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Paris, le 1erJuin 2015.
KAMGUEU KAMDEM, Ulrich
L'INTEGRATION DE LA DIRECTIVE EUROPEENNE PRO-HANDICAP
DANS LES UNIVERSITES : CAS DE L'UNIVERSITE PARIS 8 VINCENNES
SAINT-DENIS
N° étudiant: 34008164
Monsieur AbdellaliHajjat
Master 1 de Science Politique
Gestion des Collectivités Territoriales Université
Paris Ouest Nanterre La Défense
Madame Claire LEGRIEL Service des Relations et
de la coopération Internationales (SERCI) 1mois de stage.
2
SOMMAIRE
SOMMAIRE 2
Remerciements 3
Introduction 5
PREMIERE PARTIE:UNIVERSITE PARIS 8 VINCENNES-SAINT-DENIS,
HISTOIRE ET
ORGANNIGRAMME DE L'INSTITUTION 6
I. Naissance d'une institution et son organigramme : entre
controverses et nécessités. 6
A. Paris 8, symbole du post Mai 68 6
B. L'organigramme de Paris 8 : une université «
monde » 8
II. Le service des relations et de la coopération
internationale : un technopole de la coopération et
des projets internationaux. 10
A. Les prérogatives et missions du SERCI 10
B. Le budget du SERCI 11
DEUXIEME PARTIE: DE LA REALISATION ET DE LA MISE EN OEUVRE DES
DIFFERENTES
MISSIONS AU SEIN DU SERCI 12
I. Le projet : de l'idée à sa réalisation
12
A. L'essence du projet IPHeRMOK : une agrégation
de volonté 13
B. Le choix des universités partenaires : un
système de réseau 15
II. Mes différentes missions au sein du service 16
A. Elaboration des grandes lignes de la candidature 17
B. Les apports professionnels, personnels et difficultés
rencontrées lors du projet 18
TROISIEME PARTIE: ANALYSE DES MECANISMES DE LA DIRECTIVE
EUROPENNE PRO-
HANDICAP. 20
I. La législation européenne en matière
d'inclusion des personnes handicapées : promotion de
l'égalité de chances et non-discrimination 20
A. L'action des lobbies et le développement des
politiques en faveur des personnes handicapées
en Europe 22
B. Les différents programmes européens en faveur
de l'éducation des handicapées : entre
volonté politique et engagement réel 30
3
II. L'université Paris 8 et la question du handicap :
entre volonté administratives et contraintes
sociales 33
A. La législation française en matière
d'éducation des personnes handicapées : manifestation
d'égalité et affirmation de la fraternité.
34
B. Enquête de terrain et interview auprès des
responsables du service en charge du suivi des
personnes handicapées à Paris 8 : comme une
sociologie critique 37
Conclusion 40
Bibliographie. 41
Sites internet 41
Annexes 42
LISTE DES ABREVIATIONS 43
Remerciements
Avant toute tentative de développement sur cette
expérience professionnelle forte enrichissante, il apparaît poli
et opportun de commencer ce rapport de stage par des remerciements, à
ceux qui m'ont beaucoup appris et permis d'acquérir une
expérience professionnelle nouvelle. Aussi, remercierai-je dans un
premier temps, Monsieur HajjatAbdellali, Maître de
conférences en Science Politique, responsable de Masters 1 de Science
Politique et tuteur académique pour ses précieux conseils de
rédaction.
Je tiens à remercier particulièrement et
à témoigner toute ma reconnaissance aux personnes suivantes, pour
l'expérience enrichissante et pleine d'intérêt qu'elles
m'ont fait vivre durant un mois de stage au sein du Service des Relations et de
la Coopération Internationales (SER-CI) de l'Université Paris 8
Vincennes-Saint-Denis.
Claire LEGRIEL, « Head of Programme
International Project » de l'Université Paris 8 Vincennes
Saint-Denis ma tutrice- professionnelle, pour m'avoir intégré au
sein du service et accordé toute sa confiance ; pour le temps qu'elle
m'a consacrée tout au long de cette période, sachant
répondre à toutes mes interrogations.
Sévérine BORTOT, Directrice du
Service des Relations et de la Coopération Internationales pour m'avoir
facilité les procédures administratives pour l'obtention d'une
convention de stage.
Monsieur Jack SAGOT, ancien professeur
à l'INSHEA, enseignant-chercheur associé au laboratoire
THIM-Chart 4004 de l'université Paris 8 et par ailleurs responsable de
la société
4
JKS, une micro entreprise qui assure des actions de conseils,
de formations et d'expertise sur l'adaptation et l'accessibilité pour
les personnes handicapées (enfants et adultes) en France et à
l'étranger, pour son soutien inconditionnel et son aide dans la
recherche de ce stage au combien important et enrichissant ;
Sans oublier toute personne de près ou de loin ayant eu
un impact positif au travers de leurs précieux conseils pour la bonne
conduite de ce stage, notamment l'équipe du SERCI pour leur
convivialité, générosité et la bonne humeur qui y
régnait.
5
Introduction
D'après le premier rapport mondial sur le handicap
produit conjointement par l'Organisation Mondiale de la Santé et la
Banque mondiale en 2012, « plus d'un milliard de personnes au-jourd'hui
dans le monde souffriraient d'un handicap »1.
Dans le cadre de mon Master 1en Science Politique à
l'Université Paris Ouest, j'ai souhaité réalisé mon
stage au sein d'un Etablissement d'Enseignement Supérieur dans un
service répondant à ces enjeux du futur en matière de
développement international tout en me formant aux métiers de la
coopération internationale.
Aussi, l'Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
connue par son dynamisme, sa diversité culturelle et surtout son
implication dans la plupart des projets Européens de Renforcement des
Capacités dans l'Enseignement Supérieure notamment «
Erasmus+ Capacity Building in the Field of Higher Education 2015
»2, fut-elle mon lieu de stage effectué du 15 Janvier au
20 Février 2015 au sein du Service des Relations et de la
Coopération Internationales (SERCI). Au-delà de ma volonté
d'enrichir mes connaissances dans l'International, ce stage m'a permis de
comprendre comment se tissent des partenariats pour des programmes et projets
dans le cadre du Renforcement des capacités initié par la
Commission Européenne et surtout de mieux comprendre le système
de fonctionnement des instances européennes liées à la
formation des personnes.
J'ai voulu intégrer ses équipes pour pouvoir
découvrir leurs méthodes, leurs principes de conduite et de
montage d'un projet européen au travers d'un projet que j'ai pu prendre
dès son début, celui relatif à l'inclusion des personnes
handicapées dans la société russe et kazakhe. Nous verrons
ainsi au travers de ce rapport la problématique actuelle du secteur
notamment les freins qui entravent l'inclusion et les leviers sur lesquels nous
pourrons nous adosser pour améliorer l'intégration sociale et
universitaire des étudiants handicapés dans l'enseignement
supérieur.
Dans un premier temps nous décrirons
l'université, son secteur d'intervention et surtout le service dans
lequel j'ai effectué mon stage en insistant sur ses
particularités notamment dans le montage du projet
IPHeRMOKpiloté par le SERCI de l'Université Paris 8.
Puis nous étudierons les missions qui m'ont été
confiées lors de ce stage et bien entendue nous analyserons
1Rapport produit conjointement par l'OMS et la
Banque Mondiale, propos liminaires en préface du Dr Margaret Chan et de
Mr Robert Bruce Zoellick disponible sur :
http://www.unicef.fr/userfiles/rapport_mondial_handicap_oms_2012.pdf
2Appel à projet de coopération de
l'agence exécutive 'Education, Audiovisuel et Culture' (EACEA) de la
Commission Européenne.
6
l'état de la prise en considération de la
directive européenne en faveur des personnes handicapées.
PREMIERE PARTIE:UNIVERSITE PARIS 8
VINCENNES-SAINT-DENIS, HIS-
TOIRE ET ORGANNIGRAMME DE L'INSTITUTION.
I. Naissance d'une institution et son organigramme :
entre controverses et nécessités.
L'éducation est un droit fondamental reconnue par les
textes juridiques internationaux au rang desquels la DUDH3, la
CEDH4. Les constitutions Française de 1948 et 1956 font de
l'éducation et de la formation primaire, scolaire, universitaire une
priorité. C'est donc dans ce contexte que l'Université Paris 8
trouve sa raison d'être promouvoir, de l'enseignement et
l'éducation de tous les « citoyens » sur l'ensemble du
territoire. Cette partie est donc consacrée à la
présentation de l'institution depuis sa naissance jusqu'à nos
jours sans oublier son organisation interne.
A. Paris 8, symbole du post Mai 68
Née sous la forme du Centre Universitaire de Vincennes,
l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis que l'on connait aujourd'hui
a été créée précisément le
1er Janvier 1969 dans le contexte politique marqué par les
événements de Mai 68 qui prirent leurs envols à
l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense grâce à
un « militant-engagé » : Daniel Cohn-Bendit. Aussi est-il
nécessaire de préciser que ces deux universités Paris 8 et
Paris 10 sont membres fondateurs d'une communauté d'universités
dénommée Université Paris Lumières. La naissance
proprement dite de l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis a
été celle d'une migration car de la ville du Bois-de-Vincennes au
début des années 70, on va passer malgré les
mécontentements, à la ville de Saint-Denis au début des
années 80 jusqu'aujourd'hui.
1. De Vincennes en 1969-1979 ...
Le Centre Universitaire Expérimental est le nom
originel donné à cette université. Logé dans le
Bois-de-Vincennes, elle sonnait le glas des revendications d'autonomie au sens
large, c'est-
3Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme 4 Convention Européenne des Droits de l'Homme
7
à-dire : «autonomie pédagogique,
scientifique, collégiale et responsable, autonomie
d'expérimentation »5et de liberté.
Le mouvement social étudiant de contestations du
fonctionnement universitaire et de ses prérogatives sociales symbolise
une volonté de démocratie dans la gestion de « la chose
» universitaire. Le centre expérimental a accueilli ses premiers
pensionnaires grâce au décret signé en
décembre19686. Sa particularité réside
d'une part dans son ouverture puisque des étudiants non-bacheliers
étaient admis et d'autre part dans sa diversité car il y avait
une forte présence d'étudiants étrangers.
L'Université Vincennes est également connue
être très à gauche du point de vue politique car les
conséquences du mouvement social de Mai 68 sont encore présentes,
Danielle TARTA-KOWSKY la présidente précise dans les
abécédaires qu'« Assurément, la gauche
prolétarienne, les mao-spontex, les trotskystes, les situationnistes,
les anarchistes, mais également les communistes et, à moindre
titre, les socialistes, y pesèrent durablement plus qu'ailleurs
»7. Les enseignements dispensés étaient ceux
des sciences humaines et sociales comme l'art plastique, le cinéma, les
langues, la psychanalyse, la sociologie et l'histoire. Des illustres figures de
la science ayant laissés de par leur écrit une empreinte
indélébile comme Noam CHOMSKY ou encore Michel FOUCAULT ont fait
leurs études à Vincennes.
2. ...A Saint-Denis aujourd'hui
Héritière du Centre Expérimental de
Vincennes, enfant terrible du mouvement social étudiant de Mai 68,
l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis est depuis 1980 située
au coeur du célèbre département de la Seine-Saint-Denis
(93) au nord-est de l'agglomération parisienne en Région
Île-de-France.
C'est dans la volonté de parachever
définitivement les évènements politiques de Mai 68 encore
présents dans l'imaginaire d'une fraction de la population
étudiante que le Ministre des universités du gouvernement de
Raymond BARRE, Alice Saunier-SEITE8va instruire Jacques CHIRAC alors
maire de la Ville de Paris de procéder à un
démantèlement c'est-à-dire une délocalisation de la
dite université de son lieu habituel le Bois-de-Vincennes pour
l'implanter finalement dans la ville de Saint-Denis qui plus est, à la
rue de la Liberté.
De ce déplacement, naitra l'Université Paris 8
Vincennes Saint-Denis en 1980 qui se réclame fortement comme
étant une université « monde » à cause
certainement de sa diversité culturelle.
5 Jean Louis FOURNEL dans abécédaire
de Vincennes à Saint-Denis :40 ans de Paris 8
6 Disponible à l'adresse :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_Paris-VIII
7 Danielle Tartakowsky dans
abécédaire de Vincennes à Saint-Denis :40 ans de Paris
8
8 Disponible à l'adresse :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_Paris-VIII
8
Sans prétendre déroger aux règles et
enseignements dispensés, malgré le déplacement
géographique qu'elle a subie, l'université s'intéresse
particulièrement aux disciplines des sciences humaines et sociales,
esprit de continuum d'avec le défunt centre expérimental
dont-elle est l'héritière. Bien plus, l'idée
d'interdisciplinarité a conduit les différents présidents
qui se sont succédé à intégrer certains
enseignements de sciences expérimentales ou « exactes » comme
l'informatique et les mathématiques. Elle a depuis un certain nombre
d'année murie et s'est aussi agrandie avec onze UFR, trois instituts et
deux IUT.
