C/ Résultats et Discussion
1) Population
256 fiches ont été distribuées, 245 ont
été retournées Le taux de participation était de
94%. Cinq fiches ont été exclues. Sur 227 des 240 fiches
retenues, les fonctions
mentionnées se répartissaient comme suit :
Infirmiers :
|
13
|
Techniciens supérieurs* :
|
117
|
Aides soignants :
|
64
|
Autres :
|
33
|
- - - - Nous remarquons que dans les réponses
données, les soignants ont mentionné leur
titre et non leur fonction. Ceci peut témoigner du mal
être généré par le sous-emploi fréquent
de techniciens supérieurs recrutés pour la
fonction d'infirmier.
56% du personnel soignant a plus de trois ans dans le
métier (Figure 4). Au moment de l'étude, 31% du personnel avait
moins d'un an dans l'établissement. Cependant notre méthode
d'analyse ne nous permet de préciser s'il s'agit de recrutement pour un
poste laissé vacant (Turn over) ou un recrutement conséquent
à l'augmentation de l'activité (Figure 5).
25
Fig 5: Ancienneté dans
l'établissement
66%
3%
31%
Moins d'un an 1 à 2 ans 3 à 5
ans
2) Graphique des Scores des dimensions de la
sécurité des patients
Notre étude a montré une disparité des
scores des 12 dimensions de la CS des patients exprimés par la moyenne
des pourcentages de réponses positives aux items correspondants à
chaque dimension (figure 6)
Travail d'équipe entre les services
Transfert des patients
Perception globale de la
sécurité
Signalement des évènements
indésirables
Soutien du management
69%
42%
47%
59%
Attentes du supérieur
hiérarchique
56%
Conditions de travail
46%
Organisation apprenante
66% 72%
45%
24%
34%
Feedback
73%
Travail d'équipe dans le
service
Liberté d'expression
Réponse non punitive
Figure 6 : Scores des dimensions de la culture de
sécurité
3) Scores des dimensions au sein de
l'unité
a) Attentes et actions du supérieur
hiérarchique concernant la sécurité des
patients
Avec un score moyen de 66%, le personnel a plutôt une
opinion positive concernant les attentes et les actions de leur
supérieur hiérarchique immédiat en matière de
sécurité des patients (tableau 2). Il semble y avoir une bonne
communication entre le personnel et le supérieur hiérarchique
immédiat.
26
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
Mon supérieur hiérarchique
|
160
|
20
|
62
|
|
immédiat exprime sa satisfaction quand il/elle
voit un travail réaliser dans le respect des règles de
sécurité
|
66%
|
8%
|
|
242
|
des soins
|
|
|
26%
|
|
Mon supérieur hiérarchique
|
143
|
32
|
62
|
|
immédiat tient vraiment compte des suggestions
du personnel pour améliorer la sécurité des soins
|
60%
|
13.5%
|
26.5%
|
237
|
Chaque fois que la pression
|
152
|
29
|
63
|
|
augmente, mon supérieur hiérarchique
immédiat veut nous faire travailler plus rapidement, même si
c'est au détriment de la sécurité
|
62%
|
12%
|
26%
|
244
|
Mon supérieur hiérarchique immédiat
néglige les problèmes récurrents
de sécurité des soins
|
185
75.5%
|
26
10.5%
|
34
14%
|
245
|
Score : 66%
|
Tableau 2: Attentes et actions du supérieur
hiérarchique concernant
|
la sécurité des patients
|
b) Organisation apprenante et amélioration
continue
Cette dimension obtient un score élevé de 72% et
témoigne que le personnel prend au sérieux la
sécurité des patients (tableau 3).
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
Nous menons des actions afin
|
218
|
5
|
16
|
|
d'améliorer la sécurité des
|
|
|
|
239
|
soins
|
90%
|
2%
|
8%
|
|
Dans notre service, les
|
162
|
39
|
38
|
|
erreurs ont conduit à des
|
|
|
|
239
|
changements positifs
|
67%
|
16%
|
17%
|
|
Apres avoir mis en place des
|
137
|
43
|
52
|
|
actions d'amélioration de la sécurité
des soins, nous évaluons leur efficacité
|
60%
|
18%
|
22%
|
232
|
Score:72%
|
Tableau 3: Organisation apprenante et
amélioration continue
|
27
c) Travail d'équipe dans le service
Cette dimension est bien développée (Tableau 4) et
témoigne de la bonne ambiance réelle qui existe dans les
différentes unités de l'établissement. Cependant, si les
membres d'une même équipe s'entraident en cas de surcharge de
travail, des efforts restent à faire en matière de respect
mutuel.
