B- L'apport du stagiaire à la structure
d'accueil
L'hôpital peut être défini comme tout
établissement doté de personnels médical et non
médical, d'équipements permanents qui permettent d'offrir toute
une gamme de services aux populations notamment dans la prise en charge de
leurs douleurs. Il jouit d'une autonomie administrative.
1) Problèmes identifiés
L'hôpital est une structure complexe en raison de la
présence en son sein d'une multitude de groupes professionnels
(médecins, infirmiers, aides-soignants, paramédicaux,
collaborateurs administratifs, personnel technique et ouvriers...) et de
statuts (fonctionnaires nommés statutairement, salariés
contractuels, indépendants, intérimaires). Il fait
quotidiennement face à un environnement technologique, financier,
économique et concurrentiel très mouvant. C'est à ce titre
que l'on considère l'hôpital non seulement comme le milieu par
excellence de la turbulence mais aussi comme une entreprise particulière
de par ses objectifs, ses missions et son but non lucratif.
En effet le CHUD-B/A, bien que jouissant d'une semi-autonomie
financière comme sus indiqué ne vise pas le profit même si
certaines de ses activités telles que la vente de produits
pharmaceutiques ou la conservation de corps à la morgue sont
susceptibles de lui générer des marges
bénéficiaires. L'objectif principal du CHUD-B/A est
l'équilibre des comptes par les ressources
générées à l'interne. Toutefois l'atteinte
de cet objectif est contrecarrée par certains problèmes.
~ 14 ~
? Le premier problème que nous avons identifié
lors de notre stage au CHUD-B/A est celui qui de façon globale se
rattache à la gestion des ressources humaines et particulièrement
à la motivation du personnel.
Selon le dictionnaire LAROUSSE de 1995, la
motivation est `'le facteur psychologique conscient ou inconscient qui
incite l'individu à agir de telle ou telle façon».
Quant à H. SARASSORO, la motivation est une «
propension pour un individu à orienter son action vers certains
objectifs et à engager une partie de son énergie et de ses
ressources à la réalisation de ces objectifs ». Elle
est donc une tension plus ou moins forte qui pousse un individu à
chercher à satisfaire ses besoins, à atteindre un objectif. Vue
comme une source d'épanouissement appréciable dans le
développement, la motivation se présente comme un
élément intrinsèque à toute évolution.
On distingue trois (03) ordres de motivations à savoir
: la motivation d'ordre moral qui désigne l'esprit civique, le sens de
l'État, du service public, la conscience professionnelle
qu'éprouvent certains agents et qui font d'eux des fonctionnaires
consciencieux et exemplaires ; la motivation d'ordre intellectuel qui se
rattache à l'intérèt que représente pour les agents
publics les missions, les tâches et les responsabilités qui leur
incombent et enfin la motivation d'ordre matériel qui est
constituée d'intérèts financiers, sociaux et
matériels rattachés à l'emploi. Dans une structure
hospitalière, la motivation conduit à des prestations de
qualité et ainsi conduirait à la santé pour tous sur une
base d'éthique.
En espèce, le personnel du CHUD-B/A manque de
motivation à cause de la non harmonisation des
rémunérations avec l'environnement social. Il est important de
savoir que la motivation est un vecteur d'ordre administratif. Son
défaut se fait ressentir automatiquement. La politique actuelle de
motivation n'est pas efficace et les quelques rares éléments de
motivation qui existent sont ventilés de façon incohérente
et subjective.
~ 15 ~
Au CHUD-B/A l'absence de motivation se manifeste par des
frustrations qui provoquent la lassitude, le découragement et le
désarroi. Dans ce rapport, nous ne pouvons parler en détails des
comportements des agents dûs à l'absence de motivation ou encore
des mécontentements exprimés par quelques usagers du CHUD-B/A
néanmoins ; il faut préciser que la conséquence plausible
de ce problème est la paralysie du centre résultant du retard
économique dû à la baisse du niveau des activités
génératrices de marges bénéficiaires. Outre cette
dimension qui concerne le problème de gestion des ressources humaines
nous avons constaté qu'une marge du personnel aussi bien soignant
qu'administratif s'implique moins ou pas du tout dans l'amélioration de
la qualité des soins. Une enquête nous revèle que les
personnes inactives sont généralement les travailleurs
originaires du milieu. Lorsque par exemple un travail est confié
à un agent du milieu, il n'est pas rendu dans les meilleurs
délais. Cela s'explique par les occupations familiales de cette
dernière (organisation de mariage, de cérémonies de
décès, baptême, etc.).
? Le deuxième problème identifié est la
déficience de la situation économico-financière du centre.
Le CHUD-B/A fait face à un problème économique et
financier très critique : on assiste à un accroissement des
dépenses contre une baisse continue du niveau de recettes. Avant
d'entrer dans les détails du problème identifié un retour
sur les données de la situation économique et financière
du centre des quatre (04) dernières années s'avère
indispensable.
TABLEAU n°1 :
Récapitulatif de quelques données en F CFA de 2010 à
2013.