B. L'organigramme de Paris 8 : une université «
monde »
Loin de nous l'intention de nous appesantir sur une
description macro, méso et micro de l'Université Paris 8
Vincennes Saint-Denis, nous vous présenterons ici les grandes instances
dirigeantes de l'institution comme la présidence, la
vice-présidence, la direction générale des services et le
service des relations et de la coopération internationale.
1. La présidence, la vice-présidence et
la direction générale des services
L'université Paris 8 en tant qu'Etablissement public
à caractère scientifique qui jouit d'une autonomie
financière et d'une indépendance juridique répond à
des objectifs précis : la formation universitaire. Bien plus, elle
s'administre elle-même grâce à un(e) président(e) non
pas nommé(e) mais élu(e). C'est sur Danielle TARTAKOWSKI,
historienne de formation ayant pour domaine de recherche l'histoire sociale des
luttes du début du 20éme siècles que la
confiance a été portée pour présider à la
tête de ladite université depuis le 09 Juillet 2012. Elle
succède à Pascal BINCZAK professeur de droit public. Elue pour
quatre ans par les membres du conseil d'administration, elle est
assistée par huit vice-présidents chacun(e) en charge d'une
question précise, et par la direction générale des
services. Pour ce qui est de la présidence à proprement parler,
elle est composée de la présidente en question Danielle
TARTA-KOWSKI, d'une Directrice de Cabinet, Chloé LEMEUNIER, d'un chef de
cabinet Benjamin CROS et enfin d'un conseiller Louis
DESSONNEVILLE9.
En ce qui concerne la vice-présidence, les
responsabilités sont variées. Ainsi, nous avons comme
vice-président du Conseil d'administration Christine BOUISSOU, le
Conseil scientifique est dirigé par Laurence GARVARINI ; le conseil de
la formation et de la vie universitaire (CFVU) est vice présidé
par Antoine DE LAGE ; Le vice-président des étudiants
étant
9Voire organigramme sur le site internet de
l'université Paris8.
9
Aghiles AIT-MAMMAR ; les questions budgétaires et
financières sont un domaine réservé de Loris CAVALERA, le
patrimoine et le numérique sont gérés par Alain SINOU et
Jean-Marc MEUNIER ; la dimension internationale a été
confié à Bezunesh TAMRU.
Pour finir, la direction générale des services
est dirigée par Catherine DUMONT assisté de Lucie HAZEMANN qui
s'occupe des missions de recherche et de formation et Renaud MO-RIN qui est en
charge des ressources humaines.
L'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis compte au
total huit directions dont celles des études et de la vie universitaire,
des personnels des emplois de la formation et de l'action sociale , du
patrimoine, des affaires budgétaires et financières, du
système d'information, de la logistique et enfin celle de la
recherche.
2. L'équipe du SERCI : expression d'un «
melting-pot » culturel
Situé au rez-de-chaussée de l'Université
Paris 8 au bâtiment A, le SERCI est un service qui occupe quatre bureaux
notamment le bureau n° 175 et 176 dédié
précisément à la Présidence et à la
mobilité entrante-sortante, le bureau n° 177 est
réservé à la direction générale et à
son assistance et enfin le bureau 178 accueille le pôle projets et
convention internationaux où j'ai effectivement effectué mon
stage. L'équipe du SERCI est composé de huit personnes toutes
douées d'une expérience qui ne souffre d'aucune contestation dans
la gestion des questions internationales de l'Université Paris 8
Vincennes Saint-Denis notamment la conduite et la mise en oeuvre des appels
à projet de la Commission de l'Union Européenne.
Placée sous la vice-présidence de Bezunesh
TAMRU, spécialiste en géographie urbaine et membre du Conseil des
Relations Internationales (CoRI), le SERCI dans sa vision et ses objectifs
d'ouverture internationale, est dirigée par Sévérine
BORTOT depuis Octobre 2012 date à laquelle elle fut nommée au
directoire de celui-ci. Ayant une longue expérience dans le domaine
international puisqu'elle y était précédemment à
l'Université Pierre et Marie Curie, elle s'attèle à
proposer des stratégies de coopération internationale en vue de
promouvoir les activités scientifiques et pédagogiques, à
développer de nouveaux programmes et à animer le réseau
européen et international. Elle est assistée dans cette
tâche par Nora EL GHOUATE. Sur la question de coopération et
projet internationaux, c'est sur Claire LEGRIEL et Inna OTSO que tous les
« espoirs » résident dans la mesure où elles ont cette
lourde responsabilité de mener à bien tous les projets
internationaux dans lesquels l'UP8 est présent et ceux qu'elle a aussi
initiée, de contribuer à la visibilité et la
crédibilité d'une université « monde »
par les échanges et l'invitation constante des professeurs de
l'espace Schengen et même hors-Schengen. Claire LEGRIEL, pétrie de
talent et douée d'expérience, est responsable du pôle
ingénierie des projets internationaux où elle mène une
veille stratégique sur des appels
10
d'offre, accompagne et assiste les enseignants-chercheurs dans
le montage des projets européens.
Bien plus, la « destinée » des
étudiants en mobilité entrante comme sortante reposent entre les
mains de Ludovic MAILLARD puisqu'il est le responsable du bureau en charge de
la mobilité. Et c'est surtout grâce à la
détermination de Catherine ROCHEMEONT s'occupant du suivi des dossiers
des étudiants issus de la mobilité entrante et de
l'abnégation de Filomena FAZIO chargée de concrétiser le
rêve des étudiants désirant poursuivre leurs études
à l'étranger que le pôle mobilité étudiante
parvient à se distinguer.
Pour finir, c'est à la doyenne d'âge
Marie-Françoise DAVIGNEAU que fut confiée la gestion du
cordon de la bourse surement à cause de sa rigueur et son sens
du management en termes budgétaires.
II. Le service des relations et de la
coopération internationale : une technopole de la coopération et
des projets internationaux.
Créé en 198710, le Service des
relations et de la coopération internationale (SERCI) se distingue par
le fait qu'il est le tout premier service des relations internationales qui
voit le jour dans une université en France. C'est fort de cet honneur
qui lui colle à la peau que la coopération et les échanges
internationaux apparaissent prioritaires. Après une brève
description de sa position géographique, de sa forme et partant de son
contenant, il nous semble utile de faire ressortir le fond, le contenu
c'est-à-dire ses différentes missions et surtout les moyens
financiers mis à sa dispositions pour atteindre les missions qui lui ont
été fixéés.
A. Les prérogatives et missions du SERCI
Les missions du Service des Relations Internationales (SERCI)
comme son nom l'indique sont de promouvoir l'image de l'université au
niveau international ; de répondre aux besoins des étudiants,
enseignants et personnels administratifs dans les mobilités
internationales avec d'autres universités étrangères ;de
développer les relations de coopérations internationales et
surtout d'être un acteur actif et participer à l'espace
européen de recherches et de formations à travers son implication
et son pilotage des projets mis en place par la Commission de l'UE.
10Disponible à l'adresse :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_Paris-VIII
11
1. Les mobilités Internationales
Ce volet est l'un des aspects importants que le SERCI
s'attèle à mettre en place. Ainsi, la mobilité dont il est
question concerne l'entrée et la sortie d'une part des étudiants
mais aussi des enseignants et des personnels administratifs. Dans Le
rapport d'activité 201411, document produit en interne
durant l'année académique 2013-2014, le pôle
mobilité a enregistré 454 étudiants en mobilité
entrante, 233en mobilité sortante.
Cet engouement est également confirmé au niveau
des enseignants et des personnels administratifs car grâce au Service,
l'UP8 a vu venir 79 enseignants entrants contre 120 sortants.
Les personnels administratifs, quant à eux, n'étaient pas en
reste puisque 22 personnels administratifs ont manifesté leur
intérêt pour l'échange des bonnes pratiques et des
méthodes de travail dans le cadre des projets européens et juste
2 sortantes soit un total de 910 mobilités internationales
gérées.
Ces mobilités sont classées en fonctions de leur
niveau d'étude, des programmes de mobilité, des discipline et par
pays d'origine.
2. Ingénierie des projets et coopération
internationale
La coopération internationale et l'ingénierie
des projets font également partie intégrante des missions qui
incombent au SERCI. C'est le bureau n°178 qui s'occupe des conventions des
projets internationaux avec pour responsable Madame Claire LEGRIEL par ailleurs
ma tutrice lors de mon stage dans son service.
Elle est douée d'une forte expérience dans le
domaine des relations et de la coopération internationale dans la mesure
où elle est en charge de l'organisation du suivi, de la gestion
financière et administrative des projets et surtout de l'accompagnement
et de l'assistance des enseignants-chercheurs dans le montage de projets.
C'est fort de cette expérience professionnelle dans la
gestion des projets que le SERCI dépose régulièrement des
projets qui sont suivis et traités par l'Université Paris 8.
L'évaluation de la crédibilité de l'UP8
se mesure au niveau des accords de partenariats internationaux signés au
cours des années 2012, 2013 et 2014.
B. Le budget du SERCI
Le budget du SERCI lié à son fonctionnement
provient de l'université. Toutefois, pour faire face aux besoins de plus
en plus croissants qu'imposent les activités et les missions de
celui,
11Rapport d'activité 2014 du SERCI disponible
en annexe
12
le directoire reçoit certaines dotations du
Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement
supérieur et de la recherche mais aussi lève des fonds sur les
différents appels à projets de la commission de l'UE.
1. Dotations de l'Université et du
Ministère
Au cours de l'année universitaire 2013-2014, la
dotation qu'a reçu le Service des Relations et de la Coopération
Internationale de l'Université s'élevait à hauteur de
78.100 €12. Une dotation qui sert notamment à
son fonctionnement et surtout à gérer la masse salariale des
personnels du service.
La part du ministère est nettement plus
élevée puisqu'elle est précisément de 270.800
€. Cette somme sert certainement aux investissements et surtout aux
opérations de mise en sécurité.
2. Levées de fond sur appel à projet et
pour mobilité étudiante
Pour atteindre les missions qui lui sont assignées le
SERCI ne compte pas uniquement sur la « bonne volonté » du
ministère ou encore de l'université, il s'investit aussi dans la
recherche de ceux-ci à travers des actions de levées de fonds.
Ainsi, il a pu lever près de 612.457 € de
fonds sur appels d'offre à projets durant l'année 2013-2014. Pour
le volet mobilité étudiante, les levées de fonds sont
celles particulièrement de la Région Ile-de-France d'un montant
de 3.325.550 €.
DEUXIEME PARTIE: DE LA REALISATION ET DE LA MISE EN
OEUVRE DES DIFFERENTES MISSIONS AU SEIN DU SERCI
I. Le projet : de l'idée à sa
réalisation
C'est la volonté de répondre aux objectifs
fixés pour l'année 2014 et surtout forte de leur
expérience et l'envie renouvelée de développer les
relations de coopération internationale, de recherche et de formation
que le pôle projet européen appuyés par le Professeur Jack
SAGOT et Dominique ARCHAMBAULT s'est investi dans celui-ci.
Nous verrons dans les lignes qui suivent le processus de
genèse du projet IPHeRMOK et des différentes
universités partenaires principalement russes prise dans l'organisation
du projet.
12Rapport d'activité 2014 du SERCI
13
A. L'essence du projet IPHeRMOK : une agrégation de
volonté
D'emblée, la question qui nous vient à l'esprit
est celle de savoir que signifie IPHeRMOK et de quoi s'agit-il ?
IPHeRMOK est l'acronyme du projet sur lequel nous avons
travaillé. Ainsi, il signifie précisément
Intégration des Personnes Handicapées en Russie
Méridionale et Orientale et au Kazakhstan.
Il s'agit d'un projet européen découlant d'une
initiative partagée et une volonté commune de perpétuer et
développer les acquis des précédents projets
réalisés dans le programme TEM-PUS.
Structuré autour d'un réseau de 13
universités 3 européennes dont l'Université Paris 8
Vincennes Saint-Denis 8 russes et 2 kazakhes, le projet porte sur la
problématique du handicap dans nos sociétés
européennes, russes et kazakhes.
1. D'une stratification des expériences
acquises...
Fort de leur expérience dans les différentes
régions de la Russie, les enseignants-chercheurs de l'Université
Paris 8 Vincennes Saint-Denis au rang desquels Jack SAGOT, spécialiste
de la réadaptation fonctionnelle et de l'éducation des personnes
handicapées a voulu continuer dans la même lancée que ce
qu'il avait effectué avec des universités en Russie notamment la
grande université pédagogique de St-Petersburg dans un
précédent projet Européen dénommé TEMPUS.
