INTRODUCTION
Le français est une discipline qui regroupe plusieurs
branches telles que l'orthographe, la conjugaison, le vocabulaire et la
grammaire. De ce fait, nous nous intéresserons à la
dernière citée. Elle a eu des conceptions bien différentes
en fonction des époques. La plus ancienne grammaire du monde a
été écrite par Panini, un grammairien qui voulait
établir les règles du sanskrit « ancienne langue
sacrée de l'inde » afin de préserver les textes
sacrés et de veiller à ce que les mots utilisés dans le
rituel soient bien prononcés.
Et peu après, cette vision heuristique a
évolué avec les grammairiens latins et grecs. Pour eux, la
grammaire était un recueil de techniques et de commentaire de textes
destinés à produire les oeuvres littéraires des grands
écrivains du passé. Cette conception de la grammaire qui s'est
perpétuée jusqu'à la fin du XIXe siècle
n'expliquait pas le mécanisme de la langue car le grammairien
était devenu juste un maître de l'usage.
Heureusement plus tard, certains grammairiens ont
décrit les règles de fonctionnement de la langue actuelle en
s'appuyant sur l'usage des bons écrivains et des « gens qui ont le
souci de bien s'exprimer ». Maurice Grevisse en est un parfait exemple
avec son ouvrage intitulé Le bon usage paru, pour la
première fois, en 1953. Ainsi, la grammaire peut être
définie de ce point de vue comme étant un système de
règles établissant des relations entre les unités de la
langue, ces règles étant censées rendre compte de la
compétence linguistique du locuteur. Cette définition n'est
pas totalement différente de celle donnée par le Petit
Larousse illustré (2013 : 516) qui dit qu'elle est l'ensemble
des règles morphologiques, syntaxiques, phonétiques,
écrites et orales d'une langue.
La grammaire française regroupe plusieurs notions
telles que celle de la phrase. Du point de vue de la grammaire descriptive,
elle peut se définir sur la base du critère syntaxique. La phrase
est constituée d'un groupe sujet et d'un groupe prédicat. Dans
certains cas, elle peut aussi être constituée d'un constituant
facultatif (le complément de phrase). Une phrase peut se construire sous
différents types et formes selon le contexte de production dans lequel
elle est écrite ou prononcée. Ce sont ces deux concepts qui
constituent le socle même de notre travail. D'où l'intitulé
de notre sujet : Les types et les formes de phrase dans les manuels de
grammaire en usage en classe de 4e : analyses et propositions
didactiques.
De la maternelle au supérieur en passant par les
classes du secondaire, nous avons constaté que la grammaire est une
discipline peu prisée par les élèves. Ils la trouvent le
plus souvent difficile. Aussi, bon nombre d'étudiants
préfèrent ne pas s'y aventurer lors de leur mémoire
ou de leur thèse en fin de cycle de peur de ne pas s'en
sortir. C'est pourquoi nous avons décidé de travailler sur cette
notion clé de la grammaire qui nécessite une attention plus
particulière non seulement de la part des apprenants mais aussi des
enseignants. De ce fait, nous avons trouvé pertinent de nous
arrêter sur les concepts de type et de forme de phrase qui sont souvent
l'objet de confusion de la part des élèves. Ainsi, leur
élucidation a un impact considérable sur le bon
déroulement de leur cursus scolaire.
Dans le cadre de notre travail, nous avons porté notre
choix sur les élèves de 4e. En effet, cette classe,
selon les textes officiels, peut être considérée comme une
étape d'approfondissement des connaissances. Le passage suivant le
justifie :
les classes de 6ème et
5ème étaient avant tout des classes d'initiation. En
4ème et 3ème les élèves vont
apprendre à perfectionner leur connaissance du français
(maniement de la langue- expression orale et écrite- étude des
textes-acquisition de méthodes de travail) afin de préparer leur
entrée dans la vie active ou la poursuite de leurs études dans le
second cycle (IPN, p. 25)
Par conséquent, plusieurs interrogations taraudent
notre esprit. D'abord, que disent les textes officiels concernant
l'enseignement de la phrase ? Ensuite, comment les manuels recommandés
par l'IPN traitent de la question ? Et enfin, comment mieux enseigner ces
concepts en classe de 4e afin d'obtenir un meilleur rendement de la
part de nos apprenants ?
Ces questions constituent le fil conducteur de notre travail.
Nous tenterons d'y répondre tout en sachant que ce n'est qu'une
contribution à l'enseignement du français, en
général, et de la grammaire, en particulier. Pour cela, nous
émettons les hypothèses suivantes:
· La leçon portant sur les types et les
formes de phrase en grammaire serait traitée de façon peu
satisfaisante dans les manuels proposés par l'I .P.N, au regard de ce
qui est demandé aux apprenants : nous procèderons
à une analyse de ces manuels afin d'en faire ressortir la substantifique
moelle.
· Le principe du modèle de phrase tel
qu'évoqué par la grammaire descriptive pourrait améliorer
l'enseignement de cette notion : nous ferons des propositions
didactiques en ayant surtout recours à cette grammaire.
