CHAPITRE IV
SIMULATIONS ET RESULTATS DE L'ETUDE
Le chapitre 2 a permis de constater que malgré une plus
grande autonomie dans l'élaboration de sa stratégie de
développement consécutive à l'atteinte du point
d'achèvement de l'initiative PPTE en 2006, l'économie
camerounaise a du mal à décoller. Certaines théories
mettent en exergue des externalités positives que peuvent engendrer les
dépenses publiques sur l'activité économique d'un pays, en
fonction de l'orientation ou de l'allocation de celles-ci dans
différents secteurs d'activité. Dans le cas de notre
étude, les différentes mesures (ou scénarios) de relance
de l'économie camerounaise ont été élaborées
en tenant compte des objectifs du DSCE, mais aussi des grandes orientations que
le Président de la République a annoncé vouloir donner
à son nouveau mandat. Ce chapitre est donc consacré à la
présentation de ces scénarios de relance, à la simulation
des effets qu'ils pourraient avoir sur l'économie camerounaise, et en
particulier sur les indicateurs retenus au chapitre précédent
(taux de croissance économique, inflation, balance courante, et
bien-être de la population). Il débouche sur des recommandations
de politique économique.
IV.1 Présentation des différents
scénarios de simulation ) Le scénario
de référence
Le scénario de référence est celui dans
lequel on fait l'hypothèse que l'économie ne subit aucun choc
intérieur ou extérieur, ni à la période initiale,
ni à aucun moment de la période d'étude que nous avons
fixée à 5 ans19. Ainsi, dans ce scénario de
référence, seules les variables de dynamique qui ici sont l'offre
de travail, le capital et l'investissement de l'Etat évoluent d'une
année à l'autre selon les équations (57), (58) et (59)
spécifiées dans le chapitre précédent.
L'investissement public évolue aussi à un taux de 2,67% par an,
qui représente la moyenne de croissance depuis l'année 2000. Ceci
provoque alors une évolution dans toute l'économie, et un nouvel
équilibre est établi à chaque période. On peut donc
dire en bref que le scénario de référence retrace
l'évolution de l'économie camerounaise en l'absence de toute
intervention de l'Etat.
19 Le choix de 5 années comme période
d'étude a été guidé par le fait qu'une relance
économique est d'abord une politique conjoncturelle, dont les effets
sont escomptés à court et à moyen termes.
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
2011 50 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
Il est très important de souligner qu'un MEGC est un
modèle de simulation et non un modèle de prévision. Ainsi,
après avoir construit une MCS avec le TRE de l'année 2005, on ne
s'attend pas à reproduire exactement la situation économique des
années suivantes dans le scénario de référence.
L'idée est d'apprécier les impacts ou effets potentiels d'une
mesure économique. Par ailleurs, Les résultats des simulations ne
se reportent pas nécessairement aux cinq années qui suivent 2005,
mais à n'importe quelle période suivant l'adoption d'une
politique de relance par le gouvernement camerounais.
Le schéma de fonctionnement du Modèle
d'Equilibre Général Calculable dynamique est
présenté en annexe 5.
) Scénario 1 : Baisse des impôts sur les
revenus des ménages
Ce scénario aurait pour but de relancer
l'économie par la demande de consommation finale des ménages.
L'Etat renonce à une partie de ses recettes correspondant à 20%
des impôts payés par les ménages, ce qui va augmenter le
revenu disponible de ceux-ci. Ce scénario est donc presque
équivalent à la situation dans laquelle l'Etat perçoit
tous les impôts comme d'habitude, et reverse ensuite aux ménages
un montant équivalent à 20% des impôts qu'ils payent, sous
forme de transferts par exemple.
) Scénario 2 : Augmentation des
dépenses publiques de consommation par une augmentation de la masse
salariale
Il se présente concrètement sous la forme d'une
augmentation de la masse salariale versée par l'Etat d'environ 20%, ce
qui ferait environ 98 milliards de FCFA supplémentaire par an. Ceci peut
se faire par des recrutements à la fonction publique comme celui des
25000 jeunes en cours actuellement, ou par une revalorisation du salaire
minimum pour améliorer prioritairement les conditions de vie des plus
pauvres, ou encore par une revalorisation des salaires de l'ensemble des agents
du public, comme en 2008. Nous ferons l'hypothèse que cette hausse de la
masse salariale versée par l'Etat est compensée par une baisse
équivalente des investissements publics.