La recrudescence des besoins de ce pays en matière de
formation des formateurs spécialisés dans l'éducation des
enfants et jeunes adultes handicapés l'a conduit en tant que
professeur-chercheur à l'INSHEA (Institut National Supérieure de
formation et de recherche pour l'éducation des jeunes Handicapées
et les Enseignement Adaptés) à nouer et à élargir
des contacts avec d'autres universités russes notamment celles de
Moscou, d'Ekaterinbourg, d'Arkhangelsk, Tcheliabinsk, d'Astrakhan et de
Novossibirsk.
En Novembre 1992, alors à la retraite depuis quelques
mois, il fut invité par les dirigeants de l'Université Technique
d'Etat de Novossibirsk (UTEN) à un colloque regroupant aussi bien des
universitaires européens comme les professeurs Anna de Lucia de
l'université ForoItalico di Roma, et Angela Engers de
l'université de Ravensburg.
Durant ce colloque, il y eut des rencontres entre des
professeurs très expérimentés dans la formation et
l'éducation des jeunes handicapés notamment Jack SAGOT ancien
enseignant à Paris 8 retraité et par ailleurs président
directeur général de la société JKS conseil et
formation en accessibilité et spécialiste de l'usage
compensatoire des TIC, et d'autres professeurs à
14
l'instar de Guennadi PTUSHKIN de l'UPEN soucieux
d'acquérir cette expérience pour la mettre au service de leurs
université. Ces échanges vont mûrir et conduire à la
« matérialisation » d'un projet Européen (TEMPUS).
L'Organisation ou mieux l'université à qui avait
été confiée la conduite du dossier de candidature
jusqu'à l'Agence exécutive Education, Audiovisuel et Culture
(EACEA) de la Commission de l'UE était L'UTEN.
Cependant, c'est en raison d'une vacance de direction
liée à un important souci de santé du recteur que le
projet n'a pas pu être réalisé et il fut
décidé de le repousser en 2015.
Après l'échec du précédent projet,
les différents partenaires ont eu une fois de plus une rencontre au
cours de laquelle ils ont unanimement décidé qu'il serait de bon
ton que ce soit la France notamment l'Université Paris 8 Vincennes
Saint-Denis qui tienne les devants et pilote le projet qui naîtra : c'est
le fameux IPHeRMOK (Inclusion des Personnes Handicapées en
Russie Méridionale et Orientale et au Kazakhstan).
Cette décision prise unanimement par les
différents partenaires de confier la conduite du projet aux
Français réside certainement à en croire les responsables
du pôle projet européen de l'université Paris 8 Vincennes
Saint-Denis, dans la longue expérience acquise par la France en
matière d'inclusion des personnes handicapées dans l'enseignement
aussi bien primaire, secondaire qu'universitaire. Le pilotage du projet fut
confié à Dominique Archambault professeur d'université
responsable du Master Technologie et Handicap, chargé de Mission
Handicap à l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis et
Vice-président de l'APACHES (Association des Professionnels
d'Accompagnement du Handicap dans l'Enseignement Supérieur)
conseillé et secondé par Jack SAGOT.
2. ... A une volonté d'échange et de
partage: la pérennité
C'est donc grâce aux « acquis » du projet
TEMPUS qui n'avait finalement pas vu le jour, et surtout la
responsabilité d'agir en Russie qui manifeste sa volonté
d'ailleurs visible d'être comptée parmi ces pays qui prennent au
sérieux la question des droits de l'homme et notamment celle des
personnes handicapées, qu'une dynamique va naitre celle de
perpétuer cet échange et partager les expériences.
L'originalité de ce projet réside également pour les
initiateurs, d'intégrer le volet NTIC dans l'accompagnement des
étudiants handicapés car les précédents projets
notamment TEMPUS s'articulait presqu'uniquement autour de la formation, la
scolarité des élèves handicapés. C'est donc
l'apport des Nouvelles Technologies qui va susciter un regain
d'intérêt et une volonté de mutualiser les connaissances de
chaque partenaire pour sa mise en oeuvre.
15
B. Le choix des universités partenaires : un
système de réseau
La construction du projet s'est faite en collaboration avec
deux autres universités européennes, l'une italienne, l'autre
allemande (c'était une contrainte formelle de la commission
européenne) et surtout des universités de la Russie et du
Kazakhstan où doit se matérialiser le projet.
1. La présence de partenaires européens:
une exigence de la commission de l'UE
Le choix porté sur des partenaires allemands et
italiens plutôt qu'anglais, finnois ou danois par exemple est d'abord
dû à l'expérience qu'avaient les allemands et les italiens
d'une part dans les relations internationales avec la Russie et le Kazakhstan
en matière d'inclusion
D'autre part, ce sont les contacts et les échanges
tissés lors du colloque en Sibérie en 2012
précisément dans la Région de Novossibirsk qui ont
motivés ce choix, sans oublier que ces partenaires européens eux
aussi étaient en réseau avec un bon nombre
d'universités.
Donc la rencontre lors du projet TEMPUS nous a permis de
créer une « amitié professionnelle » à long
termes qui nous semblait pouvoir être bénéfique.
Par ailleurs, au vu de la bonne maitrise de la langue
française par nos partenaires européens, italiens et allemands,
les russes et les kazakhes, il fut décidé de prendre comme
langues officielles du projet le Français et le Russe dans la mesure
où celles-ci devaient nous faciliter les échanges de documents et
d'information notamment les publications de revue ; l'anglais intervenait en
dernier ressort comme langue de liaison.
En outre, c'est aussi dans une optique de «
francophonisation » des universités russes et ka-zakhes que le
pôle projet européen de l'UP8 a défendue l'utilisation de
la langue française parmi les langues officielles au détriment de
l'anglais car il existe des chaires de Français dans chacune de nos
universités partenaires bénéficiaires. C'est aussi et
surtout au niveau de la traduction des documents officiels du projet que
l'attention fut portée car elle pourrait se faire non pas par des «
experts » mais plutôt par les étudiants compétents de
ces différentes universités russes et kazakhes: une idée
aux intentions politiques car il s'agit implicitement, mais certainement, de
défendre la francophonie et de promouvoir l'image de la France dans ces
régions orientales.
La présence d'universités partenaires
européennes est utile à plus titre car bien que nous disposions
chacune d'expériences en matière d'inclusion des personnes
handicapées, la mutuali-
16
sation de celles-ci est un gage de pertinence puisqu'il
démontre selon les évaluateurs des projets de la
EACEA13 de l'UE la consistance et surtout la faisabilité du
projet.
Cette exigence se situe en fin de compte dans la
volonté de défense du label européen une sorte de «
Made in Europe by European »14
2. La Russie et le Kazakhstan: terrains
privilégiés
C'est dans l'objectif inouïe de développer les
partenariats, d'échanger les cultures et de promouvoir la science que
les responsables du pôle projets internationaux ceux-là même
charges du dossierIPHeRMOK ont pensée utile d'intégrer
non seulement certaines universités de la Russie mais aussi du
Kazakhstan dans la mesure où ils ont quasiment le même état
de développement en matière d'inclusion des personnes
handicapées. Au nombre des universités kazakhes, nous avons :
l'Université Nationale Kazakh Al-Fârâbî d'Almaty,
l'Université Caspienne d'Etat d'Ingénierie et de Technologie
basée à Aktau15. Certaines universités russes
sollicitées dès le début ont au dernier moment
manifesté leur désinvolture en ne répondant pas
immédiatement à nos sollicitations et c'est à cet instant
précis que certains partenaires russes avec qui nous avions
déjà préalablement travaillé dans le projet TEMPUS
ont pris le relais tant en Russie qu'au Kazakhstan et ont pu débloquer
la situation. . Les raisons du choix porté exclusivement sur les
universités de ces deux pays reposent sur l'étendue
géographique parce que ces universités partenaires sont bien
distantes l'une de l'autre. En outre la Russie n'est plus un secret puisque
certains projets précédents ont déjà
été réalisés sans toutefois oublier la
volonté manifeste de la Russie et du Kazakhstan de promouvoir
l'égalité des chances, la nondiscrimination et l'inclusion des
personnes handicapées.
Pour finir, ces deux pays faisaient partir de la liste des
pays pouvant bénéficier d'une aide de la Commission de l'Union
Européenne16, où la question du renforcement des
capacités dans l'enseignement supérieur est une priorité,
la Russie et le Kazakhstan malgré leur volonté n'auraient pas
été des terrains privilégiés.
II. Mes différentes missions au sein du
service
L'on s'attardera dans cette partie à vous
détailler non seulement les parties importantes sur lesquelles j'ai eu
à travailler mais surtout « les bénéfices » que
j'ai pu engranger lors de stage,
13Education, Audiovisual and Culture Executive
Agency
14Ibid
15 Liste des partenaires disponible en annexe
16 Calendrier des pays éligibles et partenaires
de l'UE en annexe
17
en termes d'acquis professionnels et la mise en place de mes
qualités personnelles et celles de l'équipe pour surmonter les
difficultés rencontrées qui se sont présentées.
A. Elaboration des grandes lignes de la candidature
Dans notre volonté de rester fidèles aux
sacro-saints principes d'égalité de chances, de nondiscrimination
et de fraternité chères à l'UE et à l'ONU tel
qu'ils ressortent de la CNDPH, de la charte fondamentale des droits de l'hommes
de l'union Européenne, de la déclaration de Salamanque et de
l'UNESCO en1994 et surtout du processus de Bologne qui institue le
système des ECTS (EuropeanCredit Transfer System), nous avons mis en
avant lors de la rédaction de notre projet des aspects sociopolitiques
que scientifiques puisqu'il s'agit d'après l'intitulé du
programme européen d'un Renforcement des Capacités dans
l'Enseignement Supérieur.
1. Les aspects sociopolitiques: droits de l'homme et
inclusion sociale
Le développement de l`inclusion en Russie est
entravé par des obstacles de nature diverse, organisationnelles,
économiques, sociaux, législatifs, territoriaux et d`autres, ce
qui conduit à isoler une importante population d'une complète
citoyenneté. En même temps, les pays européens qui ont su
mettre en place une société ouverte et plus au moins inclusive,
tels que l`Italie, la France, l`Allemagne, ont une riche expérience de
l'acceptation de la différence tant dans l'éducation
préscolaire, scolaire et universitaire, que dans la vie professionnelle,
apprentissage technique, recherche d'emploi et pratique d'un métier au
quotidien. Cette expérience a été permise par une
législation nationale et européenne innovante et même
audacieuse qui héla n'est pas encore mise en place en Russie et au
Kazakhstan.
Partant du principe que le développement de l`inclusion
est la direction prioritaire du progrès social de tous les pays sans
exception y compris la Russie et la Kazakhstan, qui avaient signé la
déclaration de Salamanque en 199417, il est aujourd'hui
indispensable de faire évoluer la société civile en
promouvant les principes de tolérance, d'acceptation de la
différence et d'égalité entre tous les citoyens, et ceci
exige un engagement actif que peuvent prendre et doivent prendre les
universités parties prenantes à la fois à l'ensemble des
domaines éducatifs et professionnels.
Pour résoudre les problèmes qui font obstacles
à l'inclusion des personnes handicapées, il est nécessaire
d'obtenir des informations sur l'état réel de la situation dans
les régions reculées de
17Cité par Soraya Kompany
dans L'accessibilité des établissements d'enseignement : les
modalités d'accès au savoir des élèves et
étudiants handicapés et les règles d'accessibilité
des bâtiments de l'enseignement primaire, secondaire et supérieur
page 36
18
la Russie, en particulier dans les régions
méridionales et orientales, qui se trouvent loin des grands centres
scientifiques et pédagogiques des villes capitales économiques et
culturelles que sont Moscou et St-Petersburg ainsi qu'au Kazakhstan.
2. La dimension scientifique: sa
pluridisciplinarité
La particularité de ce projet réside aussi dans
sa pluridisciplinarité, il fait intervenir des sciences sociales
multiples notamment la sociologie car cela nous permettrait d'avoir plus amples
connaissances sur les différentes fractions sociales des deux pays, la
philosophie dans ce sens où il promeut des valeurs d'éthique et
de morale, l'intervention de la psychologie, des sciences de l'information
à travers l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et
de la communication pour préparer les étudiants handicapés
aux échanges modernes et enfin la pédagogie puisque l'objectif
est le renforcement des capacités dans l'enseignement supérieur.
Il s'agit en réalité de la formation des formateurs
c'est-à-dire les instituteurs et les professeurs en charge de tous les
élèves y compris les jeunes handicapés. Le public cible
direct est certes l'amélioration de la scolarisation des
étudiants handicapées, mais cela ne peut-être plausible que
grâce à des enseignants-formateurs ayant une connaissance
étendue des besoins spécifiques des personnes atteintes d'un
déficient cognitif, sensoriel, ou physique.
B. Les apports professionnels, personnels et
difficultés rencontrées lors du projet
Il est nécessaire qu'après une
présentation sur le processus de genèse du projet et des missions
qui m'ont été confiées, que nous fassions maintenant un
bref commentaire sur les points positifs de ce projet et la
nécessité de faire valoir notre potentiel personnel pour sa
finalisation.
