Mémoire de recherche
Effet de l'interdépendance des tâches sur la
relation entre compétences politiques, performance contextuelle et
sentiment d'accomplissement personnel
Sous la direction de Lionel Dagot
Année Universitaire 2014-2015
Master 1 Psychologie Sociale Travail et Ressources Humaines
Charlotte Hardouin N°étudiant 13408611
Remerciements
Je tiens à remercier mon directeur de mémoire,
monsieur Lionel Dagot, pour sa disponibilité précieuse et
constante, et pour ses conseils avisés qui m'auront guidée dans
chacune des étapes de la réalisation de ce mémoire de
recherche.
Un grand merci à Mauro Locarnini, mon responsable
hiérarchique, directeur de l'équipe « Talent Management
», pour sa compréhension les jours où j'ai pu sembler plus
préoccupée par ce travail de recherche que par mon
activité professionnelle, son intérêt manifeste pour ce
mémoire, son implication personnelle, et enfin pour son soutien sans
failles dans les moments rendus difficiles par la charge de travail.
Merci également Terran Mackman, ma pair au sein de
l'équipe « Talent Management », basée aux Etats-Unis et
diplômée d'un PhD en Organizational Development, pour son aide
enthousiaste, son écoute, et pour avoir contribué à
élargir mes perspectives en partageant un point de vue interculturel et
ses conseils méthodologiques.
Merci encore à Claire Gouffal, collègue de
promotion à l'IED, avec qui le fait de suivre le même rythme dans
la réalisation de ce travail de recherche m'a tant de fois permis de me
sentir moins seule et de partager nos doutes et questionnements, et merci
à Michel Juan, mon directeur de stage, pour ses conseils avisés
et sa bienveillance.
Merci enfin à mes proches pour m'avoir supportée
et soutenue au cours de ces derniers mois, pour n'avoir eu de cesse de me
rassurer et de m'encourager, et pour leurs relectures consciencieuses des
différentes parties de ce mémoire.
Résumé
Si les études précédentes ont
déjà mis en évidence le lien entre compétences
politiques et performance au travail d'une part, et entre compétences
politiques et épuisement émotionnel d'autre part, l'impact des
caractéristiques métiers sur ces relations reste à
investiguer. En se concentrant sur le niveau d'interdépendance des
tâches pour caractériser le métier exercé, cette
recherche vise à étudier l'usage des compétences
politiques en tant que ressources individuelles ayant un effet est positif sur
la performance contextuelle et sur le niveau d'accomplissement personnel. La
participation de 133 employés de secteurs d'activité divers a
permis d'élargir le champs de recherche au-delà des
métiers de la vente et du management , qui sont les métiers
prédominants dans le champ de recherche des compétences
politiques, et des métiers du soin et du service à la personne,
qui sont les plus représentés dans les recherches sur
l'épuisement professionnel. De plus, cette étude est la
première à notre connaissance à comparer les mesures de
performance et d'épuisement professionnel au sein d'une même
recherche.
Outre l'hypothèse de relation directe entre
compétences politiques et performance contextuelle, cette étude
vise à mettre en avant un effet de modération de cette relation
par l'interdépendance. De la même manière, le
deuxième volet de cette étude vise à analyser l'influence
des compétences politiques sur l'accomplissement personnel, et sa
modération par le niveau d'interdépendance des tâches
inhérent au métier exercé. La théorie de
conservation des ressources développée par Hobfoll (1989)
constitue le cadre théorique de cette recherche.
Les résultats attestent de l'effet direct des
compétences politiques sur le niveau de performance contextuelle global,
et dirigée vers les individus en particulier. De plus, un effet de
modération par l'interdépendance de la relation entre intuition
sociale et performance contextuelle est mis en avant par cette étude.
Les individus ayant une forte intuition sociale démontrent un niveau de
performance contextuelle significativement supérieur dans les contextes
d'interdépendance élevée que dans les contextes de faible
interdépendance. Par ailleurs, les résultats indiquent un effet
direct des compétences politiques sur le niveau d'accomplissement
personnel, en particulier des dimensions de l'intuition sociale et de
l'adaptation interindividuelle, mais pas d'effet direct de
l'interdépendance sur cette variable.
Ces résultats indiquent un caractère
prédicteur important des compétences politiques individuelles sur
la performance dirigée vers le collectif, et en particulier envers les
individus qui le composent. Ils confirment ainsi le rôle des
compétences politiques en tant que ressources individuelles
facilitatrices de réussite au sein de l'arène politique qu'est
toute organisation, et protectrices du sentiment d'accomplissement personnel.
Cette recherche renforce l'idée que les compétences politiques
peuvent être bénéfiques non seulement pour les individus
mais pour le collectif de travail au sein de l'organisation. La poursuite des
stratégies individuelles permettant de faire avancer l'ensemble, l'enjeu
de l'étude des compétences politiques pour les entreprises ouvre
les perspectives de ce champ de recherche.
Sommaire
Introduction 3
1. Compétences politiques : ressources de l'individu 7
1.1 Cadre théorique : la théorie de conservation
des ressources 7
1.2 Définition du construit de compétences
politiques 8
2. Compétences politiques et performance 10
2.1 Les compétences politiques, facteur de performance au
travail 10
2.2 Performance à la tâche et performance
contextuelle 12
2.3 Compétences politiques et performance contextuelle
12
3. Compétences politiques et stress perçu 14
3.1 Relation directe entre compétences politiques et
stress perçu 14
3.2 Modalités d'action des compétences politiques
16
4. Compétences politiques et contexte professionnel
17 4.1 L'importance des compétences politiques selon les exigences
interpersonnelles et sociales liées à
l'occupation 17
4.2 Interdépendance des tâches et stress
perçu 20
5. Etude 22
6. Mesure 25
6.1 Outils de mesure 25
6.2 Protocole 27
7. Synthèse résultats 28
8. Résultats détaillés 30
8.1 Statistiques descriptives et analyse de corrélations
30
Résultats concernant l'échantillon global 30
Statistiques descriptives des variables étudiées et
analyse des corrélations 30
8.2 Stratégie d'analyse 35
Compétences politiques et performance contextuelle 37
Compétences politiques et performance contextuelle envers
les individus 40
Compétences politiques et performance contextuelle envers
l'organisation 43
Compétences politiques et accomplissement personnel 44
9. Discussion 45
9.1 Contribution de l'étude au champ de recherche 45
9.2 Limites et perspectives de recherche 50
Limites liées aux variables et outils de mesure 51
Limites liées au protocole 53
9.3 Ouvertures 55
Références 57
Annexes 64
3
Introduction
Les compétences politiques constituent un construit
interpersonnel qui associe la sagacité sociale à la
capacité à créer des liens et à démontrer un
comportement approprié aux situations rencontrées, le tout d'une
façon engageante qui inspire la confiance et donne à l'individu
l'image d'une personne sincère et authentique (Ferris, Perrewé,
David, et Gilmore, 2000). La compétence politique fait également
référence à la compréhension des interlocuteurs de
l'environnement professionnel, et à l'utilisation de cette connaissance
tacite pour influencer leurs comportements dans ses propres
intérêts ou ceux de l'organisation. Si les recherches initiales
postulaient une seule et unique dimension au concept de compétences
politiques, les travaux plus récents se basent sur un modèle
multifactoriel des compétences politiques à quatre dimensions :
l'intuition sociale, la sincérité apparente, l'adaptation
interindividuelle et la capacité à entretenir des liens de
réseaux.
Malgré le caractère récent du construit
de compétences politiques, ce dernier a fait l'objet de nombreuses
recherches dans une large variété de contextes, non seulement
comme descripteur de plusieurs phénomènes organisationnels mais
également comme prédicteur de performance (Blickle et al., 2008;
Blickle et al., 2011; Blickle, Wendel et Ferris, 2010; Ferris et al., 2005;
Jawahar, Meurs, Ferris et Hochwarter, 2008).
La revue de littérature fait ainsi ressortir que les
liens entre compétences politiques et performance au travail ont surtout
été étudiés à travers trois indicateurs
principaux : l'évolution de carrière, le leadership, et la
performance globale du salarié. Cependant, du fait de l'évolution
du contexte socio-économique qui oblige les organisations et leurs
acteurs à toujours plus d'adaptabilité, de flexibilité et
de polyvalence, la notion même de performance au travail est
amenée à évoluer (Semadar, Robins et Ferris, 2006).
Certains auteurs distinguent donc la performance à la
tâche, qui correspond aux exigences inhérentes au métier
exercé et formellement requises par le poste, de la performance
contextuelle, qui fait référence aux comportements non
explicitement requis mais néanmoins valorisés par le
4
collectif (Beaty, Cleveland, et Murphy, 2001; Borman et
Motowidlo, 1993; Motowildo, Borman et Schmidt, 1997). Selon les auteurs, ce
dernier type de performance peut être intitulée
différemment (performance citoyenne, citoyenneté
organisationnelle, performance organisationnelle...) et se manifester de
façons variées, mais un consensus existe quant à sa
finalité. Plus spécifiquement, Van Scotter et Motowildo (1996)
avancent que la performance contextuelle peut être dirigée soit
envers l'organisation au sens large (comportements de loyauté, de
conformisme, d'engagement dans la vie de l'entreprise, esprit sportif) soit
envers les individus qui la composent (altruisme, coopération). On sait
par ailleurs grâce aux apports de plusieurs études que le niveau
de compétences politiques est significativement plus prédicteur
de performance contextuelle que de performance à la tâche (Bing,
Davison, Minor, Novicevic et Frink, 2011; Jawahar, Meurs, Ferris et Hochwarter,
2008; Touzé, 2005).
La disparité des résultats de ces travaux laisse
néanmoins supposer l'existence de variables modératrices de la
relation entre compétences politiques et performance au travail, telles
que la nature des demandes psychologiques (Blickle et al., 2009). Ainsi, les
résultats d'une méta-analyse (Bing, Davison, Minor, Novicevic et
Frink, 2011) confirment notamment que le lien entre compétences
politiques et performance à la tâche est plus faible pour les
postes impliquant peu de contacts interpersonnels et sociaux, tandis que le
lien entre performance contextuelle et compétences politiques est
très fort et stable, quel que soit le type de poste.
Outre leur influence sur la performance, les
compétences politiques ont été étudiées pour
leur effet sur le stress perçu. Plusieurs recherches utilisant le cadre
de la théorie de conservation des ressources (Hobfoll, 1989)
considèrent ainsi ce type de compétences comme une ressource qui
permet à l'individu soit de faire face directement aux contraintes de
son environnement (processus de modération), soit d'accéder
à des leviers d'action ou ressources supplémentaires (processus
de médiation) grâce à un large réseau
interpersonnel.
Plusieurs variables modératrices et médiatrices
ont donc été mises en avant dans l'étude de la relation
entre les compétences politiques et l'épuisement
émotionnel, qui est la conséquence du stress perçu la plus
largement documentée. Ce construit de l'épuisement professionnel
ne fait cependant pas l'unanimité, et plusieurs modèles ont
été développés depuis sa définition initiale
par Maslach et Jackson en 1986. Les détracteurs du Maslach Burnout
Inventory remettent
5
notamment en cause la troisième dimension de «
réduction de l'accomplissement personnel », qui correspond selon ce
modèle à une conséquence du stress mais pourrait
être envisagée comme une ressource pour y faire face, et serait de
fait pertinente à étudier en tant que variable dépendante
à part entière. Des corrélations négatives ont
ainsi été trouvées entre le niveau de compétences
politiques et la réduction de l'accomplissement personnel. Les individus
ayant un haut niveau de compétences politiques sont en effet plus
à même de comprendre et gérer leur environnement et
interactions sociales, ce qui leur permet de mieux faire face aux
éléments stressants auxquels ils sont confrontés dans leur
cadre professionnel.
Blickle et al. (2009) sont les premiers à faire le lien
entre le construit de compétences politiques et le type de demande
psychologique selon les emplois. Ces auteurs ont donc choisi la nature du
métier pour caractériser le type de demande psychologique, or
d'autres caractéristiques métiers que leur finalité
peuvent être intéressantes à étudier en lien avec
les compétences politiques, comme la prépondérance des
relations interpersonnelles dans l'activité exercée, et les
enjeux des relations interpersonnelles et leur importance pour la performance
au travail. Le niveau d'interdépendance propre au métier,
définit comme le « degré auquel les individus sont
dépendants et reçoivent le soutien direct d'autres personnes
(collègues et responsable d'équipe) afin d'accomplir leur travail
» (Thompson, 1967), constitue donc une variable pertinente.
On peut en effet se demander dans quelle mesure la
prédiction de la performance par les compétences politiques peut
varier selon le degré d'interdépendance des tâches
inhérent au métier exercé, et si les dimensions des
compétences politiques en jeu sont les mêmes quel que soit le
contexte. Les résultats de quelques recherches ont déjà
permis de démontrer que les compétences politiques opèrent
plus efficacement pour certains métiers, de commercial et de management
notamment (Blickle, Wendel et Ferris, 2010; Jawahar et Ferris, 2011; Jawahar,
Meurs, Ferris et Hochwarter, 2008; Munyon et Ferris, 2009), et sont ainsi plus
ou moins prédicatrices de performance selon les contextes. Par ailleurs
aucune étude, à notre connaissance, ne trouve de relation avec la
performance dans les contextes de travail où l'interaction
interpersonnelle n'est pas un élément fondamental
d'efficacité.
Un niveau élevé d'interdépendance
laissant supposer une forte prépondérance des relations
interpersonnelles dans l'activité exercée, on peut avancer que le
stress perçu dans de tels
6
contextes pourrait être minoré par la
capacité du sujet à se reposer sur un réseau
interpersonnel plus large. En effet, dans le cadre de la théorie de
conservation des ressources, le soutien social a déjà
été défini comme une ressource du sujet pour mieux faire
face aux facteurs de stress (Alarcon, 2011).
Subséquemment on peut se demander si le degré
d'interdépendance des tâches peut modérer la relation entre
compétences politiques et performance évaluée d'une part,
et entre compétences politiques et accomplissement personnel d'autre
part.
7
1. Compétences politiques : ressources de
l'individu
1.1 Cadre théorique : la théorie de
conservation des ressources
La théorie de la conservation des ressources («
Conservation of Resources ») élaborée par Hobfoll (1989)
fournit un cadre théorique particulièrement adapté
à cette recherche, qui vise à étudier l'usage des
compétences politiques en tant que ressources individuelles ayant un
effet positif sur la performance et sur le niveau d'accomplissement personnel.
Selon cette théorie, la capacité des sujets à gérer
le stress auquel ils peuvent être confrontés dans leur
environnement est fonction des ressources de coping qu'ils ont à leur
disposition (Hobfoll, 1989, 2001, 2002). Hobfoll (2002) suggère en effet
que des caractéristiques personnelles du sujet peuvent constituer des
ressources ou « tampons » pour lui permettre de mieux gérer le
stress induit par des contraintes externes. Ces ressources peuvent être
de différentes natures (estime de soi, sentiment de réalisation,
temps, argent, objets, propriétés, statut sociétal ou
organisationnel...).
La théorie de conservation des ressources
conçoit le stress comme résultant non seulement de demandes
extérieures mais également de l'incapacité pour le sujet
d'agir pour limiter l'impact de ces demandes. L'épuisement professionnel
proviendrait ainsi selon cette théorie d'une exposition prolongée
de l'individu à une situation qui représente une menace pour ses
ressources d'action. Ainsi, selon la théorie de conservation des
ressources, l'épuisement professionnel peut être
interprété comme « l'état d'un individu qui ne peut
ni conserver, ni développer, ses ressources internes » (Doane,
Schumm et Hobfoll, 2012).
Plusieurs auteurs ont déjà abordé les
compétences politiques dans ce cadre théorique. Ils
conçoivent ainsi les compétences politiques comme un capital
social grâce auquel l'individu peut mieux faire face aux menaces
potentielles de son environnement, ce socle de compétences permettant de
développer un large réseau de connections et d'alliances. Ainsi
Ferris et al. avancent que « les personnes ayant un haut niveau de
compétences politiques sont tout à fait conscientes des
investissements personnels que représentent les connexions sociales
qu'ils créent, ce qui leur permet de démultiplier leur capital
social et leur réputation, et optimise de fait leurs chances de
réussite professionnelle. »
8
On sait par ailleurs que les relations interpersonnelles, et
à fortiori le soutien social, sont une ressource à part
entière dans la mesure où elles limitent la perte de ressources
ou permettent d'en gagner de nouvelles (Hobfoll, 2002). Si les
compétences politiques permettent l'accès au soutien social,
alors il fait sens de les considérer comme une ressource pour le sujet
face aux menaces de son environnement. Dans ce sens, Jawahar et al. montrent
dans leur recherche que les compétences politiques et la perception de
support organisationnel limitent le risque d'occurrence d'un syndrome
d'épuisement professionnel.
Plusieurs auteurs ont travaillé autour du postulat que
les compétences politiques représentent un atout pour le sujet
face aux contraintes de son environnement dans le sens où elles lui
donnent une capacité d'action sur ce dernier. Le fait que les individus
ont la possibilité d'agir sur leur environnement en actionnant certains
leviers interpersonnels (comme les compétences politiques) de
façon à réduire leur stress ressenti est en effet
déjà bien établi (Harvey, Harris, Harris et Wheeler, 2007;
Hochwarter et al., 2009 ; Meurs, Gallagher et Perrewé, 2010).
L'étude des compétences politiques dans le cadre
de la théorie de conservation des ressources est par ailleurs
étayée par les nombreuses recherches qui les positionnent soit
comme une ressource propre lorsqu'elles étudient un processus
modérateur, soit comme un moyen d'accéder à de nouvelles
ressources en s'appuyant sur un réseau interpersonnel dans le cadre d'un
processus médiateur.