) Scénario 3 : Augmentation des
dépenses publiques d'investissement, financées par l'emprunt
extérieur
Aussi bien dans le DSCE que dans le discours du
Président de la République lors de son investiture le 3 novembre
2011 à l'Assemblée Nationale, il ressort une volonté du
gouvernement camerounais de relancer l'économie camerounaise par des
grands travaux
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
2011 51 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
d'investissements publics, notamment dans les secteurs
agricoles, énergétiques, des transports et sociaux
(éducation et santé). Aussi, le Chef de l'Etat privilégie
deux approches à savoir : l'endettement auprès de pays
étrangers et le recours à l'épargne nationale. C'est ainsi
que dans ce scénario, nous simulons une augmentation des dépenses
publiques d'investissement d'environ 50%, financée entièrement
par l'endettement auprès des partenaires étrangers.
) Scénario 4 : Augmentation des
dépenses publiques d'investissement, financées par
l'épargne extérieure, combinée à une augmentation
de la masse salariale de l'Etat
financée par une diminution de la consommation
publique en bien et service.
Le gouvernement camerounais a revalorisé les salaires
des agents du publiques en mars 2008 suite aux émeutes de la faim et le
recrutement de 25000 jeunes à la fonction publique est actuellement en
cours. Parallèlement, le chef de l'Etat entend mettre en application sa
politique des grandes réalisations (construction des ports en eaux
profondes de Limbé et Kribi, construction des routes, des barrages
hydroélectriques, etc.) qui impliquent des investissements publics
supplémentaires, financés par la Chine et d'autres partenaires
étrangers. Il est donc important d'avoir une idée des effets de
cette politique à deux volets sur l'économie camerounaise
à moyen terme. C'est pour cela que ce scénario a
été retenu dans ce travail. Concrètement, nous supposons
une augmentation des investissements publics de 25% combinée à un
accroissement de la masse salariale de l'Etat de 98 milliards par an.
) Scénario 5 : Baisse des impôts sur
les revenus des sociétés pour stimuler l'investissement
privé
Comme il vient d'être dit, le Gouvernement
privilégie, outre l'endettement extérieur comme source de
financement de relance de l'économie camerounaise, le Partenariat
Public-Privé (PPP). Ceci se traduit par un accord entre le gouvernement
et le secteur privé dans le but de céder à ce dernier la
responsabilité de certains investissements. Généralement
dans la pratique au Cameroun, l'impôt sur chaque société
correspond au maximum entre les 1,1% de son chiffre d'affaire et les 38,5% de
son résultat (Excédent Brut d'Exploitation). Ceci parce que
certaines entreprises présentent des résultats négatifs.
Dans le cadre de la présente étude, il est
considéré une baisse des impôts sur les revenus des
sociétés de 30%, ce qui ramènerait alors le taux
d'imposition de 38,5% à environ 27%.
Ce sont ces cinq scénarios que nous allons simuler et
observer dans chaque cas les variations de chacun des indicateurs que nous
avons retenus, sur cinq années et par rapport au scénario de
référence. Les effets des scénarios seront ensuite
comparés entre eux pour proposer des
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
2011 52 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
recommandations de politiques pour la relance
économique pour le Cameroun. Les chocs se font à la
première période, et les effets sont observés sur les cinq
années subséquentes. La masse salariale obtenue après
l'augmentation dans les scénarios 2 et 4 reste constant pendant les
périodes suivantes. Le taux d'imposition sur le revenu des
ménages, obtenu après la baisse de 20% dans le scénario 1,
reste à ce même niveau au cours des 5 périodes. Idem pour
le taux d'imposition sur le revenu des sociétés obtenu
après la baisse de 30% dans le scénario 5.
IV.2 Résultats des simulations et
commentaires Ö Analyse du scénario
1
Le surplus de rétribution obtenu par les ménages
suite à une baisse du taux d'imposition sur leurs revenus engendre une
variation du taux de croissance du PIB de 0,2% dès la première
année, par rapport à la période de
référence. L'effet créé par ce choc atteint son
niveau maximal la deuxième année avec un taux de croissance de
3,9% (soit une variation de 0,4%), mais commence à s'estomper dès
la période suivante, pour retrouver son sentier de croissance à
la cinquième année.
Tableau 6 : Evolution du taux de croissance du
PIB et du solde des opérations courantes avec le reste du monde dans le
scénario 1
Période
|
Taux de croissance (%)
|
Solde des opérations courantes avec
l'extérieur (en % du PIB)
|
référence
|
Scénario 1
|
Ecart
|
référence
|
scénario 1
|
Ecart
|
1
|
3,3
|
3,5
|
0,20
|
-4,9
|
-5,0
|
-0,03
|
2
|
3,5
|
3,9
|
0,40
|
-7,7
|
-7,8
|
-0,09
|
3
|
3,8
|
3,6
|
-0,20
|
-12,8
|
-12,8
|
-0,05
|
4
|
2,5
|
2,6
|
0,10
|
-14,4
|
-14,5
|
-0,09
|
5
|
2,6
|
2,6
|
0,00
|
-16,7
|
-16,9
|
-0,02
|
Source : les
résultats de nos simulations
Sur l'ensemble des cinq périodes, le taux de croissance
moyen du PIB est juste à peine plus élevé dans ce
scénario 1 (3,2%) que dans le scénario de référence
(3,1%). Pourtant, ce faible gain en termes de croissance s'accompagne d'un
déficit plus élevé du solde des opérations
courantes avec le reste du monde en pourcentage du PIB, par rapport au
scénario de référence. Ceci est vérifié sur
l'ensemble des cinq périodes (Tableau 6) et s'explique par un
accroissement de la demande des produits importés, (notamment les
produits P1, P3 et P520) combiné à une baisse des
exportations.
