MONTPELIER BUSINESS SCHOOL
Programme Master Grande Ecole
Impacts d'une crise sectorielle sur la confiance des
consommateurs et les stratégies publicitaires Une application au
secteur bancaire français depuis la crise financière de 2008
Mémoire de Master
présenté par
Tom Delacroix
Sous la direction
Du Professeur Christophe Dumazer Septembre 2015
« Montpellier Business School n'entend donner aucune
approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire ;
ces opinions doivent être considérées comme propres
à leur auteur. »
Page de remerciements
Je tiens tout particulièrement à remercier (par
ordre alphabétique) :
Frédéric Andrieu, Directeur de
la Communication au sein de l'entreprise BNP Paribas Leasing Solutions, pour le
temps accordé à mon interview.
Amandine Delacroix et Cyril Durel,
pour leur aide dans la diffusion de mon questionnaire quantitatif.
David Descamps, Responsable du Studio
graphique au sein de l'entreprise BNP Paribas Leasing Solutions, pour le temps
et les supports apportés lors de mon interview.
Christophe Dumazer, Professeur Associé
à Montpellier Business School, pour le suivi et les conseils
apportés en tant que tuteur pédagogique, dans la rédaction
de ce mémoire.
Anne-Marie Friot, ma mère, pour son
soutien apporté lors de la rédaction de ce mémoire de
recherche en Normandie.
Floriane Renaud, Auditrice Externe chez EY,
pour m'avoir mis sur la piste de la problématique retenue.
Fabien Soler, Asset Manager au sein de
l'entreprise BNP Paribas Leasing Solutions, pour l'aide apportée dans
l'utilisation des logiciels de traitement de données.
Page | 4
SOMMAIRE
Introduction 6
I. Le secteur bancaire français au coeur d'une crise de
confiance 9
1.
a. Analyse du secteur bancaire français 9
Historique du secteur bancaire 9
2. Rôle et structure du secteur bancaire 12
3. Les spécificités de l'activité bancaire
14
1.
b. Un secteur au coeur d'une crise financière 16
Déroulement de la crise financière de 2007/2008
16
2. Les banques au coeur d'un scandale médiatique et
politique 18
3. Le secteur bancaire pris de court dans sa communication de
crise 21
1.
c. L'impact de la crise financière sur la confiance 23
D'une crise financière à une crise de confiance
23
2. Spécificités de la confiance envers le secteur
bancaire 25
3. Analyse des résultats concernant la confiance dans le
secteur bancaire 27
II. Une crise qui a impacte les stratégies de
communication des banques françaises 32
1.
a. Les stratégies de communication bancaire en France
avant la crise financière 32
Spécificités de la communication bancaire 32
2. Analyse des stratégies de communication avant la crise
de 2008 34
1.
b. Une crise qui révolutionne le paysage des
stratégies de communication 39
Une crise facteur d'opportunités pour le secteur bancaire
français 39
2. Analyse sémiologique des nouvelles stratégies
publicitaires 41
3. L'exemple de l'évolution de la charte graphique de BNP
Paribas 49
c. La personnalité, au centre du capital marque des
banques 52
1.
|
Le concept de la personnalité de marque 52
|
2. Les recherches sur la personnalité dans le milieu
bancaire 54
3. Impacts des stratégies publicitaires sur les
consommateurs 56
Conclusion 64
Bibliographie 67
Glossaire 69
Table des annexes 71
Page | 5
Page | 6
INTRODUCTION
Le concept de crise se traduit en mandarin par « weiji
». Ce terme est une contraction des mots « wei » et « ji
» qui correspondent respectivement au danger et à
l'opportunité. L'étymologie chinoise du concept nous permet de
mettre en exergue, le paradigme auquel toute personne physique ou morale fait
face lors d'une crise. La situation de crise est un danger puisqu'elle remet en
cause un modèle actuel en impactant les différentes parties
prenantes, mais elle permet aussi de déclencher des opportunités
si une stratégie d'évolution est mise en place.
Aujourd'hui, le mot est fortement lié à la crise
financière des « subprimes » qui a éclaté aux
Etats-Unis en 2008. Mais la crise financière s'est
révélée contagieuse à la sphère
réelle et émotive. La crise devient réelle puisqu'elle
vient impacter l'économie du monde entier, mais elle se
métamorphose aussi en crise émotive puisque la confiance des
consommateurs est touchée. Le danger est donc fort puisqu'un client
défiant, est un client qui consommera moins les services proposés
par une entreprise. Les banques doivent de plus maintenir le cap dans un
environnement concurrentiel et législatif qui s'intensifie. La
digitalisation et la multi-bancarisation1 sont des facteurs qui
stimulent la concurrence sur le secteur, autrefois bien protégé.
Le danger pour les banques françaises est donc important mais peut aussi
être synonyme d'opportunités. Les banques peuvent en effet
profiter de cette période pour opérer un réel virement
stratégique et non une simple réponse de court terme.
Or la communication revêt une importance
particulière pour le secteur bancaire français qui doit utiliser
le capital marque pour se différencier. La forte
homogénéisation de l'offre sur le marché amène en
effet les banques à se distinguer par leur identité visuelle via
la communication. Nous comprenons alors pourquoi la communication sera le
principal vecteur de changement et reflètera les stratégies des
banques suite à la crise qu'elles traversent depuis 2008. Nous disposons
aujourd'hui, du recul nécessaire afin d'analyser à long terme,
les métamorphoses du secteur.
Il existe de nombreuses interactions dans le triptyque banque,
consommateur et média. Le consommateur reçoit les stimuli des
deux autres protagonistes : l'actualité et la publicité. Ces
messages influent positivement ou négativement l'image qu'un
consommateur se fait d'une marque et par extension, sa confiance. Pour
contrebalancer les messages diffusés par les médias et
néfastes au secteur bancaire, les marques doivent alimenter le
consommateur avec un nouveau discours adapté à la situation et
aux nouvelles stratégies.
L'intérêt de ce mémoire de recherche est
de comprendre comment une crise d'envergure mondiale a fait évoluer en
profondeur et sur le long terme, les stratégies de communication des
1 Etre client de plusieurs banques
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banques, ainsi que la perception que les clients en ont. Cette
crise représente un cas pratique très intéressant pour
mettre en application différentes théories émises par les
chercheurs. La littérature est en effet abondante concernant l'impact de
crises sur la marque (Michon & Changeur - 2003, Dawar & Pillutla -
2000, Mercanti-Guérin - 2011) et sur la confiance des consommateurs dans
une marque (Gurviez & Korshia - 2002, Ochi - 2006, Gatfaoui - 2007). Les
marques bancaires sont aussi un bon terrain d'étude pour les
personnalités de marque, facteur de construction d'une identité
et d'une image forte auprès des consommateurs (Aaker - 1997, Gardes
& Beguinet - 2012, Paviot - 1995).
Il n'existe aujourd'hui pas de sujet de recherche concernant
l'impact de la crise financière sur les stratégies de
communication publicitaire des banques françaises. Un document paru en
2008 dans la revue « Communication de crise et sensible » 2 avait
ouvert les recherches avec son sujet « La communication des
établissements bancaires face à la crise ». La prise de
recul était alors peu importante et l'envergure stratégique
à long terme non traitée. La littérature laisse aussi des
problématiques en suspens, auxquelles nous essaieront de répondre
dans le cadre de nos recherches. Ainsi, Maria Mercati-Guérin
s'interrogeait en 2011 à la fin de son article de recherche sur la
relation entre la perception de l'argent et la confiance dans sa banque suite
à une crise. Gardes et Berguinet ont dans leur article de recherche en
2012, expliqué qu'il serait intéressant d'étudier quels
traits de personnalité impactent le plus la confiance dans le milieu
bancaire.
La crise de 2008 n'est pas la première que le secteur
rencontre, et ne sera surtout par la dernière. Il apparaît alors
pertinent de chercher à comprendre quels sont les meilleurs facteurs qui
inhibent une crise de confiance afin de mieux appréhender les crises
futures.
Notre problématique de recherche sera donc la suivante
:
Quels ont été les impacts de la crise
financière de 2008 sur la confiance des consommateurs et les
stratégies publicitaires des banques françaises?
Pour répondre à cette problématique nous
articulerons notre travail autour de questions de recherches précises.
Comment la confiance des consommateurs a été impactée par
la crise médiatique ? Dans quelle mesure les stratégies
publicitaires des banques françaises ont été
modifiées ? Quels sont les facteurs d'une stratégie de
communication, qui permettent d'atténuer la baisse de la confiance suite
à une crise ?
Nous aborderons le sujet grâce à un plan en deux
parties. La première section nous permettra de cadrer notre sujet en
décrivant la place que tient le secteur bancaire français dans
notre société. Nous comprendrons que ce secteur s'est
retrouvé au centre d'une crise financière sans
précédent, qui a
2 Farabee E., Le Berrigaud A., (2008) - La communication des
établissements bancaires face à la crise
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fortement impacté la confiance des consommateurs du
marché. La complexité et l'envergure du sujet nous impose de
revenir sur l'historique du secteur et de la crise, afin de bien comprendre la
manière dont les protagonistes ont réagi. La seconde section
apportera une analyse précise des stratégies publicitaires avant
et après la crise. Le différentiel entre les deux périodes
nous apportera les éléments de compréhension
nécessaire à l'analyse. Nous y aborderons en détail le
concept de la personnalité de marque qui est au coeur de notre sujet.
C'est aussi dans cette partie, que la perception des stratégies de
communication sera évaluée auprès des consommateurs.
Ce plan mélange le travail théorique et
empirique mais nous permet de suivre un raisonnement logique pour
répondre à notre question. Il faut le voir comme un fil
chronologique, partant des prémices du secteur bancaire et de la crise,
jusqu'aux impacts des nouvelles stratégies publicitaires sur le client
final.
Pour articuler l'ensemble des éléments et
répondre au mieux à notre problématique, nous avons
adopté une démarche positiviste. Nous proposons ainsi des
hypothèses nous permettant d'émettre des présomptions sur
les phénomènes étudiés.
H1 : La crise financière de 2008 a
fortement impacté la confiance des consommateurs et notamment la
confiance institutionnelle.
H2 : Les banques ont modifié leur
stratégie de communication publicitaire afin de s'humaniser.
H3 : La personnalité de marque est un
facteur qui permet de limiter la baisse de la confiance du consommateur.
Pour récolter nos données, nous avons
utilisé différents modes d'enquêtes. Une étude
quantitative nous a permis de sonder les consommateurs afin de comprendre
l'impact de la crise et des nouvelles stratégies publicitaires sur leur
confiance. Cent quarante-deux personnes ont répondu à notre
questionnaire diffusé sur internet. Les résultats ont
été traités grâce aux statistiques
inférentielles nous permettant de comprendre les liens entre
différentes variables (corrélation, régression, Khi2).
Durant la phase qualitative nous avons mené deux interviews avec des
responsables communication du groupe BNP Paribas. Cette étude nous
permet de comprendre des mécanismes profonds et précis. Nous
avons enfin mené une large enquête sémiologique afin
d'analyser les campagnes publicitaires des banques françaises. Plus de
cent spots télévisés ont été
visualisés afin de comprendre les campagnes de communication. Ces
données primaires ont complété la lecture de nombreux
articles de journaux, d'études de cabinets privés et bien
sûr, d'articles de recherche scientifique.
Page | 9
I. LE SECTEUR BANCAIRE FRANÇAIS AU COEUR D'UNE
CRISE DE CONFIANCE
Cette première partie aura pour rôle de
présenter le contexte dans lequel notre problématique se pose.
Nous présenterons les spécificités du secteur bancaire
français, puis nous analyserons la crise financière qui a
secoué le monde en 2008. Nous comprendrons enfin comment cette crise
financière s'est transformée en une crise de défiance et
de confiance chez les consommateurs. Pour faciliter la lecture, nous
utiliserons régulièrement les abréviations pour
désigner les banques (se rapporter au glossaire p.70 si besoin).
a. ANALYSE DU SECTEUR BANCAIRE FRANÇAIS
1. HISTORIQUE DU SECTEUR BANCAIRE
Il apparaît nécessaire de revenir sur
l'évolution des banques et de leur statut au fil du temps afin de bien
comprendre la place qu'elles occupent aujourd'hui dans notre
société. Pour synthétiser cet historique, nous avons
principalement basé notre lecture sur les travaux d'Alain Plessis
(1998)3.
Les activités se rattachant à l'argent ou aux
biens, existent depuis très longtemps. Au IIème millénaire
avant J-C, il existait déjà des activités permettant de
réaliser du prêt sur marchandise (prêt sur gage) en
Mésopotamie. C'est en effet une activité nécessaire
dès lors qu'une forme de gouvernement se crée et que des
richesses apparaissent grâce notamment à l'agriculture. Plus tard,
vers le VIIème siècle avant J-C, les monnaies prolifèrent
en même temps que le commerce méditerranéen ce qui entraine
une nouvelle activité : le change. Les croisades ainsi que le
développement des routes commerciales entre orient/occident font
proliférer l'utilisation de produit financiers tels que la lettre de
paiement qui permet le crédit sans transporter de monnaies. Mais nous ne
pouvons pas encore parler de banques au sens moderne du terme.
L'étymologie italienne du mot banque
(banca4) nous amène à un premier constat :
l'activité bancaire est principalement originaire d'Italie et n'est
apparue en France que plus tardivement (vers le XIII siècle). C'est le
développement des grands ports français ainsi que des besoins
pécuniaires du royaume qui ont démocratisé les
activités bancaires sur le territoire. Les opérations
réalisées en France sont d'abord d'ordre gouvernemental ou
commercial (change, transfert, dépôt...). Des Lombards Italiens
(qui ont laissé leur nom à la fameuse rue de Paris) ainsi que des
Juifs d'Espagne et d'Europe de l'Est se
3 Plessis A. Professeur émérite Université
Parix X Nanterre (1998) - Histoires de la Banque en France, Albin
Michel
4 Banca (it) : banc (fr)
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spécialisent alors dans ces activités en France.
Les premières banques d'envergure européenne sont issues de
grandes familles, comme par exemple les Medicis dont les filiales sont
présentes dans toutes l'Europe et financent l'Eglise et les grands
marchands. Un peu plus tard, les bourses aux matières premières
fleurissent un peu partout en Europe (1592 à Anvers) et des
investisseurs opèrent les premières entrées dans le
capital d'entreprise (Jacob Fugger). L'Angleterre sera la première
à émettre des billets (1565) et prend une place
prédominante en Europe, avec Amsterdam et sa banque centrale. Ainsi en
quelques siècles, le secteur bancaire s'est développé
très rapidement en Europe entre les grandes familles et les
gouvernements, ce qui va permettre de transformer une société
basée sur le troc en une société tournée vers la
finance monétaire. Les clients sont alors encore entièrement
institutionnels.
La France essuie son premier échec avec la
création de la « Banque Générale » de John Law
(1716). Malgré le fonctionnement de la banque dans l'émission de
billets et de crédits, l'ambition du projet est trop grande (neutraliser
les dettes de guerre de la France) et le projet succombe sous le poids de la
spéculation. C'est la première crise financière que le
pays traverse et elle ternit pour une longue période, l'image du
secteur. En 1800 Napoléon Bonaparte fonde la Banque de France qui a une
portée nationale en partenariat avec les grands banquiers du temps
(Rothschild, Mirabaud, Perier...). Ces maisons permettent le financement de la
révolution industrielle en financement les grands projets (usines,
voiries, transports...). C'est en 1818 que la première Caisse d'Epargne
est ouverte afin d'encourager « l'épargne populaire ».
La seconde moitié du XIXème siècle en
France laisse se développer largement le système financier. De
nombreux comptoirs d'escomptes (avance d'argent) fleurissent partout en France.
Le Crédit Industriel et Commercial (1859), le Crédit Lyonnais
(1863) et la Société Générale (1864) sont les
premières banques à user d'innovations commerciales comme la
publicité pour attirer des clients. Ces banques permettent
l'épargne de masse afin de financer les gros projets de l'époque
sur le modèle anglais. C'est aussi la période où Henri
Germain (fondateur du CL) publie la Doctrine Germain qui est un texte
très important puisqu'il a fortement influencé la manière
dont les banques sont gérées (gestion de la liquidité...)
et il y promeut le crédit à court terme. C'est la première
fois qu'une distinction est faite entre banque d'investissement et banque de
dépôt5. Les grandes banques peuvent germer grâce
au développement de la monnaie fiduciaire, scripturale6 ainsi
que le financement des entreprises par le biais d'émissions de titres.
Mais déjà les grandes banques sont montrées du doigt comme
par exemple lorsqu'elles investissent à l'étranger (exemple de la
crise des « emprunts russes7 ») au lieu de le faire sur le
territoire français. La loi de 1894 institue des sociétés
agricoles qui donneront naissance au Crédit
5 Termes définis p.14 et dans le glossaire p.69
6 Termes définis le glossaire p.69
7 Titres étrangers largement diffusés en France en
début du XXème siècle
Page | 11
Agricole afin de financier l'agriculture française.
L'état intervient aussi dans la création des banques populaires
afin de favoriser le crédit aux petits entrepreneurs et artisans. Au
début du XXème siècle, les banques françaises
souffrent des guerres mondiales et de la crise de 1930. L'état commence
donc sa politique interventionniste dans le secteur bancaire en encourageant
les banques d'état et les banques mutualistes.
Franklin D. Roosevelt instaure en 1933 aux Etats-Unis la
césure entre les banques de dépôts et d'investissement
(Glass Steagall Act). La France copie le modèle Américain
après la seconde guerre mondiale en cloisonnant les deux types de
banques (application de la doctrine Germain), qui rend très rigide le
secteur notamment à cause des premières grandes nationalisations
(CL, CG...). Durant deux décennies les banques françaises
effectuent principalement de la collecte. C'est le début des Trente
Glorieuses, de l'essor des chèques bancaires et de la carte bancaire
venue des Etats-Unis. Pour rendre plus concurrentiel le marché et
permettre le financement de la forte croissance, les Lois Debré de 1967
assouplissent l'encadrement du système bancaire. Cela permet une
croissance fulgurante du secteur bancaire en France (+90% d'agences en sept
ans). Suite aux chocs pétroliers, le gouvernement de Mitterrand
décide de nationaliser toutes les banques qui détiennent plus
d'un milliard de francs, ce qui permet de sauver de nombreuses banques de la
crise encourue. Le secteur bancaire est donc devenu un secteur
d'activité important dans l'économie et au centre de toutes les
attentions médiatiques, politiques et stratégiques.
Après cette période, c'est le début de la
finance libéralisée, avec le décloisonnement des
activités bancaires et la privatisation des grandes banques. Les
produits bancaires se complexifient dans le monde et la spéculation
devient monnaie courante grâce aux changes flottants8 et aux
nouvelles technologies. Les années 90 sont assez difficiles pour les
banques françaises, livrées à elles même sur un
marché en pleine mutation et face aux différentes crises
mondiales. Faillite, fusion acquisition dessinent le paysage où seules
les plus fortes subsisteront. C'est aussi une période où banque
et assurance se rapprochent. Les grandes banques françaises
acquièrent une dimension internationale et peuvent proliférer sur
le globe grâce à l'expansion d'Internet qui attire aussi de
nouveaux acteurs. La mise en place de la monnaie unique, Euro a
été une opportunité ainsi qu'une menace en facilitant
l'insertion des banques dans les pays de la nouvelle zone Euro. La
montée de l'intensité concurrentielle depuis les années 80
a nécessité les démarches marketing de plus en plus fortes
de la part des banques afin de segmenter la clientèle et
développer des offres adaptées.
8 Terme défini le glossaire p.69
Page | 12
Cet historique nous permet de comprendre que le secteur
bancaire a toujours été confronté à de nombreuses
crises et remaniements. Nous comprenons aussi que la structure du
système bancaire connue aujourd'hui est très récente (fin
des années 1990). Enfin les nouvelles technologies et la
libéralisation ont permis le développement de la « finance
de l'ombre9 » permettant l'existence de nouveaux produits
financiers très complexes. L'ensemble de ces postulats nous permettent
de mieux comprendre le contexte précédant la crise mondiale de
2008.
2. ROLE ET STRUCTURE DU SECTEUR BANCAIRE
« Établissement financier qui, recevant des fonds
du public, les emploie pour effectuer des opérations de crédit et
des opérations financières, et est chargé de l'offre et de
la gestion des moyens de paiement»10. Grâce à
cette définition nous comprenons bien le rôle primordial que
jouent les banques. Il faut cependant noter qu'en dehors de
l'intérêt privé recherché par les dirigeants des
banques et l'actionnariat, il existe un intérêt social et
collectif des plus importants. L'article de recherche de Gildas Barbot
(2012)11 nous fournit des informations importantes à ce
sujet. Le financement de l'économie permet en effet aux clients
d'investir grâce aux crédits issus de l'épargne et donc de
doper les échanges et la croissance économique. Son
intérêt sociétal réside aussi dans le fait que les
banques permettent la création monétaire grâce aux
crédits. L'analyse historique du secteur nous permet en effet de
comprendre que les périodes de forte croissance économique ont
été rendues possibles grâce au financement
réalisé par les banques. Il existe donc deux types
d'activité bancaire que nous pouvons définir brièvement
:
La banque de dépôt, aussi
appelée banque commerciale, propose aux particuliers (consommateurs,
petites et moyennes entreprises) des produits financiers simples tels que les
crédits, les produits d'assurances, des moyens de paiement et une aide
à la gestion de trésorerie pour les PME. De manière
générale, on peut dire que la banque de dépôt est un
intermédiaire entre des déposants et des emprunteurs
(intermédiation).
La banque d'investissement aussi
appelée de financement ou d'affaire, ne reçoit pas les
dépôts des PME ou des particuliers. En revanche ce type de banque
réalise plusieurs activités comme par exemple le conseil en
grandes entreprises, leur financement (lancement en bourse, levée de
fond...) et surtout des placements financiers sur les marchés, souvent
via des actifs complexes issus de titrisation12. Dans cette
activité c'est le rendement qui est recherché afin de
dégager des hauts profits, en prenant des risques.
9 Terme défini le glossaire p.69
10 Définition issue de
Larousse.fr
11Barbot G. (2010) - L'utilité sociale de la
banque en question. Quelques réflexions pour l'après-crise,
VSE : VIE & Sciences Economiques, N°185/186, pp.120-148
12 Terme défini dans le glossaire p.69
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Au fil du temps, les gouvernements ont tenté de
cloisonner ces deux types de banques afin de ne pas mélanger les
activités et éviter les crises financières. Le Glass
Steagall Act fut le premier plan ayant cet objectif. A l'époque les
grandes banques ont dû faire un choix sur la nature de leur
activité. L'objectif de cette scission est de protéger l'argent
des épargnants en cas de crise. En effet si les activités sont
séparées, l'argent des particuliers ne peut pas être
investi sur les marchés. Lorsque la législation sur le
cloisonnement des activités bancaires a été levée
en France (1999) et dans le Monde, les banques ont pu fusionner et donner
naissance à de nouveaux groupes mélangeant les activités
bancaires. Ce système a été montré du doigt lors de
la crise financière de 2008 puisque de nombreuses banques de
dépôts avaient investi de l'argent dans des actifs toxiques sur
les marchés. Les banques d'investissements ont besoin de beaucoup de
liquidités, qu'elles peuvent trouver dans les banques de
dépôts grâce à l'épargne des particuliers.
Mais les banques de dépôts recherchent aussi le profit en allant
placer leur argent dans ces banques d'investissements. La scission totale entre
les deux types de banque n'est aujourd'hui pas possible même si elle est
envisagée par certains politiques (exemple de J-L.Mélanchon
durant les présidentielles).
En juillet 2013, la loi sur la régulation et
séparation des activités bancaires a été
adoptée en France. Cette loi est la conséquence directe de la
crise financière et impose aux banques françaises de
réaliser dans une filiale indépendante, les activités de
spéculation, qui ne devront pas s'alimenter dans la filiale
dépôt. Cette loi impose aussi un contrôle plus important des
activités bancaires par l'AMF13, ainsi que des
rémunérations qui entrainent un aléa moral14
(ce concept est abordé plus tard, mais traite de la prise de risque
lorsque l'on est protégé) et du blanchiment d'argent. Le texte
adopté est bien moins sévère que ce qui avait
été annoncé durant la campagne électorale, en
raison notamment du fort lobbying bancaire.
Un autre moyen de comprendre la structure du secteur bancaire
français est de classer les banques par leur structure. Ainsi nous
pouvons nous appuyer sur l'étude du cabinet Deloitte15
où sont classées les banques en quatre catégories. Les
banques classiques (BNPP, CIC, CDN, HSBC, LCL, SG), les banques mutualistes
(Banque populaire, Caisse d'Epargne, Crédit Agricole, Crédit
Mutuel), les banques affinitaires (Crédit coopératif, Banque
Postale) et les banques directes (via internet). Les banques directes se sont
fortement développées depuis 10 ans et sont souvent des filiales
des banques classiques (exemple d'Hello Bank au sein de BNP Paribas). Le
marché est aujourd'hui oligopolistique autour des grands groupes qui
sont désignés comme « too big to fail16 ».
Cela veut dire que l'importance et la taille de ces entreprises obligent les
pouvoirs publics à intervenir en cas de risque de faillite. Ces
différents groupes établis par le cabinet Deloitte, nous
permettront de comprendre comment les banques construisent leur
stratégie de communication en relation avec leurs histoires et leur
clientèle.
13 AMF : Autorité des Marchés Financiers
14 Terme défini dans le glossaire p.69
15 « Baromètre Confiance 2014 » - Cabinet
Deloitte
16 NDT : « Trop gros pour faire faillite »
Page | 14
3. LES SPECIFICITES DE L'ACTIVITE BANCAIRE
Le secteur bancaire est une activité à part
entière dont les spécificités peuvent nous aider à
comprendre les impacts qu'une crise déclenche chez les consommateurs.
Ces spécificités nous aideront aussi à appréhender
les problématiques auxquelles le secteur fait face en termes de
communication.
Les banques proposent des services, ce qui nous amène
à rappeler rapidement les implications de vendre un service plutôt
qu'un bien. Tout d'abord, le produit est intangible et donc non brevetable, ce
qui laisse place à la concurrence. La production et l'utilisation du
service sont inséparables ce qui implique le consommateur dans le
processus de production. En raison de la demande et de l'offre fluctuante
(épargne et demande de crédit), le service est donc
périssable et il faut réussir à ajuster la production et
la vente. L'hétérogénéité de qualité
de service est un point plus discutable dans le secteur bancaire car les
produits sont automatisés.
Dans un processus de servuction17 standard, quatre
éléments entrent en jeu : le support physique, le client le
personnel ainsi que le service final18. Or dans un processus
bancaire, nous pouvons identifier facilement le client, le personnel en contact
avec le client ainsi que le service (obtenir un crédit, placer son
argent, payer en carte bleu...). En revanche il y a peu de support physique
puisque les opérations financières se déroulent sur nos
comptes de manière scripturale. Une carte bancaire peut être
considérée comme un support physique mais ce n'est pas ce qui
produit réellement le service. Tout cela n'est pas visible pour le
consommateur. Tous ces facteurs expliquent pourquoi les banques ont du mal
à se différencier les unes des autres. L'époque où
les banques avaient des spécialités (exemple du Crédit
Agricole) est révolue et elles se partagent dorénavant les
mêmes clients.
Le professeur Badoc a déclaré en 2005 « les
banques ont une particularité, celle de ne pas avoir de véritable
marque ».19 Selon lui, les clients entrent principalement dans
une banque grâce aux parents, au prix ou encore pour la proximité
géographique. La qualité du service ou l'image
dégagée par un groupe bancaire restent des critères
d'arrière-plans. Or si l'on prend les composants le mix marketing, nous
comprenons rapidement qu'une banque ne peut pas se différencier
efficacement avec le prix, le produit ou la distribution. Cela est imitable par
les concurrents. Le seul vecteur de différenciation est la
communication, qui peut permettre à une marque de se créer une
réelle identité et de fidéliser ses clients.
17 Terme défini le glossaire p.69
18 Gabriel.G (2014) - Marketing des services, Edition
Dunod
19 M.Badoc (2005) - Professeur à HEC - Horizons
bancaires, n°325
Page | 15
La contrainte légale est aussi une des
spécificités du secteur bancaire qui vient renforcer le premier
point. En effet la législation amène les banques à
homogénéiser leur offre. Cette contrainte légale a
été accentuée suite à la crise de 2008 avec par
exemple la mise en place progressive du traité européen BAALE
III20. La protection législative du consommateur en
matière de produits financiers et de communications est de plus en plus
forte et participe ainsi à lisser l'offre du marché21.
Les banques doivent donc appliquer ces lois, et de fait, se ressemblent de plus
en plus.
Dans le marketing bancaire, il faut aussi soulever la
problématique de l'argent. C'est en effet un produit qui revêt une
connotation bien spécifique aux yeux des clients. Tout d'abord, nous
accordons beaucoup d'importance à l'argent, puisque c'est le reflet d'un
héritage ou bien de la récompense de notre travail. Les clients
ont besoin d'avoir confiance dans l'entreprise qui manie son argent. Abdennabi
Aboulaarab (2006)22 a effectué des recherches basées
sur l'échelle de T.Tang (2002) afin de comprendre comment l'argent est
perçu par les consommateurs. L'auteur conclut que l'argent peut
être vu comme un symbole de succès ou de mal. Appliqué au
secteur bancaire, l'auteur affirme qu'à cause de l'importance
portée à l'argent, un client prête plus attention à
la manière dont est géré l'argent par la banque et une
mauvaise gestion de l'argent sera alors jugée de manière plus
critique et sévère. Dans la culture française catholique
(contrairement à la culture protestante), l'argent a toujours
été présenté comme un mal. « Vous ne pouvez
servir Dieu et l'Argent 23 ». Les banques restent encore
psychologiquement représentées comme des entreprises
opérant sur un marché non sain. D'un point de vue historique, il
faut aussi rappeler que l'argent a toujours été associé au
pouvoir qui est lui-même associé à une forte
défiance. En raison de cette perception paradoxale de la valeur de
l'argent, nous comprenons pourquoi la confiance des consommateurs peut
être rapidement engagée lors d'une crise.
Geneviève Paviot24 nous rappelle aussi que
dans ce secteur, le client est à la fois « utilisateur et
fournisseur » du service consommé. Il est donc très
impliqué dans les actions de l'entreprise. Rihab Ben Hamida
(2012)25 fait remarquer dans son Mémoire, qu'aujourd'hui, les
barrières de sortie d'une banque ont baissé grâce notamment
au développement d'Internet et de la concurrence. Changer de marque
bancaire reste toutefois plus complexe que de changer de marque de lessive.
Cette analyse du secteur bancaire nous amène à
comprendre que l'activité bancaire est une activité ancienne mais
que le paysage actuel des banques françaises est très
récent et en constante mouvance.
Le rôle des banques est primordial dans la
société capitaliste où nous vivons, ce qui impose au
gouvernement un contrôle et un soutien en cas de crise. Enfin nous avons
compris que les banques françaises ont du mal à se
différencier tout un manipulant un produit très
spécifique, l'argent.
