2. L'environnement institutionnel et technologique
2.1 Le cadre institutionnel
Comme tout secteur, celui de l'eau minérale est soumis
à une réglementation : particulièrement, trois lois
régissent le secteur de l'eau minérale au Cameroun ; il
s'agit notamment du décret N° 83/010 du 23/03/1983, du
décret N°98/005 du 14/04/1998 portant régime de l'eau et du
décret n°2001/165/PM du 08 mai 2001.
2.1.1 Le décret N° 83/010 du 23/03/1983
C'est la première loi camerounaise qui fixe les
conditions d'exploitation des sources naturelles au Cameroun à des fins
économiques. Elle est calquée sur les lois françaises.
Elle définit les eaux minérales et fixe les normes
minéralogiques des eaux pouvant être captées et
commercialisées au Cameroun.
2.1.2 Le décret N°98/005 du 14 Avril 1998
C'est la seconde loi camerounaise à laquelle sont
tenues les entreprises du secteur. Elle fixe le respect des principes de
gestion de l'environnement et de la protection de la santé publique.
2.1.3 Le décret N°2001/165/PM
Cette loi complète la précédente. Elle
interdit notamment les déversements, écoulements, rejets,
infiltrations, enfouissements, épandages, dépôts directs ou
indirects dans les eaux de toute matière solide, liquide ou gazeuse, et
en particulier, tout déchet industriel, agricole ou atomique susceptible
d'altérer la qualité de l'eau et de porter atteinte à la
santé.
Cette loi institue également un périmètre
de protection autour des points de captage, de traitement et de stockage des
eaux afin de limiter l'infiltration et la souillure de la nappe d'où est
captée l'eau.
Le non respect de ces lois est pénalement
sanctionné, disposition de la loi N°2001/161/PM, afin de garantir
la qualité des eaux qui sont offertes sur le marché.
2.2 La technologie
L'objet de cette sous-section est de présenter le
processus de conditionnement de l'eau minérale et les types de
matières utilisées pour le conditionnement.
2.2.1 Le processus de conditionnement de l'eau
minérale
Le conditionnement de l'eau minérale se fait suivant
une technologie particulière. Le processus de conditionnement de l'eau
minérale est présenté par figure 1.1 ci-après. Tout
commence par la recherche d'une source ayant une nappe souterraine de
capacité suffisamment pour produire au moins 15 000 Hl par ans. Une
fois la source trouvée, commence le pompage, puis filtrage, ensuite
remplissage, capsulage, filtrage par rayon X, étiquetage, datage et
enfin fardelage (empaquetage). Les bouteilles quant à elles suivent un
circuit distinct jusqu'au remplissage. Ce circuit diffère selon le type
de matières.
Figure 1.1 : Processus de
conditionnement de l'eau minérale
INTRANT PET
INTRANT PVC

Source : Direction des opérations SASP
2.2.2 Les types de matières de conditionnement
L'évolution de la technologie dans le secteur de l'eau
minérale est fortement axée sur les types de matières de
conditionnement. Ainsi, trois matières sont remarquables sur le
marché: le verre, le PVC (Polychlorure de Vinyle en Compound), le PET
(Polyéthylène téréphtalate).
2.2.2.1 Le verre
Aujourd'hui, le verre est très peu utilisé pour
les eaux minérales. Mais est un grand signe de différenciation
(prestige) notamment pour la marque Perrier.
2.2.2.2 Le PVC
Cette matière a été utilisée dans
le secteur jusqu'au début des années 90 où elle a
cédé la place au PET. Ce changement est dû au fait que le
PVC est considéré comme polluante. En permettant des
échanges entre l'eau et le milieu extérieur.
2.2.2.3 Le PET
Elle est devenue la matière la plus prisée sur
le marché en raison de ses avantages divers :
- très bonne résistance aux chocs et aux
déchirures,
- recyclage, réutilisation et compatibilité plus
aisés,
- transparence comparable à celle du verre, ce qui
permet une meilleure appréciation de la qualité de l'eau.
Avec le développement du PET, la différenciation
des produits est devenue facile. Sa solidité et sa
malléabilité offrent les possibilités de faire
différents stylismes sans pour autant réduire la
résistance du plastique aux chocs. Sur le marché aujourd'hui,
toutes les entreprises à l'exception de la SASP utilisent et
bénéficient des avantages du PET.