L'augmentation des ressources disponibles des ménages
suite à la baisse du taux des ponctions sur leurs revenus provoque aussi
une hausse assez généralisée des prix des
20 Voir tableau 5 pour les noms des produits
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
2011 53 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
principaux produits de consommation finale des ménages
(Tableau 7). Cette tendance inflationniste va rester jusqu'à la
cinquième période et explique aussi le regain de
préférence pour les produits importés par les
consommateurs ; ceux-ci deviendront plus coûteux.
Tableau 7 : Evolution de l'indice des prix
à la consommation et du bien-être des ménages (VE) dans le
scénario 1
Période
|
Indice des prix à la consommation
|
Variation du bien-être des populations (VE) par
rapport au scénario de référence (en %)
|
référence
|
Scénario 1
|
Ecart
|
1
|
1,004
|
1,004
|
0,000
|
5,500
|
2
|
1,069
|
1,072
|
0,003
|
3,700
|
3
|
1,109
|
1,111
|
0,002
|
1,200
|
4
|
1,100
|
1,112
|
0,012
|
0,000
|
5
|
1,093
|
1,100
|
0,007
|
0,000
|
Source : les
résultats de nos simulations
D'un autre côté, l'augmentation du revenu
disponible des ménages dans ce scénario, améliore bien
évidemment le bien-être des ménages dès la
première période (5,5% par rapport au scénario de base)
avec la possibilité d'une plus grande consommation. Même si cet
effet positif sur le bien-être des ménages est
atténué par la hausse des prix à la consommation et
s'estompe assez rapidement pour disparaître au bout de la
troisième année seulement.
Ö Analyse du scénario 2
Une augmentation de la masse salariale payée par l'Etat
a presque le même effet la première année que le
scénario précédent, avec un gain de 0,3% en taux de
croissance du PIB (Tableau 8). Par contre, l'effet est beaucoup plus important
à la deuxième période avec un taux de croissance d'environ
4,1%, soit 1% de plus que dans le scénario de référence,
et 0,6% que dans le scénario 1. Mais, cet impact assez important sur la
croissance du PIB disparaît aussi dès la troisième
période au cours de laquelle on enregistre même un taux de
croissance inférieur à celui du scénario de
référence (3,7%), et le sentier de croissance est retrouvé
à la quatrième année, c'est-à-dire un an plus
tôt que pour le scénario de la baisse des taxes sur le revenu des
ménages.
Tableau 8 : Evolution du taux de croissance du
PIB et du solde des opérations courantes avec l'extérieur dans le
scénario 2
Période
|
Taux de croissance (%)
|
Solde des opérations courantes
avec l'extérieur (en % du PIB)
|
référence
|
Scénario 2
|
Ecart
|
référence
|
scénario 2
|
Ecart
|
1
|
3,3
|
3,6
|
0,3
|
-4,9
|
-5,2
|
-0,30
|
2
|
3,5
|
4,5
|
1,00
|
-7,7
|
-8,1
|
-0,35
|
3
|
3,8
|
3,7
|
-0,10
|
-12,8
|
-12,9
|
-0,16
|
4
|
2,5
|
2,5
|
0,00
|
-14,4
|
-15,5
|
-1,01
|
5
|
2,6
|
2,6
|
0,00
|
-16,7
|
-17,7
|
-1,00
|
Source : les
résultats de nos simulations
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
2011 54 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
Comme dans le scénario 1 de la baisse des taxes sur les
revenus des ménages, la croissance économique enregistrée
s'accompagne d'un déficit en pourcentage du PIB du solde des
opérations courantes avec le reste du monde, plus important que dans le
scénario de référence (Tableau 8). Dans ce cas, le
déficit est même plus important que dans le scénario 1, et
atteint les 17,7% du PIB à la cinquième période, tout en
restant sur une phase ascendante. Cette situation est la conséquence
d'une demande des produits d'importations encore plus forte et une perte de
compétitivité des produits locaux due non seulement à
l'inflation qui en découle, mais aussi au fait même que les
produits importés ne trouvent pas toujours leurs substituts au niveau
local. Une autre explication se trouve aussi dans la baisse des exportations.
