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INTRODUCTION GENERALE
La politique économique s'est sensiblement modifiée
avec la pensée Keynésienne. Désormais, l'Etat peut
intervenir sur les marchés afin d'en modifier les équilibres. Il
possède pour ce faire plusieurs instruments dont la politique
monétaire, qui est l'ensemble d'arbitrages effectués par les
autorités monétaires en vue de contrôler la croissance et
la quantité monétaire en circulation, la politique
monétaire agit sur le coût ou sur le montant de la monnaie, dans
le but de réguler l'évolution globale de l'économie, son
efficacité suppose la capacité qu'elle possède d'atteindre
les objectifs finals lui assignés(Greffe, 1987, P. 9).
Néanmoins des débats anciens entre
Monétaristes et Keynésiens sur l'efficacité de la
politique monétaire renaissent sous une forme nouvelle entre nouveaux
classiques et nouveaux Keynésiens, ce qui donne une importance aux
études sur l'efficacité de la politique monétaire.
En effet, la divergence majeure entre Monétaristes et
Keynésiens concernant la neutralité (non neutralité)
vis-à-vis des variables réelles, fait l'objet du débat
entre les deux courants. Pour les Monétaristes, la neutralité de
la monnaie sur les variables réelles implique que la politique
monétaire doit être affectée à la stabilité
de prix. Par contre, le Keynésianisme tout en admettant la non
neutralité de la monnaie privilégie le niveau de production.
Entre nouvelle école classique et nouveaux keynésiens, ce
débat se prolonge par la critique des nouveaux classiques. Ceux-ci, en
invoquant le rôle des anticipations rationnelles, radicalisent le message
d'inefficacité de toute politique économique en
générale et en particulier de la politique monétaire sur
les variables réelles. Les anticipations rationnelles supposent que les
agents économiques ne sont pas passifs. Ils anticipent des
décisions et des actions des autorités de sorte que l'application
des politiques macroéconomiques aboutit aux faits contraires de ceux
attendus (Greffe, 1987, P 241).
S'opposant à cette pensée, les nouveaux
Keynésiens montrent qu'en dépit d'anticipation, la politique
monétaire conserve toute son efficacité sur les variables
réelles. Cette efficacité est due par la rigidité des prix
et de salaires nominaux à la baisse. Grâce à cette
rigidité, la relance monétaire est suivie par
l'amélioration du
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volume d'encaissement réelles et par conséquent, le
revenu aussi s'accroit (Cabannes, 1994, pp 49-51).
Dès lors, il y a clivage entre efficacité de la
politique monétaire. Le débat théorique se déplace
alors sur un terrain empirique afin de vérifier si les actions des
autorités monétaires sont capables d'atteindre les objectifs
finals leurs assignés.
La théorie macroéconomique élaborée
dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale a
sous-estimé le rôle des facteurs monétaires dans la vie
économique. Paradoxalement, cette théorie qui se voulait
keynésienne oubliait ainsi l'un des enseignements fondamentaux de
KEYNES, hérité de WICKSELL, qui intégrait la monnaie dans
l'analyse des phénomènes réels (économiques). Or,
dans le même temps, l'inflation imposait au pouvoir public des politiques
qui étaient mal mesurées dans l'ensemble de ses interventions
visant l'octroie de crédit à l'économie, le bien
être social et la croissance économique sont apparus comme des
freins au développement économique. Ainsi, actuellement l'analyse
de la théorie et la politique économique s'accordent mieux pour
considérer la reforme monétaire comme un élément
décisif de la relance de l'activité économique nationale
et internationale (Encyclopie Universalis, 2010).
En effet, le développement réel et quantifié
d'un pays est le fait de plusieurs interactions d'agents et des secteurs
économiques. Les pays dits en voie de développement en
général et ceux de l'Afrique en particulier éprouvent de
nombreuses difficultés dans l'évaluation de l'effort national au
sens du développement économique.
De ce qui précède, une meilleure allocation des
ressources financières à l'économie nationale permet de
quantifier tant soit peu la production de chaque secteur économique.
Toutefois, la valeur monétaire d'un pays mérite une prise
d'attention particulière de part et d'autre dans l'économie
moderne.
En Afrique, nous assistons à des mutations du
système monétaire et bancaire dû à la
négligence des Etats dans leurs responsabilités inhérentes
à leur souveraineté monétaire (Jacquerot et Raffinot,
1993, p18).
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Cependant, « l'économie de la République
démocratique du Congo est le prototype d'une petite économie
ouverte en proie, à des fréquents déséquilibres
internes et externes. » (F. Kubuya kalala, 1998, p21).
Ces diverses situations caractérisaient l'économie
congolaise avant chaque reforme monétaire opérée (celle de
1983, 1993 et en fin celle de 1998) en RDC, la baisse drastique de la
production, le développement de l'économie informelle ; les
déficits chroniques du budget de l'Etat, financés essentiellement
par l'émission incontrôlée de la monnaie, lesquelles ont
occasionné l'hyperinflation dans les années avant 1998 et
aggravés la précarité des conditions de vie de la
population ; la désarticulation du système des finances et la
faillite de plusieurs établissements de crédit, et surtout le non
contrôle des crédits accordés à l'économie
nationale ; l'éclatement de l'espace monétaire nationale et en
fin la multiplicité des taux de change.
