Liste des sigles et acronymes
BIC Bénéfices Industriels et Commerciaux
BNAF Brigade Nationale Anti-Fraude de l'or
BUMIGEB Bureau des Mines et de la Géologie du
Burkina
CDEAO Communauté économique des États
d'Afrique de l'Ouest
EVI Economic Vulnerability Index
FMI Fonds Monétaire International
IDE Investissements Directe Etrangers
IDH Indice De Développement Humain
IMFPIC Impôt Minimum Forfaitaire sur les Professions
Industrielles et
Commerciales
IRVM Impôt sur les Revenus des Valeurs
Mobilières
ITS Inspection Technique des Services
LBM London Bullion Market
SEMAFO Société Exploitation Minière en
Afrique de l'Ouest
TBM Taxe des Biens de Mainmorte
TPA Taxe Patronale et d'Apprentissage
TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
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Résumé
La malédiction des ressources naturelles autorise
à s'inquiéter sur l'avenir d'un pays, dès lors que
l'exploitation d'une ressource naturelle connait un boom substantiel. C'est le
cas du Burkina Faso depuis 2009 avec l'exploitation de l'or. Pour
vérifier que l'or du Burkina Faso est une bénédiction,
nous analysons graphiquement la dynamique d'accumulation des différents
capitaux avant et après le boom minier, et constatons que si le Burkina
Faso est passé d'un régime d'accumulation de capital physique
relativement faible a un niveau plus élevé après le Boom
minier, ceci n'est pas le cas au niveau du capital humain qui quant à
lui présente un nouveau régime plus bas. Pour conjurer la
malédiction des ressources naturelles dans ce pays, une attention
particulière doit être accordée à l'accumulation du
capital humain afin que les générations présentes et
futures puissent garder au moins un niveau de bien être constant.
Mots clés : malédiction des
ressources naturelles, développement soutenable,
Burkina Faso.
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Introduction
Depuis 2009, l'exploitation de l'or a connu une expansion
considérable au Burkina Faso. L'or s'est hissé au rang de premier
produit d'exportation et a fortement impacté la structure de la balance
commerciale et des revenus de l'Etat. Entre 2006 et 2010, la production
aurifère du Burkina a été multipliée par 8. Faisant
de ce pays le 3e producteur d'or d'Afrique de l'Ouest.
Les potentialités du secteur aurifère justifient
de nos jours un grand optimisme affiché par les politiques et un grand
espoir pour le peuple burkinabè qui y voit de belles perspectives pour
l'amélioration de ses conditions de vie et le garant d'un avenir radieux
pour les générations futures. L'augmentation des dépenses
d'explorations minières et les modifications du code minier pour
augmenter l'attrait d'investissement étranger dans ce pays
témoignent de cet optimisme. Ainsi en 2012, plus d'un tiers des projets
d'explorations ou de forage prospectif opéré par des
sociétés minières étrangères en Afrique de
l'ouest ont eu lieu au Burkina Faso.
La théorie économique quant à elle, voit
dans les ressources naturelles une opportunité pouvant être
à la base d'un «big push » pour le décollage
économique mais également le risque d'une malédiction
pouvant compromettre l'avenir des générations futures. En effet,
les ressources naturelles constituent une importante source de revenu pouvant
financer une bonne partie des investissements nécessaires pour amorcer
le décollage économique des pays qui en sont dotés. Elles
sont à la base d'importants afflux d'Investissements Directs Etrangers
et de recettes fiscales au service des stratégies nationales de
développement.
Malheureusement, l'expérience a prouvé que
l'abondance de ressources naturelles est très souvent associée
à des guerres civiles, à la misère des populations
locales, à la mauvaise gouvernance et a la dégradation de
l'environnement ( Karl 1997, Aknin 2009). Les chercheurs ont ainsi pu observer
que l'abondance des ressources naturelles n'a pas toujours été le
gage d'une croissance saine et soutenable mais plutôt la source de
plusieurs maux qui ont transformé la bénédiction de la
nature en ce qu'ils ont convenu d'appelé la malédiction des
ressources naturelles (Aknin 2009). Selon Carbonier (2007), l'impact
négatif des ressources naturelles est mis en exergue sur trois plans :
la performance économique, les risques de guerre civile, et le
fonctionnement des institutions et la gouvernance.
La théorie économique sur la
soutenabilité faible permet de dégager théoriquement une
cause fondamentale de l'échec des stratégies de
développement soutenable dans les
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économies extractives : Le faible taux d'accumulation
des facteurs de productions, notamment le capital humain et le capital
manufacturier. Dès lors qu'il y'a exploitation de ressources non
renouvelables, la première condition de soutenabilité faible est
la capacité de l'économie à accumuler les capitaux
substituts. En effet, le développement soutenable tel
qu'énoncé par le rapport Bruntland (1987) est celui qui permet de
subvenir aux besoins de la génération actuelle sans compromettre
à la capacité des générations futures à en
faire de même. Dès lors, la science économique distingue la
soutenabilité forte, selon laquelle aucun capital ne peut remplacer
l'autre et la soutenabilité faible qui accepte l'hypothèse de
substituabilité.
Le développement est soutenable tant que la destruction
d'un capital est compensée par l'accumulation d'un autre capital.
Appliqué au cas du Burkina, cette définition de la
soutenabilité voudrait donc que l'exploitation de la ressource non
renouvelable qu'est l'or et la dégradation environnementale qui s'en
suit soit accompagnée par l'accumulation de capital humain et/ou
physique de sorte à permettre aux générations futures de
subvenir à leur besoin. Le Burkina Faso satisfait-il cette condition de
la soutenabilité faible ?
En nous basant sur ce concept de soutenabilité faible,
l'or du Burkina serait une vraie bénédiction si le boom minier
s'accompagne d'un taux d'accumulation de capital physique et humain
significativement plus élevé que celui observé en moyenne
avant le boom minier.
L'objectif de cette étude est double, mettre en
évidence les risques associés au développement du secteur
minier burkinabè à la lumière de la théorie de la
malédiction des ressources naturelles dans un premier temps, ensuite
vérifier l'hypothèse du passage d'un régime d'accumulation
faible à un régime élevé depuis le boom minier de
2009.
Pour répondre a cette question, nous explorons la
littérature sur la malédiction des ressources naturelles et le
développement soutenable dans notre premier chapitre. Le chapitre 2
présente les spécificités de l'économie
burkinabè. Le chapitre 3 discute de la pertinence des indicateurs de
développement soutenable en nous permettant de dégager des
indicateurs pour mesurer l'accumulation de capital physique et humain au
Burkina Faso afin de vérifier l'existence ou non d'un changement de
régime dans l'accumulation de capital physique et humain.
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