1.2 Définition du construit de compétences
politiques
Malgré le caractère récent de ce
construit, les compétences politiques ont déjà fait
l'objet de nombreuses recherches du fait de l'intérêt qu'elles
représentent pour les entreprises. En effet, dans le contexte
économique actuel qui demande de plus en plus de flexibilité et
d'adaptabilité des sujets, ce type de compétences devient un
atout fondamental pour toute personne désirant réussir sa
carrière. Le champ de recherche sur les compétences politiques se
base en effet sur la conception de toute organisation comme une arène
politique, dans laquelle le potentiel d'évolution de chacun ne repose
plus uniquement sur la performance objective mais également la
9
capacité à comprendre et utiliser les enjeux de
pouvoirs et d'influence qui s'y jouent (Crozier et Friedberg, 1981).
Mintzberg (1983) avance ainsi dans ses travaux que le
construit de compétences politiques fait référence
à l'exercice d'influence à travers la persuasion, la manipulation
et la négociation, et Pfeffer (1991) est le premier à amener les
compétences politiques dans le contexte professionnel. Dans cette
perspective, réussir au sein de toute organisation nécessite
d'accéder à des informations critiques ou rares. Les personnes
ayant un haut niveau de compétences politiques sont donc
avantagées pour obtenir ce type d'informations car elles dédient
beaucoup de temps à entretenir leur réseau professionnel et
à développer leurs connexions avec des personnes influentes et
potentiellement utiles (Ferris et al, 2005, publié dans la presse).
Elles sont par conséquent plus à même d'obtenir et de
sécuriser les ressources dont elles ont besoin pour leur travail en
s'appuyant sur leur réseau et leur capacité à
convaincre.
Les compétences politiques peuvent être
résumées comme « l'aptitude à comprendre les autres
au travail, et à utiliser ces connaissances pour influencer autrui
à agir de manière à renforcer ses propres objectifs ou
ceux de l'organisation. » (Ahearn, Ferris, Hochwarter, Douglas et Ammeter,
2004). Elles sont caractérisées par une fine perception sociale
et la capacité pour un individu d'ajuster son comportement aux personnes
et situations changeantes et variées de l'environnement professionnel
(Ferris et al, 1999, 2005). On peut donc parler d'une intelligence sociale et
situationnelle appliquée au contexte professionnel, qui permet de savoir
non seulement quoi dire mais également à qui le dire et à
quel moment, d'une façon qui ne paraisse pas intéressée et
qui inspire confiance (Ferris et al., 2000).
On observe une évolution de la définition de ce
construit dans les recherches. Les premières études concevaient
en effet le socle des compétences politiques comme une variable
indivisible (Ferris et al., 1999) tandis que les travaux plus récents
s'accordent à distinguer plusieurs dimensions constitutives de ce
modèle (Ferris et al., 2005).
Les auteurs identifient un modèle multifactoriel des
compétences politiques à quatre dimensions : l'intuition sociale,
la sincérité apparente, l'adaptation interindividuelle et la
capacité à entretenir des liens de réseaux.
10
L'intuition sociale désigne la finesse de perception et
de compréhension des situations et des interlocuteurs rencontrés.
Parce qu'elle représente une « clé de lecture » de leur
environnement, les sujets ayant une intuition sociale élevée ont
plus de facilité à s'identifier aux autres et à comprendre
les situations, ce qui leur permet d'interpréter justement les relations
interpersonnelles et leurs enjeux.
La sincérité affichée est une dimension
à part entière, et renvoie au fait que les personnes ayant un
haut niveau de compétences politiques sont perçues par leurs
interlocuteurs comme étant honnêtes, authentiques et
sincères. Or, la perception des individus comme non
intéressés ou motivés par des intérêts
personnels est un prérequis à toute tentative d'influence (Jones,
1990), qui repose sur le besoin d'établir en premier lieu la
confiance.
L'adaptation interindividuelle est la dimension des
compétences politiques qui fait référence à la
capacité pour l'individu d'ajuster son comportement et son discours au
style de son interlocuteur, de façon à exercer son influence et
convaincre sans pour autant que cet objectif soit explicite.
La capacité à entretenir des liens de
réseaux, quatrième dimension du construit de compétences
politiques, caractérise la propension de l'individu à
créer de nouvelles connexions et à développer les
relations sociales avec les différentes personnes de son environnement,
et principalement celles qui peuvent lui être utiles pour atteindre ses
objectifs personnels et/ou organisationnels. Les relations, les amitiés,
la création de réseaux, d'alliances et de coalitions sont en
effet essentielles dans les arènes politiques que sont les organisations
(Bacharach et Lawler, 1998; Pfeffer, 1992), et permettent aux sujet ayant de
fortes compétences politiques non seulement de se constituer un socle de
soutien social fort mais également de créer et de profiter de
nouvelles opportunités grâce à la visibilité
procurée par ces réseaux socio-professionnels (Pfeffer, 1992).
2. Compétences politiques et performance
2.1 Les compétences politiques, facteur de
performance au travail
L'environnement compétitif actuel encourage la
recherche de variables prédicatrices de performance, et plusieurs
auteurs ont ainsi cherché quels facteurs de personnalité
pouvaient avoir
11
un niveau significatif sur le niveau de performance
évalué (Arsenault et Dolan, 1983; Meurs, Perrewé et
Ferris, 2011).
Peu d'études cependant, au regard de l'ensemble des
travaux sur les compétences politiques, ont étudié leur
effet sur la performance (Ferris et al., 2005; Jawahar et al., 2008 ; Semadar,
Robins et Ferris, 2006), et un consensus émerge quant à
l'intérêt de poursuivre ces investigations.
Malgré le caractère récent du
modèle de compétences politiques, la revue de littérature
permet déjà de faire ressortir une évolution des
recherches dans le sens d'une opérationnalisation de ce construit. Ce
dernier peut en effet représenter un véritable enjeu pour les
entreprises, car les auteurs s'accordent sur le caractère
prédicteur de performance au travail des compétences politiques
et partagent l'idée que les compétences politiques pourraient
être développées.
Ainsi, qu'elles soient considérées comme des
ressources propres de l'individu ou comme des leviers individuels permettant
l'accès à d'autres ressources, les conclusions des études
publiées permettent déjà de montrer que ces ressources
individuelles peuvent soit impacter directement, soit modérer, la
relation existante entre une variable interdépendante et la performance
objective ou évaluée.
De plus, différentes variables modératrices de
la relation directe existant entre compétences politiques et performance
ont été révélées par les travaux de
recherches, telles que la perception de justice organisationnelle, la
rationalité, la sincérité, la conscience professionnelle,
la réputation, la crédibilité, le caractère
politique de l'organisation, ou encore l'adéquation entre
compétences et contexte professionnel, le type de demande
psychologique...
Quelques recherches ont également essayé de
contextualiser la prédiction de la performance par les
compétences politiques en étudiant différents types de
métiers. Ainsi Blickle et al. (2012) montrent dans leurs recherches que
les compétences politiques prédisent significativement plus la
performance pour les métiers définis comme de type entreprenants
que pour les autres catégories de la typologie de Holland (1985).
D'autres travaux s'accordent sur la prédiction de la performance
managériale par les compétences politiques (Ferris et al., 2005 ;
Semadar, Robins et Ferris, 2006).
12
2.2 Performance à la tâche et performance
contextuelle
Notre époque a vu apparaître des changements
concernant la définition même de performance au travail.
L'environnement compétitif actuel augmente en effet l'importance des
compétences relationnelles et de la polyvalence (Semadar, Robins et
Ferris, 2006). A la différence des structures traditionnelles, les
nouvelles organisations placent les employés dans des rôles plus
ambigus, nécessitant de gérer des intérêts
potentiellement divergents, auprès d'audiences et d'évaluateurs
multiples (Cascio, 1995). Ainsi, pour la plupart des métiers
aujourd'hui, une performance satisfaisante se caractérise non seulement
par la réalisation des tâches et missions inhérentes au
poste, mais également par la démonstration de comportements dans
l'intérêt de l'organisation mais ne faisant pas partie de la fiche
de poste. Le besoin de prendre en compte des activités
périphériques facultatives mais nécessaires à
l'efficacité dans un poste de travail a ainsi fait apparaître la
notion de « comportements citoyens » au sein de l'organisation.
Certains auteurs envisagent cette question sous l'angle d'une division de la
mesure de performance globale en deux dimensions permettant de distinguer la
performance à la tâche et la performance contextuelle (Borman et
Motowidlo, 1993). La performance à la tâche englobe ainsi les
aspects strictement techniques et objectivement attendus du salarié. La
performance contextuelle a trait aux attentes implicites, et aux comportements
sociaux (entraide, altruisme, initiative personnelle par exemple) qui ne sont
pas des critères officiels d'évaluation, mais qui participent
à l'efficacité globale du salarié et peuvent être
des déterminants importants de l'évaluation
générale du salarié faite par son supérieur.
2.3 Compétences politiques et performance
contextuelle
Les compétences politiques ont jusqu'ici
été principalement étudiées avec la performance
à la tâche, et rares sont les travaux qui associent ce construit
à la mesure de performance contextuelle. Or, étant une variable
interindividuelle, on peut se demander si ce construit ne prédit pas en
proportion plus importante la performance contextuelle, qui renvoie à
l'engagement individuel du sujet dans l'organisation, plutôt que la
performance à la tâche qui ne renvoie « qu'à » la
réalisation des attributions formelles du poste. On peut s'appuyer sur
plusieurs travaux pour ouvrir cette discussion.
Motowildo et Van Scotter (1994) montrent dans leur recherche
que les superviseurs donnent autant de poids aux deux types de performance
lorsqu'ils jugent le travail de leurs subordonnés,
13
et par ailleurs évaluent significativement mieux les
employés ayant un niveau élevé de compétences
politiques que ceux qui ne cherchent pas à se faire bien voir. Les
individus ayant un niveau élevé de compétences politiques
useraient donc de leur capacité d'influence pour orienter en leur faveur
la perception qu'a leur superviseur de leur performance au travail, tant sur
les aspects liés aux tâches qui leur incombent que sur les
comportements démontrés en dehors des exigences du poste
(Kolodinsky, Treadway et Ferris, 2007).
Le type de demandes liées à l'activité
exercée peut cependant avoir un impact sur la part de variabilité
de la performance contextuelle expliquée par le niveau de
compétences politiques. Les résultats de la méta-analyse
de Bing, Davison, Minor, Novicevic et Frink (2011) indiquent en effet que le
lien entre compétences politiques et performance à la tâche
est beaucoup plus faible pour les postes impliquant peu de contacts
interpersonnels et sociaux, tandis que la relation entre performance
contextuelle et compétences politiques est très fort et stable,
quel que soit le type de poste.
La définition de la notion de performance contextuelle
a fait l'objet de nombreuses publications, dont les plus récentes
s'accordent sur la nécessité de distinguer deux sous-dimensions
qui font référence à l'engagement organisationnel d'une
part, et l'engagement interpersonnel d'autre part. Si l'on aborde la
performance dans une approche systémique des organisations, qui
conçoit ces dernières comme des arènes politiques
où cohabitent coalitions, groupes d'intérêts divergents et
ressources rares, toute réalisation au sein de tels environnements est
dépendante de l'exercice de pouvoir et d'influence au-delà de la
réalisation seule des tâches inhérentes au métier.
On peut donc émettre l'idée que le rôle prédicteur
des compétences politiques est plus fort pour la dimension de
performance contextuelle dirigée vers les individus, qui sont autant de
ressources potentiellement utiles et leviers d'actions indirects pour le sujet,
plutôt que l'organisation au sens large. Cette hypothèse est
renforcée par la nature même des compétences politiques qui
sont conceptualisées comme une variable interindividuelle et donc par
définition plus à même de jouer sur la dimension
interpersonnelle de la performance contextuelle.
Notre première hypothèse postule donc
que le niveau de compétences politiques sera positivement associé
à l'évaluation de performance contextuelle. Plus
spécifiquement, le
14
niveau de compétences politiques sera le plus
significativement associé à la performance contextuelle
dirigée vers les individus.
A notre connaissance aucune recherche n'a cherché
à comparer le poids de chaque dimension de compétence politique
sur la variabilité de la performance.
Néanmoins quelques résultats d'études
donnent des pistes de recherche. Ferris et al. (2005) avancent ainsi dans l'une
de leurs recherches que la dimension d'intuition sociale et celle qui est le
plus significativement liée à l'évaluation de performance
faite par le superviseur. De plus, la performance contextuelle envers les
individus se rapportant principalement à la notion d'altruisme, on peut
penser que les sujets seront jugés d'autant plus altruistes que leur
comportement sera perçu comme désintéressé.
On formule donc l'hypothèse que les dimensions
de sincérité affichée et d'intuition sociale des
compétences politiques seront les plus significativement
associées aux dimensions de performance contextuelle dirigée vers
les individus.
3. Compétences politiques et stress
perçu
3.1 Relation directe entre compétences
politiques et stress perçu
La revue de littérature des compétences
politiques est plus riche en ce qui concerne leur effet bénéfique
sur le niveau de stress ressenti.
L'épuisement professionnel est en effet l'un des champs
de recherche majeur en psychologie sociale, et le contexte économique et
compétitif actuel renforce l'importance d'investiguer pour
améliorer la connaissance de ce construit. On sait par le grand nombre
de recherches existant à ce jour, qu'outre les facteurs de stress
liés au métier exercé, les caractéristiques
individuelles peuvent influencer le niveau de tension perçu.
Par ailleurs, la théorie de conservation des ressources
définit le stress comme l'état d'un individu exposé de
façon prolongée à une situation qu'il perçoit comme
menaçante pour les ressources dont il dispose pour faire face aux
contraintes extérieures, que ce soit pour en maintenir le niveau
15
ou au regard de sa capacité à en
développer de nouvelles. Selon cette approche théorique, les
ressources du sujet pour faire face aux exigences physiques et
émotionnelles du travail influencent sa prédisposition à
l'épuisement professionnel.
Subséquemment, dans cette perspective, les
compétences politiques représenteraient un type de ressources
auquel le sujet peut faire appel pour limiter l'impact du stress
engendré par les facteurs de son environnement professionnel.
Perrewé et al. (2004) définissent ce type de
compétences comme la capacité à comprendre les individus
avec lesquels le sujet interagit dans son environnement professionnel, et
à utiliser cette connaissance dans l'intérêt de ses
objectifs personnels ou organisationnels. Les compétences politiques se
mesurent par l'acuité de la perception sociale et la capacité
à ajuster ses actions et comportements aux besoins variés et
changeants des situations (Ferris et al, 1999, 2005). Ce type de
compétence représente donc une variable de différence
individuelle pertinente pour comprendre comment les individus perçoivent
les contraintes de leur environnement et gèrent le stress qui en
résulte.
La revue de littérature étayant la
corrélation positive entre le niveau de compétences politiques et
la réduction de la tension issue de facteurs de l'environnement
professionnel est riche malgré le caractère récent du
construit. La majorité des recherches indiquent ainsi une
corrélation significative des compétences politiques avec un
niveau de tension perçue réduit, une moindre
dépersonnalisation et un sentiment d'accomplissement personnel plus
élevé.
Notre deuxième hypothèse est que le
niveau de compétences politiques sera positivement associé
à l'accomplissement personnel.
Il est par ailleurs important de noter que chaque dimension de
compétence politique a un effet significatif sur au moins une des
dimensions du burnout. Plus précisément, l'étude
menée par Dagot et al. (2014) avance que les dimensions d'influence
interpersonnelle et de capacité de réseau impactent
significativement le niveau d'épuisement émotionnel, de fatigue
physique, et de lassitude cognitive. Les dimensions de l'intuition sociale et
de sincérité affichée sont quant à elles les moins
influentes sur les trois variables dépendantes
précédemment citées.
16
On peut donc préciser l'hypothèse
formulée ci-dessus en avançant que les dimensions de
capacité de réseau et d'adaptation interindividuelles des
compétences politiques seront les plus significativement
associées de façon positive au niveau d'accomplissement
personnel.
3.2 Modalités d'action des compétences
politiques
L'étude menée par Perrewé et al. (2004) a
été la première à décrire
concrètement le rôle modérateur des compétences
politiques dans la relation entre une demande psychologique inhérente au
cadre professionnel et la tension perçue, et a servi de base à
des études postérieures visant à décrire plus
précisément cette relation. Deux modes d'action principaux
(Ferris et al., 2005; Treadway et al., 2005) ont ainsi été
avancés.
Premièrement, la perception des facteurs de tension
présents dans l'environnement des sujets peut être
différente selon leur niveau de compétences politiques.
Utilisées comme stratégies de « coping », les
compétences politiques du sujet influencent la perception de
l'intensité des demandes psychologiques qui constituent les menaces de
son cadre professionnel et la latitude dont il dispose pour y répondre.
Les compétences politiques sont dans ce cas de figure des ressources
propres du sujet qu'il utilise comme modérateurs du stress perçu,
soit prioritairement soit en seconde intention une fois leurs ressources
principales épuisées. Kahn, Wolfe, Quinn, Snoek et Rosenthal
(1964) montrent ainsi l'effet de modération par les compétences
politiques de la relation entre conflit de rôle et burnout. Cette
étude est corroborée par les résultats de Perrewé
et al. (2004) qui mesurent l'anxiété psychologique et somatique,
ou encore par Jawahar, Stone et Kisamore (2007) qui mesurent l'effet
modérateur des compétences politiques sur la réduction du
niveau d'accomplissement personnel perçu. L'effet de modération
par les compétences politiques a également été
observé sur les relations entre la surcharge de rôle et la tension
au travail, la satisfaction au travail et l'anxiété
(Perrewé et al., 2005). Meurs, Gallagher et Perrewé (2010) ont
étudié quant à eux la relation entre un conflit
interpersonnel impliquant le salarié et son supérieur
hiérarchique et l'épuisement émotionnel du salarié
consécutif, pour faire ressortir un effet de modération
significatif par le niveau de compétences politiques du sujet.