20 Terme défini dans le glossaire p.69
21 2ème volet de la loi sur la régulation et la
séparation des activités bancaires 2013
22 Aboulaarab Abdennabi (2006) - Système de valeur et
attitude à l'égard de de l'argent
23 Nouveau Testament de la Bible - Matthieu 6:24
24 Paviot G. (1995) - La communication publicitaire et la
réputation des banques
25 Rihab Ben Hamida (2012) - Le marketing bancaire et la crise
financière
Page | 16
b. UN SECTEUR AU COEUR D'UNE CRISE FINANCIERE
1. DEROULEMENT DE LA CRISE FINANCIERE DE 2007/2008
Bien que la crise ait touché l'ensemble du monde, son
origine se cantonne aux États-Unis. En effet, la période
précédant 2007 a été marquée par l'octroi de
nombreux crédits immobiliers aux ménages modestes des Etats-Unis.
Cependant, puisque les ménages avaient des garanties faibles, les taux
d'intérêts étaient variables, et le logement de
l'emprunteur était pris en hypothèque en cas de non-paiement.
C'est l'explosion de la demande pour les crédits dit «
subprime26 ». Ces crédits sont aussi « revolving
», c'est-à-dire que l'emprunteur est autorisé à
augmenter son prêt si la valeur de son bien immobilier augmente. La
demande pour ces crédits a été très forte en raison
des taux d'intérêt bas suite à l'explosion de la «
bulle internet » de 2001. Un tel modèle a été
basé sur le postulat que le prix de l'immobilier aux Etats-Unis ne
pouvait pas chuter (ainsi si l'emprunteur est défaillant,
l'hypothèque de son bien rembourse la banque).
Entre 2004 et 2007, les taux d'intérêts variables
des prêts « subprime » ont augmenté (suite à
l'augmentation du taux directeur de la Banque Centrale Américaine). De
nombreux emprunteurs se sont retrouvés en situation
d'impossibilité de rembourser les crédits (en 2007, 15% des
emprunteurs d'un crédit « subprime » n'ont pu
rembourser27). La conséquence directe a été la
baisse des prix du secteur immobilier, et donc la valeur des hypothèques
est devenue inférieure aux crédits accordés par les
banques. Les banques ayant distribué des crédits « subprime
» se sont donc retrouvées à leur tour en difficulté.
Mais ce qui explique la contagion de cette crise immobilière, c'est la
titrisation. C'est-à-dire que les crédits ont été
financés par des titres (obligations) au travers de
sociétés financières qui ont diffusé ces «
actifs toxiques » dans le monde entier. Pour l'investisseur ces
obligations sont intéressantes puisqu'elles sont très
rémunératrices (ces titres ont favorisé la forte
croissance du 21è siècle) et qu'il est possible de s'en
séparer à tout moment.
Les banques qui ont vendu des crédits « subprime
» aux ménages américains n'ont pas été
attentives aux risques encourus puisqu'elles ne supportaient pas ce risque. Ces
banques se contentaient de prendre une commission et de faire porter le
crédit à ceux achetant les titres. On appelle cela «
L'aléa moral » (prendre des risques lorsque nous sommes
assurés contre celui-ci). De plus, la titrisation s'est
déroulée de manière non transparente car les actifs «
subprime » ont été mélangés à d'autres
types de produits financiers afin de former des « paquets ». Ces
« paquets » ne sont pas apparus comme risqués car
l'interdépendance entre les produits n'a pas été
démontrée, ce qui s'est révélé être
faux par le futur. Les établissements acheteurs de ces paquets (fonds
spéculatifs) ont acheté ces produits financiers
26 Crédits consentis à des ménages non
solvables
27
Economie.gouv.fr - « Comment
la crise a-t-elle commencé »
Page | 17
eux-mêmes à crédit court terme. Toutes ces
opérations se sont déroulées en dehors du cadre bancaire
et n'ont pas été régulées. En 2007, les valeurs
d'obligations se sont effondrées ce qui a entraîné
l'arrêt des financements à court terme entre les agents du
marché (banques...) par peur de non-paiement. C'est à ce moment
que les banques centrales sont intervenues en injectant des liquidités
importantes dans le marché bancaire. Le schéma ci-dessous
récapitule de manière simple la chaîne des acteurs de la
crise financière.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires1.png)
Suite à la crise des subprimes de 2007 encore peu
médiatisée, la quatrième banque d'affaire
américaine, Lehman Brothers s'effondre (639 milliards d'euros) le 15
septembre 2008. C'est une secousse qui vient faire trembler l'ensemble des
bourses et banques mondiales. Les banques d'affaires sont
particulièrement atteintes par la crise car directement liées aux
cours boursiers. Dans la même lancée, Merril Lynch est
racheté par Bank of America. Les pouvoirs publics arrivent sur la
scène en entrant au capital de grandes entreprises en difficulté
(AIG aux Etats-Unis, Fortis en Europe) et en injectant de l'argent dans les
places boursières (plan Paulson). En France, le gouvernement de Nicolas
Sarkozy propose en octobre 2008 un plan de 360 milliards d'euros sous forme de
prêt aux banques afin de débloquer la situation. Les banques
n'osaient plus échanger de l'argent sur le marché des
liquidités ce qui a grippé le système financier global.
Le processus s'est ensuite propagé dans la «
sphère réelle » de l'économie en touchant la bourse
(la baisse des cours d'action déclenche de manière brutale, une
perte d'actifs pour les entreprises). Le grippage du système
d'échange d'argent « crédit crunch » a aussi
impacté les crédits accordés aux entreprises et
déclenché un vent de panique. En plus des sommes perdues lors de
la crise, c'est dorénavant le marché du travail qui est
impacté et menacé dans beaucoup de pays
développés.
La crise financière rassemble les
caractéristiques « normales » d'une crise (bulle
immobilière et bulle de crédit...). Bien que le système
capitaliste ainsi que la capacité du marché à
s'autoréguler aient été montrés du doigt, ce sont
aussi des personnes physiques qui ont été dénoncées
comme responsables. Les banquiers et investisseurs ont eu un comportement
mimétique, rationnel et individuel. C'est-à-dire que si la
prévision du marché est à la hausse, on achète, si
c'est à la baisse on vend. Ce comportement, à l'échelle
collective devient problématique puisqu'il crée des bulles
Page | 18
spéculatives, qui explosent. Les agences de notations
n'ont pas levé le drapeau pour prévenir du caractère
risqué de ces actifs, d'une part en raison de l'opacité des
actifs, d'autre part en raison de leur intérêt personnel à
ne pas le dire (lobby des banques...).
Le système de rémunération des traders
n'était pas adéquat puisqu'ils étaient incités
à prendre le plus de risques possibles. En effet lors d'une transaction
non rentable, la perte est lissée sur la banque, lors d'une transaction
rentable, le trader est rémunéré sur les gains. Ce
système augmente la prise de risques inconsidérés par les
investisseurs/traders. « L'effet pervers de ce type de structure de
rémunération est qu'il conduit les opérateurs financiers
à chercher exclusivement les gains, sans chercher à éviter
les pertes » témoigne Olivier Godechot, sociologue de la finance
à l'École Normale Supérieure28.
Chez les auteurs classiques comme Adam Smith, le marché
est censé s'autoréguler afin d'être le plus rationnel
possible grâce à la fameuse « main invisible ». Or le
mimétisme présent dans le secteur financier a
entraîné la hausse de la prise de risque afin de rester
compétitif (facilité d'octroi de crédits) puis par la
suite, a aussi entraîné la perte de confiance entre les acteurs
qui ont cherché à revendre les titres toxiques. Sans ces effets
amplifiés, la crise n'aurait pas eu cette ampleur.
Il est aussi important de noter que peu de temps avant
l'explosion de la crise des « subprimes », de nombreuses affaires
font déjà de l'ombre au secteur bancaire français. Nous
pouvons par exemple citer l'exemple de l'Affaire Kerviel en 2007.
2. LES BANQUES AU COEUR D'UN SCANDALE MEDIATIQUE ET
POLITIQUE
Suite à cette crise financière, les banques ont
été pointées du doigt par les médias. Entre 2008 et
2011, la crise financière est devenue un sujet récurrent aux
journaux télévisés, dans la presse et la radio
entraînant une surenchère médiatique. Bien que la crise des
subprimes se soit diffusée dans la sphère réelle jusqu'en
France, les effets n'ont pas été directs sur les consommateurs
(sauf pour ceux qui ont perdu de l'argent en bourse par exemple). Les
média ont donc été le seul vecteur générant
la « bancaphobie29 ». Cela a été
accentué puisque les autorités étaient-elles même
dépassées par l'ampleur du problème et que les
responsables des grandes banques n'ont que peu pris la parole. Ainsi
Libération titrait « Punir l'argent fou » ou encore
« Pas de vacances pour la crise »30. La chasse aux
sorcières est donc lancée afin de comprendre comment nous avons
pu en arriver à cette situation et qui sont les fautifs. En avril 2008,
Marianne titrait donc «Les aveux d'un banquier voyou ». Les
plans d'aides accordés aux banques par l'état français ont
aussi créé un soulèvement d'incompréhension
auprès de la population et accentué la méfiance
vis-à-vis des instituts financiers. De nombreux articles ont
soulevé
28 Alternatives économiques n°283 09/2009 - Olivier
Godechot
29 Néologisme issu de « banca » (banque en
Italien) et phobie (peur en français) : peur des banques
30 Observatoire banque assurance - Kantar Média (2011)
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les problèmes et la qualité des produits
financiers proposés par les banques, ce qui est venu ternir encore
davantage l'image du secteur. Comme nous l'avons évoqué
précédemment, les consommateurs ont un lien particulier avec les
produits bancaires puisque il s'agit d'argent. Or les différentes crises
ont démontré que les banques pouvaient perdre des sommes
astronomiques (5 milliards d'euros pour l'affaire Kerviel) en collectant
l'épargne des particuliers à des fins spéculatives.
Lors de ce scandale médiatique, l'amalgame entre banque
de dépôt et d'investissement a été récurrent.
En effet nous avons compris que les banques pouvaient pratiquer les deux
activités mais les grandes banques qui ont été le
catalyseur de la crise financière (JP Morgans par exemple)
étaient des banques d'affaires. Aux yeux des ménages, les
coupables étaient donc les mêmes. En 2010 le Président du
groupe CBC déclarait dans une interview « il y a lieu
d'opérer une distinction : l'image institutionnelle (...) a
été touchée mais celle du banquier local (...) beaucoup
moins ».31 Ainsi le scandale médiatique a mis en avant
des personnes morales plus que des personnes physiques. Même Kerviel a
été présenté comme un bouc émissaire et non
le réel responsable. Le fait de ne pas avoir de coupable physique a
créé une frustration et un élan de défiance envers
le système bancaire qui apparaît comme opaque.
Durant les années suivant la crise financière,
les publicitaires ont même utilisé le sujet pour communiquer sur
leur produit, allant jusqu'à se moquer des banquiers. Les industriels
ont démontré en parlant des personnes qui souffrent de la crise,
qu'ils se rangeaient du côté du peuple et non du système
bancaire. Nous pouvons donner l'exemple de Volkswagen qui en 2009 lance une
campagne de publicité « Les Traders anonymes ». Elle met en
scène des traders qui lors d'une réunion anonyme expliquent leur
volonté d'arrêter la spéculation, sans y arriver. Le
marketing virale du groupe VAG a été poussé jusqu'à
une chanson et un clip vidéo où les paroles sont assez directes
« pile on gagne, face on ne perd rien, car l'argent ce n'est pas le mien
».
En plus des médias, les politiques ont aussi
participé à la dénonciation du secteur bancaire. Les
élections de 2007 et 2012 ont placé le sujet au coeur du
débat, et des discours retentissants ont été
prononcés. Nicolas Sarkozy déclare à Toulon en 2008 «
Il faudra imposer aux banques de financer le développement
économique plutôt que la spéculation ». En 2012
François Hollande prononce son célèbre discours dont les
mots retentissent encore dans nos souvenirs « mon véritable
adversaire (...) c'est le monde de la finance ». Les mots employés
par le monde politique de droite ou de gauche sont forts, et accusent un
secteur global sans distinction.
31 « Crise bancaire : vers une communication simple
concrète et transparente » investir en 2010
C.Michon et S.Changeur (2003) rappellent dans leur article de
recherche32 qu'il existe des crises de marque, et des crises de
produit. Les crises sur les produits existent lorsqu'un produit est
défectueux et entraîne des problèmes (exemple : crise
sanitaire). Une crise de marque a un impact plus « important et durable
» sur une entreprise puisqu'elle touche ses valeurs et son image. C'est en
effet la politique et la stratégie qui sont remis en cause et non
seulement un produit. La crise de marque atteint donc les consommateurs plus
profondément en touchant l'affectif.
Nous pouvons aller plus loin en parlant de crise sectorielle.
P.Lagadec33 a mis en place une matrice qui classe les crises sur
deux axes ; le caractère interne/externe et sa nature
technico-économique/organisationnelle, sociale et humaine. Sur ces
critères la crise de 2008 serait donc située en externe et
économique. C'est la crise du secteur financier globale. Pour
synthétiser, nous pouvons dire que c'est une crise de produit («
subprimes ») qui a entraîné une crise sectorielle (financier)
se répercutant en crise de marques bancaire à cause de l'ampleur
médiatique prise par le sujet.
Page | 20
32 « Une étude des réactions du consommateur
face aux crises de la marque » (2003)
33 Patrick Lagadec (1993) - Apprendre à gérer les
crises, Paris, Editions d'Organisation, p.34
Page | 21
3. LE SECTEUR BANCAIRE PRIS DE COURT DANS SA COMMUNICATION
DE CRISE
La littérature concernant le traitement d'une crise par
une entreprise est riche. Pour résumer les recherches de Westphalen
(1997) et Dawar & Pillutla (2000)34, nous pouvons citer quatre
principales typologies de réponses possibles suite à une crise :
l'absence de prise de parole, le déni de responsabilités, le
report sur autrui et enfin la reconnaissance des responsabilités. Ces
modalités de réaction d'une marque face à la crise peuvent
permettre d'influencer la perception du consommateur. Les stratégies ont
été différentes en fonctions des banques mais de
manière générale nous pouvons dire que les banques
françaises ont peu pris la parole à court terme. Les banques
n'ont pas communiqué de façon abondante afin de ne pas
exagérer le climat anxiogène attisé par les médias.
Prendre la parole en plein coeur de la crise était dangereux puisque si
la banque le faisant, elle serait assimilée directement à la
crise en devenant bouc émissaire.
La Caisse d'épargne n'a par exemple pas
communiqué pendant près d'un an. Nathalie Rastoin en charge de la
communication du groupe déclarait à l'époque « On ne
peut pas reprendre la parole comme si on n'avait pas changé de
période »35. Les banques ne s'étaient pas
préparées à un tel fiasco médiatique et les
cellules de crise n'étaient pas opérationnelles pour
répondre au déferlement. Le Directeur de la Communication du
groupe Société Générale fut interviewé en
2008 et admettait ne pas avoir « mis en place de cellule de crise».
En effet, selon lui, l'entreprise ne vit pas de crise à proprement
parler, mais est impactée par celle du secteur.
Chez BNP Paribas, Ariane Benard-Mechler en charge de la
communication interne confie lors d'une interview de 2008, que « toute
vérité n'est pas bonne à dire » car « trop de
transparence pourrait avoir des effets catastrophiques ». La banque n'a en
effet pas pris la parole dans les médias à court terme mais a mis
en place une communication de proximité avec ses clients (marketing
direct..). Le site internet du groupe publiait par exemple des articles afin de
comprendre les mécanismes de la crise financière. De
manière générale, les banques françaises ont
beaucoup appliqué la stratégie de mutisme ou de report sur autrui
dans les prémices de la crise en reportant la faute sur les banques
d'affaires américaines.
Des personnages importants ont pris la parole au nom du
secteur bancaire comme par exemple Alan Greenspan, l'ancien directeur de la
réserve fédérale américaine, qui a dirigé la
montée des taux directeurs entraînant la crise. En 2008 il a
émis des propos qui ont été diffusés dans les
médias français « Oui, j'ai constaté une faille. Je
ne sais pas à quel point elle est significative ou durable, mais cela
m'a plongé dans un grand désarroi » (à propos du
système capitaliste). Ce type d'allocution reflète la
34 Dawar Niraj Pillutla Man.M. (2000) - Impact of product-harm
crises on brand equity
35 Le Monde 12/2008 Laurence Girard - Avec la crise, les banques
revoient leur discours publicitaire
Page | 22
psychologie des responsables du secteur bancaire : une
reconnaissance du problème sans pour autant désigner de
coupable.
Avant de bâtir de nouvelles stratégies de long
terme, les banques françaises ont cherché à rassurer les
consommateurs. Elles ont donc adopté une stratégie
défensive vis-à-vis du brassage médiatique et
déployé une communication efficace. Il faut en effet enrayer la
panique en prouvant qu'elles peuvent encore faire des crédits et
qu'elles sont assez solides pour passer le cap. Ainsi BNP Paribas lance sur les
ondes radios « Chez BNP Paribas, votre banquier vous fait crédit !
». Le Crédit Agricole enchaîne dans la presse avec « Les
banques réduisent-elles le crédit aux PME-PMI ? NON ! ». Ces
messages apportent donc un discours de preuve aux consommateurs afin de
contrebalancer la vision d'un secteur en crise. Avec la crise les clients
n'osaient plus demander de fonds à leur banquier. Cette première
vague de publicité a donc permis de ramener à une juste mesure
l'exagération créée par les médias.
C.Michon et S.Changeur (2003) arrivent à la conclusion
dans leur recherche, que plus une entreprise réagit rapidement face
à une crise, plus elle restaure la confiance de ses clients. L'effet est
moindre lorsque c'est une crise sectorielle mais nous pouvons tout de
même dire que la stratégie seulement défensive des banques
n'a pas été suffisante à court terme pour conquérir
la satisfaction des consommateurs. Cependant à l'époque, personne
ne savait combien de temps allait durer la crise et les groupes ont
temporisé afin de pouvoir bâtir des stratégies à
plus long terme. Ces campagnes de court terme sont donc une réponse
à une situation non prévue. Une campagne institutionnelle commune
aurait pu être lancée par la Fédération Bancaire
Française qui regroupe plus de 400 établissements. Le projet a
été envisagé mais n'a jamais vu le jour, les banques ont
préféré se concentrer sur la construction de leur plan
d'action et de communication et non sur une communication institutionnelle
groupée. En revanche, dans de nombreux groupes, il a été
décidé de mettre en avant une communication envers les
salariés et les actionnaires qui sont les premiers ambassadeurs de la
marque.
Les banques semblent avoir adopté une stratégie
de mutisme comme le fait remarquer Olivier Aubert cofondateur de l'agence Asap
« Le silence assourdissant des banques sur leur vision de la crise et
leur volonté d'en faire sortir l'économie en faisant leur
métier autrement ne sera bientôt plus tenable
»36.Benoît Devarrieux, coprésident de
l'Agence H, remarque que les banques n'ont pas opéré de
modification dans leur choix d'agences de communication : « Il n'y a
pas eu un seul changement d'agence en un an. Aucune question n'a
été posée sur la validité des choix de la
communication bancaire. Rien n'a bougé. » Ces
déclarations viennent prouver que les banques ont peu réagis
à court terme.
36 Les Echos - Les banques inaudibles face à la crise -
04/2009
Page | 23
c. L'IMPACT DE LA CRISE FINANCIERE SUR LA CONFIANCE 1.
D'UNE CRISE FINANCIERE A UNE CRISE DE CONFIANCE
Le moral des Français a beaucoup baissé
après la crise financière. L'ambiance est au pessimisme dans une
situation économique atone où le taux de chômage passe de
7.2% à 9,5% en moins de deux années37. Les
ménages sont spectateurs de la situation et font face à la
médiatisation du « banquier fautif », montré du doigt
et jugé responsable de pertes d'argent. Les Français ne
comprennent donc pas pourquoi l'état « donne » l'argent du
contribuable à ce secteur en crise. Cette crise financière
atteint la « sphère émotive » et se transforme en crise
de confiance. Les consommateurs ont l'impression qu'un rideau s'est levé
sur les rouages d'un système caché qui remet en cause la
crédibilité du secteur. La perte de confiance peut même
aller jusqu'à une défiance comme le prouve ce chiffre
publié par l'Association Française des Banques en 2009 : « +
24% d'incivilité (insultes, injures, menaces) au sein des agences
».
Les banques sont plus durement jugées que d'autres
secteurs car comme nous l'avons vu auparavant, elles ont un rôle
sociétal important et elles manipulent de l'argent. Le problème
vient aussi du fait que les consommateurs jugent à 71% que « les
banques n'ont pas tiré les leçons de la crise et n'ont pas
adopté des comportement moins risqués »38. Ainsi
les Français pensent que les banques peuvent recommencer sans tenir
compte de ce qu'il s'est passé. Mais qu'entend-on par confiance ? Le
cabinet Deloitte la mesure au travers de cinq items : la fiabilité, la
crédibilité, l'écoute, la transparence et
l'intérêt client. Ces critères permettent de mesurer
facilement une notion très subjective. Parmi ces items, les clients
déclarent que le plus important afin de créer une relation de
confiance est l'intérêt client, c'est-à-dire « Est-ce
que la banque agit dans mon intérêt ?». Les Français
cherchent donc à savoir si la banque cherche à récolter
l'épargne afin de spéculer avec risque, ou bien alors de proposer
les bons produits aux bonnes personnes. Les banquiers sous l'effet de la
pression managériale peuvent en effet être amenés à
vendre des produits financiers non adaptés aux clients. En 2014
l'étude du cabinet affiche donc une confiance dans le système
bancaire de 34%, mais de 60% dans sa ou ses banques.
La confiance est aussi souvent mesurée par les
instituts grâce à « l'image ». Dans leur article
C.Michon et S.Changeur (2003) nous rappelait que « l'image de la marque
constitue également la base de la relation affective ». L'image,
c'est donc la connaissance et les émotions accumulées envers une
marque ou un secteur donné. Pour comprendre à quel point l'image
des banques a baissé suite à la crise nous pouvons nous
référer à l'enquête annuelle de l'IFOP «
observatoire de l'opinion sur l'image des banques ».
37 Taux de chômage au sens du BIT source INSEE
38 Sondage IFOP 2012
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires2.png)
Page | 24
Source : IFOP
Nous pouvons donc voir clairement sur ce schéma que la
crise financière a fortement impacté l'image que les
Français ont des banques. Cette baisse de confiance s'est traduite en
actions, comme par exemple une ventilation de l'épargne entre plusieurs
banques afin de limiter les risques « 14% des sondés » selon
un sondage pour L'Humanité par l'IFOP, déclaraient avoir
placé de l'argent dans une autre banque afin de limiter les risques en
cas de crise. Nous pouvons aussi voir sur ce graphique, l'impact du soubresaut
de crise en 2011 (notations des pays et dettes grecques affolant les indices
boursiers) qui attisent de nouveaux les médias.
La confiance a été abordée sous
différents angles par différents auteurs. Ainsi la confiance peut
être définie, comme une croyance (Sirieix & Dubois), comme un
sentiment (Usunier & Rogerou) ou encore comme un comportement envers
l'organisation (Moorma). Sans entrer dans les détails nous comprenons
que la confiance est un concept riche qui va beaucoup plus loin qu'un simple
ressenti. La confiance est importante afin d'augmenter la satisfaction et donc
la fidélité qui augmentera les revenus de l'entreprise. Un client
peu confiant peut même être plus dur en négociation
puisqu'il se sent légitime à revendiquer.
Pour comprendre pourquoi la réaction des consommateurs
à la crise a été si virulente, nous pouvons nous baser sur
les travaux de Dawar et Pillutla (2000) et Michon Changeur (2003) qui ont
défini les facteurs qui influencent l'impact d'une crise. La
perception sélective est un processus par lequel plus la
consommation d'un produit ou service est régulière (et donc plus
le client est exposé à la marque) plus le consommateur est
attentif à la crise. Dans le secteur bancaire, l'utilisation d'un
service, la relation directe ou indirecte (internet) avec sa banque est presque
quotidienne. Cette proximité avec le secteur bancaire explique
l'intériorisation de la problématique. L'attitude du
consommateur décrit les fonctions cognitives et affectives (route
périphérique). Ces deux voies de communication ont
été mises en exergue par Petty, Cacioppo et Schuman en 1983. Lors
d'une crise de marque, c'est l'affectif qui est touché en premier (crise
de valeur et non de produit) et le cognitif dans un second temps. Comme nous
l'avons expliqué plus tôt c'est bien une crise de secteur qui a eu
lieu et qui affecte donc les « associations
Page | 25
abstraites/idéologiques » vis-à-vis d'un
secteur, d'une marque. Nous comprenons donc pourquoi cette crise est si
profonde. La réaction de l'entreprise face à la crise
est aussi un facteur qui impacte fortement le consommateur. La rapidité
de réponse et le type de réponse peuvent aider à inhiber
l'impact sur les consommateurs. Ainsi, plus une entreprise prendra la parole
rapidement, et plus elle pourra retrouver la confiance de sa clientèle.
Or il s'est avéré que dans les prémisses de la crise, les
banques ont peu pris la parole mis à part pour rassurer leur client sur
leur capacité à faire des crédits. Le capital-marque,
c'est-à-dire la valeur acquise par une marque aux yeux du client et
permettant un avantage concurrentiel, peut permettre d'atténuer une
crise s'il est fort. Lors de notre analyse du secteur bancaire, nous avons
compris que les marques bancaires françaises n'avaient que peu de
capital marque et n'arrivait pas à se différencier les unes des
autres. Ce ne sera donc pas un facteur permettant d'influencer positivement le
client. En ayant détaillé les facteurs qui influent l'impact
d'une crise sur les consommateurs, nous comprenons facilement comment une crise
sectorielle s'est transformée si rapidement en crise de confiance
profonde.
2. SPECIFICITES DE LA CONFIANCE ENVERS LE SECTEUR
BANCAIRE
La confiance d'affaire, c'est-à-dire la confiance
envers une entreprise est constituée de plusieurs éléments
qui varient dans le cycle de la relation client. La construction et la
composition de la confiance d'affaire se doit d'être analysée afin
de mieux comprendre la relation entre crise, confiance et stratégie de
communication. Pour comprendre les mécanismes de construction de la
confiance envers une institution, nous avons analysé attentivement les
articles publiés par Gatfaoui (2007)39 et
Mercanti-Guérin (2011)40
Il est donc important de différencier deux
catégories de confiance, la confiance interpersonnelle et la confiance
institutionnelle. La confiance interpersonnelle est la vision la plus commune,
c'est-à-dire qu'elle traite de la confiance entre des individus (par
exemple la relation d'un client avec son banquier). La confiance
institutionnelle est une notion relativement nouvelle dans la
littérature puisque les premiers articles à son sujet datent de
1976 « The role of trust and cooperation in marketing channel - Young L.C.
& Wilkinson I.F). Elle fait référence à la confiance
qui s'opère entre une personne et une entreprise/institution. Cette
notion a vu le jour avec le développement des grandes entreprises
multinationales qui se sont développées depuis les années
70. Cette double vision de la confiance peut être très facilement
adaptée au secteur bancaire en raison de la double relation que le
client développe avec celui-ci. Les deux types de confiance se
superposent et peuvent se mélanger, c'est ce qui fait la
complexité du sujet. Cependant, les consommateurs font inconsciemment la
différence entre la relation
39 Gatfaoui S. (2007) - Comment développer une relation
bancaire fondée sur la confiance
40 Mercanti-Guérin M. (2011) - Crise du secteur bancaire
et portrait de la banque idéale
Page | 26
avec le banquier et celle avec l'enseigne. Le premier niveau
de relation (dans le temps) est l'institutionnel puisque avant d'entrer dans
une banque, un individu porte déjà la marque dans son estime. Il
construit ensuite une relation avec le banquier attitré. Si le client
fait confiance dans une marque bancaire, il s'attend à ce que celle-ci
recrute un personnel reflétant les valeurs de la marque. Ainsi, par
congruence, une confiance interpersonnelle pourra se tisser. Afin de mieux
comprendre comment s'articule ces concepts, nous allons dès à
présent comprendre les mécanismes de création des types de
confiance en s'appuyant sur le travail de Gatfaoui qui dans ses recherches a
mené des entretiens qualitatifs lui permettant de mieux comprendre ces
processus.
Lors de la naissance d'une relation institutionnelle, la
confiance est alors basée sur des critères cognitifs,
c'est-à-dire les savoirs ou les aprioris vis-à-vis d'une marque.
Les consommateurs se basent alors surtout sur la fiabilité que
dégage une banque. Durant la relation, cette confiance institutionnelle
peut aussi revêtir un caractère affectif, cela se traduit par le
sentiment de pouvoir compter sur sa banque en cas de difficulté. Les
facteurs permettant de consolider cette confiance peuvent être la
réputation de la banque, son expertise, sa taille ou encore des
expériences positives vis-à-vis de la banque. Ces facteurs
permettent donc d'augmenter la crédibilité d'une marque et donc
la confiance que l'on y accorde. Cette confiance est en majeure partie
basée dans l'inconscient puisque non visible.
La confiance interpersonnelle apparaît comme la plus
importante dans une relation bancaire parce qu'elle est la plus visible. C'est
une relation plus facile à appréhender puisqu'elle a lieu entre
deux personnes physiques. Sa définition est donc plus riche et englobe
des éléments d'aspects conatifs comme par exemple s'attendre
à un comportement honnête de la part de son banquier lorsqu'on lui
fait confiance. Les facteurs qui permettent la construction de la confiance
interpersonnelle sont plus humains comme par exemple l'honnêteté,
le caractère bienveillant ou encore, le respect du client.
Cependant, l'expérience interpersonnelle est
très dure à homogénéiser pour une marque bancaire
puisque chaque conseiller bancaire est différent. De plus si une
relation trop importante se tisse entre le client et son banquier, il y a un
détachement de la marque (relation institutionnelle) qui s'opère.
Le banquier représente à lui seul la marque. Ainsi les banques
cherchent à favoriser la confiance institutionnelle et favorisent un
turn-over de moyenne durée (cinq à six années).
Nous avons donc affiné les notions de confiance qu'un
client a dans une banque afin de mieux comprendre les effets de la crise sur la
confiance des consommateurs. En effet, notre hypothèse était que
la crise n'avait pas affecté la confiance interpersonnelle mais
principalement la confiance envers l'institution. Il est en effet important de
vérifier cette hypothèse si nous voulons comprendre les nouvelles
stratégies de communication.
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3. ANALYSE DES RESULTATS CONCERNANT LA CONFIANCE DANS LE
SECTEUR BANCAIRE
L'étude quantitative nous a permis de sonder les
consommateurs particuliers. Un questionnaire administré via Internet a
permis de récolter des données afin de répondre à
nos problématiques : effets de la crise sur la confiance - effets des
campagnes publicitaires des banques suite à la crise sur la confiance.
Principalement, la variable dépendante sera la confiance envers les
marques (ce que l'on cherche à étudier).
