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Impacts d'une crise sectorielle sur la confiance des consommateurs et les stratégies publicitaires. Une application au secteur bancaire français depuis la crise financière de 2008.

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par Tom Delacroix
Montpellier Business School - Master Grande Ecole 2015
  

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3. LES SPECIFICITES DE L'ACTIVITE BANCAIRE

Le secteur bancaire est une activité à part entière dont les spécificités peuvent nous aider à comprendre les impacts qu'une crise déclenche chez les consommateurs. Ces spécificités nous aideront aussi à appréhender les problématiques auxquelles le secteur fait face en termes de communication.

Les banques proposent des services, ce qui nous amène à rappeler rapidement les implications de vendre un service plutôt qu'un bien. Tout d'abord, le produit est intangible et donc non brevetable, ce qui laisse place à la concurrence. La production et l'utilisation du service sont inséparables ce qui implique le consommateur dans le processus de production. En raison de la demande et de l'offre fluctuante (épargne et demande de crédit), le service est donc périssable et il faut réussir à ajuster la production et la vente. L'hétérogénéité de qualité de service est un point plus discutable dans le secteur bancaire car les produits sont automatisés.

Dans un processus de servuction17 standard, quatre éléments entrent en jeu : le support physique, le client le personnel ainsi que le service final18. Or dans un processus bancaire, nous pouvons identifier facilement le client, le personnel en contact avec le client ainsi que le service (obtenir un crédit, placer son argent, payer en carte bleu...). En revanche il y a peu de support physique puisque les opérations financières se déroulent sur nos comptes de manière scripturale. Une carte bancaire peut être considérée comme un support physique mais ce n'est pas ce qui produit réellement le service. Tout cela n'est pas visible pour le consommateur. Tous ces facteurs expliquent pourquoi les banques ont du mal à se différencier les unes des autres. L'époque où les banques avaient des spécialités (exemple du Crédit Agricole) est révolue et elles se partagent dorénavant les mêmes clients.

Le professeur Badoc a déclaré en 2005 « les banques ont une particularité, celle de ne pas avoir de véritable marque ».19 Selon lui, les clients entrent principalement dans une banque grâce aux parents, au prix ou encore pour la proximité géographique. La qualité du service ou l'image dégagée par un groupe bancaire restent des critères d'arrière-plans. Or si l'on prend les composants le mix marketing, nous comprenons rapidement qu'une banque ne peut pas se différencier efficacement avec le prix, le produit ou la distribution. Cela est imitable par les concurrents. Le seul vecteur de différenciation est la communication, qui peut permettre à une marque de se créer une réelle identité et de fidéliser ses clients.

17 Terme défini le glossaire p.69

18 Gabriel.G (2014) - Marketing des services, Edition Dunod

19 M.Badoc (2005) - Professeur à HEC - Horizons bancaires, n°325

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La contrainte légale est aussi une des spécificités du secteur bancaire qui vient renforcer le premier point. En effet la législation amène les banques à homogénéiser leur offre. Cette contrainte légale a été accentuée suite à la crise de 2008 avec par exemple la mise en place progressive du traité européen BAALE III20. La protection législative du consommateur en matière de produits financiers et de communications est de plus en plus forte et participe ainsi à lisser l'offre du marché21. Les banques doivent donc appliquer ces lois, et de fait, se ressemblent de plus en plus.

Dans le marketing bancaire, il faut aussi soulever la problématique de l'argent. C'est en effet un produit qui revêt une connotation bien spécifique aux yeux des clients. Tout d'abord, nous accordons beaucoup d'importance à l'argent, puisque c'est le reflet d'un héritage ou bien de la récompense de notre travail. Les clients ont besoin d'avoir confiance dans l'entreprise qui manie son argent. Abdennabi Aboulaarab (2006)22 a effectué des recherches basées sur l'échelle de T.Tang (2002) afin de comprendre comment l'argent est perçu par les consommateurs. L'auteur conclut que l'argent peut être vu comme un symbole de succès ou de mal. Appliqué au secteur bancaire, l'auteur affirme qu'à cause de l'importance portée à l'argent, un client prête plus attention à la manière dont est géré l'argent par la banque et une mauvaise gestion de l'argent sera alors jugée de manière plus critique et sévère. Dans la culture française catholique (contrairement à la culture protestante), l'argent a toujours été présenté comme un mal. « Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent 23 ». Les banques restent encore psychologiquement représentées comme des entreprises opérant sur un marché non sain. D'un point de vue historique, il faut aussi rappeler que l'argent a toujours été associé au pouvoir qui est lui-même associé à une forte défiance. En raison de cette perception paradoxale de la valeur de l'argent, nous comprenons pourquoi la confiance des consommateurs peut être rapidement engagée lors d'une crise.

Geneviève Paviot24 nous rappelle aussi que dans ce secteur, le client est à la fois « utilisateur et fournisseur » du service consommé. Il est donc très impliqué dans les actions de l'entreprise. Rihab Ben Hamida (2012)25 fait remarquer dans son Mémoire, qu'aujourd'hui, les barrières de sortie d'une banque ont baissé grâce notamment au développement d'Internet et de la concurrence. Changer de marque bancaire reste toutefois plus complexe que de changer de marque de lessive.

Cette analyse du secteur bancaire nous amène à comprendre que l'activité bancaire est une activité ancienne mais que le paysage actuel des banques françaises est très récent et en constante mouvance.

Le rôle des banques est primordial dans la société capitaliste où nous vivons, ce qui impose au gouvernement un contrôle et un soutien en cas de crise. Enfin nous avons compris que les banques françaises ont du mal à se différencier tout un manipulant un produit très spécifique, l'argent.

20 Terme défini dans le glossaire p.69

21 2ème volet de la loi sur la régulation et la séparation des activités bancaires 2013

22 Aboulaarab Abdennabi (2006) - Système de valeur et attitude à l'égard de de l'argent

23 Nouveau Testament de la Bible - Matthieu 6:24

24 Paviot G. (1995) - La communication publicitaire et la réputation des banques

25 Rihab Ben Hamida (2012) - Le marketing bancaire et la crise financière

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway