2. L'épargne nette ajustée
Les premières tentatives de calcul d'un indicateur de
soutenabilité sont apparues autour des années 1990 avec des
économistes tels qu'Atkinson, Pearce ou Repetto. Ces derniers
proposaient alors de soustraire à l'investissement brut tel que
mesuré par la comptabilité nationale, la
dépréciation du capital fixe, la dépréciation du
capital naturel ou l'épuisement des ressources minières afin de
voir si l'extraction de ressource naturelle d'un pays était soutenable
ou pas (Antonin et al. 2011). Depuis lors, cet indicateur a fait l'objet de
nombreuses critiques et de nombreuses tentatives d'ajustement. Ainsi la banque
mondiale fournie de nos jours des statistiques sur l'épargne nette
ajustée, qu'elle définit comme étant égale à
l'épargne nette nationale plus les dépenses en éducation,
moins l'épuisement en énergie, en minéraux et en
ressources forestières et moins les dommages causés par le
dioxyde de carbone et les émissions de particules.
L'épargne nette nationale est calculée en
déduisant du revenu national brut la consommation totale, la
consommation du capital immobilisé et en y ajoutant les transferts
nets.
Dans le contexte de cette étude et dans notre tentative
de mesurer l'accumulation de capital physique et humain, l'épargne nette
ajustée telle que définie peut servir de base pour
l'appréciation de capital physique. En effet, en partant du revenu
national brut qui n'est autre que la somme des valeurs ajoutées produite
par tous les résidents, plus toutes les recettes fiscales (moins les
subventions) non comprises dans la valorisation de la production, plus les
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réceptions nettes de revenus
(rémunérations des employés et revenus fonciers) provenant
de l'étranger, et en y soustrayant la consommation totale, la
consommation du capital immobilisé, l'épuisement des ressources
minérales, énergétiques, forestières ainsi que les
dommages causés par l'environnement, on obtient un résidu qui
correspond logiquement à l'accumulation de capital physique. En d'autres
termes, l'épargne nette ajustée, telle que calculé par la
banque mondiale, diminuée des dépenses d'éducation
équivaut à l'accumulation de capital physique, sous
réserve que l'épargne soit égale à
l'investissement.
Les données disponibles sur l'épargne nette
ajustée du Burkina Faso sont uniquement les statistiques de la Banque
mondiale. Malheureusement pour le Burkina Faso ces données se limitent
à l'année 2010. Or dans le but de mettre en évidence le
régime d'accumulation de capital physique lié au boom minier, il
est indispensable de disposer des statistiques des années
récentes afin de dégager une moyenne assez indicative. Cette
contrainte majeure nous oblige donc à nous tourner vers d'autres
alternatives de mesure de capital physique notamment la formation brute de
capital physique.
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