LA FRANCE, UN PAYS EN CRISE
Depuis 2008, nous considérons la France comme
étant en crise. Le chômage n'a jamais été aussi
haut, le nombre de SDF croît É Bien qu'en réalité
cela fait deux ans que le PIB de la France est parvenu à dépasser
celui de 2007. La croissance a repris bien que faiblement.
Malgré tout le pouvoir d'achat reste très
faible pour les français. Ce dernier aurait baissé de 1 500 euros
annuels entre 2009 et 2014. Cela s'explique par la différence entre la
hausse des salaires (+2,9%) et ceux des prix des dépenses (+6,9%). Nous
pouvons noter des augmentations importantes dans différents domaines :
le loyer, l'essence mais également la viande.
L'augmentation de ces dépenses contraintes touche
douloureusement de nombreuses familles
qui se retrouvent dans un état de
précarité. Le fossé entre « pauvres » et «
riches » s'agrandit, la classe moyenne disparaît peu à
peu.
La société est aujourd'hui dans une situation
délicate car elle ne parvient pas à subvenir efficacement aux
besoins des plus démunis, et d'un autre côté les plus
aisés commencent à ne
plus accepter de donner plus de la moitié de leurs
revenus à l'Etat. Des tensions sociétales apparaissent,
attisées par les discours des politiques.
En effet, aujourd'hui nous assistons à une
véritable guerre du pouvoir entre trois grands partis français :
Le Parti Socialiste, actuellement au pouvoir avec le président
François Hollande,
L'UMP bientôt appelé « Parti
Républicain » avec comme représentant Nicolas Sarkozy, et
le
Front National représenté par Marine Le Pen.
En analysant leur discours, nous pouvons nous rendre compte
qu'ils se contentent bien souvent de critiquer les actions des
précédents partis et présidents, plutôt que de
proposer de véritables solutions. Lors des campagnes électorales,
ce sont des millions d'euros qui sont dépensés par
chaque parti. Des « solutions » sont
exposées dans le programme des candidats, faisant miroiter de nouveaux
emplois, de nouveaux salaires et un pouvoir d'achat qui augmenterait
considérablement.
Malheureusement, ces promesses sont rarement tenues. Une fois
au pouvoir, le gouvernement
se rend compte que la situation sera compliquée
à redresser et qu'il faudra du temps. Or le temps, les français
ne l'ont plus.
Toutes ces critiques, paroles en l'air et expositions de
situations dramatiques diffusés dans les médias de masse ne
peuvent qu'accroître la défiance des français envers
l'avenir de leur pays et leurs représentants.
En effet, en plus de ce contexte sociétal
compliqué, un autre facteur peut expliquer la morosité qui a
gagné la population française. Nous sommes aujourd'hui
continuellement soumis aux médias de masse. Des images défilent
chaque jour sur nos écrans, dans la presse et même en affichage.
Et elles sont rarement joyeuses. Partout dans le monde les gros titres sont
dédiés aux guerres, séismes, et autres catastrophes
entraînant des milliers de morts. Les scandales viennent en seconde
place. Politiques corrompus, des dirigeants d'associations humanitaires qui
profitent de la bonté des donateurs pour s'enrichir, acteurs et autres
stars qui se font arrêter. Le monde des médias est majoritairement
composé de drames et de débauche. Or chacun d'entre nous y est
exposé quotidiennement.
ÉTUDE SOCIOLOGIQUE
Entre la situation économique de la France, et les
images défilantes du reste du monde, il n'est pas étonnant que le
comportement des français ait changé. Notre cerveau enregistre
chaque jour des informations toujours plus afßigeantes. Or, ces
informations seraient trop dures à supporter si l'on acceptait la pleine
horreur de certains drames. Peu à peu, nous nous sommes naturellement
détachés de tout ce qui ne nous concernait pas de près.
Pour ne pas souffrir, pour ne pas se mettre en péril, pour ne pas aider
notre prochain alors que notre propre situation n'est pas à son
paroxysme.
L'empathie, un caractère fort de chaque être
humain, s'est réduit au fil des ans, usée par une
société qui ne parvient pas à rendre heureux ses citoyens.
Ces derniers deviennent alors plus égoïstes et privilégient
la réussite personnelle à la collective.