La méthode d'échantillonnage est
aléatoire et non probabiliste puisque le questionnaire a
été administré par Internet. L'objectif de notre
échantillon est donc d'avoir une ressemblance avec la population
française malgré la méthode de distribution du
questionnaire aléatoire. Certains éléments nous prouvent
que notre échantillon est représentatif, notamment la structure
des sexes. Notre étude comporte 59% de répondante, alors que la
France comptabilise 52% de femmes. Concernant la démographie par groupe
d'âge, nous avons une surreprésentation des 16-34 ans, au
détriment des plus de 65 ans. La répartition par catégorie
socioprofessionnelle est plus contrastée. Les ouvriers sont nettement
sous représentés dans notre échantillon (seulement 2% au
lieu de 12.3% en France). En revanche, les cadres et PIS et PI
représentent une part importante de répondants (41%). Le nombre
de clients multi-bancarisés (au moins deux banques) qui est de 48% dans
notre étude est très proche de l'estimation du chiffre global
français de 43%41. Deux banques sont très
représentées (le CA et la BPOP) car elles totalisent à
elles seules, 31% des répondants.
Malgré quelques différences notamment dans la
structure CSP de notre échantillon, nous pouvons affirmer qu'il est
assez représentatif notamment sur les critères de sexe, âge
et multi-bancarisation.
Tout d'abord, nous constatons que la multi-bancarisation n'est
pas un phénomène anodin puisque seulement 52% de
l'échantillon déclarent être clients d'une seule banque. Ce
processus est en effet rendu plus aisé depuis plusieurs années
par la facilité d'ouvrir un compte bancaire instantanément via
Internet. Les résultats ont montré que les consommateurs sont
capables de faire la différence entre une banque de dépôt
et une banque d'investissement. Ces dernières sont d'ailleurs
désignées comme les plus responsables par 76% des
répondants. Ainsi cela va à l'encontre du discours attestant que
les Français ne font pas la distinction entre les deux types de banque.
Il est aussi possible que le brassage médiatique et les campagnes
pédagogiques des banques aient aidé les Français à
faire la distinction entre ces activités. Notons cependant que ces
réponses sont simplement déclaratives (pas de
vérification).
41 Source Axciom.fr
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Notre étude quantitative nous a donc permis de
comprendre à qui était attribuée la responsabilité
de la crise selon les consommateurs, et comment la confiance avait
évolué. Le secteur bancaire global est donc unanimement
désigné responsable de la crise financière de 2008 (86%).
Trois questions ont permis de tester l'évolution de la confiance.
L'objectif est de comprendre si cette évolution est différente
entre le secteur bancaire, la banque principale du client et le banquier
attitré. Nous comprenons que plus la dimension est globale (secteur
bancaire) plus les consommateurs jugent responsable de la crise
financière. Au contraire plus la dimension est restreinte (votre
banquier) et moins la responsabilité est attribuée. Le même
phénomène se produit dans l'évolution de la confiance.
Pour plus de 70% de la population, la confiance est restée la même
envers le banquier, ce chiffre est de 35% envers le secteur bancaire. Nous
pouvons donc comprendre qu'il y a un lien direct entre l'attribution de la
responsabilité de la crise, et la confiance (les consommateurs ne
pensent pas que le banquier local est responsable, donc la confiance en lui ne
baisse pas).
Pour arriver à ces résultats, nous avons
attribué un score à la perception de la responsabilité de
la crise, et un score à l'évolution de la confiance. Plus le
client juge responsable de la crise un tiers, plus le « score
responsabilité » est élevé, et plus sa confiance a
baissé envers un tiers, plus le « score confiance » est bas.
La corrélation entre les deux variables est très forte (0,96 R
Square).
D'une manière générale, la baisse de la
confiance dans le secteur bancaire est donc très importante (plus de 60%
des répondants le déclare).
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires3.png)
Nous constatons également que le secteur bancaire
français est perçu comme moins responsable de la crise que le
secteur bancaire mondial. Il est possible que les consommateurs aient
accumulé des savoirs sur le sujet à force d'être
exposés aux médias. Les clients n'ont pas attribué la
responsabilité de la crise à leurs banquiers locaux. En effet, il
apparaît peu probable que ce dernier soit responsable de l'envergure de
la crise qui contamine l'économie réelle. A défaut de
diriger sa défiance envers son banquier à visage humain, le
consommateur a reporté celle-ci vers le secteur et les marques bancaires
(l'image institutionnelle). Compte tenu de ces informations, il apparaît
qu'il n'est pas nécessaire de vouloir « redorer » l'image du
banquier local, mais plutôt l'image institutionnelle.
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Pour mieux comprendre la manière dont se compose la
confiance des consommateurs envers le secteur bancaire, nous avons
utilisé les composants d'évaluation de la confiance
utilisés par le cabinet Deloitte. Il a été possible
d'évaluer sur cinq critères (à l'écoute, fiable,
transparente, humaine (ce critère remplace « intérêt
client », crédible) la vision des banques par les clients. Nous
voyons que pour les cinq items, les clients ne sont majoritairement « pas
d'accord » avec le fait que les banques soient plus à
l'écoute, plus fiables, plus transparentes, plus humaines ou plus
crédibles. Cependant les items les mieux notés sont «
à l'écoute » et « fiable ». En revanche, les
banques apparaissent très peu crédibles aux yeux des
consommateurs, ce qui impacte fortement la confiance. En effet, nous avons
compris avec nos calculs, que plus les consommateurs approuvent les cinq
composants de la confiance, et moins leur confiance baisse envers le secteur
bancaire. Nous avons cherché à comprendre quel était le
composant de la confiance qui était le plus important. Il s'avère
que les personnes qui considèrent les banques comme « plus humaines
» depuis la crise sont celles pour lesquelles la confiance a le moins
baissé. En revanche la transparence est le critère qui contribue
le moins à la confiance. Ce résultat est paradoxal puisque nous
pouvions nous attendre à ce que ce soit le critère
fiabilité qui stimule la plus confiance mais finalement la perception
d'une banque humaine est le plus important. La confiance est en effet plus
facile à accorder à un humain plutôt qu'à une
personne morale.
Cette confiance accordée au secteur bancaire s'explique
aussi par la vision que les consommateurs ont des réactions des banques
face à la crise financière. Sur les quatre possibilités de
réponses à une crise, ce sont les deux types de réactions
les plus négatives qui récoltent les plus importants scores
(déni de responsabilité / report sur autrui). Seulement 7% des
répondants pensent que les banques ont reconnu leurs
responsabilités dans la crise. Cette prise de conscience
vis-à-vis des réactions des banques ne peut qu'expliquer la forte
baisse de confiance envers le secteur comme nous l'avions lu dans l'article de
Michon& Changeur. Lorsque l'on demande aux consommateurs de juger les
réactions de leur banque face à la crise, les réponses
sont beaucoup plus indulgentes. Ainsi la majorité des personnes ont
ressenti une absence de prise de parole de la part de leur banque principale
(différence de 14 points de pourcentage par rapport au secteur
bancaire). Ces résultats vont dans le sens de beaucoup d'études
qui indiquent que la vision de sa banque principale est toujours meilleure que
la vision du secteur bancaire. En effet, le choix d'une banque par un client
induit que celui-ci a fait un choix rationnel et réfléchis. Il
aura donc tendance à défendre son choix vis-à-vis de
lui-même, et donc de mieux noter sa propre banque. Nous constatons aussi
que les banques sont perçues différemment dans leurs
réactions face à la crise. Les deux variables sont
dépendantes selon le test du Khi2. Ainsi le CM est la seule banque dont
le score moyen est positif, elle est donc perçue comme ayant reconnu ses
responsabilités. A contrario, la SG, BPOST et CA sont jugés comme
ayant eu une mauvaise réaction face à la crise (déni et/ou
report sur autrui).
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Il est aussi important de noter qu'une forte
corrélation existe entre la perception du type de réponse et
l'évolution de la confiance envers sa banque. Plus la perception de la
réponse de la banque est positive (reconnaissance des
responsabilités) plus la confiance est haute. Inversement, plus la
réponse de la banque est jugée mauvaise (dénis/report sur
autrui) plus la confiance est basse. Ces résultats prouvent l'importance
de la qualité des réactions des banques à court terme.
Enfin, malgré les résultats assez négatifs concernant la
confiance dans le secteur bancaire et sa propre banque, les clients
déclarent assez largement recommander leur banque principale à
leur entourage. Cette question permet en effet de mesurer à quel point
un client et prêt à promouvoir sa banque par le bouche à
oreille. Sur une échelle de 1 à 10, 47% des clients ont
attribué un score de 7 ou plus. Ce taux de recommandation est fortement
lié à la confiance dans sa banque comme nous le prouve le
coefficient de corrélation entre les deux variables (0.87). Nous
comprenons ainsi l'importance de la confiance qui permet d'augmenter la
publicité qu'un client fait naturellement dans son entourage pour une
banque.
Nous comprenons donc que la crise financière a
fortement impacté la confiance institutionnelle des consommateurs.
Guerin (2011) avait démontré dans son étude que plus
l'image et la confiance institutionnelle était forte, plus la gestion de
la crise était bien perçue or nous avons compris
précédemment que l'image des banques était assez faible et
peu différenciée entre elles, ce qui peut expliquer cette
mauvaise vision de la gestion de crise. Les clients se déclarant avoir
été personnellement impactés par la crise (par exemple une
perte d'argent) sont nombreux (60%). Nous pouvons constater une forte
corrélation entre l'impact personnel de la crise sur un consommateur et
sa confiance dans le secteur bancaire français. Plus un client est
impacté par la crise, plus sa confiance baisse (corrélation de
0.86). Cette corrélation est encore plus forte entre l'impact sur un
client de la crise, et sa confiance envers son banquier (0.98). Un client qui
perd de l'argent avait en effet confiance en son banquier qui lui avait
proposé des placements. En perdant de l'argent, la confiance
interpersonnelle ne peut que baisser.
Nous pouvons observer qu'il n'y a pas de lien entre la vision
de l'argent comme symbole de réussite, et la confiance dans le secteur
bancaire. La corrélation est en effet très proche de 0 (0.04). Il
apparaît donc clairement que le fait de considérer l'argent comme
un symbole de réussite (qui est un raisonnement assez capitaliste) ne
permet pas de diminuer la perte de confiance envers le secteur bancaire suite
à une crise financière. Nous répondons ainsi à
l'une des questions posées lors de notre introduction .L'analyse
bi-variée nous montre que la défiance envers le secteur bancaire
est plus forte pour la catégorie des 35-44 ans. Plus la population est
jeune ou vieille, et plus haute est la confiance. Les jeunes et les
retraités sont en effet les moins impliqués dans la banque
puisque non actifs. En revanche les 35-44 ans sont la tranche qui a le plus
confiance envers le banquier. Cela peut s'expliquer par la relation de long
terme qui s'est déjà nouée entre le client et son
conseiller. A 40 ans on a souvent déjà eu recours à un
prêt immobilier. Le sexe ainsi que la CSP n'ont pas d'influence sur la
confiance dans le
Page | 31
secteur puisque les réponses sont homogènes. Le
test du Khi2 nous donne par exemple 0.5 pour l'impact de la CSP sur la
confiance ce qui prouve que les variables sont indépendantes.
De manière générale, la confiance moyenne
a baissé pour l'ensemble des banques françaises. Nous pouvons
constater que la confiance envers sa banque principale fait apparaître
des disparités. Le CA et la BNPP apparaissent en tête de liste
avec la perte de confiance la plus faible. La disparité est assez
élevé puisque SG à un score bien inférieur (-0.8
sur une échelle de 4). Nous pouvons donc distinguer trois groupes de
banques par rapport à la moyenne des résultats. SG, CE et BPOST
sont les plus éloignées de la moyenne. Le CM, BPOP, CIC, et le
LCL sont placés aux alentours de la moyenne. BNPP et le CA font partie
du 1er groupe avec un score plus élevé d'au moins 0.2
point par rapport à la moyenne. Pour arriver à ces
résultats, nous avons attribué une note à notre
échelle de Likert, ainsi « votre confiance a fortement
baissé » vaut -2 points. Et « votre confiance a fortement
augmenté » vaut 2 points. Nous avons supprimé les banques
avec un panel trop peu élevé.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires4.png)
Pour résumer, cette première partie de l'analyse
nous montre que la confiance envers les banques a beaucoup baissé suite
à la crise financière. Cependant c'est la confiance
institutionnelle et non la confiance envers son banquier qui a
été impactée. Les clients jugent mieux leur banque que le
secteur bancaire global. Ce qui explique cette baisse globale, c'est
principalement l'accusation par les clients de la responsabilité des
banques dans de la crise financière. Cela déclenche une perte de
crédibilité et de transparence qui sont des facteurs essentiels
à la construction de la confiance. La baisse de la confiance est aussi
due par la perception consommateur des réactions des marques face
à la crise puisqu'ils les jugent négatives. L'impact personnel
(perte d'argent) de la crise sur les consommateurs est aussi une variable qui
influe fortement la confiance dans les banques et surtout envers son banquier.
La confiance envers le secteur bancaire et envers son banquier est très
hétérogène en fonction de l'âge. En regardant
l'évolution de la confiance en fonction de la banque, nous voyons que
les résultats sont aussi hétérogènes, cependant la
petite taille de notre panel (143 répondants) doit nuancer notre propos
et ces résultats.
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II. UNE CRISE QUI A IMPACTE LES STRATEGIES DE
COMMUNICATION DES BANQUES FRANÇAISES
Dans un premier temps, nous avons abordé le contexte
dans lequel se déroule notre problématique. Nous avons
défini les principaux concepts scientifiques et démontré
que la confiance des consommateurs avait été impactée
d'une manière assez précise : la confiance institutionnelle.
L'objectif de cette seconde partie sera de comprendre si les stratégies
de communication ont été modifiées. Nous tenterons de
comprendre dans quel sens a évolué la communication du secteur
bancaire et comment les consommateurs réagissent face à ces
nouvelles stratégies de communication.
a. LES STRATEGIES DE COMMUNICATION BANCAIRE EN FRANCE
AVANT LA CRISE FINANCIERE
1. SPECIFICITES DE LA COMMUNICATION BANCAIRE
La communication permet d'atteindre le positionnement
stratégique désiré par une marque. On entend par
positionnement, la place qu'une entreprise souhaite occuper dans l'esprit des
clients et prospects. De manière générale, une entreprise
souhaite en priorité se démarquer de ses concurrents. Pour
atteindre le positionnement voulu, une entreprise peut s'appuyer sur son
identité, qui a une logique de long terme (histoire de l'entreprise,
stratégie, ressources humaines...). La communication peut ainsi
influencer l'image que les consommateurs ont d'une entreprise. Cette image de
marque est plus instable, puisque sujette à tous les stimuli
reçus par les consommateurs. L'une des spécificités du
secteur bancaire est en effet que l'image de marque est très
exposée aux crises. Cela implique un repositionnement fréquent
des stratégies de communication de la part des marques bancaires. Nous
verrons dans l'analyse historique des campagnes de publicités que peu de
groupes ont réussi à garder une cohérence de
positionnement sur le long terme. Il est en effet difficile de bâtir une
stratégie de communication stable dans un environnement aussi mouvant.
L'enjeu pour les marques est alors de réussir à bâtir une
communication qui puisse s'adapter aux aléas économiques et
médiatiques.
Nous pouvons compléter le propos en parlant de
l'identité des marques bancaires. Bien que beaucoup d'entre elles aient
une histoire ancienne avec les Français, les stratégies de
communication sont peu basées sur l'utilisation de cette grande force.
Alors que beaucoup d'entreprises communiquent aujourd'hui sur leur date de
fondation (secteur alimentaire par exemple), le secteur bancaire n'utilise pas
ce vecteur de discours commercial.
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La législation sur les produits bancaires est
très forte en France. Les banques se voient donc contraintes de proposer
des produits tout à fait similaires. C'est donc un secteur très
particulier puisque il faut réussir à communiquer
différemment pour vendre les mêmes produits. Les taux peuvent
être mis en avant afin d'attirer de nouveaux clients mais cette
stratégie reste marginale. Nous pouvons par exemple citer la loi sur le
crédit à la consommation de 2010 dite « loi Lagarde ».
Cette loi régit notamment la manière dont les banques doivent
communiquer sur les crédits à la consommation. Ainsi la
législation contrôle le « format, contenu, terminologie
»42 et va jusqu'à interdire par exemple, les cadeaux
offerts aux clients. Nous comprenons facilement pourquoi les banques se
retrouvent confrontées à un problème de
différenciation, puisque la législation laisse peu de place
à une offre hétérogène. Les banques peuvent
communiquer sur la vision institutionnelle de leur métier afin de se
différencier. Le rôle primordial de la communication dans le
secteur bancaire justifie les sommes importantes investies dans la
communication publicitaire. Avec le secteur agroalimentaire et automobile,
c'est l'un des secteurs qui dépense le plus pour dans les
médias.
Il faut aussi rappeler que la communication bancaire se
déroule dans le cadre de la servuction. Les attributs physiques sont
donc inexistants et il faut réussir à les créer en misant
sur des stratégies publicitaires créatives. Le consommateur ne
peut pas comparer des services intangibles. Le travail fondamental est donc de
faire passer au consommateur la « proposition de valeur établie par
l'entreprise »43. Ce travail est encore plus important dans
l'économie tertiaire par rapport à la vente de biens tangibles.
Or pour bâtir une réelle reconnaissance de marque, il est
nécessaire de créer une identité visuelle forte. Celle-ci
passe tout d'abord par la couleur, le logo et la charte de communication. Au
travers de ces outils, la marque bancaire doit réussir à rendre
réelle sa proposition de valeur. La communication doit donc permettre de
surmonter l'intangibilité du service. L'ouvrage « Marketing des
services » aux Editions Dunod (2014) propose quelques conseils comme par
exemple focaliser le message sur l'expérience d'utilisation du service.
Pour outrepasser le caractère général et homogène
des messages, il faut trouver des arguments qui différencient et
valorisent par rapport à la concurrence. Une solution est donc de
communiquer sur les éléments du service (contacte client, point
de vente...), ou de mettre le client au centre de la stratégie de
communication. Des associations extrinsèques peuvent aussi être
réalisées comme par exemple une mascotte (Cetelem) ou des
célébrités (Gad Elmaleh) qui permettent de tangibiliser la
marque.
Les banques ne sont pas nées dans contexte
concurrentiel. Elles étaient à l'époque cantonnées
à une zone géographique ou alors à un secteur
d'activité précis. Il existait des frontières assez
étanches entre les banques qui ne se faisaient donc que peu d'ombre. Les
stratégies de communication sont ainsi peu tournées vers les
concurrents. Ce n'est que très récemment que le secteur a
été décloisonné, ouvert à la concurrence
géographique et de marché, amenant les banques à investir
fortement dans la publicité.
42 Extrait de l'ordonnance du 21 janvier 2010 - articles L311-4
et L311-5 CC
43 Marketing de la banque et de l'assurance - Edition DUNOS
(2012)
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Lorsque le CA a commencé à se tourner vers les
CSP+ urbains, cela a par exemple été une menace pour le LCL.
Une des particularités de la communication dans le
secteur bancaire français est l'intensité et l'importance du
sponsorship d'équipes de sports. Paviot 44 (1995)
récapitule dans son article les principaux partenariats entre sports et
banques qui existent à l'époque. Nous pouvons voir aujourd'hui
que ces partenariats sont toujours existants et de long terme. Les banques ont
en effet réussi à partager des valeurs en parrainant des
équipes ou en organisant des tournois (Master de Bercy. Les exemples
sont nombreux et les retombés importantes pour l'image de marque.
2. ANALYSE DES STRATEGIES DE COMMUNICATION AVANT LA CRISE
DE 2008
Dans le cadre de notre problématique, qui est de savoir
si la crise a impacté les stratégies de communication et de
quelle manière, nous devons tout d'abord analyser les stratégies
de communication des banques avant la crise financière. Cela nous
permettra de faire apparaître les évolutions entre les deux
périodes. Nous pouvons commencer par donner un historique succinct de
l'évolution des stratégies de communication des grandes banques
françaises grâce à l'article de recherche de Paviot
(1995).
La publicité mass média des banques
débute dans les années 50 lorsque de nouveaux produits financiers
sont développés, l'objectif est alors d'éduquer le
consommateur avec des messages pédagogiques. Dans les années 70,
la société se bancarise fortement et la concurrence augmente
progressivement. Les banques tentent de sortir du lot comme le montre la
célèbre affiche de BNP « Votre argent m'intéresse
». Nous appellerions cela aujourd'hui en marketing, un « buzz ».
En effet comme nous l'avons expliqué, l'argent est un symbole tabou dans
la société française et les consommateurs n'ont pas bien
accueilli cette campagne. La communication des banques évolue en
même temps que la société, et elles vont chercher les
nouveaux clients : les femmes et les enfants. Depuis 1965, les femmes sont
légalement autorisées à ouvrir un compte sans autorisation
maritale. Treize ans plus tard, BNP lance sa campagne d'affichage « c'est
moi qui compte » où l'on peut voir une femme ouvrir un compte
bancaire. Nous pouvons remarquer grâce à cet article, que la
plupart des banques ont un manque de stabilité dans les campagnes et les
slogans employés. Par exemple, la Société
Générale a lancé plus de quatre slogans et campagnes
différents entre 1982 et 1992. En revanche une banque qui a toujours
fait figure de bonne élève dans la construction de sa
stratégie de communication, c'est le Crédit Agricole. Sa
stratégie est restée stable depuis très longtemps comme le
justifie le slogan, resté inchangé depuis quarante ans « Le
bon sens ». En 1991 la première grave crise immobilière
touche
44 Paviot G. (1995) - La communication publicitaire et la
réputation des banques, Communication et langages, N°105,
pp.92-104
la France et les stratégies de banque ne perdent pas de
temps pour s'y adapter. On s'aperçoit en effet que les banques
intègrent les clients dans les campagnes télévisées
« Grandissons ensemble » « Conjuguons nos talents » «
votre projet est le nôtre ». BNP lance même en 1994 un spot
télévisé « 15 secondes pour changer d'idée sur
la banque ».
Le logo est devenu au fil des années, un
élément phare de la stratégie de communication.
Présent dans les publicités mass-médias et hors
médias, en interne et en externe, il est l'élément le plus
visible et celui qui transcrit le plus simplement les valeurs de l'entreprise.
Un tournant important est entrepris par le secteur à la fin des
années 80 car l'intégralité des banques modernise leur
logo. BNP ouvre la danse en 1986 après vingt ans sans changement. La
Banque Populaire (1987), le Crédit Agricole (1988) la
Société Générale (1990) et enfin la Caisse
d'Epargne (1991) suivent le pas en intégrant des nouvelles couleurs, des
contours plus épurés... Comme l'avait expliqué Phil
Passani (2015) devant les élèves de Master de Montpellier
Business School, « un bon logo doit pouvoir se tracer à main
levée dans le sable en restant le plus simple possible». C'est en
effet dans ce sens que les logos des banques sont transformés et
épurés depuis cinquante ans.
Les banques traversent par la suite de nouvelles crises
externes (bulle Internet) ou internes (Crise du Sentier au Crédit
Lyonnais). Certaines banques retravaillent leur image comme le Crédit
Lyonnais qui affiche « Nous vous devons une nouvelle banque ».
Après les années 2000, les messages sont au diapason et cherchent
à démontrer la capacité d'adaptation des banques au monde
qui les entoure. CIC lance son fameux slogan, « Parce que le monde
bouge» et BNP «La banque d'un monde qui change ». Les banques
françaises ont donc pris plusieurs décennies pour acquérir
une indépendance totale dans leurs stratégies de communication.
Au milieu des années 2000, le « back office » est au centre
des communications, souvent de manière décalée. La prise
de parole est de plus en plus décontractée, ce qui permet de
créer un nouveau lien loin de l'image sérieuse et ennuyante du
banquier. Cela est aussi fait pour montrer que l'humain est important face aux
nouvelles banques en ligne.
Au sein de l'étude qualitative sémiologique,
nous avons donc analysé les campagnes de publicité des banques
françaises en nous concentrant sur le Crédit Agricole, la
Société Générale et BNP Paribas. Ces trois banques
sont en effet les plus importantes en termes de PNB45. Une centaine
de spots publicitaires ont été visualisés et
analysés. Cette étude a été couplée à
la lecture des communiqués de presse des banques concernant les
campagnes de communication.
Page | 35
45 Terme défini dans le glossaire p.69
Page | 36
Dans un premier temps, l'analyse des publicités avant
la crise financière nous permet de dégager une tendance
générale dans la manière de communiquer : l'humour. Le ton
employé dans les campagnes est en effet très
décontracté et loin de l'image habituellement
dégagée par le secteur bancaire. La volonté d'inspirer un
capital sympathie a entraîné les banques à adopter une
stratégie créative tournée sur le ton du comique.
L'exemple le plus évocateur est celui du Crédit Agricole et sa
saga des banquiers chanteurs. Durant cinq années (à partir de
2006) les publicités du CA montrent des conseillers répondant aux
interrogations de leur client en chantant. Ainsi lorsque le sujet du prêt
immobilier est abordé, la chanson de Claude François « viens
à la maison » résonne dans l'agence en play-back. Le
banquier se transforme alors en « bête de scène »,
à la limite de l'hystérie. Face à cette attitude, les
clients dans les publicités ainsi que le spectateur ne peuvent
être que surpris. Chez BNP Paribas, les humoristes Eric et Ramzy sont les
protagonistes d'une large campagne publicitaire, à destination
première des jeunes. L'univers des spots est très ouvert
artistiquement. Des personnages burlesques sont présents comme un pirate
qui chante, danse et tombe. Les deux acteurs emploient un ton léger et
comique pour aborder différents sujets bancaires. Ils lancent par
exemple des sacs d'AJO en volant en montgolfière. La publicité
à destination des actifs n'est pas plus sérieuse puisqu'elle met
en scène un adulte cherchant une banque pouvant le recevoir au Far-West.
BNPP souhaite démontrer qu'elle peut s'adapter aux jeunes ainsi
qu'à leur discours avec l'utilisation du langage SMS « TA + K
ENTRER ». La Société Générale avait aussi
lancé une grande campagne basée sur l'humour avec le « Coup
de Pouce » lancé en 2006. La banque est en effet
représentée par un pouce en 3D qui aide les clients de la banque
dans la vie quotidienne. L'image même du pouce géant est
humoristique, même si le message est sérieux. On peut par exemple
voir un pouce qui aide un homme à voir par-dessus un mur (cela
représente l'aide dans l'achat immobilier). Cette métaphore vient
expliquer le slogan « on est là pour vous aider ». La musique
de fond très joyeuse vient appuyer l'émotion
déclenchée. D'autres banques ont aussi choisi de communiquer avec
humour comme le CIC qui depuis 2006 se compare à ses concurrents en les
ridiculisant. Le comique de situation est alors largement utilisé pour
prouver que les services des concurrents du CIC sont inférieurs. Le LCL
lui a décidé depuis la même année d'engager des
personnes connues (comiques, sportifs...) afin de les mettre au premier plan
dans les publicités. Ainsi Karim Benzema, Muriel Robin inspirent la
confiance populaire au sein de la banque en venant participer de manière
humoristique aux spots. La Caisse d'Epargne communique grâce à des
animaux humanisés. C'est un prolongement du célèbre
écureuil, symbole même de la banque. Ces animaux chantent et font
des blagues. La Banque Postale ne déroge pas à la règle et
communique avec humour sur le prêt immobilier pour emménager.
Nous comprenons donc qu'une grande liberté est
donnée aux agences dans la stratégie créative. C'est en
effet une période de développement économique importante
où il n'y a pas de crise. Les
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banques ont une volonté de se démarquer en
adoptant ce ton décalé et comique. L'objectif est ainsi de
changer l'image d'un banquier sérieux et ennuyant.
Nous avons de plus compris grâce à notre
étude, que les publicités bancaires avaient pour objectif
principal avant la crise, de mettre en avant des produits. Ainsi les cartes
bancaires font souvent l'objet de spots spécifiques (exemple de la
publicité du banquier chanteur pour la carte débit
différé/classique). Les publicités parlent aussi souvent
des produits d'assurance proposés par les banques (assurance auto ou
maison par exemple). Les taux des crédits sont des vecteurs de
différenciation importants et les opérations spéciales se
multiplient afin d'afficher les taux les plus bas. Cette stratégie
produit est surtout pratiquée par le Crédit Agricole, le CIC et
le LCL. L'analyse sémiologique verbale confirme que les mots les plus
employés dans les spots se réfèrent à des produits
et non des valeurs, ainsi les mots « carte » « acheter »
« solution » « propriétaire » sont des termes
très employés. Le CIC affiche clairement cette communication sur
ces produits dans la publicité TV ou affichage. On peut y voir une
affiche en Front-Office décrivant en une phrase les avantages des
produits « Le taux du livret CIC est de 5,25% ». Karim Benzema lui,
incarne un client attentif aux avantages que propose la banque en ligne E-LCL.
Eric et Ramzy évoluent dans une publicité TV dans un appartement
gigantesque où ils sont minuscules et démontrent ainsi la
capacité de BNP Paribas à délivrer des crédits
immobiliers pour les jeunes. Pour présenter ces produits, les
stratégies sont diverses : en montrant des clients dans une agence (CA -
CIC) ou grâce à une vision métaphorique (SG - CE). Les
banques en ligne en plein développement ont centré leur
stratégie sur la communication produit, et notamment sur la
gratuité des cartes bancaires (Boursorama ou ING Direct par exemple).
Les banques communiquent ainsi peu sur les valeurs des groupes. Certaines
banques (SG - Banque Populaire) ont une communication un peu plus
institutionnelle en démontrant l'accompagnement tout au long de la vie
d'un client (de sa naissance jusqu'à sa mort).
Certains spots publicitaires paraissent complètement
inappropriés lorsque nous connaissons l'histoire du secteur bancaire
après 2008. La Société Générale diffuse par
exemple un spot TV sur les produits de bourse. On peut y entendre un discours
vantant les avantages à investir en bourse à la SG. Le slogan
était « Prenez plaisir à réussir en bourse ».
Dans ce spot de 2006, les images sont de synthèse et aucun humain
n'apparaît dans la publicité. La caisse d'épargne nous
informe aussi via son écureuil que l'on peut « placer en bourse et
sécuriser nos gains ». On comprend donc qu'il n'y a à
l'époque aucun tabou à parler de la bourse et de la
spéculation ouvertement au grand public.
Il est important de noter que les campagnes lancées en
2006/2007 étaient des campagnes à haut budget qui n'ont pas
été stoppées suite à la crise financière. Le
maintien de ces campagnes dans le temps s'explique par plusieurs raisons. D'une
part, leur coût oblige les banques à les utiliser le plus
longtemps possible. D'autre part la durée, l'intensité et les
conséquences de la crise financière étaient des variables
encore inconnues et ne permettaient pas de changer le cap des décisions
stratégiques. La
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plupart de ces campagnes multi-supports ont duré
jusqu'en 2010/2011. Les grandes campagnes, notamment celles de BNPP, SG et CA
ont donc été les mêmes malgré les
évènements récents dans le monde. La SG a cependant en
2009 changé légèrement le ton de sa campagne « coup
de pouce ». Le slogan reste le même, mais le pouce 3D est
oublié et laisse place à des clients et conseillers en chair et
en os. Cette stratégie permet de comprendre le sens que prennent les
publicités du secteur bancaire.
Les campagnes publicitaires avant la crise financière
avaient donc comme principal ton de communication l'humour. L'utilisation de
l'humour était alors possible dans un climat de prospérité
économique. Les publicités concentraient les messages autour des
produits, en donnant assez peu la parole aux clients. Certaines banques sont
même allées jusqu'à communiquer sur des produits boursiers,
à l'aube d'une crise qui remettra en cause le paysage actuel.