1. Apports professionnels et difficultés
rencontrées
Ce stage effectué au sein du SERCI de
l'université Paris 8 m'a permis de comprendre le système de
fonctionnement d'un projet européen se situant dans le cadre Erasmus+ et
surtout Capacity Building. J'ai également vu et touché du doigt
comment se passe la mise en oeuvre d'un projet, sa conception, les
détails à prendre en compte, les exigences légales et
surtout les contraintes formelles européennes, les questions de fond et
enfin l'importance de la dissémination des résultats.
Il s'inscrit surtout en droite ligne avec mes objectifs
professionnels notamment de faire carrière dans la fonction publique
internationale. Mon intégration au sein de cette équipe
grâce au Professeur Jack SAGOT, et à Claire LEGRIEL et surtout la
convivialité qui régnait au sein
19
de l'équipe de travail m'a permis de tisser et de nouer
des relations avec d'autres professeurs notamment de la Russie, du Kazakhstan,
de l'Allemagne et de l'Italie, et d'acquérir une expérience fine
certes, mais d'une grande importance pour la suite de mon parcours et qui me
sera certainement bénéfique.
Bien plus, cela m'a permis de me rendre à quel point
les langues notamment le français et l'anglais sont d'une importance
capitale dans le domaine international. Il m'a enfin motivé de plus en
plus dans mes convictions qui sont celles de faire de la recherche dans le
domaine des relations et de la coopération internationales.
Aussi, au cours du stage, ai-je eu à faire face
à certaines difficultés au niveau de la communication avec
certaines universités en Russie dans le management du projet. Je fus
confronté à un problème de langue lorsqu'il fallait
transmettre ou recevoir des documents puisque la plupart d'entre eux
étaient en russe. Le langage technique utilisé pour qualifier le
handicap m'était étranger, les documents qu'il fallait
réunir me semblait interminable sans compter l'envoi et la
réception des courriels, la signature constante des documents officiels
au niveau de la présidence de l'Université.
2. Contributions personnelles et
complémentarités
Lors de la conception de ce projet, j'ai eu également
à faire montre de mes motivations et capacités de travail en
équipe outre le fait que l'on formait une équipe solide.
Ainsi, mon abnégation et mon courage m'ont permis de
surmonter les difficultés mentionnées préalablement, mon
engouement et ma volonté de contribuer à une mission noble et
« humanitaire » : celle de permettre à des personnes
handicapées d'être scolarisées et pris en
considération de la même façon que des êtres valides
n'ont souffert d'aucune contestation. C'est donc précisément mon
implication dans la validation du dossier de candidature c'est-à-dire
son envoi à la commission de l'Union européenne pour
évaluation, qui a confirmé mon sens de l'organisation, ma
détermination.
Alors que la date limite du projet approchait à grand
pas et que certains partenaires européens, des russes notamment
n'avaient pas encore définitivement transmis les documents légaux
(legalidentity et mandate), j'ai dû m'activer fortement à
travers l'envoi des mails incessants et quasi-quotidiens pour leur demander de
le faire, je leur rappelais également de temps à autre
l'importance du projet et surtout la nécessité de le mettre en
oeuvre après l'échec du précédent.
La construction de ce projet a pu être menée
à termes grâce aux apports de tous les membres de l'équipe.
Ainsi, Claire LEGRIEL a fait montre de son talent de management et
d'ingénierie notamment dans la phase administrative et
procédurale. Jack, quant à lui, n'afait que confir-
20
mer tout le bien qu'on passait de lui en s'investissant
fortement à la rédaction de la Matrice de Cadre Logique; des
objectifs à long termes; des motivations et surtout la stratégie
de diffusion et de dissémination des résultats. Dominique a pris
en charge la partie technique car en tant qu'enseignant-chercheur en
informatique il a la maîtrise de la question. Pour finir j'ai quant
à moi joué le rôle d'assistant à la
rédaction. Comme mentionné plus haut j'étais en charge de
l'envoi et du traitement des courriels. La mainmise de toute l'équipe
n'a cependant pas empêché l'émergence d'obstacles comme :
le laxisme de certains partenaires notamment les russes qui prenaient
énormément de temps pour envoyer des informations, la «
cupidité » des allemands. Toutes ces difficultés ont eu un
impact dans la gestion du temps impartie à la finalisation du dossier
puisque qu'il y a y avait une irrégularité remarquable dans le
travail. Pour dire bref, on assistait tantôt à des périodes
« mortes » tantôt à des périodes demandant des
fortes concentrations d'énergie ce qui rendait l'équipe toute
entière et moi particulièrement inquiet. Toutefois, c'est pendant
l'approche de la date définitive que je me suis rendu compte que
l'expérience a joué un rôle crucial car nous avons pu
rédigés les 167 pages du projet en 8 jours.
TROISIEME PARTIE: ANALYSE DES MECANISMESDE LA DIRECTIVE
EURO-PENNE PRO-HANDICAP.
I. La législation européenne en
matière d'inclusion des personnes handicapées : promotion de
l'égalité de chances et non-discrimination
C'est dans l'objectif de lutter contre les
inégalités sociales et la discrimination dans le cadre
régional que l'Union Européenne a mis en oeuvre un certain nombre
de textes législatifs relatifs à l'amélioration de
l'inclusion des personnes handicapées. Bien que cette action soit une
prérogative souveraine de chaque Etat, l'Union a jugé
nécessaire d'harmoniser les politiques et de leur donner un cadre
légal adéquat.
On peut citer parmi ceux-ci le projet de rapport sur la
mobilité et l'intégration des personnes handicapées et la
stratégie Européenne 2010-2020 en faveur des personnes
handicapées réalisée par la Commission de l'emploi et des
affaires sociales avec pour rapporteur
ÁdámKósa18produit en 2010 qui s'est fixé
pour objectif de « promouvoir l'éducation à tous
et
18Rapport disponible à
l'adresse:www.europarl.europa.eu/sides/
getDoc.do?pubRef=-/)
21
l'apprentissage tout au long de la vie pour les
élèves et les étudiants handicapés
»19, la Charte des droits fondamentaux de l'UE qui
précise déjà avec un ton inquisitoire au chapitre un sur
la dignité humaine en son article premier : «La dignité
humaine est inviolable. Elle doit être respectée et
protégée. », et enfin le guide Européen de
l'étudiant handicapé.
Cette action de l'Union va en droite ligne avec les mesures
prisent au niveau international dans le cadre de la protection des droits de
l'homme qui plus est celui des personnes handica-pées20. Au
nombre de celles-ci, nous aurons à citer en première position la
Convention des Nations-Unies relatives aux droits des personnes
handicapées adoptée en 2006, les règles universelles des
NU pour l'égalisation des chances des personnes handicapées de
1993, la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et
surtout la convention de l'UNESCO concernant la lutte contre la discrimination
dans le domaine de l'enseignement.
Il serait prétentieux pour nous de ne point donner une
définition de la notion du handicap telle qu'elle ressort de ces
différents instruments internationaux.
Le « mot handicap » selon la Convention des
Nations-Unies relatives au droit des personnes handicapées adopté
en 2006 s'entend comme « le résultat de l'interaction entre des
personnes présentant des incapacités et les barrières
comportementales et environnementales qui font obstacles à leurs pleines
et effectives participation à la société [...j
»21.
Bien plus, l'OMS à travers sa Classification
Internationale du Fonctionnement du Handicap aborde le handicap sur une
approche renouvelée, elle voit dans celui-ci le produit d'une
interaction sociale et environnementale qu'il conviendrait de surmonter. Aussi,
cette conception rompt-elle avec une analyse stricto-médicale pour
finalement l'inscrire dans une perspective sociopolitique qui devrait parvenir
à une amélioration des conditions sociales et environnementales
pour que la personne handicapée jouisse entièrement de ses droits
et accomplisse ses devoirs de citoyens.
Au regard de l'engouement et de la place qu'occupe la question
du handicap dans l'agenda politique internationale, régional ou
communautaire et voire national aujourd'hui, l'on pourrait être
amené à s'interroger sur les réelles motivations d'un tel
engagement quand on sait que les questions sociales n'ont pas été
à proprement parlé le socle de la construction européenne
et surtout les réalisations concrètes que l'Union a entreprise
pour les personnes handicapées.
19Cité par Soraya Kompany dans
L'accessibilité des établissements d'enseignement : les
modalités d'accès au savoir des élèves et
étudiants handicapés et les règles d'accessibilité
des bâtiments de l'enseignement primaire, secondaire et supérieur
(page42)
20Cité par Soraya Kompany (page37)
21Soraya Kompany page (page 45)
22
A. L'action des lobbies et le développement des
politiques en faveur des personnes handicapées en Europe
Il nous semble utile avant même de pouvoir dire un mot
sur la présence et l'action de lobby pro-handicap dans le système
communautaire notamment au sein du Parlement et de la Commission de l'Union
Européenne, de faire un bref rappel historique de la naissance ou de la
construction de cette ensemble géopolitique qui, meurtrit par les
dégâts des deux guerres mondiales a décidé de
mutualiser ses efforts et de mettre en commun leur arsenal de défense
pour mieux combattre l'ennemi ; idée qui va murir progressivement pour
atteindre la dimension économique et surtout les
nécessités du social et donc la question du handicap.
1. De la sécurité à
l'économie
Née de la volonté de deux Etats longtemps «
ennemis » à cause de la logique des intérêts
sta-to-centrés comme le veut les principes des relations
internationales22, l'Union européenne avait pour objectif,
dès ses débuts, de fédérer les efforts
économiques des différents pays du vieux continent pour faire
face à la mondialisation.
D'une lecture attentive de l'ouvrage de Charles Zorgbibe,
Histoire de l'Union Européenne, l'on peut retenir que la
construction amorcée avec le plan Schuman a commencé à
susciter des réflexions dès la période
prérévolutionnaire notamment en France. Elle a eu pour
précurseurs un certains nombres de penseurs ayant pour vision de mettre
sur pied une organisation internationale étant à même
d'assurer et de garantir la sécurité du continent. Des auteurs
comme Émeric Crucé vont proposer l'établissement d'une
organisation de la paix internationale. Charles Zorgbibe précise que
l'anglais William Penn dans son Essai pour la paix présente et
future de l'Europe (1693) esquisse déjà en filigrane le
processus de prise de décisions au sein de cette union23.
L'inventeur de l'expression relations internationales,
l'anglais Jérémie Bentham dans son plan d'une paix
perpétuelle et universelle de 1839 propose, quant à lui,
l'élaboration d'une assemblée au sein de laquelle seront
débattus tous les problèmes d'intérêt commun. De ce
fait, la prééminence des conflits, des guerres
d'indépendance et surtout la nécessité de mettre en place
une concertation de dimension internationale pour résoudre les questions
de paix et de sécurité sont les éléments
préexistant à la naissance de l'Union Européenne. L'on
passe progressivement d'une volonté régionale ou communautaire
à une volonté Internationale qui marquera les débuts d'une
réflexion sur la fameuse société des Nations.
22Ibid.
23Charles Zorgbibe dans Histoire de l'Union
Européenne page 9
23
Les débats sur la construction européenne ont
connu une accélération considérable au lendemain de la
première guerre mondiale où la plupart des états
européens ont encaissé des blessures psychologiques,
matérielles et physiques et un nombre considérable de pertes en
vie humaine. Deux tendances idéologiques s'opposaient
déjà, une vision coopérative qui permettrait aux
états de garder leur souveraineté et une autre plus ambitieuse et
enthousiaste calquée en quelque sorte sur le modèle Etats-unien :
le fédéralisme qui consisterait pour les états à
renoncer à leur souveraineté pour la confier aux organismes de
l'Union. La volonté de préserver les intérêts
nationaux et surtout la méfiance réciproque entre les
différents Etats va conduire à une adoption du moins
différente : les Etats d'Europe pour la plupart vont opter pour une
coopération avec sauvegarde de la souveraineté.
Toutefois, l'échec de la Société des
Nations, l'apparition du second conflit mondial ayant pour lieu
d'émergence l'Europe avec comme cause l'invasion de la Pologne par le
père du nazisme Adolf Hitler va renforcer la nécessité
d'une unification au sein de l'Europe.
Charles Zorgbibe précise que d'important mouvement de
réclamation d'une unification vont enflammer l'Europe, en France c'est
le mouvement Combat, en Italie le groupe dit Parti d'action,
en Angleterre, le président Churchill adresse un mémorandum
à Anthony Eden sur les « Etats-Unis d'Europe
»24.
Le développement des phénomènes
internationaux notamment la chute du bloc soviétique, l'effondrement du
Mur de Berlin en 1989 ont suscité un regain d'intérêt pour
une « familiarisation des Etats Européens ». C'est ainsi que
le grand allié, les Etats-Unis d'Amérique, au regard des ruines
causées par les guerres mondiales, vont proposer le fameux Plan Marshall
qui permettrait aux Etats d'Europe de se relever. On peut d'ailleurs
apprécier cette volonté dans le discours prononcé à
l'université de Harvard par le Secrétaire d'Etat
Américain, le général Marshall le 5 juin 1947 en ces
termes : « La guerre a laissé des ruines telles que les besoins
de l'Europe sont plus grands que sa capacité de paiement. Il est
nécessaire d'envisager une aide supplémentaire, sous peine de
s'exposer à une dislocation économique, sociale et politique...