Comme dans le scénario 1, les produits importés les plus
demandés avec le choc sont les produits P1, P2 et P5.
L'augmentation de la masse salariale de l'Etat a aussi un
effet inflationniste plus fort qu'une baisse du taux d'imposition sur le revenu
des ménages. En effet, comme on peut constater dans le tableau 9
ci-dessous, cet effet inflationniste se fait ressentir dès la
première période et grimpe jusqu'à la troisième
période, avant de commencer à décroître lentement.
Ainsi, sur toutes les cinq périodes, le taux d'inflation reste
supérieur dans ce scénario par rapport au scénario de
référence.
Tableau 9 : Evolution de l'indice des prix
à la consommation et du bien-être des ménages (VE) dans le
scénario 2
Période
|
Indice des prix à la consommation
|
Variation du bien-être des populations (VE) par
rapport au scénario de référence (en %)
|
référence
|
Scénario 2
|
Ecart
|
1
|
1,004
|
1,009
|
0,005
|
6,700
|
2
|
1,069
|
1,078
|
0,009
|
8,200
|
3
|
1,109
|
1,116
|
0,007
|
2,400
|
4
|
1,100
|
1,113
|
0,013
|
0,000
|
5
|
1,093
|
1,101
|
0,008
|
0,000
|
Source : les
résultats de nos simulations
La possibilité d'une plus grande consommation par les
ménages, provoquée par une augmentation du montant total de la
masse salariale versée par l'Etat, améliore comme dans le
scénario 1 le bien-être des populations par rapport à la
situation de référence (Tableau 9). Dans ce scénario 2,
l'effet est plus important malgré une inflation plus forte, et ceci peut
avoir plusieurs explications. D'abord, l'augmentation de la masse salariale
peut être due à un recrutement de nouveaux agents à la
fonction publique, ce qui ferait de nouveaux ménages qui vont en
profiter et voir leurs conditions de vie s'améliorer
considérablement. Ensuite, l'Etat peut aussi avoir augmenté les
salaires les plus bas (SMIC), ce qui toucherait aussi prioritairement les
ménages les plus pauvres, qui augmenteraient à coup sûr
leur niveau de consommation et donc leur bien-être s'en trouverait
amélioré. La grande différence avec le
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
2011 55 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
scénario 1 vient donc principalement du fait que ce
dernier touche l'ensemble des agents du public déjà en poste, et
donc même les plus riches. Or si on se réfère à la
théorie keynésienne, la consommation des ménages riches ne
sera que très peu modifiée suite à une baisse des
impôts sur leurs revenus. Alors que le scénario 2 peut être
élaborée de manière à toucher davantage les plus
pauvres qui auront plus tendance à augmenter leur rythme de consommation
avec des revenus supplémentaires, et le bien-être global de la
population serait plus fortement amélioré.
Ö Analyse du scénario 3
Une variation de l'investissement public telle qu'illustre le
scénario 3 a des impacts différents des scénarios
précédents. On n'observe aucun effet sur la croissance du PIB la
première année, et juste un surplus de 0,2% la deuxième
année. La justification à ceci est donnée par le fait que
ces investissements publics ont besoin d'un certain temps avant d'être
rentables. Ce temps correspond à celui de la réalisation
effective des investissements, lorsqu'il s'agit par exemple de la construction
des routes, d'un barrage, ou d'un port. De plus, il a été fait
l'hypothèse selon laquelle le capital public n'augmente que
l'année suivant l'investissement public. C'est pourquoi ce n'est
qu'à la troisième année que le choc d'investissement
public commence à avoir un effet significatif, avec un taux de
croissance qui se retrouve à 5,6%, (soit une variation de 1,8% par
rapport à la situation de référence, et 2% par rapport au
scénario 2). La croissance économique s'améliore encore
plus à la quatrième période en atteignant les 6,2% et
même s'il y a une baisse à la cinquième année, le
taux de croissance du PIB reste largement supérieur à celui du
scénario de référence (2,8% de plus) comme l'atteste le
tableau 10. Ce bond de croissance tient non seulement des effets des
investissements publics supplémentaires sur l'investissement
privé (le taux d'investissement privé est supérieur
à celui du scénario de référence à partir de
la deuxième période), mais aussi des effets de ceux-ci sur la
productivité totale ainsi que du surplus de production
engendré.
