Conclusion
La densification et l'étalement des zones urbaines,
associé à une concentration toujours plus importante d'individus
a considérablement augmenté la vulnérabilité des
sociétés face à l'occurrence d'aléas pouvant
être engendrés par les évolutions climatiques.
La prise de conscience engendrée par ces
problématique a permis de faire évoluer les choses concernant
l'adaptation des villes face au changement climatique. Cette notion est
désormais intégrée aux documents-cadres des villes. C'est
d'ailleurs une des préoccupations de la révision du PLU de
Rennes, mais surtout de l'élaboration du premier PLUi de la
métropole et de ses 43 communes.
L'idée que le changement climatique est
inéluctable pousse d'autant plus les collectivités à agir.
En effet, même les efforts d'atténuation les plus
sévères ne pourraient pas exclure d'autres impacts des
changements climatiques au cours des quelques décennies à venir,
ce qui rend l'adaptation essentielle, particulièrement pour faire face
aux impacts à court terme (IPCC45, 2007). Il est donc
important de soulever que les deux volets doivent être
appréhendés conjointement, afin de mieux prendre en compte les
enjeux liés aux évolutions climatiques.
L'adaptation du territoire rennais passe notamment par une
meilleure gestion des eaux pluviales, ainsi qu'une meilleure configuration de
la végétation. Les réflexions actuellement menées
ont également pour but de réduire l'intensité de
l'îlot de chaleur urbain, sujet sensible qui pourrait devenir encore plus
problématique dans les prochaines années, si l'effort sur la
gestion de l'eau et de la végétation n'est pas renforcé.
Si les techniques pour mieux gérer l'eau et favoriser la présence
de végétations sont connues, il est plus difficile de trouver les
outils pour les mobiliser, notamment au sein des espaces privés.
L'évolution des dispositions réglementaires du code de
l'urbanisme permettent de saisir cette opportunité, qui est celle de
repenser les mesures prises pour une meilleure adaptation du territoire. C'est
dans cette optique qu'interviennent les réflexions autour d'un premier
coefficient de biotope, qui a pour objectif d'intégrer en un seul outil
les principaux enjeux relevés par la collectivité. Ce travail est
notamment suivi au sein de Rennes métropole, mais regroupe des acteurs
beaucoup plus larges, afin de favoriser l'interdisciplinarité sur les
notions qui gravitent autour des nouvelles réglementations. Même
si ce travail est engagé, il sera et long et soulève pour le
moment encore beaucoup d'interrogations.
A côté de cela, les balades urbaines
organisées par Rennes dans le cadre du projet urbain relèvent une
certaine envie de voir plus de végétation sur l'espace public
rennais. Une étude commandée par l'Union nationale des
entreprises du paysage (Unep) chiffre d'ailleurs les impacts positifs des parcs
et jardins. Elle démontre une réduction des coûts de
santé, des risques liés aux inondations ou aux fortes chaleurs,
ainsi qu'une création d'emplois. Il apparaît que 10% d'espaces
verts en plus dans un rayon d'un kilomètre permettrait de
réaliser 56 millions d'euros d'économie sur le traitement de
l'asthme et 38 millions sur l'hypertension pour l'assurance santé.
45 IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change
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S'ajoute à cela l'attractivité de la ville qui
est généralement plus importante lorsqu'elle propose des espaces
verts en quantité, mais aussi en qualité.
La réflexion autour de la végétation et
de la biodiversité à Rennes permettra également de
repenser les usages des espaces, notamment les modes doux, comme l'utilisation
du vélo, qui reste assez faible au sein de la ville.
Il y a aussi l'idée de co-bénéfice qui
émerge. Cette notion permet d'appréhender le changement
climatique comme un aspect positif, qui permettrait à certains secteurs
de se développer, notamment le tourisme à Rennes, mais plus
largement en Bretagne. Cette notion reste cependant à modérer,
car il est probable que la liste d'effets négatifs engendrés par
le changement climatique soit plus importante que les aspects positifs.
À partir du 1er Janvier 2017, il est
possible que le service « voirie » arrête de désherber
les rues, ce qui engagerait la responsabilité des riverains et
permettrait de favoriser les réflexions menées sur l'espace
public. Cette mesure doit cependant encore faire officie d'une validation
politique.
Enfin, il est important de préciser que dans le domaine
de l'aménagement et de l'urbanisme, le temps se compte en années
voir en dizaines d'années. Ceci implique que les effets des futures
réglementations pourraient prendre de nombreuses années avant
d'être connus. Il faudra donc probablement attendre une dizaine
d'année pour pouvoir bénéficier de retours
d'expériences solides sur les réflexions menées
actuellement à Rennes.
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