»25. Générosité à prendre et
à considérer avec des pincettes; le plan Marshall va
s'avérer être un fardeau puisque les Etats membres de la future
OECE26 vont être des exécutants des besoins et visions
stratégiques des Etats-Unis notamment sur le point militaire.
C'est de cette aide que naîtra l'Organisation
Européenne pour la Coopération Economique qui aura la charge de
gérer les finances et de les répartir entre différents
pays bénéficiaires. Dans cette organisation on retrouvait au
total seize pays notamment : la France, l'Autriche, la
24Charles Zorgbibe dans Histoire de l'Union
Européenne page 15 25Charles Zorgbibe dans Histoire
de l'Union Européenne page 16 26Organisation
Européenne de Coopération Economique
24
Belgique, le Danemark, la Grèce, l'Irlande, l'Islande,
la Suède, La Turquie, la Suisse, le Luxembourg, les Pays-Bas, la
Norvège, le Portugal, le Royaume-Uni et l'Italie.
Ainsi, l'OECE va aller plus loin que son objectif principal
qui était la répartition de l'aide Américaine. Elle va
poursuivre et aider les Etats bénéficiaires de cette aide
à sortir progressivement de la dépendance américaine et de
pouvoir se prendre en charge d'où ses actions de coordinations de
politiques économiques nationales. Toutefois, le désaccord entre
les différents pays membres de cette organisation va conduire à
la mise en oeuvre en 1961, de l'Organisation de Coopération et de
Développement Economiques (OCDE).
Le saut qualitatif de cette construction européenne
sera franchi avec Robert Schuman dans son discours du 9 Mai 1950 au salon de
l'horloge du Quai d'Orsay alors ministre Français des Affaires
étrangères qui proposera à l'Allemagne de mutualiser les
productions de charbon. A en croire Christophe Réveillard dans, les
dates clefs de la construction européenne, il s'agit en
réalité de la mise en commun de la gestion des industries de base
du charbon et de l'acier à l'échelle de l'Europe. La confiance
mutuelle entre les différents Etats partageant l'idée notamment
le soutien de l'Italien Alcide de Gasperi et de l'Allemand Konrad Adenauer a
abou-tile18 Avril 1951 à la signature de Traité instituant la
Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA)et son
entrée en vigueur interviendra le 25 Juillet 195227. Ce plan
avait pour vision le rapprochement entre la France et l'Allemagne chère
à Schuman qui fut élu député au parlement
Français en 1919.
La mise en place de la CECA28 à motiver
certains Etats au rang desquels la France qui va d'un sursaut d'audace proposer
la retranscription de l'idée de Schuman au plan militaire pour la
constitution d'une armée commune. Les Etats de l'Europe semblaient
privilégier la méthode d'intégration sectorielle.
Bien plus, le président du conseil René Pleven
esquissa à la tribune de l'assemblée Nationale le prototype d'une
Communauté Européenne de Défense (CED) dont le financement
se fera par les différents pays membres, elle sera placée sous
l'autorité d'un ministre européen de la défense avec un
conseil des ministres, une assemblée européenne et un budget.
Cette CED outre l'objectif militaire visée de manière officielle,
avait également un but politique puisque l'objectif ciblé
était d'intégrer l'Allemagne et de la considérer comme
partie intégrante au vaste chantier de défense de l'Europe
unifiée en la réarmant. Cet enthousiasme remarquable de la part
du gouvernement Français n'a pas pris en considération «
l'opinion publique » française qui s'est farouchement
opposée à l'intégration de l'Allemagne voyant dans
celle-ci un réarmement implicite mais certain. Les débats furent
houleux à l'assemblée nationale
27Christophe Réveillard dans Les
dates-clefs de la construction européenne page 16
28Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier
25
puisque le Rassemblement pour la France (RPF), le parti
communiste (PC) et les gaullistes s'y sont opposés. Pour taire les
querelles, le Conseil de l'Atlantique envisage l'organisation de deux
rencontres. La première au château de Petersberg près de
Bonn devant réunir outre les grandes puissances, la république
fédérale pour débattre sur les modalités et les
conditions de sa participation. La seconde à Paris en 1951, devant
être relative à la mise sur pieds des principes fondateurs de la
CED, réunissait les six états partis au plan Schuman. C'est lors
de cette réunion que le chef du gouvernement italien Alcide de Gasperi
fait introduire dans le traité instituant la CED le fameux article
38prévoyant la mise sur pied d'une instance politique supranationale en
charge de son directoire.
La volonté d'intégration sectorielle
initiée par la France sera stoppée nette par l'assemblée
nationale. Le rejet de la CED s'est concrétisé par les 319 voix
des parlementaires conservateurs contre 264 voix des
démocrates-chrétiens29.
Les députés craignent le réarmement de
l'Allemagne, les communistes s'inquiètent des conséquences pour
l'Union soviétique et les gaullistes redoutent la perte de la
souveraineté de l'armée française au profit des
Etats-Unis. La conséquence de cette non-ratification du traité de
la CED fut la démission de Jean Monnet à la tête de la
Haute Autorité de la CECA. La situation est urgente, raison pour
laquelle le chef de la diplomatie Italienne convoque les six états
membres de la CECA à Messine pour débattre de l'avenir de
l'Europe, un ordre du jour sera alors introduit par les pays du Benelux,
celui-ci est relatif à la libre circulation des marchandises et des
services, des capitaux et des travailleurs : c'est le fameux marché
commun qui symbolise une intégration économique
générale.
2. De la forteresse économique à la
vulnérabilité sociale: les nécessités d'une
action
Après les querelles et les divergences liées
à la mise en place du traité de la Communauté
Européenne de Défense (CED), les euro-optimistes pensent
à accroitre la coopération et de renforcer l'intégration
entre les différents pays, les ministres des affaires
étrangères des six pays membres de la CECA (Belgique, France,
Italie, Luxembourg, Pays-Bas et République Fédérale
d'Allemagne) vont rompre avec l'approche sectorielle pour prendre en
considération l'approche globale. Ces Etats signeront à Rome les
traités constituant la Communauté européenne de
l'énergie atomique (Euratom) et la Communauté économique
européenne (CEE). La mise en oeuvre de cette communauté à
des desseins politiques mais aussi économiques.
Economiques dans la mesure où elle permettra aux six
pays membres d'accroitre leurs économies à travers la suppression
des barrières douanières, la libre circulation des
marchandises,
29Christophe Réveillard dans Les
dates-clefs de la construction européenne page 28.
26
des services, des capitaux entre les Etats membres, la
fixation d'un tarif extérieur commun pour l'application et
l'harmonisation des politiques économiques communes entre les
six30états membres. Dans le domaine de l'enseignement
supérieur par exemple, cette libre circulation se concrétise
à travers le Programme ERASMUS31 qui permet aux
étudiants européens de bénéficier des bourses de
mobilité et de pouvoir étudier dans un autres pays membre de
l'union Européenne.
Politiques puisqu'elle sera à la base du
développement d'autres projets de coopération notamment la
politique agricole commune (PAC).
L'élaboration du traité de Rome s'est faite par
la mise en place des groupes de travail au Château de Val-Duchesse
près de Bruxelles32le 9 Juillet 1955. Ces groupes à en
croire Christophe Reveillard avaient pour mission « la
rédaction des articles de deux traités séparés,
l'un sur le marché commun, l'autre sur une communauté de
l'énergie atomique »33
C'est au ministre des affaires étrangères de la
Belgique et ancien président de l'assemblée commune de la CECA
Paul-Henri Spaak que sera confié le destin de la présidence du
comité intergouvernemental dont le rôle est de faire des
propositions concrètes et ambitieuses sur la mise en place d'un
marché commun et les solutions envisagées pour la
résolution des problèmes qui minent l'énergie atomique de
l'Europe, une application formelle des résolutions prises à
Messine au sortie des négociations sur la fameuse CED.
La conception libérale de la coopération
économique entre les pays membres se résume-t-elle «a)
à l'élimination, entre Etats membres des droits de douanes ; b)
l'établissement d'un tarif douanier commun et d'une politique
commerciale commune envers les tiers; c)l'abolition, entre les Etats membres;
des obstacles à la libre circulation des personnes; des services et des
capitaux; d) l'instauration d'une politique commune dans le domaine de
l'agriculture;e) l'instauration d'une politique commune dans le domaine des
transports ;f)l'établissement d'un régime assurant que la
concurrence n'est pas faussée dans le marché
com-mun;g)l'application des mesures permettant de coordonner les politiques
économiques des Etats membres et de parer aux
déséquilibres dans leurs balances des paiements [...]
»34.
Les négociations autour de ce traité ont une
fois de plus fait couler beaucoup d'encre dans la mesure où de vives
oppositions ont surgies. Ainsi, du côté Français, le
spectre de l'échec de la CED était encore présent dans les
esprits raison pour laquelle elle affichait son engouement plus pour le projet
de constitution de l'Euratom que du Marché européen c'est
d'ailleurs ce
30Christophe Réveillard dans les
dates-clefs de la construction européenne page 33
31Disponible sur
:www.traitéderome.fr50é anniversaire du traité de
Rome
32Christophe Réveillard dans les
dates-clefs de la construction européenne page 34
33Christophe Réveillard dans les
dates-clefs de la construction européenne page 35
34Traité de Rome instituant la
Communauté européenne signée le 25 Mars 1957, premier
chapitre des principes article3 tel que modifié par
l'article G, point3) du TUE disponible sur :
http://www.constitutioneu.eu/cariboost_files/trait_c3_a9_20de_20rome.pdf.
27
que nous confirme Emmanuel Gazzo, directeur de l'agence Europe
ayant suivi de près les négociations sur le marché commun
« Val Duchesse était un ancien couvent. On y vivait presque une
vie monacale. On travaillait très souvent la nuit. Mais les bruits du
monde extérieur parvenaient parfois agrandis par le vide qui entoure le
parc. En octobre 1956, le climat n'était pas exaltant. Vincent Auriol
critiqua dans France-Soir, Duverger démolit dans l'Express. La psychose
de la CED possédait encore des hommes politiques de tous bords.
»35. Lors de ces négociations, la France manifeste
un besoin inouïe que soit pris en considération ses revendications
notamment des tarifs extérieurs commun, harmonisation des charges
sociales et fiscales, que ce marché commun prenne en
considération et intègre la question agricole sans toutefois
délaisser ses territoires d'outre-mer, avec lesquels elle veut continuer
d'entretenir des relations commerciales prioritaires. L'Allemagne et les pays
du Benelux sont quant à eux partisans d'une intégration
économique plus globale contrairement à la conception sectorielle
de la France. Les exigences formulées par la France furent
acceptées par les cinq autres pays c'est ainsi que l'Euratom fut
créé et que la France a finalement adhérer au
marché commun. Ainsi, le traité de Rome entrera en vigueur le 1er
janvier 1958.
L'évolution historique des négociations et des
enjeux montrent en fin de compte que le Château de Val-Duchesse est la
pierre angulaire du fonctionnement de l'Europe. Les différents pays
partis aux négociations et leurs principaux représentants sont
:
Pour la France Maurice Faure (1922) alors
Secrétaire d'État aux Affaires étrangères du
gouvernement de Guy Mollet, Christian Pineau (1904-1995), Robert
Marjolin (1911-1986), Jean-François Deniau (1928-2007).
Pour le compte du gouvernement Belge, nous avons eu comme négociants ;
Paul-Henri Spaak (1899-1972) qui fut par ailleurs président du
comité intergouvernemental pour les négociations sur le
traité de Rome et ancien président de la CE-CA, Jean-Charles
Snoy et d'Oppuers(1907-1991), chez les Allemands, ce furent Konrad
Adenauer (1876-1967) qui fut chancelier allemand, Walter Hallstein
(1901-1982) et Karl-Friedrich Ophüls. Chez les Italiens,
c'est principalement Lodovico Benvenuti (1899-1966),Gaetano Martino
(1900-1967), Antonio Segni (1891-1972).Enfin pour les Pays-Bas et
le Luxembourg nous avons eu comme intervenants :Johannes Linthorst-Homan
(1903-1986) Chef de la délégation néerlandaise lors
de la Conférence intergouvernementale pour le Marché commun et
l'Euratom, qui participera avec Joseph Luns (1911-2002) alors ministre
des Affaires étrangères Néerlandais à la signature
du traité en 1957. Joseph Bech (1887-1975) président du
gouvernement luxembourgeois et Lambert Schaus (1908-1976)
installé à Bruxelles au titre d'ambassadeur du Luxembourg
à partir de 1955, il est particulièrement im-
35
http://www.cvce.eu/obj/comment_le_marche_commun_est_ne_sous_les_lambris_de_val_duchesse_dans_communaute_europeenne_mars_
1967-fr-8e98b764-9cf6-4215-85ea-e62ae1aca8c4.html
28
pliqué dans la naissance de la Communauté
Economique européenne (CEE) et de l'Euratom. Il représente son
pays durant les discussions et prend part à la signature officielle des
Traités à Rome36. L'article 7 du traité
consolidé instituant37 les Communautés
Européennes stipule en son paragraphe premier que :
« La réalisation des tâches confiées
à la Communauté est assurée par :
- un PARLEMENT EUROPEEN,
- un CONSEIL,
- une COMMISSION,
- une COUR DE JUSTICE,
- une COUR DES COMPTES. Chaque institutions agit dans les
limites des attributions qui lui sont conférés par le
présent traité ».
