I- LES PRÉMICES DE LA RÉUNIFICATION DU
CAMEROUN
11 février 1961, sous l'égide des Nations unies
se déroule un plébiscite au cours duquel les populations du
Cameroun méridional et septentrional sont appelées à
répondre aux questions suivantes :- « Voulez-vous atteindre
l'indépendance par l'unification avec la fédération
indépendante du Nigéria ? » - « Voulez-vous atteindre
l'indépendance par l'unification avec la république
indépendante du Cameroun ? ». Le Cameroun méridional vota
avec 223 571 voix pour et 97 741 contre en faveur de l'unification avec la
République du Cameroun et le Cameroun septentrional opta avec 146 296
voix pour et 97 659 voix contre pour le rattachement au
Nigéria.56 Les principaux artisans de la réunification
en l'occurrence John Ngu Foncha et Ahmadou Ahidjo pour mettre en application ce
projet ambitieux prévu pour le 1er octobre 1961 ont
pensé à organiser la conférence de Foumban. Mais avant il
fallait au préalable passer par le consensus de Bamenda.
56Reunification, Hors-série, Cameroon
Tribune, 0ctobre 2011, page 68
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
A- LE CONSENSUS DE BAMENDA :
Du 26 au 28 juin 1961 une conférence est
organisée à Bamenda entre les représentants du Cameroun
méridional et ceux de la république du Cameroun pour
arrêter une constitution fédérale en prélude
à la conférence constitutionnelle de Foumban. Les sujets à
l'ordre du jour portent sur : la constitution, l'éducation, la justice,
les langues officielles etc. Il s'agit d'une conférence inter-partis
appelée « All Party Constitutional Conference »
convoquée par John Ngu Foncha afin que le Southern Cameroons ne se rende
pas en rangs dispersés à la conférence de Foumban. Les
leaders politiques anglophones renouvelèrent leur confiance à
Foncha qui était le Premier Ministre du Southern Cameroons. Ils
adoptèrent après consensus un projet de constitution
calqué sur le modèle anglo-saxon. Pour les anglophones, la
fédération à venir devra conserver une certaine forme
d'autonomie. Le Southern Cameroons assurera désormais l'ordre et la
sécurité sur son territoire. Les anglophones ne souhaitent pas
que l'armée de la république du Cameroun viole leur territoire
après le 1er octobre 1961.Foncha souhaite comme mesure
alternative, le maintien de la force britannique dans le Southern Cameroons
jusqu'à ce que cette partie du Cameroun soit capable de constituer une
force de police capable de contrôler cette partie du territoire. Une
proposition évidemment rejetée par les britanniques qui
n'envisagent même pas maintenir la moindre mission technique dans le
Cameroun occidental après la réunification. L'un des faits
majeurs à souligner au sortir de ce conciliabule de Bamenda s'est que
Foncha a omit de présenter aux différentes
délégations des partis politiques présents à cette
réunion, le projet de constitution rédigé par le pouvoir
central de Yaoundé et qui lui avait été remis par le
président Ahmadou Ahidjo au mois de mai 1961. Cette omission le
fragilisera plus tard dans son camp.57
B- LA CONFÉRENCE CONSTITUTIONNELLE DE FOUMBAN
:
Selon Daniel Abwa les raisons du choix de Foumban pour abriter
cette très importante conférence sont les suivantes : Le Noun est
un havre de paix, les relations entre le roi des Bamoun Njimoluh Seidou Njoya
et les deux principaux protagonistes Ahmadou Ahidjo et John Ngu Foncha sont
excellentes. Autres raisons : la région Bamiléké voisine
du Noun étant en trouble, Ahidjo veut démontrer qu'il tient bien
les reines de son pays. Le site de Foumban n'est pas facilement prenable
grâce aux murs qui entourent la ville et qui rendent de ce fait
57Reunification, Op.cit. page 77
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
impossible toute attaque surprise. De plus la ville de Foumban
est proche de Koutaba d'où les avions peuvent décoller à
tout moment en cas de danger. Dernier élément et non
négligeable, les Bamoun sont réputés chaleureux et la
beauté de leurs filles n'est plus à démontrer. D'ailleurs
durant les cinq jours qu'aura mis la conférence de Foumban du 17 au 21
juillet 1961 se succèderont de grandes réceptions tous les
jours.
Au cours de cette conférence les divergences de points
de vue entre le Cameroun oriental et occidental sont visibles. Amadou Ahidjo
souhaite que les deux entités forment un Etat unitaire centralisé
: la fédération n'étant qu'une étape devant
conduire à l'Etat unitaire. Foncha n'ayant pas obtenu de converger vers
une confédération envisage que les travaux aillent dans le sens
d'une fédération dans laquelle le Southern Cameroon
bénéficierait d'une autonomie relative. Le camp Foncha n'ayant
pas examiné le projet de constitution proposé par le pouvoir de
Yaoundé, suite à l'omission de Foncha lors du consensus de
Bamenda, le projet constitutionnel d'Ahidjo s'impose alors comme base des
discussions reléguant ainsi au second plan les conclusions de la
précédente conférence inter-partis des anglophones. Les
dates du 17, 18 et 19 juillet 1961 leurs sont accordées pour examiner le
projet de constitution qui leur a été présenté pour
la première fois à l'ouverture des travaux. Foncha est
fragilisé. Au finish c'est la fédération telle que
proposée par Ahmadou Ahidjo qui est validée avec comme principes
fondateurs : - un système fédéral avec deux Etats
fédérés, le Cameroun oriental ayant pour siège
Yaoundé et le Cameroun occidental dont le siège est Buéa.
La capitale de la république fédérale se trouve à
Yaoundé et le président du Cameroun oriental devient le
président fédéral, tandis que le premier ministre du
Cameroun occidental devient le vice-président fédéral.
À Les élections à l'assemblée nationale doivent
être différentes de celles à des assemblées des
Etats fédérés. Les élections du président de
la république fédérale doivent se faire au suffrage
universel par l'ensemble des populations des deux Etats. D'autres rencontres
sont prévues pour régler certains problèmes techniques
liés à la matérialisation des accords de Foumban.
Notamment au mois d'août à Yaoundé. Elles aboutissent
à la rédaction dans les détails et l'adoption par les deux
parties de la constitution du futur Etat du Cameroun.
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