La seconde modalité d'action des compétences
politiques sur le stress est indirecte. Outre leur effet significatif sur la
perception des facteurs de stress au moment même où le sujet y est
confronté, ce type de compétence, en tant que levier de
mobilisation d'autres ressources, a également un effet à plus
long terme pour faire face aux éléments anxiogènes. En
permettant la
17
mobilisation de nouvelles ressources d'adaptation sociale et
interindividuelle, les compétences politiques compensent la perte de
ressources causée par les facteurs de stress de l'environnement. Le
sujet a en effet les moyens d'y faire face plus efficacement grâce
à un réseau relationnel élargit, un potentiel soutien
social plus important, et une capacité d'influencer les comportements
d'autrui dans son propre intérêt. Zinko (2013) indique notamment
dans l'une de ses recherches que le niveau de compétences politiques est
positivement corrélé à la bonne réputation des
individus au sein de l'organisation, qui permet en retour de limiter la tension
perçue dans l'environnement professionnel.
En conclusion, les compétences politiques sont bien non
seulement une ressource personnelle, mais également un moyen
d'accès indirect à d'autres ressources lorsque le sujet doit
faire face à une situation menaçante. Or on sait les ressources
rares dans l'arène politique que représente toute organisation,
d'où l'importance pour le sujet de préserver les siennes et les
développer continuellement en s'appuyant sur son réseau
interpersonnel. On peut de fait se demander si la mobilisation de telles
ressources grâce à un niveau de compétences politiques
élevé diffère selon le type de contexte professionnel dans
lequel évolue le sujet. On pourrait en effet imaginer que selon le
niveau d'interdépendance des tâches et le niveau d'exigences
sociales inhérent au métier exercé, le besoin de s'appuyer
sur un réseau interpersonnel soit plus ou moins saillant, et affecte
différemment la gestion des facteurs de stress consécutifs.
4. Compétences politiques et contexte
professionnel
4.1 L'importance des compétences politiques
selon les exigences interpersonnelles et sociales liées à
l'occupation
Dans toute organisation cohabitent des acteurs aux objectifs
différents et aux intérêts personnels et organisationnels
parfois divergents. Etant donné que les individus composant ces
organisations n'y travaillent pas de façon isolée les uns des
autres, mais doivent au contraire coordonner leurs efforts et communiquer avec
de multiples interlocuteurs internes ou externes, les compétences
sociales et interpersonnelles sont clés. Celles-ci sont d'autant plus
importantes
18
que le métier exercé implique une
interdépendance des tâches fortes, nécessitant de faire
appel à des capacités de coordination, de négociation,
d'écoute et de support envers les autres. Un contexte de forte
interdépendance nécessite donc de trouver un compromis
satisfaisant entre les stratégies individuelles et l'objectif commun, de
façon à ce que chacun des membres du collectif puisse poursuivre
son intérêt personnel sans pour autant nuire à celui de
l'ensemble.
La caractérisation de l'effet des compétences
politiques selon le type de métier a déjà fait l'objet
d'investigations de plusieurs chercheurs visant à le différencier
selon la nature des exigences liées à la tâche. Les travaux
de Blickle et al. (2009, 2011, 2012) sont les premiers à faire le lien
entre le construit de compétences politiques et la nature de la demande
psychologique liée au type d'emploi, et s'appuient pour ce faire sur la
typologie de Holland. Ainsi, menant leurs recherches sur une population de
commerciaux, les auteurs démontrent un effet prédictif
significatif du niveau de compétences politiques sur 4 types de mesure
de performance commerciale.
D'autres études menées sur le même
modèle ont principalement étudié l'impact des
compétences politiques sur la performance pour les métiers de
management (Blickle et al., 2011; Semadar et al, 2006) ou les métiers de
type entreprenants (Blickle et al, 2009, 2011a, 2012).
De plus, selon Perrewé, Ferris, Frink et Anthony (2000)
le recours aux compétences politiques est particulièrement
avantageux pour les professions qui requièrent des compétences
interpersonnelles et des techniques d'influence sociale, et dans les cadres
professionnels où travailler avec et pour les autres est indispensable
au succès professionnel. Aucune relation n'est cependant trouvée
entre le niveau de compétence politique et la performance dans les
contextes de travail où l'interaction interpersonnelle n'est pas un
élément fondamental d'efficacité.
Au-delà du type de métier, l'effet des
compétences politiques serait intéressant à analyser en
lien avec la dépendance réciproque des individus dans la
réalisation collective. L'interdépendance des tâches
constitutives de l'activité exercée, quel que soit le contexte
dans lequel cette activité est réalisée et quelle que soit
la nature de cette activité, constitue en effet une variable importante
qui n'a à notre connaissance jamais encore été
étudiée en lien avec les compétences politiques. Or, bien
que les enjeux des relations interpersonnelles et sociales soient
différents selon les types de métiers, l'interdépendance
dans la réalisation des tâches induit nécessairement une
implication de l'individu envers ses interlocuteurs, internes ou externes
à l'organisation, quelle que soit la nature de l'activité
exercée.
19
Thompson (1967) définit ainsi l'interdépendance
des tâches comme le « degré auquel les individus sont
dépendants et reçoivent le soutien direct d'autres personnes
(collègues et responsable d'équipe) afin d'accomplir leur travail
».
De nombreuses études ont déjà mis en
lumière la modération par l'interdépendance des
tâches de la relation entre le type de leadership et la performance des
employés. Une forte interdépendance au sein d'un groupe exige en
effet pour le responsable d'équipe de gérer non seulement la
complexité des tâches, le besoin accru de coordination des membres
du groupe et la charge de travail incombant à chacun, mais
nécessite également de communiquer efficacement et de
gérer les conflits. De fait, l'impact des compétences
émotionnelles des leaders sur la performance des équipes
très interdépendantes est renforcé dans ce type de
contexte.
L'une des hypothèses de recherche d'Organ (1997, p.90)
est que le niveau d'exigences interpersonnelles et sociales du métier
exercé n'a pas d'effet sur la force de la relation existante entre
compétences politiques et niveau performance contextuelle.
Néanmoins, dans le cas d'une interdépendance des tâches qui
rend saillant le besoin de coopération et d'interactions entre les
membres du groupe, on peut imaginer que tous les individus ayant à
travailler dans ce type de contexte, et non pas seulement les responsables
d'équipes, auront à développer des compétences
politiques élevées pour accomplir leur travail. On peut ainsi
supposer une corrélation entre le niveau de compétences
politiques et le degré d'interdépendance des tâches, le
niveau de compétences politiques étant potentiellement plus
élevé pour les personnes qui exercent leur métier dans un
contexte d'interdépendance des tâches fort que pour les personnes
faiblement interdépendantes.
On formule donc une troisième hypothèse
qui confère au niveau d'interdépendance des tâches un
rôle de modérateur de la relation entre les compétences
politiques et la performance contextuelle, dans le sens où un niveau
élevé de compétences politiques aura un effet
significativement supérieur sur le niveau de performance contextuelle
dans un contexte de forte interdépendance des tâches que dans un
contexte de faible niveau d'interdépendance.
20
4.2 Interdépendance des tâches et stress
perçu
L'impact des types de demandes psychologiques liées aux
différents métiers sur le niveau de tension ressenti a fait
l'objet d'un grand nombre de recherches, mais peu d'entre elles ont
étudié le cas particulier de l'incidence d'une forte
interdépendance des tâches sur le niveau d'épuisement
professionnel.
Schaufeli et Enzmann (1998) définissent le burnout
comme un épuisement des ressources mentales et émotionnelles
causé par un stress professionnel chronique, constituant de fait un
indicateur de santé psychologique au travail. Pour Maslach, Schaufeli et
Leiter (2001), ce syndrome est la réponse à une exposition
prolongée aux stresseurs émotionnels et interpersonnels de
l'environnement professionnel, et est défini par les trois dimensions
suivantes : épuisement émotionnel, dépersonnalisation et
réduction du sentiment d'accomplissement personnel. Plusieurs
modèles théoriques ont été développés
pour décrire le syndrome d'épuisement professionnel, et si la
dimension de l'épuisement émotionnel fait l'unanimité dans
la communauté des chercheurs en psychologie sociale, les dimensions de
la dépersonnalisation et de la diminution de l'accomplissement personnel
mesurées ont un statut théorique moins clairement
identifié. En effet, ces deux dimensions peuvent être
perçues comme des symptômes mais également comme des
processus adaptatifs (Sonnentag, 2005) qui ne seraient de fait pas
forcément une conséquence du stress mais plutôt une
ressource pour y faire face.
Le burnout, conséquence du stress provoqué par
des facteurs de l'environnement professionnel, a par ailleurs été
associé à de nombreuses formes de distanciation par rapport au
travail : absentéisme, intention de démission, turnover
réel. Par ailleurs, pour les personnes restant en poste, le burnout est
associé à une diminution de la productivité et une
réduction d'efficacité (Maslach, Schaufeli et Leiter, 2001).
Les facteurs de stress communs associés au travail
(charge de travail, pression du temps, conflits de rôle) sont ressortis
dans les résultats de plusieurs recherches récentes comme plus
significativement corrélés à l'épuisement
professionnel que les facteurs de stress liés aux clients (tels que les
problèmes d'interaction avec les clients, fréquence des contacts
avec les patients malades chroniques ou en phase terminale, confrontation avec
la mort). Cependant, de nouvelles recherches ont montré que les
exigences émotionnelles au travail, telles que le besoin de masquer ou
supprimer des émotions, ou encore le besoin d'empathie, sont
responsables d'une plus grande
21
part de la variance des scores d'épuisement
émotionnel que les autres facteurs de stress au travail (Zapf et al,
2001).
Dans le cadre de la théorie de conservation des
ressources, le stress provient de l'incapacité à
développer ou maintenir ses ressources. Ainsi, en plus des demandes
quantitatives et qualitatives liées à l'activité
professionnelle, l'absence de ressources peut constituer un facteur
prédicteur de burnout. Or l'impact de l'absence de soutien social, et en
particulier de la part du responsable hiérarchique plus que de la part
des collègues, a notamment été démontré
comme facteur prédictif de burnout (Leiter et Maslach, 2006). De plus,
le soutien social et la latitude décisionnelle médiatisent la
relation entre compétences politique et épuisement
émotionnel d'une part, et réduction de l'accomplissement
personnel d'autre part.
On peut donc se demander quel est l'impact d'une situation
d'interdépendance des tâches sur la capacité du sujet
à mobiliser des ressources, et sur le niveau d'épuisement
émotionnel consécutif. La proportion de relations
interpersonnelles inhérentes au métier exercé semble en
effet pouvoir influencer le stress perçu.
On peut ainsi formuler notre quatrième
hypothèse qui confère au niveau d'interdépendance des
tâches un rôle de modérateur de la relation entre les
compétences politiques et la réduction d'accomplissement
personnel. Un haut niveau de compétences politiques aura ainsi un effet
de protection du niveau d'accomplissement personnel significativement
supérieur dans un contexte de forte interdépendance des
tâches que dans un contexte de faible niveau
d'interdépendance.
22
5. Etude
L'influence des compétences politiques sur
l'évaluation de performance a déjà été mise
en évidence par plusieurs études, de même que leur
influence sur les 3 dimensions du burnout telles que décrites dans le
MBI ; or aucune étude à notre connaissance n'a a ce jour
comparé l'impact des compétences politiques à la fois sur
la performance évaluée et sur le sentiment d'accomplissement
personnel (troisième dimension du burnout selon Maslach).
De plus, le type d'exigences liées au métier est
une variable qui a déjà été utilisée
très largement dans l'étude du stress, moins dans l'étude
des compétences politiques. Ainsi, l'influence des
caractéristiques métiers sur la relation entre compétences
politiques, performance et accomplissement personnel est un champ de recherche
intéressant pour ses applications possibles en entreprise.
Nous avons choisi dans le plan de recherche de
caractériser les exigences du métier en matière
d'interdépendance des tâches : en quelle mesure l'individu
dépend-il d'autres personnes au sein de son organisation pour
réaliser ses tâches? Quelle part des objectifs assignés
à l'individu ne peut être réalisée sans l'action
d'au moins un autre acteur de l'organisation ? L'individu est-il le maillon
d'une chaine de production ou est-il totalement indépendant tant dans la
nature des objectifs qui lui sont assignés que dans les moyens qu'il a
sa disposition pour les atteindre ? Le métier implique-t-il de
nombreuses relations interpersonnelles ou peut-il être
réalisé en toute autonomie ? L'interdépendance est ainsi
une variable qui nous permet de caractériser les enjeux que
représentent les relations interpersonnelles inhérentes au
métier (enjeux de coopération ou de « protectionnisme »
de sa propre zone d'expertise...) et au contexte dans lequel il est
exercé. Elle semble donc pertinente à étudier en lien avec
la variable interindividuelle que constituent les compétences
politiques.
Cette étude sera par ailleurs réalisée en
milieu francophone qui compte peu de publications sur les compétences
politiques.
23
Notre première hypothèse postule que le
niveau de compétences politiques sera positivement
associé à l'évaluation de performance contextuelle
(1).
'I' Plus spécifiquement, le niveau de
compétences politiques sera le plus significativement associé
à la performance contextuelle dirigée vers les individus (1a).
'I' De plus, les dimensions de
sincérité affichée (SA) et d'intuition sociale (IS) des
compétences politiques seront les plus significativement
associées aux dimensions de performance contextuelle dirigée vers
les individus, à savoir l'altruisme et la coopération (1b).
Notre deuxième hypothèse avance que le
niveau de compétences politiques sera positivement
associé à l`accomplissement personnel (2).
'I' Plus spécifiquement, les dimensions de
capacité de réseau (CR) et d'adaptation interindividuelle (AI)
des compétences politiques seront les plus significativement
associées de façon positive au niveau d'accomplissement personnel
(2a).
Notre troisième hypothèse confère
au niveau d'interdépendance des tâches un
rôle de modérateur de la relation entre les compétences
politiques et la performance contextuelle (3) d'une part, dans le sens
où un haut niveau de compétences politiques aura un effet
significativement supérieur sur le niveau de performance contextuelle
dans un contexte de forte interdépendance des tâches que dans un
contexte de faible niveau d'interdépendance ;
Notre quatrième hypothèse attribue au
niveau d'interdépendance des tâches un rôle
modérateur de la relation entre les compétences politiques et la
réduction d'accomplissement personnel (4), dans le sens où le
niveau d'accomplissement personnel perçu est d'autant plus
protégé par un niveau élevé de compétences
politiques que l'interdépendance envers d'autres personnes est forte.
Cette recherche vise tout d'abord à comprendre dans
quelles conditions et dans quelle mesure, en milieu francophone, les
compétences politiques peuvent être associées à la
performance contextuelle, démontrée par les comportements de
citoyenneté organisationnelle ;
Le second objectif de cette enquête est d'essayer de
comprendre l'impact des compétences politiques sur l'accomplissement
personnel, en considérant ce dernier non pas comme une
conséquence du stress mais comme un phénomène d'adaptation
qui peut de fait différer selon les exigences interpersonnelles
inhérentes au métier.
Compétences Politiques
|
H1
|
+
|
- Intuition Sociale (IS)
- Sincérité Affichée (SA)
- Capacité de Réseau (CR)
- Adaptation Interindividuelle (AI)
|
H1a H1b
H2a
H2
|
+
+
+
+
|
H3 H4
Performance contextuelle
- Liée à l'organisation
o Conformité
o Loyauté
o Esprit sportif
- Liée aux individus
o Coopération
o Altruisme
Accomplissement Personnel
|
Interdépendance
24
Figure 1.
Représentation du plan de recherche.
Hypothèses de relations directes entre la variable indépendante
compétences politiques et les deux variables dépendantes
performance contextuelle (H1) et accomplissement personnel (H2), et entre les
dimensions de chacune de ces variables (H1A, H1b, H2a). Hypothèses de
modération par l'interdépendance de la relation entre
compétences politiques et performance contextuelle (H3) et entre
compétences politiques et accomplissement personnel (H4). H :
Hypothèse.
25
6. Mesure
6.1 Outils de mesure
La présente étude vise à étudier
l'effet modérateur des caractéristiques métiers sur la
relation entre compétences politiques et performance contextuelle d'une
part, et sur la relation entre compétences politiques et accomplissement
personnel d'autre part. L'évaluation de ces variables est faite à
au moyen d'un questionnaire (voir Annexe A) regroupant les items suivants.
Compétences politiques
Nous avons utilisé la traduction française de
l'échelle des compétences politiques adaptée de
l`Inventaire des Compétences Politiques (PSI) de Ferris et al. (2005) et
validée par l`étude réalisée par Dagot (2014a,
2014b, article soumis). Cette échelle présente un score
d`homogénéité satisfaisant (? = .77). Elle comprend 11
items de la forme « Dans mon entreprise, je pense savoir bien me servir de
mes contacts et relations pour obtenir un certain nombre de choses » qui
distinguent 4 dimensions des compétences politiques : la capacité
d'entretenir des liens de réseaux (3 items), l'intuition sociale (2
items), la sincérité apparente (3 items), l`influence
interpersonnelle (3 items). Une échelle de réponses en 7 points
allant de « pas du tout d'accord » (1), à « tout a fait
d'accord » (7) est utilisée pour les mesurer.
Interdépendance
Pour mesurer l'interdépendance des tâches,
l'échelle développée par Pearce et Gregersen (1991) a
été traduite en français. Cette dernière compte 5
items de type « Je travaille en étroite collaboration avec d'autres
personnes », mesurés à l'aide d'une échelle de mesure
de Likert à 5 niveaux allant de « Pas du tout d'accord »
à «Tout à fait d'accord » dont la cohérence est
validée (? = .77).