Au vu de l`émergence d'une communauté des six
économiquement solide avec le succès qu'a connu l'Union du
à son élargissement, pourrait-on penser que le social a
été négligé ?
Pour Gilles SINTES dans sa Politique sociale de l'Union
européenne préfacé par Raymond Riffet et
publié par l'Institut de Recherche et de Réflexion sur la
Coopération Européenne de Montpellier, le traité de Rome
pose non seulement les jalons de la coopération économique mais
surtout les prémisses d'une Europe sociale autrement dit où
l'économie serait le fondement du social, le progrès social est
tributaire du progrès économique.
Dans le traité consolidé instituant les
Communautés Economiques Européennes, l'on peut constater en
filigrane la présence de certaines dispositions relative au social dans
les politiques de l'Union.
Son titre 11 intitulé : Politique Sociale,
Education Formation Professionnelle et Jeunesse38est
révélateur de la nécessité d'une construction
Européenne sur des bases sociales pour ainsi promouvoir
l'égalité de chance et la non-discrimination.
Son chapitre premier consacré aux dispositions
sociales, en son article 137 alinéas J, réitère ses
convictions en matière «de lutte contre les exclusions sociales
».
Bien plus c'est dans le traité d'Amsterdam de 1997
modifiant le Traité sur l'Union et les Communautés
Économiques Européennes que la question du handicap en Europe qui
contient une clause relative à la non-discrimination39a pris
une ampleur importante. C'est face au laxisme et au retard des
différentes institutions Européennes que des groupes
d'intérêts et de pression vont juger nécessaire
d'entreprendre des actions fortes en faveur de la question du handicap et pour
que celle-ci soit prise en considération au même titre que
l'économie dans
36Christophe Réveillard et sur
www.traitéderome.fr
50é anniversaire du traité de Rome
37Disponible sur
:www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/tce.pdf
38Traité d'Amsterdam page 92
disponible à l'adresse :
https://www.ecb.europa.eu/ecb/legal/pdf/amsterdam_fr.pdf
39-Dans Politiques du handicap de l'Union
européenne page 2 disponible sur :
www.asph.be/.../Analyse-2014-27-handicap-Union-
Europeenne.pdf
29
les politiques publiques communautaires. Ainsi, des instances
vont se mobiliser sur la question il s'agit d'une part du groupe interservices
« personnes handicapées » siégeant à la
Commission de L'union Européenne à Bruxelles et l'intergroupe sur
le handicap institué par le Parlement européen40. Les
intergroupes réunissent des membres du Parlement Européen de
manière informelle et sur des thématiques précises. Il
s'agit des députés de tout groupe politique et de
différentes commissions parlementaires afin de promouvoir
l'échange avec la société civile41.
L'intergroupe s'intéressant aux problèmes du handicap au
parlement Européen regroupe les députés et les ONG de
toutes les nationalités et tendances politiques de l'Union
Européenne. L'une des figures par excellence de ce lobby pro-handicap
est le politicien Hongrois ÁdámKósa42seul
député sourd au parlement qui a d'ailleurs été
rapporteur sur la stratégie européenne 2010-2020 en faveur des
personnes handicapées43.
Lors d'une interview avec ce député sourd,
plusieurs propositions susceptibles d'être prise en considération
par le Parlement et la Commission Européenne ont étés
proposées44. De ce fait, à la question de savoir :
« Qui est visé par votre rapport ?
ÁdámKósa répond : « Il
concerne les 80 millions de personnes atteintes de handicap en Europe. C'est la
plus grande minorité du continent. Leur problème principal est
l'accès aux services : scolarisation, emploi, santé. C'est un
énorme problème pour la société dans son ensemble
». A travers cette réponse, l'eurodéputé insiste
sur un problème d'une ampleur considérable et qui
nécessite une mobilisation à la hauteur de la gravité,
c'est pourquoi il dira plus loin « Je propose la création d'une
commission chargée de se pencher sur les problèmes
spécifiques des personnes handicapées. Nous parlons d'une
population de 80 millions de personnes, une commission indépendante
serait donc tout à fait indiquée. ». Présidant
ainsi aux destinées du plus vieux groupe de pression du Parlement
Européen, ÁdámKósa à la question de savoir
quels sont les objectifs de celui-ci, il répond
«l'échange d'informations entre députés
européens [...]Nous sommes soutenus par le Forum européen des
personnes handicapées, la plus grande organisation non gouvernementale
du secteur, ce qui nous donne des liens forts avec la société
civile ».Les revendications de l'intergroupe pour une
amélioration des conditions des personnes handicapées et leur
intégration au processus communautaire ont porté leur fruit dans
la mesure où « [...] l'Union européenne a lancé
un plan d'action intitulé `Egalité des chances pour les personnes
handicapées' pour la période 2003-2010. L'objectif était
de veiller à l'intégration des questions relatives au handicap
dans toutes les politiques de
40Disponible à l'adresse :
www.cfeh.org/intergroupe-handicap.htlm
41Informations recueillies sur :
www.lesforcesduhandicap.fr/dossier
42Rapport de projet disponible à l'adresse :
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2010:0636:FIN:FR:PDF
43Interview disponible sur :
http://www.europarl.europa.eu/pdfs/news/public/story/20110520STO19900/20110520STO19900_fr.pdf
44Informations disponible sur :
http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politique-handicap/handicap-europe/
30
l'Union européenne ayant un impact potentiel sur la
vie des personnes handicapées »45.Bien plus, les
actions des ONG ont été bénéfiques à plus
d'un titre car comme nous le rappelle Dima Toncheva chargé de projet
à l'Association Socialiste de la Personne Handicapée (ASPH), une
organisation humanitaire basée en Belgique qui se préoccupe de la
question de l'amélioration et l'inclusion des
personnes handicapées et qui a menée de
nombreuses actions durant toute l'année, afin de sensibiliser les
politiques, le grand public, les professionnels et les personnes
handicapées dans Politiques du handicap de l'Union européenne
paru dans le bulletin d'information de l'association, « en 2011,
le président de la Commission européenne José Manuel
Barroso s'est engagé à garantir le suivi adéquat de la
Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes
handicapées (CNUDPH) au sein de la Commission européenne
»46. A la lecture minutieuse de la stratégie
européenne2010-2020 en faveur des personnes handicapées, huit
points fondamentaux attirent notre attention notamment :
- Accessibilité : garantir aux personnes
handicapées l'accessibilité des biens, des services, - notamment
les services publics - et des dispositifs d'assistance
- Égalité : éliminer dans l'UE toute
discrimination fondée sur le handicap ;
- Education et formation : promouvoir l'éducation
accessible à tous et l'apprentissage tout au long de la vie pour les
élèves et les étudiants en situation de handicap.
B. Les différents programmes européens en
faveur de l'éducation des handicapées : entre volonté
politique et engagement réel
L'Union Européenne dans sa volonté de respecter
les dispositions internationales en matière de scolarisations des
personnes handicapées qui plus est des étudiants notamment la
CNDPH et surtout les différents traités qu'elle a elle-même
édictée comme la communication sur l'égalité des
chances des personnes handicapées qui date de 1996, le Traité
d'Amsterdam et son fameux article 13 relatif à la non-discrimination, la
stratégie européenne 2010-2020 en faveur des personnes
handicapées et le guide européen des étudiants
handicapés a mis sur pieds des programmes susceptibles
d'améliorer la situation de ces personnes au combien
vulnérables.
1. Le Programme Hélios (I-II)
Hélios entendu comme programme d'action
communautaire en faveur des personnes handicapées, a connu trois phases
de développement. Dans son Rapport de présentation du
DESS
45Disponible à l'adresse
:
www.asph.be/.../Analyse-2014-27-handicap-Union-Europeenne.pdf
46Disponible à l'adresse :
www.asph.be/.../Analyse-2014-27-handicap-Union-Europeenne.pdf
31
Handi, nouvelles technologies et handicaps sensoriels et
physiques de l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, le
Professeur Jaime Lopez Krahe nous fait savoir qu'il est le tout premier
programme européen fait et conçu pour les personnes
handicapées. Bien qu'elle fasse savoir que le programme n'a connu que
deux phases pourtant à la lecture des différentes
décisions du Conseil de l'Union Européenne, il n'en est pas le
cas puisqu'il s'agit de trois phases. Le cycle Hélios signifie
selon la proposition de décision du conseil portant
établissement d'un troisième programme d'action communautaire en
faveur des personnes handicapées-HELIOS II fait à Bruxelles
le 23 Octobre 1991: Handicap people in the Europeancommunity Living
Independently in an Open Society. Fort de notre honnêteté
scientifique, il est utile de rappeler que pour des raisons de manques
d'informations et de sources fiables sur la première phase du programme
HELIOS nous nous sommes contentées de mettre en lumières
les dispositions phares des phases deux et trois.
La deuxième phase dénommée
Hélios I couvrait la période allant du 1er
Janvier 1988 au 31 Décembre 1991 conformément à la
décision N° 88/231/CEE du 18 Avril 1988 du Conseil de l'Union
Européenne47 (article 1er). Cette décision
taillée pour les besoins des personnes handicapées nous livrent
d'ailleurs une définition qui considère qu'une personne est dite
handicapée lorsqu'elle présente de sérieux atteintes
mentale et physiques.
A bien creuser, celui-ci fut mis en place dans le but
d'améliorer l'inclusion et la citoyenneté des personnes
handicapées. L'un des objectifs primordiaux est également le
développement de la coopération entre les Etats membres pour
améliorer la situation des personnes handicapées en
intégrant les ONG
Victime de son « succès », le programme
connaitra un élargissement grâce à la décision
N° 93/136/CEE du 25 février 199348. Cette phase trois
(Hélios II) du programme est établie comme le
précise son article 1er pour la période du 1er janvier
1993 au 31 décembre 1996. Dans cette décision qui n'est rien
d'autre que le prolongement de la précédente, la
définition donnée du handicap est également
élargie. Elle ne se limite plus uniquement à considérer
comme handicap de sérieuses déficiences mentales et physiques,
elle y ajoute également des atteintes sensorielles, et psychiques
entravant l'épanouissement normal de la personne handicapée.
Les points névralgiques sur lesquels devaient
longuement s'attarder le programme étaient : « la
réadaptation fonctionnelle des personnes handicapées, leur
intégration dans le système éducatif, leur
formation et leur réadaptation professionnelles, leur
intégration économique, leur intégration sociale
et leur vie autonome »comme on peut le constater dans l'article
47Décision disponible sur :
http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:31988D0231&qid=1431686627356&from=FR
48
Disponible su :
http://eurlex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=OJ:JOC_1993_271_R_0019_01&qid=1431687040512&from=FR
32
3relatif aux objectifs. Bien plus, il s'inscrivait dans la
même logique que le précèdent programme à la simple
différence que celui-ci devait intégrer les ONG comme le Fond
Européen des Personnes Handicapées (FEPH) et les conseils
nationaux des personnes handicapées pour atteindre ses objectifs.
2. Le Programme Socrates et Leonardo Da Vinci
Socrates et Leonardo Da Vinci sont tous deux des
programmes adoptés grâce aux décisions du Parlement
Européen et du Conseil de l'Union Européenne pour Socrates I
et II en matière d'éducation et par le Conseil de
l'UE pour ce qui est du Programme Leonardo Da Vinci en vue de
l'amélioration de la formation professionnelle pour tous et donc en
particulier des personnes en situation de handicap aussi bien physique,
cognitif, sensoriel que « financier ». Aussi, tous deux ont-ils connu
deux phases d'applications certainement ; toutes proportions gardées due
à leur succès retentissant.
Pour Socrates, c'est grâce à la
décision N° 819/65/CE49 du Parlement Européen et
du Conseil de l'Union Européenne du 14 Mars 1995 que ce programme
d'action voit le jour dans sa phase une. Ainsi, il est dit dans celui-ci que le
programme « s'établit pour la période allant du
1erJanvier1995 au 31 Décembre 1999 »(article
premier 1 alinéa 1de la décision). Bien plus, ce programme
européen à l'analyse de la décision a vocation à
renforcer et à consolider les mesures prises dans les
précédents programmes notamment Hélios en
matière de coopération dans l'éducation au sein de
l'espace communautaire. Il couvre aussi bien les enseignements secondaires que
les enseignements supérieurs à travers le programme Erasmus.
