CHAPITRE I
REVUE DE LITTERATURE, CLARIFICATION DES
CONCEPTS, PROBLEMATIQUE ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Le chapitre I présente d'une part, la revue de
littérature, la clarification des concepts, la problématique
et d'autre part la démarche méthodologique ayant permis d'obtenir
les résultats.
1-1. Revue de littérature
Le changement climatique fait partie des préoccupations
majeures des scientifiques depuis le XIX e siècle (Kandel, 1980), un
sujet d'actualité dans l'opinion publique. Nombreux sont les auteurs
ayant abordé la question des perceptions des individus sur le changement
climatique et d'après les résultats d'enquêtes entre 2009
et 2016, on note une relative stabilité de la place de la France
à l'échelle européenne sur l'inquiétude des
français d'agir face au changement climatique (ESE, 2016).
Les problèmes environnementaux sont, par nature, des
problèmes qui font appel à des approches pluridisciplinaires. Par
leurs problématiques souvent complexes, ils convoquent à la fois
les sciences naturelles et physiques (biologie, écologie, chimie,
physique...) pour l'explication naturelle des phénomènes, mais
aussi les sciences sociales (sociologie, psychologie sociale,
économie...) pour l'explication des interactions entre les
activités humaines et ces phénomènes. Le recours à
des disciplines complémentaires permet donc d'expliquer les
différentes facettes des enjeux climatiques (théories et
méthodes différentes) (Zambeaux, 2007).
Étant donné le caractère
pluridisciplinaire de ce sujet nous ferons donc appel, tout au long de notre
travail à des théories et concepts développés pas
des sociologues, historiens et géographes. La plupart des études
sur le sujet utilisent un mélange de données qualitatives et
quantitatives (Babutsidze et al., 2018). Ainsi, par le biais
d'entretiens ou d'enquêtes les travaux existant se focalisent sur le
changement climatique pris comme un risque à travers ses
conséquences sur les populations, et une étude a permis
également de géo-référencé les perceptions
des habitants ayant accepté de répondre au questionnaire sur le
terrain d'étude pour les cartographier suite à l'étude
(Chouinard, 2006 et Guillemot, 2014) qui suggèrent d'intégrer la
population locale au processus décisionnel de gestion des risques
climatiques (mise en place des mesures d'adaptations).
Au total, il ressort du point de vue littéraire que les
perceptions et les représentations des citoyens sont mise en exergues
dans les études à travers le risque climatique et le courant
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étudiant les perceptions et implications des citoyens
sur les actions d'adaptations restent très peu voire pas du tout
abordées en région Nouvelle Aquitaine et
précisément dans la commune de Limoges. Dans le Plan
Climat-Air-Energie Territorial de la communauté urbaine de Limoges et
à l'échelle de la commune de Limoges, des actions sont mises en
place pour faire face à ce problème et dans les stratégies
de mise en place, les citoyens sont associés. C'est pourquoi il convient
de souligner par cette étude, les perceptions des citoyens sur ces
actions d'adaptations.
1.2. Clarification des concepts
Pour faciliter l'exploitation de ce mémoire, les concepts
clés utilisés ont été clarifiés.
Changement climatique : le changement
climatique se définit comme « une modification durable (de la
décennie au million voir milliard d'années) des paramètres
statistiques (paramètres moyens, variabilité) du climat global de
la Terre ou de ses divers climats régionaux. Ces changements peuvent
être dus à des processus intrinsèques à la Terre,
à des forces extérieures ou, plus récemment, aux
activités humaines » (glossaire). Nous nous
intéresserons à la partie anthropique de ce
phénomène, c'est à dire à l'impact des
émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine dans le
changement climatique. Le développement des sociétés
occidentales et leur survie est basé sur la consommation
d'énergie fossile. Or, lorsqu'on brule du charbon ou du pétrole
l'homme émet des quantités de CO2 importantes soit 6 milliards de
tonnes équivalent carbone. Cela engendre un déséquilibre
dans le cycle naturel du carbone : les végétaux et les
océans qui jouent le rôle de « puits » de carbone ne
peuvent pas absorber cet excédant anthropique (Jancovici, 2010). De plus
le développement intensif d'élevages de ruminants a pour
conséquence le rejet d'importantes quantités de méthane.