Cette échelle de mesure a été construite
sur la base des deux outils majeurs préexistants pour la mesure de
l'interdépendance des tâches.
Le premier est celui de Van de Ven, Delbecq et Koenig (1976).
Bien qu'il ait été le plus utilisé, il possède deux
limites principales : d'une part il est peu adaptable au niveau individuel (cet
outil mesurant en effet l'interdépendance de l'unité
d'appartenance des employés, et ce score
26
« commun» leur étant ensuite attribué
individuellement) ; d'autre part cet instrument mesure l'interdépendance
globale sur une échelle à intervalles égales, et ne tient
donc pas compte des formes multiples que peut revêtir
l'interdépendance selon les types de métiers, leurs
différentes caractéristiques.
Le deuxième outil de mesure de l'interdépendance
le plus répandu est celui de Kiggundu (1983), qui découle de sa
conception de l'interdépendance des tâches comme étant
constituée de l'interdépendance d'une part des tâches
initiées par le sujet, et d'autre part des tâches reçues.
L'hypothèse de ces deux échelles distinctes n'a cependant pas
été testée de façon suffisamment rigoureuse pour
être validée aux dépens d'une seule et même
échelle d'interdépendance.
Nous avons donc choisi pour notre étude les items
élaborés par Pearce et Gregersen (1991) à partir des
instruments précités et sur la base du modèle
théorique de base de Thompson (1976) qui distingue
l'interdépendance séquentielle (un individu X doit effectuer
correctement une première tâche avant qu'Y ne puisse agir),
l'interdépendance réciproque (le résultat de l'action de
l'un est le déclencheur d'action de l'autre, et réciproquement)
et l'interdépendance groupée (chaque part de l'organisation fait
une contribution discrète à l'ensemble et chacune est
supportée par l'ensemble).
Performance contextuelle
Pour cette recherche l'échelle de mesure de la
performance contextuelle choisit a été celle
développée par A. Charbonnier, C.A. Silva et P. Roussel (non
publiée), ce pour deux raisons : d'une part il existe peu de versions
françaises d'échelles de performance contextuelle et celle
précédemment citée est la traduction qui nous a paru la
plus complète et aboutie; d'autre part du fait de sa construction qu'il
nous a paru intéressante à utiliser en lien avec les
compétences politiques.
Cette échelle distingue en effet deux types de
performance contextuelle, envers les individus et envers l'organisation, et
comporte au total 5 sous dimensions : altruisme (5 items) et coopération
(4items) pour la mesure de la performance contextuelle envers les individus (?
=.86) ; loyauté (4 items), conformité (4 items) et esprit sportif
(2 items) pour celle envers l'organisation (? =.82). La cohérence
interne de l'échelle globale de performance contextuelle est
satisfaisante (? = .85).
27
Les items de type « J'aide spontanément les
collègues qui ont une forte charge de travail. » ou encore «
En dehors de l'entreprise, je vante très souvent la qualité de
nos produits ou de nos services. » sont mesurés à l'aide
d'une échelle de type Likert à 7 niveaux allant de « pas du
tout d'accord » (1) à « Tout à fait d'accord »
(7).
Accomplissement personnel
Nous avons utilisé les 8 items de mesure de
l'accomplissement personnel issus d'une version française du Maslach
Burnout Inventory, dont la version originale a été
développée par Maslach et Jackson (1981, 1986). Chaque question
de type «Je peux comprendre facilement ce que mes clients
ressentent», «J'arrive facilement à créer une
atmosphère détendue avec mes clients» ou encore « Dans
mon travail, je traite les problèmes émotionnels très
calmement» est mesuré avec une échelle de réponses de
type Likert en 7 points, allant de « Jamais » (1) à «
Tous les jours » (7). La version française (canadienne) du Maslach
Burnout Inventory validée par Dion et Tessier (1994) a servi de
référence. Ces items ont cependant pour certains
été reformulés car leur version initale a suscité
quelques incompréhensions de la part des participants au cours de la
phase de test. La cohérence interne de l'échelle remaniée
a par ailleurs été vérifiée par un calcul d'alpha
de Cronbach qui a permis de valider son homogénéité (? =
.79).
6.2 Protocole
Le questionnaire a été diffusé par voie
électronique (voir annexe B). Les participants étaient ainsi
invités à cliquer sur un lien reçu par email ou par le
biais des réseaux sociaux
(« Facebook », « LinkedIn » et « Viadeo
»). Une fois leur questionnaire complété, ils étaient
invités à transmettre le lien à tous leurs contacts
personnels et professionnels, de façon à étendre la
recherche à un réseau plus large de participants.
Au total 143 personnes ont ainsi répondu à cette
invitation à participer. Dix d'entre elles se sont cependant
arrêtées en cours de passation, et leurs réponses ont de
fait été écartées de l'étude.
Les résultats présentés ci-après sont
donc ceux calculés sur la base des 133 réponses complètes
obtenues.
28
7. Synthèse résultats
L'effet direct significatif des compétences politiques
sur le niveau de performance contextuelle est confirmé à la
lecture de nos résultats.
Plus précisément, l'analyse des sous-dimensions
des compétences politiques et des sous-dimensions de performance
contextuelle fait ressortir des liens significatifs. Ainsi toutes les
dimensions des compétences politiques apparaissent avoir un effet direct
sur le niveau de performance globale, et en particulier envers les
individus.
La capacité de réseau et la
sincérité affichée ont ainsi un effet direct sur la
performance contextuelle globale et chacune de ses sous-dimensions. La
capacité de réseau est celle faisant varier le plus fortement la
performance contextuelle globale et celle dirigée vers l'organisation,
tandis que la sincérité affichée est celle dont l'effet
est le plus fort sur la performance contextuelle envers les individus.
L'intuition sociale et l'adaptation interindividuelle
influencent également de façon significative la performance
contextuelle globale. Contrairement aux deux premières dimensions de
compétences politiques, elles n'ont pas d'effet significatif sur la
performance contextuelle dirigée vers l'organisation, mais elles
prédisent toutes deux de façon significative la variation de la
performance contextuelle envers les individus. L'adaptation interindividuelle
est par ailleurs celle ayant l'effet le plus fort sur cette dernière.
L'interaction des compétences politiques avec le niveau
d'interdépendance a un effet significatif sur le niveau de performance
contextuelle globale, et le niveau de performance contextuelle envers les
individus en particulier. L'interdépendance modère enfin la
relation entre intuition sociale et performance contextuelle globale, dans le
sens où un individu ayant un niveau élevé d'intuition
sociale aura un niveau de performance contextuelle significativement
supérieur dans les contextes professionnels impliquant un fort
degré d'interdépendance des tâches.
L'analyse de la relation entre compétences politiques
et accomplissement personnel indique un effet significatif de ces
dernières sur la variabilité du score. Cette conclusion est
cependant nuancée par une analyse plus détaillée dont
ressort que seules les dimensions de l'intuition sociale et de l'adaptation
interindividuelle apparaissent être des prédicteurs
significatifs du niveau d'accomplissement personnel, et qu'aucun
effet significatif du degré d'interdépendance des tâches
n'est mis en avant à la lecture des résultats.
Le tableau 1 ci-dessous présente une synthèse des
validations des hypothèses de l'étude.
Tableau 1.
Synthèse des résultats.
Hypothèse Formulation de l'hypothèse Validation de
l'hypothèse
1
Validée
Validée
Validée partiellement (dimension de
sincérité affichée uniquement)
Validée
Validée partiellement (dimension
d'adaptation interindividuelle uniquement)
Validée partiellement (dimension
d'intuition sociale uniquement)
Non validée
Le niveau de compétences politiques sera positivement
associé à l'évaluation de performance contextuelle.
1a
Le niveau de compétences politiques sera le plus
significativement associé à la performance contextuelle
dirigée vers les individus.
1b
Les dimensions de sincérité affichée (SA)
et d'intuition sociale (IS) des compétences politiques seront les plus
significativement associées aux dimensions de performance contextuelle
dirigée vers les individus, à savoir l'altruisme et la
coopération.
2
Le niveau de compétences politiques sera positivement
associé à l`accomplissement personnel.
2a
Les dimensions de capacité de réseau (CR) et
d'adaptation interindividuelle (AI) des compétences politiques seront
les plus significativement associées à un haut niveau
d'accomplissement personnel.
3
Le niveau d'interdépendance des tâches a un
rôle de modérateur de la relation entre les compétences
politiques et performance contextuelle.
4
Le niveau d'interdépendance des tâches a un
rôle de modérateur de la relation entre les compétences
politiques et le niveau d'accomplissement personnel.
29
30
8. Résultats détaillés
8.1 Statistiques descriptives et analyse de
corrélations
Résultats concernant l'échantillon
global
La population est composée de 137 salariés
français, comprenant 49 hommes (36,8%) et 84 femmes (63,2%), et dont
l'âge moyen est de 36 ans (E-T : 11.13). L'ancienneté
professionnelle moyenne (non sur le poste actuelle mais dans le métier
exercé) est de 10 ans (E-T : 9.5).
20% des participants exercent des métiers dont l'enjeu
principal est l'encadrement d'équipe et/ou la gestion de projets, 19% le
soin et /ou service à la personne (y compris l'enseignement), 17% la
vente, le marketing et/ou la gestion de relations clients, 20% les fonctions
supports, et 12% exercent un métier à enjeu technique et/ou de
recherche & développement (12,0%). 11% des participants ont un
métier dont l'enjeu est autre (voir annexe C).
Une large majorité des répondants exercent leur
métier dans une entreprise privée (67%), 28% au sein d'une
entreprise publique et 5% en libéral.
Du fait de leur potentiel effet sur les variables et relations
observées, l'ancienneté, l'âge, le sexe, le type de
métier exercé, de structure et de contrat ont été
inclues comme variables contrôle dans l'analyse.
Statistiques descriptives des variables
étudiées et analyse des corrélations
On réalise dans un premier temps les analyses
statistiques descriptives des variables de notre plan de recherche (voir annexe
D).
Compétences politiques
La moyenne de compétences politiques est relativement
élevée, les résultats indiquant un score de 5.48 sur une
échelle de 1 à 7. Dans l'analyse des dimensions composant les
compétences politiques, la sincérité affichée est
celle dont la moyenne est la plus élevée (6.02), suivie de
l'adaptation interindividuelle (5.56) et la capacité de réseau
(5.37), et le plus faible score est celui de l'intuition sociale (4.95).
31
Interdépendance
L'analyse des scores d'interdépendance indique une
moyenne de 4.15, ce qui est relativement élevé sur la base d'une
échelle de mesure en 6 points.
Accomplissement personnel
L'accomplissement personnel est la troisième dimension
du syndrome d'épuisement professionnel tel que défini dans le
modèle Maslach Burnout Inventory (Maslach et Jackson, 1986). On fait
donc l'interprétation du score conformément aux
préconisations des concepteurs de ce modèle : «les points de
césure permettant d'estimer les niveaux (faible, moyen,
élevé) d'épuisement professionnel sont
déterminés à partir de la distribution des scores (Maslach
et Jackson, 1986): les sujets qui se situent à un niveau
élevé aux sous-échelles d'épuisement
émotionnel et de dépersonnalisation et bas à celle
d'accomplissement personnel sont reconnus comme très
symptomatiques.» (Dion et Tessier, 1994). La moyenne de notre
échantillon (39,61) correspond à un score d'accomplissement
personnel élevé, le score d'entrée de cette marge «
élevée » étant de 39.
Performance contextuelle
La moyenne de performance contextuelle globale est
relativement élevée (5.21 sur une échelle de 1 à
7). De plus, le score moyen des réponses aux items mesurant cette
dimension dirigée plus spécifiquement vers les individus (5.57)
est plus élevé que pour les items mesurant la performance
contextuelle envers l'organisation (4.86).
L'analyse des données fait ressortir un nombre
élevé de corrélations entre les différentes
variables étudiées (voir tableau 2).
On examine en premier lieu les variables contrôles.
Ainsi, il apparait que l'ancienneté et l'âge des participants sont
fortement et significativement corrélées (r(131)= .80,
p<.0001). L'ancienneté est par ailleurs faiblement mais
significativement corrélée à la performance contextuelle
envers l'organisation (r(131)=.17, p<.049), et en
particulier sa dimension de l'esprit sportif (r(131)=.19,
p<.012).
32
De plus, une corrélation faible ressort entre le
contexte d'exercice du métier (travail en libéral, institution
publique ou entreprise privée) et le niveau d'interdépendance
(r(131)=.18, p<.034).
L'étude des corrélations entre les dimensions
des compétences politiques indique que chaque dimension est
significativement corrélée aux trois autres. Les
corrélations les plus fortes impliquent la capacité de
réseau, avec notamment la sincérité affichée
(r(131)=.41, p<.0001) et l'adaptation interindividuelle
(r(131)=.34, p<.0001). Une corrélation moyenne
existe entre les dimensions d'adaptation interindividuelle et de
sincérité affichée (r(131)=.25, p<
.003), et entre adaptation interindividuelle et intuition sociale
(r(131)=.23, p<.008). Les résultats indiquent une
faible corrélation significative entre les dimensions de
sincérité affichée et intuition sociale
(r(131)=.16, p<.070).
Les dimensions de compétences politiques les plus
fortement corrélées aux autres sont donc l'adaptation
interindividuelle et la capacité de réseau. L'intuition sociale
est la dimension la moins fortement corrélée aux trois autres.
Notre plan de recherche pose la variable
d'interdépendance comme modératrice de la relation entre
compétences politiques et performance contextuelle. On recherche dans un
premier temps les corrélations existantes entre ces trois variables.
Les résultats indiquent tout d'abord une
corrélation forte et significative entre les compétences
politiques et la performance contextuelle (r(131)=.50,
p<.0001), principalement celle dirigée vers les individus
(r(131)=.57, p<.0001). Plus spécifiquement, on
observe une corrélation forte entre compétences politiques et la
dimension de coopération (r(131)=.58, p<.0001). Les
compétences politiques sont également significativement
corrélées à la performance contextuelle envers
l'organisation, mais cette fois avec une intensité moyenne
(r(131)=.26, p<.002), et plus particulièrement
à la dimension de l'altruisme (r(131)=.44,
p<.0001).
De plus, la corrélation significative existant entre
les compétences politiques et l'interdépendance est
d'intensité moyenne (r(131)=.24, p<005). Les
résultats de l'analyse des corrélations par sous dimensions
indiquent que la capacité de réseau est significativement
corrélée à l'interdépendance (r(131)=.26,
p<.003), de même que la sincérité
affichée (r(131)=.25, p<.004). L'intuition sociale
et l'adaptation interindividuelle ne sont quant à elles pas
corrélées significativement à la variable
d'interdépendance des tâches.
33
L'analyse des corrélations entre la variable de
l'interdépendance et la performance contextuelle indique qu'elle est le
plus fortement et significativement liée à la performance
contextuelle envers les individus (r(131)=.36, p<.0001),
et plus spécifiquement avec la dimension de coopération
(r(131)=.42, p<.0001). Les résultats n'indiquent en
revanche pas de corrélation significative entre l'interdépendance
et la performance contextuelle dirigée vers l'organisation
(r(131)=.10, p<.242).
Notre plan de recherche pose en deuxième lieu la
variable interdépendance en tant que modératrice de la relation
entre compétences politiques et accomplissement personnel.
L'étude des corrélations existantes entre
compétences politiques et accomplissement personnel indique une
corrélation d'intensité moyenne entre ces deux variables
(r(131)=.35, p<.0001). Les deux dimensions de
compétences politiques les plus significativement
corrélées au niveau d'accomplissement personnel sont l'intuition
sociale (r(131)=.27, p<.0001) et l'adaptation
interindividuelle (r(131)=.30, p<.0001).
L'analyse résultats indique par ailleurs une faible
corrélation entre accomplissement personnel et interdépendance
(r(131)=.18, p<.043).
On note enfin des corrélations significatives entre nos
variables dépendantes. En effet, la lecture des résultats indique
une corrélation significative d'intensité moyenne entre
accomplissement personnel et performance contextuelle, et plus
particulièrement celle envers les individus (r(131)=.43,
p<.0001) qu'envers l'organisation (r(131)=.27,
p<.002). L'accomplissement personnel est ainsi plus
particulièrement corrélé de façon significative aux
dimensions de l'altruisme (r(131)=.40, p<.0001) et de la
coopération (r(131)=.38, p<.0001).
34
Tableau 2.
Analyse des corrélations existantes entre les
variables du plan de recherche. *p<.05 ; **p<.01 ;***p<.001.
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Corrélations
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Enjeu
|
Sexe Anc.
|
Age
|
Capacité Sincérité
Contexte
de réseau Affichée
|
Intuition sociale
|
Adapt. Comp. Accomp.