Tableau 10 : Evolution du taux de croissance
du PIB et du solde des opérations courantes avec l'extérieur dans
le scénario 3
Période
|
Taux de croissance (%)
|
Solde des opérations courantes
avec l'extérieur (en % du PIB)
|
référence
|
Scénario 3
|
Ecart
|
référence
|
scénario 3
|
Ecart
|
1
|
3,3
|
3,3
|
0,20
|
-4,9
|
-10,3
|
-5,39
|
2
|
3,5
|
3,7
|
0,2
|
-7,7
|
-13,9
|
-6,20
|
3
|
3,8
|
5,6
|
1,80
|
-12,8
|
2,3
|
15,13
|
4
|
2,5
|
6,2
|
3,70
|
-14,4
|
2,1
|
16,45
|
5
|
2,6
|
5,4
|
2,80
|
-16,7
|
-2,0
|
14,29
|
Source : les
résultats de nos simulations
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
2011 56 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
Comme on pouvait s'y attendre, les investissements publics
supplémentaires financés par l'emprunt à
l'extérieur sont source de croissance à moyen et à long
terme, mais ils creusent aussi le déficit du solde des transactions
courantes avec l'extérieur en pourcentage du PIB durant les deux
premières périodes (Tableau 10). On a alors un déficit de
10,3% du PIB la première année (soit une variation de -5,4% par
rapport au scénario de référence), et la situation se
dégrade encore plus la deuxième année avec un
déficit de 13,9% du PIB (variation de -6,2% par rapport à la
situation de référence). Ceci est particulièrement le fait
de l'augmentation de la demande de main d'oeuvre, de produits et de
matériels étrangers pour la réalisation des travaux
d'investissement. Par contre, ce solde devient excédentaire au cours des
périodes 3 et 5, contrairement au scénario de
référence où le déficit continue à se
creuser. Cet excédent tient de la baisse des importations suite à
la fin des travaux d'investissement, de la hausse des exportations due au
surplus de production engendré par les externalités des
investissements publics supplémentaires sur l'ensemble du secteur
productif national.
Pour ce qui est de l'évolution du niveau des prix
à la consommation, on observe un niveau d'inflation plus
élevé les deux premières périodes par rapport
à la situation de référence (Tableau 11). Ce qui est le
fait d'un supplément de demande de l'Etat en biens et services à
l'économie domestique pour la réalisation des travaux
d'investissement public. Mais, le taux d'inflation adopte ensuite une tendance
à la baisse pendant presque toutes les trois périodes suivantes
et reste toujours en dessous des taux de la situation de
référence et de ceux des deux premiers scénarios. On peut
donc dire qu'une augmentation des investissements publics financés par
l'extérieur a un effet positif sur l'inflation dès que ceux-ci
deviennent rentables.
Tableau 11 : Evolution de l'indice des prix
à la consommation et du bien-être des ménages (VE) dans le
scénario 3
Période
|
Indice des prix à la consommation
|
Variation du bien-être des populations (VE)
par rapport au scénario de référence (en %)
|
référence
|
Scénario 3
|
Ecart
|
1
|
1,004
|
1,013
|
0,009
|
-5,70
|
2
|
1,069
|
1,079
|
0,010
|
-3,20
|
3
|
1,109
|
0,972
|
-0,137
|
9,70
|
4
|
1,100
|
0,970
|
-0,130
|
13,80
|
5
|
1,093
|
1,003
|
-0,090
|
6,20
|
Source : les
résultats de nos simulations
D'un autre côté, un surplus d'investissement
public a tendance à déprimer le bien-être des
ménages au cours des deux premières périodes pendant
lesquelles on enregistre des chutes respectives de 5,7% et de 3,2% par rapport
au scénario de référence. On peut justifier cela par la
hausse des prix observée les deux premières années
(tableau 11) qui diminue le pouvoir d'achat des ménages et comprime
ainsi leur demande de consommation.
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
2011 57 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
Ö Analyse du scénario 4
Le scénario 4 est en fait une combinaison du
scénario 2 et du scénario 3. L'Etat accroît ses
investissements en empruntant au reste du monde, tout en soutenant la demande
de consommation finale des ménages par une réallocation des
dépenses publiques de fonctionnement en faveur des salaires
versés aux agents du public. Ce scénario semble avoir plus
d'impact sur la croissance économique que les précédents.
En effet, d'après le tableau 12, il a des effets positifs dès la
première année avec un taux de croissance de 3,7%, (soit une
variation de 0,4%). Le taux de croissance évolue ensuite avec une
tendance à la hausse jusqu'à la quatrième période
où il atteint un maximum de 6,4% (3,9% de plus que le scénario de
référence). Malgré une légère baisse
à la cinquième année (6,3%), le taux de croissance du PIB
reste toujours très largement supérieur à celui du
scénario de base. On a alors un taux de croissance moyen de 5,3% sur
l'ensemble des cinq années.
