3.1.3.3. Acceptation des nouvelles technologies par les
personnes âgées
Preuve de la complexité du rapport de notre
société à la robotique, ce qui peut être un frein
à la préconisation d'un robot d'assistance par un
ergothérapeute peut au contraire favoriser l'envie d'une personne
âgée d'en acquérir un. En effet, l'apparence moderne et
enviable de certains robots d'assistance aujourd'hui sur le marché peut
faire que les ergothérapeutes ne les considèrent pas comme des
aides techniques destinées à compenser les difficultés du
grand âge (cf. 3.1.3.2. Freins à la préconisation et
à l'acceptation de la robotique d'assistance). Or, les personnes
âgées seraient plus enclines à accepter des aides qui ne
reflètent pas les stéréotypes que la société
a de ces dernières.
C'est en effet ce que prouve une étude publiée
par NEVEN en 2011, portant sur les représentations des personnes
âgées dans le développement de nouvelles
technologies.28
Selon cette étude, les freins principaux à
l'acceptation d'une technologie nouvelle par une personne âgée
sont :
- les stéréotypes véhiculés par
cette nouvelle technologie selon lesquels la personne âgée est
fragile, dépendante, malade...
- le manque d'information des personnes âgées sur
cette nouvelle technologie.
De plus, NEVEN fait état de deux variables dans son
« Modèle d'acceptation de la technologie », qu'il
présente dans ses travaux :
- celle de l'utilité perçue,
- et celle de la facilité d'utilisation perçue.
Plus la personne âgée juge la nouvelle
technologie qui lui est proposée comme utile, plus les
probabilités pour qu'elle l'accepte sont grandes. Cela démontre
l'importance de l'information délivrée par
l'ergothérapeute à la personne âgée.
De même, plus la personne âgée
considère cette nouvelle technologie comme simple d'utilisation, plus
grandes sont les chances pour qu'elle s'y intéresse et l'accepte. Cela
souligne la nécessité d'effectuer des démonstrations
devant la personne âgée et de lui permettre d'essayer la nouvelle
technologie, après lui en avoir expliqué le fonctionnement.
VAN DIJK29, dans une étude sur le sujet de
la fracture numérique, publiée en 2006, arrive aux mêmes
conclusions que NEVEN. Cependant, dans ses travaux il prend en compte, cette
fois, les facteurs socio-démographiques (sexe, âge...) et les
facteurs individuels (expériences, caractère volontaire de
l'utilisation...) de la personne, ce qui lui permet d'apporter de nouveaux
éléments.
28 NEVEN, L. B. M., Representations of the old and
ageing in the design of the new and emerging: assessing the design of ambient
intelligence technologies for older people, 2011, 228p.
29 VAN DIJK, J. A. G. M., Digital divide research,
achievements and shortcomings, 2006, p221 à 235.
18
Il conclut que :
- les hommes sont plus enclins à utiliser les nouvelles
technologies que les femmes, - les personnes ayant déjà une
expérience avec les nouvelles technologies sont plus
ouvertes à en découvrir et utiliser d'autres
(surtout si l'expérience précédente a été
positive),
- un niveau socio-professionnel élevé ou des
études longues favorisent aussi l'utilisation de nouvelles
technologies.
Ces travaux montrent que, contrairement à l'image que
la société a des personnes âgées, celles-ci ne sont
pas nécessairement immédiatement réfractaires à la
technologie. Si un robot d'assistance est présenté par une
personne compétente, ayant les bons arguments, à une personne
âgée et que celle-ci le trouve utile, le robot a de grandes
chances d'être accepté ou, au moins, essayé. Et ceci
d'autant plus s'il s'agit d'un homme à haut niveau socioprofessionnel,
déjà familier de nouvelles technologies...
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