Face à cette ampleur des déséquilibres et
à la profondeur de la crise, le gouvernement par le biais de la BCC
décidait d'opérer des reformes monétaires comprises comme
un ensemble de mesures successives et coordonnées visant à
assainir l'environnement économique et financier du pays. Par la suite,
cette politique des reformes monétaires opérée poursuivait
dans chacune d'elles l'un ou l'autre objectifs à savoir :
«l'adhésion aux régimes de change flottant ; la
libéralisation de la réglementation des échanges ; la
restauration et la redynamisation du système de paiement comme le
souhaite la banque centrale qui est certes une condition sine qua none pour la
reprise de la croissance qui doit être accompagnée d'action
concrète du gouvernement dans les domaines d'action économique,
fiscale, administrative et politique afin de consolider la stabilité
macroéconomique et rassurer les investissements ; la liquidation des
arriérés dues aux fonctionnaires de l'Etat par l'augmentation des
rémunérations au sein de la fonction publique, l'apurement de la
dette intérieure, l'utilisation de la monnaie scripturale dans les
transactions commerciales et autres, ainsi que la relance du crédit
à l'économie ; le déploiement des efforts
considérables par le gouvernement dans le domaine fiscal afin d'une part
d'augmenter les ressources budgétaires, et d'autre part, de
préserver la stabilité macroéconomique, et en fin que ces
reformes monétaires opérées en 1983, 1993 et 1998
créent les conditions d'une amélioration de la qualité de
vie des populations
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(bien être social) grâce notamment aux impulsions qui
induiront l'augmentation de paiement, la restructuration des banques et la
relance de la production »( F. Kubuya kalala,1998, p 23-24).
De ce qui précède, la question qui nous interpelle
pour cette étude est la suivante :
? La politique des reformes monétaires (par la variation
des taux de l'encaisse monétaire de la BCC) a-t-elle des effets sur la
croissance économique ?
Partant de cette problématique, notre hypothèse qui
est une réponse provisoire, nous disons que la politique
monétaire stimulerait partiellement la croissance économique en
RDC à long terme mais ceci ne se justifie pas à court terme ;
ceci s'explique par le fait qu'en RDC, il est dévolu à la
politique monétaire l'objectif final d'assurer la stabilité des
prix. En effet, les statuts de la BCC stipulent à l'article deux que la
banque a pour objet essentiel de maintenir la stabilité monétaire
par la politique de crédit et de change favorable au
développement équilibré de l'économie, sans nuire
à la politique économique générale du gouvernement
central. Mais la RDC doit faire face aux multiples défis dont cette
politique, n'a pas réussie à les relever totalement par le biais
de notre étude, entre autre :
? L'absence du marché financier et l'effondrement du
système bancaire ? Le niveau de la production qui se replie à
celui des années soixante-dix ? Le financement monétaire des
déficits budgétaires
? La perte continue de la valeur de la monnaie nationale. Etc.
C'est dans ce cadre que les autorités appliquent des
politiques qui influent sur la masse monétaire. Il nécessite
alors une évaluation des actions des autorités monétaires
afin de connaitre leur incidence sur l'économie, il est donc question de
savoir si la politique monétaire via l'encaisse monétaire a des
effets en RDC.
Pour être anti-inflationniste, la politique
monétaire devrait être mise en oeuvre de façon à
réduire efficacement les dépenses. Il importe alors qu'une
politique monétaire soit entreprise. En effet, la contraction
monétaire augmentant le taux d'intérêt, freine les
investissements ce qui diminue la demande agrégée. C'est cette
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baisse de la demande globale qui constitue le moteur de la
variation négative des prix. Notre hypothèse ne peut être
confirmée que grâce à une étude empirique.
Notre étude se propose de montrer que la politique
monétaire mise en oeuvre en RDC depuis 1983 jusqu'en 2007 à pour
objet de remédier aux différents maux détériorant
la situation macroéconomique du pays, principalement l'inflation n'a pas
été efficace. Ses effets serait liée d'une part, au fait
que l'instabilité des prix qui n'est pas entièrement d'origine
monétaire et d'autre part, aux problèmes spécifiques de
conduite de cette politique dans le contexte précis de la RDC.
Ainsi, pour parvenir à la vérification de notre
hypothèse, notre étude fera appel à la méthode
quantitative axée sur les méthodes économétriques
et statistiques qui nous permettrons le traitement des données
empiriques par le logiciel économétrique EVIEWS 3.1 appuyé
par la technique documentaire pour nous permettre de consulter les
différents rapports de la BCC, le rapport de la BM et différentes
documentations ayant trait à notre étude.
Notre étude revêt un intérêt tant sur
le plan théorique que sur le plan pratique, il permet de vérifier
d'abord, un certain nombre des théories économiques à
travers certains faits économique, en suite, sur le plan pratique, il
permet d'analyser les effets de cette politique après les reformes
monétaires opérées en 1983, 1993 et 1998 sur la croissance
économique afin de soumettre aux grands décideurs politiques les
bonnes orientations sur la politique monétaire en RDC.
A cet effet, le travail se subdivise en trois chapitres qui sont
:
? Cadre théorique et conceptuel,
? Reformes monétaires opérées en RDC et
approche méthodologique et ? La présentation et
interprétation des résultats
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