Il est à noter tout de même que la
solidité du PET favorise le reconditionnement des eaux de forages, ce
qui constitue une concurrence non négligeable pour les entreprises du
secteur.
2.3 L'environnement naturel
Le Cameroun présente un potentiel naturel très
élevé. Son relief par endroit montagneux favorise la naissance
des sources exploitables. Les types d'eau rencontrés sont les
suivantes : l'eau du robinet, l'eau de source et l'eau minérale
naturelle.
2.3.1 L'eau du robinet
Elle peut provenir des sources, de nappes souterraines ou de
rivières. Cette eau doit répondre à des critères
réglementaires stricts (même elles ne sont pas toujours
respectées au Cameroun). Claire, sans odeur ni saveur, elle ne doit
contenir aucun microbe, germe ou parasite, ni aucune substance à des
concentrations toxiques (nitrate, plomb, arsenic, cyanure, hydrocarbures,
pesticides etc.). Sa composition en sels minéraux est extrêmement
variable d'une région à une autre, mais il est possible de la
connaître en s'adressant aux services laborantins de la SNEC.
Souvent polluée, au départ, cette eau doit
être traitée pour devenir potable. Si les traitements qu'elle
subit (filtration, désodorisation, chloration...) sont efficaces du
point de vue de la sécurité alimentaire, ils confèrent
souvent à l'eau du robinet un gout désagréable et il est
impossible de choisir sa qualité minérale.
L'eau du robinet est traitée par les filtres
spéciaux de conçus par AURA Cameroun et FILTREX. Elle perd tous
ces facultés minérales de base et est reminéralisée
par des minéraux dits organiques, facilement assimilables par l'homme.
Ce traitement est soutenu par le courant des partisans de l'eau pure, qui
représente une véritable menace pour le marché de l'eau
minérale naturelle.
2.3.2 L'eau de source
L'eau de source, d'origine souterraine, est potable à
l'état naturel et fait l'objet d'analyses régulières.
Bactériologiquement saine, elle est mise en bouteille dès son
émergence sans subir aucun traitement. Son exploitation au Cameroun est
l'oeuvre de CRISTAL SA avec sa marque AQUAVITA et de SAWAWA, avec sa marque du
même nom.
La teneur d'une eau de source doit être
inférieure à 800mg/litre et sa teneur en nitrate à
50mg/litre. Mais, pour bénéficier de la mention
« convient pour l'alimentation des nourrissons » la teneur
en nitrate doit être inferieure à 15 mg/litres.
Les eaux de source ne peuvent en aucun cas se revendiquer des
effets favorables sur la santé et ne sont pas tenues à une
stabilité de leur composition.
2.3.3 L'eau minérale naturelle
L'eau minérale est une eau de source
bénéficiant de propriétés favorables à la
santé, officiellement reconnues. Elle se distingue par sa nature (teneur
en sels minéraux, oligo-éléments ou autres constituants),
sa pureté originelle et la stabilité de sa composition. Comme
nous avons vu précédemment, la réglementation sur les eaux
minérales est très stricte. L'autorisation d'exploitation est
donnée par le ministre de la santé, âpres avis favorable du
centre Pasteur. Ces eaux doivent également subir des contrôles
réguliers par le centre Pasteur à Yaoundé.
Au delà de 1000 mg/litre, l'eau minérale perd sa
potabilité au sens de la réglementation. Ces eaux
« thérapeutiques » ne sont
généralement pas dangereuses pour un organisme sain, mais leur
usage quotidien est fortement déconseillé. Elles sont
réservées aux indications qui leur ont valu d'être
agrées. Elles doivent être consommées avec discernement et
sur avis médical et non pour leur bon goût come c'est trop souvent
le cas. La réglementation prévoit que l'étiquette
mentionne clairement leur composition et leurs contre indications. Ce groupe
réunit les eaux sulfurées, calciques, magnésiennes,
bicarbonatées et sodiques.
En revanche, les eaux minérales faiblement
minéralisées (moins de 800 mg/litre) conviennent à tous et
notamment aux nourrissons. Les eaux minérales camerounaises
appartiennent à ce dernier groupe.
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