Interdép. personnel Altruisme
interind. politiques
|
Loyauté Conform.
|
Coop.
|
Esprit sportif
|
Perf.context. Individus
|
Perf.context. Organisation
|
Perf. contextuelle
|
Enjeu
|
3.18
|
1.61
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sexe
|
1.63
|
.48
|
-.08
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ancienneté
|
9.93
|
9.50
|
-.09
|
-.14 1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Age
|
36.45
|
11.13
|
-.09
|
-.07 .80***
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Contexte
|
2.62
|
0.57
|
.18
|
-.19 -.03
|
-.15
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Capacité de réseau
|
5.37
|
0.96
|
-.13
|
-.09 .07
|
.05
|
-.12
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sincérité Affichée
|
6.02
|
0.69
|
.12
|
-.10 .02
|
-.04
|
-.04
|
.41***
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Intuition sociale
|
4.95
|
0.89
|
-.00
|
-.03 -.00
|
-.06
|
-.04
|
.18*
|
.16
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Adaptation interindividuelle
|
5.56
|
0.72
|
.06
|
-.02 .06
|
-.01
|
-.02
|
.34***
|
.25**
|
.23**
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Compétences politiques
|
5.47
|
0.54
|
-.00
|
-.09 .06
|
-.02
|
-.09
|
.75***
|
.64***
|
.61***
|
.65***
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Interdépendance
|
4.15
|
0.61
|
-.16
|
-.12 -.15
|
-.11
|
.18*
|
.26**
|
.25**
|
.07
|
.06
|
.24**
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Accomplissement personnel
|
39.60
|
6.74
|
-.19
|
.02 .06
|
.01
|
-.06
|
.19*
|
.17*
|
.27**
|
.30***
|
.35***
|
.18*
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Altruisme
|
5.63
|
0.75
|
.05
|
.11 .02
|
-.01
|
-.06
|
.22**
|
.41***
|
.24**
|
.36***
|
.44***
|
.22*
|
.40***
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
Loyauté
|
4.92
|
1.29
|
-.03
|
-.09 .15
|
.11
|
-.09
|
.36***
|
.20*
|
.15
|
.03
|
.29**
|
.15
|
.29**
|
.14
|
1
|
|
|
|
|
|
|
Conformisme
|
5.32
|
0.96
|
.18
|
.16 .02
|
.03
|
-.06
|
.06
|
.22**
|
.07
|
.06
|
.15
|
.08
|
.15
|
.32***
|
.13
|
1
|
|
|
|
|
|
Coopération
|
5.49
|
0.88
|
-.02
|
.04 -.00
|
-.04
|
.11
|
.48***
|
.46***
|
.24**
|
.38***
|
.58***
|
.42***
|
.38***
|
.64***
|
.21*
|
.26**
|
1
|
|
|
|
|
Esprit sportif
|
4.32
|
1.31
|
.04
|
-.25 .19*
|
.14
|
-.03
|
.32***
|
.08
|
-.09
|
-.02
|
.12
|
-.01
|
.14
|
.14
|
.49***
|
.19*
|
.19*
|
1
|
|
|
|
Performance contextuelle - Individus
|
5.56
|
0.74
|
.01
|
.07 .01
|
-.03
|
.04
|
.40***
|
.48***
|
.27**
|
.40***
|
.57***
|
.36***
|
.43***
|
.89***
|
.19*
|
.32***
|
.92***
|
.18*
|
1
|
|
|
Performance contextuelle - Organisation
|
4.86
|
0.86
|
.07
|
-.11 .17*
|
.14
|
-.08
|
.37***
|
.22**
|
.05
|
.03
|
.26**
|
.11
|
.27**
|
.26**
|
.79***
|
.53***
|
.29**
|
.82***
|
.30***
|
1
|
|
Performance contextuelle
|
5.21
|
0.65
|
.05
|
-.03 .12
|
.07
|
-.04
|
.47***
|
.42***
|
.19*
|
.25**
|
.50***
|
.27**
|
.42***
|
.68***
|
.64***
|
.53***
|
.72***
|
.65***
|
.77***
|
.84***
|
1
|
35
8.2 Stratégie d'analyse
La régression a pour objectif de vérifier
quelles variables contribuent ou expliquent la variabilité d'une mesure.
Pour tester les hypothèses de modération nous appliquons la
méthode de régression en trois étapes.
Tout d'abord, le modèle de régression de la
première étape vise à vérifier que les variables
contrôle n'ont pas d'effet significatif sur la variable
dépendante.
Puis, dans la seconde étape, la variable
indépendante (à savoir le niveau de compétences politiques
ou de la dimension de compétences politiques étudiée) et
la variable modératrice (ici l'interdépendance) sont introduites
simultanément pour étudier leur effet sur la variance
expliquée de la variable dépendante. Cette étape permet de
mettre en avant un éventuel effet d'interaction.
Enfin, la troisième étape de la
régression vise enfin à tester l'hypothèse de
modération en introduisant dans le modèle de régression le
terme multiplicateur des deux variables précédentes
(indépendante et modératrice).
Si la part de variance expliquée augmente
significativement à chaque étape de la régression, alors
les résultats indiquent un effet de modération par
l'interdépendance de la relation entre la variable indépendante
et la variable dépendante.
Le tableau 3 ci-après présente les
résultats des régressions multiples réalisées. Il
reprend les valeurs de variance expliquée, les coefficients
standardisés B et les probabilités de dépassement
associées pour chaque variable intégrée à la
régression multiple.
36
Tableau 3.
Résultats de l'analyse de régression visant
à tester l'effet de modération de l'interdépendance sur la
relation entre compétences politiques et performance contextuelle d'une
part, et entre compétences politiques et accomplissement personnel
d'autre part.
37
Compétences politiques et performance
contextuelle
Nous avons réalisé une analyse de
régression afin de déterminer si le niveau de compétences
politiques et d'interdépendance constituent des prédicteurs
significatifs de la performance contextuelle.
La lecture de la première étape de la
régression nous indique que les variables contrôle n'ont pas
d'effet significatif sur la performance contextuelle.
Les résultats de la deuxième étape de la
régression nous indiquent que l'introduction de ces variables dans le
modèle de régression augmente de façon significative la
variance expliquée de la performance contextuelle (?r2=.28).
Le modèle de régression explique ainsi 26% de la variance de la
performance contextuelle (R2 ajusté=0.26,
F(6, 126)=7.75, p=<.0001). Le coefficient béta
standardisé des compétences politiques (f3=.44,
p<.0001) indique que la significativité du poids de cette
variable dans l'explication du niveau de performance contextuelle est
importante. L'effet direct des compétences politiques sur la performance
politique, toute variable contrôlée par ailleurs, est
significatif.
Ce résultat permet de valider la
première hypothèse de notre étude qui avance que les
compétences politiques sont positivement associées à la
performance contextuelle. On lit en effet un coefficient bêta
standardisé significatif et de valence positive, qui caractérise
l'effet prédicteur des compétences politiques d'un score plus
élevé de performance contextuelle.
La lecture du tableau nous indique également, dans la
deuxième étape de la régression, un effet significatif du
niveau d'interdépendance (f3=.23, p<.01) sur la performance
contextuelle.
L'étape 3 nous permet ensuite de tester
l'hypothèse portant sur l'effet modérateur de
l'interdépendance sur le lien entre compétences politiques et
performance contextuelle. Comme l'entrée du terme multiplicateur dans la
régression n'indique pas d'augmentation significative de la variance
expliquée de la performance contextuelle, l'hypothèse n'est pas
vérifiée. Nous observons donc un effet d'interaction du niveau de
compétences politiques et du niveau d'interdépendance sur la
performance contextuelle, mais pas d'effet significatif de modération de
la relation compétences politiques - performance contextuelle par le
niveau d'interdépendance.
La troisième hypothèse de notre plan de
recherche n'est donc pas validée.
38
On cherche ensuite à affiner l'étude des
relations et préciser l'effet observé en répétant
la même stratégie d'analyse avec chacune des dimensions de
compétences politiques.
? Capacité de réseau et performance
contextuelle
Le modèle de régression associant la
capacité de réseau et l'interdépendance permet d'expliquer
25% de la variance de la performance contextuelle (?r2= .27,
F(6, 126)= 7.20, p<.0001). La lecture des résultats
de la deuxième étape de la régression indique que la
capacité de réseau influence positivement et de façon
significative le niveau de performance contextuelle (f3= .43,
p<.0001), de même que l'interdépendance (f3= .23,
p<.0001). Il existe donc un effet d'interaction entre la
capacité de réseau et l'interdépendance sur la performance
contextuelle.
Le terme multiplicateur, entré dans la
régression dans l'étape 3, n'a en revanche pas d'effet
significatif sur la variance expliquée de la performance contextuelle,
ce qui écarte l'hypothèse d'un effet modérateur de
l'interdépendance sur le lien entre capacité de réseau et
performance contextuelle.
? Sincérité affichée et performance
contextuelle
On suit la même stratégie d'analyse avec cette
fois la sincérité affichée, qui associée à
l'interdépendance explique 20% de la variance de la performance
contextuelle (R2 ajusté = .20, F(6,126)=
5.61, p<.001). L'effet de la sincérité
affichée sur la performance contextuelle est moindre comparé
à la capacité de réseau mais néanmoins significatif
(f3=.35 p<.001). Le poids de l'interdépendance dans
l'explication de la variance de la performance contextuelle lorsqu'il est
associé à la sincérité de réseau est de
même proportion que dans le modèle de régression
précédent (f3=.23, p<.001).
L'entrée du terme multiplicateur dans la
régression n'augmente pas significativement la variance expliquée
de la performance contextuelle (?r2=0.009), et l'interaction entre
la sincérité affichée et l'interdépendance ne
présente pas un coefficient beta significatif. On ne peut donc pas
conclure à un effet modérateur significatif de la relation entre
sincérité affichée et performance contextuelle par
l'interdépendance.
? Adaptation interindividuelle et performance
contextuelle
La dimension de l'adaptation interindividuelle présente
le même type de résultats, mais dans une moindre mesure. Ainsi, on
observe également un effet d'interaction avec l'interdépendance
sur le niveau de performance contextuelle, cependant la part de la variance
39
expliquée est moindre (R2
ajusté=.12). Les deux variables entrées
simultanément dans le modèle de régression ont toutes deux
un effet significatif sur la variable dépendante. On note cependant avec
ce modèle de régression que le poids de l'interdépendance
dans l'explication de la variance de la performance contextuelle (f3= 0.33,
p<.0001) est ici plus important que celui de la dimension de
compétence politique à laquelle elle est associée dans ce
modèle de régression (f3= .21 p<.05 pour l'adaptation
interindividuelle).
L'étape 3 de la régression n'indique pas d'effet
de modération par l'interdépendance, la variance expliquée
n'augmentant pas significativement avec l'entrée du terme multiplicateur
dans le modèle.
? Intuition sociale et performance
contextuelle
La dimension de l'intuition sociale est la seule pour laquelle
l'effet sur la performance contextuelle est modéré par le niveau
d'interdépendance.
En effet, l'étape 2 de la régression
linéaire multiple, réalisée sur le même
modèle que précédemment, indique que la variance de la
performance contextuelle expliquée par le modèle associant les
variables intuition sociale et interdépendance augmente
significativement (?r2= 0.13). Par ailleurs, l'intuition sociale a
une influence directe tendanciellement significative sur la performance
contextuelle (f3= 15, p<.08), et l'interdépendance est
significativement prédicatrice de performance contextuelle (f3= 34,
p<.0001). On note également que, tout comme dans le
modèle de régression précédent qui associait
adaptation interindividuelle et interdépendance, c'est ici aussi
l'interdépendance qui a le poids le plus important dans l'explication de
la variance de la valeur dépendante.
La spécificité de ce modèle de
régression vient des résultats de sa troisième
étape, qui est celle visant à tester l'hypothèse de
modération par l'interdépendance de la relation entre intuition
sociale et performance contextuelle (voir annexe E). L'entrée du terme
multiplicateur augmente ici de façon significative la variance
expliquée (?r2=0 .03) de la performance contextuelle ce qui
confirme la modération par l'interdépendance de sa relation avec
l'intuition sociale (voir figure 2). Le "slope test" réalisé pour
calculer la pente de la droite de régression (voir annexe F) indique
qu'un niveau faible d'intuition sociale a le même effet sur la
performance contextuelle quel que soit le niveau d'interdépendance,
tandis qu'un niveau élevé d'intuition sociale augmente
significativement plus la performance contextuelle dans un contexte de forte
interdépendance que dans un contexte de faible
interdépendance.
40
On peut donc conclure que la troisième
hypothèse de notre plan de recherche est partiellement validée,
étant donné que seule une dimension des compétences
politiques, l'intuition sociale, présente une relation avec la
performance contextuelle qui varie selon le niveau
d'interdépendance.
Figure 2. Représentation de l'effet de
modération par l'interdépendance de la relation entre niveau
d'intuition sociale et niveau de performance contextuelle. Un niveau
élevé d'intuition sociale a un impact positif significatif sur le
niveau de performance contextuelle dans les contextes de forte
interdépendance. Dans un contexte de faible interdépendance, le
niveau de performance contextuelle est le même quel que soit le niveau
d'intuition sociale.
Compétences politiques et performance contextuelle
envers les individus
On s'intéresse à présent aux
sous-dimensions de la performance contextuelle, de façon à
décrire plus précisément les relations existantes entre
cette dernière et les compétences politiques.
La même stratégie d'analyse est suivie, mais la
variable dépendante est remplacée par la variable de performance
contextuelle envers les individus. La première étape
vérifie tout d'abord que cette dernière n'est pas
significativement liée à l'une des variables contrôles.
Puis, on procède aux étapes 2 et 3 de la régression
associant interdépendance et compétences politiques «
globales ».
La seconde étape de la régression associant la
variable des compétences politiques globales à
l'interdépendance indique un effet d'interaction significatif de ces
dernières sur la variance
41
expliquée de la performance contextuelle envers les
individus (R2 ajusté = 0.38, F(6,126)=
12.52, p<.0001). La lecture indique en particulier que le niveau de
compétences politiques (f3=.53, p<.0001) et le niveau
d'interdépendance (f3=.26, p<.01) ont respectivement un
effet positif et direct significatif sur la performance contextuelle envers les
individus toute autre variable contrôlée par ailleurs.
L'étape 3 ne permet pas de démontrer un effet
modérateur de l'interdépendance sur le lien entre
compétences politiques et performance contextuelle envers les individus.
L'entrée du terme multiplicateur dans la régression n'indique pas
d'augmentation significative de la variance expliquée de la performance
contextuelle envers les individus.
? Capacité de réseau, Intuition sociale
et Adaptation interindividuelle et Performance contextuelle envers les
individus
On s'intéresse à présent à la
différence d'effet potentielle selon les différentes dimensions
des compétences politiques. On suit pour ce faire strictement la
même méthode, en réalisant 4 séries de
régressions multiples, une pour chaque dimension, en 3 étapes
(variable contrôles, puis introduction du couple variable
dépendante-variable modératrice, et enfin introduction du terme
multiplicateur).
Les 4 dimensions des compétences politiques
apparaissent avoir une influence directe sur le niveau de performance
contextuelle envers les individus. Par ailleurs, l'effet d'interaction avec la
variable de l'interdépendance ressort à la lecture des
résultats de nos régressions multiples.
La part de variance expliquée par l'association de
chacune des dimensions avec l'interdépendance varie néanmoins.
Ainsi, la variance expliquée par l'interaction de la
sincérité affichée avec l'interdépendance est la
plus élevée (R2 ajusté = 0.29,
F(6,126)= 8.62, p<.0001). L'étape 2 de la
même régression réalisée avec la variable de
l'adaptation interindividuelle indique que 26% de la variation de la
performance contextuelle envers les individus est expliquée par le
modèle (R2 ajusté = 0.26, F(6,126)=
7.68, p<.0001). Le modèle de régression
intégrant interdépendance et capacité de réseau
explique quant à lui 23% de la variance (R2
ajusté = 0.23, F(6,126)= 6.29, p<.0001),
tandis que l'intuition sociale introduite simultanément avec
l'interdépendance dans l'étape 2 du même modèle de
régression explique 18% de la variation de la variable dépendante
(R2 ajusté = 0.18, F(6,126)=5.04,
p<.0001).
42
L'analyse des coefficients bêtas standardisés
donne des indications quant à la taille de l'effet sur la variation de
la performance contextuelle envers les individus de chacune des dimensions de
compétences politiques. Les résultats indiquent que les
coefficients les plus élevés sont ceux de la
sincérité affichée (f3=.43, p<.0001) et de
l'adaptation interindividuelle (f3=.37, p<.0001) la capacité
de réseau (f3=.35, p<.0001).
Néanmoins, la comparaison des coefficients bêtas
standardisés dans les interactions entre l'interdépendance et les
variables d'intuition sociale et d'adaptation interindividuelle, indique que
c'est l'interdépendance qui a l'effet le plus important sur la variable
dépendante. Dans les modèles de régression qui associent
avec l'interdépendance la capacité de réseau d'une part,
et la sincérité affichée d'autre part, ces deux
dernières ont une influence directe sur la performance contextuelle
envers les individus plus forte que l'interdépendance.
Notre hypothèse (1b) qui avance que les
dimensions de sincérité affichée et d'intuition sociale
des compétences politiques sont les plus significativement
prédicatrices de performance contextuelle dirigée vers les
individus n'est donc que partiellement validée.
L'étape 3 de ces régressions n'augmente la
variance expliquée pour aucune de ces sous-dimensions de
compétences politiques, ce qui exclue l'existence d'un effet de
modération par l'interdépendance de leur relation avec la
performance contextuelle envers les individus.
Une précision néanmoins concernant la dimension
de l'adaptation interindividuelle. Le tableau des résultats semble en
effet indiquer en première lecture un effet significatif de
l'entrée en troisième étape de la régression du
terme multiplicateur. Un examen approfondi des données écarte
néanmoins cette possibilité, l'effet observé
résultant en réalité des arrondis à deux
décimales des résultats de régression linéaires. La
variance expliquée par l'introduction du produit de l'adaptation
interindividuelle n'augmente de fait pas dans des proportions suffisantes pour
pouvoir détecter un effet de modération significatif
(?r2=.012), et le coefficient bêta standardisé du terme
multiplicateur indiquant une valence négative de la performance
contextuelle envers les individus n'est que tendanciellement significatif (f3=
-.12, p<.08). Nous choisissons donc de ne pas interpréter ces
données comme un effet de modération significativement
acceptable.
Il y a donc un effet d'interaction entre chacune des trois
dimensions (adaptation interindividuelle, capacité de réseau,
intuition sociale) et l'interdépendance, mais pas de modération
par l'interdépendance de la relation entre sincérité
affichée et performance contextuelle envers les individus.