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Années
Éléments
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
Recettes
|
1.299.796.911
|
1.269.392.004
|
1.500.213.627
|
1.652.838.918
|
Dépenses
|
1.290.188.142
|
1.279.021.627
|
1.506.381.289
|
1.657.651.130
|
Résultats Nets
|
9.608.765
|
-9.629.623
|
-6.167.662
|
-4.812.212
|
Charges de Personnel
|
623.807.765
|
631.718.019
|
696.331.458
|
791.788.192
|
Chiffre d'Affaire
|
529.468.488
|
576.508.874
|
831.445.439
|
870.918.564
|
Commentaires
Le tableau ci-contre indique l'évolution des
dépenses, des recettes, du chiffre d'affaire, du résultat net et
des charges de personnel des quatre dernières années. On remarque
que seulement en 2010 le résultat net fut excédentaire. Cet
excédent du résultat pourrait s'expliquer par la faiblesse des
charges liées au personnel. En effet bien qu'en 2013 on ait
enregistré le plus grand chiffre d'affaire par rapport aux exercices
précédents, le résultat demeure négatif.
Parallèlement, c'est dans l'exercice de 2013 que les charges de
personnel sont plus élevées. Ainsi, le niveau des dépenses
est influencé par le coût que supporte le centre sur son
personnel.
Il ressort de cette analyse que le problème financier
que traverse le centre trouve en partie sa source dans l'augmentation de la
masse salariale à travers les charges de personnel.
Par ailleurs, l'aggravation du déséquilibre
entre dépenses et recettes du centre est aussi due au non-respect des
engagements de l'État par rapport aux multiples gratuités
décrétées. L'hôpital engage par exemple
d'énormes dépenses dans la prise en charge des dialysés,
dépenses qui ne trouvent pas leurs contreparties dans l'accomplissement
des promesses de l'État. Il en est
~ 17 ~
de même dans la césarienne, la prise en charge
des indigents ou encore du paludisme.
Mais puisqu'on ne peut s'empêcher de recruter afin de
combler le déficit de personnel, il importe de penser autrement quant
aux causes de la faiblesse des recettes par rapport au niveau
élevé de dépenses. Dans cette optique, nous nous sommes
rapprochés des usagers du centre et avons recueilli les
différentes impressions. Il ressort de nos investigations que la source
génératrice de marge bénéficiaire (la vente des
médicaments et produits pharmaceutiques) est mal organisée. En
effet, les ruptures de stocks dues au retard de lancement des commandes et
à la bureaucratisation de la procédure de commande (avis
obligatoire du Directeur et du C/SAAE, centralisation de la commande sans tenir
compte des urgences différentielles des besoins d'une formation
sanitaire à une autre) sont très fréquentes. C'est ainsi
qu'un malade venant du village peut-être tenu d'aller en pleine ville au
niveau des officines de pharmacie pour se procurer un médicament ou un
consommable médical dans le cadre de ses soins. Ce dernier supporte des
coûts supplémentaires très élevés même
pour une petite pathologie à cause des frais de transports, et la non
maîtrise du milieu urbain. On note aussi un détournement des
médicaments au niveau du personnel soignant (aides-soignants, infirmiers
et sages-femmes en occurrence). Par exemple, la prescription
systématique d'ocytociques (destinés à
accélérer les contractions) par les sages-femmes, pour
accélérer le travail des parturientes, bien au-delà des
indications normales, se fait aussi dans cette logique « commerciale
» : ce sont en effet elles-mêmes qui prescrivent, puis vendent ce
produit (avec bénéfice, et parfois en utilisant le « reste
» d'une autre parturiente), puis le placent en perfusion `'information
recueillie auprès d'une patiente anonyme lors de nos
enquêtes». On frôle alors l'escroquerie, qui sera
clairement atteinte dans d'autres cas.
Aussi, remarque-t-on que souvent, les malades ayant subi des
opérations chirurgicales reçoivent des rendez-vous dans les
cliniques privées
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des médecins pour l'enlèvement des points de
suture. Entre-temps, les infirmiers négocient avec les malades les
pansements à domicile contre paiement. Cette pratique du
détournement des malades (rançonnement des clients) conduit
systématiquement à la baisse des recettes dans le centre et donne
une mauvaise image au centre car le personnel agissant ainsi est toujours tenu
de faire la contre-publicité du centre par des critiques très
négatives de la qualité de la PEC. Le problème
économique et financier identifié se justifie aussi d'une part
par la multiplication anarchique des cliniques privées qui ne respecte
plus la distance de séparation par rapport aux formations sanitaires de
références. Ainsi le service public hospitalier se voit en
concurrence déloyale avec les structures sanitaires privées qui
parfois disposent de même plateau technique que les FSA. D'autre part le
centre n'arrive jamais à utiliser la totalité des crédits
délégués alloués à eux par le
Gouvernement.
? Le troisième problème que nous avons
identifié est celui de la défaillance du système d'accueil
des malades, défaillance qui conduit parfois à des complications
caractérisées par le prolongement de la durée moyenne de
séjour des malades car dit-on le bon accueil guérit le malade
de moitié.
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