2. Un changement climatique avéré
Bien qu'il existe encore quelques climatosceptiques sur le
sujet, le débat autour du changement climatique n'aura pas lieu au cours
de ce mémoire. Les signes d'évolutions sont clairs et les
scientifiques en mesurent les impacts depuis plusieurs années. Si ce
changement traduit des évolutions climatiques qui diffèrent selon
les régions géographiques, on peut observer les effets de ce
dernier à toutes les échelles. Cette partie permettra de soulever
les grandes observations recensées, de l'échelle la plus globale
à la plus locale, en se basant notamment sur les scénarios
prospectifs élaborés par le GIEC15.
2.1 Les différents scénarios du GIEC
Avant de parler de changement climatique, il convient de le
définir. Le changement climatique désigne les changements
à long terme des valeurs moyennes, accentués par les
activités humaines (GIEC, 2007). Celui-ci résulte essentiellement
des variations de la concentration des GES dans l'atmosphère, mais aussi
des modifications des petites particules (aérosols) et des changements
dans l'usage des sols (agriculture, forêt, urbanisation, etc.) (Trenberth
& al., 2007).
Figure 4 : Évolution du bilan radiatif de la terre
ou « forçage radiatif » en W/m2 sur la
période 1850-2250, selon les anciens et les nouveaux scénarios
(CNRS, Senesi)
18
Pour réaliser des projections climatiques, il faut
émettre des hypothèses sur l'évolution de la
démographie mondiale et des modes de vie à travers la
planète. C'est dans cette optique qu'ont été mis en place
les différents scénarios du GIEC.
Les premiers scénarios élaborés lors des
rapports de 2001 et 2007 (en pointillés sur la Figure 4) se
définissent selon la croissance
démographique, le
développement économique, la prise en compte de mesures
environnementales et les transferts de technologie.
15 Groupe d'Expert Intergouvernemental sur le
Climat
19
Ils sont appelés SRES16 scénarios
(Special Report on Emissions Scenarios). On les distingue selon quatre familles
(Météo France) :
? Famille A1 : elle correspond à une croissance
économique très rapide et répartie de façon
homogène sur la planète. La population mondiale atteindrait un
maximum de 9 milliards d'individus au milieu du siècle, pour
décliner par la suite. De nouvelles technologies
énergétiquement efficaces seront introduites rapidement. Ce
scénario comprend plusieurs variantes, qui se différencient
notamment par l'utilisation plus ou moins intense des combustibles fossiles.
? Famille A2 : elle prévoit un monde beaucoup plus
hétérogène. On pourrait atteindre une population mondiale
de 15 milliards d'habitants à la fin du siècle, avec une
croissance économique et un développement des technologies
énergétiquement efficaces très variables selon les
régions du monde.
? Famille B1 : elle décrit la même
hypothèse démographique que la famille A1, mais avec une
économie qui sera rapidement dominée par les services, les «
techniques de l'information et de la communication » et qui sera
dotée de technologies énergétiquement efficaces. Ce
scénario est le plus optimiste.
? Famille B2 : elle décrit un monde à mi-chemin
des scénarios A1 et A2 sur les plans économiques et
technologiques, qui voit sa population atteindre à 10 milliards
d'habitants en 2100, sans cesser de croître.
Pour les nouveaux scénarios pris en compte à
partir de 2011 (en traits continus sur la Figure 4), les scientifiques ont
intégré le pouvoir radiatif17 des différents
composants atmosphériques. En effet, le pouvoir radiatif des
RCPs18 est issu des concentrations des GES et autres polluants, qui
viennent elles-mêmes des émissions de ces produits et de
l'utilisation des terres (déforestation, reforestation, évolution
de l'espace urbain et agricole, etc.).
Le forçage radiatif correspond globalement à la
différence entre l'énergie radiative reçue et
l'énergie radiative émise par un système climatique
donné (Hauglustaine, 2015). En d'autres mots, un forçage radiatif
positif tend à réchauffer le système (plus
d'énergie reçue qu'émise), alors qu'un forçage
radiatif négatif va dans le sens d'un refroidissement (plus
d'énergie perdue que reçue).
Si on prend l'exemple du scénario RCP 8.5, qui
correspond au plus pessimiste (courbe rouge sur la Figure 4), on obtient un
forçage radiatif de 8.5 W/m2 en 2100. Ceci correspond
à 936 ppm19, ce qui est important, sachant que le seuil des
400 ppm a été atteint cette année au niveau mondial.
Ces scénarios, issus des modélisations complexes
des scientifiques du GIEC, donnent un aperçu de comment pourrait
évoluer les émissions de GES selon les conditions
d'évolutions de nos sociétés actuelles. Les travaux du
GIEC nous permettent également d'estimer l'augmentation des
températures moyennes durant notre siècle.
16 Special Report on Emissions Scenarios
17 Pouvoir chauffant de l'atmosphère
18 Representative Concentration Pathways (profils
représentatifs d'évolution de concentration)
19 Partie par million
20
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