de l'insuffisance des mesures prises face aux
enjeux environnementaux que ? L'accord de Paris a été signé au
siège des Nations Unies le 22 Avril 2016 par 184 pays suite à
la A l'échelle communautaire, plusieurs structures sont mobilisées sur la question des mesures d'adaptations aux changements climatiques notamment la Direction générale Action pour le climat de la Commission européenne, le Centre thématique européen sur la pollution atmosphérique et l'atténuation des changements climatiques (ETC/ACM) et l'Agence européenne pour l'environnement (AEE). En effet dans le cadre des adaptations et atténuations aux changements climatiques à l'échelle de l'Union Européenne (UE), plusieurs initiatives visent la diminution des GES. Il s'agit entre autres de : - atteinte des objectifs dans le cadre du protocole de Kyoto, - réduction de 20 % des émissions des GES par rapport aux niveaux de 1990 à l'horizon 2020 (stratégie Europe 2020), - législation visant l'augmentation de l'utilisation
des énergies renouvelables (énergie éolienne, - l'amélioration de l'efficacité énergétique des équipements et appareils électroménagers - le développement des techniques de captage et de stockage de carbone émis par les centrales électriques et les grandes installations, - Et enfin l'adoption d'une politique de soutien de la mise en place d'une législation européenne visant l'atténuation du changement climatique. Ces différentes politiques adoptées à l'échelle internationale et communautaire sont mises en application à travers les dispositions prises à l'échelle nationale et territoriale. - La figure 4 présente les politiques nationales d'adaptations au changement climatique depuis 1999 25 Figure 4 : Politiques nationales d'adaptations au changement climatique depuis 1999. Source : ONERC, 2018 A l'échelle nationale, l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique à travers des commissions interministérielles impliquant les différents secteurs d'activité et la société civile, sous la responsabilité du délégué interministériel élabore la stratégie nationale d'adaptation au changement climatique depuis 1999. Suite à cette première étape s'en est suivi l'adoption en 2011 du premier Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC) pour une période de cinq ans suite à une concertation nationale (2009-2010) aboutissant à des centaines de recommandations qui ont servi à la 26 réalisation de ce plan d'action. Le plan d'action concerne tous les secteurs avec quatre objectifs principaux : - la protection des personnes et des biens - éviter les risques et les inégalités devant les risques - la limitation des coûts et les bénéfices sur les avantages - la préservation du patrimoine naturel. Le premier PNACC portait sur 20 domaines que sont : santé, eau, biodiversité, forêt, pêche et aquaculture, agriculture, risques naturels, actions transversales, énergie et industrie, tourisme, urbanisme et cadre bâti, infrastructures et services de transport, recherche, financement et assurance, information, éducation, action européenne et internationale et gouvernance. Ce programme vise à mettre l'adaptation au centre des politiques publiques en France, déjà à partir de 2011. Après l'évaluation du premier PNACC, il a été élaboré dans le consensus national avec tous les acteurs le deuxième PNACC (20182022) après la COP 21 de Paris visant une adaptation effective (en métropole et dans les outre-mer) à l'horizon 2050. Le PNACC 2 est basé essentiellement sur 34 fiches thématiques selon 6 axes stratégiques : - « Gouvernance et pilotage » - « Connaissance et information » incluant la sensibilisation - « Prévention et résilience » - « Adaptation et préservation des milieux » - « Vulnérabilité de filières économiques » - « Renforcement de l'action internationale ». Ainsi, malgré les différent axes et objectifs fixés, l'État met en oeuvre sa politique à travers les collectivités territoriales qui sont les vrais acteurs qui mettent en pratique les politiques publiques à l'échelle locale et plus particulièrement dans la commune de Limoges. 2-3. les actions mise en place par les collectivités territoriales dans le cadre des adaptations au changement climatique A l'échelle territoriale, nous avions diverses mesures d'adaptations qui sont prises dans l'exercice de leurs compétences qu'il s'agisse des régions, des départements, des communautés de communes et des communes. Ici nous nous intéresserons aux actions mises en place par la communauté urbaine et la commune de Limoges dans le cadre des adaptations au changement climatique. 27 2-3-1. Les actions mise en place par la communauté urbaine de Limoges dans le cadre des adaptations au changement climatique La Communauté urbaine de Limoges est un Établissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI), dont la création en 2002 s'inscrit dans la continuité des dynamiques de mutualisations entreprises par les municipalités dès les années 1990 pour le transfert de certaines compétences. Elle regroupe 20 communes et 208 800 habitants, soit près de la moitié de la population du département de la Haute-Vienne. Cela en fait le troisième pôle urbain du grand Sud-Ouest. La création de la Communauté d'agglomération a permis la structuration des dynamiques de collaborations intercommunales. Ainsi, la mutualisation des compétences et des moyens humains, techniques et financiers rend réalisable de nouveaux projets trop ambitieux pour une seule commune. L'EPCI possède aussi un rôle d'organisation et de planification de l'aménagement métropolitain, afin d'assurer la cohérence et l'équilibre du développement territorial. A ce titre, la Communauté urbaine de Limoges s'inscrit résolument dans une démarche de développement durable depuis plusieurs années, comme en témoignent les engagements ambitieux pris en faveur de la préservation de l'environnement et de l'amélioration du cadre de vie (Agenda 21, PCAET, COTEC, SCoT et autres documents d'urbanisme, ...) à travers ses différents orientations et compétences. Cela crée un contexte propice à l'élaboration du Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET), dont la collectivité a l'obligation de se doter selon la Loi relative à la Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) de 2015 dans un contexte d'adaptation au changement climatique. En tant qu'EPCI à fiscalité propre de plus de 20 000 habitants, la Communauté urbaine acquiert en effet un nouveau rôle d'impulsion et de coordination des efforts environnementaux du territoire. À ce titre, elle acquiert le rôle d'Autorité Organisatrice de la Distribution de l'Énergie en se dotant d'un PCAET. Le Plan Climat-Air-Énergie Territorial constitue la concrétisation au niveau local des engagements environnementaux pris à des échelles supérieures (internationale, européenne, nationale, régionale). Stratégique et opérationnel, il vise à structurer un projet de développement durable communautaire ayant pour finalité la lutte contre le changement climatique et l'adaptation du territoire. Les PCAET s'inscrivent dans le cadre réglementaire défini par la Loi Grenelle II (2010) et renforcé par la Loi TECV de 2015. Celle-ci rend obligatoire l'élaboration d'une telle démarche de planification territoriale environnementale pour les EPCI à fiscalité propre de plus de 20 000 habitants, tel que Limoges Métropole. Elle renforce la cohésion et la densité du maillage territorial en généralisant les plans de développement durable locaux, et augmente la portée desdits plans par l'ajout de la thématique « Air ». 28 L'instauration des PCAET renforce le rôle des intercommunalités, qui deviennent coordinatrices de la transition énergétique sur leur territoire et cadre de référence de l'action environnementale. La construction de leur stratégie s'inscrit tout de même dans une démarche multi-scalaire qui impose une cohérence avec les documents de planification nationaux et régionaux, ainsi qu'avec les politiques d'urbanisme déjà en place. Le PCAET de Limoges Métropole s'inscrit aussi dans une logique départementale volontariste impulsée par le Syndicat Énergie Haute-Vienne (SEHV) ayant abouti à la définition d'une Stratégie Départementale de Transition Énergétique. Dans ce contexte, le PCAET de Limoges Métropole a pour ambition de mobiliser les acteurs territoriaux pour mettre en place la trajectoire environnementale communautaire en matière d'énergie, d'air et de climat. Le présent document constitue le volet Stratégie, qui définit les orientations choisies pour répondre aux enjeux identifiés dans le Diagnostic Territorial, et constitue le cadre des Plans d'Actions à venir. La figure 5 montre l'importance du PCAET mise en place à l'échelle territoriale par la communauté urbaine de Limoges. Figure 5 : Positionnement du Plan climat-air-énergie territorial de l'EPCI dans les actions d'adaptation par rapport à l'échelle nationale. Source : Plan climat-air-énergie territoriale (PCEAT), 2018. Le PCAET a vocation à être intégré harmonieusement dans l'écosystème de plans de développement et de planification territoriaux existants comme l'illustre la figure 6. A ce titre, la Loi relative à la Transition Énergétique pour la Croissance