4.1.2 L'ergonomie du travail
4.1.2.1 Description de la théorie
Au nombre des sciences qui ont pour vocation de contribuer au
développement personnel des personnes au travail figure l'ergonomie.
Elle se définit comme la science du travail. Du point de vue de
l'ergonomie, toute activité de travail revêt une dimension
formative. Elle est créatrice de connaissances spécifiques qui se
développent avec l'expérience et au fil du temps. De ce fait, la
formation professionnelle ne peut faire l'économie de la connaissance du
travail.
Ergonomie et formation professionnelle en sont venues alors
à converger leurs finalités sur le rapprochement du travail et de
l'homme même s'il n'en a pas toujours été ainsi. En effet,
à l'origine, l'ergonomie se préoccupait d'adapter la machine, le
travail à l'homme alors que la formation, elle, visait l'adaptation de
l'homme à son métier, au travail. Mais de nos jours, l'ergonomie
et la didactique professionnelle sont en train de faire prendre conscience de
l'importance et de la nécessité de l'analyse du travail dans la
conception et la mise en oeuvre de toute entreprise de formation.
Du point de vue de l'ergonomie, l'analyse du travail est un
préalable indispensable et un outil permanent non seulement pour
l'élaboration de programmes de formation professionnelle pertinents mais
aussi pour la mise en place de dispositifs efficaces de formation pour le
développement des compétences professionnelles.
Le sujet de l'ergonomie est d'une part l'homme au travail, en
pleine activité et d'autre part ses pratiques effectives dans les
situations réelles de travail.
En se focalisant sur l'analyse de ces deux
éléments, elle vise la transformation positive des situations de
travail par la production d'un savoir général sur l'homme en
action et d'un savoir d'action particulier de type stratégique.
Il existe deux courants de l'ergonomie : l'ergonomie
d'origine américaine dite ergonomie du facteur humain et l'ergonomie
francophone qualifié d'ergonomie de la situation de travail.
Contrairement à l'ergonomie du facteur humain qui « vise
à produire des connaissances académiques applicables dans
diverses situations de même type»(Darses et de
Montmollin,2012) cité par Tibiri (2015) , l'ergonomie
francophone ou « ergonomie de l'activité humaine
appréhende donc l'opérateur comme un acteur dans un
système de travail et ne vise pas, de prime abord, à
dégager des invariants psychologiques, physiologiques et/ou physiques
généralisables à volonté à d'autres humains
ou situations de travail »Tibiri, (2015, 110 ).
Notre étude relative à formation qui
relève des métiers de l'humain s'inspirera de l'ergonomie
francophone.L'analyse du travail pour être opératoire s'appuie sur
la démarche de la psychologie ergonomique selon laquelle dans le
travail, on peut faire la part entre ce qui relève de la tâche
prescrite et ce qui relève du travail réel (Falzon, 2004).
Parlant de distinction entre tâche et activité, il ressort que la
tâche correspond à ce qui est à faire, au travail à
réaliser prescrit par l'organisation à travers des buts et des
conditions de réalisation. Quant à l'activité, elle
renvoie à ce qui est fait par le sujet pour effectuer la tâche. Il
s'agit du travail réel accompli à partir du but de la
tâche. L'analyse du travail dans la perspective ergonomique doit aller
au-delà du comportement visible, observable de l'opérateur pour
atteindre la dimension inobservable, invisible c'est-à-dire
l'activité intellectuelle ou mentale, et l'activité psychique du
sujet.
La théorie ergonomique postule que la
réalisation de toute activité professionnelle se fait avant tout
en fonction des tâches et des caractéristiques personnelles de
l'opérateur. De ce fait, il ya rarement une coïncidence parfaite
entre tâche et activité. Des contraintes telles que des soucis de
santé, des raisons d'ordre éthiques, économiques, la
diversité des expériences professionnelles, la
compréhension relative ou les représentations des prescriptions
influent sur la prestation de l'opérateur, impactant ainsi ses
performances. C'est pourquoi Leplat (1997) cité par Falzon et Teiger
(2011) avance que l'activité est une construction singulière qui
dévoile non seulement la tâche prescrite mais aussi l'agent qui
l'exécute à travers notamment ses compétences, ses
motivations, son système de valeurs etc.
Le développement des compétences dans le travail
et par le travail n'est alors possible que si l'on essaie de comprendre
l'écart qui existe entre le travail prescrit et le travail réel
réalisé par l'opérateur. D'où toute la
nécessité de l'analyse du travail prônée par
l'ergonomie.
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