43
Compétences politiques et performance
contextuelle envers l'organisation
La lecture indique que la variance de la performance
contextuelle envers l'organisation, expliquée de façon
significative par l'entrée simultanée dans le modèle de
régression de l'interdépendance et des compétences
politiques, est de 7% (R2 ajusté = .07,
F(6, 126)= 2.51, p<.02). On note que la part de variance
de la performance contextuelle envers l'organisation expliquée par
l'introduction simultanée de ces deux variables est nettement
inférieure à la part de variance de la performance contextuelle
envers les individus expliquée par ces mêmes prédicteurs.
L'effet direct des compétences politiques sur la variable
dépendante est significatif (â= 0.21, p<.05), contrairement
à l'influence directe de l'interdépendance. La lecture de ces
résultats nous indique que l'interaction entre le niveau de
compétences politiques et le niveau d'interdépendance n'est pas
un déterminant significatif de la performance contextuelle envers
l'organisation.
L'hypothèse (1a) postulant que les
compétences politiques sont plus significativement associées
à la performance contextuelle dirigée vers les individus est donc
validée. La comparaison des coefficients bêta standardisés
nous permet en effet de conclure à un effet direct plus fort sur cette
dernière que sur la performance contextuelle dirigée vers
l'organisation.
L'augmentation minime (?r2=0,004) de la variance
expliquée de façon significative produite en étape 3 par
l'entrée du terme multiplicateur dans le modèle de
régression et l'absence d'effet significatif du produit de
l'interdépendance et des compétences politiques écarte
l'hypothèse de modération.
? Capacité de réseau,
Sincérité affichée et Performance contextuelle envers les
individus
On suit le même modèle de régressions
multiples avec chacune des dimensions des compétences politiques pour
étudier une différence potentielle d'effet d'interaction et/ou de
modération avec/par l'interdépendance.
Seuls les modèles de régression impliquant la
capacité de capacité de réseau (?r2=0,12) et la
sincérité affichée (?r2=0,0 4) augmentent
significativement la part de variance expliquée lors de l'étape
2. Ainsi, la capacité de réseau entrée
simultanément avec l'interdépendance permet d'augmenter
significativement de 12% la part de variance expliquée de la performance
contextuelle envers les individus. L'effet significatif de cette dimension des
compétences politiques sur la variable dépendante ressort
à la lecture des résultats avec un coefficient bêta
44
standardisé significatif, â= 0.33, p<.0001, ce
qui n'est pas le cas de l'interdépendance. Le poids de la
sincérité affichée dans l'explication de la variance de la
performance contextuelle envers l'organisation est quant à lui
tendanciellement significatif (â= 0.16, p<.08).
L'interdépendance en revanche ne semble pas
significativement liée à la performance contextuelle envers
l'organisation. En effet, aucune des régressions multiples
réalisées n'indique de coefficient bêta significatif de
l'interdépendance avec la variable dépendante.
Compétences politiques et accomplissement
personnel
Le deuxième volet de cette recherche se penche sur la
relation existante entre compétences politiques et niveau
d'accomplissement personnel. Pour caractériser cette relation et tester
le potentiel effet de modération par l'interdépendance, on suit
la même stratégie d'analyse que pour les étapes
précédentes.
La lecture des résultats de la première
étape de la régression de l'accomplissement personnel sur les
variables contrôles indique un effet significatif de l'enjeu du
métier exercé sur le niveau d'accomplissement personnel
évalué. L'analyse de régression complémentaire
réalisée pour tester l'effet de chacun des types d'enjeu
définis pour notre étude indique que les métiers de la
catégorie « soin et service à la personne » et ceux de
la catégorie « vente, marketing, gestion de la relation client
» sont ceux pour lesquels le score d'accomplissement personnel moyen est
significativement plus élevé.
L'introduction simultanée dans la deuxième
étape de la régression des variables de compétences
politiques et d'interdépendance augmente significativement la part de
variance expliquée du score d'accomplissement personnel. (?r2
= 0.11), néanmoins seules les compétences politiques ont un effet
significatif sur l'accomplissement personnel (â=.32, p<.0001).
Sans effet significatif de l'interdépendance,
l'étape visant à tester la modération par cette
dernière de la relation entre compétences politiques et
accomplissement personnel ne peut être réalisée.
La quatrième hypothèse de notre
étude n'est donc pas validée.
Tout comme pour les séries de régressions
réalisées dans le premier volet de l'analyse des
résultats, l'étude des différentes dimensions de
compétences politiques nous apporte des précisions dans la
caractérisation de leur effet significatif sur l'accomplissement.
45
Ainsi, on peut lire que chaque dimension a un effet
significatif sur la variance de l'accomplissement personnel. L'intuition
sociale et l'adaptation interindividuelle sont les deux dimensions qui,
associées aux variables contrôle, expliquent significativement la
plus grande part de variance de l'accomplissement personnel
(R2 ajusté = 0.08, F(6,124)=2.81,
p<0.01 pour l'intuition sociale, et R2
ajusté = 0.11, F(6,124)= 3.41, p<0.001 pour l'adaptation
interindividuelle). L'adaptation interindividuelle a un poids
légèrement supérieur dans la variabilité de
l'accomplissement personnel (f3=.28, p<.0001) que l'intuition sociale
(f3=.25, p<.0001).
Notre hypothèse (2a) selon laquelle les
dimensions de capacité de réseau et d'adaptation
interindividuelle des compétences politiques sont les plus
significativement protectrices du niveau d'accomplissement personnel n'est donc
que partiellement validée.
La variance expliquée de l'accomplissement personnel
reste néanmoins plus faible comparée à celle de la
performance contextuelle, et l'étape 3 de ces régressions avec le
terme multiplicateur n'indique pas d'effet de modération par
l'interdépendance du lien entre les dimensions d'intuition sociale et
d'adaptation interindividuelle et le score d'accomplissement personnel.
Aucun effet significatif des dimensions de capacité de
réseau et de sincérité affichée n'est mis en avant
par les résultats de cette étude.
9. Discussion
9.1 Contribution de l'étude au champ de
recherche
Les résultats de cette recherche vont dans le sens des
premiers travaux selon lesquels le construit de compétences politiques
constitue un modèle d'efficacité sociale facteur de performance
(Blickle et al., 2008, 2011 ; Blickle, Wendel, et Ferris, 2010 ; Ferris et al.,
2005; Jawahar, Meurs, Ferris et Hochwarter, 2008).
En distinguant d'abord la performance à la tâche
de la performance contextuelle (Beaty, Cleveland et Murphy, 2001; Borman et
Motowildo, 1993; Motowildo, Borman, et Schmidt, 1997), puis les deux dimensions
constitutives de cette dernière, à savoir dirigée vers
l'organisation d'une part et dans l'intérêt des individus qui la
composent d'autre part (Van Scotter et Motowildo, 1996), la recherche de
facteurs de performance a considérablement évolué dans le
sens d'une opérationnalisation de ce construit.
46
On sait donc que le niveau de compétences politiques
est significativement plus prédicteur de performance contextuelle que de
performance à la tâche (Bing, Davison, Minor, Novicevic et Frink,
2011; Jawahar, Meurs, Ferris, et Hochwarter, 2008; Touzé, 2005), et
notre étude non seulement confirme cet effet significatif, mais le
complète en précisant que les compétences politiques
prédisent significativement plus la performance contextuelle envers les
individus que celle orientée vers l'organisation au sens large.
Les résultats de l'ensemble des travaux sur la
prédiction de la performance par les compétences politiques sont
cependant nuancés, ce qui laisse sous-entendre l'existence de variables
modératrices de cette relation. Certaines études de ce champ de
recherches prédisent ainsi un effet modérateur du type de
demandes psychologiques liées au métier, et avancent que les
compétences politiques sont plus particulièrement clés
pour la performance individuelle et collective pour les métiers qui
exigent de travailler avec et pour les autres (Perrewé, Ferris, Frink et
Anthony, 2000 ; Blickle et al., 2011).
Notre étude reproduit ce plan de recherche de
modération, en choisissant la mesure de l'interdépendance des
tâches pour caractériser l'enjeu et la propension des relations
interpersonnelles inhérentes à l'activité professionnelle
exercée. Pearce et Gregersen (1991) avaient ainsi trouvé un effet
significatif de l'interdépendance des tâches sur la performance
contextuelle, confirmant l'idée avancée par Smith et al. (1983)
que les comportements de citoyenneté organisationnelle sont
déterminés par le degré de dépendance des uns
envers les autres étant donné que des employés
interdépendants sont conscients que les éventuels comportements
contre-productifs qu'ils démontrent à l'encontre des autres
peuvent potentiellement se retourner contre eux.
Nos résultats vont dans le sens de ces recherches, car
ils mettent premièrement en avant un effet significatif de
l'interdépendance des tâches sur le niveau de performance
contextuelle et sur chacune de ses dimensions. Il est par ailleurs
intéressant de noter que notre variable contrôle « type de
métier » n'a pas d'effet significatif sur le niveau de performance
contextuelle.
Le premier volet de notre recherche visait à faire
ressortir un effet de modération par l'interdépendance de la
relation entre compétences politiques et performance contextuelle.
Cependant seule la relation entre la dimension d'intuition sociale et la
performance
47
contextuelle globale est modérée par le niveau
d'interdépendance, ce qui ne permet de valider que partiellement notre
hypothèse.
L'intuition sociale fait référence à la
perception des intentions, motivations et sentiments de ses interlocuteurs, et
correspond à la capacité de lecture implicite des situations
sociales. L'intuition sociale constitue donc une ressource qui donne à
l'individu la capacité à comprendre tant la situation sociale que
les enjeux individuels des acteurs impliqués et le contexte
organisationnel dans lequel l'interaction se joue. Pfeffer (1992) renforce
notamment l'idée que l'intuition sociale constitue une ressource
supplémentaire dans la gestion des relations interindividuelles, en
expliquant que « paradoxalement, c'est cette capacité à
s'identifier aux autres qui est réellement cruciale pour obtenir des
choses pour soi-même ». On voit ainsi en quoi cette conscience de
soi et des autres est ainsi clé, dans les contextes de collectifs en
particulier, et s'avère au regard de nos résultats être un
prédicteur significatif de performance contextuelle.
L'effet de modération observé avance que dans un
contexte de forte interdépendance, un individu doté d'une grande
intuition sociale aura une performance contextuelle globale significativement
supérieure à des collègues qui n'auraient pas cette
compétence. Ceci ne s'applique pas néanmoins aux contextes
professionnels de faible interdépendance. Plusieurs pistes explicatives
peuvent être avancées pour expliquer cet effet
modérateur.
Tout d'abord il parait logique que dans les contextes
où l'individu n'a pas ou peu à interagir avec d'autres personnes,
le niveau de performance contextuelle prédit par une fine intuition
sociale soit faible. Dans les contextes de forte interdépendance en
revanche, la compréhension des stratégies individuelles de ses
interlocuteurs prédit plus de comportements émis dans
l'intérêt non seulement de l'organisation d'appartenance mais
également dans celui des individus qui la composent. Travailler en
étroite collaboration avec d'autres personnes au sein d'une même
organisation nécessite en effet d'interagir de façon à
produire en commun. Ceci implique pour l'individu d'entretenir de bonnes
relations avec les personnes avec lesquelles il est amené à
travailler, de façon à obtenir le résultat attendu pour
les tâches émises, et à produire le résultat attendu
pour les tâches dont il est contributeur. La stratégie
individuelle qui consiste à mieux donner aux autres, en réalisant
les tâches qu'ils demandent, pour obtenir en retour une
coopération réciproque sur les tâches qu'ils
émettent, est facilitée par un niveau d'intuition sociale qui
permet de s'adapter aux autres et de décrypter les leviers individuels
à actionner pour qu'ils agissent dans l'intérêt de
l'objectif commun.
Cet effet pourrait s'expliquer également par le fait
qu'une fine intuition sociale suppose une implication interpersonnelle plus
forte, car comprendre les sentiments, affects, ressentis, et
48
motivations des autres demande au sujet une capacité
à se décentrer de ses propres considérations et à
faire preuve d'empathie. On comprend de fait en quoi subséquemment
l'intuition sociale peut faciliter l'engagement interpersonnel et l'attachement
de l'individu à son organisation d'appartenance, démontrés
par des comportements de performance contextuelle. Organ (1988) décrit
ainsi les comportements de citoyenneté organisationnelle comme une
démonstration d'altruisme, de courtoisie, de conscience collective, de
sens civique et d'esprit sportif. Tous ces différents types de
comportements peuvent ainsi être caractérisés par la
propension à aider les autres (Podsakoff, Whting, Podsakoff et Blume,
2009) et donc à s'engager dans le collectif.
On peut enfin supposer que dans un environnement professionnel
d'interdépendance, la performance contextuelle devient partie
intégrante de la stratégie individuelle du sujet pour se forger
une image positive au sein de l'organisation, grâce à sa
connaissance tacite des motivations des autres acteurs de l'arène
politique. Comme Zinko (2013) avait déjà avancé une
médiatisation par la réputation de la relation entre
compétences politiques et stress généré par les
contraintes extérieures, il pourrait être intéressant de
voir quel rôle cette même réputation peut avoir sur la
relation entre compétences politiques et performance contextuelle. Ces
résultats sont donc encourageants et appellent des investigations
complémentaires.
Le deuxième volet de cette recherche visait à
étudier la modération par l'interdépendance de la relation
entre compétences politiques et accomplissement personnel. Etant
donné le statut controversé de la dimension de réduction
de l'accomplissement personnel dans le modèle de l'épuisement
professionnel développé par Maslach et Jackson (1986), nous avons
fait le choix dans notre plan de recherche de la considérer comme une
variable dépendante à part entière. En
faisant ressortir l'effet significatif des compétences politiques sur le
niveau d'accomplissement personnel, notre recherche s'avère
cohérente avec les travaux qui attribuent à ce construit un
rôle de ressource protectrice face au stress généré
par des contraintes extérieures (Dagot, Bortheyrou, Grégoire et
Vallée, 2014 ; Jawahar, Stone et Kisamore, 2007; Perrewé et al.,
2004, 2005; Rudelle-Astie, 2014).
Plus spécifiquement, outre l'effet positif direct des
compétences politiques sur le niveau d'accomplissement personnel qui
étaye les conclusions des recherches précédentes, il
ressort de l'analyse des dimensions des compétences politiques que
seules l'intuition sociale et l'adaptation interindividuelle impactent
significativement le niveau d'accomplissement personnel.
49
Ce résultat diffère des quelques études
ayant analysé l'effet spécifique de chacune des dimensions des
compétences politiques, selon lesquelles les dimensions d'influence
interpersonnelle et de capacité de réseau sont les plus
significativement protectrices des effets du stress perçu (Dagot,
Bortheyrou, Grégoire et Vallée, 2014). L'interdépendance
n'a quant à elle aucun impact significatif sur l'accomplissement
personnel, ce qui va également à l'encontre des résultats
de recherches antérieures qui indiquent un effet direct significatif de
cette dernière sur la mesure des impacts de facteurs de stress
(Aubé, Rousseau, Mama et Morin, 2009 ; Bertucci, Johnson, Johnson et
Conte, 2011).
Ces différences constatées étayent
l'hypothèse d'une indépendance de la dimension du sentiment de
réduction d'accomplissement personnel, que des investigations
complémentaires devraient étudier en tant que variable à
part entière.
La spécificité de notre étude tient par
ailleurs au fait qu'elle est, à notre connaissance, la première
à comparer comme deux variables dépendantes la mesure de
performance hors tâches exigées par le poste et le sentiment
d'accomplissement personnel. On note ainsi une corrélation forte entre
ce dernier et celui de performance contextuelle (p=.43, p<.001), et
principalement avec sa dimension interindividuelle (p=.43, p<.001)
plutôt que celle dirigée vers l'organisation (p=.27,
p<.01).
Si l'on ne considère plus l'accomplissement personnel
comme une dimension de l'épuisement personnel, alors il peut être
intéressant de voir en quoi il peut également constituer une
ressource de l'individu pour mieux gérer les contraintes de son
environnement. On peut en effet penser, dans l'environnement
socio-professionnel actuel, que la capacité d'un individu à
donner du sens à son activité professionnelle et à se
sentir utile et compétent peut lui permettre de percevoir
différemment les contraintes de son environnement de travail. Nous avons
ainsi réalisé des analyses complémentaires pour
déceler un éventuel effet de modération par le sentiment
d'accomplissement personnel de la relation entre compétences politiques
et performance contextuelle, mais les résultats ne confirment pas cette
hypothèse complémentaire pour notre échantillon.
Les résultats de notre étude indiquent par
ailleurs un effet significatif de notre variable contrôle « type de
métier » sur le score d'accomplissement personnel, et
principalement des métiers du service à la personne
(catégorie « soin/service à la personne ») et ceux
impliquant des contacts directs avec les clients (catégorie «
vente, marketing, gestion de la relation clients »). Cette observation est
cohérente avec les recherches sur l'épuisement professionnel,
dont est issue la notion d'accomplissement personnel, originalement
décrit comme un phénomène qui touche plus fortement les
travailleurs ayant de nombreuses interactions
50
directes avec leurs client/patients et pour lesquels la
dimension interpersonnelle est par conséquent
prépondérante. Le score moyen d'accomplissement personnel des
personnes exerçant un métier de management n'est quant à
lui pas supérieur aux autres catégories d'emploi. Une
investigation plus poussée serait intéressante afin de
caractériser cet effet du type d'enjeu et de la
prépondérance des relations interpersonnelles inhérents
à l'emploi sur le niveau d'accomplissement personnel perçu.