Tableau 12 : Evolution du taux de croissance
du PIB et du solde des opérations courantes avec l'extérieur dans
le scénario 4
Période
|
Taux de croissance (%)
|
Solde des opérations courantes
avec l'extérieur (en % du PIB)
|
référence
|
Scénario 4
|
Ecart
|
référence
|
scénario 4
|
Ecart
|
1
|
3,3
|
3,7
|
0,40
|
-4,9
|
-13,9
|
-9,0
|
2
|
3,5
|
4,3
|
0,80
|
-7,7
|
-15,4
|
-7,7
|
3
|
3,8
|
5,6
|
1,80
|
-12,8
|
-17,3
|
-4,5
|
4
|
2,5
|
6,4
|
3,90
|
-14,4
|
-14,1
|
0,3
|
5
|
2,6
|
6,3
|
3,70
|
-16,7
|
-12,4
|
4,3
|
Source : les
résultats de nos simulations
Il faut noter que l'Etat n'augmente pas ses dépenses de
consommation ou de fonctionnement dans ce scénario. Mais l'accroissement
de la demande de biens importés suite à la hausse des revenus
disponibles des ménages, combiné à la demande d'expertise
et de matériels étrangers par l'Etat pour la réalisation
des investissements publics, exerce un effet négatif encore plus fort
sur le solde des transactions courantes avec le reste du monde. C'est donc sans
surprise qu'on a un déficit de 13,9% du PIB dès la
première année, soit une chute de 9% par rapport au
scénario de base. Le déficit s'accentue ensuite les deux
périodes suivantes, au point d'atteindre très rapidement 17,3% du
PIB, avant de commencer à baisser pour finir la cinquième
période à 12,4% du PIB, soit une amélioration de 4,3% par
rapport à la situation de référence.
Ce scénario tend aussi à faire grimper les prix
à la consommation dès la première période et
atteint 1,195 à la deuxième période, soit 0,126 de plus
qu'en situation de référence (tableau 12). Cette inflation encore
plus forte que pour les trois premiers scénarios trouve son explication
dans la double action de l'augmentation du revenu disponible des ménages
et de
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
2011 58 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
l'accroissement de la demande de l'Etat en biens et services
au niveau national pour la réalisation de ses investissements. Par
contre, la tendance s'inverse très rapidement dès la
troisième période avec une chute des prix à la
consommation finale des ménages, qui coïncide avec le début
de l'exploitation des investissements réalisés par le
gouvernement, et le grand bond du taux de croissance du PIB. Ce mouvement
à la baisse continue la quatrième année, et même si
on observe une reprise vers la hausse à la cinquième
période, le niveau de l'inflation demeure tout de même en dessous
de celui du scénario de référence.
Tableau 13 : Evolution de l'indice des prix
à la consommation et du bien-être des ménages (VE) dans le
scénario 4
Période
|
Indice des prix à la consommation
|
Variation du bien-être des populations (VE) par
rapport au scénario de référence (en %)
|
référence
|
Scénario 4
|
Ecart
|
1
|
1,004
|
1,019
|
0,015
|
1,40
|
2
|
1,069
|
1,195
|
0,126
|
1,20
|
3
|
1,109
|
0,998
|
-0,111
|
5,80
|
4
|
1,100
|
0,986
|
-0,114
|
13,90
|
5
|
1,093
|
1,054
|
-0,039
|
10,20
|
Source : les
résultats de nos simulations
La mesure du bien-être des ménages par la
Variation Equivalente de Hicks tient compte de deux choses essentiellement :
l'évolution des prix à la consommation des ménages d'une
part, et la variation du montant global du revenu des ménages d'autre
part. Or dans ce scénario, durant les deux premières
périodes, les deux phénomènes s'opposent. Le revenu
disponible des ménages est en hausse du fait de l'augmentation de la
masse salariale de l'Etat, et en même temps, on a une forte inflation. Il
en résulte comme on peut le constater dans le tableau 13 ci-dessus, une
légère augmentation du bien-être des ménages
(variation de 1,4% la première année et 1,2% la deuxième
année), ce qui veut dire que l'effet de l'augmentation du revenu
disponible l'emporte sur celui de la grimpée des prix. Bien
évidement, une fois que l'économie commence à
connaître des taux de croissance au-dessus de 5% à partir de la
troisième année et que les prix chutent, le bien-être des
ménages s'améliore aussi considérablement. C'est ainsi
qu'à la quatrième période, on a un pic de 13,9% de plus
qu'en situation de base, avant une légère chute la
cinquième année.