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b. UNE CRISE QUI REVOLUTIONNE LE PAYSAGE DES STRATEGIES
DE
COMMUNICATION
Nous venons d'analyser les campagnes publicitaires
antérieures à la crise financière. Cette section aura pour
objectif de comprendre comment ont évolué les stratégies
publicitaires. Nous approfondirons les recherches avec l'exemple de BNP Paribas
grâce à l'étude de l'évolution de la charte
graphique du groupe.
1. UNE CRISE FACTEUR D'OPPORTUNITES POUR LE SECTEUR
BANCAIRE FRANÇAIS
La crise a entraîné un important changement de
l'image des banques par les consommateurs. Ainsi les stratégies
publicitaires n'étaient plus adaptées à la
réalité de la situation. Si l'on fait une synthèse des
anciens objectifs des campagnes de communication, on pourrait dire que
c'était d'augmenter le nombre de clients (pénétration
externe) et d'augmenter les ventes de produits financiers
(pénétration interne). Ces stratégies étaient
adaptées lorsque les clients étaient confiants dans le
système bancaire et satisfaits des services apportés comme nous
l'avons vu au préalable. Or la perte de confiance dans le système
bancaire a profondément modifié les objectifs des
stratégies de communication. Franciske Decuypere, directrice
communication chez BNPP Fortis déclarait46 « Il faut
cesser de ne mettre systématiquement en avant que des taux ». Face
à la défiance des ménages français, les banques ne
peuvent que chercher à retrouver cette confiance. L'ancien discours
n'est plus du tout adapté aux nouveaux objectifs des banques. Caroline
Guillaumin, directrice de la communication à la Société
Générale livre dans une interview du Figaro47
« Comme toutes les banques, nous nous sommes demandés comment
passer d'une image d'arrogance à une communication plus centrée
sur le client ». Les campagnes basées sur l'humour sont en totale
incongruence avec la situation économique, sociale et médiatique
que traverse la France.
La seule banque qui semble avoir eue une campagne en
cohésion avec la crise économique, est la Société
Générale. Deux mois après la crise financière,
alors que les publicités où le banquier du Crédit Agricole
chante « Viens, à la maison !», la SG lance les « Bankers
Stories ». Cette campagne mettait en scène des vrais banquiers qui
s'exprimaient sur leur métier et dont l'objectif était de donner
un visage humain ainsi que de tenir un discours de preuve. Cependant cette
campagne ne fut pas une réponse à la crise économique,
mais à l'affaire Kerviel ayant eu lieu une année auparavant. Ce
fut une aubaine pour la Société Générale qui prend
ainsi de l'avance par rapport à ses concurrents dans
46 Investir en 2010 « Crise bancaire, vers une communication
simple, concrète et transparente »
47 Le Figaro « Publicité : les banques changent de
discours » 16/03/2011
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l'évolution de sa stratégie de communication. On
peut imaginer que cette campagne confirme le décalage existant par
rapport aux anciennes publicités encore diffusées à la
télévision et sur internet. Ces spots vont inspirer
profondément le tournant que le secteur bancaire prendra en termes de
communication.
Revenons maintenant sur l'étymologie du mot «
crise ». Dans le grec ancien, krisis avait deux significations :
juger /décider. D'autre part, en chinois le mot crise qui se dit «
weiji » est issu de deux syllabes, l'une correspond au danger,
l'autre à l'opportunité. Nous comprenons donc bien qu'une crise
est un moment d'opportunité, vécu dans un moment de danger et
où il faut prendre une décision. Une crise est en effet vue en
psychologie, comme une étape à passer dans un processus de
développement. Le conférencier Philippe Laurent48 nous
explique la vision chinoise de la crise avec la phrase suivante « Celui
qui ne voit que le danger passe à côté de
l'opportunité sans la voir; celui qui ne voit que l'opportunité
peut prendre de gros risques ». Nous comprenons ainsi, que la crise
financière a été une opportunité pour les banques
de redessiner le paysage des marques. Cette crise est une chance afin de
pouvoir mettre en place une dynamique du changement. Pour une banque, cela peut
se traduire par la possibilité de mettre en place des plans d'actions
ainsi qu'une nouvelle stratégie de communication.
Nous avons expliqué auparavant que les marques
bancaires avaient du mal à se différencier les unes des autres et
qu'elles n'avaient pas de réelles personnalités de marque. Les
banques ont donc compris que la crise était une étape qui
pourrait leur permettre de s'affirmer. Ariane Benard-Mechler (responsable
Communication Interne) chez BNPP déclarait dans une
interview49 « La crise donne l'occasion de se remettre en cause
et de dégager des axes d'améliorations (...) Tous ces changements
aux multiples visages vont être nourrissants pour nous ». Cette
crise donne une légitimité pour opérer un virement
stratégique des banques françaises. Le directeur du studio
graphique de BNP Paribas Leasing Solutions confirme cette vision de la
lorsqu'il déclare « La crise a été une
opportunité de redessiner le paysage des marques : toute communication
de crise est propice au changement et à la réflexion afin
d'instaurer des nouvelles valeurs qui dynamiseront la marque ».
Lors de nos entretiens qualitatifs ainsi que nos lectures,
nous avons compris que les campagnes de communication lancées
après la crise financière ne se sont pas construites sans plans
d'action parallèles. En effet, la crise a été comme nous
l'avons évoquée une opportunité de changer la
manière de communiquer, ainsi que la manière de faire. Les
banques françaises ont lancé des plans stratégiques
ambitieux afin de changer les pratiques internes et respecter le nouveau cadre
législatif français et européen (notamment BALE III).
Frédéric Andrieu, responsable de la communication chez BNPP
Leasing Solutions nous explique que pour lancer une campagne, « elle doit
être nourrie d'un discours de
48 « La crise, une occasion de changer »
Psychologie.com
49 « La communication des établissements bancaires
face à la crise » 12/2008 CELSA
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preuves » et « suivie d'un plan d'actions sur le
terrain ». Il doit en effet y avoir une congruence entre le discours
publicitaire et l'expérience client. Dans le cas inverse le consommateur
sera insatisfait et perdra confiance dans la marque. La communication ne peut
donc pas se faire sans plan d'action lorsqu'une crise est aussi sérieuse
que celle-ci. Comme la construction d'un plan d'action est longue, cela
explique pourquoi les campagnes publicitaires des banques françaises ont
été si tardives à être lancées (environ 3
à 4 années). Ainsi la Société
Générale a lancé son plan baptisé Ambition SG2015
qui donne la ligne directrice de la stratégie, et sur laquelle la
stratégie de communication sera fondée. BNPP présentait un
plan stratégique en 2011 faisant écho à la crise et dont
le but était de recentrer l'activité vers le coeur de
métier (banque de détail) et d'assainir les portefeuilles. Ce
plan a donc été construit en parallèle de la
stratégie de communication lancée en 2011/2012.
Cela nous permet de comprendre pourquoi la réponse
publicitaire à la crise est une réponse de long terme
stratégique et non une simple campagne sans fond. Pour capitaliser sur
leur nouvelle image et se démarquer de leurs concurrents, les banques
construisent des stratégies de long terme. Ces stratégies sont
différentes du discours qu'elles ont tenu dans les mois suivant la crise
où elles tentaient de rassurer les consommateurs sur leur
capacité à faire des crédits. C'était simplement un
discours de défense face à l'effervescence médiatique, et
non une stratégie adossée à un plan d'action. L'adossement
des compagnes de communication aux plans d'action, explique pourquoi un laps de
temps important s'est produit entre le début de la crise et le lancement
des premières stratégies publicitaires adaptées.
2. ANALYSE SEMIOLOGIQUE DES NOUVELLES STRATEGIES
PUBLICITAIRES
L'analyse sémiologique des publicités du secteur
bancaire français nous permet de comprendre les impacts de la crise sur
les stratégies de communication. Si la majorité des banques ont
opéré un tournant décisif dans leur manière de
communiquer, certaines ont décidé de ne pas modifier leur
manière de s'adresser aux consommateurs.
Grâce à la comparaison que nous faisons avec les
campagnes d'avant crise, nous voyons très aisément que les
stratégies publicitaires ont été fortement
modifiées pour la plupart des banques. Tout d'abord, le ton
employé a beaucoup changé et l'humour est de moins en moins
présent dans la publicité bancaire. La copie stratégique
est beaucoup moins créative et laisse place à des discours
sérieux. Dans tous ces nouveaux spots, on ne fait plus de blague, et
l'on n'y voit plus d'images 3D d'animaux ou de pouce. Il y a un retour à
la réalité avec des décors « normaux » : la rue,
l'agence bancaire (sans banquier chanteur ou danseur). Les publicités
sont moins chargées et laissent place aux clients, ainsi qu'aux
conseillers. Le réalisme de ces campagnes de publicité
s'apparente même à des reportages où des clients et
conseillers sont interviewés. Ainsi l'agence CAPA Production qui
réalise par exemple l'émission Envoyé Spécial, est
mandatée par la Société Générale pour
travailler avec son agence de publicité et
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donner ainsi un caractère réel aux spots. Le
réalisme de ces campagnes est renforcé par la décision des
banques de faire intervenir des vrais clients et vrais conseillers bancaires.
Par exemple le Crédit Agricole a recruté ses figurants
grâce à des candidatures spontanées pour sa campagne «
Les vrais gens ». BNP Paribas rend réaliste sa campagne «
parlons vrai » en laissant place aux vrais questions des consommateurs.
Les interrogations soulevées sont donc assez virulentes et agressives,
mais correspondent aux vraies questions des clients, ce qui atténue la
sensation d'être dans une publicité. On peut ainsi entendre le
client de la publicité demander « Je paye quand même en
faisant votre boulot sur internet ? ». Le réalisme a un objectif
assez clair dans ces campagnes : humaniser les banques. En plaçant ainsi
l'humain au centre des campagnes de publicités, les banques rappellent
qu'elles sont composées de ressources humaines au service des «
vrais clients ». On se rend compte en étudiant les affiches, que
l'espace est occupé par la représentation des clients regardant
l'objectif. Ils sont représentés dans de situations de la vie
courante (en tenue de travail, au sport, dans la rue). Les banques se donnent
ainsi un visage, qui permet de les voir comme quelque chose d'autre qu'une
institution bureaucratique. Pour cela les publicités démontrent
que les banques comprennent les difficultés des clients et peuvent les
accompagner dans toute leur vie. Grâce à l'instauration de ce ton
plus sérieux et plus humain, les banques peuvent faire passer leurs
nouveaux messages.
Un nouveau discours basé sur la transparence et
l'empathie est mis en place. Pour cela, les clients sont
représentés face-à-face avec leur conseiller et peuvent
poser les questions qu'ils veulent. Le CA représente dans ses
publicités les clients/conseillers assis sur un banc dans des villes et
abordant des sujets divers comme « Que faîtes-vous avec notre argent
? ». L'objectif principal est de rassurer les consommateurs en faisant
preuve d'empathie (écouter ses clients). La BNP Paribas a
particulièrement réussi à adopter ce discours de
transparence et de franchise en basant la campagne sur « Parlons vrai
». La banque s'engage ainsi à répondre à toutes les
questions, même les plus agressives. Pour représenter cette
stratégie, la Banque Postale va plus loin avec sa publicité
basée sur le concept de la feuille blanche. Le message est simple, la
banque a tourné la page et revoit sa manière de travailler et de
penser. Pour faire passer ses messages la campagne centre ses messages sur
« La banque nouvelle définition » et propose des
définitions à des mots/concepts. Cette campagne où le
blanc est omniprésent démontre la volonté de transparence
envers les clients.
Ces campagnes répondent aux accusations lancées
dans les médias et par les politiques. Les banques cherchent à
justifier leur rôle sociétal en expliquant par exemple, que
l'épargne d'un client permet de financer l'ouverture d'une PME dans la
même ville (publicité du Crédit Agricole). Pour être
crédible, les banques adoptent toutes un discours de preuves riche et
varié. Ces preuves ne sont plus déclarées par une voix-off
mais par un salarié à visage découvert qui déclare
« Nous finançons un projet immobilier toute les deux minutes en
France » au Crédit agricole. En adoptant ce discours les banques
veulent rappeler que leur rôle est très important et qu'ils ne
sont pas seulement des « voleurs » ou des spéculateurs. La
discours va jusqu'à un ton éducatif, où l'on explique le
fonctionnement d'une banque
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et réexplique le statut d'intermédiaire. Les
banquiers de chez BNPP répondent au client « Non, les
dépôts sont utilisés pour vous faire des crédits
». Pour appuyer ce nouveau ton sérieux de communication, les
publicités sont accompagnées de nouvelles musiques et nouveaux
jingles. Cette musique, souvent à la guitare est captivante et prenante
comme dans la campagne de la Société Générale. Les
spots publicitaires sont souvent plus longs qu'avant, pouvant aller
jusqu'à soixante secondes pour la publicité principale de la
Société Générale.
Avec ces nouvelles stratégies de communication, les
banques se sont appuyées sur leur identité, c'est-à-dire
leur ADN (par exemple leur histoire ou leur valeur). Pour certaines banques
cette identité est basée sur sa structure et fonctionnement
historique. C'est le cas du Crédit Agricole qui a beaucoup
communiqué sur sa structure de caisse régionale
coopérative qui finance les projets locaux. Cette structure est en effet
très ancienne et spécifique à la banque d'origine
agricole. L'objectif a donc été de montrer que la banque est plus
proche de ses clients que les concurrents qui sont centralisés. La
Banque Populaire et le Crédit Mutuel ont aussi basé leurs
dernières campagnes sur la structure même de la banque où
les clients sont sociétaires et participent aux décisions
régionales.
Une autre stratégie a été de se servir
des valeurs dégagées par les sports pour communiquer.
Historiquement les banques sont des sponsors très importants dans le
secteur sportif. Certaines banques ont donc axé leur campagne sur le
sport comme la Société Générale qui s'est servie du
sponsoring de l'équipe de France de Rugby pour baser sa campagne de
communication. Le slogan a été modifié pour devenir «
Développons ensemble l'esprit d'équipe ». La campagne de
publicité, lancée à l'occasion du match France-Pays de
Galle en 2011 lors de la coupe du monde, commence par des images sur
l'équipe de France lors d'une mêlée. Le concept est ensuite
décliné pour montrer que dans toute les situations de la vie,
nous sommes une équipe (un couple, une entreprise, des enfants...). La
relation banquier/client doit aussi être vue comme une relation
d'équipe afin d'avancer dans la vie. La SG souhaite ainsi partager les
valeurs que le rugby dégage et faire comprendre que l'on doit faire
confiance à ses équipiers. Or une banque n'est ni plus ni moins
qu'un équipier de la vie de tous les jours pour les clients. BNP Paribas
a de son côté insisté sur le tennis et le cinéma. Le
tennis est le sport auquel la banque s'associe depuis de nombreuses
années. Aux Etats-Unis, Rolland Garros est même surnommé
« BNP Turnament50 ». La banque a donc beaucoup
communiqué sur ce sport dont elle partage les valeurs. Le slogan «
Entrez dans l'échange » démontre la volonté de BNPP
de se placer comme une banque « à l'écoute ». La
communication sur ce sport est allé jusqu'à un site internet
dédié au tennis sous la bannière BNPP ainsi que le
lancement d'une campagne virale « We are tennis ». Le cinéma
est aussi utilisé afin de montrer l'engagement de l'entreprise envers la
culture pour tous. BNPP est en effet organisateur du « Printemps et de la
rentrée du cinéma » et propose de gagner des
50 NDT « Le tournoi BNP »
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contremarques à 3,5€. Les publicités ont
été nombreuses, avec des célébrités en tant
que comédiens, afin de communiquer sur ces évènements.
Grâce à ces sports et activités culturelles, les banques
tentent de compléter leur capital marque en partageant les valeurs de
ces activités.
On comprend donc que les produits spécifiques qui
étaient beaucoup mis en avant dans les campagnes d'avant crise ont
céder la place aux valeurs. Dans toutes ces nouvelles publicités
nous voyons beaucoup moins de taux, de cartes bancaires ou de produits
d'assurance. En effet, les campagnes sont centrées sur les valeurs et
les émotions. On montre l'accompagnement de la banque au travers des
situations de la vie quotidienne. Dans la publicité de la SG, il n'y
donc aucune parole, et seulement un slogan qui apparaît. Tout est dans la
métaphore et le suggéré. L'objectif est d'abord de faire
passer des émotions. La banque postale nous donne ainsi dans son spot la
définition de confiance « premier capital qu'un client doit pouvoir
investir dans sa banque ». La campagne est dans le conceptuel et n'aborde
que très peu les produits financiers.
Les « jeunes » ont été ciblés
par les banques avec des campagnes de communication assez différentes
des campagnes grand public. Loin du ton sérieux et transparent
véhiculé au sein des publicités après la crise
financière, des campagnes parallèles ont été
lancées afin d'adapter le discours vers les jeunes malgré la
période de crise de confiance. Des jeunes humoristes connus grâce
à Youtube ont été recrutés par les banques afin de
réaliser des campagnes ciblées. Ainsi Kev Adams, jeune
comédien et humoriste connu grâce à son activité sur
Youtube et la série SODA a signé un contrat avec le Crédit
Agricole afin de réaliser des publicités à destination de
la télévision ainsi que d'Internet. Le CIC lui, a engagé
Cyprien et Norman, humoristes ayant percé grâce à Youtube.
De nombreux spots ont été réalisés afin
d'être diffusés sur Youtube au travers de la chaîne
vidéo du CIC. Dans ces épisodes, plus long qu'une pub TV, les
comédiens abordent avec légèreté et humour les
sujets de la vie courante des jeunes comme le premier emploi, le premier
emménagement, la première carte de crédit. Le ton
utilisé est donc beaucoup plus léger. Par exemple dans le spot du
Crédit Agricole, Kev Adams ne peut pas aller jusqu'au bout d'un
rendez-vous amoureux parce qu'il n'est pas indépendant sans carte
bancaire. Ces idoles d'internet permettent donc aux banques d'attirer un public
jeune en adaptant le discours. On s'aperçoit aussi que les produits sont
beaucoup mis en valeur comme les cartes bancaires spéciales jeunes. Ces
campagnes avec les humoristes sont en décalage complet avec les
campagnes principales des mêmes banques. La Société
Générale a su mettre en place une communication à
destination des jeunes plus cohérente avec la campagne principale.
Malgré une copie stratégique beaucoup plus créative et
moins sérieuse, le message centrale de la SG « l'esprit
d'équipe » est décliné vers les jeunes. Des jeunes
font du « Beatbox » (rythmes avec la bouche) afin de se
protéger de loups, ce qui montre l'importance du travail d'équipe
et présente un produit : la carte « So Music » de
manière décalée. Une autre publicité montre un
jeune à l'étranger face à un quiproquo qui le place en
braqueur
de banque. Cela permet d'expliquer que partir à
l'étranger n'est pas si simple et qu'il faut faire équipe avec la
Société Générale.
En plus des jeunes, les banques ont aussi ciblé les
entreprises avec des campagnes B2B51 spécifiques. Ces
publicités s'intégraient dans les mêmes campagnes, mais
avait un message plus spécifique : le financement des entreprises pour
l'investissement. Ce discours a pour objectif de rassurer les entreprises
(notamment les PME et les entrepreneurs) sur la présence et le soutien
apporté par les banques françaises.
Pour toutes ces banques, le changement de stratégie de
communication est aussi prouvé par la « danse des agences »
qui s'est déroulée entre 2008 et 2010. Le Crédit Agricole
quitte Providence pour rejoindre BETC EUROSCG, la Société
Générale rompt son partenariat chez Saatchi & Saatchi pour
faire réaliser ces futures campagnes par Fred & Farid, BNPP elle, se
tourne vers Publicis Conseil. En changeant d'agence, les banques prouvent
qu'elles veulent tourner la page, comme le dirait la Banque Postale. Les
stratégies sont donc remises à plat en démarrant une
nouvelle relation avec une nouvelle agence. Ce fut en effet le seul moyen
d'opérer une coupure nette avec les anciennes campagnes non congruentes
avec la situation actuelle. Ces partenariats s'avèrent être de
long terme puisqu'en 2015, les banques travaillent encore avec les mêmes
agences choisies en 2010/2011.
En revanche certaines banques ont choisi de ne pas modifier
profondément leur campagne de publicité. Le CIC est par exemple
resté chez l'agence Australie et a continué la saga de « la
banque d'en face ». La construction du spot reste la même, où
le concurrent bancaire est tourné en ridicule avec humour. L'objectif
d'une telle stratégie est donc de donner de la cohérence à
la marque, au risque de ne pas montrer que la banque est à
l'écoute du marché. Les publicités sont toujours
très axées sur les produits les taux de crédit ou le
mobile. En 2015 la dernière publicité parle d' « une
complémentaire qui vous évite d'avancer vos frais de santé
». Le LCL a lancé une nouvelle campagne mais sans changer de ton de
communication. La banque a créé le buzz en intégrant Gad
Elmaleh dans sa principale publicité sur le thème du one man
show. Le comédien y décris sa banque des rêves, qui n'est
autre que le LCL. La stratégie reste la même : miser sur des
personnes fortement connues dans la culture populaire (comédiens,
sportifs...) afin d'augmenter le capital sympathie de la marque. Ainsi au LCL,
il n'y a pas de représentation du banquier mais simplement du client.
Le Crédit Mutuel est la seule banque qui avait en 2007
une campagne assez institutionnelle sur un ton sérieux, et qui a
modifié sa stratégie vers un ton plus comique, en orientant le
discours sur des produits. La banque se détache ainsi des autres banques
avec sa « saga familiale » où un grand père accuse son
fils d'être banquier. La banque semble se ranger du côté
client en avouant que le métier de
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51 Terme défini dans le glossaire p.69
Page | 46
banquier (trader) n'est pas philanthrope. La banque explique
ainsi que ce sont les sociétaires qui participent aux décisions
de la banque et donc la « contrôlent ».
Nous remarquons aussi que les slogans et logos des banques ont
été modifiés. Le crédit agricole renforce son image
historique en utilisant son ancien slogan abandonné depuis 6 ans. Ainsi
« le bon sens a de l'avenir » représente le dynamisme d'une
banque ayant des activités utiles et une stratégie de long terme.
La Société Générale abandonne « On est
là pour vous aider » mais lance un slogan bien différent
basé sur le rugby «Développons ensemble l'esprit
d'équipe ». Ce nouveau slogan permet de véhiculer des
valeurs plus institutionnelles et émotionnelles. Le logo de la SG est
aussi épuré et insiste sur les couleurs rouge et noir. La BNP
adopte son slogan «La banque d'un monde qui change » afin de
démontrer la capacité du groupe à innover et s'adapter. Le
CIC ajoute « Construisons » à son slogan pour devenir «
Construisons dans un monde qui bouge ». La banque n'est plus passive comme
avant « Parce que le monde bouge » mais construit avec ses clients
une banque permettant de s'adapter au nouveau monde. « La banque haute
définition » est le slogan qui accompagne toutes les
publicités TV et affichage de la Banque Postale. Il a été
créé en même temps que la campagne de communication de 2010
et renforce l'idée d'une banque digitale. Il va aussi dans le
prolongement de la thématique de la campagne sur les définitions.
En analysant les logos, on voit que les banques ont toutes créées
des logos spécifiques pour leur filiale de banque d'investissement, cela
afin de démontrer la séparation entre les activités de
dépôt et d'investissement.
BNPP a été jusqu'à mettre en place des
ateliers clients (670 en 2013) en cohérence avec la campagne «
Parlons vrai/ parlons PME ». Ces ateliers d'ampleur nationale se sont
déroulés dans les agences bancaires et étaient gratuits.
Les clients pouvaient venir pour avoir des informations pédagogiques sur
le système bancaire français. Ils pouvaient aussi réagir
sur internet en posant des questions diverses et variées. Cette action
démontre la profondeur donnée à la campagne de
communication, grâce à la création d'interactions avec les
ménages français. Le concept a été repris d'une
publicité du crédit mutuel de 2007 où les clients
étaient invités à décrire ce qu'ils attendaient
vraiment d'une banque.
L'étude de la sémiologie verbale des nouvelles
publicités démontre que l'objectif est de communiquer
plutôt sur des valeurs. Les mots les plus employés sont en effet :
« confiance, fidèle, projet, coopérative, équipe,
spéculer, risqué... ». On y voit aussi le discours
transparent apporté par les banques sur des thèmes encore jamais
abordés comme par exemple les dérives du système bancaire.
L'analyse des mots et de la syntaxe nous montre que les prénoms
personnels « je, vous, nous, lui » sont très présents
dans les publicités ce qui démontre l'humanisation des discours
bancaires.
Les observatoires de la communication bancaire
réalisés par les grands cabinets d'analyse comme IPSOS, KANTAR
MEDIA ou TNS ont analysé les campagnes de publicités entre 2010
et 2014. Les résultats sont comparables à notre étude
sémiologique. KANTAR MEDIA définit en 2010
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quatre axes d'expression dans les nouvelles campagnes
bancaires : la clairvoyance (franchise), la bienveillance (l'empathie), la
confiance et l'exigence (accompagnement). Cela résume assez bien
l'analyse que nous avons réalisée grâce à la
visualisation des spots publicitaires.
Les dernières campagnes lancées en 2015 dans un
contexte où la confiance dans le secteur bancaire est remontée
prouvent que les stratégies sont déjà en train de changer.
On assiste en effet à une remontée de l'utilisation de l'humour
dans les campagnes publicitaires. La Société
Générale toujours en partenariat avec la même agence, lance
en 2015 une campagne digitale sur un ton très décalé
« Tout n'est pas aussi simple ». L'objectif est de promouvoir des
produits spécifiques avec humour, en faisant par exemple parler un
légume (avocat) pour donner des conseils à un client. Nous
pouvons imaginer que le lancement de la coupe du monde de rugby 2015 sera
l'occasion pour la SG de lancer une nouvelle campagne mass média. BNPP
change aussi de ton et adopte des publicités moins sérieuses
depuis 2015. Cette campagne accompagne les nouveaux engagements de la marque et
la nouvelle charte graphique. On peut voir une équipe de la NASA aider
un père et son fils à faire décoller une petite
fusée. La Banque Postale cible les personnes âgées avec
humour en les représentant dans des situations humoristiques. Cette
campagne « vieillissez bien » adopte avec humour un sujet
sérieux : la perte d'autonomie.
Les campagnes prennent un nouveau tournant car comme le met en
exergue le rapport IPSOS « observatoire banque - assurance 2014 », le
discours « vérité » qui dure depuis près de cinq
années commence à lasser les consommateurs. Ce ton commence
à ennuyer les clients et ne porte plus ses fruits. Le Crédit
Agricole s'est lancé en 2015 dans une campagne très
institutionnelle où comme la SG en 2011, le sponsoring du sport est mis
au centre de la campagne. Ainsi le CA communique sur le football féminin
avec le slogan « On a tous commencé en donnant des coups de pieds
». Cette campagne marque un nouveau tournant pour la marque, on ne voit
plus de client ni de conseiller mais une mère enceinte, des sportifs...
L'engagement est aussi fort car le football féminin est souvent mis de
côté. La Caisse d'Epargne joue aussi sur un créneau
émotionnel important avec sa nouvelle campagne à destination des
jeunes en noir et blanc dont le slogan est « Le monde est entre leurs
mains ». L'institution transmet ainsi des valeurs et non des produits.
Les investissements publicitaires des banques reflètent
aussi les métamorphoses que le secteur a subies depuis 2007. Nous avons
suivi l'évolution de cet investissement au travers de six banques (CA /
CIC+CM / BPOST / SG / BNPP). Entre 2006 et 2013, les dépenses en
publicité de ces banques ont augmenté de 30%, ce qui
reflète la stratégie d'utiliser la communication comme levier
afin de faire remonter la confiance. Nous observons en effet que l'image des
banques a gagné 15 points en terme d'image entre 2010 et 2015 selon la
FBF. La variation des investissements par banque est homogène, puisque
toutes les banques ont augmenté leur investissement.
L'analyse des nouvelles campagnes de communication nous a
permis de mettre en exergue les modifications de stratégie que les
banques ont mises en place. Le ton de communication est beaucoup plus
sérieux et authentique. Le discours est dorénavant transparent,
humain et empathique, puisque les clients ont la parole dans ces nouvelles
campagnes. Pour communiquer sur leurs valeurs, les marques ont utilisé
leur identité historique (business model, sponsoring, association
à des célébrités). Tous ces facteurs permettent de
développer la proximité qui est très importante comme nous
l'a rappelé Frédéric Andrieu lors de notre interview. Bien
que beaucoup de banques aient opéré des virements
stratégiques, certaines banques ont décidé de continuer de
la même manière qu'avant la crise. Plus qu'une simple
réponse à la crise, ces campagnes sont des stratégies de
long terme qui laissent place à un nouveau paysage des banques en
France. Notons cependant, que les discours «
vérité/transparence » arrive à bout de souffle et que
les banques commencent à entreprendre de nouvelles campagnes plus
créatives. Pour représenter le changement entre l'avant et
l'après crise, nous avons créé une matrice qui permet
d'évaluer le positionnement d'une banque en fonction du ton
employé dans ses publicités (humour/sérieux) et de
l'objectif central dans le discours (produit/valeur). Ces matrices nous
permettent de visualiser facilement la métamorphose des
stratégies de communication. Le placement des banques sur la matrice a
été fait grâce à la visualisation et l'analyse
détaillée des campagnes des banques respectives. En
plaçant en premier les extrêmes (la plus sérieuse, la plus
humoristique...) nous avons pu identifier la position des autres.
Page | 49
3. L'EXEMPLE DE L'EVOLUTION DE LA CHARTE GRAPHIQUE DE BNP
PARIBAS
Grâce aux interviews réalisées au sein
d'une filiale de BNP Paribas (Leasing Solutions), et à l'étude
des documents internes relatifs à la marque, nous avons pu comprendre
comment la charte graphique évolue en fonction de la stratégie de
communication globale. L'objectif est donc d'analyser comment la crise
financière a influencé la modification de la charte graphique
d'un groupe bancaire.
Une charte graphique correspond à l'identité
visuelle qu'une entreprise applique à tous ses supports de
communication. Dans un groupe bancaire, l'image doit être
cohérente au sein de toutes les filiales afin que l'image du groupe soit
plus forte. Pour cela, des guides internes « brand passport »
permettent aux différents responsables communication et marketing de
suivre à la lettre les directives de la Direction
Générale. Ces directives vont permettent de donner un cadre pour
l'utilisation des couleurs, du logo, des images/photos. Baudouin Prot,
Directeur Général du groupe déclarait aux salariés
en 2010 « Plus nous ferons un usage cohérent de notre marque dans
les signes visuels et les messages de notre communication, et plus sa
notoriété, ainsi que sa capacité à symboliser nos
valeurs seront fortes ».52
En 2010, seulement deux années après la
dernière modification de la charte graphique, BNP Paribas décide
d'apporter des modifications en lien avec la campagne de communication.
L'objectif est de mettre l'humain au centre de la charte et d'imposer
l'identité de la banque. Frédéric Andrieu, Directeur de la
Communication nous le confirme « après la crise, un recentrage sur
l'humain fut engagé ». Ce changement est la conséquence
directe de la crise de confiance qui remet en cause les stratégies.