La grammaire qui est enseignée jusqu'à
présent au Gabon est celle dite normative. Elle occupe une place
prépondérante dans l'enseignement du français et s'efforce
surtout à éviter des incorrections aussi bien à
l'écrit qu'à l'oral. Marie-José Béguelin (2000 :
70) s'inscrit dans cette logique en disant que :
la grammaire traditionnelle encourt également le
reproche de trop se concentrer sur les difficultés et sur les
exceptions, et, partant, de ne guère mettre en évidence les
régularités effectives de la langue et d'accorder peu de place
à l'explicitation des règles syntaxiques...
Ainsi, notre préoccupation est celle de savoir si elle
ne contient pas de limites susceptibles d'être comblées. Ceci
étant, nous avons jugé utile d'orienter notre travail sur un
cadre théorique bien différent qui n'est tout autre que la
grammaire descriptive. Bien qu'elle ne fasse pas partie
intégrante de l'enseignement du français au Gabon, nous pouvons
relever que la grammaire descriptive remet en cause un certain nombre de
concepts relatifs à la grammaire traditionnelle. C'est dans cette
optique que Suzanne-G. Chartrand (1995 : 10) estime que l'enseignement de la
grammaire doit être rénové. D'où l'expression «
nouvel enseignement grammatical ». Elle la définit comme
étant :
Un enseignement qui élargit la conception de la
grammaire en y intégrant toutes les dimensions de la langue (lexicale,
textuelle, discursive, pragmatique, stylistique) et qui propose des
descriptions plus rigoureuses des phénomènes langagiers ainsi
qu'un métalangage simplifié et cohérent, mais aussi une
façon différente de concevoir l'enseignement de la langue et de
l'actualiser
Bien avant, il est important de faire une revue
littéraire du thème sur lequel nous travaillons afin d'en montrer
l'originalité. En ce qui nous concerne, nous n'avons pas trouvé
de travaux qui traitent spécifiquement des types et des formes de
phrases dans les manuels en usage en classe de 4e. Notons tout
de même qu'il existe des mémoires qui abordent la notion de la
phrase mais sous d'autres aspects. Nous avons entre autres celui sur les
expansions dans le groupe verbal (Ida Raymone Moukongo Moupembe, 2012)
et un autre faisant l'analyse des erreurs de constructions des phrases des
apprenants de niveau première (Marie Triphène Mawily
Bivighat, 2012). Concernant les articles, nous en avons aussi deux. Le premier
de
Dans le souci de produire un travail organisé et
cohérent, nous mènerons cette étude en trois parties. La
première nous permettra de voir ce que prescrivent les textes officiels
sur
Patrice Gahungu (2001: 48- 49) relève une confusion
entre les concepts de phrase simple et de proposition
indépendante. Selon lui, ces différentes terminologies
deviennent encombrantes pour l'élève.
Ainsi, il estime ceci :
en fouinant dans l'une ou l'autre grammaire pour
préparer sa leçon sur la phrase simple dite aussi proposition
indépendante, le maître sera plus qu'embarrassé quant
à la nature du mets à présenter à ses ouailles
tellement le métalangage à exploiter à ce sujet fourmille
en contradictions...Pour plus de clarté et de motivation
pédagogique, l'enseignant, croyons-nous, aura tout intérêt
à utiliser à la place de ce jargon devenu somme toute
suranné et vide de sens, le terme de phrase unipropositionnelle
en lieu et place du métalangage phrase
simple...
Les travaux précédents n'ont qu'un seul point
commun avec le nôtre : le concept de phrase. Toutefois, le second
article, celui de Jean-Aimé Pambou (2012) attire notre attention. Il
analyse la notion de la phrase selon la vision de la nouvelle grammaire en y
intégrant les concepts de type et de forme. Pour ce faire, l'auteur fait
recours aux différents modèles de phrase. Il s'agit de la phrase
de base, de la phrase transformée et de la phrase à construction
particulière. Selon lui, les deux premiers modèles de phrase
cités correspondent chacun à un ou plusieurs types et formes de
phrase. La phrase de base doit être assertive et aux formes positive,
neutre, personnelle et active. La phrase transformée quant à elle
requiert des types et des formes contraires à ceux du modèle de
base. Notre travail s'intéresse plus particulièrement à
l'enseignement de ces concepts en classe de 4e. Plus
précisément, leur traitement dans les manuels de grammaire
recommandés par l'I.P.N. Nous estimons que c'est sur ce point que son
travail pourrait se différencier du nôtre.
Par conséquent, dans notre espace scientifique et
pédagogique, le mémoire portant sur les types et les formes de
phrase pourrait certainement enrichir la grammaire. Ainsi, en situation
d'enseignement apprentissage du français, nous nous servirons des
principes de la grammaire descriptive pour concrétiser cette
pensée. L'objectif visé par ce mémoire est de produire une
réflexion sur les différents types et formes de phrase. Il entend
fournir un outil pédagogique susceptible d'aider les apprenants à
appréhender de façon très pratique ces notions.
l'enseignement de la phrase. Dans la deuxième, nous
ferons un compte rendu des manuels recommandés, en vue de nous faire une
idée précise sur ce qui est enseigné sur ces deux
notions.
Ensuite, une critique de ces manuels sera faite dans le but
de faire ressortir non seulement les points positifs mais aussi les manquements
éventuels dans le traitement des concepts de types et de formes de
phrase. Enfin, des propositions didactiques seront faites en vue de donner une
autre orientation à cet enseignement.
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