F/ Adaptation au changement climatique
En faisant l'hypothèse que les changements climatiques
vont apporter avec eux des modifications majeures dans l'équilibre
climatique qui d'une manière ou d'une autre vont affecter les revenus
agricoles, il est tout à fait logique de penser que l'agriculteur se
dotera d'outils et de stratégies d'adaptation qui vont lui permettre de
réduire le risque d'impact négatif du climat. Smit, Mc Nabb et
Smither (1996) cité par da Silva L. en sondant un groupe
représentatif d'agriculteurs en Ontario sur une période de six
ans s'aperçoivent que la plupart des agriculteurs sont conscients de
l'influence du climat sur leur activité mais que peu d'entre eux
entreprennent des stratégies d'adaptation en réponse au
climat.
André et Bryant, 2001 ; Skinner et al, 2001
(cité par da Silva L.) en utilisant des sondages ou des groupes de
discussion en sont venu à la conclusion que la réaction des
agriculteurs face au stress imposé par le climat sur les
activités agricoles ne fait partie que d'un plus grand processus de
décision découlant d'une stratégie globale de gestion de
risque. Ainsi rationnellement l'agriculteur qui tente de maximiser ses profits
d'exploitation face à un changement du climat évalue la gamme
complète des stratégies d'adaptation qui s'offrent à lui
et choisit la ou les options qui maximisent son bien être. Par exemple il
lui est possible de modifier l'utilisation de fertilisants et de pesticides, de
diversifier ses cultures et son entreprise, de modifier la gestion de sa terre
et de l'eau, de devancer les moments de plantation, d'adopter de nouvelle
technologie, d'introduire l'irrigation dans ses champs ou carrément de
changer de culture. Ces résultats entrent en ligne avec d'autres qui
révèlent que :
Au Bangladesh, les agricultrices construisent des jardins
flottants : des radeaux de jacinthe sur lesquels il est possible de
cultiver des légumes dans les régions inondables.
Au Sri Lanka, les fermiers expérimentent avec des
variétés de riz capable de résister à l'intrusion
saline et à la réduction de la quantité d'eau.
Dans l'optique de minimiser l'impact des changements
climatiques, plusieurs tentatives ont été mise en oeuvre afin de
réduire l'émission des gaz à effet de serre et
développer les activités et pratiques visant à
réduire notre vulnérabilité aux impacts possibles. La
convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et
le protocole de Kyoto exigent que les parties tiennent également compte
de l'adaptation aux changements climatiques. Le protocole de Kyoto par exemple
stipule que les parties doivent « faciliter une adaptation
appropriée à ces changements ». Selon PNUD 2007, les
populations des pays les plus pauvres devront faire face aux
conséquences d'un climat en évolution. Même si les
gouvernements du nord ont les moyens financiers, technologiques et humains de
répondre aux risques auxquels sont confrontés leurs citoyens, les
options des pays en voie de développement sont beaucoup plus
restreintes. Dans les pays les plus pauvres, l'adaptation est largement une
question d'effort, d'autonomie et d'initiative personnelle. Des millions de
personnes disposant à peine de ressources suffisantes pour alimenter,
vêtir et abriter leurs familles sont contraintes d'affecter des fonds et
leur travail à des mesures d'adaptation. Dans le secteur de
l'agriculture l'adaptation requiert l'utilisation de bonne pratique agricole,
forestière et en matière de pêche, pour faire face à
des conditions environnementales changeantes et plus rudes.
Le concept d'adaptation peut donc être compris comme
l'ajustement des systèmes humains face à un nouvel environnement
ou un environnement changeant. L'adaptation aux changements climatiques indique
l'ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse à
des stimuli climatiques présents ou futur ou à leurs effets, afin
d'atténuer leurs effets néfastes ou d'exploiter les
opportunités bénéfiques (GIEC, 2001). Cette adaptation se
résume à un ensemble de réajustements opérés
ou auto-opérés à l'intérieur des systèmes
naturels et humains, en réponse curative ou préventive aux
stimuli climatiques actuels ou futurs ou à leurs effets en vue
d'atténuer leurs nuisances ou d'en tirer opportunément profit
(Issa, 1995). Les figures suivantes illustrent deux façons
d'adaptations.
Profit culture 1 culture 2
Profit
A C Culture 3
B
D
T1 T2
T3 Température
T1 T2
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