Verte définit les relations d'articulations suivantes : 29 Figure 6 : interaction du Plan climat-air-énergie territorial avec les différents plans de développement et de planification existant Source : Agence de développement de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Ainsi, le plan doit prendre en compte et être compatible avec le Schéma Régional d'Aménagement, de Développement Durable et d'Égalité des Territoires (SRADDET), qui est lui-même le reflet à l'échelle régionale de la Stratégie Nationale Bas-Carbone. En Nouvelle-Aquitaine, ce document est en cours d'élaboration par la Région ; c'est donc le SRCAE (Schéma Régional Climat-Air-Énergie) de l'ex-région Limousin qui fait référence. A l'échelle départementale, le PCAET doit être compatible avec le PPA (Plan de Protection de l'Atmosphère) ; celui-ci étant pour l'instant inexistant en Haute-Vienne, une vigilance sera nécessaire lors de son développement le cas échéant. Le PCAET doit aussi prendre en compte le SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale), dont la première version a été adopté par les 49 communes regroupées au sein du SIEPAL (Syndicat Intercommunal d'Études et de Programmation de l'Agglomération de Limoges) en 2011. Ce document est en cours de révision pour s'adapter aux évolutions législatives sur un périmètre élargi de 65 communes. Par conséquent, la version de travail du 30 PADD (Projet d'Aménagement et de Développement Durable) soumise au débat communautaire en 2016 est le document le plus actuel pour le contrôle de compatibilité du PCAET. En effet, elle détaille le projet politique structurant le SCoT, qui est pris en compte dans la présente stratégie ; certaines articulations entre ces deux documents sont détaillées plus précisément au fil des secteurs. Enfin, certaines orientations et actions du PDH (Programme de Développement de l'Habitat) et le PDU (Plan de Déplacement Urbain), documents de planification intercommunaux, sont aussi référencées dans cette stratégie. A l'échelle communale, le PCAET interagit avec les Plans Locaux d'Urbanisme (PLU) selon un rapport de prise en compte mutuelle. L'articulation de ces documents avec la présente démarche fait donc l'objet d'une vigilance particulière. Il revient donc que la communauté urbaine de Limoges dans l'exercice de ses compétence intervient dans les secteurs suivants : - Consommations énergétiques :
en étant le premier levier d'action dans la lutte contre
le - Émissions de GES : la concentration
des émissions de gaz à effet de serre (GES)
dans - Qualité de l'air : la
stratégie de transition énergétique communautaire
considère la ? les impacts directs sur l'environnement et les conditions sanitaires des populations, ? le fait que certains polluants soient aussi précurseurs de GES, ? les interactions parfois négatives entre lutte contre le changement climatique et qualité de l'air. - Les réseaux énergétiques : la mise en oeuvre de la transition énergétique sur le territoire de Limoges Métropole nécessite qu'une attention particulière soit portée à la distribution de l'énergie. Les réseaux énergétiques sont les infrastructures sur lesquelles va devoir s'appuyer la stratégie ; à ce titre, elle doit envisager de nouvelles modalités d'organisation, de coordination et de gestion de ceux-ci afin de répondre aux enjeux du Plan Climat (intermittence de la production d'énergies renouvelables, choix des vecteurs énergétiques, évolution des consommations énergétiques, capacités des infrastructures). - La production d'énergie renouvelable :
la production d'énergie renouvelable doit répondre
à 31 changement climatique en proposant des énergies plus « vertes » et donc moins émettrices de gaz à effet de serre, l'indépendance énergétique, la sécurité des populations et leur santé. - La séquestration carbone : la
séquestration carbone permet de considérer les
dynamiques La figure 7 présente le bilan comparé des objectifs à atteindre dans le cadre des actions d'adaptations. Figure 7 : les objectifs de la communauté urbaine de Limoges dans le cadre des adaptations par rapport aux objectifs à différentes échelles Source: Agglomération de Limoges Métropole, 2018. Dans le cadre des adaptations au changement climatique à l'échelle de la communauté urbaine de Limoges, les actions suivantes sont réalisées par secteurs : - Les consommations énergétiques :
l'état initial des consommations énergétiques en
2015 32 L'atteinte de cet objectif relève de deux principes fondamentaux repris à travers les différentes orientations :
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