A. La fonction ludique
Du latin Ludusqui signifie jeu, le
ludisme renvoie au comportement d'une personne qui cherche à jouer
dans toutes les circonstances. La fonction ludique en littérature peut
alors designer, le ludo-éducatif, c'est-à-dire qui permet
d'instruire en s'amusant. Le texte va renfermer des dimensions de jeu ou des
dimensions comiques tout en visant l'instruction de la société.
Par la fonction ludique, littérature peut aussi incarner une dimension
de loisir. Elle châtie donc les moeurs par la voie du
rire.
La fonction ludique imprègne une bonne partie des
textes traditionnels. C'est ainsi que les devinettes, les contes, les chants,
les épopées et récits mythologiques ont pour fonction de
satisfaire les besoins de la communauté qui désire se
« délecter » des histoires à travers les
veillées nocturnes. Généralement, dans les villages
africains, le soir, autour d'un feu, des vieux, des jeunes, des femmes et des
enfants se retrouvant pour partager le plaisir de la parole. Cependant, ce
plaisir de raconter est consubstantiel à d'autres fonctions notamment la
fonction pédagogique.
B. La fonction
pédagogique
La pédagogie étant l'art d'enseigner ou les
méthodes d'enseignement propres à une discipline, à une
matière, à un ordre d'enseignement, à une philosophie
d'enseignement. Etymologiquement, le terme pédagogie signifie,
science qui a pour objet l'instruction ou l'éducation. Venant du grec
ancien, le terme pédagogie signifie conduire. La fonction
pédagogique se rapporte donc à l'aspect didactionnel et au
caractère instructionnel de la littérature. Le texte est
considéré comme un canal de transmission des connaissances et
comme une branche d'enseignement. La littérature est
considérée comme outil de dispense du savoir. Cette fonction
reconnait à la littérature le caractère enseignant.
La fonction pédagogique des textes sert donc
essentiellement à initier les jeunes générations aux
valeurs cardinales de la société. Une édification morale
est assignée au message de l'écrivain qui prend le soin de
baliser les bonnes conduites aux jeunes afin de contribuer à leur plein
épanouissement. Pour ce faire, il est demandé, sinon
prôné, l'obéissance aux coutumes, aux valeurs, aux
idéaux. C'est ainsi que les contes mettent en scène une
organisation sociale et économique forte, basée sur la
hiérarchie et les strates sociales dans l'univers des fables. C'est le
procédé de l'anthropomorphisme qui permet par métaphore,
de critiquer et de stigmatiser les individus dans la société. Il
y a donc à travers la fonction pédagogique, une puissante
référence aux idéaux dont le socle est essentiellement
assuré par la gérontocratie.
Il y a aussi un besoin impérieux de créer des
liens étroits entre les morts et les vivants à cause d'une dette
de sang qui lie les seconds aux premiers. Comme le note bien J. Chevrier, la
fonction pédagogique de la littérature « permet de
concilier les forces du bien et d'exorciser les forces du mal. On comprend donc
toute l'importance qui est attachée à la parole bien dite ; car
à certains moments la parole a véritablement valeur
d'acte » (1999, 9).
Ainsi dans les textes, il y a toujours une pédagogie
subreptice comme dans le cas de l'anthropomorphisme que nous avons
évoqué, destinée aux jeunes et parfois aux adultes. On
remarque aussi que les textes de la littérature orale sont souvent
construits autour du récit d'un conflit, ou d'un méfait assorti
d'un dénouement. Selon J.Chevrier « Ces textes
s'inscrivent dans la veine de la morale sociale en vigueur au sein de la
société ; il y a comme une sanction infligée à
toute infraction à la norme admise. C'est un procédé qui
répond aussi au souci politique et idéologique du maintien de
l'ordre. A ce niveau, les gouvernés et les gouvernants ne sont pas
épargnés. Les chefs et les roturiers d'une part ; les
responsables politiques comme le peuple d'autre part ne sont pas au-dessus de
la loi et se doivent de respecter la coutume. Nous pouvons dire que la plupart
des contes africains sont bâtis sur cette philosophie de la
morale ». (1999, 44)
Il renchérit que Chez les Moose, qui sont en partie
régis par le système de l'oralité, c'est plutôt
à travers la parole que s'effectue une part importante de
l'éducation, notamment la transmission des valeurs et savoirs. La
pédagogie moose joue surtout la carte de l'émotion, de la
stimulation, du fantastique (ou fantasmagorique) qui représentent pour
elle, les moyens psychologiques les mieux appropriées, ainsi que les
meilleures conditions pour éveiller et entretenir au maximum la
réceptivité des enfants.
Cette réceptivité, en tant que conditionnement
mental préparerait une bonne assimilation des choses enseignées
en sollicitant entre autres choses, toute l'attention et l'intérêt
des plus jeunes. L'usage à des fins pédagogiques de
« l'épouvantail », l'appel
répété au surnaturel et au sublime, à l'imaginaire
ou la « crainte inconsciente » de voir mourir un être
cher, de par la faute de l'enfant... participent de cette volonté
posée ici comme principe de « pédagogie ».
Les moyens pour réaliser un tel contexte mental et intellectuel,
paraissent assez variés dans le patrimoine éducatif moose, de
même le conte y tient une place de premier choix.
|