CHAPITRE II : Étude empirique
Dans ce chapitre, il sera question de procéder à
une vérification empirique de l'hypothèse 2 de notre
étude. Pour ce faire nous allons d'abord présenter les
méthodes et techniques d'analyse. Ensuite il s'agira
d'interpréter les résultats et faire des propositions.
Section I : Aspects méthodologiques et cadre
opératoire
La définition du modèle
économétrique et ses variables d'une part et la méthode de
collecte des données et son traitement d'autre part, seront
abordés ici.
Paragraphe I : Modèle et variables
Pour analyser les effets de l'ouverture commerciale sur la
croissance économique, l'étude adopte une méthodologie qui
repose sur un modèle de séries temporelles. Le cadre
théorique qui sert de référence est la théorie de
la croissance endogène car depuis les années 80, les
économistes ont souligné le rôle non négligeable du
capital humain dans l'explication de la croissance. Un certain nombre de
travaux théoriques portant sur le sujet, proposent des modèles
d'apprentissage par la pratique. Ils trouvent en général un effet
négatif de l'ouverture sur la croissance. En revanche, des travaux dans
les pays développés, fondés sur un modèle
d'innovation à la Romer (1990), trouvent un résultat positif des
effets de l'ouverture sur la croissance. Fort de ce constat, nous utiliserons
la fonction de production agrégée à capital humain de
Romer (1997) dans lequel est introduit un vecteur de variables de politique
économique pour prendre en compte les effets de la politique commerciale
. Le modèle économique de départ est donc une fonction de
production générale de la forme suivante :
Y=KáHâV?(AL)1-(á+â+?)
avec á>0, â>0, et á+â<1.
Y : PIB réel,
K : Capital physique, H : Capital humain,
V : Vecteur de variables de politique économique ayant
un impact sur la production à travers la PGF,
AL : Quantité de travail effectif dont : A :
Progrès technique et L : Facteur travail

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Par composition du modèle initial avec la fonction
logarithme26, on obtient la fonction log-linéaire suivante :
Log Y = áLogK+3LogH+rLogV+ [1-(á+3+r)]LogAL
Conformément à certaines études
empiriques27, le vecteur de variables de politique économique
ayant un impact sur la production à travers la PGF, peut être
appréhendé par le taux d'ouverture commerciale (Ouv) et les
Investissements Directs Étrangers (IDE) ; d'où V= f (Ouv,
IDE)28.
Par ajustement et après simplification de la fonction
log-linéaire, on aboutit au modèle économétrique
suivant :
Log(PIBt)= á0+á1Log(kt) + á2Log(ht) +
á3Log(Ouvt) + á4Log(Idet) + á5Log(Popt) + et
avec :
PIBt : Produit réel à la période t;
Kt : Capital physique;
ht : Capital humain;
Ouvt : Ouverture commerciale;
Idet : Flux net des investissements directs étrangers dans
le PIB ;
Popt : Population active;
Ct : Terme aléatoire.
Ainsi, les variables du modèle peuvent être
décrites comme suit :
> La variable endogène ou expliquée Il s'agit
ici du logarithme du PIB réel.
> Les variables exogènes ou explicatives
Le capital physique
Le capital physique29 est l'ensemble du capital que
possèdent les entreprises d'un pays et qui leur sert à produire
des biens ou des services. Il est constitué de biens immobiliers, et de
matériels de production (biens durables, etc.). Concernant sa
26 L'introduction du logarithme (ici le logarithme
népérien) permet non seulement de linéariser
l'équation afin de pouvoir estimer les coefficients du modèle par
les MCO mais aussi de faciliter l'interprétation (en terme
d'élasticité)
27 Doucouré (2004) ; Coulibaly (2007) ; Soulama
(2010)
28 f(Ouv,IDE) peut être
spécifié sous la forme Ouva1IDEa2 pour
tenir compte de l'interaction entre les IDE et le commerce extérieur
(confère Mansouri, 2009)
29 Appelé aussi capital productif ou capital
technique

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mesure, une difficulté persiste à savoir
qu'aucune série temporelle sur le stock de capital physique n'est
directement disponible. Le capital physique est approximé ici par la
valeur de la formation brute du capital fixe. La formation brute du capital
fixe comme proxy du stock de capital physique a été
utilisée dans plusieurs études30.
Le capital humain
Le capital humain est défini dans la théorie
économique comme étant l'investissement réalisé en
l'Homme en vue d'accroitre les capacités d'amélioration de son
revenu. A ce titre, il renferme non seulement l'éducation, mais aussi la
santé. Nous allons prendre en compte uniquement l'aspect
éducation. De prime abord, il est logique de penser que plus le niveau
d'éducation de la population est élevé, plus grande est la
croissance économique. L'augmentation de la part de la population active
ayant au moins un niveau de scolarisation secondaire est supposée
influer positivement sur la croissance économique (Lucas, 1988 ; Romer,
1990). Barro (1997) soutient par ailleurs que l'investissement en capital
humain, surtout la scolarisation secondaire et supérieure, est d'un
effet franchement positif sur la croissance économique. La
littérature économique propose diverses méthodes pour
mesurer le capital humain. L'indicateur le plus approprié de
l'investissement en capital humain est sans doute la part du PIB allouée
à la formation de ce capital. Dans la pratique on utilise comme proxy du
capital humain, les taux de scolarisation dans l'enseignement primaire,
secondaire ou supérieur. On peut aussi utiliser le nombre moyen
d'années de scolarisation de la population de vingt cinq (25) ans et
plus. Dans le cadre de cette étude, la variable capital humain sera
captée à travers les taux de scolarisation au secondaire car un
certain niveau de connaissance est requis pour absorber la technologie
étrangère incluse dans les biens importés.
Le degré d'ouverture commerciale
Le degré d'ouverture commerciale peut être
perçu par plusieurs indicateurs comme vu dans le chapitre I de la
première partie. Cette étude retient la moitié du volume
des échanges dans le PIB.
L'investissement direct étranger
L'ouverture d'une économie se caractérise aussi
par sa capacité à attirer les firmes multinationales en leur
accordant certains avantages fiscaux et administratifs. Ces firmes sont des
canaux de transmission des nouvelles technologies de production.
30 Voir Barro, 1999 ; Balasubramanyam et al. 1996 ;
Kahpaiboon, 2004
Pour tenir compte de l'investissement direct étranger,
il semble nécessaire de représenter cette variable par le taux
d'investissement direct étranger dans le PIB.
La population active
La quantité de travail fournie dans une économie
est proportionnelle à sa population active. Cette dernière est
supposée influer positivement sur la production, avec un effet de seuil
selon la théorie microéconomique des rendements marginaux
décroissants.
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