9.2 Limites et perspectives de recherche
Conformément aux attentes les résultats de
l'étude indiquent que les compétences politiques ont un impact
direct sur le niveau de performance contextuelle autoévalué, et
principalement sur le niveau de performance contextuelle envers les individus.
L'influence des compétences politiques sur le niveau d'accomplissement
personnel ressort également des résultats, mais seulement pour
les dimensions d'adaptation interindividuelle et d'intuition sociale.
De plus, le niveau d'interdépendance s'avère
être une caractéristique métier avec une influence directe
sur la performance contextuelle, et principalement sur les comportements
citoyens dirigés vers les individus. Cette relation n'est en revanche
pas significative ni sur le niveau de performance contextuelle dirigée
vers l'organisation, ni sur l'accomplissement personnel.
L'étude visait enfin à étudier l'effet de
l'interaction des compétences politiques et du niveau
d'interdépendance sur le niveau de performance contextuelle d'une part,
et sur l'accomplissement personnel d'autre part, et cherchait notamment
à mettre en évidence un effet de modération par
l'interdépendance de ces relations.
Il ressort des résultats que l'interaction des deux
variables interindividuelles a bien un effet significatif sur le niveau de
performance contextuelle, mais il faut détailler l'analyse aux
sous-dimensions de compétences politiques pour pouvoir observer un effet
modérateur. Ainsi, seule la relation entre intuition sociale et
compétences politiques est modérée par le niveau
d'interdépendance des tâches inhérent au métier.
Aucune relation de modération par l'interdépendance de la
relation entre compétences politiques et accomplissement personnel n'a
pu être mise en avant sur notre population étudiée.
Bien que ces résultats soient encourageants, plusieurs
limites de cette étude doivent cependant être soulignées et
appellent à des recherches complémentaires.
51
Limites liées aux variables et outils de
mesure
Compétences politiques
L'échelle de mesure ayant été
développée par des auteurs américains et traduite dans un
second temps en français, on peut avancer un biais inhérent
à l'outil d'évaluation des compétences politiques
lui-même.
En effet, certains comportements valorisés dans un pays
peuvent être perçus différemment dans un autre. Il
conviendrait ainsi d'étudier dans quelle mesure l'évaluation du
niveau de compétences politiques peut être influencée par
les normes de désirabilité sociale qui diffèrent selon les
pays en répliquant ce plan de recherche avec la version originale des
outils auprès de sujets américains. La réplication de
notre plan de recherche en utilisant des scores de compétences
politiques et de performance non pas auto-évalués mais fournis
par le supérieur hiérarchique ou les pairs du sujet pourrait
être une façon intéressante de pallier au biais de
désirabilité sociale. Par ailleurs, poursuivre le travail de
traduction de l'outil de mesure des compétences politiques est important
pour améliorer sa sensibilité et sa pertinence dans un contexte
francophone.
De plus, le modèle de compétences politiques tel
qu'il est utilisé à l'heure actuelle gagnerait à
être plus opérationnalisé. En effet, cette variable est
mesurée comme variable interindividuelle mais ne tient donc pas compte
de son contexte d'application (organisation, hiérarchie,
institution...). Or ce dernier peut créer d'importantes
disparités dans les mesures, et dans l'interprétation des items
du questionnaire. Ainsi, l'item «Dans mon entreprise j'ai de bonnes
relations avec un certain nombre de personnes importantes » amène
des questions inhérentes au contexte d'application, de type : qui sont
les « personnes importantes » ? Sont-elles importantes de par leur
statut, leur position hiérarchique, ou de par leur réseau
d'influence ? Sont-elles importantes pour l'organisation au sens large ou pour
l'individu en particulier ? Le fait que nous ayons dans notre
échantillon des participants exerçant en libéral, au sein
d'institutions publiques et d'entreprises privées peut donc être
une limite à notre recherche, bien qu'aucun effet significatif de cette
variable contrôle ne ressorte à la lecture des résultats.
Une façon de limiter la marge d'interprétation des items pourrait
être de décrire des situations professionnelles plus
précises et concrètes, adaptées aux différents
environnements professionnels.
Enfin, les compétences politiques ne sont
mesurées que dans leur application au sein de l'organisation et de la
position occupée par le sujet au moment de l'évaluation. Il
conviendrait
52
cependant d'étendre le champ des compétences
politiques à un contexte plus vaste « hors organisation », en
mesurant notamment l'engagement des individus dans des réseaux de
professionnels, associations... qui sont clés dans le contexte
économique actuel qui demande flexibilité et adaptation
constante. En effet, en plus de permettre à l'individu d'accéder
à des ressources d'action supplémentaires au sein de son
organisation, les compétences politiques peuvent être clés
pour son ancrage social et son insertion professionnelle en dehors de son
entreprise. On peut donc supposer que ce socle de compétences est
déterminant dans le cas notamment de la recherche d'emploi, et il serait
intéressant de faire des études dans ce sens.
Accomplissement Personnel
On peut également se demander dans quelle mesure
l'effet direct et significatif des compétences politiques sur
l'accomplissement personnel ne peut pas dans notre étude être
artificiellement induit pas les outils de mesure utilisés. En effet, une
analyse plus détaillée des résultats montre que seules les
dimensions de l'intuition sociale et de l'adaptation interindividuelle sont des
prédicteurs significatifs, or la distinction de ces variables
indépendantes par rapport à la variable dépendante qu'est
la mesure de l'accomplissement est plutôt floue, car on note des
similarités dans les items utilisés pour les mesurer. Ainsi par
exemple dans le questionnaire des compétences politiques, l'un des items
mesurant l'intuition sociale « Au travail, j'arrive à comprendre
assez bien ce que pensent et ressentent les autres. » est très
proche de celui utilisé pour la mesure de l'accomplissement personnel
«Je peux comprendre facilement ce que mes clients ressentent ». De
même, celui mesurant l'adaptation interindividuelle « Dans le cadre
de mes relations professionnelles, j'arrive à mettre les gens à
l'aise » se rapproche fortement de l'un des items de l'accomplissement
personnel « J'arrive à créer une atmosphère
détendue avec mes clients ».
L'analyse de colinéarité n'en fait pas
ressortir, néanmoins il serait intéressant de retravailler
séparément le construit de l'accomplissement personnel. En effet,
la mesure de l'accomplissement personnel telle qu'elle est faite dans l'outil
de mesure de l'épuisement professionnel développé par
Maslach est difficile à opérationnaliser. Une échelle de
fréquence est utilisée pour mesurer chaque item, or cette
échelle a suscité plusieurs remarques et questions de la part des
participants aux phases de test du questionnaire de cette étude.
L'utilisation de fréquences pour mesurer des items portant sur le sens
donné au travail, le sentiment d'utilité et d'efficacité
personnelle, a semblé pour beaucoup difficile à
contextualiser.
53
Performance contextuelle
La définition de la variable de performance
contextuelle amène elle aussi certaines questions. On peut en effet
penser que dans un contexte d'interdépendance forte, la performance
contextuelle envers les individus devient une compétence exigée
et n'est donc plus valorisée comme un comportement « extra
professionnel » facultatif servant les intérêts des autres
et/ou de l'organisation. Jawahar et Ferris (2011) soulignent ainsi que la
distinction originale des deux dimensions de performance à la
tâche et performance contextuelle peut s'être
atténuée avec l'évolution de l'environnement
économique et le contexte socioprofessionnel.
En effet, la performance contextuelle, qui correspond aux
comportements non requis formellement mais fortement appréciés et
valorisés, tend aujourd'hui en à devenir de plus en plus partie
intégrante des métiers. Ceci peut être dû aux
évolutions de la nature des emplois et des organisations, mais la
connaissance plus large des effets positifs de l'engagement des employés
au sein de leur organisation peut également être un facteur
explicatif de l'importance grandissante que prennent des éléments
traditionnellement considérés comme de performance «
hors-tâche » pour les entreprises. Certaines descriptions de poste
comprennent par exemple aujourd'hui des pré requis tels que «
savoir travailler en équipe », « partage des valeurs de
l'entreprise », « engagement dans la vie de l'entreprise »,
« envie de s'impliquer dans un projet de développement
»....
Selon Hogan et Shelton (1998), la compétence sociale
permet aux sujets d'accomplir leurs objectifs interpersonnels de la même
façon que la coordination permet de jouer au tennis. Dans cette
perspective, les compétences politiques ne sont plus des ressources
supplémentaires de l'individu pour faire face aux contraintes
extérieures, mais sont un prérequis à tout poste dont les
missions impliquent de nombreux contacts interpersonnels. Les
compétences politiques pourraient de ce fait être
considérées dans cette configuration comme prédicteurs de
performance à la tâche.
Limites liées au protocole
Le fait que les sujets auto évaluent leurs propres
compétences et performance constitue une limite certaine de cette
étude. Il serait donc intéressant de la reproduire en comparant
l'auto-évaluation des compétences politiques du sujet avec son
niveau évalué par son supérieur hiérarchique ou par
ses pairs. De même, l'évaluation du niveau de performance
contextuelle du sujet perçue par son supérieur et/ou ses pairs
serait particulièrement
54
intéressante pour aller au-delà des recherches
existantes. On pourrait ainsi imaginer un protocole expérimental de type
« Evaluation 360° » tel que certains programmes
d'évaluation de potentiel, de compétences ou de leadership
à visée de développement managérial, qui peuvent
être mis en place dans les entreprises.
De plus, comme évoqué
précédemment, un biais culturel lié à l'utilisation
d'outils de mesure non élaborés initialement dans un contexte
francophone peut constituer une limite supplémentaire. En effet, les
éléments considérés dans la version originale comme
de la citoyenneté organisationnelle « en dehors des tâches
requises par le poste » peuvent avoir un statut différent dans le
contexte d'utilisation de l'outil, et ainsi constituer des exigences implicites
selon la culture du pays, de l'entreprise, ou de la branche. Par ailleurs, une
compétence politique reconnue, valorisée et assumée dans
la culture entrepreneuriale américaine peut être beaucoup plus
« taboue » dans la culture française. Pour développer
le champs de recherche sur les compétences politiques dans le contexte
francophone, il serait bon de reproduire cette étude avec non seulement
une hétéro-évaluation des niveaux de compétences
politiques et de performance contextuelle, mais également une
comparaison des résultats d'échantillons de participants
américains et français.
Par ailleurs, cette étude gagnerait à être
reproduite avec un nombre plus large de participants, car le nombre
limité (133) ne permet pas d'avoir des échantillons significatifs
pour chacune des catégories professionnelles. Le but d'une application
de ce plan de recherche auprès d'une population plus large est de
vérifier la reproductibilité des résultats, et de voir si
la modération par l'interdépendance de la relation entre
compétences politiques et performance contextuelle reste limitée
à la dimension de l'intuition sociale même avec une population
plus large. De plus, l'effet tendanciellement significatif du produit de
l'adaptation interindividuelle et de l'interdépendance sur la variance
expliquée du niveau de performance contextuelle envers les individus,
que nous avons estimé trop faible pour être
considéré comme un résultat probant de modération,
pourrait s'avérer plus marqué.
Enfin, la non prise en compte de l'environnement
organisationnel des participants peut avoir eu un effet sur les scores de
compétences politiques recueillis. En effet, on peut s'attendre à
ce qu'un individu évoluant dans une entreprise qui prône l'esprit
entrepreneurial et la prise d'initiatives mettra plus en avant ses
compétences politiques qu'un individu appartenant à une
organisation dans laquelle le conformisme est de rigueur. De plus, la prise en
compte dans notre étude des scores des participants exerçant en
libéral peut biaiser les
55
résultats, étant donné que les items de
mesure des compétences politiques sont formulés pour une
application au monde de l'entreprise.
9.3 Ouvertures
Dans le cadre théorique de cette étude qui donne
aux compétences politiques le statut de ressources personnelles, il
serait intéressant d'intégrer au plan de recherche d'autres
variables individuelles et situationnelles de façon à mettre en
avant le caractère stratégique de leur utilisation.
Ainsi, on fait l'hypothèse que ce capital de l'individu
sera utilisé différemment selon les moments de sa carrière
professionnelle, et que ses compétences politiques seront plus ou moins
saillantes selon la situation rencontrée. On suppose de la même
manière que leur utilisation peut être stratégique, et
qu'une évaluation unique à un instant T sans tenir compte de la
situation du sujet peut de fait n'en refléter qu'une partie. On pourrait
ainsi imaginer des protocoles mesurant les compétences politiques non
pas comme un trait de personnalité stable mais comme un capital
mobilisé à des fins précises et de façon
spécifique à l'enjeu de la situation sociale rencontrée.
Il serait par exemple intéressant de comparer les compétences
mobilisées ou rendues intentionnellement saillantes par des candidats
lors d'entretiens de recrutements pour différents types de poste, de
comparer le temps de recherche d'emploi selon le niveau de compétences
politiques pour des personnes en situation de chômage, ou encore
l'équilibre vie personnelle-vie professionnelle et le niveau de
compétences politiques...
De plus, si les compétences politiques constituent un
capital pour l'individu, elles peuvent de fait évoluer tout au long de
sa vie. On peut en conséquence faire l'hypothèse que les niveaux
de compétences politiques de jeunes diplômés avec des
« seniors » seront significativement différents. Ainsi
plusieurs auteurs ont ainsi déjà avancé l'idée que
les compétences politiques pouvaient être
développées, et une étude longitudinale en ce sens serait
pertinente.
On peut également avancer que si les compétences
politiques sont une ressource à laquelle le sujet peut choisir de faire
appel pour développer son capital social, il peut aussi choisir de ne
pas l'utiliser dans certains types de situations. Ainsi, en se basant sur la
conception de l'entreprise comme une arène politique, on peut imaginer
que les compétences politiques servent l'objectif de protéger une
zone de pouvoir individuel, définie par Crozier de
56
Friedberg (1981) comme une zone d'incertitude
organisationnelle. On peut se demander si les compétences politiques,
tout comme l'intelligence émotionnelle, ne comportent pas
différents « niveaux », de l'inconscience de l'existence de
ces ressources à leur connaissance profonde permettant une utilisation
stratégique de ce capital. Un individu peut en effet dans une situation
sociale particulière identifier la réponse politique qu'il
conviendrait d'apporter ou le bénéfice qu'il aurait à y
gagner mais choisir de ne pas l'adopter si son enjeu individuel est autre ou si
une autre variable individuelle ou situationnelle entre en compte. De fait, on
pourrait avoir une incohérence entre le niveau de compétences
politiques réel et perçu. Etendre la recherche sur les
compétences politiques en comparant les niveaux individuels avec le
sociogramme de l'organisation serait une piste pour comprendre en quoi ces
dernières peuvent prédire le positionnement des individus dans
l'écosystème.
D'autres variables individuelles (par exemple le degré
d'ambition), situationnelles (par exemple l'enjeu de l'interaction pour le
sujet), ou organisationnelle (par exemple la culture d'entreprise ou la
position hiérarchique), seraient intéressantes à prendre
en compte pour étudier l'utilisation stratégique des
compétences politiques. La comparaison entre le statut
hiérarchique et la centralité de la position de l'individu dans
l'écosystème de l'organisation serait également une
donnée pertinente à mettre en relation avec le niveau de
compétences politiques.
Le champ de recherche est donc encore vaste pour
contextualiser les compétences politiques, et il constitue un
réel enjeu pour les entreprises, particulièrement dans
l'environnement socio-économique actuel qui impose aux individus de
faire preuve d'adaptabilité et de flexibilité.
57
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Van Scotter, J.R., & Motowildo, S.J. (1996). Interpersonal
facilitation and job dedication as separate factes of contextual performance.
Journal of Applied Psychology, 81, 525-531. doi:
/10.1037/0021-9010.81.5.525
Vidyarthi P.R.,& al. (2014). Do emotionally perceptive
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interdependence and power distance. The Leadership quarterly, 25,
232-244. doi:10.1016/j.leaqua.2013.08.003
Zapf, D., Seifert, C., Schmutte, B., Mertini, H., & Holz,
M. (2001). Emotion work and job stressors and their effects on burnout.
Psychology and Health, 16, 527-545.
doi: 10.1080/08870440108405525
Zinko, R. (2013). A continued examination of the inverse
relationship between political skill and strain reactions: exploring reputation
as a mediating factor. Journal of Applied Social Psychology, 43, pp.
1750-1759. Doi : 10.1111/jasp.12114
64
Annexes
A. Questionnaire I
B. Questionnaire en ligne : copies écran IV
C. Statistiques descriptives XVI
D. Fréquences - variables contrôles XV
E. Effet de modération par l'interdépendance de la
relation entre intuition sociale et
performance contextuelle - étapes de régression
multiple XVII
F. Données de construction de la droite de
régression représentant la modération par
l'interdépendance de la relation entre intuition sociale et performance
contextuelle XVIII
I
A. Questionnaire
Compétences politiques
Les items se mesurent par l'échelle de niveau
d'accord suivante :
[] Pas du tout d'accord [] Pas d'accord [] Plutôt pas
d'accord [] Ni d'accord ni pas d'accord [] Plutôt d'accord [] D'accord []
Tout à fait d'accord
Capacité de réseau
- Dans mon entreprise, j'ai de bonnes relations avec un
certain nombre de personnes importantes.
- Dans mon entreprise, je pense savoir bien me servir de mes
contacts et relations pour obtenir un certain nombre de choses.
- J'ai un large réseau de collègues et de
contacts au travail que je peux solliciter lorsque j'ai besoin d'aide ou de
conseil.
Sincérité affichée
- Au travail, il est très important que les gens
croient à la sincérité de ce que je dis et de ce que je
fais.
- Dans les relations professionnelles, j'essaie de
paraître le plus authentique possible.
- J'essaie de manifester un intérêt réel
et authentique à l'égard de mes collègues. Intuition
sociale
- Au travail, je pense être assez doué(e) pour
percevoir les motivations et intentions cachées des autres.