David Descamps qui dirige le studio graphique de BPLS, nous rappelle que depuis
les années 2000, les règles de communication sont de plus en plus
strictes et encadrées. L'objectif est donc « d'humaniser l'image
d'une banque austère ». Avec le nouveau « brand passport
», l'accent est mis sur le logo qui est représenté plusieurs
fois sur toutes les publications. En 2010 est créé le «
Brand Flag » qui est un encart où est écrit le sujet de la
communication et où le logo apparaît afin d'insister sur
l'identité de la banque. Cela permet d'améliorer la
reconnaissance de la marque à travers ses éléments
graphiques. Une charte graphique comprend aussi des règles concernant la
typographie (polices), l'identité sonore, et les images
utilisées.
L'un des piliers de la charte de communication 2010
était le volet « humain ». En effet, pour s'affirmer, la
banque a besoin de montrer qu'elle a un visage afin d'écouter et de
dialoguer en face-à-face avec ses clients. Pour cela, la nouvelle charte
demande aux studios graphiques de « montrer les gens » mais
déconseille fortement de se focaliser sur des produits ou offres
(extrait du Brand Passport BNP Paribas 2012). La communication doit aussi
être responsable, innovante et enthousiaste.
52 Extrait du Brand Passport BNPP 2010
Page | 50
L'iconographie de l'humain a été très
forte dans toutes les publications de la banque après 2010. Comme nous
le dit Frédéric Andrieu, cela a même posé des
problèmes de pertinence dans certains métiers du groupe bancaire.
Par exemple BNP Paribas Rental Solutions - Trucks propose des solutions de
leasing avec services pour des flottes de véhicules industriels
(véhicules BTP, citernes, poids lourds...). Il n'a pas été
facile d'incorporer l'humain dans les plaquettes à destination des
clients, dans un secteur où l'on a l'habitude de représenter des
camions. Cependant la volonté de BNPP est claire : c'est le groupe qui
s'exprime et le client voit une marque, pas un produit spécifique. Les
plaquettes ont donc évolué et des humains sont apparus au sein de
toutes les communications. Dans la filiale qui propose de la location de
matériels informatique, on peut voir une femme tenant un ordinateur dans
un champ de blé. Cette approche novatrice et innovante de l'iconographie
permet de faire passer les messages de la nouvelle campagne de communication :
proximité et transparence, même si les collaborateurs ne
comprennent pas toujours pourquoi ces nouveaux codes de communication sont mis
en place. Les impacts de la crise ont donc été profonds comme
nous le prouve cet exemple de changement de communication dans une filiale
réalisant un métier éloigné du banquier ou du
trader. En effet, les activités des groupes bancaires sont très
diverses et de nombreuses filiales réalisent d'autres activités
que la banque de dépôt ou d'investissement. De nombreux
métiers financent l'économie réelle du pays mais sont
impactés de la même manière dans le changement des chartes
de communication.
On constate que la crise financière a
accéléré la modification de l'identité de la marque
BNP Paribas. On retrouve le même cas de figure plus récemment. En
2014 BNP Paribas est confrontée à une nouvelle crise
médiatique, celle de l'amende Américaine de 6.6 milliards de
dollars. Cette amende qui punit le non-respect de l'embargo dans certains pays
comme l'Iran, a causé un nouveau tort à l'image du groupe
bancaire. F.Andrieu pense que cette nouvelle crise a
accéléré le lancement d'une nouvelle charte graphique. En
effet en 2015, l'identité visuelle du groupe est repensée. Pour
insuffler le changement, le vecteur de l'image qui est considéré
comme le plus important est mis à jour. Une distinction est faite entre
ATL (« Above the line » : mass média) et BTL (« Below the
line » : hors média). Pour la publicité mass-média,
l'objectif est d'épurer les graphiques et de contextualiser les
messages. Le superflu est ainsi évité afin d'aérer les
messages visuels. Cela permet de dégager de la simplicité et de
la transparence. L'humain n'est plus une condition obligatoire au mode de
communication. Concernant le BTL, le nouveau positionnement de la banque
nécessite l'utilisation d'images vivantes, instantanées et
simples. Des objets utilisés par des humains peuvent ainsi remplacer une
personne. En revanche, la nouvelle charte bannit ce qui paraît mis en
scène, irréel et non spontané. La précédente
campagne montrait en effet des humains, mais cela ne faisait pas naturel
puisqu'ils regardaient l'objectif de l'appareil photo et « posaient
». Les humains sont donc photographiés de manière plus
naturelle afin que cela fasse vrai. Les images ne doivent pas être trop
chargées ou complexes. Un simple pied sur un terrain de course peut
ainsi symboliser autant qu'une image très
chargée, mais avec simplicité et transparence.
La nouvelle charte graphique donne aussi beaucoup de conseils sur l'ambiance
visuelle. Il est conseillé d'éviter la retouche des photos et en
privilégiant celles avec une lumière naturelle, si possible du
matin (synonyme du commencement). Les couleurs doivent être celles de
BNPP et non d'un concurrent (rouge et noir). En effet, l'association du vert
avec la banque est très importante puisque c'est un facteur de
construction de la personnalité. BNPP doit réussir à se
démarquer du CA agricole qui utilise la même couleur dominante.
L'objectif avec ce changement est de se différencier de la concurrence
et de prouver que BNPP est la banque d'un monde qui change.
Pour cette nouvelle charte, la couleur est aussi très
importante et l'accent est mis sur le vert avec la création de la «
Green Box ». C'est un rectangle vert qui sera désormais
présent sur toutes les communications du groupe. L'objectif est
d'intensifier le rattachement de la couleur à la marque. Ce rectangle
sera rempli avec le titre de la publicité et un court texte facultatif.
A la télévision, cette « green box » sera
utilisée grâce à la modélisation 3D du logo de BNP
Paribas qui tournera. Le groupe prouve ainsi sa volonté d'associer le
vert à la marque. Un nouveau site internet a été
lancé et est complètement différent de l'ancien. Celui-ci
est construit pour une navigation sur Smartphone ou tablette avec des
systèmes de cubes. Nous pouvons constater la forte présence du
vert ainsi que des images adoptant la nouvelle charte (instantanée,
épurée, humaine). F.Andrieu qui travaille en ce moment à
l'adaptation de cette charte graphique au sein de la filiale, nous apprend que
les différents métiers de BNPP auront une place plus importante
dans la communication du groupe afin d'enrichir le discours de preuve. «
Le storytelling53 permettra de rattacher le terrain au discours
publicitaire ».
Nous comprenons ainsi dans quelle mesure une crise peut avoir
des impacts profonds sur les stratégies de communication en
accélérant par exemple le lancement de nouvelles chartes
graphiques. Ces impacts se répercutent jusque dans les filiales des
groupes bancaires. Celles-ci ont pour principal objectif de rendre saillants
les traits de personnalités participant à la construction d'une
image institutionnelle distincte des concurrents.
Page | 51
53 La manière de raconter une histoire
Page | 52
c. LA PERSONNALITE, AU CENTRE DU CAPITAL MARQUE DES
BANQUES
Nous l'avons compris, les stratégies de communication
ont fortement évolué depuis 10 ans. Pour se distinguer des
concurrents et réussir à créer une identité
institutionnelle forte, les banques renforcent leurs traits de
personnalité.
1. LE CONCEPT DE LA PERSONNALITE DE MARQUE
Jean-Noël Kapferer a proposé54 un
modèle qui permet de comprendre comment les marques construisent leur
identité : c'est le prisme d'identité de la marque. Ce prisme est
constitué de six éléments dont la personnalité, qui
correspond aux traits de caractère de la marque. Ce concept scientifique
a été approfondi par Aaker55 (1997).
L'auteur démontre que la personnalité permet de
créer à long terme une relation entre le client et la marque. Le
concept est défini par « l'ensemble des caractéristiques
humaines associées à une marque ». Kapferer et Azoulay
affine cette définition en 2003 en écrivant que c'est l'«
ensemble des traits de personnalité humaine qui sont à la fois
applicables et pertinents pour les marques ». Nous comprenons ainsi que
les personnalités de marques sont les mêmes que celles
attribuées à des êtres humains, à condition que cela
soit cohérent. En psychologie, le concept de personnalité le plus
répandu reste celui des « BIG FIVE » instauré par
Digman (1990)56. Ce modèle donne une liste des principaux
traits de caractère que l'on peut rencontrer chez les êtres
humains. Il est basé sur O.C.E.A.N. pour O(ouverture) C(consciencieux)
E(extraversion) A(amabilité) N(neurotisme). Ce sont donc les facteurs
qui influent notre personnalité.
Or Aaker a prouvé qu'une marque doit être
considérée comme une entité dans laquelle les clients
voient une personnalité. Cette personnalité est un facteur afin
de développer des affinités avec une entreprise puisque la
reconnaissance de la personnalité ne rentre pas dans le domaine du
cognitif, mais dans celui de l'affectif. En 1999, Ferrandi a adapté
l'échelle d'Aaker au contexte français et détermine cinq
catégories de traits de personnalité (sincérité,
dynamisme, féminité, robustesse, convivialité). Ces
catégories regroupent elles-mêmes des traits de
personnalités qui décrivent les marques en France. Sur les 309
traits de caractères répertoriés par Aaker chez les
Humains, Ferrandi en retient 33. Les autres traits de caractère ont
été éliminés suite à de nombreuses
études qui prouvaient qu'ils n'étaient pas adaptés aux
marques.
.
54Kapferer, J-N (1991), Les marques, capital de
l'entreprise - 3ème édition, Paris : Editions d'Organisation
55Aaker J-L. (1997) - Dimensions of brand personality,
Journal of Marketing research, VOL34 N°3, pp.347-356
56Digman, J-M.(1990), «Personality structure : Emergence of the
five-factormodel» Annual Review Of Psychology
Page | 53
Il est important de comprendre pourquoi l'être humain
attribue de manière naturelle et automatique des personnalités
aux marques. Gardes et Beguinet ont synthétisé les savoirs sur la
question57.
Tout d'abord les humains ont tendance à
développer des relations affectives avec des objets ou des personnes
morales. C'est ce qu'on appelle, l'anthropomorphisme. Ce processus consiste
à humaniser l'immatériel, l'inanimé, et constitue la base
du mouvement animiste. Nous développons en effet facilement des
relations avec des objets ou des biens suite à leur utilisation et les
souvenirs que nous accumulons. Le phénomène est le même
avec les marques puisqu'il parait impossible pour un consommateur de se
représenter une entreprise comme seulement un agglomérat de
produits, de ressources humaines et de bâtiments. Aux yeux du client, une
marque devient une personne à part entière, avec une
personnalité et un caractère. Ces derniers se forment face aux
stimuli émis par l'entreprise (publicité) et aux
interférences entre l'entreprise et le client.
Le consommateur construit aussi sa propre identité
grâce à celle des marques et ne cesse de se positionner par
rapport à la personnalité perçue des marques. Un individu
cherche en effet une congruence entre sa propre personnalité et celle de
la marque consommée. Il exprime ainsi une certaine image de soi. Les
marques peuvent aussi aider les clients à construire leur propre
personnalité. En effet en consommant un produit d'une entreprise qui
possède une forte personnalité, on exprime ce que l'on aimerait
être et on s'approprie la personnalité de la marque et les valeurs
défendues. Par exemple, la consommation de produits bio peut permettre
à un client d'affirmer sa volonté de respect de l'environnement
et de son corps. L'achat de produits de la marque Nike peut aider un
consommateur à se surpasser comme le véhicule la marque. Cette
approche psychologique nous permet de comprendre l'importance de la
personnalité de marque dans la relation entre une entreprise et ses
clients. Les marques vestimentaires sportives l'ont bien compris quand on
analyse les publicités et slogans de Nike ou Adidas « Just do it
» ; « Impossible is nothing ». L'objectif pour une entreprise
est donc que le client consomme parce qu'il ressemble ou veut ressembler
à la marque.
Pour revenir au prisme de la marque de Kapferer, nous
comprenons bien que les entreprises du secteur des services et les banques
particulièrement, peinent à baser leur capital marque sur les
attributs physiques. Ces attributs sont remplacés par la couleur, le
logo, le slogan ou la musique qui sont externes et permettent de créer
la personnalité. Les banques qui ont du mal à se
différencier sur le marché et faisant face à la crise de
confiance, insistent donc plus que jamais sur ce vecteur de construction du
capital marque : la personnalité.
57 Nathalie Gardes, Sophie Beguinet (2012) «
Personnalité de la marque : mesure, homogénéité et
impact sur la satisfaction »
Page | 54
2. LES RECHERCHES SUR LA PERSONNALITE DANS LE MILIEU
BANCAIRE
Des recherches sur la personnalité des marques ont
été effectuées dans le secteur bancaire français.
Le secteur bancaire est en effet très intéressant pour appliquer
ce sujet d'étude en raison de la forte homogénéisation des
discours des marques bancaires (Michel Badoc), ainsi que des
spécificités du secteur tertiaire avec une relation à
double niveau (interpersonnelle et institutionnelle).
Tout d'abord, l'échelle de Ferrandi58(1999),
a été adaptée à la société
française. Cette dernière a été le fruit de
recherches afin de la rendre cohérente au secteur bancaire
français (Gardes, Beguinet). L'objectif est que les traits de
personnalité correspondent aux marques d'un secteur d'activité
spécifique. Ainsi il a été possible d'affiner les traits
de personnalité. Les résultats des chercheurs ont permis
d'alléger considérablement cette échelle en supprimant les
items les moins représentatifs. D'un tableau à cinq
catégories et 33 items, nous sommes donc passés à un
tableau à quatre catégories et quinze items. Nous avons en main
un outil qui est parfaitement adapté au secteur bancaire
français. L'objectif des recherches de Gardes et Beguinet était
de savoir si la perception de la personnalité d'une marque bancaire
était homogène pour les clients. Elles ont aussi cherché
à savoir s'il existait une corrélation entre la
personnalité et la satisfaction envers une marque bancaire. Au final, il
s'avère que la perception des personnalités des marques bancaires
françaises est peu homogène. C'est-à-dire que les
consommateurs perçoivent différemment une même banque. En
revanche, trois banques (HSBC, CIC et la Banque Postale) démontrent une
meilleure homogénéité de perception de leur trait de
personnalité. Les recherches ont en revanche prouvé qu'il existe
un lien entre la perception de la personnalité et la satisfaction du
consommateur dans la marque bancaire. Ainsi, plus un client perçoit
fortement la personnalité d'une marque bancaire, et plus sa satisfaction
est haute. La satisfaction est importante puisqu'il a été
prouvé dans le passé qu'un client satisfait est un client
fidèle (Louis & Lombard 2010). Les répondants sont
classés en trois catégories, des moins sensibles à la
personnalité d'une marque aux plus convaincus.
En conclusion, les chercheurs invitent à ouvrir les
recherches sur l'impact de traits de personnalités des marques bancaires
sur la confiance du client. Les études ont par contre
démontré que les banques dégageaient des
personnalités propres à elles-mêmes. En 2001, les banques
avaient été classées en trois groupes. CA, CM, BPOP et CE
étaient vus comme robustes et sincères. BNPP et SG étaient
considérés comme dynamiques et robustes. CL était vu comme
peu robuste et peu sincère. L'étude a aussi montré une
meilleure évaluation de sa banque que des autres banques. La perception
des Français est donc meilleure lorsqu'il s'agit de sa propre banque. La
connaissance des clients envers les slogans et logos a aussi été
étudiée. Les résultats montrent qu'il est
intéressant pour une marque
58 Ferrandi J-M., Fine-Falcy S., Valette-Florence P. (1999) -
L'échelle de personnalité des marques de Aaker appliquée
au contexte français : un premier test
Page | 55
d'introduire dans son slogan, une partie du nom de marque,
cela favorise la mémorisation. Nous pouvons donner l'exemple de la BPOP
: « Banque et populaire à la fois ». Le fait de changer de
slogan trop souvent porte à confusion et les clients n'arrivent plus
à identifier à quelle banque ils appartiennent.
Les couleurs sont assez bien assimilées par les clients
et ils arrivent à identifier une banque seulement avec une couleur
donnée. Pour l'étude, les chercheurs ont fait un test «
portrait chinois » où la couleur et la banque devaient être
assemblées. Les banques qui utilisent le même code couleur, BNPP
et CA par exemple, souffrent d'un manque de reconnaissance auprès des
consommateurs. Seulement 53% des répondants avaient associé le
vert à la BNPP en 2001. La conclusion de cette dernière
étude est qu'il faut faire attention à choisir des slogans bien
distinctifs des concurrents afin d'accentuer la mémorisation. Selon les
chercheurs, une marque puissante avec une personnalité reconnue
permettra de développer un avantage compétitif dans un secteur
concurrentiel, non distinctif et en pleine mutation.
Pour construire une personnalité de marque, les banques
doivent mettre en place des actions. Ainsi Ang & Lim (2006)59
ont prouvé que l'utilisation de la métaphore dans le discours
publicitaire permet de développer la personnalité d'une marque
assez facilement. Le logo, le slogan, le site internet et la couleur sont aussi
des éléments clés pour construire cela. Mais comme nous
l'avons dit précédemment, la personnalité joue surtout sur
l'affectif. Or l'affectif est touché par les émotions. Ainsi,
pour se créer une véritable personnalité de marque,
celle-ci doit déclencher des émotions chez ses clients. Ainsi le
sport est un bon moyen de faire passer des valeurs et des émotions et
donc de développer la personnalité d'une marque. Les banques
l'ont compris depuis longtemps, en faisant du sponsoring dans des domaines
différents (voile, rugby, football...). De manière
générale, une entreprise peut se construire une
personnalité de marque en associant son nom à des
célébrités, des sports, des loisirs.
Les recherches permettent donc d'étudier le secteur
bancaire français via un attribut spécifique, les traits de
personnalités des marques. Nous avons en main, un outil permettant de
mesurer la perception de consommateurs du marché sur ces
éléments de l'image de marque. Nous pourrons tester les
résultats trouvés il y a plusieurs années et approfondir
les concepts non abordés comme par exemple, la corrélation entre
perception des traits de personnalité et confiance.
59 Ang S. H., Lim E. (2006) - The influence of metaphors and
product type on brand personality perceptions and attitudes
Page | 56
3. IMPACTS DES STRATEGIES PUBLICITAIRES SUR LES
CONSOMMATEURS
Nous allons maintenant présenter les résultats
de notre enquête quantitative sur la perception des stratégies de
communication et des personnalités de marque bancaires par les
consommateurs. Cela va nous permettre de comprendre dans quelle mesure les
stratégies de communication publicitaires ont impacté les
clients.
Tout d'abord il apparaît clairement que les
ménages français ont perçus les modifications des
stratégies de communication publicitaire des banques depuis la crise.
Ils sont en effet près de 60% à le déclarer ce qui prouve
que les changements ont été forts. Nous avions aussi
interrogé les répondants sur leur perception de plans d'actions
concrets des banques afin d'être « plus responsable ». Les
résultats sont plus mauvais puisque la moitié des
interrogés ne pensent pas que les banques aient mis en place des actions
concrètes afin d'être plus responsables. Cela met en exergue la
prise de conscience d'un décalage entre la communication et les plans
d'actions de la part des clients. En analysant ces deux questions nous pouvons
aussi nous rendre compte d'un phénomène intéressant. Plus
les consommateurs perçoivent un changement dans la communication des
banques, plus ils pensent qu'elles mettent en place des actions
concrètes afin d'être plus responsables. La corrélation et
le RSQUARE sont en effet très importants (aux alentours de 0.9). Ce
résultat intéressant nous invite à penser que les
nouvelles campagnes ont influencé positivement l'image des banques
puisque ceux qui se sont rendu compte des modifications des stratégies
de communication (donc ceux qui y ont été exposés) pensent
que les banques mettent en place des actions responsables depuis la crise.
Une question ouverte nous a permis de demander aux
répondants s'ils pouvaient citer un thème de campagne de leur
banque principale. Près de 40% d'entre eux ont répondu de
manière ouverte sur la première chose à laquelle ils
pensaient. Cela va nous permettre de comprendre quels sont les
éléments les mieux retenus, et si l'on peut voir l'impact des
campagnes de communication sur les consommateurs. De manière globale les
types de réponses fournies concernent : le slogan de la campagne, le
caractère B2B de la campagne (accompagnement des entreprises), le
business model de la banque (sociétaire par exemple), le sponsoring
sportif ou mécénat, l'association à des
célébrités, les cibles de la campagne (jeunes) ou encore
des concepts institutionnels. En revanche les produits (carte bancaire, taux)
sont très peu cités par les consommateurs. Le slogan et le
Business Model de la banque sont les critères les plus cités.
Le Crédit Agricole se distingue par une forte
reconnaissance de la « proximité » dégagée par
la banque. Les mots « région ; locale ; proximité »
sont très présents dans les réponses. C'est en congruence
avec la campagne « les vrais gens » qui s'appuyait sur
l'identité historique de la banque en tant que caisse régionale.
Les clients sont donc sensibles au fait que leur argent finance des projets
Page | 57
locaux. Les clients pensent aussi que le CA aide les
entreprises régionales à se développer. En revanche le
slogan de la banque ne semble pas bien mémorisé puisqu'il ne
ressort pas dans le verbatim.
Les clients du Crédit Mutuel déclarent à
l'unisson que c'est une banque sociétaire, qui appartient à ses
clients. C'est donc le Business Model de la banque
(coopérative/mutualiste) qui ressort, ainsi que le slogan qui va dans le
même sens. Cette reconnaissance est liée à la campagne de
la « saga familiale » où un sociétaire est
accusé d'être banquier. Le taux de déclaration
spontanée (car il était possible de ne pas répondre
à la question) est très haut pour le CM qui est la banque avec le
meilleur taux de déclaration (nombre de verbatim par rapport au nombre
de répondants d'une banque).
BNP Paribas est la seule banque qui a été
associée au sport avec « Rolland Garros ». Cela paraît
normal puisque la communication du groupe sur le tennis est ancienne et bien
ancrée dans l'esprit des consommateurs. La campagne « Parlons Vrai
» est citée ce qui montre qu'elle a marqué les esprits. Les
réponses sont assez hétérogènes pour cette banque.
Au CIC, ce qui marque le plus les esprits, c'est le slogan qui semble bien
mémorisé par les clients. Il est en effet systématiquement
cité, mais la campagne sur la banque d'en face n'est en revanche pas
abordée. Le rapprochement entre Gad Elmaleh et le LCL a marqué
les esprits puisque deux répondants sur quatre en parlent. Nous
constatons ainsi la force que permet l'association d'une marque bancaire
à une célébrité. ING Direct apparaît comme
une banque transparente, ce qui est le positionnement des banques directes qui
misent sur la transparence d'une banque à distance.
Nous pouvons constater que certains clients confondent les
banques. Les slogans sont parfois inversés, et nous constatons que c'est
surtout vrai pour les slogans qui se ressemblent. La BNPP et le CIC ont des
slogans très similaires, créant une confusion dans l'esprit du
consommateur qui en vient à mixer les slogans. Par exemple un
répondant déclare « Changer pour un monde qui bouge »
qui est un mix des slogans de BNPP et CIC. L'attribution de la prestation de
Gad Elmaleh a été attribuée une fois à la SG au
lieu du LCL. Le lien entre la banque et la célébrité n'a
donc pas été assez fort pour la mémorisation. Les
éléments d'une campagne qui sont le plus cités et donc le
mieux mémorisés sont donc le slogan, le Business Model de la
banque, ses valeurs et enfin la proximité. Nous pouvons donc dire que
les campagnes ont été bien perçues par les clients car ils
sont en mesure de citer des éléments des publicités
(slogans, thème, affiliation).
Comme nous l'avons compris, le secteur bancaire est un secteur
très adapté pour l'étude des personnalités de
marques. Les précédentes recherches nous fournissent des outils
adaptés pour la mesurer au sein des banques françaises.
Page | 58
Nous avons pu mesurer de manière déclarative la
connaissance par les consommateurs du logo et du slogan de leur banque
principale. Les clients déclarent bien connaître le logo de leur
banque. La mémorisation du slogan est en revanche beaucoup plus basse
puisque environ 30% des clients déclarent ne pas du tout le
connaître. Il semble que la connaissance du logo ait une influence sur la
perception des traits de personnalités d'une banque. Malgré un
biais dans nos résultats (très peu de répondants
déclarent ne pas du tout connaître le logo de leur banque), nous
voyons que plus un client connaît le logo de sa banque, plus il est en
mesure d'en percevoir les traits de personnalité de sa banque. Il
s'avère aussi que les clients qui ne connaissent pas du tout le slogan
de leur banque perçoivent beaucoup moins les traits de
personnalité de leur banque. Cela nous confirme donc que la
reconnaissance de traits de personnalité est en partie issue de la
connaissance du logo et du slogan, éléments essentiels de l'image
de marque d'une entreprise.
Notre questionnaire nous a permis d'analyser la perception des
traits de personnalités des banques françaises. Rappelons que
nous nous sommes basés sur les dernières recherches
publiées sur le sujet afin de construire nos indicateurs de mesure des
traits de personnalité, grâce à quatre catégories de
personnalité (séductrice, dynamique, conviviale, fiable). Les
« sous-traits » de personnalité étaient
spécifiés dans la question mais n'ont pas été
évalués individuellement. Par exemple, « séductrice
» était défini par « charmante, séduisante,
élégante, douce ». Tout d'abord, nous voyons que les clients
se répartissent en trois groupes : ceux qui rejettent les traits de
personnalité (35%), ceux qui n'ont pas d'opinion (26%) et ceux qui
perçoivent assez bien les items (39%).Les clients qui déclarent
ne pas avoir d'opinion, sont en réalité ceux qui jugent ne
manière neutre les traits de personnalité (résultat de la
lecture du croisement perception des personnalités/évolution de
la confiance). Les aspects fiable et dynamique des banques sont les items les
plus reconnus par les répondants tandis que les items séduction
et convivial sont assez peu perçus.
Nous observons une forte corrélation entre la
perception des personnalités de marque et l'évolution de la
confiance. Plus la personnalité est reconnue par le consommateur, moins
la confiance baisse. Cette dépendance entre les variables est
très forte comme le prouve le test du Khi2 (2,2e-16). Le
résultat paraît normal, il est en effet facile de comprendre que
plus une banque est perçue comme conviviale, fiable ou dynamique, plus
la confiance est élevée. C'est l'aspect convivial (amicale, gaie)
d'une banque qui permet de déclencher le plus de confiance chez le
consommateur (nous remarquons que c'est le critère qui s'approche le
plus de la notion humaine d'une personnalité). La séduction
permet en revanche de ne stimuler la confiance que dans une moindre mesure. Les
banques devraient donc chercher à baser leurs traits de
personnalité sur la convivialité et la fiabilité de leur
personnalité.
Pour étudier la perception des personnalités en
fonction des banques, nous avons supprimé les marques qui étaient
sous-représentées afin de ne pas fausser les résultats. La
variance en fonction des marques bancaires est modérée. Nous
pouvons cependant remarquer que des banques sortent du lot
Page | 59
dans la perception des traits de personnalité. Ainsi le
CIC, CE, BNPP et CA bénéficient d'une bonne reconnaissance de
leur identité (notamment basé sur le critère dynamique et
fiable). La BPOST et la SG sont en revanche assez mal notées,
particulièrement sur l'item de convivialité qui comme nous le
savons, influe fortement la confiance dans une marque. Le graphique en
araignée nous permet de comprendre comment chaque banque est
perçue par les clients respectifs. Nous constatons aussi que la BNPP et
le CA, qui sont les banques pour lesquelles la confiance a le moins
baissé, ont une assez bonne personnalité générale,
surtout basée sur le critère de fiabilité. Le scoring de
la perception des personnalités a été calculé en
attribuant une note aux réponses et déterminant la valeur moyenne
pour chaque banque (cf. annexes). D'une manière générale,
la personnalité des marques bancaires est assez mal perçue.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires6.png)
Il apparaît maintenant pertinent de comparer tous les
résultats récoltés auprès des clients, avec les
stratégies de communication que nous avons analysées
auparavant.
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Le Crédit Agricole est la banque où la confiance
des clients a le moins baissée. C'est aussi l'une des banques la mieux
notée sur sa personnalité. La campagne de communication largement
fondée sur la proximité régionale et le business model
coopératif a été très bien retenue par les
répondants (cf. analyse du verbatim). La campagne avait aussi mis
l'accent sur l'ancienneté de la banque et son rôle historique.
L'ensemble de ces facteurs permettent à la banque d'avoir une
très bonne perception de fiabilité, et de convivialité. En
montrant dans les spots des vrais clients posant des questions à leur
conseiller bancaire, le CA a réussi à prouver qu'elle
était à l'écoute de ses clients.
De son côté, la Société
Générale souffre d'une forte baisse de confiance depuis la crise
(la plus forte de notre panel). Les crises que la banque a traversées
ont été nombreuses et multiples. La banque souffre en outre d'une
mauvaise perception de sa convivialité et sa fiabilité. La
campagne très institutionnelle basée sur le rugby n'a pas
réussi à influer les consommateurs de la banque, malgré la
forte dimension émotive des spots. Cette dimension émotive a en
revanche impacté le trait de personnalité séduction qui
est le plus fort du panel de banques. C'est l'une des seules banques qui n'a
pas donné la parole à ces clients, et qui n'a pas
évoqué la crise dans sa campagne entre 2010 et 2015. Cela avait
été fait suite à l'affaire Kerviel, mais il semble que le
fait de ne pas avoir évoqué le sujet dans sa communication
après 2010 ait été néfaste à la marque.
La campagne « Parlons vrai » de BNP Paribas semble
avoir porté ses fruits puisque la banque sort deuxième du
classement de confiance. La banque bénéficie d'une
personnalité fiable et dynamique. En revanche l'aspect convivial est
bas, ce qui laisse penser que la banque est considérée comme peu
humaine et assez froide. Le sponsoring du tennis est un élément
bien assimilé par les clients ce qui permet d'augmenter l'item
dynamique. En revanche la banque pourrait augmenter sa communication sur le
cinéma, afin de paraître plus conviviale. Lors de nos entretiens
qualitatifs, les responsables communication avaient déclaré que
la personnalité voulue de BNPP était la fiabilité. Les
résultats nous démontrent aujourd'hui une congruence entre le
voulu et le perçu. Nous voyons aussi que la marque cherche à
miser de plus en plus sur la couleur afin de renforcer son positionnement dans
l'esprit du consommateur.
Le CIC est la banque qui bénéficie de la
meilleure perception de personnalité grâce notamment aux items de
convivialité et de dynamisme. Malgré le fait que la banque n'ait
pas changé sa manière de communiquer après la crise, la
confiance n'a pas beaucoup baissé. La cohérence de la
stratégie publicitaire (même logo, slogan, publicités) dure
depuis presque dix années et représente un atout important pour
cette banque. Il est paradoxal de remarquer cette bonne perception de la
convivialité alors que la banque n'est jamais présentée de
manière directe (seulement comme la banque d'en face).
Le LCL est aussi une marque qui n'a pas modifié sa
stratégie de communication, en continuant de prendre la parole de
manière humoristique. L'utilisation du personnage de Gad Elmaleh a
été une très bonne association qui permet à la
banque de justifier d'un fort taux de convivialité. En revanche, si les
clients se souviennent du comique, ils peinent parfois à assimiler la
banque correspondante.
