Le règlement des conflits armés en Afrique de l'ouest.( Télécharger le fichier original )par TIEU SAMUEL PATRICE MIHAN Université Catholique de là¢â‚¬â„¢Afrique de là¢â‚¬â„¢Ouest - Unité Universitaire dà¢â‚¬â„¢Abidjan - Master 2016 |
B- La coopération pour la consolidation de la paixEn vue de la consolidation de la paix, la CEDEAO et ses partenaires coopèrent dans deux domaines principaux. Tout d'abord, ils coopèrent dans le rétablissement de la sécurité antérieure au conflit229(*) ; c'est-à-dire le processus de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR). Ce processus doit être l'aboutissement d'un accord de paix230(*). Il consiste premièrement à collecter, auprès des ex-combattants, voire des populations civiles, les armes et munitions illégalement acquises en vue de leur destruction ; deuxièmement à renvoyer à la vie civile les ex-combattants mobilisés dans les structures militaires ; et troisièmement à intégrer ces derniers dans la société en les aidant à obtenir un emploi et des revenus réguliers231(*). Sur le terrain, le DDR est un processus complexe : l'exécution du programme DDR ne s'effectue pas toujours selon le séquençage clairement schématisé par l'expression « guns, camps, cash »232(*) ; les acteurs nationaux manquent de s'approprier le processus ; les moyens financiers suffisant à couvrir tout le processus de DDR font défaut ; l'identification des ex-combattants demeure confrontée à plusieurs difficultés ; le programme DDR est quelquefois détourné de son contexte233(*). Ensuite, la CEDEAO et ses partenaires coopèrent dans « la reconstruction et le développement post-conflit »234(*). Il s'agit d'un système complexe de « programmes simultanés à court, moyen et long terme destinés à prévenir l'escalade des disputes, à éviter la rechute dans le conflit violent, et à renforcer et à consolider une paix durable »235(*). Ce système est constitué de trois (3) phases. La première est la phase d'urgence. Elle intervient dans la période qui suit la cessation des hostilités, et consiste à créer un environnement de sureté et de sécurité, en vue de trouver une réponse d'urgence aux conséquences immédiates du conflit par des programmes de secours humanitaires236(*). La seconde qui est la phase de transition se concentre sur la réhabilitation des services sociaux de base comme la santé et l'éducation, la reconstruction de l'infrastructure économique, la création d'emplois à court terme, et la mise en place de mécanismes de gouvernance transitionnelle et de participation237(*). La troisième est la phase du développement. Elle vise à soutenir le gouvernement nouvellement élu et la société civile à l'aide de programmes238(*) destinés à favoriser la réconciliation et à stimuler la reconstruction socio-économique239(*). Ces phases ne sont pas absolues, ni figées. L'étendue des domaines de coopération entre la CEDEAO et ses partenaires témoigne de leur désir d'éradiquer les conflits armés de la scène ouest-africaine. Sous le poids de ce désir, ils ont défini des arrangements de coopération susceptibles d'être efficients. * 229 Cf. Art. 5 (v) du Protocole d'accord de coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité entre l'Union Africaine, les Communauté économiques régionales et les Mécanismes de coordination des brigades régionales en attente de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique du Nord. * 230 Cf. SCOGNAMILLO (Corrado) et COSTA (Helder), « Le processus de désarmement, démobilisation et réintégration », disponible sur : http://www.defense.gouv.fr/content/download/17896/154366/file/eps2009_processus_ddr.pdf, (Consulté le 15/09/2015). * 231 Cf. ONU, Rapport du Secrétaire-Général de l'ONU, Désarmement, démobilisation et réintégration, A/C.5/59/31, du 24/05/2012. * 232 L'expression « guns, camps, cash » signifie : armes, camps, argent. Le désarmement est parfois inclus dans la démobilisation ; dans certain cas le processus de DDR n'inclut pas réellement le désarmement ; la phase de réintégration, reconnue comme un processus de long terme, s'est parfois limitée à la simple fourniture d'aide transitoire. Cf. KNIGHT (Mark) et ÖZERDEM (Alpaslan), « Guns, camps and cash : Disarmament, Demobilization and Reinsertion of Former Combatants in Transitions from War to Peace », in : Journal of Peace Research, Vol. 41, N° 4, Juillet 2004, pp. 499-516. * 233 Les difficultés peuvent être : la difficulté à prouver l'appartenance à un groupe armé, l'exagération volontaire des effectifs déclarés en vue de surestimer le poids politique du groupe, la difficulté à les identifier à partir des armes manipulées, etc. Cf. SCOGNAMILLO (Corrado) et COSTA (Helder), « Le processus de désarmement, démobilisation ... art. cit.. * 234 Cf. Art. 5 (iv) du Protocole d'accord de coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité entre l'Union Africaine, les Communauté économiques régionales et les Mécanismes de coordination des brigades régionales en attente de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique du Nord. * 235 Cf. NEPAD, Cadre politique de reconstruction post-conflit en Afrique. Programme pour la gouvernance, la paix et la sécurité, juin 2005, § 24. * 236 Cf. ibid., §§ 27-30. * 237 Cf. ibid., §§ 31-33. * 238 Ces programmes multidimensionnels prennent en compte la sécurité, la transition politique, le développement socio-économique ; la justice et la réconciliation, et la mobilisation de ressources. * 239 Cf. ibid., §§ 34-44. |
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