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
Les personnes se soutiennent
|
64
|
15
|
164
|
|
mutuellement dans le service
|
|
|
|
243
|
|
67.5%
|
6%
|
26.5%
|
|
Quand une importante charge de travail doit être
effectuée rapidement, nous conjuguons nos efforts en
équipe
|
198
|
9
|
33
|
240
|
|
82.5%
|
4%
|
13.5%
|
|
Dans le service, chacun
|
165
|
27
|
49
|
|
considère les autres avec
|
|
|
|
241
|
respect
|
68.5%
|
11%
|
20.5%
|
|
Score: 73%
|
Tableau 4 : Travail d'équipe dans le
service
|
d) Liberté d'expression
Le personnel ne se sent pas libre d'exprimer son opinion
concernant la sécurité des patients (Tableau 5). Comparé
au score relativement bon des rapports avec le supérieur
hiérarchique immédiat (66%), ce résultat paraît
paradoxal. En fait, Il semble que le manque
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
Le personnel s'exprime
|
109
|
54
|
74
|
|
librement s'il voit quelque chose dans les soins qui
peut avoir des conséquences négatives sur les patients
|
46%
|
23%
|
31%
|
237
|
Le personnel a peur de
|
55
|
41
|
138
|
|
remettre en cause les décisions ou les actions
de ses supérieurs
|
24%
|
17%
|
59%
|
234
|
Le personnel a peur de poser
|
74
|
71
|
95
|
|
des questions quand quelque chose ne semble pas
être correct
|
31%
|
29%
|
40%
|
240
|
Score: 33.5%
|
Tableau 5 : Liberté d'expression
|
28
de liberté d'expression exprimé par cette dimension
concerne le rapport du personnel soignant paramédical avec les
médecins et non le supérieur hiérarchique
immédiat.
e) Réponse non punitive à
l'erreur
Ce score de 23% est le plus bas enregistré dans cette
étude (tableau 6). Il révèle l'appréhension du
personnel paramédical de s'exposer au reproche, à la sanction.
Ceci peut être expliqué par le fait que les évolutions qui
se sont produites ces dernières années en Tunisie, peinent
à franchir le seuil des entreprises.
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
Le personnel a l'impression
|
39
|
39
|
162
|
|
que ses erreurs lui sont
|
|
|
|
240
|
reprochées
|
16%
|
16%
|
68%
|
|
Lorsqu'un évènement est
signalé, on a l'impression que c'est la personne qui est
pointée du doigt et non le
problème
|
88
37%
|
18
8%
|
130
55%
|
236
|
Le personnel s'inquiète du fait
|
45
|
40
|
157
|
|
que les erreurs soient notées dans les
dossiers administratifs du personnel
|
20%
|
16%
|
64%
|
242
|
Score: 23.5%
|
Tableau 6 : Réponse non punitive à
l'erreur
|
|
f) Retour et communications autour des
erreurs
Le score faible de cette dimension témoigne
probablement du fait que l'absence de liberté d'expression et la peur de
la sanction ne facilitent pas la communication autour des erreurs (Tableau
7)
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
Nous recevons un retour
|
83
|
63
|
96
|
|
d'information sur les actions mises en place suite
au signalement d'un évènement
|
34%
|
26%
|
40%
|
242
|
Nous sommes informés des
|
126
|
45
|
67
|
|
erreurs qui se produisent
|
|
|
|
238
|
dans ce service
|
53%
|
19%
|
28%
|
|
Dans ce service, nous
|
114
|
52
|
73
|
|
discutons des moyens à mettre en place afin que
les erreurs ne se reproduisent pas
|
48%
|
21%
|
31%
|
239
|
Score: 45%
|
Tableau 7 : Retour et communication autour des
erreurs
|
29
g) Les conditions de travail
Le score moyen est bas. Il témoigne d'une perception
négative des conditions de travail (Tableau 8).