Ö Analyse du scénario 5
La complémentarité entre secteur public et
secteur privé est quelque chose que le Gouvernement camerounais semble
réellement vouloir mettre au centre de son action pour la relance de
l'économie. Ce scénario 5 qui suppose une baisse du taux
d'imposition sur le revenu des sociétés qui passerait de 38,5%
à 27% n'a absolument aucun effet sur le taux de croissance du PIB au
cours des deux premières périodes (Tableau 14) car le surplus de
revenu
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2011 59 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
qui en résulte est plutôt épargné
par les sociétés. Ceci fait penser que les dirigeants
d'entreprises craignent dans un premier temps que la baisse des impôts
soit prémonitoire d'une hausse de ceux-ci dans un futur assez proche, et
préfèrent ainsi épargner davantage pour s'en
prémunir (Equivalence ricardienne21). Mais, à la
troisième période, cette mesure commence à avoir quelques
résultats car le taux de croissance passe à 4,2%, soit une
variation de 0,4%. L'année suivante, le taux de croissance
économique entame une décroissance qui se poursuit à la
cinquième période, tout en se maintenant quand même
au-dessus des taux de la situation de référence.
Tableau 14 : Evolution du taux de croissance
du PIB et du solde des transactions courantes avec l'extérieur dans le
scénario 5
Période
|
Taux de croissance (%)
|
Solde des opérations courantes
avec l'extérieur (en % du PIB)
|
référence
|
Scénario 5
|
Ecart
|
référence
|
scénario 5
|
Ecart
|
1
|
3,3
|
3,3
|
0,00
|
-4,9
|
-4,9
|
0,00
|
2
|
3,5
|
3,5
|
0,00
|
-7,7
|
-7,7
|
0,00
|
3
|
3,8
|
4,2
|
0,40
|
-12,8
|
-2,6
|
10,13
|
4
|
2,5
|
3,1
|
0,60
|
-14,4
|
2,2
|
16,57
|
5
|
2,6
|
2,8
|
0,20
|
-16,7
|
-2,5
|
14,19
|
Source : les
résultats de nos simulations
Puisque ce scénario n'a aucun effet sur la croissance
économique au cours des deux premières périodes, il en est
de même pour ce qui est de son effet sur le solde des opérations
courantes avec l'étranger (Tableau 14). Ce n'est aussi qu'à la
troisième période qu'on assiste à une amélioration
de ce solde. Ceci étant le résultat d'une hausse des exportations
(principalement des produits P1 et P2) suite à un accroissement des
investissements privés qui relancent leur production, et d'une baisse
des importations du fait que les ménages ont à leur disposition
une plus grande gamme de choix de consommation en produits locaux. Ce solde en
pourcentage du PIB va même devenir excédentaire la
quatrième année (2,2%), avant de replonger l'année
suivante. Mais globalement, la situation vis-à-vis de l'extérieur
sur les cinq périodes reste meilleure dans ce scénario
comparativement à la situation de référence.
Concernant l'indice des prix à la consommation des
ménages, il suit à peu près la même évolution
que le taux de croissance du PIB et le solde des transactions courantes en
pourcentage du PIB avec l'extérieur. Il n'y a aucun changement les deux
premières périodes, mais une chute de l'inflation la
troisième avant de presque retrouver son trend l'année suivante.
Ce scénario influence donc assez faiblement le niveau d'inflation.
21 Voir cadre théorique de
l'étude, chapitre 1
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2011 60 SIKUBE TAKAMGNO Célestin
Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
Tableau 15 : Evolution de l'indice des prix
à la consommation et du bien-être des ménages (VE) dans le
scénario 5
Période
|
Indice des prix à la consommation
|
Variation du bien-être des populations (VE) par
rapport au scénario de référence (en %)
|
référence
|
Scénario 5
|
Ecart
|
1
|
1,004
|
1,004
|
0,000
|
0,00
|
2
|
1,069
|
1,069
|
0,000
|
-5,80
|
3
|
1,109
|
1,069
|
-0,040
|
8,20
|
4
|
1,100
|
1,095
|
-0,005
|
2,50
|
5
|
1,093
|
1,090
|
-0,003
|
1,80
|
Source : les
résultats de nos simulations
La volonté du Gouvernement camerounais de relancer
l'activité économique par une baisse du taux de taxation sur le
revenu des entreprises privées n'influencerait absolument pas le
bien-être des populations la première année après la
prise de cette décision. Elle aurait même tendance à
déprimer ce bien-être à la deuxième période
(Tableau 15), avant de l'améliorer considérablement la
période suivante (variation de 8,5%). Ce pic sera toutefois suivi d'une
baisse qui s'explique par une chute de l'activité qui tend en
général à retrouver son trend de croissance d'avant le
choc. Mais le niveau de bien-être reste toutefois supérieur
à celui du scénario sans choc jusqu'à la cinquième
période.
IV.3 Recommandations de politique économique
Au regard de l'analyse des différents scénarios
de relance de l'économie camerounaise qui vient d'être faite, il
ressort qu'effectivement, les dépenses publiques peuvent jouer un
rôle très important dans la reprise de l'économie.
L'objectif principal des dirigeants camerounais est la relance de la croissance
économique qui stagne depuis des années maintenant, mais tout en
gardant un contrôle sur d'autres éléments importants tels
le solde de la balance courante et l'inflation qui agit sur le bien-être
des populations.
Les scénarios 1 et 2 qui s'appuient tous les deux sur
une augmentation des dépenses publiques de fonctionnement ou de
consommation, n'ont qu'un effet assez faible sur la croissance
économique. En effet, ils ne permettent pas d'atteindre le cap de 5,5%
de taux de croissance, qui est l'objectif fixé par le gouvernement
camerounais dans le DSCE. Même si ces scénarios améliorent
assez considérablement le bien-être des populations, l'effet
s'estompe très rapidement et on se retrouve dans la situation de
départ.
Le scénario 5 qui recommande une baisse des
impôts sur le revenu des sociétés, n'agit lui aussi que
très peu sur la croissance du PIB, les dirigeants d'entreprises optant
plutôt pour la prudence, et donc n'augmente que peu leurs investissements
et au bout de la troisième période seulement.
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Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
Seuls les scénarios 3 et 4 permettent alors d'atteindre
les objectifs de croissance économique fixés par le Cameroun dans
le DSCE. En effet, Ces scénarios permettent d'aller jusqu'à des
taux supérieurs à 6%, mais ils s'accompagnent aussi d'effets
négatifs sur l'inflation et le solde de la balance courante. Les
propositions de politiques économiques que nous formulons concernent
donc ces deux scénarios.
) Proposition 1 : adopter le
scénario 4
Le scénario 4 conduit à une croissance
économique moyenne de 5,26% sur les cinq périodes, soit 0,42% de
plus que le scénario 3. De plus, avec ce scénario,
l'économie du pays termine la cinquième période avec une
croissance encore supérieure à 6%. Il constitue ainsi la mesure
de relance économique qui génère le plus de croissance.
Mais c'est aussi la mesure qui dégrade le plus le solde des
opérations courantes avec l'extérieur et génère
aussi de l'inflation. Le gouvernement camerounais devrait donc continuer sa
politique d'investissement dans les grands projets financée par emprunt
auprès des partenaires étrangers. En même temps, le
recrutement des 25000 jeunes entrepris depuis le début de l'année
est aussi salutaire, mais c'est au niveau du financement du surplus de la masse
salariale engendré par ce recrutement que l'Etat devrait faire
attention.
Il serait judicieux de diminuer les autres dépenses de
fonctionnement de l'Etat pour financer les salaires de ces nouveaux agents.
Ceci peut se faire par exemple par une diminution du parc automobile, ou encore
de quelques avantages perçus par certaines classes de fonctionnaires. Le
gouvernement camerounais devrait penser dans le même temps à y
associer des mesures d'accompagnements pour atténuer les effets
négatifs que pourrait avoir cette politique sur le solde de la balance
courante et sur l'inflation. Celles-ci pourraient être par exemple une
augmentation des droits de douane sur les produits les plus importés que
sont le groupe de produits P1 et P3, ou mieux encore et dans la mesure du
possible, prendre des mesures supplémentaires visant à encourager
leur production au niveau local. Enfin, l'Etat devrait veiller aussi à
ce que cette politique ne fasse pas grimper les prix de certains produits de
première nécessité, pour ne pas dégrader le niveau
de bien-être des populations.
Proposition 2 : adopter le
scénario 3
Le scénario 3 est une alternative que le gouvernement
camerounais pourrait adopter s'il est prêt à céder quelques
points de taux de croissance pour diminuer le déficit de la balance
courante et éviter une réallocation de ses dépenses de
fonctionnement. En effet, l'augmentation des investissements publics
financée par l'emprunt extérieur engendre une
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Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
croissance moyenne d'environ 4,8% sur les cinq ans, et a
l'avantage de moins creuser le déficit de la balance courante que le
scénario 5. Par contre, son effet sur la croissance économique ne
commence réellement à se faire ressentir qu'après deux
périodes et les prix tendent à grimper durant ces deux
premières années. Le bien-être des ménages se
dégrade alors pendant ce temps. Les dirigeants camerounais devraient
alors prendre d'autres mesures d'accompagnement pour tenir compte de ces faits.
Ces mesures pourraient alors être par exemple l'intensification des
politiques de subvention sur les produits de première
nécessité dont les prix ont une forte tendance à la hausse
et de contrôle et de limitation des prix sur le marché que le
gouvernement camerounais a déjà engagé depuis 2008, ou
encore l'adoption d'un système de filets de sécurité
sociale pour atteindre les couches les plus vulnérables de la
population, etc.
Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT
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Mesures alternatives de relance économique par les
dépenses publiques au Cameroun
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