Section II : Interprétation des résultats
et suggestions
Il s'agira ici d'interpréter les résultats du
modèle et faire des propositions.
Paragraphe I : Interprétation des
résultats
Soit la matrice des élasticités de court et de
long terme par rapport au PIB réel suivante :
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Tableau 13 : Matrice des
élasticités
Variables (en log)
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Élasticités de court terme
|
Élasticités de long terme
|
Capital physique
|
0,09
|
0,14*
|
Capital humain
|
-0,22
|
-0,88***
|
Ouverture commerciale
|
0,03
|
0,42***
|
Investissement étranger
|
-
|
-0,005
|
Population active
|
-
|
1,42***
|
Source : l'auteur à partir des résultats de
l'estimation
***, **,
* représentent la significativité aux seuils
respectifs de 1%, 5% et 10%.
Le tableau montre que le capital physique, l'ouverture
commerciale et la population active contribuent positivement à la
croissance économique. Seuls l'investissement étranger et le
capital humain agissent négativement sur le PIB réel. On note par
ailleurs que les coefficients sont plus significatifs et plus importants
à long terme qu'à court terme. C'est le cas notamment pour les
variables, capital humain, ouverture commerciale et population active.
De façon spécifique, une hausse du capital
physique de 1% entraine une hausse du PIB réel de 0,09% à court
terme et de 0,14% à long terme. Cela corrobore la thèse du
fondamentalisme du capital prônée par les théoriciens de la
croissance exogène. Son signe est donc celui attendu.
Une hausse du capital humain de 1% entraine une baisse du PIB
réel de 0,22% à court terme et de 0,88% à long terme.
Selon la théorie économique, l'investissement en capital humain
améliore le niveau de productivité de la société.
Toute chose qui est censée agir positivement sur la croissance. Son
signe n'est donc pas celui attendu. Toutefois, ce même résultat
négatif a été trouvé par Berthélemy et al.
(1997), et Abessolo (2005) dans leurs études sur les PED. Dessus (2000)
justifie cela par la mauvaise qualité du système éducatif
dans les PED : la scolarisation massive de la population s'est faite au
détriment de la qualité de l'éducation. Au Burkina Faso,
du fait de l'inadéquation du capital humain disponible avec la demande
sur le marché du travail, se développe le phénomène
du chômage des
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diplômés. Ces derniers deviennent des charges
supplémentaires, tirant ainsi vers le bas, le revenu moyen par
ménage.
Une hausse du degré d'ouverture commerciale de 1%
entraine une croissance du PIB réel de 0,03% à court terme et de
0,42% à long terme. Ces effets positifs et significatifs notamment
à long terme, montrent le rôle combien important de l'ouverture
commerciale dans le processus de croissance. L'hypothèse 2 de notre
étude, selon laquelle l'ouverture commerciale influence positivement la
croissance économique, est donc confirmée.
Une hausse du taux d'investissement direct étranger de
1% entraine une baisse de la croissance de 0,005% à long terme.
L'investissement direct étranger influence donc faiblement et
négativement la croissance économique. La faible influence peut
être expliquée par la faiblesse du taux d'IDE, la moyenne des taux
sur la période étant de 0,62%. Quant au sens de l'influence, il
est en partie imputable au faible niveau du capital humain. En effet des
études empiriques menées par Blomstrom et al. (1992) montrent que
l'impact des IDE sur la croissance peut se révéler négatif
dans les pays dotés d'un faible niveau de capital humain. Pour
Borensztein, De Gregorio et Lee (1998), l'IDE n'a d'impact positif, que si le
niveau de scolarisation de la population dépasse un seuil donné.
La moyenne des taux bruts de scolarisation au secondaire du Burkina Faso se
situe au niveau de 14,69% sur la période d'étude. Cette situation
pourrait donc expliquer la contribution négative de l'IDE sur la
croissance.
Enfin, une augmentation de la population active de 1% entraine
à long terme une hausse du PIB réel de 1,42%. C'est la variable
du modèle qui influence le plus la croissance économique. Les
résultats sont conformes à la théorie économique
puisque pour les théoriciens de la croissance exogène, la
quantité de travail est considérée comme facteur de
production.
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