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
Nous avons suffisamment
|
93
|
19
|
132
|
|
de personnel pour faire face
|
|
|
|
244
|
à la charge de travail
|
38%
|
8%
|
54%
|
|
Le nombre d'heures de
|
138
|
37
|
65
|
|
travail des professionnels de l'équipe est
trop important pour assurer les meilleurs soins
|
57.5%
|
15.5%
|
27%
|
240
|
Nous travaillons en mode
|
101
|
22
|
122
|
|
de crise, en essayant de faire trop de chose
trop rapidement
|
41%
|
9%
|
50%
|
245
|
Score: 45.5%
|
Tableau 8 : Conditions de travail
|
Ceci peut être en partie expliqué par au moins deux
raisons :
-- En Tunisie, il n'existe pas d'agence d'intérim et en
cas d'absence d'un soignant, le poste reste vacant. La surcharge de travail est
compensée par le personnel présent.
-- Dans notre établissement, le personnel soignant
travaille en double séance moitié moins de jours. Cette
façon de travailler, adoptée pour diminuer le coût du
transport, est visiblement source d'épuisement.
4) Scores des dimensions au sein de
l'établissement a) Le soutien du management pour la
sécurité des patients
Le rôle, décisif, joué par le leadership dans
le développement d'une culture de sécurité en intervenant
dans la conception, la promotion et la pérennisation de cette culture
est maintenant bien établi (40). Il est également constaté
qu'un manque de leadership est un obstacle au développement de la
culture de sécurité (41).
Les résultats de notre enquête
révèlent que le score global de cette dimension de 59% est bas
(Tableau 9). Il témoigne de l'opinion négative du personnel
concernant l'implication de la Direction dans la sécurité. La
moitié du personnel pense que la Direction s'intéresse à
la sécurité des patients seulement après la survenue d'un
événement indésirable. Ils ne sont que 48% à penser
que la sécurité des patients est la priorité de la
Direction. Cette dernière doit s'impliquer davantage dans la
sécurité des patients et améliorer sa communication en la
matière.
30
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
La direction de
|
176
|
30
|
31
|
|
l'établissement instaure un climat de travail qui
favorise la sécurité des soins
|
74%
|
13%
|
13%
|
237
|
Les actions menées par la direction de
l'établissement montrent que la sécurité des soins est une
des premières
priorités
|
123
52%
|
57
24%
|
56
24%
|
236
|
La direction de
|
116
|
49
|
65
|
|
l'établissement semble s'intéresser à
la sécurité des soins uniquement après
qu'un événement indésirable se soit produit
|
50%
|
21%
|
29%
|
230
|
Score 59%
|
Tableau 9: Soutien du management pour la
sécurité des patients
|
b) Travail d'équipe entre les différents
secteurs de l'établissement
Avec un score global de 47% (Tableau 10), Il existe manifestement
au sein de notre établissement un cloisonnement entre les
différentes unités. Chaque unité a développé
sa propre culture organisationnelle et cela rend le travail entre les
différentes unités désagréable. La démarche
qualité mise en place au sein de l'établissement devrait
permettre de mieux homogénéiser les procédures et diminuer
les disparités inter-unités.
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
Il y a une bonne coopération
|
123
|
|
48
|
63
|
|
entre les services qui doivent
|
|
|
|
|
234
|
travailler ensemble
|
|
53%
|
20%
|
27%
|
|
Les services de
|
|
80
|
51
|
106
|
|
l'établissement ne se coordonnent pas bien les
uns avec les autres
|
|
34%
|
21%
|
45%
|
237
|
Il est souvent déplaisant de
|
|
93
|
40
|
103
|
|
travailler avec le personnel des autres services
de l'établissement
|
|
39%
|
17%
|
44%
|
236
|
Les services de l'établissement
travaillent ensemble pour fournir aux patients les meilleurs soins
|
|
142
61%
|
44
19%
|
45
20%
|
231
|
Score: 47%
|
Tableau 10 : Travail d'équipe entre les
différents secteurs de l'établissement
|
31
c) Transferts des patients et passations
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
Des dysfonctionnements
|
88
|
50
|
100
|
|
surviennent quand les patients sont transférés
d'une unité à
l'autre
|
37%
|
21%
|
42%
|
238
|
D'importantes informations
|
110
|
33
|
93
|
|
concernant les soins des patients sont souvent
perdues lors des changements d'équipes
|
47%
|
14%
|
39%
|
236
|
Des problèmes surviennent
|
104
|
50
|
83
|
|
souvent dans les échanges d'information entre les
services de l'établissement
|
44%
|
21%
|
35%
|
237
|
Score: 42%
|
Tableau 11: Transfert des patients et
Passation
|
Le score de cette dimension est très bas à 42%
(Tableau 11). Si l'on sait que développer une communication efficace
durant les changements de prestataires (42) est une des neufs solutions
proposées par l'OMS pour améliorer la sécurité des
patients, il nous apparaît que des efforts importants doivent être
déployés dans notre établissement pour palier à
cette faille sécuritaire.