- Au travail, j'arrive à comprendre assez bien ce que
pensent et ressentent les autres.
Adaptation interindividuelle
- Professionnellement, il est facile pour moi de
développer de bons rapports avec les autres.
- Dans le cadre de mes relations professionnelles, j'arrive
à mettre les gens à l'aise.
- Au travail, j'arrive à communiquer facilement et
efficacement avec les autres.
II
Interdépendance
Les items se mesurent par l'échelle de niveau d'accord
suivante : fl Pas du tout d'accord fl Pas d'accord fl Neutre fl D'accord
fl Tout à fait d'accord
- Je travaille en étroite collaboration avec d'autres
personnes.
- Je dois fréquemment coordonner mes efforts avec
d'autres personnes.
- Ma propre performance dépend de l'exactitude des
informations reçues d'autres
personnes.
- Ma façon de faire mon travail a un impact
significatif sur les autres.
- Mon travail exige que je consulte d'autres personnes assez
fréquemment.
Accomplissement Personnel
Les items se mesurent par l'échelle de
fréquence suivante :
fl Jamais fl Rarement fl De temps en temps fl
Régulièrement fl Souvent fl Très souvent
fl Tous les jours
- Je peux comprendre facilement ce que mes clients
ressentent.
- Je m'occupe efficacement des problèmes de mes
clients.
- J'ai l'impression, à travers mon travail, d'avoir une
influence positive sur les gens.
- Je me sens plein(e) d'énergie.
- J'arrive facilement à créer une
atmosphère détendue avec mes clients.
- Je me sens stimulé(e) lorsque dans mon travail j'ai
été proche de mes clients.
- J'ai accompli beaucoup de choses qui en valent la peine dans
mon travail.
- Dans mon travail, je traite les problèmes
émotionnels très calmement.
Performance contextuelle
Les items se mesurent par l'échelle de niveau
d'accord suivante :
fl Pas du tout d'accord fl Pas d'accord fl Plutôt pas
d'accord fl Ni d'accord ni pas d'accord fl Plutôt d'accord fl D'accord fl
Tout à fait d'accord
Altruisme
- J'aide spontanément les collègues qui ont une
forte charge de travail. - Je suis attentif au bien être de mes
collègues.
III
- Je prends le temps d'aider un collègue qui rencontre des
difficultés dans son travail.
- Je prends le temps d'écouter un collègue qui a
des ennuis.
- J'encourage souvent mes collègues dans les moments
difficiles. Loyauté
- En dehors de l'entreprise, je vante très souvent la
qualité de nos produits ou de nos services.
- Je parle favorablement de mon entreprise à mon
entourage.
- Je défends l'entreprise quand les salariés ou des
personnes extérieures la critiquent.
Conformité
- J'adhère complètement aux objectifs de
l'organisation et les soutiens fortement.
- Je respecte réellement les règles de travail et
les instructions qui me sont données.
- Je termine toujours dans les délais le travail qui m'est
confié.
- Je respecte toujours les règles et les procédures
de mon entreprise.
- Même en l'absence de tout contrôle, je suis
très à cheval sur l'application des règles et des
procédures de mon entreprise.
Coopération
- Je partage beaucoup d'informations avec mes collègues de
travail. - J'ai des difficultés à travailler en équipe.
(item inversé)
- Je suis toujours volontaire pour effectuer un travail en
équipe.
- Je m'implique fortement dans les activités en
équipe (groupes de projet, réunions d'équipe, etc.)
Esprit sportif
- Je me plains rarement de mes conditions de travail.
- Je tolère les contraintes de l'organisation interne sans
me plaindre.
B. Questionnaire en ligne : copies écran
Questionnaire diffusé aux participants sous forme
électronique via emails et réseaux sociaux, hébergé
sur le site
www.surveygizmo.com
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
44. Votre métier:
Sélectionnez dans la liste déroulante la
proposition qui correspond le mieux â votre métier.
-- Please Select --
Characters used: o out of 1.
45. Vous êtes *
D Un homme
D Une femme
46. Quelle est votre ancienneté métier (en
année pleine)? *
47. Quel est votre âge?
48. Vous exercez votre métier *
D En libéral
D Dans une entreprise du secteur public
D Dans une entreprise du secteur privé
Quel est l'effectif de votre entreprise? *
Quel est votre contrat? *
-- Please Select --
75°x'
XIV
B. Fréquences - variables
contrôles
Genre
Contexte
Métier
13%
13%
12%
67%
63%
19%
5%
21%
28%
37%
22%
Soin / service à la personne (y compris enseignement)
Encadrement d'équipe, gestion de projet(s)
Vente, marketing, gestion de relations clients
Fonctions Supports
Métier technique, recherche & Développement
Autre
Libéral Public Privé
M F
XV
XVI
C. Statistiques descriptives
Statistiques descriptives
|
ANC AGE
|
CR SA IS AI CP_TOT
|
INTERDEP
|
AP ALTR LOY CONF COOP ESP PCI
|
PCO
|
PC_TOT
|
Mean
|
9,94
|
36,46
|
5,37
|
6,02
|
4,95
|
5,56 5,48
|
4,15
|
39,61
|
5,64
|
4,93
|
5,33
|
5,49
|
4,33 5,57
|
4,86
|
5,21
|
Standard Error
|
0,82
|
0,97
|
0,08
|
0,06
|
0,08
|
0,06 0,05
|
0,05
|
0,58
|
0,06
|
0,11
|
0,08
|
0,08
|
0,11 0,06
|
0,08
|
0,06
|
Median
|
7,00
|
33,00
|
5,33
|
6,00
|
5,00
|
5,67 5,50
|
4,20
|
40,00
|
5,60
|
5,00
|
5,25
|
5,50
|
4,50 5,50
|
4,75
|
5,16
|
Mode
|
1,00
|
29,00
|
6,00
|
6,33
|
5,00
|
6,00 5,50
|
4,40
|
36,00
|
5,00
|
5,50
|
5,25
|
5,00
|
5,00 5,00
|
4,75
|
4,55
|
Standard Deviation
|
9,50
|
11,13
|
0,96
|
0,69
|
0,90
|
0,72 0,55
|
0,61
|
6,75
|
0,75
|
1,29
|
0,96
|
0,89
|
1,31 0,74
|
0,87
|
0,65
|
Sample Variance
|
90,31
|
123,95
|
0,93
|
0,48
|
0,80
|
0,52 0,30
|
0,37
|
45,50
|
0,56
|
1,67
|
0,92
|
0,79
|
1,73 0,55
|
0,75
|
0,42
|
Kurtosis
|
2,88
|
0,04
|
1,25
|
0,17
|
0,61
|
-0,09 1,75
|
0,91
|
-0,35
|
-0,95
|
-0,21
|
0,81
|
-0,44
|
-0,33 -0,68
|
-0,32
|
-0,59
|
Skewness
|
1,65
|
1,03
|
-0,65
|
-0,67
|
-0,39
|
-0,33 -0,77
|
-0,79
|
-0,10
|
0,24
|
-0,44
|
-0,55
|
-0,32
|
-0,25 0,03
|
0,04
|
0,34
|
Range
|
45,00
|
45,00
|
5,33
|
3,33
|
5,00
|
3,67 3,59
|
3,00
|
31,00
|
2,80
|
6,00
|
5,25
|
4,00
|
6,00 3,40
|
4,25
|
2,74
|
Minimum
|
1,00
|
20,00
|
1,67
|
3,67
|
2,00
|
3,33 3,33
|
2,00
|
23,00
|
4,20
|
1,00
|
1,75
|
3,00
|
1,00 3,60
|
2,58
|
4,00
|
Maximum
|
46,00
|
65,00
|
7,00
|
7,00
|
7,00
|
7,00 6,92
|
5,00
|
54,00
|
7,00
|
7,00
|
7,00
|
7,00
|
7,00 7,00
|
6,83
|
6,74
|
Sum
|
1322,00
|
4849,00
|
714,33
|
801,04
|
659,00
|
739,71 728,60
|
552,40
|
5268,00
|
749,60
|
655,50
|
708,50
|
730,50
|
575,50 740,36
|
646,44
|
693,34
|
Count
|
133,00
|
133,00
|
133,00
|
133,00
|
133,00
|
133,00 133,00
|
133,00
|
133,00
|
133,00
|
133,00
|
133,00
|
133,00
|
133,00 133,00
|
133,00
|
133,00
|
Confidence Level(95,0%)
|
1,63
|
1,91
|
0,17
|
0,12
|
0,15
|
0,12 0,09
|
0,10
|
1,16
|
0,13
|
0,22
|
0,16
|
0,15
|
0,23 0,13
|
0,15
|
0,11
|
Notes de lectures :
ANC : ancienneté ; CR : capacité de
réseau ; SA : sincérité affichée ; IS : intuition
sociale ; AI : adaptation interindividuelle ; CP_TOT : compétences
politiques totales ; INTERDEP : iinterdépendance ; AP : accomplissement
personnel ; ALTR : altruisme ; LOY : loyauté ; CONF : conformisme ; COOP
: coopération ; ESP : esprit sportif ; PCI : performance contextuelle
envers individus ; PCO : performance contextuelle envers l'organisation ;
PC_TOT :
performance contextuelle totale
XVII
D. Effet de modération par
l'interdépendance de la relation entre intuition sociale et performance
contextuelle : étapes de la régression multiple
Etape 1 - régression Performance contextuelle totale par
variables contrôles
Regression of variable PC_TOT:
|
Model parameters:
|
|
|
|
|
|
|
Goodness of fit statistics:
|
Source Value
|
|
Standard error
|
t
|
|
Pr > |t|
|
Lower bound (95%) Upper bound (95%)
|
|
|
Intercept
|
5,272
|
0,222
|
|
23,736
|
< 0,0001
|
4,832 5,711
|
|
Observations 133,000
|
ANCNORM
|
0,012
|
0,010
|
|
1,170
|
0,244
|
-0,008 0,032
|
Sum of weights 133,000 AGENORM
|
-0,004
|
0,009
|
|
-0,452
|
0,652
|
-0,021 0,013
|
DF 127,000 SEXNORM
|
0,014
|
0,061
|
|
0,228
|
0,820
|
-0,107 0,134
|
|
R2 0,021
|
ENJEUNORM
|
0,020
|
0,028
|
|
0,693
|
0,490
|
-0,036 0,075
|
|
Adjusted R2 -0,018
|
CONT NORM
|
-0,064
|
0,106
|
|
-0,604
|
0,547
|
-0,273 0,146
|
MSE 0,432
|
|
|
|
|
|
|
|
RMSE 0,657
|
Standardized coefficients:
|
|
|
|
|
|
|
MAPE 10,208
|
Source Value
|
|
Standard error
|
t
|
|
Pr > |t|
|
Lower bound (95%) Upper bound (95%)
|
DW 1,830
|
ANCNORM
|
0,173
|
0,148
|
|
1,170
|
0,244
|
-0,119 0,465
|
Cp 6,000 AGENORM
|
-0,067
|
0,148
|
|
-0,452
|
0,652
|
-0,361 0,226
|
AIC -105,823 SEXNORM
|
0,021
|
0,091
|
|
0,228
|
0,820
|
-0,159 0,200
|
SBC -88,481 ENJEUNORM
|
0,062
|
0,090
|
|
0,693
|
0,490
|
-0,115 0,239
|
|
PC 1,072 CONT NORM
|
-0,056
|
0,093
|
|
-0,604
|
0,547
|
-0,239 0,127
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Etape 2- Introduction des variables d'intuition sociale et
d'interdépendance
|
|
|
|
|
|
|
Regression of variable PC_TOT:
|
|
|
|
|
|
|
Goodness of fit statistics:
|
Model parameters:
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source Value
|
|
Standard error
|
t
|
|
Pr > |t|
|
Lower bound (95%) Upper bound (95%)
|
|
Observations 133,000 Intercept
|
5,288
|
0,210
|
|
25,182
|
< 0,0001
|
4,873 5,704
|
Sum of weights 133,000 ANCNORM
|
0,017
|
0,010
|
|
1,718
|
0,088
|
-0,003 0,036
|
DF 125,000 AGENORM
|
-0,004
|
0,008
|
|
-0,538
|
0,592
|
-0,021 0,012
|
|
R2 0,154
|
SEXNORM
|
-0,017
|
0,057
|
|
-0,290
|
0,772
|
-0,130 0,097
|
|
Adjusted R2 0,107
|
ENJEUNORM
|
0,044
|
0,027
|
|
1,609
|
0,110
|
-0,010 0,097
|
MSE 0,379 CONT NORM
|
-0,135
|
0,102
|
|
-1,321
|
0,189
|
-0,336 0,067
|
RMSE 0,616 IS-centree
|
|
0,102
|
0,054
|
|
1,882
|
0,062
|
-0,005 0,209
|
MAPE 9,364
|
INTER-centree
|
|
0,220
|
0,057
|
|
3,850
|
0,000
|
0,107 0,334
|
DW 1,895
|
|
|
|
|
|
|
|
Cp 8,000
|
Standardized coefficients:
|
|
|
|
|
|
|
AIC -121,333
|
Source Value
|
|
Standard error
|
t
|
|
Pr > |t|
|
Lower bound (95%) Upper bound (95%)
|
SBC -98,211
|
ANCNORM
|
0,242
|
0,141
|
|
1,718
|
0,088
|
-0,037 0,520
|
|
PC 0,954
|
AGENORM
|
-0,075
|
0,140
|
|
-0,538
|
0,592
|
-0,353 0,202
|
|
|
SEXNORM
|
-0,025
|
0,085
|
|
-0,290
|
0,772
|
-0,194 0,144
|
ENJEUNORM
|
0,139
|
0,086
|
|
1,609
|
0,110
|
-0,032 0,309
|
CONT NORM
|
-0,118
|
0,089
|
|
-1,321
|
0,189
|
-0,294 0,059
|
IS-centree
|
|
0,156
|
0,083
|
|
1,882
|
0,062
|
-0,008 0,321
|
|
INTER-centree
|
|
0,338
|
0,088
|
|
3,850
|
0,000
|
0,164 0,512
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Etape 3 - Introduction du produit des variables d'intuition
sociale et d'interdépendance
|
|
|
|
|
|
Regression of variable PC_TOT:
|
|
|
|
|
|
|
|
Model parameters:
|
|
|
|
|
|
|
Goodness of fit statistics:
|
Source Value
|
|
Standard error
|
t
|
|
Pr > |t|
|
Lower bound (95%) Upper bound (95%)
|
|
|
Intercept
|
5,350
|
0,208
|
|
25,729
|
< 0,0001
|
4,938 5,761
|
|
Observations 133,000
|
ANCNORM
|
0,016
|
0,009
|
|
1,677
|
0,096
|
-0,003 0,035
|
Sum of weights 133,000 AGENORM
|
-0,006
|
0,008
|
|
-0,732
|
0,466
|
-0,022 0,010
|
DF 124,000 SEXNORM
|
0,013
|
0,058
|
|
0,232
|
0,817
|
-0,101 0,128
|
|
R2 0,191
|
ENJEUNORM
|
0,047
|
0,027
|
|
1,777
|
0,078
|
-0,005 0,100
|
|
Adjusted R2 0,139
|
CONT NORM
|
-0,154
|
0,100
|
|
-1,535
|
0,127
|
-0,353 0,045
|
MSE 0,366 IS-centree
|
0,085
|
0,054
|
|
1,581
|
0,116
|
-0,021 0,191
|
RMSE 0,605 INTER-centree
|
0,231
|
0,056
|
|
4,101
|
< 0,0001
|
0,120 0,343
|
MAPE 9,202
|
IS_INTER
|
|
0,138
|
0,059
|
|
2,357
|
0,020
|
0,022 0,254
|
DW 1,864
|
|
|
|
|
|
|
|
Cp 9,000
|
Standardized coefficients:
|
|
|
|
|
|
|
AIC -125,162
|
Source Value
|
|
Standard error
|
t
|
|
Pr > |t|
|
Lower bound (95%) Upper bound (95%)
|
SBC -99,149
|
ANCNORM
|
0,232
|
0,138
|
|
1,677
|
0,096
|
-0,042 0,506
|
|
PC 0,927
|
AGENORM
|
-0,101
|
0,138
|
|
-0,732
|
0,466
|
-0,374 0,172
|
|
|
SEXNORM
|
0,020
|
0,086
|
|
0,232
|
0,817
|
-0,150 0,190
|
ENJEUNORM
|
0,151
|
0,085
|
|
1,777
|
0,078
|
-0,017 0,319
|
CONT NORM
|
-0,135
|
0,088
|
|
-1,535
|
0,127
|
-0,309 0,039
|
IS-centree
|
0,130
|
0,082
|
|
1,581
|
0,116
|
-0,033 0,293
|
INTER-centree
|
0,355
|
0,087
|
|
4,101
|
< 0,0001
|
0,184 0,527
|
|
IS_INTER
|
|
0,200
|
0,085
|
|
2,357
|
0,020
|
0,032 0,368
|
XVIII
E. Données de construction de la droite de
régression représentant la modération par
l'interdépendance de la relation entre intuition sociale et performance
contextuelle
intuition sociale
Noms des variables Variable
indépendante:
Coefficients de régression non
standardisés:
|
|
Variable Indépendante:
|
0,12
|
Modérateur:
|
0,18
|
Interaction:
|
0,13
|
Intercept / Constant:
|
5,21
|
Variable modératrice: Interdépendance
5,7
5,6
5,5
5,4
5,3
5,2
5,1
5
4,9
4,8
4,7
Niveau Faible intuition sociale
Niveau élevé intuition sociale
Perfoemance Contextuelle
Faible Interdépendance Forte Interdépendance
Interdépendance moyenne
Modération par l'interdépendance de la
relation entre intuition sociale et performance contextuelle
|
|