Parmi les objectifs à lui assigner, il doit « encourager la
mobilité de »s étudiants en leur permettant d'effectuer une
partie de leur études dans d'autres Etats membres, afin de consolider la
dimension Européenne dans l'éducation » (article 3,
alinéa e). En d'autres termes, ce programme encourage l'attribution des
bourses que ce soit aux enseignants qu'aux étudiants pour leur permettre
d'échanger les expériences. En vérité, il
réitère et concrétise les ambitions d'amélioration
qualitative et quantitative de l'éducation des personnes
handicapées contenues dans la plupart des dispositifs communautaires
dont le traité d'Amsterdam. Il se fera grâce à «
une enveloppe financière de 850millions d'euros » (article 7,
alinéa 1). La seconde phase du programme d'action communautaire en
matière d'éducation Socratesdénommée
Socrates II naît grâce à la décision N°
253/2000/CE du Parlement Européen et du Conseil de l'UE, le 24 Janvier
2000. Son action doit s'étendre sur une période de 6 ans c'est
à dire du « 1erJanvier
49Disponible sur :
http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52001DC0075&rid=1
33
2000 au 31 Décembre 2006 »50.
Une analyse profonde des dispositifs notamment du point de vue des objectifs
fait état d'une transnationalisation de l'éducation en Europe,
car on y voit également la participation des pays d'Europe Centrale et
de l'Ouest (PECO), les pays de l'Association Européenne de
Libre-échange (AELE) des pays de la Méditerranée comme
Chypre, Malte et enfin la Turquie.
Comme dans les précédents programmes, c'est
grâce à une décision juridique notamment de la plus haute
instance politique de la communauté en l'occurrence le Conseil de l'UE
que le programme Leonardo Da Vinci est établi. La durée
de vie de la phase est programmée à quatre ans
c'est-à-dire du 1er Janvier 1995 au 31 Décembre
199951 (article 1, alinéa 2 de la décision N°
94/819/CE du 6 Décembre 1994) à la même période que
son homologue Socrates I. Son point focal, tel que défini,
repose sur la formation professionnelle en Europe. Il s'agit d'harmoniser et de
mutualiser les politiques nationales afin de leur donner un caractère
purement Européen. Le budget estimé à sa
réalisation est de l'ordre de 620millions d'euros (article 5,
alinéa 1 de la décision). Il intégrera et encouragera la
participation d'autres pays dont ceux du PECO et de l'AELE.
La deuxième phase comme nous l'avions
précisé dans nos propos liminaires du programme d'action
communautaire en matière de formation professionnelle Leonardo Da
Vinci est mis sur pied par décision N° 1999/382/CE du 26 Avril
1999 émanant du Conseil de l'UE. Il s'étend du 1er
Janvier 2000 au 31 Décembre 200640 (article 1er,
alinéa 2 de la décision). Il aura donc pour prérogatives
et but de « rehausser la qualité, l'innovation et la dimension
Européenne des systèmes de formation professionnelle, au moyen
d'une coopération transnationale » (aricle2, alinéa 1).
Ce programme est même ouvert aux organisations à but lucratif,
bénévole et ONG. Toujours dans sa vision transnationale, il
promeut la coopération Internationale avec des Organisations
Internationales Compétentes comme l'UNESCO et les Nations-Unies.
II. L'université Paris 8 et la question du
handicap : entre volonté administratives et contraintes sociales
Dans cette dernière partie, il sera en
vérité question d'une analyse dans un premier temps de la
législation Française en matière d'inclusion universitaire
des personnes handicapées et surtout de la place accordée aux
différentes lois, résolutions et directives européennes
dans le do-
50Disponible sur :
http://eur-lex.europa.eu/homepage.html?locale=fr
51Disponible sur :
http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:31994D0819&qid=1431688093690&from=FR
34
maine du handicap. Pour finir, nous analyserons
sociologiquement la situation au sein de l'université Paris 8, lieu
où j'ai effectué mon stage. Ceci sera possible grâce
à un entretien réalisé aussi bien auprès des
responsables de l'accueil des étudiants handicapés qu'aux
concernés eux-mêmes pour avoir une idée assez
précise du respect des différentes dispositions que se soient
nationales ou communautaires pour l'accessibilité et l'inclusion des
étudiants handicapés dans l'enseignement supérieur.
A. La législation française en matière
d'éducation des personnes handicapées : manifestation
d'égalité et affirmation de la fraternité.
Nous avons pensé utile qu'avant de dire mot sur
l'accueil et la scolarité des étudiants handicap à
l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, il faudrait
préalablement s'intéresser à l'état d'application
des directives internationales et européennes en matière de
scolarisation, de formation et d'inclusion des personnes handicapées en
France. Nous analyserons donc la législation française en
matière d'éducation, le traitement accordé aux
étudiants handicapés et surtout l'importance qu'accordent les
politiques publics à la question du handicap.
1. L'éducation en France : un droit pour
tous
D'emblée, il semblerait naïf de parler de
l'éducation comme première priorité nationale sans faire
référence à Soraya Kompany dans l'accessibilité
des établissements d'enseignement aux personnes handicapés
(2011) quand on sait qu'elle passe aux peignes fins les orientations
générales en matière d'éducation dans le monde qui
plus est en France. C'est au chapitre 1 de son ouvrage que cette
dernière nous précise que « la scolarisation est un
droit indéniable », « l'éducation contribue à
l'égalité des chances ». Ce point de vue peut
être légitimé grâce à l'article L 111-1
du code de l'éducation qui dispose que «
l'éducation est la première priorité nationale [...] il
contribue à lutter contre les inégalités
sociales»52. Cette disposition est une pure application
des injonctions découlant des conventions aussi bien Internationales que
Communautaires dont la Convention des Nations Unies relatives aux droits de
l'enfant et la Convention Européenne des droits de l'homme. La
législation française reconnait à travers son code de
l'éducation la nécessité de former le citoyen«
afin de lui permettre de développer sa personnalité,
d'élever son niveau de formation initiale et continue, de
s'insérer dans la vie sociale et professionnelle, d'exercer sa
citoyenneté »53.
52Soraya Kompany dans L'accessibilité
des établissements d'enseignement : les modalités d'accès
au savoir des élèves et étudiants handicapés et les
règles d'accessibilité des bâtiments de l'enseignement
primaire, secondaire et supérieur page 22
53Soraya Kompany dans L'accessibilité
des établissements d'enseignement : les modalités d'accès
au savoir des élèves et étudiants handica-
pés et les règles d'accessibilité des
bâtiments de l'enseignement primaire, secondaire et supérieur
page 24
35
L'égalité de chance et la non-discrimination
étant au coeur du système éducatif, le non-respect du
principe de droit à l'éducation par l'Etat rend celui-ci
responsable de son « avenir ».
Il est toutefois à préciser qu'il n'a qu'une
obligation de moyens quand on sait que les parents doivent jouer
également un rôle essentiel la volonté
d'égalité et de non-discrimination se manifeste aussi dans le
code de l'éducation puisque son chapitre deux est consacré aux
dispositions particulières aux enfants et adolescents
handicapées54. L'article L 112-1 dispose de la
compétence de l'Etat en matière d'éducation des personnes
handicapées puisqu'il « met en place les moyens financiers et
humains nécessaires à la scolarisation en milieu ordinaire des
enfants, adolescents ou adultes handicapés ».Il s'agit
spécifiquement de la situation des personnes handicapées
(enfants, adolescents ou adultes) d'une obligation de moyens mais aussi d'une
obligation de résultat.
2. L'inclusion des personnes handicapées, un
sujet au coeur des politiques publiques.
La mise en place par les autorités des politiques
publiques pour les personnes handicapées témoignent de la place
et de l'importance qui leur sont accordées.
De ce fait, c'est la loi n° 75-534 du 30 juin 1975
d'orientation en faveur des personnes handicapées qui donne le la.
Ainsi, les pouvoirs publics à travers cette loi destinée aux
personnes handicapées veulent montrer l'importance qu'ils accordent
à la question du handicap et partant de l'égalité entre
tous les citoyens valides comme non valides. Il est dit dans celle-ci que
l'inclusion des personnes handicapées relève désormais
d'une action contraignante d'ailleurs l'article 1er de ladite loi
précise : « la prévention et le dépistage des
handicaps, l'éducation ; la formation et l'orientation professionnelle,
l'emploi, la garantie d'un minimum de ressources, l'intégration sociale
et l'accès aux sports et aux loisirs du mineur et de l'adulte
handicapés physiques, sensoriels ou mentaux constituent une obligation
nationale [...j »55 (article 1er de la loi du 30 juin
1975). Cette article qui reflète l'intention et la conscience
du législateur couvre à proprement parler la majeure partie des
domaines nécessaires à la lutte contre les
inégalités sociales ; on y voit en filigrane la prise en compte
de plus grands piliers de l'inclusion sociale : une bonne formation scolaire et
professionnelle, un emploi « stable », des ressources
financières pouvant permettre à la personne handicapée
d'être épanouie, sa participation pleine et active aux
différentes activités sportives. L'enfant ou l'adulte
handicapé bénéficie des subventions de l'Etat pour son
éducation appelées Allocation d'éducation
spéciale en fonction des degrés de gravité de son
handicap qui permet aux parents notamment
54Code de l'éducation page 49
55Loi disponible sur
:www.assemblée-nationale.fr/histoire/handicap/loipdf
36
une femme seule ayant un enfant handicapé à sa
charge de subvenir aux besoins spéciaux qu'exige son handicap. Il est
également prévu une Allocation aux Adultes Handicapés
(AAH) réservée comme son nom l'indique aux adultes ne
bénéficiant d'aucunes prestations sociales et cette
décision est de la compétence de la Commission Technique
d'Orientation et de Reclassement Professionnel (COTOREP) (chapitre III article
36 de la loi). Cette loi fut signée au moment de la présidence de
Valérie Giscard d'Estaing sous les auspices de Simone Weil alors
ministre de la santé.
La dynamique sera engendrée avec la loi N° 91-633
du 13 Juillet 199156 portant diverses mesures destinées
à favoriser l'accessibilité aux personnes handicapées des
locaux d'habitation des lieux de travail et des installations recevant du
public. C'est également la raison d'être de l'ouvrage de Soraya
Kompany qui revient de fil en aiguille sur les mesures favorisant
l'accès des personnes handicapées que soit dans les services
publics que privés que dans l'enseignement secondaire et universitaire.
Cela passe par des mesures d'urbanismes et d'architectures qui prennent en
considérations dans les constructions des bâtiments la
problématique des personnes à mobilité et
visibilité réduite.
Pour finir la loi N°2005-102 du 11 Février
200557 est une amélioration significative. Dans «
Aspects essentiels de la loi du 11 février 2005, dite loi pour
l'égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées » de la Revue
Reliance, il est précisé qu'elle apporte des
évolutions dans « cinq grands domaines : la compensation, la
scolarité, l'emploi, l'accessibilité, les Maison
départementales des personnes handicapées » (page2).
Bien plus, la particularité de cette loi réside dans la mise en
place dans chaque Département des Maisons Départementales des
Personnes Handicapées (MDPH) qui regroupe maintenant toutes les autres
structures « impliquées dans l'accompagnement des personnes
handicapées :le conseil général, la Direction
Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS), Direction
Départementale du travail, de l'emploi et de la formation
professionnelle (DDTEFM), Caisse d'allocations familiales (CAF), Caisses
Primaires d'Assurances Maladies (CPAM)et l'inspection académique
»(page6).
Dans un Rapport N°2006-050 sur la politique d'accueil
des étudiants handicapés rédigé par Michel
GEORGET et Michèle MOSNIER de l'inspection générale de
l'administration et de la recherche adressé au Ministre de
l'éducation nationale de l'enseignement supérieur et de la
recherche et à son Ministre délégué58,
on y voit les mêmes intentions que celles formulées par les
différents programmes Européens en matière de
scolarisation des personnes des étudiants handicapés. Ce rapport
touche du doigt les points névralgiques sur lesquels les pouvoirs pu-
56Loi disponible sur :
http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000353816
57Loi disponible sur :
http://www.assemblee-nationale.fr/12/dossiers/handicapes.asp
58Rapport disponible sur
www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports.../064000721.pdf
37
blics et le ministère devraient s'attarder il s'agit de
l'information, de l'orientation de l'accessibilité aussi bien aux
savoirs qu'aux services de communication, et en fin l'accompagnement
pédagogique et la participation active aux activés de la
société.
B. Enquête de terrain et interview auprès des
responsables du service en charge du suivi des personnes handicapées
à Paris 8 : comme une sociologie critique
Le suivi des étudiants handicapés au sein de
l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis est assuré comme dans
la plupart des Université en France par un service compétent : le
service Handicap. Une exigence découlant aussi bien de la
législation européenne que nationale en matière
d'inclusion et de participation citoyenne des personnes handicapées.
