Conclusion
Le Burkina Faso à peiné à se trouver un
modèle de croissance stable et soutenu jusqu'en 1995. En faveur de la
dévaluation du FCFA, le coton a porté la croissance du pays
jusqu'en 2008, ou l'or a pris le relais en se hissant au rang de premier
produit d'exportation. Malgré une croissance économique soutenue
et relativement plus stable, les conditions de vie des burkinabè ne
semblent pas s'améliorer significativement. La croissance participe
faiblement à la réduction de la pauvreté malgré les
quelques progrès enregistré par l'IDH. Néanmoins, la
stabilité politique demeure un atout pour ce pays.
Le développement sans précédent du
secteur minier burkinabè est principalement dû à la
générosité de son code minier et à la hausse des
cours de l'or. Le Burkina s'est ainsi découvert d'énormes
potentialités minières et pourra très probablement compter
sur ce secteur dans la dizaine d'années à venir. L'or participe
directement au budget de l'Etat en augmentant sa capacité d'action
d'environ 15%. Néanmoins, la contribution du secteur au
développement local est très limitée et tout semble
indiquer que la contribution du secteur au développement soutenable
réside uniquement dans l'usage que l'Etat burkinabè fait de ses
recettes fiscales. De ce fait, La destruction du capital naturel doit
nécessairement s'accompagner d'une accumulation de capital physique et
humain, sans quoi l'or du Burkina ne pourrait être une
bénédiction pour les générations présentes
et futures.
La première source de vulnérabilité du
secteur minier burkinabè réside dans sa dépendance au
cours internationaux de l'or. La production est très sensible aux
variations du prix de l'or, malheureusement tout semble indiquer que l'Etat
burkinabè n'a aucun pouvoir sur cette donnée et doit se contenter
tout simplement de considérer l'éventualité dans la mise
en oeuvre de ses politiques. De façon globale, le boom minier participe
a réduire la vulnérabilité économique du Burkina
Faso en diversifiant ses sources de revenus, et en stabilisant les fluctuations
de son taux de croissance.
En matière de risque de malédiction des
ressources naturelles, la volatilité des cours des matières
premières constitue l'un des premiers facteurs de risque auxquels le
Burkina Faso est exposé. Une fluctuation des cours autour du seuil de
rentabilité pourraient entrainer des micro-périodes de
chômage frictionnel, de baisse des recettes de l'Etat, et finalement une
situation ou l'exploitation minière servirait juste à couvrir des
frais de fonctionnement sans accumulation de capital physique. Ensuite, dans
son développement, le secteur minier a créé de nombreuses
distorsions dans le secteur agricole par l'extraction de la main d'oeuvre, dans
le secteur manufacturier et l'Etat par l'extraction du personnel
qualifié, et dans le système
45
éducatif avec la déserte des
élèves vers les sites miniers. Si ce phénomène
n'est pas contenu, le secteur minier pourrait compromettre le
développement du pays dans les années à venir. La mauvaise
qualité institutionnelle apparait également être l'un des
principaux facteurs de risque de malédiction. En effet, la corruption,
les détournements, la faiblesse de la bureaucratie et les
stratégies d'accaparement de rente sont encore des fléaux qui
handicapent fortement la contribution du secteur minier au développement
soutenable du Burkina Faso.
Nous avons pu observer que le Burkina Faso ne manifeste pas
encore de signe de maladie hollandaise. Cependant, comment mesurer les effets
du boom minier sur la soutenabilité de la croissance au Burkina Faso ?
Si théoriquement le développement soutenable peut conjurer la
malédiction des ressources naturelles, quelle est alors la situation du
Burkina Faso ? S'inscrit-il dans une logique de transformation du capital
naturel selon la règle de Solow-Hartwick ou assistons nous à une
destruction pure et simple de ce capital ?
46
|