Ce surplus d'émissions se retrouve donc dans l'atmosphère, change
sa composition, ce qui entraîne une accélération du
phénomène naturel d'effet de serre et cette
accélération a pour conséquence une
élévation de la température moyenne à la surface du
globe. Enfin il convient d'insister sur le fait que les dimensions spatiales et
temporelles du changement climatique en font un phénomène sans
précédent : des actions au niveau local (des collectivités
territoriales aux pratiques individuelles) ont une incidence au niveau global
(augmentation de la température moyenne à la surface du globe),
et les répercussions de ces actions sont différées dans le
temps (comme nous l'avons dit précédemment certains gaz à
effet de serre ont une durée de vie allant jusqu'à 50 000
ans).
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Dans le contexte du présent mémoire,
l'expression « changement climatique » met en exergue les
conséquences des émissions actuelles et passées de gaz
à effet de serre d'origine humaine dans le temps et dans l'espace.
Atténuation et adaptation :
l'adaptation au changement climatique représente un «
ajustement des systèmes naturels ou des systèmes humains face
à un nouvel environnement changeant. L'adaptation aux changements
climatiques indique l'ajustement des systèmes naturels ou humains en
réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou
à leurs effets, afin d'atténuer les effets néfastes ou
d'exploiter des opportunités bénéfiques. On distingue
divers type d'adaptation, notamment l'adaptation anticipée et
réactive, l'adaptation publique et privée, et l'adaptation
autonome et planifiée » (GIEC, 2018). On parle d'adaptation
lorsque les effets du changement climatique sont déjà ressentir
et que des mesures préventives sont nécessaires et ce qui se
diffère de l'atténuation est le fait que l'homme doit
réduire les sources de pollution et augmenter les puits de gaz à
effet de serre. Pour comprendre les mesures d'adaptations dans le cadre de
notre étude, nous allons nous référer essentiellement
à la définition (glossaire) qui prend en considération les
incertitudes, les impacts et les risques, les vulnérabilités et
les résiliences. La différence fondamentale entre l'adaptation et
l'atténuation dans cette étude se trouve au niveau de leurs
échelle temporelles, de l'intérêt collectif et de la mesure
qui de fait sont des concepts spécifiques selon qu'il s'agit de
l'atténuation ou de l'adaptation.
Perception et représentation : le
terme « perception » est utilisé dans le sens commun pour
faire ressortir le statut de la parole de personnes interrogées dans le
cadre d'une enquête tandis que la représentation en science
sociale consiste à montrer le sens de convergence des perceptions d'une
population enquêtée sur un sujet donné.
La perception est l'ensemble des mécanismes et des
processus par lesquels l'organisme humain prend connaissance du monde et de son
environnement sur la base des informations élaborés par ses sens
(Bonnet et al., 1989). C'est-à-dire de la subjectivité
individuelle (sensorielle) sans prendre en considération la
réflexion systématique sur le sujet de l'enquête. En
sciences sociales l'expérience la perception représente plus les
vécue des populations enquêtées, le fait que chacun
à une idée relative qui lui est propre et qu'elle varie en
fonction de l'expérience et de chacun. Dans le cadre de ce
mémoire, nous entendons par `'perception» la manière dont
chaque citoyen de la commune de Limoges comprend, s'implique et ce qu'il pense
par rapports aux mesures d'adaptations prises sur la commune de Limoges. Faire
ressortir les perceptions des citoyens revient d'établir des
critères de choix à travers un questionnaire pour la collecte des
données et dans lequel chacun donne librement son opinion sur le sujet
d'enquête.
La représentation est une construction sociale qui est
définie en fonction des différentes opinions ou groupes sociales
sur une question donnée. Elle met en exergue les la manière dont
le groupe pense un sujet donné et dans le cas d'espèce, il s'agit
de voir les points de
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convergences des perceptions et de les
généraliser dans un sens pour en faire une représentation
collective. La différence entre les représentations et les
perceptions est le fait que les représentations sont collectives et
issues des perceptions individuelles. Les représentations sont
construites sur la base des perceptions et reflète donc l'image
collectif des citoyens de la commune de Limoges sur les actions mise en place
dans le cadre des adaptations au changement climatique.
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