5) Score des dimensions des résultats de la
culture de sécurité a) Perception globale de la
sécurité des patients
Le score moyen de cette dimension est de 69,25%. Le pourcentage
de réponse à chaque question constituant cette dimension est
représenté dans le Tableau 1. La perception globale de la
sécurité paraît être une dimension bien
développée dans notre établissement. Cependant, deux
remarques peuvent être retenues :
-- Il existe une disparité importante entre les
différents items de cette dimension allant de 80 à 54%
-- la dimension « perception globale de la
sécurité» ne peut être analysée sans tenir
compte du contexte culturel national. A l'échelle nationale, en Tunisie
cette capacité à percevoir le danger, est plutôt mauvaise.
Le meilleur témoin en est la conduite automobile. Ainsi la perception de
la sécurité par le personnel peut être faussement
élevée en raison d'une capacité insuffisante à
apprécier les situations dangereuses.
32
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
La sécurité des soins n'est
|
30
|
18
|
191
|
|
jamais négligée au profit d'un rendement plus
important
|
|
|
|
239
|
|
80%
|
7.5%
|
12.5%
|
|
Notre fonctionnement est nos
|
166
|
26
|
47
|
|
procédures sont efficaces pour prévenir la
survenue des erreurs
|
69.5%
|
11%
|
19.5%
|
239
|
C'est uniquement par hasard
|
172
|
24
|
28
|
|
s'il n'y a pas eu des erreurs plus graves dans le
service jusqu'ici
|
73.5%
|
10%
|
16.5%
|
234
|
Nous avons des problèmes
|
129
|
29
|
80
|
|
de sécurité des soins dans
|
|
|
|
238
|
notre service
|
54%
|
12%
|
34%
|
|
Score: 69.25%
|
Tableau 12 : Perception globale de la
sécurité
|
b) Fréquence de signalement des
évènements indésirables
Cette dimension recueille un score faible de 56% (Tableau 13)
témoin de l'absence de conscience de l'importance du report des
Evènements indésirables de la part du personnel soignant.
|
Réponse positive
|
Réponse neutre
|
Réponse négative
|
Réponses totales
|
Quand une erreur est faite, mais est détectée
et corrigée avant d'avoir affecté le patient, elle est
signalée
|
152
64%
|
52
22%
|
35
14%
|
239
|
Quand une erreur est faite, mais n'a pas le potentiel
de nuire au patient, elle est signalée
|
115
48%
|
59
25%
|
62
27%
|
236
|
Quand une erreur est faite et
|
133
|
52
|
50
|
|
qu'elle pourrait nuire au patient mais qu'elle n'a
pas finalement pas d'effet, elle est signalée
|
56%
|
22%
|
22%
|
235
|
Score: 56%
|
Tableau 13 : fréquence de signalement des
évènements indésirables
|
33
6) Critiques et limites de l'étude
Nous avons validé notre version tunisienne de l'HSOPSC par
la méthode de traduction contre traduction. Il nous reste à
effectuer des tests psychométriques afin de valider
définitivement notre version et en proposer l'adoption à tous les
établissements tunisiens de santé.
La deuxième critique que nous pouvons faire au sujet de
cette étude est que nous avons mené une étude globale sans
tenir compte des sous-cultures. Sous-cultures qui peuvent être
présentes dans notre établissement puisque la plus grande partie
de nos soignants viennent d'horizons différents (figure 4).
Enfin, malgré l'anonymat il existe un biais habituel de
déclaration dans ce type d'étude, avec des réponses
exagérément positives des répondants par crainte de
stigmatisation ou pour une raison de désirabilité sociale.
Ces limites étant considérées, ce travail a
néanmoins montré que la culture de la sécurité est
relativement peu développée au sein de notre personnel soignant
puisque le plus grand nombre des dimensions ont eu un score de moins de 50
%.
.
34
|