Crée en 2003, le Service accueil Handicap de l'Université est
rattaché à la Direction des études et de la vie
étudiantes.
Aussi, nous préciserons que nous n'avons
malheureusement pas pu interviewer la responsable du service ElkaPAVRANOVA
comme nous l'avait conseillé le chef de mission handicap de
l'Université que nous avons interviewé. Qu'à cela ne
tienne, il s'agira ici de poser un regard critique sur l'état de la
situation des étudiants handicapés à Paris 8.
L'observation que nous avons pu faire lors de notre « descente » sur
le terrain nous a permis de pouvoir toucher du doigt la réalité
et les conditions dans lesquelles les étudiants handicapés
travaillent mais aussi la réponse qui est donné à leur
besoin.
1. Le suivi des étudiants handicapés :
une mission en principe large et partagée
Lors de l'entretien avec le Chef de Mission Handicap de
l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, le constat qui a
été fait d'entrée de jeu est que le service accueil
handicap n'est pas aussi facile à repérer bien qu'il soit
situé au rez-de-chaussée notamment au bâtiment A, salle
A46, car nous avons eu du mal à le retrouver. Aussi faut-il mettre en
avant le manque d'informations sur le site internet de l'université
à la rubrique handicap en ce qui concerne les permanences. Bien plus,
c'est dans l'objectif d'être rassuré et donc d'avoir plus d'amples
informations sur les permanences que nous avons effectué un appel au
SAH, il ressort donc que contrairement à ce que nous pouvons lire et
voir sur le site
handi-u.fr, plate-forme numérique
dédiée aux handicaps dans l'enseignement supérieur en
France, les permanences n'ont pas lieu tous les jours ouvrables de la semaine
mais uniquement puisque la responsable que nous avons joint au
téléphone nous fait savoir que le service est fermé le
Mardi durant toute la journée et le Jeudi matin ce qui peut
vraisemblablement laisser des zones d'ombres et des interrogations multiples
quant à l'implication et la volonté réelle d'être au
service des per-
38
sonnes des étudiants handicapés quand on sait
par ailleurs qu'après une brève excursion sur les lieux, la
propreté du moins sur la partie extérieure du bureau laisse
perplexe.
Le Chef de mission Handicap que nous avons pu interroger nous
fait état d'une responsabilité partagée dans le suivi et
l'accompagnement des étudiants handicapés. Alors que la
situation
dans le secondaire et le primaire semble maitrisable
grâce à une prise en charge globale des AVS (Auxiliaire de Vie et
Scolaire) qui effectuent les tâches de suivi personnel de la personne
handicapée qui passe par les besoins vitaux
(hygiène corporelle, alimentation...) et des tâches
d'accompagnement scolaire dans les prises de notes, et l'aide dans les devoirs,
lorsque l'on monte d'un cran au niveau supérieur, le handicap prend
alors toute sa forme et se complexifie.
Dans le cadre du suivi spécifiquement
pédagogique de l'étudiant handicapés (sous toutes ses
formes), la prise de note dans un cours quel qu'il soit nécessite une
capacité intellectuelle et
un minimum de pré requis proportionnel au niveau
d'étude de l'étudiant handicapé. Le chef
de mission handicapé n'hésite d'ailleurs pas
à nous faire savoir qu'une prise de note banale d'un cours de
mathématiques au niveau quatre par quelqu'un(e) qui n'a aucune base
scienti-
fique ne peut conduire qu'à l'incompréhension
à la fois du preneur de note que de l'étudiant lors de sa
lecture. La solution a donc été trouvée par le SAH et il
s'est attelé à recruter les pre-neurs(e) de note parmi les
étudiants présent dans la salle de cours bien que rien ne
garantisse que le cours sera bien pris sans toutefois remettre en cause les
acquis et les aptitudes intellectuelles de ces étudiants.
Bien plus, le côté suivi personnel des
étudiants handicapés est un point névralgique sur lequel
l'université ou du moins l'ancien Président Pascal BINCZAK,
juriste de son état et très sensible aux questions du handicap a
longuement réfléchi. Aussi l'université dispose-t-elle des
salles « médicalisées » pour soins des étudiants
handicapés.
Toutefois, cette assistance médicale n'est pas du
ressort du SAH selon les propos du Chef de mission ; c'est plutôt aux
MDPH qu'incombe la tâche de fournir un Auxiliaire de vie chargé
de s'occuper de la personne handicapée. Les
tâches doivent donc être partagées car si le suivi
pédagogique est exercé entièrement par le SAH, le suivi
personnel devrait conformément à loi du 11 Février 2005
relative à la participation citoyenne des personnes handicapées
qui institut les MDPH héritières de la défunte COTOREP
incombé aux départements.
Malgré l'augmentation du nombre d'étudiants
handicapés au sein de l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis
depuis un temps certain, l'offre de service reste entamée par des
zones
d'ombres et surtout des réponses en quête
d'efficacité. La toute récente enquête sur les
élèves et étudiants en situation de handicap -chiffre
clés-rentrée 201459 du Ministère de
l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la
recherche nous fait état de près de 18200 étu-
59Enquêtes disponibles sur :
http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid24673/personnels-en-situation-de-handicap.html
39
diants en situation de handicap parmi lesquels
12000 bénéficient d'un accompagnement spécifique.
Pour ce qui est du nombre d'étudiants atteint d'un handicap quel qu'il
soit à l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, c'est
l'enquête sur le Recensement des étudiants en situation de
handicap année universitaire 2012-2013 et
évolutions60 rubrique Universités qui nous donne
des chiffres importants. L'on peut donc constater que le nombre
général d'étudiant handicapés durant l'année
académique 2012-2013 est de 307précisément
à Paris 8.
2. Les manquements et griefs du suivi :
accessibilité et inclusion
Après une visite et une observation des lieux comme le
veut le travail sociologique, l'Université Paris 8 se démarque en
ceci que la loi N° 91-633 du 13 Juillet 1991 portant diverses mesures
destinées à favoriser l'accessibilité aux personnes
handicapées des locaux d'habitation des lieux de travail et des
installations recevant du public, ne semble pas la concerné car si
l'accès au bâtiment est pour un étudiant(e) valide un
parcours du combattant, qu'en sera-t-il pour l'étudiant handicapé
? L'université pêche en ceci qu'elle ne dispose pas en
vérité d'un espace de stationnement pour personne
handicapée. Bien plus, l'accès au Hall d'entrée n'est
quasi pas accessible malgré la présence d'escalier difficilement
empruntable par des étudiants présentant un lourd handicap
physique. Qui plus, le suivi des personnes handicapées au primaire et au
secondaire s'avère beaucoup moins contraignant que celui des
étudiants handicapés dans le supérieur ce qui pose donc le
soucis de la continuité du suivi, car si un auxiliaire de vie peut
éprouver moins de difficulté dans la prise de note et le
secrétariat chez des écoliers ou élèves il n'est
pas du tout pareil dans les Etablissements d'Enseignement Supérieur et
de Recherche qui impose et nécessite un minimum de préalables
dans la filière et même dans l'Unité d'Enseignement en
cours de dispensation par les professeurs. Parlant de professeur, ceux-ci
apparaissent comme nous l'avait si bien démontré EBERSOLD Serges
et EVANS Peter dans les étudiants handicapés dans
l'enseignement supérieur, un frein inextricable à une
inclusion « totale » réussie puisque les aménagements
contenus dans les politiques universitaires en faveur du handicap ne sont pas
toujours respectés par ces derniers, il existe fortement malheureusement
une distance certaine entre non pas l'étudiant mais le handicap et
l'enseignant c'est pourquoi Pauline Restoux dans son Handicap et la
Solidarité Internationale précisait déjà que
l'inclusion des personnes handicapées est limitée non pas par
leur état de santé mais par l'environnement social dans lequel
elles vivent, de plus cela va en droite ligne avec les déclarations
faites par le Politicien Hongrois et président de l'intergroupe «
Handi-
6053-Recensement disponible sur :
https://www.sup.adc.education.fr/handiu_stat/hdtele.htm
40
cap » au parlement européen
ÁdámKósa lors de son interview. Pour finir la CIF du
handicap publié par l'OMS définissait et remettait en cause
l'approche médicalo-centrée du handicap puis la concevoir
désormais dans une perspective sociopolitique comme devant faire l'objet
des politiques publiques audacieuses. Il n'est pas sans intérêt de
relever la mise sur pieds d'un schéma directeur pluriannuel.
Conclusion
La situation des étudiants handicapés au sein de
cette université parisienne n'est donc pas totalement prise en compte et
réussie dans la mesure où les difficultés
budgétaires n'y sont pas récurrentes à en croire le chef
de mission handicap. Après une lecture attentive de l'interview il
ressort que plusieurs choses reste à faire et doivent être faite
pour l'amélioration de l'inclusion aussi vaste que les différents
types de handicap. Si la présence du service accueil handicap est une
réalité, celle du personnel d'accompagnement et des mesures
efficaces le sont moins. La réalité du handicap impose donc dans
cette université comme dans d'autres institutions privées comme
publiques une mobilisation importante et un recrutement conséquent de
personnel qualifié et spécialisé dans la prise en charge
et l'accompagnement des besoins des personnes handicapées.
A la tête de liste des institutions concernées
nous avons le Ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement
Supérieur et de la recherche qui devrait intégrer dans les cursus
scolaires et du primaire jusqu'au supérieur ( formation des enseignants
et étudiants) des enseignements relatifs au handicap une forme de
conscientisation sur le handicap car prendre des mesures
d'égalité, de citoyenneté, et d'accessibilité sont
importantes mais faire savoir à tout l'ensemble de la communauté
nationale (valide comme invalide) que le handicap est une affaire de tous et
nous concerne tous est mieux car cela changerait non seulement les perceptions
sociales du handicap mais aussi favoriserait une inclusion sociale moins
difficile pour les personnes handicapées. Le second acteur central
devant jouer un rôle aussi important est le quatrième pouvoir, les
médias c'est-à-dire les NTIC ; une sensibilisation importante est
un gage de pré réussite. Pour finir, l'université Paris 8
Vincennes Saint-Denis comme toutes les autres universités de France en
métropole et dans les DOM-TOM doivent au sein du service handicap mettre
la personne handicapée au coeur des préoccupations puisqu'il
s'agit en réalité d'un service fait pour l'étudiant
handicapé sans négligez le volet emploi et insertion
professionnelle post-étude supérieure
41
Bibliographie.
Kompany, Soraya L'accessibilité des
établissements d'enseignement : les modalités d'accès au
savoir des élèves et étudiants handicapés et les
règles d'accessibilité des bâtiments de l'enseignement
primaire, secondaire et supérieur, Héricy, Édition du
Puits fleuri, 2011, "Gestion & organisation", 322 pages.
Réveillard, Christophe Les dates-clefs de la
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politiques communes, Union économique et monétaire,
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42
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Paris-VIII#cite ref-
Guide de l.27.C3.A9tudiant 2013-2014 3-0. (consulté
le 11/05/2015)
Annexes
-Questionnaire +Transcription de l'interview
-Liste des différents partenaires du projet IPHeRMOK
-Rapport d'activité du SERCI.
43
LISTE DES ABREVIATIONS
AAH: Allocation Adulte Handicapé
AELE: Association Européenne de Libre-échange
ASPH : Association Socialiste de la Personne
Handicapée
APACHES : Association des Professionnels d'Accompagnement du
Handicap dans
l'Enseignement Supérieur
CECA: Communauté Européenne du Charbon et de
L'Acier
CED: Communauté Européenne de Défense
CEDH : Convention Européenne des Droits de l'Homme
CFVU : Commission de formation et de la vie universitaire
CIF : Classification Internationale du Fonctionnement du
Handicap
COTOREP : Commission Technique d'Orientation et de
Reclassement Professionnel
CoRI : Conseil des Relations Internationales
CNDPH: Convention des Nations-Unies relatives aux Droits des
Personnes Handicapées
CR : Conseil de Recherche
DUDH : Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
EACEA: Education, Audiovisual and Culture Executive Agency
EURATOM : Communauté Européenne de
l'Énergie Atomique
FEPH : Fond Européen des Personnes
Handicapées
HELIOS: Handicap people in the European community Living
Independently in the Open
Society
INS HEA: Institut National Supérieur de formation et de
recherché pour l'éducation des
jeunes Handicapés et les Enseignements
Adaptés
IUT : Institut Universitaire de Technologie
MDPH : Maison Départementale des Personnes
Handicapées
NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication
OCDE: Organisation de Coopération et de
Développement Économique
OECE : Organisation Européenne de Coopération
Économique
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PECO : Pays d'Europe Centrale et de l'Ouest
SAH : Service Accueil Handicap
SERCI : Service des Relations et de la Coopération
Internationales
UE : Union Européenne
UFR : Unité de Formation et de Recherche
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