CONCLUSION GENERALE
La motivation principale de cette étude était la
détermination des mesures alternatives de relance économique par
les dépenses publiques pouvant permettre de booster la croissance
économique sur au moins cinq ans au Cameroun. Cette motivation est
partie de l'observation d'une économie camerounaise qui présente
des signes d'essoufflement visibles par des taux de croissance qui stagnent
autour de 3%, un niveau de pauvreté qui campe et demeure
élevé (39,9%) et un environnement international
défavorable. Ayant formulé les hypothèses que
l'économie camerounaise fonctionne de manière sous-optimale, et
que les dépenses publiques peuvent être efficacement
utilisées pour débloquer cette situation, l'intérêt
de ce travail était alors de proposer aux décideurs publics des
mesures de politique économique basées sur les débours de
l'Etat, qui soient adaptées et susceptibles de maintenir la croissance
du PIB à des taux avoisinant les 5,5%, objectif qu'ils se sont
fixé dans le DSCE.
Pour venir à bout de cette préoccupation, nous
avons opté pour un Modèle d'Equilibre Général
Calculable (MEGC) dynamique, qui ressort de la littérature comme l'une
des méthodes les plus adaptées pour aborder cette
problématique. Ce modèle, qui fournit un cadre comptable tenant
compte de toutes les interactions entre les comportements de tous les groupes
d'agents économiques, a été construit en se basant sur une
MCS édifiée à partir des données du Tableau
Ressources-Emplois 2005 de l'INS. Au terme des simulations faites avec ce
modèle, les principaux résultats obtenus sont les suivants :
Une relance de l'économie camerounaise basée
essentiellement sur un soutien à la consommation finale des
ménages, n'aurait que très peu d'effet sur le taux de croissance,
et le cap de 5,5% ne serait pas atteint car cette relance profiterait plus
à la production étrangère. Ce résultat est presque
le même, que le soutien se fasse via une baisse des impôts sur les
revenus des ménages ou alors par une hausse de la masse salariale de
l'Etat.
Une relance économique par une baisse des impôts
sur les revenus des sociétés n'aurait pas plus de succès
car les entrepreneurs seraient quelque peu prudents à accroître
leur niveau d'investissement.
L'option d'une augmentation des investissements publics
financée par emprunt auprès des partenaires étrangers est
source de croissance économique pouvant aller jusqu'à un rythme
de plus de 6% par an. Mais seulement, son effet ne se ferait ressentir
qu'après au moins deux années, le temps que ces investissements
soient effectivement réalisés.
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
2011 64 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
Entre temps, l'économie serait quelque peu
déprimée avec un déficit plus fort du solde de la balance
courante, un niveau d'inflation plus élevé qui engendrerait alors
une détérioration du bien-être des populations.
La combinaison d'une augmentation des dépenses
publiques d'investissement financée par l'epargne extérieur et
d'un accroissement de la masse salariale de l'Etat apparaît comme la
politique qui génère le plus de croissance. Pourvu que
l'augmentation de la masse salariale soit compensée par une baisse des
autres dépenses de fonctionnement du gouvernement. On pourrait alors
avoir des effets positifs sur la croissance et le bien-être des
ménages dès la première année, et voir les taux de
croissance se stabiliser autour de 5,5% dès la troisième
période.
Au regard de ces résultats qui valident bien les deux
hypothèses qui avaient été émises pour cet
étude, nous encourageons la vision actuelle du gouvernement, qui semble
avoir adopté cette dernière politique. En effet, le Cameroun
combine à la fois la réalisation des grands projets
d'investissement (ports, barrages, routes, chemins de fer, etc.) qui se
négocie surtout avec la Chine, et le recrutement de nouveaux agents
à la fonction publique. Mais nous recommandons que le financement du
supplément de masse salariale consécutif à ce recrutement,
ainsi que celui d'autres éventuels nouveaux transferts aux
ménages pour encourager leur consommation soit compensé par une
baisse des autres dépenses de fonctionnement de l'Etat. Mais nous
recommandons aussi que cette politique soit accompagnée de mesures
visant à freiner le déficit de la balance courante et à
maîtriser la hausse des prix à la consommation finale des
ménages. Ces mesures pourraient être par exemple une hausse des
taxes à l'importation de certains produits largement demandés par
les ménages, et qui ne sont pas de première
nécessité, ou encore la mise sur pied de mesures incitatives
à la production de ces mêmes produits au niveau local. Toutefois,
cette investigation n'est pas sans limite.
La principale limite de cette étude tient de ce que
certains paramètres ont été pris dans la
littérature alors qu'il aurait été
préférable de les estimer de façon
économétrique. Ceci n'a pas été possible à
cause d'une absence de séries longues de données
nécessaires.
Mais en fin de compte, il faut dire que même en cas
d'application stricte des meilleurs scénarios de relance
économique par le gouvernement camerounais, aucun résultat ne
pourrait être assuré si on ne garantit d'une bonne gestion des
fonds publics, d'une allocation optimale des investissements publics et d'une
consommation effective des crédits par les différentes structures
de l'Etat.
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
|