Page | 61
Il est important de noter que les deux banques qui ont mis en
place une stratégie donnant la parole aux clients en s'interrogeant sur
les « vraies questions », bénéficient de la baisse la
plus faible de la confiance. Comme nous l'avons compris, la confiance
institutionnelle a fortement baissé envers le secteur bancaire. Pour
pallier cette baisse, la stratégie consistant à donner un visage
aux marques bancaires s'est révélée fructueuse. Pour
apporter ce côté humain aux marques, les marques ont dû
insister sur la présence des personnes dans les spots TV et les
publications. L'évolution de la charte graphique de BNPP était en
effet basée sur cette humanisation de la marque. Il semble que la
confiance institutionnelle remonte progressivement grâce à ces
stratégies (cf études image des banques 2015).
Ce phénomène d'anthropomorphisme est important
afin d'augmenter la proximité qu'une banque entretient avec ses clients.
Nous comprenons aussi pourquoi la première réponse des banques
à la crise qui a été de communiquer sur le banquier local
qui « continuait à faire des crédits » n'était
pas adaptée à la crise de confiance qui se déroulait. Bien
que nécessaire, cette communication a déclenché une
dissonance dans l'esprit des clients puisqu'ils n'ont jamais jugé leur
banquier responsable de la crise financière. Pour se différencier
les banques tentent d'insister sur leur personnalité, que le logo et le
slogan influent fortement. La BNPP entreprend en 2015 de mettre la couleur sur
le devant de la scène en créant la Green Box qui servira à
asseoir l'identification de la banque auprès du grand public.
Nous constatons cependant, que les chercheurs ne proposent pas
de mesurer la personnalité d'une marque par son côté «
humain ». Nous pouvons cependant considérer que ce critère
est utilisable pour une marque bancaire et représente une réelle
valeur ajoutée. Nous avons compris en mesurant la confiance que
c'était le critère qui l'influençait le plus.
Les résultats que nous venons d'interpréter
peuvent être aussi couplés aux investissements publicitaires des
banques françaises. Nous voyons que les deux banques qui investissent le
plus en 2006 et 2013 sont le CIC et le CA. Ce sont aussi les banques qui
bénéficient d'une très bonne perception de leur
personnalité et aussi d'une moindre baisse de la confiance.
Il est donc maintenant possible de répondre à
nos hypothèses de recherche que nous avions formulées au
début de notre démarche hypothético-déductive.
H1 : La crise financière de 2008 a
fortement impacté la confiance des consommateurs et notamment la
confiance institutionnelle. Notre hypothèse H1 est validée. Nous
avons en effet compris que la confiance des consommateurs avait
été fortement impactée suite à la crise
financière. Nous avons pu distinguer deux types de confiance : la
relationnelle et l'institutionnelle. Les résultats prouvent que c'est
cette dernière qui a été le plus touchée suite
à la crise médiatique. En analysant les facteurs qui impactent la
confiance, nous voyons que la perte d'argent ternit surtout l'image du banquier
local, alors que la mauvaise perception des réactions des banques face
à la crise ternit l'image institutionnel.
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Nos résultats sont concordants avec ceux des
chercheurs, notamment sur les facteurs qui influencent la baisse de la
confiance après une crise. Les items retenus par Michon & Changeur
(2003) permettent en effet de comprendre en profondeur pourquoi la confiance a
autant baissé dans notre étude de cas. Notre analyse des
campagnes de communication a par exemple démontré l'absence de
prise de parole suite à la crise. Les chercheurs avaient expliqué
l'importance de répondre rapidement afin de rassurer le consommateur.
Concernant la distinction entre les banques de dépôts et
d'investissements, nous pouvons observer une divergence entre ce que
déclare les répondants et ce que pensent les professionnels du
monde bancaire. En effet il a été plusieurs fois
déclaré lors des interviews, que les consommateurs englobaient
l'ensemble des banques dans le même « sac ». Or notre
étude va à l'encontre de cette vision puisque les clients
déclarent faire la distinction, et attribuent la responsabilité
de la crise aux banques d'investissements. Nous devons cependant modérer
notre propos puisque les résultats ont été mesurés
seulement de manière déclarative. Les consommateurs sont aussi
mieux informés aujourd'hui de la structure du secteur bancaire
(médias, politiques...). En revanche, nos résultats concordent
avec ceux des précédentes recherches, sur le fait que le
consommateur évalue mieux sa propre banque, que le secteur bancaire
global. En prolongement des anciennes recherches nous avons tenté de
prouver un lien entre la perception de l'argent comme symbole de
réussite et la confiance dans le secteur bancaire. Nos résultats
ne sous permettent pas de conclure qu'il existe un lien entre ces deux
variables dans notre étude de cas.
H2 : Les banques ont modifié leur
stratégie de communication afin de s'humaniser. Notre deuxième
hypothèse de recherche est partiellement validée. L'étude
sémiologique réalisée durant nos recherches a en effet
prouvé que la plupart des banques avaient mis en place des
stratégies publicitaires très différentes après la
crise financière. Notre focus sur les trois banques (CA, BNPP, SG)
prouve que le ton utilisé est très différent et que
l'humain est remis au centre des objectifs de campagne. Nous avons approfondi
ce point en analysant l'évolution de la charte graphique de BNPP,
grâce aux entretiens non directifs et à l'analyse des documents
internes. Il s'avère en effet que l'iconographie, les messages, les
valeurs permettent à la marque de se rapprocher de ses clients en
humanisant son image de marque. Cependant, si certaines banques ont
abandonné l'humour pour le sérieux, le transparent et les
valeurs, d'autres banques ont choisi de ne pas changer la manière de
communiquer. C'est le cas pour le LCL et le CIC qui ont suivi la ligne
directrice des campagnes d'avant crise. Malgré le fait de communiquer
sans prendre en compte la crise (le thème n'est pas abordé ; la
parole n'est pas donné aux clients), le LCL parvient à garder un
visage très humain en associant sa marque a des
célébrités. Le CIC de son côté parvient
à une bonne image auprès de ses clients, alors que sa
stratégie de communication est basée sur l'humour, et montre la
banque de manière externe (la banque d'en face). Ainsi nos
résultats sont divergents puisque c'est une banque qui ne communique pas
sur ces valeurs mais plutôt sur ces produits. Mais en se comparant aux
autres banques (la seule qui le fait), elle parvient à prouver
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qu'elle agit dans l'intérêt de ses clients. Bien
que toutes les banques n'aient pas changé leur campagne de
communication, nous avons prouvé grâce à notre carte
perceptuelle, que la plupart des stratégies avaient été
modifiées dans le sens d'une humanisation. Cela est un nouveau processus
qui s'introduit dans les recherches d'une crise sur la marque. L'exemple
étudié dans notre travail (la crise financière) prouve
qu'une crise sectorielle a le pouvoir de transformer le paysage des
identités de marque. Puisque la confiance institutionnelle a
été touchée, le secteur bancaire s'est «
anthropomorphisé », en utilisant l'image des conseiller locaux pour
donner un nouveau visage aux banques.
H3 : La personnalité de marque est un
facteur qui permet de limiter la baisse de la confiance du consommateur. Notre
dernière hypothèse de recherche est validée comme nous le
prouve nos résultats sur la dépendance des deux variables. Tout
d'abord, nos résultats confirment les conclusions des
précédentes recherches sur la construction d'une
personnalité de marque. Nous avons en effet compris qu'il existait un
lien entre la connaissance du logo et slogan, avec la perception de la
personnalité de sa banque. Nos calculs (notamment celui du khi2) ont
ensuite mis en exergue l'impact de la perception de la personnalité
grâce aux quatre catégories, sur l'évolution de la
confiance. La baisse de la confiance envers sa banque est donc moindre lorsque
le client déclare bien percevoir les traits de personnalité de sa
banque. Ces résultats paraissent logiques lorsque nous prêtons
attention aux traits de personnalité utilisés dans nos questions
(fiable, dynamique, conviviale, séductrice). Ce sont en effet des
concepts qui influencent la satisfaction et la confiance. Nous avons pu
identifier quel trait de personnalité avait le meilleur impact sur la
confiance. La convivialité est donc le trait de personnalité qui
lorsqu'il est perçu, déclenche le plus de confiance. Nous avons
aussi étudié le lien entre la perception de l'aspect humain d'une
marque et la confiance. Il semble que ce critère soit lui aussi
important pour déclencher de la confiance envers une marque. Or le
côté humain d'une banque n'est pas proposé par les
chercheurs, pour définir la personnalité d'une marque. Il
pourrait être intéressant d'utiliser cet aspect pour
définir la personnalité d'une entreprise dans le futur.
La personnalité n'est cependant pas le seul facteur
permettant d'influencer la confiance des clients. Nous avons compris que
lorsqu'un consommateur pense qu'une marque met en place des actions
responsables suite à une crise, la baisse de confiance est
limitée. Cette perception des plans d'actions est elle-même
influencée par l'exposition à la communication de la marque, qui
permet de convaincre un consommateur des changements opérés sur
le terrain.
Page | 64
CONCLUSION
Tout au long de nos recherches, nous nous sommes
interrogés sur les impacts qu'une crise sectorielle peut avoir sur la
confiance des consommateurs et sur les stratégies publicitaires d'un
secteur d'activité. Il s'avère que la crise financière de
2008 est un très bon exemple afin d'étudier les mécanismes
complexes qui s'opèrent entre un client et une entreprise. Pour aborder
ce sujet, nous avons dû expliquer en détails en quoi le secteur
bancaire était spécifique et quelles en étaient les
conséquences pour les stratégies publicitaires. Nous comprenons
maintenant pourquoi cette crise a représenté un danger pour les
banques françaises. Nos résultats ont en effet
démontré que la confiance des consommateurs a fortement
baissée suite à la crise financière, notamment à
cause de l'important brassage médiatique. Cette baisse de la confiance
institutionnelle est une menace puisqu'elle augmente la défiance envers
une activité pourtant essentielle: le financement de l'économie.
Nous l'avons compris dans ce mémoire, les banques ont permis à
notre pays de se développer lors des grandes révolutions
industrielles et digitales. Or cette défiance peut entrainer une baisse
de la consommation des produits bancaires ainsi que de l'épargne. Nous
l'avions évoqué lors de l'introduction, une crise peut aussi
être synonyme d'opportunité. C'est dans ce sens que nous
répondons à la deuxième partie de notre
problématique, puisque nous l'avons compris, les stratégies de
communication du secteur bancaire ont fortement été
modifiées. Afin d'inhiber la baisse de la confiance et de se
différencier des concurrents, les banques ont opéré un
tournant stratégique dans la manière de s'adresser aux
consommateurs du marché. Les impacts de la crise sur ces
stratégies ne sont pas de court terme. Nous l'avons compris, c'est
même là, l'un des facteurs qui a augmenté la
défiance envers le secteur : l'absence de prise de parole dans les
prémices de la crise financières. En misant sur leurs
identités historiques, les marques ont su tirer profit de cette crise
afin de transformer le paysage des marques bancaires. Elles ont adopté
un discours transparent, humain et de proximité en construisant
parallèlement, les campagnes de communication et les nouveaux plans
d'actions. En quelques années la recherche du réalisme et du
naturel a été fortement poussée. Cet état des lieux
peut être analysé grâce à la théorie de la
destruction créatrice développé par Joseph Schumpeter.
L'image des banques a en effet été largement impactée, ce
qui a nécessité de mettre aux oubliettes les anciens discours et
méthodes de communication publicitaire. Renaissant de ses cendres tel le
Phoenix, les nouvelles copies stratégiques présentent un discours
adapté aux nouveaux objectifs des groupes bancaires : convaincre les
consommateurs que les banques ont un rôle sociétal important. Les
résultats ont permis de comprendre que ces nouvelles stratégies
avaient été bénéfiques pour l'image des banques.
Celles qui ont mis en place les plans de communication les plus ambitieux et
novateurs (CA et BNPP) sont celles où la baisse de la confiance a
été la plus basse.
Page | 65
Il faut aussi noter que ce n'est pas la première fois
que le secteur bancaire adapte sa stratégie de communication à
une crise. Cela a déjà été le cas au début
des années 90. Or il semble qu'en 2015, les nouvelles campagnes de
publicité prennent un nouveau cap en utilisant de nouveau l'humour. Les
valeurs sont cependant beaucoup plus au centre de ces dernières
campagnes. La segmentation de la communication semble être de plus en
plus précise, avec par exemple des nouveaux discours adaptés aux
jeunes (Caisse d'Epargne), aux actifs (Société
Générale), aux femmes (Crédit Agricole) et aux
retraités (Banque Postale).
Nos recherches présentent certaines limites que nous
devons exposés. Tout d'abord, nous avons tenté de
démontrer l'impact de certaines variables (la perception des traits de
personnalité, la connaissance des slogans...) sur la variation de la
confiance. Les résultats nous ont permis de conclure que ces variables
avaient un impact sur la confiance. Cependant, la dépendance des
données est démontrée mais nous devons soulever le
problème suivant : l'intensité de la confiance dans une banque
peut expliquer la perception des autres variables. La relation de
causalité inverse est envisageable même si elle est moins
pertinente dans ce sens. Ce biais doit être pris en compte dans la
lecture de nos conclusions. De plus, le nombre de répondants pour notre
enquête quantitative (cent quarante-deux) peut sembler faible pour les
recherches menées. Lors de la ventilation des résultats par
banque, la proportion des consommateurs pour certaines banques était
bien trop faible, ce qui nous a amené à ne pas les prendre en
compte. La comparaison de l'échantillon avec la population
française nous rassure cependant sur la représentativité
des répondants.
L'ensemble des conclusions et des éléments
analysés nous permettent d'apporter de nouveaux savoirs
théoriques. Nous avons tout d'abord étendu le travail de certains
chercheurs en répondant aux problématiques posées à
la fin de leurs articles de recherche. Les résultats démontrent
ainsi que la vision de l'argent comme symbole de réussite n'est pas
corrélée avec la variation de la confiance dans le système
bancaire. Nous avons de plus compris que la perception de la
personnalité des marques selon les échelles scientifiques, permet
d'inhiber la baisse de la confiance lors d'une crise de confiance. Nous
apportons ainsi des savoirs supplémentaires sur le sujet de la
personnalité des marques bancaires. Ce mémoire permet aussi pour
la première fois, de proposer un état des lieux du secteur
bancaire tout en revenant sur son historique et ces spécificités.
Nous avons pu regrouper des savoirs divers et variés sur les sujets
scientifiques de la crise de marque, la confiance et les stratégies de
communication, ainsi que des sujets d'actualité comme la crise
financière. Il serait néanmoins intéressant d'approfondir
nos recherches en étudiant les impacts de l'âge et de la CSP sur
la perception des personnalités de la marque. Les résultats
pourraient en effet permettre une meilleure segmentation de la communication
bancaire.
D'un point de vue professionnel, les résultats de nos
différentes enquêtes peuvent apporter des savoirs
intéressants. Il apparaît clairement que les banques doivent
continuer de miser sur leur identité et l'utilisation de la
métaphore pour associer leur image à des valeurs pertinentes aux
yeux du
Page | 66
consommateur. L'utilisation des sports, de la culture, des
célébrités sont des éléments qui impactent
fortement l'image perçue. Communiquer sur les racines de la banque ainsi
que sur son business model est un nouvel axe employé qui semble porter
ses fruits. Le Crédit Agricole a largement recentré sa
communication sur son aspect coopératif, ce que les consommateurs ont
bien mémorisés et appréciés. D'une manière
plus générale, les stratégies doivent être stables
et distinctives. Le CIC l'a compris en ne modifiant pas sa manière de
communiquer à la télévision depuis presque dix ans. Cette
stabilité permet de récolter une forte reconnaissance de la
marque ainsi que de la proximité avec ses clients. Les slogans doivent
être distinctifs afin que les consommateurs ne confondent pas les
banques. L'utilisation de la couleur est aussi très importante et vient
renforcer la personnalité d'une marque. Nos résultats prouvent
que l'utilisation de la route affective pour communiquer permet d'impacter la
confiance. Cette route peut être empruntée grâce à
l'utilisation des personnalités de marque qui humanisent l'image des
banques. Il apparaît aussi important de noter que la prise de parole
à court terme lors d'une crise, est très importante afin de
regagner la confiance des clients. Les banques ont peu communiqué lors
de cette crise par peur d'être associées au déclenchement
des problèmes financiers. Il aurait été pertinent de
prendre la parole via un autre canal comme par exemple celui de la
Fédération Française des Banques (qui regroupe les banques
françaises). En utilisant cette méthode, une campagne
institutionnelle aurait pu être lancée, sans pour autant mettre en
avant les marques du secteur. Comme nous l'avons compris, ce n'est pas l'image
des banquiers locaux qui a baissé, mais celle du secteur dans sa
globalité. Utiliser le conseiller bancaire dans les publicités
permet certes de donner un visage humain aux banques mais peut paraître
peut congruent puisque la confiance des clients envers ces derniers n'a que peu
baissée.
Dans le futur, il semble que la structure bancaire telle que
nous la connaissons soit vouée à être totalement
transformée. Les agences physiques sont de plus en plus
digitalisées, et les relations entre clients et conseillers bancaire
sont dorénavant possibles grâce à Internet. Les banques ont
investi afin de développer des filiales 100% digitales, qui prendront de
l'ampleur avec le temps. Une problématique majeure va donc
progressivement venir se poser aux banques. En effet, la proximité
géographique et l'importance du conseiller bancaire dans les relations
sont encore aujourd'hui des critères de choix pour sa banque principale.
Demain, les aspects physiques et relationnels des banques auront
complétement disparu. La construction d'une image de marque forte sera
alors le seul vecteur de différenciation et de rétention du
client. L'enjeu pour les banques sera alors de développer des traits de
personnalités saillants, permettant de s'imposer sur un marché en
pleine mutation. Face à cette future problématique et aux
résultats de nos recherches, il parait pertinent de considérer
l'aspect humain d'une marque, comme un réel trait de
personnalité. A l'image de Cetelem avec Crédito (le bonhomme
vert), les banques de dépôt pourraient créer des symboles
de marque permettant de garder la proximité avec le client, tout en se
digitalisant.
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PBA La Libre Belgique-President-07-01-2010.pdf - Page consultée le
01/10/2014
Laurence Girard - La publicité bancaire est
entrée dans l'ère post crise - (11/2009) - Le Monde,
Economie (en ligne). Disponible sur
http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/11/26/confiance-force-la-publicite-bancaire-est-entree-dans-l-ere-postcrise12724761101386.html
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Glass-Steagall Act (2015). Sur Wikipédia.
L'encyclopédie libre (en ligne). Disponible sur
https://fr.wikipedia.org/wiki/Glass-Steagall
Act. - Page consultée le 01/10/2014
Laurence Girard - Avec la crise, les banques revoient leur
discours publicitaire (12/2008) - Le Monde, Economie (en ligne).
Disponible sur
http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/11/26/confiance-force-la-publicite-bancaire-est-entree-dans-l-ere-postcrise12724761101386.html
- Page consultée le 01/10/2014
Plans stratégiques des grands groupes bancaires (06/2014)
- KPMG, E-news (en ligne). Disponible sur
https://www.kpmg.com/FR/fr/IssuesAndInsights/ArticlesPublications/Documents/Newsletter-Performance-grands-gorupes-bancaires-062014.htm
Page consultée le 01/10/2014
Page | 69
GLOSSAIRE (classement alphabétique)
Aléa Moral (p. 14) : Mis en exergue
par Adam Smith, ce processus décrit comment un individu
protégé d'un risque, se conduit différemment par rapport
à s'il n'était pas protégé contre ce risque.
AMF (p.14) (Autorité des
Marchés Financiers) : La mission principale de l'institut est de veiller
à la protection de l'épargne investie sur les marchés par
les banques françaises.
BAALE III (p.16) : Nouvelle
réglementation du système bancaire actée en 2010
(l'objectif est de contrôler la solidité des groupes bancaires
grâce aux capitaux propres).
B2B (p.47) (Business to Business) :
Caractérise les relations entre une entreprise et une autre entreprise
(le particulier n'est pas inclus dans ces relations).
Banque de dépôt (p.11) :
Récolte l'épargne des particuliers et propose des produits
financiers simples aux particuliers ou professionnels (définition
complète page 13).
Banque d'investissement (p.11): Ne
reçoit pas les dépôts des particuliers mais finance les
grandes entreprises ou les grands projets. Le placement financier sur les
marchés est aussi une grande partie de l'activité, notamment avec
des actifs complexes issus de titrisations (définition complète
page 13).
Change flottant : (p.11) : Le taux de change
n'est pas fixe mais déterminé en fonction de la demande et de
l'offre au sein du marché des changes.
Finance de l'ombre (p.12) : Cette expression
désigne les activités qui ont lieu hors du cadre bancaire
standard et qui ne sont pas visibles dans les bilans conventionnels. Ces
activités ne sont pas régulées puisqu'elles impliquent des
acteurs qui ne sont pas dans le cadre bancaire (hedge fund, capital
investment...). Ce type d'activité représente la principale
source du problème de la crise financière de 2008.
Monnaie scripturale (p.11) : Elle
représente l'ensemble de la monnaie immatérielle, circulant sur
les comptes bancaires. Elle représente près de 80% de la masse
monétaire globale. Cette monnaie circule grâce à des moyens
de paiements dématérialisés (virement, carte ou
chèque).
Monnaie fiduciaire (p.10): C'est la monnaie
physique (billets et pièces) qui représente environ 15% de la
masse monétaire totale.
Page | 70
PNB (Produit Net Bancaire) (p.45) : Cet
indicateur est l'équivalent de la Valeur Ajoutée (la richesse
créée par une entreprise) mais au sein d'une banque. Le calcul
est différent en raison du produit que les banques commercialisent :
l'argent. C'est en effet plus complexe à calculer à cause des
intérêts.
Servuction (p.14) : Production d'un service
(différent de la production d'un bien).
Subprime (p.17) : Crédit à taux
élevé pour des emprunteurs plus risqués (crédit
hypothèque).
Titrisation (p.13) : Procédé qui
permet de transformer des actifs (par exemple un crédit) en obligations
qui seront incluses dans un portefeuille d'actifs titrisés. Ces derniers
ont plus de valeur sur le marché car le portefeuille est opaque et ne
paraît pas risqué (processus expliqué page 18).
Abréviations des banques :
BPOST : La Banque Postale
BNPP : BNP Paribas BPOP :
Banque Populaire CE : Caisse d'Epargne CM : Le Crédit
Mutuel LCL : Le Crédit Lyonnais SG : Société
Générale CDN : Crédit du Nord
TABLE DES ANNEXES
Annexe 1 : Résultats des entretiens
qualitatifs non directifs
p.75
|
|
Annexe 2 : Résultats de l'étude
qualitative sémiologique ..
|
p.81
|
Annexe 3 : Résultats de l'étude
quantitative
p.96
|
|
Annexe 4 : Evolution des investissements
publicitaires en France
|
p.122
|
Annexe 5 : Evolution de l'image, du PNB et des
investissements publicitaires des banques
|
p.122
|
Annexe 6 : Schéma de la construction de
la confiance entre secteur bancaire et consommateurs...p.123
Page | 71
Page | 72
Annexe 1 : Enquête qualitative
Les entretiens ont été menés de
manière ouverte en raison de la complexité et de la profondeur du
sujet étudié. Les métiers et connaissances des personnes
interrogées étaient différents ce qui ne permet pas la
construction d'un même guide d'entretien.
Restitution de l'entretien avec Frédéric
Andrieu
Responsable communication interne/externe au sein de BNP
Paribas Leasing Solutions
Quels sont les points principaux pour construire une
campagne de communication ?
Il est nécessaire d'avoir une stratégie de
communication qui permet de se différencier des concurrents. Il faut
aussi sortir du lot avec un positionnement correspondant aux attentes des
cibles. Pour réussir une nouvelle campagne de publicité, il est
conseillé de suivre ces deux points :
1 La campagne doit être nourrie d'un discours de preuves
(sinon la campagne va tourner court).
2 La campagne doit être suivie d'un plan d'action sur le
terrain (il doit y avoir de la congruence entre la communication et le front
office)
L'objectif final est la satisfaction du client : il ne faut
pas de décalage entre ce que l'on vit en tant que client et la
communication à laquelle nous sommes exposés (si on voit une
publicité sur la qualité d'un service en agence et que nous
sommes mal reçus par le banquier).
Cela fait deux ans que vous travaillez dans le Groupe
BNP Paribas, quel recul avez-vous sur la crise ?
En effet, je suis à ce poste de Directeur de la
Communication depuis deux ans, avant j'étais dans un secteur
d'activité très différent. Bien sûr j'ai suivi la
crise mais d'un point de vue externe.
Que fait-ton en 1er : on lance une campagne
de publicité ou un plan d'action ?
Pour communiquer, il faut de toute façon un plan
d'action. Comme je l'ai dit avant, l'un ne se développe pas sans
l'autre. Une campagne qui serait développée sans plan d'action
concret amènerait une forte insatisfaction et serait synonyme
d'inefficacité. Chez BNP Paribas, le plan d'action et la campagne de
communication ont été créés en parallèle.
C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles la campagne de communication a
été lancée plusieurs années après la
crise.
La campagne « Parlons Vrai
» a-t-elle été adaptée chez BNP Paribas Leasing
Solutions ?
Non, pas vraiment puisque nous n'en avions pas
réellement besoin chez nous. « Parlons vrai », ce n'est pas un
métadiscours, mais une campagne qui se raccroche aux vrais besoins et
qui est transparente. La crise a amené dans la communication des banques
la nécessité d'être plus transparent. La volonté de
cette campagne, est de prouver que l'on travaille pour « vous »,
avant de travailler pour « nous ».
Les banques ont souhaité montrer qu'elles soutenaient
l'économie réelle avant de spéculer. Pour le coup, Leasing
Solutions finance l'économie réelle (imprimantes, tracteurs...).
Nos clients ont globalement bien vu qu'on continuait de les financer. La crise
financière chez Leasing Solutions a été
Page | 73
moins un sujet que pour d'autres métiers du groupe.
Cela aurait été un sujet si la capacité à obtenir
des liquidités avait été entravée. Les taux
bancaires ont augmenté après la crise en interne, mais ça
ne s'est pas reflété pour les clients. En termes d'image, notre
filiale n'a pas été affectée.
Il existe selon les chercheurs, deux types de
confiance : institutionnelle/relationnelle. Etes-vous d'accord pour dire que
c'est la confiance envers l'institution qui a baissé le plus chez les
consommateurs ?
Je suis d'accord pour dire que c'est vis-à-vis de
l'institution en générale que la confiance a baissé. Mais
aussi en front-office, puisque c'est eux qui vous apportent le financement. Une
méfiance s'est peut-être développée, mais pas trop
vis-à-vis de l'individu. Les banques qui s'en sont le mieux sorties sont
celles qui ont réussi à faire attention aux relations de
proximité avec le client. Il est important de donner un gage de
financement de l'économie réelle. C'est ce qui différencie
les banques de dépôts d'une banque d'affaire.
Concernant les banques d'affaire, pensez-vous que les
consommateurs fassent la différence avec les banques de
dépôt ?
Je pense que la distinction entre les deux banques n'est
souvent pas très bien faite chez les consommateurs. Par
conséquence, les banques portent le même chapeau malgré la
différence d'activités.
Avez-vous un cahier des charges fourni par le Groupe
BNP concernant la charte de communication ?
Oui, mais à vrai dire, les choses sont en train
d'évoluer. Jusque récemment, il y avait une relative autonomie
donnée aux métiers sur leur positionnement. Il faut que ce soit
cohérent autour de la signature « la banque d'un monde qui change
». Mais une autonomie est laissée aux métiers pour raconter
leur propre histoire. En terme graphique, les choses sont relativement
encadrées. Une charte d'identité visuelle doit être
respectée. Les thématiques sont fortes (comme l'iconographique de
l'humain) ce qui n'est pas toujours adapté à nos métiers
au sein de la filiale.
Est-ce que l'évolution de la charte graphique a
un lien avec la crise financière de 2008 ?
Je ne sais pas, c'est possible que ce soit après la
crise qu'un recentrage sur l'humain fut engagé. C'est encadré au
plan graphique, moins en terme de langage. Aujourd'hui le groupe BNP Paribas
travaille sur un projet d'évolution des attributs de la marque BNP
Paribas qui aura des impacts sur notre filiale. (Nous avons réunion
demain pour en discuter au siège). L'objectif est de renforcer l'ADN de
la marque autour de « la banque d'un monde qui change ». Les
métiers vont venir nourrir le discours général du groupe
afin d'avoir plus de proximité, et d'enrichir le discours de preuve. Les
choses se simplifient côté graphique (on garde les principaux
marqueurs). Il y a eu une crise en 2008, mais aussi celle du litige de l'amende
américaine. Il est possible que cette crise ait
accéléré la nouvelle charte graphique. C'est le moment de
communiquer une nouvelle histoire crédible (story telling), et
rattachée au terrain. C'est la preuve que nous pouvons apporter quelque
chose au niveau des filiales. Ce n'est pas une promesse dans
Page | 74
le vide. BNPP est vigilant à ce que les métiers
prennent part dans l'effort de communication général sur tout ce
qu'il y a de positif dans la « maison ». L'objectif est donc de
resserrer les liens sur le sujet grâce à la contribution des
filiales.
Peut-on dire que nous sommes passés d'une
communication basée sur la transparence à une communication
basée sur la proximité ?
Plus de proximité oui, mais pas au détriment de
moins de transparence. Il en faut toujours. La proximité oui ! C'est
très important, car c'est un moyen de comprendre notre signature. En
plus de se centrer sur ce que sait faire le groupe, il faut savoir comment on
analyse le monde aujourd'hui et prouver ce que je fais pour les autres. Les
étapes stratégiques consistent à :
1 Je comprends mon environnement
2 Offre de services adaptés
3 Preuves
Si je comprends bien nous serons susceptibles de voir
les métiers plus hétérogènes du groupe au centre
des communications ?
Oui, d'avantage en tous cas ! Jusqu'à la location de
camion? On ne sait jamais. Ce positionnement est le même, on raconte
d'avantage l'histoire (story telling). Dans l'exemple « Parlons PME
», pour une cible particulière, BNP Paribas est le business
partner, qui aide à décrypter l'économie et aller
au-delà. On apporte les informations générales en plus de
ce que nous leur vendons.
Le Mass média chez LS n'est pas très
répandu?
Non, nous sommes B2B, et surtout B2B2B. nous avançons
masqués (partenariat ou servicing). Rarement dans la communication de
masse mais des efforts vont être entrepris.
Parmi la liste ci-présente, quels sont selon
vous les traits de personnalités qui décrivent le mieux BNP
Paribas ? (échelle d'Aaker adaptée au secteur bancaire
français).
Le voulu ou le perçu ? Les deux si
congruents.
Si je résume BNPP veut faire valoir la solidité.
Exemple du litige US qui peut avoir 2 interprétations : solidité
ou bien une amende de 7M€ n'impacte quasiment pas l'entreprise (cela veut
dire que les gains sont trop importants).Toute banque cherche une dimension
aspirationnelle.
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Restitution de l'entretien avec David
Descamps
Responsable du studio graphique chez BNP Paribas Leasing
Solutions
Depuis combien de temps travaillez-vous dans le groupe
?
