2.2 Des changements observés à toutes les
échelles
Au niveau global, les prévisions du GIEC pour la
période 2016-2035 indiquent une augmentation entre +0.3°C et
+0.7°C par rapport à la période 1986-2005. À
l'horizon 2050, on estime une élévation moyenne des
températures de surface entre +0.4°C et +2.6°C. En 2100,
l'augmentation pourrait atteindre +4.8°C dans le cas des scénarios
les moins optimistes.
Le changement climatique ne s'exprime pas de la même
manière à tous les endroits du globe. D'ailleurs, certains
débats entre spécialistes existent encore sur certaines
thématiques précises. Les scientifiques s'accordent cependant
à dire que le réchauffement sera plus marqué sur les
continents que sur les océans (maximal prévu pour les
régions arctiques).
Selon les modèles du GIEC, on observerait un
réchauffement marqué et une diminution des précipitations
sur les régions méditerranéennes pendant la période
estivale. Le risque de sécheresse sur le sud de la France, l'Espagne et
l'Italie devrait être accentué, tandis que certaines
régions nordiques (la Scandinavie par exemple) verraient leur part de
précipitations augmenter (Annexe 9).
La France n'est pas épargnée par ce
réchauffement global, même si elle n'est pas impactée de la
même manière sur toutes ses régions.
On observe une augmentation de +0.1°C par décennie
depuis le début du 20ème siècle sur le
territoire national. Cette augmentation a subit une accélération
pour atteindre +0.6°C par décennie sur la période 1976-2003
(Dandin, 2006). Les régions du sud sont particulièrement
exposées par l'augmentation des températures, avec un risque de
sécheresse accru.
En se penchant de plus près sur l'évolution des
températures vers la fin du 20ème siècle, on
distingue bien une augmentation des anomalies positives après les
années 1980, bien qu'on relève également une certaine
variabilité naturelle entre chaque année (Figure 5).
Figure 5 : Évolution de l'anomalie de
température annuelle moyenne en France au 20ème
siècle, sur la normale climatique 1961-1990
(Météo-France)
21
En ce qui concerne les précipitations, les choses
paraissent moins évidentes. On dégage néanmoins une
tendance à la diminution des volumes d'eau précipités sur
le sud de la France et des augmentations ponctuelles sur certains
départements du nord du pays (Figure 6).
Figure 6 : Évolution des précipitations
depuis un siècle en France (Météo-France)
Les observations au niveau national tendent à se
rapprocher de celles qu'on constate au niveau du Grand Ouest et de la
région Bretagne. De ce fait, on observe bien le même
réchauffement depuis la fin des années 1980, avec des
écarts supérieurs à la normale climatique (Figure 7).
Figure 7 : Écarts à la normale (1971-2000)
des valeurs moyennes annuelles de températures maximales quotidiennes
(en haut) et minimales quotidiennes (en bas) sur l'Ouest de la France
(Météo-France)
Concernant les simulations climatiques des modèles et
quelques soient les types de scénarios, on remarque une augmentation des
températures, plus ou moins marquée (Figure 8).
Figure 8 : Évolution des températures
l'après-midi en été, selon les scénarios du GIEC
à l'horizon 2080 (Météo-France)
La simulation des précipitations à l'horizon
2080 prévoit une baisse des pluies (Figure 9). Il faut cependant rester
prudent quant à l'interprétation des résultats. La
pluviométrie est un facteur plus difficile à mesurer et à
modéliser que les températures (importante variabilité
spatiale) et les effets du changement climatique sur cet élément
sont encore difficiles à appréhender (Baraer, 2013).
Figure 9 : Évolution de la pluviométrie
moyenne annuelle, selon les scénarios du GIEC à l'horizon 2080
(Météo-France)
Dans tous les cas, il risque d'y avoir plus de
sécheresses estivales en Bretagne, compte tenu de l'augmentation des
températures.
À Rennes, on retrouve cette variabilité
climatique naturelle d'une année à l'autre, bien qu'on constate
comme pour les échelles précédentes une augmentation des
températures au cours du dernier siècle (Figure 10). On
relève ici une augmentation de plus de 1.5°C entre 1880 et 2011.
Figure 10 : Évolution des températures
moyennes annuelles à Rennes, sur la période 1879-2011 (en
haut) et zoom sur la période 2000-2011 (en bas)
(Météo-France)
Au niveau des précipitations, on constate que plusieurs
années déficitaires succèdent à plusieurs
années excédentaires (Figure 11).
23
Figure 11 : Écarts à la normale (1971-2000) des
précipitations à Rennes (Météo-France)
24
Comme dit précédemment, il est plus
compliqué de définir une tendance sur ce paramètre et le
graphique ci-dessous le montre clairement.
Au travers de l'observation de l'évolution des
températures à différentes échelles, on constate
une tendance à l'augmentation de ces dernières. En effet, les dix
années les plus chaudes depuis 1946 sont toutes postérieures
à 1989 (Dubreuil & Planchon, 2008). Il reste cependant plus
difficile de définir l'évolution des précipitations, comme
cela a pu être soulevé à plusieurs reprises dans les
paragraphes précédents.
Après ces observations, il semble important de
préciser que la région Bretagne n'apparaît pas comme la
région de France la plus touchée par le changement climatique,
comme peut l'être actuellement le Sud de la France. En revanche,
l'acceptation de son existence est l'essence même des réflexions
qui mûrissent au sein du territoire, quant à l'adaptabilité
de celui-ci vis-à-vis des évolutions climatiques futures.
Enfin, on insistera sur le fait qu'il existe bien une
variabilité climatique naturelle, qui s'exprime d'une année
à l'autre et qu'il est donc nécessaire d'envisager le changement
climatique sur un temps long (Merot, Dubreuil & al., 2012).
L'évolution plus ou moins marquée selon les
régions des différents paramètres climatiques
entraîne des répercussions à plusieurs niveaux. Celles-ci
préoccupent d'ailleurs de plus en plus les acteurs du territoires, qui
réfléchissent à la question de la
vulnérabilité des sociétés et de leur environnement
sur lequel elles reposent.
|