Voici un diagramme très intéressant du site
http://geert-hofstede.com
16
Geert Hofstede est un psychologue néerlandais né en
192811. Il a été inspiré par le
culturalisme. C'est pourquoi il a créé un outil
qui permet de comparer les pays en termes de culture selon 6
critères.
· la distance hiérarchique,
· l'individualisme et le collectivisme,
· la dimension masculine/féminine,
· le contrôle de l'incertitude,
· l'orientation court terme/long terme,
· l'orientation
indulgence/sévérité.
Nous pouvons ainsi voir un portrait intéressant du
français.
Notre distance hiérarchique est à 68. Nous
considérons donc que dans une société, ou dans une
entreprise, nous ne sommes pas égaux. Il y a les puissants et les
faibles, les riches et les pauvres. Cela explique le résultat de la
seconde colonne : l'individualisme. 71 est un score très haut indiquant
que le français veut réussir seul, pour arriver en haut de la
hiérarchie et donc être « supérieur ». Le fait
que nous soyons une société « masculine » ne fait que
renforcer cet individualisme. En effet un pays masculin signifie que la culture
réside dans la compétition, le challenge et le dépassement
de chacun.
Le contrôle de l'incertitude de la France
s'élevant à 86, nous pouvons en conclure que nous n'aimons pas
l'improvisation. Nous aimons tout organiser et tout contrôler. Nous
aimons tout savoir pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Dans le cas des
donateurs envers des ONG, cela signifie qu'il faut être très
transparent sur l'utilisation de leur argent si l'on veut avoir leur
confiance.
Enfin la société française serait «
indulgente ». Elle a donc tendance à vouloir assouvir les
désirs de ces citoyens plutôt que de les contrôler aux
travers de nombreuses normes. Nous pourrions voir cela comme un souhait de voir
sa population heureuse. Mais il est possible que le modèle
français si généreux soit aujourd'hui menacé.
EXEMPLES CONCRETS RÉCENTS
Au-delà de cette étude très
intéressante. Nous pouvons voir la baisse d'empathie des français
par des exemples concrets de tous les jours. En voici quelques-uns :
11 Wikipédia, Geert Hofstede
·
17
Une femme agressée dans une rame de métro
à Lille (2014)12. Un soir, une mère de famille s'est
faite agressée par un jeune homme ivre dans les rames du métro de
Lille. Le wagon n'était pas vide, pourtant personne n'est venu en aide
de cette femme qui s'est faite touchée puis poursuivre dans la rue.
Là encore les voitures l'évitaient plutôt que de lui venir
en aide jusqu'enÞn une voiture avec un jeune homme de 19 ans vienne
l'aider, en venant aux mains avec l'agresseur.
Le procureur de l'affaire à bien cerné le
problème : «En tant que représentant du
ministère
public, je suis inquiet de ce visage d'une
société où on est capable de prendre une autre
rame
en laissant seule une femme face à son agresseur.
Il est là l'effroi aujourd'hui... Se dire que dans notre
société, on ne pourra pas compter sur la
collectivité».
· Une enseignante poignardée par une mère
(2014)13. Une femme d'une quarantaine d'années est parvenue
à poignarder à mort de sang-froid une enseignante de 34 ans et ce
devant
l'ensemble de sa classe à Albi. Les enfants sont en
classe de maternelle et ont dû être suivi psychologiquement.
Comment une mère peut en tuer une autre devant des enfants sans la
moindre émotion ?
· Les actes homophobes ont bondi de 78% en
France14 : Entre 2012 et 2013, un grand pas a
été franchi pas la France : le mariage
homosexuel est autorisé. Mais cette avancée eu une
conséquence dramatique pour les personnes homosexuelles, car les actes
homophobes augmentèrent de 78% entre 2012 et 2013. Injures, menaces de
mort et agressions physiques, les français n'acceptent plus ceux qui
sont « différents », ils veulent se replier sur
eux-mêmes.
Ces trois articles ne sont que de brefs exemples parmi une
quantité afßigeante de nouvelles similaires qui paraissent dans la
presse quotidienne. De moins en moins de français aident une personne
inconnue en détresse, et à l'inverse de plus en plus de citoyens
deviennent violents,
parfois allant jusqu'à l'homicide volontaire.
12
13
14
: Article du Figaro du 8 novembre 2014
: Article du libération société du 6
juillet 2014 : Article du monde Société en avril 2014