Depuis octobre 2001 (juste après la fusion de BNP et
Paribas). Il n'y avait à l'époque pas de charte graphique. On
venait juste de créer le logo BNP Paribas. BNP et Paribas (qui
était une banque privée avec image plus statutaire) avaient
chacun son positionnement. L'identité visuelle a été
créée pour montrer que la banque bougeait. En 2000 l'image
était moins dynamique. De manière générale, il y a
assez peu de dynamisme dans les publicités du secteur bancaire. BNP
Paribas a créé l'envol (la courbe d'envol BNP Paribas, qui part
d'une étoile pour arriver à une hirondelle). Cela symbolise
l'évolution comme le souligne le slogan : « la banque d'un monde
qui change ». Le positionnement a été celui d'une banque qui
s'adapte.
Quelles sont les grandes périodes de la
communication chez BNPP?
Dans les années 2000/2001 (crise de la bulle Internet),
il y a eu un rapprochement des banques à cette époque, le paysage
a été redessiné. C'est le premier virement de la
communication et des chartes. J'étais en charge de la charte graphique
en 2002, pour un déploiement sur l'ensemble de l'Europe au sein de
Leasing Solutions. A l'époque, le groupe laissait plus de liberté
pour la création. C'est différent d'aujourd'hui où les
visuels, brandflag (...) sont soumis à des restrictions. Cette
période a duré jusqu'en 2007/2008. Il y a eu une évolution
de la marque BNP Paribas qui a pris un virage humain après la crise.
Dans quel sens la charte de communication a évolué depuis
2007?
L'objectif est d'humaniser l'image d'une banque
austère. Ils avaient le sentiment d'une perte de confiance de la part
des clients. Les messages de la marque sont véhiculés au sein des
documents : ils expliquent synthétiquement la vision et l'explication de
la charte.
Le logo a évolué. La courbe d'envol a
été enfermée dans le carré vert.
Toutes les banques cherchent-elles à
s'humaniser ? Chez Société Générale c'est
plus l'esprit d'équipe. Le Crédit Agricole (« le bon sens a
de l'avenir »), bénéficie d'une image de proximité,
et un peu moins d'une image de banquier austère. BNP Paribas a moins une
image de proximité, donc il y a une réelle stratégie pour
s'humaniser. En revanche je ne sais pas si cela a fonctionné. Toutes les
banques jouent sur un créneau afin d'essayer de rendre la chose moins
austère. A la question « Comment percevez-vous la banque ? »,
tous les jeunes que l'on recrute répondent de manière «
c'est un monde austère, froid.. ».
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Selon vous, quel type de personnalité est
véhiculé au travers de la marque BNP Paribas ? (échelle
d'Aaker adapté au secteur bancaire)
En premier c'est la fiabilité ! La forme du logo
déjà, est basée sur un carré (ce qui est rassurant,
fiable, quel que soit la face on retombe toujours sur un carré, de plus
un carré c'est considéré comme robuste). Concernant le
dynamisme, ce n'était pas le cas, mais là ils prennent le pas en
allant vers quelque chose de plus moderne : nouvelle communication (nouveau
site, start-up, imprimante 3D...). Les deux dernières pubs de BNP
(imprimante à pizza....) rapidité et proximité, et l'homme
dans l'espace. Ce sont des nouveaux messages décalés qui prouvent
que BNP cherchent à fournir une image plus dynamique. Par contre, le
trait de personnalité de la séduction n'est absolument pas
utilisé.
Est-ce que ça vous parait pertinent que
j'étudie la personnalité comme axe de stratégie de
communication pour les banques ?
La stratégie de marque est vraiment basée sur la
personnalité et donc sur les valeurs. Nous n'avons malheureusement
jamais eu de retour sur l'image que les clients ont de BNP depuis la crise.
Beaucoup de personnes pensent que les banques sont des
escrocs. Il faut voir comment les jeunes perçoivent les banques. A notre
époque nous avions une relation directe avec notre banque (via les
conseillers). Les jeunes sont plus axés sur le digital et n'ont pas
besoin de la relation directe. La confiance passait plus à
l'époque par le conseiller bancaire. Aujourd'hui avec la digitalisation,
il est essentiel de miser sur la confiance institutionnelle pour les jeunes. Il
existe un décalage entre réel et imaginaire (type de
confiance).
La nouvelle charte graphique 2015 :
quelles évolutions par rapport à la
précédente ?
Changer la charte graphique, c'est motivé par la
volonté de donner une image qui évolue. L'ancienne charte avait
été créée suite à un déficit d'image
sur le terrain. (Brandflag + logo...). Avant 2008 on ne voyait pas bien le logo
(courbe d'envol pas visible). Le logo a évolué dans le
carré, (comme orange, SFR SG...) qui est plus visible de loin pour les
agences. Sur les documents c'est la même chose.
Les banques concurrentes avaient déjà
misé sur le logo et les couleurs. La marque a aujourd'hui réussi
à s'imposer. On insiste maintenant moins sur le logo (puisqu'il est
aujourd'hui bien mémorisé), mais en capitalisant sur le vert, qui
n`est pas assez utilisé. Il n'y avait pas assez de cohérence en
termes de colorimétrie contrairement à nos concurrents.
C'est une nouvelle iconographie avec plus de proximité,
simplicité, transparence. Tous les visuels évoluent, de
manière plus naturelle : les photos ne sont pas « posées
». Ils avaient mis de l'humain, mais de manière superficielle (pose
photo). Cela ne suffit pas à humaniser une marque. Aujourd'hui on met le
client au centre des messages. C'est l'un des axes. Le deuxième axe
consiste à différencier BTL et ATL (avec une volonté
d'interloquer le client...).
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Quelle est la signification du vert chez BNPP
?
L'objectif est de montrer le côté fraîcheur
(printemps). Véhicule les valeurs, dynamisme. Le vert c'est le
renouveau, la nature. Renaissance de BNP Paribas après
la crise, nouvelle banque.
Quel était le ton des campagnes avant la crise
?
On peut dire que c'était plus orienté sur
l'humour, avec par exemple la campagne montrant Eric et Ramzy chez BNP
Paribas. Mais c'était vraiment orienté pour les jeunes.
En France on est très bridés sur l'humour dans la
publicité, car on le voit comme quelque chose de pas sérieux.
(Bizarre, c'est sûr que l'humour n'est pas sérieux ! Je propose :
car non pertinent avec un domaine sérieux comme la banque)(Contrairement
à des entreprises étrangères comme VW, IKEA...). On
assiste également à un rapprochement des banques et assurances,
dont l'image est très liée. Seul le CIC le fait, mais ils
tournent en dérision le concurrent et pas leur propre image. La Caisse
d'Epargne lance la banque haute définition. : On explique ce qu'est une
banque, de manière très transparente. Le nouveau site BNP
a été lancé il y a peu de temps ; c'est fait pour
de la tablette, et on peut voir qu'ils ont insisté sur l'humain.
La crise a été une opportunité de
redessiner le paysage des marques : toute communication de crise est propice au
changement et à la réflexion. Nouvelles valeurs afin de
redynamiser la marque.
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Annexe 2 : Etude qualitative sémiologique -
Stratégies publicitaires (TV/Affichage)
L'objectif de l'étude sémiologique est de
comprendre si les stratégies publicitaires ont été
modifiées suite à la crise de 2008 et dans quel sens. Pour cela
nous avons retenu trois banques principales (Crédit Agricole,
Société Générale, et BNP Paribas) afin de
concentrer les recherches. Ce choix est justifié par leur importance sur
le marché bancaire français en termes de PNB et d'investissements
publicitaires. Les campagnes des autres banques du marché seront aussi
abordées mais de manière plus succincte. Pour mener
l'étude, nous avons visionné de nombreux spots publicitaires TV
(une centaine) sur Internet grâce aux archives de l'INA, de CulturePub et
de Youtube. Nous avons aussi analysé les campagnes d'affichages et les
communiqués de presse diffusés par les groupes bancaires lors des
lancements des campagnes.
Crédit Agricole - p.82
Société Générale - p.85
BNP Paribas - p.89
Les autres banques du marché p.93
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A) Le Crédit Agricole
Nom de la campagne : « Les banquiers
chanteurs »
Calendrier de la campagne : 2006 - 2011
Médias utilisés :
Télévision
Slogan de la marque : « Une relation
durable, ça
change la vie »
Cible : Ensemble des consommateurs
Ton : Humour décalé
Agence : Providence
Couleurs prédominantes : non
Descriptif de la campagne
Les spots publicitaires se déroulent à
l'intérieur des agences bancaires. Les thèmes diffèrent
selon les spots mais le format est toujours le même : le client stipule
une demande/problème et le conseiller bancaire répond en «
chantant ». La voix est doublée par des musiques connues «
J'adore » de Philippe Louxor, « Viens à la maison » de
Claude François... Les airs sont entrainants et déclenchent du
dynamisme voire de l'hystérie. Beaucoup de mouvements de caméra.
Filmé comme une caméra cachée au début des spots.
Communication sur assurance, crédit immobilier, jeunes actifs,
cartes.
La campagne a été fortement parodiée sur
internet.
Messages véhiculés : Le
Crédit agricole est dynamique et a réponse à tout. Les
clients sont assis et le conseiller debout. Campagne non réaliste, loin
de l'image du banquier. Humour déroutant.
Intérêt de la campagne :
Répondre à de larges
besoins, inspirer la sympathie. Parler des produits.
Stratégie de croissance du PNB. Déclencher une émotion
(peu de parole) + musique
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires8.png)
Logo : Le logo est resté identique depuis 1987 (le vert
rappelle l'origine de la banque : le monde agricole. Enfermé dans un
carré non dessiné mais visible. Slogan : Le C.A.
abandonne le célèbre « le bon sens ». Le nouveau slogan
plus difficile à retenir. Volonté de changement et de
fidélisation de la clientèle.
Sémiologie verbale (mots/expressions les plus
utilisées)
« Carte » « bancaire » « nouveau
» « achat » « liberté » « pour moi »
« demande » « retraite » « codebis » «
solution » « épargner » « acheter »
|
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Après la crise
Nom de la campagne : «Les vrais gens »
Calendrier de la campagne : 2011 - 2015 Médias
utilisés : (TV, Internet, PQR et affichage) Slogan de
la marque : « Le bon sens a de l'avenir Cible :
Ensemble des consommateurs Ton : Sérieux, naturel,
Agence : BETC EURORSCG - ASAP Couleurs
prédominantes : bleu ciel, vert,
|
|
Descriptif de la campagne :
La campagne s'est déroulée en plusieurs
phases.
-Dans la première des clients ou bien des conseillers
bancaires parlent en face de la caméra en mode « interview ».
Les candidatures sont « spontanées « afin de recueillir des
témoignages authentiques ». 120 interviews permettent à
l'agence de récolter 100 heures de film. Les clients parlent
spontanément de leur projet ou vision du système bancaire. Par
exemple les clients parlent de leur vision de la maison idéale et la
publicité termine sur le fait que CA finance un projet immobilier toute
les 2mn (discours de preuve). Des enfants sont aussi à
l'intérieur des spots et parlent de leur projet. Les conseillers sont
mis en lumière. Ils exposent leur vision du métier. « Ce que
les gens pensent de la banque, ce n'est pas ce que moi je vis au quotidien
». Les conseillers parlent de l'image qu'ont les consommateurs du banquier
« voleur ... »
Cette campagne est aussi déclinée en affichage.
Les codes de couleur sont les mêmes. Les phrases des spots publicitaires
sont reprises « Nos conseillers n'ont pas d'incitation financière
à proposer un produit putôt qu'un autre ». Discours de preuve
« 30 jours pour changer d'avis ». La campagne n'a pas reçu un
très bon agrément, on retrouve aujourd'hui les spots sur youtube
avec le titre « pub insupportable ». Bien que les publicités
soient réalistes, faire parler des clients et conseillers ne suffit pas,
car dans un studio cela parait artificiel .
-La deuxième phase de la campagne a
débuté en 2013 et va dans la continuité de la
première phase avec le même slogan « le bon sens à de
l'avenir ». Les nouveaux spots ne sont plus réalisés en
studio, mais dans la rue. Cette fois-ci le conseiller est en face des clients
(toujours pas des comédiens, mais des candidats). En fond on peut
distinguer une agence CA. Les clients posent des questions aux conseillers
comme par exemple « que faites-vous avec notre argent ». Encore une
fois l'objectif est des rassurer. Communiquer sur le côté
coopératif et régional. En 2015 la campagne va encore plus loin,
on explique aux clients que leur argent finance les entreprises de la
région. Les personnes sont assises sur un « banc CA ».
« Vous pouvez compter sur tous nos épargnants
». La banque réexplique son statut d'intermédiaire. Pour
tourner les spots, l'agence a sillonné les villes de France.
Ces spots ont été agrémentés d'une
campagne affichage avec des humains dessus (peu naturel car regarde
objectif).
Logo : le logo n'a pas changé, il est
agrémenté d'une phrase supplémentaire : banque et
assurance et du nouveau slogan. Banque et assurance pour rappeler les
activités.
Slogan : Retour aux fondamentaux de la banque
(ancien slogan, donc anciennes valeurs). En rouge typographie manuscrite.
Message : la banque a des activités utiles qui perdurent.
Stratégie de long terme (avenir)
|
|
Sémiologie verbale (mots/expressions les plus
utilisées)
« Gens, banque, travail, confiance, conseillers,
fidèle, raison, pourquoi, projet, région, ici, finance,
coopérative, entreprise, compter sur, épargnants, financer
»
Les prénoms personnels « je, vous nous, lui »
sont omniprésents dans les publicités
|
Campagne jeune
Nom de la campagne : La carte mozaïque M6
et SODA
Calendrier de la campagne : 2012 - 2015
Médias utilisés : TV,
Cinéma, Facebook, Réseau
Slogan de la marque : « une vraie carte de
paiement
avec fonction anti dépassement »
Cible : jeunes
Ton : Humour, comédie, web série
Agence : BETC
Couleurs prédominantes : orange violet
|
|
Il est important de noter que dans le même temps, une
campagne complétement différente a été
lancée à destination des jeunes. Communication sur un produit
« la carte mozaïque M6 ». Utilisation d'une «
icône» du web et des jeunes : Kev Adams. Deux vidéos pour la
TV et cinq pour internet. L'objectif est de montrer que cette carte aide dans
la vie (amoureuse notamment) quand on est jeune.
Message véhiculé : ce produit peut
vous aider, crédit agricole est là pour vous
Intérêt : attirer les jeunes,
être présent sur la toile, créer le buzz
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![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires12.png)
Nouvelles Campagnes 2015
Toujours segmenté entre grand public et jeunes
Campagne « la naissance
» très tourné vers les émotions. CA soutient
les femmes pratiquant le football (équipe de France). Pas de rapport
avec la banque. Sponsoring. Image de l'institution.
Pour les jeunes : toujours orienté
vers les produits : taux 1% crédit (toujours la même musique
OASIS) - humour
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires13.png)
Nom de la campagne : Coup de pouce
Calendrier de la campagne : 2006-2009 Médias
utilisés : (TV, Internet, radio internet) Slogan de la
marque : « On est là pour vous aider »
Cible : Ensemble des consommateurs Ton
: humour
Agence : Saatchi & Saatchi
Couleurs prédominantes : Rouge/noir
La banque a choisi pour cette campagne une « mascotte
» : un pouce. Ce pouce symbolise la SG qui aide ses clients dans les
étapes de leur vie, bonne ou mauvaise. Le message est clair : «
Parce qu'on a tous besoin d'un coup de pouce ». La campagne est largement
déclinée en affichage (12500 panneaux). Ce pouce est
représenté en 3D dans des situations usuelles de la vie. Les
situations sont imagées grâce à la métaphore
(exemple du client qui a besoin du pouce pour franchir un mur). Ce pouce aide
aussi les professionnels. La banque prouve ainsi qu'elle est présente
pour aider dans toutes les étapes de la vie (étude, retraite,
immobilier). La publicité est humoristique (pouce géant)
appuyé par la bande son joyeuse presque fanfaronne. La publicité
fait penser à celle de LOTUS : « Nez Doux » sortie deux
années auparavant. La banque ne communique pas sur des produits
précis.
Message véhiculé :
On peut compter sur la SG. La banque vous accompagne tout au long de votre
vie dans vos projets. La banque doit être vue comme une aide dans votre
vie (le pouce). Intérêt de la campagne
: Créer une image
institutionnelle forte grâce
à l'anthropomorphisme (la banque est un doigt humain).
Mémorisation du slogan simple. Touche un large public. Expliquer le
caractère utile de la banque
Logo : Logo du 1989 n'a pas
changé. Carré qui reflète le sérieux et la
solidité. Le rouge pour l'émotion et le noir pour le
sérieux. Typo large pour montrer l'ouverture de la banque. Le logo est
bien mémorisé.
Slogan : Changement du «
Société Générale, si on en parlait ». Slogan
qui décrit la relation entre l'institution et les clients. Permet de
créer une personnalité de marque : la
générosité, la confiance.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires14.png)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires15.png)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires16.png)
Sémiologie verbale (mots/expressions les plus
utilisées)
« Propriétaire, devenir, indépendant, vie,
adapté, aide, jeunes, services bancaires, démarrer,
projets, avancer, adapter, vie »
Page | 82
B) La Société
Générale
2006 - Publicité one shoot sur
« Produits de bourse »
Publicité isolée sur les qualités de SG pour
investir en bourse en 2006.
2008 - Les Bankers stories
Campagne de publicité de courte durée (1 mois
à la télé) qui a été lancée en
novembre 2008 (deux mois après la crise) avec l'agence Harrison &
Wolf. Réalisation de treize films de trente secondes. Cette campagne est
en réalité une réponse à la crise Kerviel (janvier
2008) et non à la crise financière. Dans ces spots, des banquiers
s'expriment sur leur vision du métier en donnant un visage humain
à la SG. L'objectif est de réaliser une campagne « vraie
» en démontrant la participation de la banque à
l'économie réelle. Réalisation comme un reportage
(réalisé par CAPA Production qui réalise par exemple
Envoyé Spécial). C'est une campagne internationale. Filmé
d'une manière cinéma (image, profondeur de champs, objectif). Les
banquiers parlent en voix off de l'utilité de leur métier. Ainsi
Stéphane Bourdonnec déclare dans le spot « On finance les
entreprises, les études, c'est un métier humain ». Couleurs
assez fades, grise et rouge pour rappeler le logo. Musique guitare faisant
penser à la sérénité. Ce sera la première
campagne de ce thème lancée dans le secteur bancaire. Campagne
très institutionnelle.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires18.png)
Page | 83
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires19.png)
2009 - Une campagne est lancée dans la
continuité de « on est là pour vous aider » (Coup de
pouce). Mais sans les pouces en 3D. Réalisé par la même
agence Saatchi & Saatchi. Cette fois ce sont les clients et conseillers qui
témoignent. La campagne est plus naturelle que les bankers stories
puisque les conseillers apparaissent derrière leur bureau en agence. Il
y a un discours de preuve (nombre de projets soutenus, de crédits
accordés...). L'objectif est de montrer les relations entre client et
banque, et d'humaniser la banque avec vrais conseillers et de vrais clients.
Les clients témoignent sur l'aide que leur a apporté la SG.
Slogan « prenez plaisir à réussir en bourse
». Publicité pour vanter les mérites de l'investissement en
bourse via la SG. Pas d'humain. Musique futuriste.
Nom de la campagne : L'esprit d'équipe
Calendrier de la campagne : 2011-2015 Médias
utilisés : (TV, Internet, radio internet, affichage, web)
Slogan de la marque : «
Développons ensemble l'esprit d'équipe »
Cible : Consommateurs/salariés
Ton : institutionnelle, émotionnelle, sérieux,
épuré Agence : Nouvelle agence de SG : Fred
& Farid Couleurs prédominantes : couleurs fades
Descriptif de la campagne :
La campagne est lancée avec le plan d'action SG2015.
Elle a été lancée lors du match France-Pays de Galle
(partenaire de l'équipe de France depuis 1987).
La campagne ne montre pas de banquier, pas d'agence ni
même de client. L'équipe de Rugby représente la
cohésion. On peut voir ensuite un patron de PME négociant, une
femme pleurant en ouvrant une lettre, des pompiers en intervention ou encore
une foule de manifestants. Il n'y a ni parole ni voix off, mais simplement une
musique (Apertura de Gustavo Santaolalla) qui attire l'attention, et
déclenche une forte émotion. L'esprit d'équipe est donc
représenté par l'amour, l'amitié, l'espoir, la musique, le
sport, l'entreprise. La saturation de l'image est baissée ce qui rend
les images un peu grisée. La dernière image à un fond
blanc et laisse apparaître le logo et le slogan ainsi que « rien
n'est plus beau que l'esprit d'équipe » « développons
l'esprit d'équipe ». Publicité à haut budget. La
durée du spot est longue (60s). Nous avons l'impression que nous
regardons la vie au travers de l'oeil de la SG qui suit et comprend les
problèmes de ses clients. C'est aussi un message fort à
destination de ses salariés pour renforcer la cohésion.
La campagne d'affichage représente des groupes de
personnes (enfant, médecins, ouvriers...) avec les mêmes slogans
que dans la publicité. Ne parle pas de produit mais se contente de
symboliser l'esprit d'équipe avec des « vrais gens »
réunis.
Message véhiculés :
Les Services d'une banque sont basés sur la relation de confiance
avec le client. A destination des clients et aussi des collaborateurs. Mise sur
le collectif. Ensemble on est plus fort. La banque est humaine puisqu'elle a
des émotions.
Intérêt de la campagne
: Faire passer des émotions (joie, tristesse,
colère...), ne pas parler de la crise ni de produits bancaires.
Sémiologie verbale : Pas de parole ni de
texte.
L'esprit d'équipe
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires20.png)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires21.png)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires22.png)
Logo : Le logo est épuré. Société
Générale est dorénavant écris à
côté. Création du bloc marque avec L'esprit D'Equipe. La
notoriété de la banque grâce aux couleurs est telle que le
carré rouge et noir suffit l'identifier par les clients.
Slogan : Développons ensemble l'esprit
d'équipe, démontre la volonté d'inscrire la confiance car
dans une équipe on doit avoir confiance. Créer une équipe
entre SG et clients et au sein même de la SG avec ses salariés. La
SG se décrit comme un ensemble, une institution avec une
personnalité et des émotions.
Page | 84
2013 - SG a lancé des
publicités sur le même thème, avec la même musique,
mais en ajoutant des paroles et voix off, afin de parler de produit ou
d'évènements « rencontre de l'épargne ».
La banque remet en avant son ancienneté et sa vision du
monde. La voix off explique les images très épurées.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires23.png)
Campagnes pour les jeunes
En 2011 SG lance en parallèle une campagne à
destination des jeunes, tout en gardant l'Esprit D'Equipe de la campagne
institutionnelle. C'est aussi l'agence Fred & Farid qui s'en occupe. La
copy stratégique est très créative. Des
jeunes font face à des loups et se voient obligés de
chanter ensemble pour les distraire. SG présente sa carte bancaire
« so music » à destination des jeunes et renforce son message
d'équipe. L'humour est donc au premier plan. « C'est ça
aussi l'esprit d'équipe ».
En 2013 dans la continuité, une publicité
présente un jeune en Asie qui déclenche un braquage de banque
à son insu. (Situation de quiproquo humoristique). Représente la
jeunesse qui fait face à un problème : les études à
l'étranger. En allant plus loin on peut dire que SG aide les jeunes face
à un nouveau monde. La SG «simplifie la vie », le message
d'équipe prend son sens entre la banque et le client. Les spots sont
longs (60s).
Nouvelles campagnes
Lancement de la campagne 100% digitale (Fred & Farid) sur
un ton humour très décalé. Mettre en avant trois produits
: assurance vie/habitation, protection juridique. #tout n'est pas aussi simple.
Les problèmes des clients sont résolus de manière
humoristique dans la publicité (avocat/légume) qui parle pour
donner des conseils). Le message clé est que les problèmes ne se
règlent pas par magie mais qu'il faut une banque comme la SG pour nous
aider. Les conseillers bancaires sont écartés de la campagne.
Transformation de la musique de l'Esprit d'Equipe en jingle.
La campagne est aussi déclinée pour le «
private banking ».
En 2015 coupe du monde de rugby, on peut s'attendre à une
nouvelle campagne sur le sujet.
Page | 85
C) BNP Paribas
Entre 2006 et 2010, les campagnes de BNP
Paribas ont été éparses. Il n'existe pas une
campagne de grande envergure multi-support et de long terme. En revanche la
banque a beaucoup investi afin de toucher les 16-25 ans ainsi que pour
communiquer sur le tennis et le cinéma
|
|
2006 : Une publicité vante les
mérites de BNP Paribas qui finance les projets que les
autres banques refusent. Métaphore du cowboy au far-west. Humour
décalé. Fiction. Non réel.(INA)
2007 : Une campagne supportée par Eric
et Ramzy - budget de 4 millions d'euros
(Réalisé par l'agence TBWA)
« ta + ka entrer » - jeunes (CULTUREPUB)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires25.png)
Les spots sont réalisés pour la
télévision et internet. Pour la campagne les humoristes Eric et
Ramzy ont été embauchés. Humour très
décalé. BNP Paribas souhaite s'adapter aux
jeunes et non le contraire. Les films parlent des produits bancaires et fait
aussi de la publicité institutionnelle (invite à venir
découvrir la banque). Le ton est très libre et imagé, par
exemple Eric et Ramzi s'envolent en Montgolfière et lance des sacs
d'AJO. La campagne a été fortement accompagnée d'actions
virales sur Internet. Burlesque. Langage SMS.
2008-2015 : Le Tennis
Des spots publicitaires et campagnes sont
régulièrement réalisés concernant le tennis.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires26.png)
En 2008, lancement d'une publicité institutionnelle «
entrez dans l'échange ». Les spectateurs du Rolland Garros viennent
sur le terrain pour jouer. L'objectif est de montrer que BNP
Paribas est attaché aux valeurs du tennis.
Publicité pour les Masters de Bercy (organisés
par BNP Paribas). Sponsoring de Rolland Garros.
Depuis 2013 campagne virale «We Are Tennis ».
Publicités qui renvoient vers une nouvelle page web créée
qui concerne uniquement le tennis (résultats).
2008-2015 : Le
cinéma
BNP Paribas lance régulièrement
des publicités et affichages pour « la rentrée du
cinéma » / « printemps du cinéma ». BNP
Paribas communique sur les places à 3.5€ organisés
par BNPP et la fédération des cinémas. L'objectif est de
se rapprocher des émotions que dégage le cinéma (campagne
ou des acteurs miment toutes les émotions). Les contremarques sont
à gagner sur Internet. Le slogan « Il y a toujours un cinéma
proche de vos émotions ». Partenariat avec le festival «
lumière » en 2010. Les publicités sont souvent
tournées vers l'humour et insistent sur le fait qu'il est possible de
gagner des places.
En 2015 : reprise de la musique « viens à la
maison » en « viens à au cinéma ». Des humoristes
français poussent la chanson pour convaincre de venir au
cinéma.
2009 : Toute une vie dans un carton - immobilier
- dynamique
« La maison de vos rêves est chez BNP
Paribas ». Dans cette campagne on peut voir un carton qui tourne
et à l'intérieur on voit un couple qui s'installe dans une
maison. Images dynamiques sur musique pop rock. On ne parle pas de conseiller
bancaire, ni du client. « La banque est l'assurance d'un mon qui change
»
Page | 86
Après la crise : Parlons vrai
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires27.png)
Nom de la campagne : Parlons vrai
Calendrier de la campagne : 2010-2015
Médias utilisés :
(principalement TV, Internet, radio internet, affichage) + agences
Slogan de la publicité : « Vous
avez des vraies questions, aujourd'hui une banque vous donne des vraies
réponses, parlons vrai »
Slogan de la marque : La banque et
l'assurance d'un monde qui change
Cible : Ensemble des consommateurs
Ton : Sérieux, galvanisant, authentique, transparent
Agence : Publicis Conseil
Couleurs prédominantes : Vert
Descriptif de la campagne :
La campagne est interactive. Elle invite les consommateurs
à réagir à la publicité TV diffusée.
Dans cette publicité, des « clients » (les
questions sont des vraies interrogations clients mais ce sont des
comédiens dans le spot), posent des questions très directes et
agressives à propos de la banque.
« Vos frais bancaires sont-ils justifiés ? Je paye
quand même en faisant votre boulot sur Internet ? Vous n'avez pas
intérêt à ce que je sois à découvert ? Si ce
placement était risqué vous me le diriez ? Vous spéculez
avec notre argent sur les marchés ? Vos croyez que je vais choisir BNPP
juste pour cette pub ? » Ainsi BNPP mise sur la transparence. En
lançant ces questions, la campagne coupe l'herbe sous le pied aux
détracteurs. Le client est interloqué par la publicité,
car aborder ce genre de sujet n'est pas commun. La publicité donne
l'impression que BNPP a écouté les interrogations que les clients
se posent.
A la fin du spot, le client est invité à se
rendre sur un site internet spécialement créé pour la
campagne « Parlons vrai ». Sur ce site web, le client peut retrouver
des vidéos où les « conseillers » répondent aux
questions des « clients » : « Non les dépôts sont
utilisés pour vous faire des crédits ».
Il y a aussi un discours de preuve (combien de
crédits...). Mais ces publicités paraissent artificielles. La
campagne illustre aussi la mixité sociale (asiatique, africain, jeune,
retraité, couple...).
Sur internet, les clients peuvent poser leur propre question
et des conseillers y répondent sous 5 jours. La campagne est soutenue
par de l'affichage qui reprend les questions ou aborde des sujets plus
variés.
Les ateliers « parlons vrai » : Dans le prolongement
de la campagne, BNPP a développé des « ateliers »
gratuits au sein de ses agences bancaires partout en France. Ils sont
animés par les conseillers bancaires et ont pour objectif de
répondre aux interrogations clients. Ils font aussi de la
pédagogie sur les services financiers (2012 et 2013).
« Parlons PME » est le volet professionnel de la
campagne.
Campagne prolongée sur le sujet de la retraite.
Campagne sur la technologie « paiement sans contact
»
paylib, message : faciliter la vie.
Page | 87
Message véhiculés :
BNPP comprend les vraies interrogations de ses clients. La banque et ses
salariés sont transparents puisque les clients le sont eux-mêmes.
BNPP est une banque de confiance.
Intérêt de la campagne
: Interloquer le spectateur, créér de
l'interaction grâce aux ateliers, se différencier des
concurrents.
Logo : Le logo est similaire par rapport à 2007, mais
ajout du slogan. Le carré représente la solidité du groupe
et la courbe d'envole, la vision du groupe. Le vert (depuis 2000) nous rappelle
l'environnement. Typographie espacée et aérée. Les
étoiles représentent les engagements.
Slogan : Le slogan présent depuis 2009
se voit juste attribué « l'assurance » en plus. BNPP affirme
sa volonté de transformation et d'innovation envers ses clients, ainsi
sa compréhension de la réalité sociale.
|
|
Sémiologie verbale : frais bancaires,
justifiés, Je paye, Internet, découvert, risqué, vous me
le diriez, Spéculez, argent, marchés, cette pub
2014 Banque privée -
BNP Paribas lance une campagne sur le modèle de celle de
BFORBANK (Groupe Crédit Agricole). Musique au piano languissante, images
voilée et cheveux dans le vent « Votre patrimoine a une histoire,
écrivons son avenir ». Basé sur la philanthropie.
