Chapitre III : Impacts
socio-économiques des mouvements migratoires sur le développement
de l'arrondissement de Ikpinlè et suggestions
Les mouvements de populations dans l'arrondissement
d'Ikpinlè ont des impacts significatifs sur le développement. Ces
impacts se font sentir dans les deux aspects de migrations.
3.1. Impacts des activités des immigrants sur
le développement de l'arrondissement d'Ikpinlè
Les conséquences des immigrations sur le
développement de l'arrondissement concernent : les aspects
socio-économiques, la sécurité alimentaire, les
échangent commerciaux, l'éducation, la formation et
l'économie.
3.1.1. Aspects socio-économiques
L'immigration rend Ikpinlè cosmopolite à travers
un brassage culturel entre plusieurs ethnies. Elle ouvre davantage la ville
à l'intensification des échanges commerciaux. Malgré leur
installation dans les quartiers populaires, l'intégration des immigrants
dans la société à Ikpinlè reste superficielle. Les
rapports avec les autochtones se limitent aux relations commerciales.
Les enquêtes de terrain montrent que les logements
habités par les immigrants à Ikpinlè deviennent de plus en
plus chers (une chambre et séjour : 8.000 F voire 10.000 F; deux
chambres et un séjour : 15.000 F voir 25.000 F) sont loin
d'être les plus décents. Les célibataires habitent dans les
entrées-couchées ou à la rigueur dans une chambre un salon
et peuvent rester à 2 ou 3 dans la même chambre.
Par contre les mariés vivent en couple dans une chambre
un salon.
Néanmoins pour certains immigrants, notamment les
apprentis, les boutiques servent parfois de lieu de vente et de dortoirs. Il
s'agit pour eux de maximiser leur profit mais également un moyen pour
surveiller leurs produits. 60 % des personnes enquêtées
mentionnent que les immigrants participent à la flambée des prix
des logements. Ces étrangers après plusieurs années de
services ou de travail injectent des bénéfices qu'ils ont dans la
construction des maisons, des écoles, des hangars de marché, des
puits, des routes et dans le social. Plusieurs cadres étrangers ont
investi dans le commerce, la construction des cliniques, des écoles
privées, d'unité villageoise de santé,
d'églises.
3.1.2. Sécurité alimentaire
Elle est l'un des paramètres prédominants dans
la caractérisation du développement des peuples. Elle se
manifeste globalement par l'autosuffisance alimentaire dans la quantité
et la qualité (disponibilité et diversité en
denrées alimentaires cultivés).
Originellement, la région d'Ikpinlè s'est
spécialisée dans les cultures de rentes et vivrières.
Aujourd'hui cette région est inféodée des cultures telles
que le palmier à huile, le manioc, tomate, piment, taro etc. Ces
nouvelles cultures devenues aujourd'hui vulgaires ont été
introduites par les colons agricoles immigrants (du nord et du sud du pays)
(PDC Adja-Ouèrè, 2002).
Cette diversité des denrées alimentaires a
amélioré à un moment donné les habitudes
alimentaires des populations autochtones d'Ikpinlè qui ont pu combattre
la malnutrition, car les agriculteurs ont introduit de nouvelles et
différentes cultures dans les habitudes culturales ; ces cultures
constituent un atout considérable pour la sécurité
alimentaire dans la commune en particulier pour l'arrondissement et les
excédents sont convoyés sur le marché afin de desservir
les populations environnantes. C'est le cas du manioc considérablement
cultivé par les agriculteurs immigrant. Les photos de la planche 06
ci-dessous illustrent les principaux produits agricoles dans le marché
d'Ikpinlè.
 
Planche 06 : Sacs de manioc et paniers de
noix de palme prêts pour la vente au marché d'Ikpinlè
Prise de vue : SEIDOU , janvier 2015
Ces sacs de manioc et les paniers de noix de palme sont
exposés sur le marché sur demandes des bonnes femmes venues des
localités environnantes. Sur ces produits la mairie
prélève des taxes pour entretenir les marchés.
Pour de nombreux clients les immigrants leurs offrent des
services de proximité et sont pour la plupart satisfaits des prestations
de ces derniers.
3.1.3. Echanges commerciaux
Les échanges commerciaux sont beaucoup plus
pratiqués par les immigrants. Ils se font à travers le petit
commerce de divers puis par l'installation sur les marchés locaux. Ce
sont surtout les épouses des fonctionnaires de l'administration publique
et les hommes antérieurement moulés dans les régions
à vocation commerciale du pays (Goun, Adja, yoruba...) qui s'adonnent
à ces activités. On enregistre également des
étrangers des pays limitrophes tels que le Nigeria, le Niger, le Togo,
le Ghana, etc. Les étalages renferment surtout les produits de
consommation de première nécessité et importés tels
que le sucre, le lait, les produits de toilette, les épices de cuisine,
les pièces détachées d'auto et moto, les produits
pharmaceutiques, des friperies, des tissus, des plastiques, des jouets etc. ces
immigrants se déplacent de marché en marché pour
écouler leurs marchandises. Les photos de la planche 07 ci-dessous
montrent quelques activités quotidiennes des immigrants.
 
Planche 07 : Etalage de divers au
marché d'Ikpinlè et au marché de Mowodani
Prise de vue : SEIDOU , janvier
2015
L'observation des deux photos de la planche 07 montre surtout
les produits de consommation de première nécessité et
importés tels que le sucre, le lait, les produits de toilette, les
épices de cuisine, les pièces détachées d'engins
à deux roues, les produits pharmaceutiques, des ustensiles de cuisine,
les plastiques etc.
Dans l'exercice de leurs activités les immigrés
subissent des contraintes qui entravent le bon déroulement de leur
commerce.
De façon unanime, ils estiment que leurs
activités sont moins profitables de jour en jour et expriment leur
indignation face à certains propriétaires qui ne cessent de
brandir la menace d'une augmentation du loyer et des frais de boutiques. Ils
estiment qu'ils payent plus cher que les autochtones. A cela, s'ajoutent les
tracasseries douanières et le coût élevé des frais
de dédouanement. Ceci amène certains immigrants nigérians
à contourner le circuit douanier et à faire rentrer
frauduleusement des produits sur le territoire communal. Les commerçants
nigérians doivent faire également face à la concurrence
d'abord entre eux mais également avec de nombreux autochtones qui
commencent à s'illustrer dans le secteur. Grâce aux
activités des immigrants la mairie perçoit des taxes sur les
différentes activités que mènent ces derniers. Cela permet
à la mairie de renflouer aussi sa caisse. De plus, pour les clients
auprès desquels l'enquête a été menée, les
prix des articles chez les immigrants sont plus abordables que chez les
autochtones qui exercent la même activité. La figure 10 montre
l'appréciation des prix par les clients.
Prix des produits
Fréquence (%)

Figure 8 : Prix des produits des
migrants sur les marchés en pourcentage
Source : Résultat enquête
de terrain, janvier 2016
L'analyse de la figure 8 ci-dessus montre que 57 % des clients
enquêtés estiment que le prix des articles immigrants est moins
cher contre 28 % qui le trouvent très chers.
Cette dernière catégorie concerne les clients
qui ont l'habitude d'effectuer des séjours au Nigeria soit pour
travailler soit pour une quelconque cause. Ils comparent ainsi le prix des
articles sur le marché nigérian à celui du Bénin
sans prendre en compte le paramètre coût du transport et les taxes
douanières.
L'intérêt de cette figure permet à la
population d'être soulagé dans le choix des produits selon les
prix.
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