2014- film institutionnel internet
Film qui revient sur l'histoire, les activités et les
valeurs de l'entreprise. Basé sur l'innovation (présenté
sur une tablette).
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires29.png)
2015 : Nouvelle campagne fondée sur les nouveaux
engagements BNPP
Publicité expertise avec le cosmonaute
Immédiateté, Innovation,
Les valeurs sont véhiculées au travers de situation
humoristique de la vie (équipes de la NASA vient aider un
enfant et son père avec une petite fusée).
L'assurance a été enlevée du slogan
Page | 88
Exemple de publications dans une filiale de BNPP :
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires30.png)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires31.png)
Exemple de visuelle chez BNPP Rental Solutions -
Technology (location de matériels technologiques)
Brand Flag
Bloc marque
Page | 89
Exemple de plaquette chez BNPP Rental Solutions
(2012)
CIC (Agence Australie)
Depuis 2006, la campagne est basée sur la confrontation
avec la concurrence. Un client est dans une agence bancaire concurrente et voit
l'affiche chez le CIC qui est représenté de l'autre
côté de la rue. Les spots évoquent des produits ou bien un
discours de preuve sur le service fournis par le CIC. La publicité
utilise donc l'humour pour communiquer et est très sarcastique
vis-à-vis de ses concurrents. Beaucoup de publicités ont pour
sujet le mobile. Le jingle est facilement reconnaissable (quelques notes de
piano).
Utilisation des comiques Cyprien/Norman (web) pour les jeunes.
Des vidéos sont réalisées sur internet pour toucher cette
cible. Des conseils sont véhiculés avec humour auprès des
jeunes comme par exemple emménager...
En 2013 le slogan est « Parce que le monde bouge ».
En 2015 il est devenu « Construisons dans un monde qui
bouge ». Ce slogan est plus évocateur et décrit mieux
l'action du CIC de construire.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires32.png)
Page | 90
LCL
Depuis 2006, la campagne est basée sur
des clients qui sont souvent des personnes connues (acteurs, comiques, sportif
: Karim Benzema, Muriel Robin...). Il y a une interaction entre la voix-off (la
banque) et le « client ». Souvent, la voix off explique les avantages
à être au LCL (avantages fidélités, banque en ligne)
ou alors vanter le fait de changer de banque. Les « clients »,
puisqu' ils sont connus inspirent la sympathie et donnent un caractère
humoristique aux publicités. On ne voit jamais les conseillers
bancaires. Les spots se déroulent dans un hall. En arrière-plan
on peut voir en ombres chinoises des salariés (surement du LCL) qui
travaillent.
Le slogan reste simple : « Demandez plus ». Le LCL
cherche ainsi à montrer que ses prestations sont supérieures
à celles de ses concurrents.
En 2014 c'est le lancement de la campagne
« one man show ». Dans celle-ci des humoristes parlent lors d'un
spectacle en salle, et racontent leur utopie bancaire « je rêve
de... ». Les aspirations paraissent tellement importantes que le public
rit. Implicitement, le LCL fait comprendre qu'elle est la seule banque à
fournir tout ce que les humoristes demandent. La campagne a été
très connue puisque Gad Elmaleh a participé à l'une de ces
publicités. Sa participation a d'ailleurs été très
controversée, mais le capital sympathie dégagé par ce
comique a été très bénéfique pour la banque.
Depuis longtemps, le LCL parraine le Tour de France. Ainsi des
publicités évoquent ce sponsoring.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires33.png)
Banque Populaire
2006 : Lancement d'une publicité
institutionnelle où la banque suit toute la vie d'une personne. La
publicité est très émotionnelle, presque sensuelle (on
peut y voir une femme en sous-vêtement), elle parle d'amour, de travail,
d'enfant.
Le slogan est « banque et populaire à la fois ».
Cela montre que ce sont deux concepts distincts.
2009 : Publicité sur Cendrillon qui
quitte son statut de servante pour aller à la Banque Populaire. «
Quand votre banquier partage votre audace, ça donne des ailes ».
2011 : Lancement du nouveau territoire de
marque : « la banque qui donne envie d'agir ». Ce sont des
publicités en animation 3D. Une voix off parle de ce que veulent les
clients. Il y a 5 volets sur les engagements de la banque (relation qui va
au-delà des chiffres). On y voit un vélo et des tasses de
café. Ni le client, ni le conseiller n'est représenté.
2015 : Une conseillère explique dans le spot qu'elle
peut aider les personnes dans leur projet en trouvant les bonnes personnes dans
son réseau «additionner les forces, multiplier les chances ».
Musique « I'm Free » depuis 2006. Le logo est présent en
premier plan durant tout le spot.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires34.png)
Caisse d'épargne :
2009 : Campagne avec des animaux (humour) qui
chantent pour expliquer qu'ils ne savent pas où mettre l'argent, dans un
endroit sûr. L'écureuil explique que « l'épargne,
c'est à la Caisse d'Epargne ». « On peut placer en bourse et
sécuriser nos gains ».
En 2010, lancement avec l'agence BDDP &
FILS de la campagne : La banque nouvelle définition. Publicités
très épurées sur le thème de la page blanche. La
musique est entraînante (de Captain Kid). On voit par exemple, un homme
qui rattrape une femme qui tombe. Des concepts et mots sont définis
à la manière d'un dictionnaire « confiance : premier capital
qu'un client doit pouvoir investir dans sa banque » / « page blanche
: espace où tout est possible ». La banque affiche sa
volonté de changement radical.
2015 : publicité institutionnelle sur les jeunes (le
monde est entre leurs mains). Images et musiques émotionnelles. Couleur
renforcée sur le rouge.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires35.png)
Crédit mutuel
2007 : Campagne « si j'étais
banquier » qui invite les français à s'exprimer sur ce
qu'ils attendent « vraiment » d'une banque.
2011 la saga familiale (agence H): «
notre fils est banquier ». Le banquier est désigné comme
quelque chose de mal. Publicité pour les sociétaires (le
modèle de la banque) ce qui permet de participer aux décisions de
l'entreprise. Le fait que le banquier soit une mauvaise profession n'est pas
démenti. Le slogan est « La banque à qui parler ».
2014 : « Toby le chien » : Un
retraité parle à son chien et décrit une banque
idéale. Publicité humoristique sur le mobile. Toujours les
mêmes acteurs père et fils. Le slogan est « Un banque qui
appartient à ses clients, ça change tout »
Page | 91
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires36.png)
Banque postale : « banque et
citoyenne »
2008 : publicité avec humoriste sur le prêt.
2010 : publicité sur le crédit à la
consommation
2011 : campagne pour les jeunes
2015 : Campagne sur « vieillissez bien » avec la
banque postale. Solutions en cas de perte d'autonomie. Basé sur
l'humour « retraités qui jouent à la
console... » Identité basées sur la musique
Depuis 2010 les spots sont tournés sur
le même format, un univers épuré, un humour léger
pour parler de
produit ou valeur (simplifier la vie...)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires37.png)
Page | 92
Les banques en ligne
Publicité basée sur les avantages prix des produits
: carte gratuite, bon cadeau si parrainage, versement d'argent en cas
d'ouverture.
Depuis 2014 communication sur des valeurs : l'innovation de la
rapidité (publicité de Boursorama 2015)
ING Direct attaque les banques traditionnelles en les comparant
à une femme qui trompe son mari. Les banques en ligne ne cachent rien.
Stratégie de croissance, en 2010 le spot « ils l'ont fait »
racontent avec humour que l'on peut ouvrir facilement son compte.
Hello bank : Echanges de SMS qui symbolisent la relation directe
et simple entre le client et le conseiller à distance « Mobile
comme vous ».
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires38.png)
Annexe 3 : Etude quantitative
Questionnaire administré via Internet de manière
aléatoire non probabiliste (143 répondants).
La variable dépendante est la confiance que nous
croisons avec différentes variables explicatives (sexe, âge,
perception des stratégies, perceptions des personnalités...).
Nous utilisons une analyse multivariée avec régression logistique
simple. Pour rechercher la dépendance entre les variables, nous avons
utilisé principalement le coefficient de corrélation (issu de
scoring : attribution d'une note aux réponses - par exemple « pas
du tout d'accord » valait -2) et le test du khi2 (issu des tableaux
croisés dynamiques).
Q1 - « Vous êtes... »
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires39.png)
Q2 - « Quel est votre tranche d'âge ?»
|
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|
Nombre de
|
Genre
|
|
répondants
|
Femme
|
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|
Sexe
|
Score moyen ;
Evolution
de votre confiance dans le
|
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secteur bancaire
|
Un Homme
|
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![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires40.png)
|
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|
|
Tranche d'age
|
Evolution de votre confiance dans
le
|
|
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16-24
|
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25-34
|
|
84 59 143
-0,775862069 -0,797619048 secteur bancaire
-0,69047619 -0,90625 35-44
-1
45-54
-0,904761905
55-64
-0,761904762
65 et plus
-0,428571429
Coefficient de corréaltion
0,477378518
RSQUARE
0,227890249
Nous représentons les résultats par nuage de points
ce qui nous permet de comparer la confiance dans le banquier et celle dans le
secteur bancaire. Nous avons en abscisse l'évolution des tranches
d'âge.
Q3 - « Quelle est votre catégorie
socioprofessionnelle ?»
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires42.png)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
CSP
|
Evolution de votre
confiance dans le secteur
|
bancaire (score moyen)
Artisan, commerçant, chef d'entreprise
Autre (sans activité, étudiant...)
-0,868421053 Cadres et professions
intellectuelles supérieures
-0,725490196 Employé
-0,708333333 Ouvrier
-1,666666667 Profession
intermédiaire
-0,857142857 Retraité
-0,722222222 Sample
Variance
0,115100098 La
CSP n'influence pas l'évolution de la confiance
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires43.png)
Page | 94
-1
Q4 - « De combien d'établissements
bancaires êtes-vous client ? »
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires44.png)
Notre échantillon est client d'en moyenne 1.7 banque.
Q5 - Quelle est votre banque principale
Page | 95
Banque principale
Nombre
%
Cumulé
Crédit Agricole
25
17%
17%
Banque Populaire
20
14%
31%
BNP Paribas
15
10%
42%
CIC
15
10%
52%
Crédit Mutuel
13
9%
62%
La Banque Postale
12
8%
70%
Caisse d'Epargne
10
7%
77%
Société Générale
9
6%
83%
LCL
8
6%
89%
Crédit du Nord
4
3%
92%
Crédit Coopératif
3
2%
94%
HSBC
3
2%
96%
Boursorama Banque
2
1%
97%
Ing Direct
2
1%
99%
ibercaja
1
1%
99%
santander
1
1%
100%
Banque Principale
Société Générale
Caisse d'Epargne
La Banque Postale
Crédit Mutuel
Banque Populaire
CIC
LCL
BNP Paribas
Crédit Agricole
Les banques pas assez représentatives sont
grisées.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires45.png)
banque depuis la crise
-1,00 -0,60 -0,58 -0,54
-0,44 -0,40 -0,38 -0,21
-0,20
Q6 - Connaissez-vous (dans les grandes lignes)
la différence entre une banque de dépôt et une banque
d'investissement ?
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires46.png)
Page | 96
Q7 - Selon vous, quelles banques ont
été les plus responsables dans le déclenchement de la
crise ?
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires47.png)
Q8 - Déclenchement de la crise [Selon
vous, quelle est la part de responsabilité des banques
dans le déclenchement de la crise ?]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires48.png)
Q9 - Déclenchement de la crise [Selon
vous, quelle est la part de responsabilité des banques
françaises dans le déclenchement de la crise ?]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires49.png)
Page | 97
Q10 - Déclenchement de la crise [Selon
vous, quelle est la part de responsabilité de votre banque
dans le déclenchement de la crise ?]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires50.png)
Q11 - Déclenchement de la crise [Selon
vous, quelle est la part de responsabilité de votre banquier
dans le déclenchement de la crise ?]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires51.png)
Synthèse
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires52.png)
Page | 98
Q12 - Votre confiance après la crise
[Diriez-vous que votre confiance envers le secteur bancaire
après la crise...]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires53.png)
Q13 - Votre confiance après la crise
[Diriez-vous que votre confiance envers votre banque après la
crise...]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires54.png)
Q14 - Votre confiance après la crise
[Diriez-vous que votre confiance envers votre banquier
après la crise...]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires55.png)
Page | 99
Synthèse
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires56.png)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires57.png)
Les répondants « sans opinion » ont
été supprimés
Regression Statistics
|
Multiple R
|
|
|
0,98
|
R Square
Adjusted R Square
|
0,96
0,91
|
|
|
Standard Error
Observations
|
0,33
|
Q15 - Avez-vous été
personnellement impacté par la crise (exemple : perte d'argent) ?
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires58.png)
|
|
|
|
|
|
|
|
Impact personnel
|
Score global de l'évolution de
la
|
(ex : perte
argent)
|
|
ression Statistics
|
|
|
|
|
|
|
|
Multiple R
|
|
Corrélation
|
|
|
|
|
|
Impact personnel (perte
|
Score global de l'évolution de
la
|
argent)
|
|
Pas du tout (1)
|
|
0,86 0,74 0,61 Standard
Error
0,81
Observations
4
ssion Statistics
|
|
|
|
|
|
|
Multiple R
|
|
R Square
|
|
|
|
Impact personnel (perte
|
Score global de l'évolution de
la
|
argent)
|
confiance dans votre banquier
|
Pas du tout (1)
|
-0,18
|
de manière minime (2)
|
-0,25
|
de manière modérée (3)
|
|
Regression Statistics
|
|
|
|
Multiple R
|
|
|
|
Adjusted R Square
|
|
confiance dans le secteur bancaire
-0,69 -0,53 -0,94
-1,54
-0,86
confiance dans votre banque
-0,31 -0,29 -0,53 -0,92
-0,91
-0,40
-0,58
Corrélation
-0,98
R Square
Observations
Lecture : la corrélation est plus forte
pour l'évolution de la confiance envers le banquier.
4
0,982
0,964
0,946
0,300
4
Page | 100
Q16 - Diriez-vous que les banques ont
changé leur manière de communiquer dans les publicités
après la crise ?
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires59.png)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires60.png)
Page | 101
-1,25 -0,75 -0,69
0,21 0,94
0,94 0,89 0,84 0,52
4,00
Lecture : Plus les clients perçoivent
les changements de stratégies de communication des banques, plus ils
perçoivent des mesures concrètes mises en place par les banques
après la crise.
Page | 102
Q17 - Seriez-vous capable de citer le thème d'une
campagne de publicité issue de votre banque principale ?
Banques mutualistes
Verbatim
|
Banque principale
|
Catégorie
|
aide aux artisans et PME
|
Banque Populaire
|
B2B
|
la banque nouvelle définition
|
Caisse d'Epargne
|
SLOGAN
|
campagne sur l'épargne et assurance vie
|
Caisse d'Epargne
|
PRODUITS
|
définition de mots.
|
Caisse d'Epargne
|
CAMPAGNE
|
Soutien au cancer du sein
|
Caisse d'Epargne
|
MECENAT
|
Le banque impliqué dans les régions, pub avec le
conseiller et les clients en face à face.
|
Crédit Agricole
|
SPOT/ REGION
|
accompagnement dans les projets professionnels
|
Crédit Agricole
|
B2B
|
proximité;territoire;développement
|
Crédit Agricole
|
CAMPAGNE
|
clients societaires
|
Crédit Agricole
|
BM
|
Crédit proximité mutualisme
|
Crédit Agricole
|
PROXIMITE
|
confiance
|
Crédit Agricole
|
CONFIANCE
|
Épatante solidaire dans ma région
|
Crédit Agricole
|
REGIONALE
|
une banque qui appartient à ses clients
|
Crédit Agricole
|
ERREUR SLOGAN CM
|
Aide au développement des entreprises de leur
région
|
Crédit Agricole
|
B2B
|
proximité
|
Crédit Agricole
|
proximité
|
investissement local
|
Crédit Agricole
|
PROXIMITE
|
actionnaire
|
Crédit Mutuel
|
BM
|
Le Crédit Mutuel, une banque à qui parler
|
Crédit Mutuel
|
SLOGAN
|
Mettre le client au coeur de la relation bancaire
|
Crédit Mutuel
|
RELATION
|
tous sociétaires, chaque avis compte, la banque a qui
parler
|
Crédit Mutuel
|
SLOGAN
|
une banque qui appartient à ces clients
|
Crédit Mutuel
|
BM
|
le petit chien qui répond à son maître...
|
Crédit Mutuel
|
SPOT
|
la sécurité monétaire et du logement ,
banque sociétaire pas actionnaire,
|
Crédit Mutuel
|
BM
|
pas d actionnaire
|
Crédit Mutuel
|
BM
|
client sociétaire
|
Crédit Mutuel
|
BM
|
Page | 103
Banques Classiques
Verbatim
|
Banque principale
|
Catégorie
|
Tête à tête, témoignage, humoristes
|
BNP Paribas
|
SPOT + VIEILLES PUB
|
Roland Garos
|
BNP Paribas
|
SPORT
|
Parlons vrai
|
BNP Paribas
|
CAMPAGNE
|
la bnp accompagne les entreprises
|
BNP Paribas
|
B2B
|
Téléphone mobile
|
BNP Paribas
|
PRODUIT
|
jeune
|
BNP Paribas
|
JEUNE
|
monde qui change
|
BNP Paribas
|
SLOGAN
|
le monde bouge
|
CIC
|
SLOGAN
|
la banque à qui parler
|
CIC
|
ERREUR SLOGAN
|
pour un monde qui change
|
CIC
|
SLOGAN
|
changer pour un monde qui bouge
|
CIC
|
MIX BNP/CIC
|
jeune actif
|
CIC
|
jeune
|
une banque qui prend soin de ses clients CIC
|
CIC
|
SLOGAN
|
Le CiC plus près de chez vous
|
CIC
|
SLOGAN
|
banque proche des clients
|
LCL
|
PROCHE
|
confiance
|
LCL
|
CONFIANCE
|
Compte commun en outre au LCL "Je rêve d'une
banque..." Quel mensonge !
|
LCL
|
CAMPAGNE
|
campagne avec Gad Elmaleh
|
LCL
|
CELEBRITE
|
aide aux professionnels
|
Société Générale
|
B2B
|
sécurité confiance
|
Société Générale
|
CONFIANCE
|
Gad Elmaleh
|
Société Générale
|
ERREUR CELEBRITE
|
Autres Banques
Verbatim
|
Banque principale
|
Catégorie
|
banque à distance, simplicité
|
Boursorama Banque
|
SIMPLICITE
|
on sait à qui parler
|
La Banque Postale
|
ERREUR SLOGAN
|
service :proximité
|
La Banque Postale
|
PROXIMITE
|
Transparence et confiance
|
ING Direct
|
TRANSPARENCE
|
transparence
|
ING Direct
|
TRANSPARENCE
|
Répartition par catégorie du
verbatim
Type
|
Nombre
|
Slogan
|
12
|
Business Model
|
6
|
Proximité
|
6
|
B2B
|
5
|
Campagne
|
4
|
Confiance
|
3
|
Spot publicitaire
|
3
|
Célébrité
|
2
|
Jeunes
|
2
|
Produit
|
2
|
Transparence
|
2
|
Mécénat
|
1
|
Simple
|
1
|
Sport
|
1
|
Relation
|
1
|
Part des réponses parmi nombre total
Banques
|
Nombre verbatim
|
Total répondant
|
% (ayant donné un verbatim)
|
Crédit Mutuel
|
9
|
13
|
69%
|
Boursorama Banque
|
1
|
2
|
50%
|
Ing Direct
|
1
|
2
|
50%
|
Crédit Agricole
|
12
|
25
|
48%
|
BNP Paribas
|
7
|
15
|
47%
|
CIC
|
7
|
15
|
47%
|
Caisse d'Epargne
|
4
|
10
|
40%
|
LCL
|
3
|
8
|
38%
|
Crédit Coopératif
|
1
|
3
|
33%
|
Société Générale
|
3
|
9
|
33%
|
La Banque Postale
|
2
|
12
|
17%
|
Banque Populaire
|
2
|
18
|
11%
|
Q18 - Diriez-vous que les banques ont mis en place des mesures
concrètes afin d'être plus responsables depuis la crise ?
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires61.png)
Page | 104
Q19 - Depuis la crise, diriez-vous que les banques sont plus...
[fiables]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires62.png)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires63.png)
Page | 105
Q20 - Depuis la crise, diriez-vous que les banques sont plus...
[crédibles]
Q21 - Depuis la crise, diriez-vous que les
banques sont plus... [à l'écoute]
Q22- Depuis la crise, diriez-vous que les
banques sont plus... [transparentes]
Q23 - Depuis la crise, diriez-vous que les banques sont plus...
[humaines]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires64.png)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires65.png)
|
|
|
|
|
Score confiance
|
|
pour les clients qui
|
|
perçoivent la dimension
|
|
|
HUMAINE
|
|
|
|
Facteurs de la confiance
|
Evolution de la
|
(global)
|
confiance envers le
|
|
secteur bancaire
|
pas du tout d'accord
|
|
plutôt pas d'accord
|
|
sans opinion
|
|
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires66.png)
-1,18
-0,71
-0,65
plutôt d'accord
-0,57
tout à fait d'accord
-0,50
Corrélation
0,89
FIABLE
TRANSPARENTE
Les facteurs de la confiance sont corrélés à
l'évolution de la confiance.
Le facteur de la confiance qui influence le mieux la confiance
est « humaine ».
favorablement
-0,27 -0,33 -0,57 -0,68
-0,76
Page | 106
Répartition de la perception des facteurs de la
confiance en fonction des banques
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires67.png)
Q24 - Réactions des banques face
à la crise [Selon vous, quelle a été la réaction
des banques lors de la crise ? ]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires68.png)
Q25 - Réactions des banques face à la crise
[Selon vous, quelle a été la réaction de VOTRE
banque lors de la crise ?]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires70.png)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Score moyen -
réaction de
|
|
|
|
Crédit Coopératif
|
|
|
Banques
votre banque face à la
crise
0,67
Crédit Mutuel
0,15
Caisse d'Epargne
-0,40
CIC
-0,40
Crédit du Nord
-0,50
BNP Paribas
-0,53
-0,61
-0,88
-1,00
-1,00
-1,00
-1,28
-1,58
-1,78
-2,00
Variance
0,462806783
Lecture : Plus le score est élevé,
plus la banque est perçue comme ayant reconnu ses
responsabilités.
Plus le score est faible plus la réaction est
perçue comme mauvaise (déni/report sur autrui)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires71.png)
Banque Populaire
LCL
Boursorama Banque
|
|
BRED
|
|
Ing Direct
|
|
Crédit Agricole
|
|
La Banque Postale
|
Score moyen - Evolution
de
|
Société Générale
|
la confiance dans votre
|
HSBC
|
|
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires72.png)
Page | 108
Réaction de votre banque face à la
crise
banque
Reconnaissance des responsabilités (2)
0,00
Sans opinion (0)
-0,25
Absence de prise de parole (1)
-0,49
Report sur autrui (-1)
-0,52
Déni de responsabilités (-2)
-0,92
Corrélation
0,86
Lecture : Plus la perception de la
réaction de la banque face à la crise est bonne, plus
l'évolution de la
confiance est bonne
Perception de la réaction de Votre Banque &
perception de la réaction du secteur bancaire
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires73.png)
Page | 109
Q26 - Connaissez-vous le logo de votre banque
principale ?
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires74.png)
Q27 - Connaissez-vous le slogan de votre banque
principale ?
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires75.png)
Synthèse : Connaissance du logo/slogan
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires76.png)
Q26 - Si votre banque principale était
une personne, les traits de personnalité ci-dessous lui
correspondent-elles ? [DYNAMIQUE (branchée, moderne, actuelle, pleine
d'entrain)]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires77.png)
Q27 - Si votre banque principale était
une personne, les traits de personnalité ci-dessous lui
correspondent-elles ? [SEDUCTRICE (charmante, séduisante,
élégante, douce)]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires78.png)
Q28 - Si votre banque principale était
une personne, les traits de personnalité ci-dessous lui
correspondent-elles ? [FIABLE (robuste, solide, honnête, sûre)]
Q29 - Si votre banque principale était
une personne, les traits de personnalité ci-dessous lui
correspondent-elles ? [CONVIVIALE (amicale, gaie)]
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires80.png)
Synthèse
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires81.png)
Connaissance du Logo de sa banque
|
Perception des traits de
personnalité globale de sa
banque
|
Je peux le dessiner
|
0,083
|
Je peux le décrire
|
0,081
|
Je peux le reconnaître
|
-0,212
|
La catégorie « pas du tout » a été
supprimée en raison du nombre de répondant (1).
Part de réponses
35% 26% 39%
Page | 111
|
|
|
|
|
|
|
|
Connaissance du slogan de sa
banque
|
Perception des traits de
personnalité
|
Page | 112
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Score moyen -
évolution de la confiance
|
Perception de personnalité globale de sa
banque
|
|
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires82.png)
Traits de
Personnalité
|
Corrélation entre la
perception de la personnalité de sa
|
|
banque et l'évolution de la
confiance dans sa banque
|
Séductrice
|
0,99
|
Dynamique
|
0,93
|
Conviviale
|
0,93
|
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires83.png)
globale de sa
banque 0,17 0,10
0,08 -0,45
dans sa banque
-0,84 -0,60 -0,51 -0,20
0,18 0,98
Fiable
0,83
Lecture : Le trait de personnalité qui
est le plus lié à la confiance, est «Séductrice
»
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires84.png)
Fiable Dynamique
Séduction Dynamique Séductrice Fiable
Conviviale GLOBALE
|
|
Page | 113
Lecture : Plus la perception d'un trait de
personnalité est forte, moins la confiance baisse.
|
|
|
|
|
Score confiance pour les clients qui percoivent le
trait
|
Trait de Personnalité
|
|
Conviviale
|
|
Page | 114
Tableau récapitulatif de la perception de
personnalités des marques bancaires (Les banques
sous-représentées ont été supprimées)
Dynamique
Séductrice
Fiable
Conviviale
TOTAL
Perception des
personnalités
CIC (0,22)
0,60
-0,40
0,33
0,33
0,22
Caisse d'Epargne (0,20)
0,40
-0,10
0,30
0,20
0,20
Crédit Agricole (0,14)
0,04
-0,32
0,80
0,04
0,14
BNP Paribas (0,07)
0,47
-0,40
0,73
-0,53
0,07
Banque Populaire (-0,01)
0,00
-0,56
0,28
0,22
-0,01
Crédit Mutuel (-0,06)
0,15
-0,54
0,15
0,00
-0,06
LCL (-0,13)
0,00
-0,88
0,25
0,13
-0,13
Société Générale
(-0,22)
0,00
0,00
-0,33
-0,56
-0,22
La Banque Postale (-0,54)
-0,42
-0,83
0,00
-0,92
-0,54
TOTAL perception des
personnalités
0,14
-0,44
0,36
-0,09
-0,01
La moyenne générale est de -0.01,
ce qui laisse entendre que les personnalités des marques
bancaires
sont peu perçues.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires86.png)
Regression Statistics
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires87.png)
0,45 0,21 0,09
0,23
9
Page | 115
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires88.png)
Q32 - Indiquez sur une échelle de 1
à 10 à quel point vous recommanderiez votre banque principale
à votre entourage
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires89.png)
Page | 116
|
|
Recommandation de sa
banque [Echelle]
|
Evolution de la confiance
dans
|
|
votre banque
|
1
|
-1,00
|
2
|
-0,50
|
3
|
-1,17
|
4
|
-0,60
|
5
|
-0,63
|
6
|
-0,47
|
7
|
-0,40
|
8
|
|
9
|
|
ression Statistics
|
|
Multiple R
|
0,87
|
R Square
|
0,76
|
Adjusted R Sq
|
0,73
|
Standard Erro
|
1,57
|
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires90.png)
Q33 - "L'argent est un symbole de
réussite "
Perception de l'argent
comme un symbole de
|
Evolution de la
confiance dans le
|
réussite
|
secteur bancaire
|
1
|
-1,00
|
2
|
-0,62
|
3
|
-0,89
|
4
|
-0,29
|
5
|
-0,77
|
6
|
-0,31
|
7
|
-0,94
|
8
|
-1,00
|
9
|
-0,75
|
10
|
|
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires91.png)
Regression Statistics
Multiple R
|
0,041
|
R Square
|
0,002
|
Adjusted R
Squ
|
-0,123
|
Standard Error
|
3,209
|
Observations
|
10
|
Page | 117
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires92.png)
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires93.png)
Page | 118
Lecture : La perception de l'argent comme
symbole de réussite n'influe pas la confiance dans le secteur
bancaire
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires94.png)
Annexe 4 : Evolution des investissements publicitaires
en France
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires95.png)
Source : Kantar Média, Ipsos, TNS
Annexe 5 : Evolution de l'image, du PNB et des
investissements publicitaires des banques
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires96.png)
Sources : Kantar Média, Ipsos, TNS, articles,
communiqués de presse
Page | 119
Banques : Crédit Agricole / CIC+CM / Banque Postale /
Société Générae / BNP Paribas
Page | 120
Annexe 6 : Schéma explicatif des
interactions et processus entre les banques et les consommateurs lors de la
crise financière.
![](Impacts-d-une-crise-sectorielle-sur-la-confiance-des-consommateurs-et-les-strategies-publicitaires97.png)
Page | 121
Montpellier Business School Programme Master
Grande Ecole
|
Mémoire de Master
|
Auteur
Nom : DELACROIX
Prénom : Tom
Date : 15 / 09 / 2015
|
Titre, Sous-titre
Impacts d'une crise sectorielle sur la confiance des
consommateurs et les stratégies publicitaires Une application au
secteur bancaire français depuis la crise financière de 2008
|
Résumé
La crise financière de 2008 s'est traduite
auprès des consommateurs par une crise de confiance envers la
sphère financière. Ce processus a été
accentué par l'ampleur médiatique qui a impacté l'image du
secteur bancaire. Les banques françaises ont alors cherché
à reconquérir la confiance perdue grâce à un nouveau
positionnement relayé par la publicité. Les
spécificités du secteur
bancaire (tertiaire) font qu'il est difficile pour les banques
de se différencier entre elles, la communication apparaît donc
comme un vecteur principal pour dynamiser le positionnement. La crise a donc
été une opportunité pour les banques de redessiner le
paysage des différentes marques afin de reconquérir la confiance
des clients tout en se démarquant des concurrents. Les recherches
permettent de démontrer que c'est la confiance institutionnelle qui a
été principalement impactée par la crise
financière. Nous comprenons aussi que plus un individu est exposé
à la communication d'une banque, plus il pense qu'elles mettent en place
des actions concrètes responsables. La plupart des banques sont
passées d'une communication basée sur l'humour et les produits,
à des stratégies basées sur les valeurs et le
sérieux. Nos résultats permettent aussi de montrer que la
perception des traits de personnalité est
hétérogène, mais qu'elle a un impact certain sur la
confiance du consommateur. Enfin nos recherches mettent en exergue l'importance
de prendre en compte un trait de personnalité jusque-là non
utilisé pour les marques : l'humanité.
|
Mots-clefs :
Crise - Banques françaises - Confiance -
Personnalité de la marque - Publicité - Médias -
Stratégie de communication
|
|